1° La jeunesse de Napoléon
Bonaparte (1769 à 1789) – Napoléon Bonaparte naquit à Ajaccio, en
Corse, le 15 août 1769.
Fils de Charles Bonaparte et Letizia Ramolino, le nouveau né
était le second fils du couple (quatrième si l’on compte Napoléon et
Marie Anne, décédés en bas âge, respectivement en août 1765 et
janvier 1768.).
Charles Bonaparte et Letizia Ramolino, la maison natale de Napoléon,
illustration issue de l'ouvrage
The boy life of Napoleon, par Eugenie FOA, 1895.
Après les naissances de Joseph (né en janvier 1768.) et de Napoléon,
le couple eut encore dix enfants,
dont seulement six survécurent : Lucien (né en mai 1775.), Elisa
(née en janvier 1777.), Louis (né en septembre 1778.), Pauline
(née en octobre 1780.), Caroline (née en mars 1782.) et Jérôme
(né en novembre 1784.).
a)
L’enfance de Napoléon (1769 à 1776) : la famille Buonaparte,
originaire de Toscane, appartenait à la petite noblesse de l’île.
Quelques mois avant la naissance de Napoléon, Charles avait décidé de
rejoindre la cause de Pascal Paoli, chef des partisans de
l’indépendance corse. En effet, l’île avait été cédée par Gênes à la France
en mai 1768,
ce qui ne plaisait guère aux indépendantistes.
Toutefois, Paoli fut vaincu par les Français, et Charles Buonaparte,
pardonné, rentra à Ajaccio avec son épouse. Par la suite, Charles décida de
se rapprocher des autorités françaises.
Napoléon, bien qu’officiellement né sur une île française, apprit l’italien
lors de sa scolarité, mais s’exprimait en dialecte corse. Les récits sur
l’enfance de Napoléon, en majorité apocryphes, relatent souvent des
événements imaginaires, destinés à embellir la gloire du futur Empereur des
Français.
b)
Une adolescence difficile (1776 à 1786) : en 1776, Charles Bonaparte
(il francisa son nom à partir de cette date.) fit une demande de bourse
d’études pour ses fils. Napoléon fut alors admis à l’école royale militaire
de Brienne, et Joseph au collège d’Autun. Toutefois, les deux frères
restèrent à Autun pendant trois mois, Napoléon devant impérativement
apprendre le français avant d’arriver à Brienne.
Finalement, Napoléon fut intégré à l’école royale militaire en mai 1779.
L’enfant, alors âgé de dix ans, fut rapidement sujet de moquerie, en raison
de ses origines modestes et de son accent italien.
Napoléon a l'école militaire de Brienne,
illustration issue de l'ouvrage
The boy life of Napoleon, par Eugenie FOA, 1895.
Isolé (son père ne lui rendait jamais visite.) et lassé par l’hostilité de
ses camarades, Napoléon afficha au fil des années un fort nationalisme,
partisan de l’indépendance de la Corse.
Napoléon écrivant à sa mère,
illustration issue de l'ouvrage
The boy life of Napoleon, par Eugenie FOA, 1895.
Malgré tout, Napoléon était travailleur, obtenant de bonnes notes en calcul
mais restant faible en lettres. Toutefois, ce dernier lisait considérablement,
passionné par l’Histoire et la géographie. Les discours et écrits de
Napoléon nous révèlent en effet qu’il était un homme très cultivé.
En
raison de ses aptitudes, le jeune homme fut reconnu apte à entrer à l’école
militaire de Paris, en compagnie de quatre de ses camarades. Alors âgé de
quinze ans, Napoléon arriva dans la capitale en octobre 1784.
Apprenant la mort de son père, décédé à Montpellier en février 1785,
Napoléon reçu son brevet de lieutenant en second courant septembre. En
octobre, le jeune homme rejoignit le régiment d’artillerie de la Fère, alors
en garnison à Valence.
En
septembre 1786, à l’occasion d’un congé, Napoléon rentra en Corse, île sur
laquelle il n’avait pas mis le pied depuis l’âge de dix ans. Visitant sa
mère, il fit alors la connaissance des nouveaux membres de la fratrie,
Pauline, Caroline et Jérôme, nés alors que Napoléon se trouvait sur le
continent.
c)
Napoléon lors de la Révolution française (1789 à 1799) : toujours
officier du régiment de La Fère, Napoléon ne tarda guère à prendre part à la
Révolution française. Bien que n’appréciant guère les agitateurs qui
profitaient des émeutes pour arriver à leurs fins, Napoléon aimait encore
moins la monarchie et la noblesse.
Rentrant en Corse en fin d’année 1789, Napoléon n’était plus un fervent
partisan de l’indépendance. Toutefois, ce dernier jugeait indispensable le
développement des idées de la révolution sur l’île.
Napoléon âgé de 22 ans,
illustration issue de l'ouvrage
The boy life of Napoleon, par Eugenie FOA, 1895.
En
juillet 1790, Napoléon rencontra Pascal Paoli, récemment rentré en
Corse. Cependant, l’entrevue ne se déroula pas comme prévu. En effet,
Napoléon fut déçu par son interlocuteur, au teint pâle et appesanti par l’embonpoint, qui ressemblait plus à un Anglais qu’à un Corse ; Paoli, quant
à lui, n’appréciait guère Napoléon, officier de l’armée française et fils
d’un « collaborateur. »
Pascal Paoli.
Par la suite, Napoléon décida de rentrer en France, accompagné par son frère
Louis. Assistant à la prise des Tuileries en août 1792, il fut particulièrement
déçu par le comportement de Louis XVI, souverain bien trop débonnaire
à son goût.
Le peuple entrant au château des Tuileries, le 20 juin 1792, par
par Pierre Gabriel BERTHAULT, musée Carnavalet, Paris.
Rentrant en Corse en fin d’année 1792, Napoléon participa à l’expédition de
Sardaigne, qui fut finalement un échec. Napoléon, suspectant d’avoir été
trahi par les paolistes, favorables à l’Angleterre, décida alors de
s’attaquer à son ancien héros. Quant à Paoli, accusé de vouloir céder la Corse aux
Anglais, il ne tarda guère à riposter.
Le jeune Napoléon Bonaparte, château de Versailles,
Versailles.
Suite à quelques escarmouches, les Bonaparte furent chassés de l’île. Contraints de se réfugier sur
le continent, ils débarquèrent à Toulon le 13 juin 1793. A cette date, la cité
était la proie d'une violente guerre civile, opposant l'armée républicaine
et les insurgés fédéralistes.
Napoléon, envoyé à Avignon par sa hiérarchie, y écrivit le Souper de
Beaucaire, un pamphlet dans lequel il exprimait ses idées et son
aversion pour les Girondins fédéralistes. Plus tard, au cours du mois
d'août, le jeune officier reçut l'ordre de se rendre à Toulon, cité assiégée
par le général Jacques
François Dugommier.
Le général Jacques François
Dugommier, par Georges ROUGET, 1835, musée des Invalides, Paris.
Grâce à ses connaissances en artillerie, Napoléon contribua grandement à la
prise de la cité, qui ouvrit ses portes le 19 décembre 1793. Quelques jours
plus tard, Bonaparte était nommé général, à l'âge de 24 ans.
2° La Révolution française en quelques lignes (1789 à 1799) –
Comme nous l’avons vu au cours du chapitre précédent, la France de 1799
avait connu dix années d’instabilité politique.
Après une courte tentative de monarchie parlementaire (1790 à 1792.), le
pays était tombé entre les mains de jacobins, qui mirent en place la
Terreur. Ce mouvement, qui coûta la vie à près de 15 000 personnes,
s’acheva toutefois en juillet 1794, suite à l’exécution de Maximilien de
Robespierre.
Le
Directoire,
inauguré en 1795, ne parvint toutefois pas à sortir le pays de la crise,
attaqué aussi bien par les royalistes, qui voulaient mettre un terme à la
Révolution ; que par les jacobins, qui souhaitaient la poursuivre (à noter
que ces derniers, arrivés en tête des élections de juin 1799, étaient
désormais majoritaires dans les assemblées.).
L’abbé Emmanuel Joseph Sieyès,
un des cinq directeurs, souhaitait se débarrasser aussi bien des royalistes
que des républicains. Ce dernier se rapprocha alors de Napoléon,
qui, devenu général, s’était rendu célèbre grâce à ses victoires en Italie
et en Egypte.
Emmanuel Joseph Sieyès,
début du XIX° siècle, salle du jeu de paume, Versailles.
Le
9 novembre 1799 (18 brumaire an VIII.), les députés du Conseil des
Cinq-Cents et du Conseil des Anciens furent contraints de
transférer les assemblées à Saint Cloud afin de faire face à une « menace
anarchiste » (l’objectif des conjurés était de priver les députés du soutien
des Parisiens.).
Le
lendemain, les députés de rendirent à Saint Cloud. Bonaparte rendit alors
visite au Conseil des Anciens, plus favorable au coup d’Etat. Ce dernier y
reçut un accueil glacial, décidant par la suite de se rendre au Conseil des
Cinq-Cents. Les députés jacobins, farouchement hostiles à Bonaparte,
l’empêchèrent alors de parler. Une bagarre éclata, et le général fut alors
entraîné vers la sortie par ses grenadiers.
Bonaparte au Conseil des Cinq-Cents, par Isidore Stanislas HELMAN,
musée Carnavalet, Paris.
A
peine fut il sorti que les Cinq-Cents déclarèrent Bonaparte hors la loi. En
apprenant la nouvelle, le général ordonna à ses hommes de faire évacuer la
salle. Par la suite, Bonaparte et Sieyès se rapprochèrent des députés du
Conseil des Anciens, afin de trouver une issue au conflit.
Il
fut finalement décidé d’abolir le Directoire ; par ailleurs, une commission
consulaire, composée de Bonaparte, Sieyès et
Pierre Roger Ducos,
recevrait le pouvoir directorial ; enfin, une commission serait chargée de
réviser la constitution.
Les trois consuls prêtèrent alors serment face au Conseil des Anciens
et au Conseil des Cinq-Cents (qui avaient été reconstitué par quelques
députés favorables au général.), jurant de défendre la nation, la liberté,
l’égalité et la république. Bonaparte déclara alors : citoyens, la
Révolution est fixée aux principes qui l’ont commencée, elle est finie.
Bonaparte premier consul, par François GERARD, XIX° siècle,
château de Chantilly, Chantilly.
3° La Constitution de l’An VIII (fin 1799) – Suite au
coup d’Etat de brumaire, une nouvelle constitution fut écrite. L’objectif,
comme le voulait Sieyès, était de renforcer le pouvoir exécutif afin de
mettre un terme aux débordements qui avaient eut lieu lors de la Révolution
(la confiance doit venir d’en bas et le pouvoir d’en haut, comme
l’affirmait Sieyès.).
La
constitution de l’an VIII fut rédigée par Pierre Daunou,
républicain modéré, qui avait écrit le texte ayant donné naissance au
Directoire.
Cette nouvelle constitution marquait une rupture vis-à-vis des précédents
textes. En effet, les droits de l’homme n’étaient plus mentionnés, pas plus
que les libertés individuelles (par contre, le droit de propriété était
garanti.).
A
l’instar du Directoire, trois consuls se partageraient le pouvoir ;
toutefois, Bonaparte avait l’ascendant sur ses confrères (son nom était
inscrit dans le texte, chose particulièrement rare étant donné qu’une
constitution est censée être durable.).
Les consuls s’appuyaient sur le Conseil d’Etat, chargé de préparer
les lois et de les présenter devant les assemblées.
Le
Conseil des Anciens et le Conseil des Cinq-Cents étaient dissous, afin
d’être remplacés par de nouvelles assemblées : le Tribunat, composé
de cent membres, discutait des projets de loi sans les voter ; le Conseil
législatif, composé de 300 membres, votait les lois sans les
discuter. Enfin, le Sénat conservateur, composé de 80 membres (60
nommés par Bonaparte et 20 choisis par les assemblées.), avait comme
objectif de maintenir la constitution de l’an VIII (en cassant les décrets
jugés anticonstitutionnels.).
Par la suite, le Sénat conservateur fut chargé de rédigea les textes
législatif, les senatus consulte.
A
noter toutefois que si le Tribunat était renouvelé d’un cinquième chaque
année, les membres du Sénat étaient inamovibles.
Le
suffrage universel masculin était conservé, toutefois, les députés n’étaient
pas directement élus par le peuple. Les électeurs de chaque canton élisaient
1/10ème d’entre eux afin de constituer la liste
d’arrondissement, ce qui permettait de choisir les fonctionnaires de
l’arrondissement. Ces derniers élisaient encore 1/10ème d’entre
eux afin de constituer la liste départementale, permettant de choisir
les fonctionnaires du département. Ces derniers choisissaient alors 1/10ème
d’entre eux afin de constituer la liste nationale, permettant de
choisir les fonctionnaires nationaux ainsi que les membres du Tribunat et du
Conseil législatif.
La
nouvelle constitution fut alors soumise au référendum : sur plus de 3
millions de votants, il n’y eut que 1 562 « non » (il y eut toutefois 4
millions d’abstentions.).
4° La mise en place du consulat (janvier 1800) – Le
Consulat fut officiellement inauguré en janvier 1800 (nivôse an VIII.).
Bonaparte restait premier consul, alors que Sieyès et Ducos (respectivement
nommés président et vice président du Sénat conservateur.) laissaient leurs
places à Jean Jacques Régis de Cambacérès et Charles François
Lebrun.
Jean Jacques Régis de Cambacérès,
par ROLAND, XIX° siècle, château de Versailles, Versailles.
Les nouveaux venus, s’ils restaient hostiles aux jacobins, avaient des
sensibilités politiques différentes. Le premier, député modéré de la
Convention,
avait participé au procès de Louis XVI (il l’avait reconnu coupable
mais était favorable à une peine de prison à vie.) ; le second, au
contraire, était partisan d’une monarchie parlementaire.
A
noter que les listes n’ayant pas été élaborées, les députés furent choisis
par le Sénat. Les sénateurs privilégièrent alors d’anciens révolutionnaires,
aussi bien afin de pénaliser les royalistes que de mettre en place une
opposition à Bonaparte.
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