CHAPITRE TROISIEME :
L’Empire français à son apogée
(1805 à 1812)
IV : Napoléon, maître de l'Europe ? (1810 à
1812)
1° L’annexion du royaume de
Hollande (décembre 1810) – En 1810, la Hollande s’accommodait mal du
blocus continental, l’économie du pays étant en grande partie basée sur le
commerce avec l’Angleterre. Louis Bonaparte, frère cadet de Napoléon et
souverain du royaume de Hollande (qui avait remplacé la république batave en
1806.), n’appréciait pas lui non plus les problèmes économiques qui
frappaient le pays dont il avait la charge.
En
juillet 1810, Louis décida donc d’abdiquer en faveur de son fils ;
Napoléon, furieux, proclama alors l’annexion de la Hollande à la France en
décembre de la même année (le pays fut transformé en dix département
français.).
En
février 1810, le Sénat conservateur instaura le titre de roi de Rome,
qui fut alors cédé au jeune fils de Napoléon ; en novembre 1810, les villes
hanséatiques (Brême, Hambourg, Lübeck.) furent annexées à la France ; en
janvier 1811, le duché d’Oldenburg (situé entre Brême et la mer du nord.)
fut rattaché à l’Empire français ; en 1812, la Catalogne fut réunie à la
France, et divisée en quatre départements.
Le triomphe de 1810, façade de l'Arc de Triomphe de l'Etoile,
Paris.
2° La renaissance de l’Empire de Charlemagne ? (1812) –
La natalité, en forte baisse sous la révolution, redevint forte sous
l’Empire (de nombreux Français se mariaient afin d’échapper à la
conscription.).
Les villes, qui s’étaient vidées lors de la Révolution française, furent en
forte croissance sous l’Empire. Ainsi, Paris comptait 620 000 habitants en
1811, soit l’équivalent de 1789 (la capitale n'en comptait que 550 000 en 1801.).
Lyon, quant à elle, parvint à dépasser les 100 000 habitants à l’aube du
XIX° siècle, devenant ainsi la seconde ville de France (Marseille étant
juste derrière.).
Paris restait toutefois une ville salle et mal éclairée. Napoléon fit alors
percer plusieurs rues (rue de Rivoli et rue de la Paix.) ; érigea des ponts,
des fontaines, des aqueducs ; fit ériger la colonne Vendôme.
La colonne Vendôme, place Vendôme, Paris (l'on retrouve au sommet de
l'édifice une statue de Napoléon en Empereur romain, placée là par Napoléon
III, et restaurée suite aux incidents survenus lors de la commune.).
Par ailleurs, il travailla à
l’érection de deux arcs de triomphe, l’un un face des Tuileries (l’arc de
triomphe du carrousel fut achevé sous le règne de Napoléon.), l’autre sur
l’avenue des Champs Elysées (l’Empereur des Français posa la première pierre
de l’Arc de Triomphe de l’Etoile, mais la construction de ce dernier,
interrompue sous la restauration, ne fut achevée qu’en 1836.) ; la façade
ouest du Louvre fut terminée ; les travaux d'érection du Palais Brongniart furent
entamés en 1808 (l'édifice, achevé en 1826, accueillit la Bourse de Paris jusqu’en 1987.) ; Notre Dame, Saint Denis[1]
et le Panthéon furent restaurés.
La Bourse en construction, vers 1825, par Etienne BOUHOT, XIX°
siècle, musée Carnavalet, Paris.
L'Arc de Triomphe de l'Etoile, Paris.
Entre la prise de pouvoir de Napoléon et sa chute, les salaires avaient
augmenté de 25% (il y avait eu une hausse des prix, mais cette dernière fut
moins importante.). La population française restait majoritairement rurale,
mais une crise céréalière n’était toujours pas à exclure (néanmoins, en
raison de la hausse des salaires, les Français consommaient plus de viande
et moins de pain, contrairement à 1789.).
En
1812, l’Empire français était à son apogée, comptant 130 départements et
près de 44 millions d’habitants (80 millions en comptant les Etats
vassaux.).
La France en 1810.
La
France était alliée avec la Russie, la Prusse et l’Autriche ; par ailleurs,
elle maintenait une présence militaire en Espagne, Italie, Allemagne et
Pologne, considérés comme des Etats vassaux.
Napoléon agissait véritablement en tant qu’Empereur d’Occident,
souhaitant étendre son influence sur l’Europe entière : ma destinée n’est
pas accomplie ; je veux achever ce qui n’est qu’ébauché ; il me faut un code
européen, une cour de cassation européenne, une même monnaie, les mêmes
poids et mesures, les mêmes lois ; il faut que je fasse de tous les peuples
de l’Europe un même peuple et de Paris la capitale du monde.
Bicorne et Redingote ayant appartenu à
Napoléon I°, vers 1810-1820, musée des Invalides, Paris.
Seule l’Angleterre, farouche adversaire de l’Empire français, continuait à
combattre ce colosse aux pieds d’argile. En effet, l’édifice était imposant,
doté de frontières comparables à celles de l’Empire de Charlemagne, mais il
restait particulièrement fragile.
En
effet, la campagne de Russie ne tarda guère à entraîner l’écroulement de
l’Empire français et des rêves de Napoléon…
[1]
L’église Saint Denis, nécropole des rois de France, avait été
profanée par les révolutionnaires (les cadavres des rois et reines
de France avaient été jetés dans une fosse commune.). Napoléon, dès
son arrivée au pouvoir, décida d’inhumer à nouveau les défunts
souverains à Saint Denis ; toutefois, les corps n’étant pas
identifiables, ils furent tous installés dans un grand caveau.