1° L’explosion démographique –
Après des siècles de stagnation et
de lente évolution, la Grèce commença à s’affirmer réellement en tant que
civilisation au cours de la période archaïque.
Le plus important des phénomènes à noter au
cours de cette période est l’explosion démographique qui toucha la Grèce au
VIII° et au VII° siècles avant Jésus Christ. Cela dénote une certaine
confiance en l’avenir qu’avaient les Grecs à cette époque, la menace
dorienne appartenant dès lors au passé.
Les cités prirent alors de l’importance. C’est
aussi vers le VIII° siècle avant Jésus Christ que réapparut le terme de
polis, qui veut dire ‘cité’ (l’on constate que le mot apparaît dans
l’Odyssée, qui fut écrit vers le VII° siècle avant Jésus Christ.). C’est
aussi à cette époque que ces villes se donnèrent des pères fondateurs : il
pouvait s’agir d’un dieu ou d’une déesse (Athéna à Athènes.), ou bien d’un
héros mythique.
Statuette d'argile à l'effigie d'Athéna, VII° siècle avant Jésus Christ,
musée archéologique d'Héraklion, Crète.
Enfin, les cités se dotent d’institutions
militaires : apparaissent alors les premières phalanges, qui changèrent le
système de combat traditionnel (le duel aristocratique, représenté dans
l’Iliade, disparut.) : la phalange était une formation de combat
d’infanterie, inspirée du modèle mésopotamien. Elle était composée d’une
dizaine de rangées de hoplites, les soldats grecs de l’époque.
Hoplite grec, représentation
figurant sur un vase grec datant de 450 avant Jésus Christ.
Ces
derniers avaient dans leur main droite une longue pique de plus de cinq
mètres de long, et un bouclier dans leur main gauche. Les hoplites
évoluaient en rangs serrés, et la stratégie de la phalange reposait sur
l’unité entre les soldats : leur gros bouclier ne protégeait que le côté
gauche de leurs corps, mais en contrepartie il protégeait le côté droit du
corps de leurs camarades. C’est pour cela qu’être placé à droite et au
premier rang était considéré comme un acte de bravoure (dans cette position,
la partie droite du corps du soldat n’était pas protégée.). Bien sûr, la
stratégie employée prohibait toute action individuelle.
Le système était peu stratégique, et
nécessitait qu’un grand nombre d’hommes participent au combat. Ainsi, la
cohésion entre citoyens au sein de la cité s’en retrouva renforcée.
2° La colonisation, le commerce,
l’écriture, la monnaie – Les cités étant en plein essor démographique,
et donc le mouvement de colonisation s’étendit partout dans le bassin
méditerranéen (VIII° et VII° siècles avant Jésus Christ.). C’est à cette
époque que fut fondée Massilia, aujourd’hui Marseille, dans le sud de
la Gaule. De nombreuses cités apparurent aussi en Libye, en Égypte, en Mer
Noire (Byzance fut crée vers 660 avant Jésus Christ.). La Sicile et
le sud de l’Italie, où les Grecs avaient déjà commencé à s’implanter au
cours de la période précédente, étaient très hellénisés.
Mais le mouvement de colonisation ne se fit pas
sans heurts : souvent, les futurs colonisateurs furent des citoyens tirés au
sort, qui furent obligés de quitter leur cité d’origine. En outre, il arriva
souvent que les populations autochtones n’apprécièrent pas l’arrivée des
Grecs et tentèrent de les chasser.
En outre, les Grecs rivalisaient aussi avec les
Phéniciens, un peuple de commerçants, qui avaient eux aussi fondé nombre de
colonies en Méditerranée. Cependant, ce fut au contact de leurs rivaux que
les Grecs redécouvrirent l’écriture, au cours du VIII° siècle (l’alphabet
phénicien, ne comportant que des consonnes, fut amélioré par les Grecs, qui
y ajoutèrent des voyelles.). La redécouverte de l’écriture apporta un grand
nombre de changements en Grèce (transcription de lois, poésies, mythes,
etc.).
Enfin, dans le courant du VI° siècle, les Grecs
commencèrent à utiliser la monnaie: ils ne l’avaient pas inventée, mais
s’étaient inspirée de ce qu’avait inventé de roi de Lydie, Crésus.
Chaque cité frappa un symbole différent sur sa monnaie (à Athènes, il
s’agissait d’une chouette, symbole de la déesse Athéna.).
Monnaie de la cité d'Athènes, V° siècle avant Jésus Christ.
3° Le renouveau de l’activité
intellectuelle – Avec la redécouverte de l’écriture, la littérature put
prendre son essor. Les auteurs les plus connus de cette période sont Homère
et Hésiode, les deux hommes étant nés au VIII° siècle avant Jésus Christ.
Homère composa à cette époque l’Iliade, qui
relate un épisode de la guerre de Troie, un conflit qui aurait eut lieu au
XIII° siècle avant Jésus Christ.). Cependant, l’auteur nous décrit cette
guerre vieille de plus de 400 ans, comme si elle se déroulait à son époque
(utilisation de phalanges, utilisation du fer alors que le récit à lieu en
plein âge de bronze, etc.). Ce sont ces anachronismes qui nous font dire que
l’Odyssée fut écrite environ un siècle après l’Iliade, car il y est fait
mention de certaines choses qui n’existaient pas au VIII° siècle (apparition
du terme polis, etc.).
Hésiode, quant à lui, était un paysan et un
poète.
Buste d'Hésiode, VII° siècle avant Jésus Christ, Neues museum, Berlin.
Il écrivit les Travaux et les Jours, ainsi que la Théogonie
au VIII° siècle avant Jésus Christ (il raconte dans cet ouvrage la naissance
des dieux, l’apparition des cinq races d’hommes, le mythe de Prométhée, la
boîte de Pandore, etc.). Hésiode et Homère sont considérés comme les pères
de la mythologie grecque, car ils furent les premiers à avoir retranscrit
ces mythes