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Mythologie
 
 

 

 

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Histoire de la Grèce antique


CHAPITRE DEUXIÈME : L'époque archaïque (VIII° - VI° siècles avant Jésus Christ)

 

II : La politique à l’époque archaïque

           

            Comme nous l’avons vu précédemment, le VIII° et le VII° siècle furent des périodes de forte croissance de la natalité. Cela entraîna plus ou moins indirectement une grave crise agraire.

En effet, les nobles détenaient à l’époque la majeure partie des terres cultivables, et les petits paysans étaient souvent dans le besoin (souvent à cause de dettes.). A cette époque, ces derniers réclamèrent une abolition des dettes et un partage équitables des terres.

Le cas qui nous est le plus connu est celui d’Athènes : au VII° siècle avant Jésus Christ, deux législateurs, Dracon et Solon, mirent en place de nombreuses réformes législatives.  

 

1° Les institutions de Dracon – Dracon arriva au pouvoir en tant qu’archonte éponyme[1], et mit en place, vers 620 avant Jésus Christ, un code juridique très sévère (c’est d’ailleurs de son nom que provient le terme draconien.). Il est cependant important de préciser qu’à cette époque, il n’y avait pas de lois précises (seulement des règles non écrites, les rhètres, acceptées tacitement par les populations.). La Grèce, alors parsemée d’une multitude de clans (les Génos.), souffrait beaucoup de ces vendettas : il fallait venger le mort coûte que coûte, sinon son âme errait sur les rivages du Styx, sans pouvoir traverser le fleuve (comme les morts sans sépulture[2].).

En outre, le système politique d’Athènes était encore sommaire, à cette époque. En effet, la cité était alors sous la domination de la famille des Eupatrides, qui disaient descendre du héros légendaire Thésée. Dominant Athènes, détenant la majorité des terres cultivables, les Eupatrides exerçaient des pressions en tous genres sur les plus démunis.

 

Le système de Dracon punissait donc la moindre incartade d’une grosse amende, et souvent de la peine de mort. Les lois en question (la plus importante étant celle qui faisait la différence entre l’homicide volontaire et involontaire.) étaient écrites sur des panneaux de bois, qui, plus tard, furent remplacés par des bornes de pierre (certaines sources racontent que le code, dont les lettres étaient rouges, aurait été écrit avec du sang[3].).   

De cette manière, Dracon tenta de libérer le citoyen athénien de la pression qu’exerçait sur lui le clan, mais aussi (en vain.) de briser l’influence qu’avaient les Eupatrides sur la cité.

 

2° Les institutions de Solon – Quelques années plus tard, un autre archonte, Solon (640 ? – 558 avant Jésus Christ.), arrivant au pouvoir en 594, fit d’importantes réformes à Athènes. En effet, à cette époque, les Eupatrides avaient finalement réussi à acquérir la quasi-totalité des terres de l’Attique, et se faisaient de plus en plus menaçants envers les paysans endettés (ces derniers étaient alors parfois réduits à l’esclavage pour rembourser leur emprunts.). En outre, le commerce étant en pleine expansion, la classe des marchands faisait fortune. Cependant, ces nouveaux riches étaient dans l’impossibilité de participer à la vie politique de leur cité, à cause des Eupatrides.

 

- Les nouvelles lois : Solon commença par supprimer les lois de Dracon, jugées trop strictes, sauf celles concernant les homicides ; il interdit aux créanciers de s’emparer des terres ou de la liberté de leurs débiteurs ; il régit la place des femmes dans la société ; créa des bordels d’Etats ; etc.

 

- Les nouvelles classes : Sa réforme la plus connue entraîna la mise en place à Athènes d’une nouvelle société, non plus dirigée par les nobles mais par les riches (Solon aussi voulait rabaisser l’influence des Eupatrides.).

Solon institua donc quatre classes sociales, en fonction de la richesse des citoyens :

Les Pentacosiomédimnes, les plus riches, devaient prouver que leu revenu annuel était supérieur ou égal à 500 médimnes[4].

Les Hippeis devaient être capables de pouvoir entretenir un cheval (d’où leur nom.), et leur revenu devait être supérieur ou égal à 300 médimnes.

Les Zeugites étaient des paysans qui n’en avaient pas moins certaines ressources financières, et dont le revenu annuel était de 200 médimnes.

Les Thètes, quant à eux, étaient les plus modestes des citoyens d’Athènes (souvent des ouvriers agricoles.), et leur revenu était inférieur à 200 médimne annuels (ils étaient cependant dispensés de faire la guerre.).

 

- Les nouveaux archontes : Solon déclara que seuls les Pentacosiomédimnes, qu’ils soient d’ascendance noble ou non, pourraient être élus archontes.

A l’origine, les archontes étaient au nombre de trois. Issus de l’aristocratie, ils s’étaient emparés des fonctions des souverains d’Athènes suite à la disparition du dernier d’entre eux. Il y avait alors trois différents archontes :

L’archonte éponyme était le chef de la cité (en théorie.), il gérait l’administration de la cité et s’occupait de la justice.

L’archonte roi avait une fonction religieuse. Il était responsable des cultes et présidait l’Aréopage (nous reviendrons sur cette organisation plus tard.).

Enfin, le polémarque commandait l’armée, détenant donc le pouvoir militaire.

La charge d’archonte, à l’origine, était à vie. Cependant, au fil des siècles, cette durée devint décennale, puis ensuite annuelle. En outre, au VII° siècle avant Jésus Christ, l’on ajouta six nouveaux archontes aux trois existant déjà : les thesmothètes. Leurs fonctions étaient en grande partie judiciaires (ils présidaient comme magistrats lors des procès.).

Les archontes, une fois leur mandat venu à expiration, rejoignaient l’aréopage, dont ils étaient membres à vie. Jusqu’au V° siècle avant Jésus Christ, cette assemblée eut un pouvoir très important au sein de la cité[5].

Les Hippeis et les Zeugites, exclus du gouvernement, détenaient des charges moins importantes. Quant aux Thètes, ils se réunissaient au sein d’une assemblée nommée ecclésia.

Le système que Solon avait mit en place était une démocratie censitaire, qui fut loin de faire l’unanimité.

 

            3° Le règne des tyrans – Cependant, même après les réformes de Solon, le problème, à Athènes, n’était toujours pas réglé : seuls les riches avaient le pouvoir. C’est cet état de fait qui favorisa l’arrivée des tyrans (du grec turannos, qui signifie ‘maître.), un peu partout dans les cités grecques (Corinthe, Athènes, Samos, Naxos, etc.).

Il est cependant important de noter que le terme ‘tyran’ n’avait pas à l’époque la connotation négative qu’il a aujourd’hui (tout comme le terme ‘dictateur’ chez les romains, qui désignait un chef de guerre ayant l’armée sous ses ordres pendant un an.). Les tyrans, bien qu’ils s’emparaient du pouvoir en dehors de tout processus démocratique, n’en étaient pas moins soutenus par de nombreux citoyens, qui désiraient s’opposer aux classes les plus aisées de la population. En outre, un peu partout en Grèce, les tyrans ne restèrent au pouvoir que tant que leur action fut jugée positive par leur peuple.

A Athènes, ce fut le tyran Pisistrate (600 ? – 527.), issu de la famille des Eupatrides, qui prit le pouvoir. Soutenu par les citoyens les plus pauvres de la ville (les Diacriens.), Pisistrate parvint à diminuer l’influence de l’aristocratie.

Pisistrate se contenta de placer des proches au sein des institutions de la cité, tout en respectant les institutions de Solon. Par la suite, il instaura un système de prêts pour les plus défavorisés des Athéniens (une sorte de crédit agricole.), embellit les monuments de l’Acropole (construction du temple d’Athéna.), célébra de nombreuses cérémonies religieuses (réforme des Panathénées, fêtes organisées en l’honneur d’Athéna ; intégration du culte de Dionysos.).

Pisistrate mit aussi en place une politique de conquête : établissement de colonies sur le détroit de l’Hellespont[6] (afin de s’assurer le ravitaillement en blé en provenance de la mer noire.), prise des îles Cyclades et de Délos (afin de prendre le contrôle du commerce dans la mer Egée.).

Torse d'un guerrier grec, vers 530 avant Jésus Christ, Altes museum, Berlin.

A la mort de Pisistrate, en 527 avant Jésus Christ, ce furent ses fils (Hippias et Hipparque.) qui lui succédèrent. Athènes était alors une cité florissante, l’action de Pisistrate ayant été très bénéfique pour la cité. Cependant, les deux jeunes gens ne surent pas assurer la pérennité de l’œuvre de leur père (le pouvoir était alors entre les mains d’Hippias, son frère étant plus porté sur les lettres.). Lors des panathénées de 514, deux jeunes Athéniens, Harmodios et Aristogiton, tentent d’assassiner les deux frères, mais ne parviennent qu’à tuer Hipparque[7]. Les deux jeunes gens furent tués peu après (Harmodios fut tué par les garde, Aristogiton fut exécuté.), mais ils reçurent cependant, après la chute d’Hippias, le titre de tyranoctones (‘tueurs de tyrans’.).

Par la suite, Hippias mit en place un système de plus en plus répressif au sein de la cité, tant et si bien que les Athéniens appelèrent à l’aide la ville de Sparte. En 510, le tyran d’Athènes fut chassé de la ville, et partit se réfugier en Perse auprès du roi Darius I°[8]

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[1] Nous expliquons plus bas ce que signifie le terme ‘archonte éponyme’.

[2] Pour en savoir plus sur les Enfers, vous pouvez vous reporter au chapitre deuxième, mythologie grecque.

[3] Cependant, de nombreux historiens pensent aujourd’hui que le code draconien serait une invention apocryphe du V° siècle avant Jésus Christ.

[4] Il s’agissait d’une unité de mesure utilisée à l’époque. 1 médimne correspond à 3½ boisseaux ou 51 litres.

[5] En 487, au cours de la période classique, les archontes furent élus, et non plus nommés : arrivaient à cette charge des personnes qui n’avaient parfois pas les compétences requises. En outre, lorsque fut créée la charge de stratège, toujours à la même époque, le polémarque perdit beaucoup de ses fonctions.

[6] Nommé aujourd’hui détroit des Dardanelles.

[7] Harmodios ayant repoussé les avances d’Hipparque, ce dernier se serait donc vengé en refusant que la sœur d’Harmodios rentre au service des panathénées, prétextant qu’elle n’était pas vierge. 

[8] Hippias participa par la suite aux guerres contre la Grèce, du côté des Perses. Il mourut peu après la bataille de Marathon, en 490.

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