CHAPITRE TROISIÈME : L'époque classique (V°
- IV° siècles avant Jésus Christ)
VIII : Philippe II de Macédoine
1° Premières
années du règne de Philippe II de Macédoine – Philippe II de
Macédoine naquit en 382 avant Jésus Christ. En 368, alors âgé de 14 ans,
il fut envoyé à Thèbes en tant qu’otage macédonien. Là, il y rencontra
Epaminondas, entre autres, et apprit l’art de la guerre en l’observant. Il
se rendit compte aussi des forces et des faiblesses des Grecs, ce qui lui
fut utile plus tard.
Buste en ivoire de Philippe
II de Macédoine, IV° siècle avant Jésus Christ, retrouvé dans sa tombe à
Vergina, conservé au musée archéologique de Thessalonique.
En 365, il rentra en
Macédoine. Quelques années après, en 359 avant Jésus Christ, son frère
Perdiccas III se fit tuer au cours d’une bataille qu’il livra contre les
Illyriens (ces derniers marchèrent ensuite sur la Macédoine.). Philippe fit
alors en sorte d’évincer son neveu, Amyntas IV, et prit donc sa
place.
Le nouveau roi commença par
accepter la suzeraineté des Illyriens, en épousant Audata, fille du
roi Bardylis. En outre, Philippe II conclut un traité de paix avec
Athènes.
Puis, s’inspirant de ce
qu’il avait appris lors de son séjour à Thèbes, il réforma l’armée
macédonienne : les soldats étaient toujours équipés de leurs protections
habituelles (bouclier, casque, armure.), mais celles-ci étaient bien plus
légères que celles des hoplites grecs. Il créa aussi le corps d’élite des
hypaspistes (intégralement composé de nobles que Philippe II avait gagné
à sa cause.).
2°
Premières batailles, lutte contre l’Illyrie – Une fois son armée prête
au combat, Philippe II mit en place une politique d’unification nationale et
d’expansion. Il commença d’abord par lutter contre les Illyriens (les
battant en 356 avant Jésus Christ.), puis s’empara de plusieurs villes,
telles Amphipolis, Potidée, Pydna et Méthone. Le roi de Macédoine s’allia
alors au souverain du royaume Molosse (en Epire.), dont il épousa une de ses
filles, Olympias (ensemble, ils donnèrent naissance à Alexandre le
Grand, en 356 avant Jésus Christ.).
Représentation d'Olympias sur une médaille du III° siècle avant Jésus
Christ, conservée au musée archéologique de Thessalonique.
3° La
Troisième guerre sacrée – À la même époque éclata la Troisième guerre
sacrée. On appelait ‘guerre sacrée’ les opérations militaires menées par l’
Amphictyonie[1]
de Delphes, afin de protéger de sanctuaire d’Apollon situé sur l’île. La
Première guerre sacrée avait éclaté au début du V° siècle avant Jésus
Christ : la cité voisine de Crisa contrôlait la route maritime menant à
Delphes, et avait instauré un péage. Au final, Crisa fut détruite, et son
territoire fut consacré à Apollon. La Seconde guerre sacré avait commencé en
448 avant Jésus Christ : les Phocidiens s’étant emparés de Delphes, les
Spartiates intervinrent et les en chassèrent. C’est alors qu’Athènes s’en
mêla à son tour, et rendit l’île aux Phocidiens (par la suite, il fut conclu
un accord garantissant l’indépendance de Delphes.).
La Troisième guerre
sacrée, par contre, fut un évènement de plus grande ampleur : en effet, en
357 avant Jésus Christ, Thèbes (alors à la tête de l’Amphictyonie.)
traduisit les phocidiens en justice, ces derniers s’étant installés dans la
plaine de Crisa (ils cultivaient sur des terres sacrées, ce qui était
interdit.). Ils furent alors condamnés à payer une amende.
Refusant de
s’acquitter de cette somme, les Phocidiens s’emparèrent alors de Delphes, en
356 avant Jésus Christ. L’année suivante, l’Amphictyonie répliqua en
déclarant la guerre à la Phocide.
Après avoir
connu quelques échecs, les Phocidiens, sous la conduite du stratège
Onomarque, parvinrent à vaincre leurs rivaux, étendant leur sphère
d’influence jusqu’à la Thessalie. La ligue thessalienne et Thèbes, effrayées
par la montée en puissance des Phocidiens, firent alors appel à Philippe II.
Ce dernier,
après avoir été vaincu au cours de deux batailles par Onomarque (353 avant
Jésus Christ.), parvint à reprendre l’avantage l’année suivante, à la
bataille du Champ de Crocus (le stratège des Phocidiens trouva la mort au
cours du conflit.).
Par la suite,
en 348 avant Jésus Christ, Philippe II envahit la Chalcidique et prit
Olynthe. En outre, une trentaine de cités de cette région furent détruites.
Mais, déjà à
cette époque, Démosthène avertissait ses compatriotes athéniens du
danger que Philippe II représentait.
Démosthène, copie d'après l'antique, Montpellier.
Il fut tenté de mettre en place une
alliance contre la Macédoine, mais sans résultats. Il est vrai que les
Athéniens, lassés de ces dizaines d’années de guerre, aspiraient à la paix.
En 346 avant
Jésus Christ, Philippe II, qui voulait mettre fin à la Troisième guerre
sacrée, informa les Athéniens qu’il était prêt à négocier la paix. Athènes
envoya donc une ambassade auprès du roi de Macédoine (composée de
Démosthène, Eschine et Philocrate.). Ce dernier répondit alors qu’il
comptait en envoyer une à Athènes afin de négocier une alliance. Une fois
cette dernière arrivée dans la cité, il fut établi les bases de la paix
de Philocrate : chaque camp conservait ce qu’il possédait, et
s’engageait à faire respecter les possessions de l’autre.
Le traité
était en réalité un camouflet pour les Athéniens : non seulement, ils
reconnaissaient les conquêtes que Philippe II avait réalisées (souvent au
détriment d’Athènes.) ; mais en plus ils s’engageaient à se battre contre
ceux qui voudraient rendre à la cité ce qu’elle avait perdu…
Malgré tout,
il s’agissait maintenant pour Athènes de faire signer le fameux traité à
Philippe II, et une deuxième ambassade fut alors envoyée en Macédoine
(composée de Démosthène et Eschine.). Philippe II, qui profita du retard de
cette ambassade pour étendre au maximum son territoire, signa donc la paix
de Philocrate.
Puis, par la suite, il
marcha sur la Phocide, dont la situation n’était pas précisée par le traité
de paix. Phalécos, le chef des Phocidiens, décida de se soumettre à
Philippe II, qui partagea la région avec Thèbes. En outre, le roi de
Macédoine parvint à s’octroyer le siège des Phocidiens à l’Amphictyonie.
4° La
guerre contre Athènes – Par la suite, Philippe II tenta de s’emparer des
détroits, voulant contrôler l’approvisionnement des cités grecques.
A Athènes, Démosthène
n’avait alors de cesse d’haranguer ses compatriotes, leur prédisant le
danger que représentait le roi de Macédoine (en 342 avant Jésus Christ, il
fit juger Eschine pour avoir signé la paix de Philocrate.). Finalement, en
340 avant Jésus Christ, il fut constitué une ligue pan-hellénique, à
laquelle Byzance décida de se joindre (Philippe décida alors d’assiéger la
ville.).
Buste de Démosthène, copie romaine d'une oeuvre du IV° siècle avant Jésus
Christ, Neues museum, Berlin.
Mais, alors que Philippe
avait abandonné ses prétentions sur Byzance, Eschine dénonça les Locriens de
la cité d’Amphissa, qui cultivaient les terres sacrées de Delphes. C’est
ainsi qu’éclata la Quatrième guerre sacrée.
Les membres de
l’Amphictyonie ne parvenant pas à vaincre les Locriens, ils firent alors
appel à Philippe II. Celui-ci ne se fit pas prier pour intervenir, et
parvint à soumettre rapidement les Locriens.
Par la suite, le roi de
Macédoine décida de se retourner contre les Thébains, qui avaient rejoint
l’alliance athénienne. En 338 avant Jésus Christ, les Macédoniens
affrontèrent Athéniens et Thébains à Chéronée. Ce fut un désastre pour les
cités coalisées : les soldats macédoniens, appuyés par la cavalerie
(conduite par Alexandre.), firent des ravages dans les rangs des hoplites
grecs.
Par la suite, Thèbes fut
occupée, et il fut signé avec Athènes la paix de Démade.
5° Le
congrès de Corinthe – En 337 avant Jésus Christ, Philippe II réunit les
cités grecques lors du congrès de Corinthe, et il fonda la ligue des
Hellènes (à noter que Sparte et les cités de Grande Grèce ne firent pas
partie de cette ligue.).
Les règles étaient les
suivantes : il était interdit aux cités de se battre entre elles,
l’autonomie des cités était préservée, et chaque ville conservait ses
institutions.
L’objectif n’était pas tant
ici pour Philippe II d’asseoir sa domination sur les cités, mais surtout de
mettre en place un monde grec uni et fort, capable de s’opposer aux menaces
extérieures. De fait, apparaissait ainsi une sorte de premier Etat grec
fédéral.
La Macédoine et le monde Grec, 337 avant Jésus Christ (vous pouvez faire un
"clic droit" sur la carte afin de faire un zoom).
L’année suivant, en 336
avant Jésus Christ, Philippe II se fit assassiner au cours d’un banquet par
un officier macédonien nommé Pausanias, alors qu’il préparait une
expédition contre la Perse.