Louis Napoléon Bonaparte, élu au suffrage universel masculin le 10 décembre
1848, décida d'opérer un coup d'Etat trois années plus tard, la
constitution l'interdisant de briguer un second mandat. Mais cette action,
considérée comme une
« trahison » par les républicains, ne lui fut jamais
pardonnée. L'un des opposants au second Empire, l'écrivain Victor
Hugo, lors de son exil à Jersey, rédigea donc plusieurs ouvrages
fustigeant cette prise de pouvoir : Les châtiments, Histoire d'un
crime, et Napoléon le Petit.
Toutefois, si ce surnom est resté dans les mémoires, quand est-il de la
politique de cet Empereur ? Fut-il un souverain falot et débonnaire, comme
le veut sa légende noire, ou bien fut il un chef d'Etat plus compétent qu'on
ne pourrait le croire ?
Affiche publicitaire illustrant le roman Histoire d'un crime, publié par Victor Hugo, relatant les évènements de
décembre 1852, 1878, musée de Montmartre, Paris.
Louis Napoléon Bonaparte, qui adopta le nom de Napoléon III suite
à la proclamation du second Empire,
était né en 1808, fils de Louis
Bonaparte (frère cadet de Napoléon I°) et d'Hortense
(fille de
Joséphine de Beauharnais[1]).
Il était donc le neveu de Napoléon, mais aussi son petit fils par
alliance.
La famille du jeune homme, contrainte à l'exil suite au retour des
Bourbon, s'installa en Suisse. A l'été 1830, alors que la révolution de Juillet
avait contraint le roi Charles X à abdiquer, Louis
Napoléon et son frère aîné Napoléon Louis[2]
se firent connaître pour la première fois, militant à Rome pour un
rétablissement de l'Empire (à cette époque, le fils de Napoléon I°,
François Napoléon, était retenu au château
de Schönbrunn, à Vienne[3]).
Louis Napoléon Bonaparte et
son frère aîné Napoléon Louis Bonaparte.
Toutefois, l'insurrection italienne fit long feu,
Louis Philippe (qui était monté sur le trône suite à la
révolution de Juillet) ayant refusé d'intervenir, et fut donc
rapidement matée par l'armée autrichienne[4].
A noter par ailleurs que les deux frères furent frappés par la
rougeole, et Napoléon Louis y succomba en mars 1831.
Louis Napoléon, suite à la mort de son frère,
puis de son cousin François, se considérait désormais comme
l'héritier de
du trône impérial[5].
Le jeune homme, organisant des réseaux bonapartistes depuis la
Suisse, décida finalement de passer à l’action. Planifiant une
marche vers Paris similaire à celle qu’avait effectuée Napoléon lors
des Cent-Jours, Louis Napoléon décida de se rendre à Strasbourg afin
de soulever la garnison de la ville.
Toutefois, la conjuration fut un échec, et tous les participants furent
rapidement arrêtés et emprisonnés.
Louis Philippe, jugeant que Louis Napoléon était un prisonnier aussi
embarrassant que peu dangereux, décida alors de le libérer et de le conduire
vers les Etats Unis. Les autres conjurés, passant en jugement, furent quant
à eux
acquittés.
Toutefois, le neveu de l'Empereur déchu ne resta
pas longtemps sur le sol américain, rentrant en Europe l'année
suivante. Ce dernier rentra en Suisse pendant l'été 1837, se rendant
au chevet de sa mère mourante (cette dernière décéda en fin
d'année).
En 1840, Louis Philippe organisa le retour des
cendres de Napoléon I°, afin de susciter une vague de patriotisme,
mais aussi de profiter de la gloire impériale, en se présentant
comme l’héritier de l’Empereur déchu. Louis Napoléon décida de
profiter de cet évènement pour opérer un nouveau coup d'Etat.
Cependant, le soulèvement de Boulogne-sur-Mer fut un échec, et Louis
Napoléon fut alors enfermé au au fort de Ham, condamné à la prison à
vie.
Le retour des cendres.
Parvenant à s'échapper en 1846, après six années de
détention, le neveu de l'Empereur déchu parvint à se réfugier en
Angleterre. Puis, suite à la
révolution de 1848, qui contraignit Louis Philippe à abdiquer,
Louis Napoléon fut élu député et rentra en France. Ce dernier, comme
nous l'avons vu plus tôt, fut élu président de la république le 10
décembre 1848, pour une durée de quatre ans, sans possibilité de
réélection.
Louis Napoléon, faisant face à l'hostilité des députés, qui voulaient
faire adopter un décret permettant au président de l’assemblée de
prendre le contrôle de l’armée, décida alors d'organiser un coup d'Etat,
le 2 décembre 1851. Ce dernier ayant été ratifié par plébiscite, Louis
Napoléon fit voter
une nouvelle constitution en janvier 1852, qui lui accordait un mandat
de dix ans ; puis, en novembre 1852, le
second Empire
fut proclamé, décision elle aussi ratifiée par plébiscite à la fin du mois.
Napoléon III, Empereur des Français, atelier de Franz Xaver
WINTERHALTER, XIX° siècle,
musée des Invalides, Paris.
Si aujourd'hui encore, Napoléon III continue d'être dénigré,
souffrant de cette image de « traître » véhiculée par Victor
Hugo, il convient de préciser que bilan du règne de ce souverain est
plutôt positif.
E
n
ce qui concerne la diplomatie, rappelons que depuis 1815, date
à laquelle s’était tenu le congrès de Vienne[6], la France
se trouvait à l'écart des relations internationales. En effet, les
monarchies européennes se méfiaient de l'Hexagone, pays instable et
agité par de nombreux troubles (l'on comptait déjà trois révolution
en moins d'un siècle, sans compter les insurrections qui avaient
échouées). Ainsi, pendant plus de trente
ans, le pays n'avait conclu aucune alliance diplomatique, conservant les
mêmes frontières depuis la chute du premier Empire.
En 1853, Napoléon III se rapprocha de l'Angleterre, participant avec
Londres à la guerre de Crimée, s'opposant à la mainmise russe
dans les Balkans. En
septembre 1855, à l'issue d'une année de siège, les alliés
parvinrent à s'emparer de Sébastopol, principale base navale des
Russes en Crimée[7].
Le 7° de ligne à l'assaut de Malakoff, par E. BOUTIGNY, musée
de l'Infanterie, Montpellier.
Puis, quelques années plus tard, en 1859, Napoléon III décida de se
rapprocher du royaume de Piémont-Sardaigne, qui était intervenu aux
côtés de la France pendant la guerre de Crimée. L'Empereur, partisan
du
« droit des peuples à
disposer d'eux mêmes
», était favorable à une unification italienne, mais
était tiraillé sur sa droite par les catholiques, qui considéraient
que ce mouvement unitaire menaçait les Etats pontificaux. Ce
dernier, prenant contact avec Camillo Benso,
comte de Cavour, président du conseil[8]
de Piémont-Sardaigne, imagina un plan de réorganisation de l’Italie,
qui serait divisée en trois territoires autonomes : au nord, le
royaume de Piémont Sardaigne (grossi par la Vénétie et la Romagne),
au centre, un Etat réunissant les territoires pontificaux et la
Toscane ; au sud, le royaume des Deux-Siciles. Cette
confédération italienne serait alors dirigée par le pape.
La campagne d'Italie, qui débuta au printemps 1859, accorda
plusieurs succès aux alliés. Ces derniers, parvenant à progresser en
territoire ennemi, contraignirent les Autrichiens à évacuer Milan,
puis à reculer vers la Vénétie. Toutefois, faisant face à
l'hostilité de la Prusse et des catholiques, Napoléon III signa un
armistice avec l'Empereur d'Autriche François Joseph : le
royaume de Piémont-Sardaigne récupérait la Lombardie, et en
contrepartie cédait la Savoie et le comté de Nice à la France[9].
La garde impériale au pont de Magenta, par Eugène CHARPENTIER,
1860,
musée des Invalides, Paris.
Outre le développement des relations diplomatiques, Napoléon III,
bien que gagné aux thèses des saint-simoniens[10],
décida finalement de favoriser une politique d’intervention et
d’expansion outre mer. Du premier Empire colonial français,
qui s'était développé vers l'Amérique du nord et l'Inde, à l'époque
de l'Ancien Régime, il ne restait rien. En 1848, les Français
n'étaient implantés qu'en Algérie[11]
et au Sénégal.
Toutefois, alors
que les possessions coloniales françaises atteignaient une superficie
d’à peine 300 000 kilomètres carrés en 1848, elles étaient
supérieures à un million à la fin du règne de Napoléon III : en
Afrique, les Français développèrent leur implantation au Sénégal,
prenant Madagascar et l’archipel des Comores
(1860), puis Djibouti (1862) ; côté
égyptien, la France reçut une concession en prévision
du percement du canal de Suez (qui fut inauguré en 1869) ; en
Extrême-Orient, profitant de l'affaiblissement de la Chine, les
Français prirent pied en Cochinchine et au
Cambodge, établissant un protectorat sur le Cambodge, puis sur le
Siam.
Réception des ambassadeurs du Siam
à Fontainebleau, par Jean Léon GEROME, 1864, château de
Fontainebleau, Fontainebleau.
A noter toutefois que la gestion de l'Algérie posa problème, ce
territoire étant plutôt hostile au second Empire.
Ainsi, Napoléon III
envisagea de faire de cette colonie un royaume arabe sous
protectorat français, mais il se heurta à l'hostilité des colons.
Finalement, ce projet fut abandonné.
Le second Empire subit une seconde
déconvenue lors de la campagne du Mexique (qui dura de 1861 à
1867), Napoléon III ayant profité de la guerre de Sécession
américaine[12]
pour étendre son influence sur le continent américain. Toutefois, si
les Français parvinrent à progresser jusqu'à la capitale, les
rebelles mexicains bénéficièrent rapidement de l'aide des
Etats-Unis, et l'expédition se solda sur un échec[13].
Combat contre une bande de guérilleros mexicains, gravure publiée dans le journal Le monde illustré, 1864.
D'un point de vue économique, la France de 1848 connaissait un
certain retard par rapport à l'Angleterre,
pays avait débuté sa révolution industrielle dès les années
1820. Napoléon III, bénéficiant sous son règne d'une période de
forte croissance, décida alors de mettre cet avantage à profit.
Chemin de fer du Nord : ouverture de la
ligne reliant Boulogne à Calais, gravure publiée dans Le journal
illustré, 1867.
Le réseau de chemin de fer s'agrandit considérablement, comptant
18 000 kilomètres de voies ferrées en 1870 (contre 3 000 en 1851),
permettant le transport de
111 millions de voyageurs et 44 000 tonnes de marchandises en une
année ; le télégraphe se répandit rapidement en France (l'on
comptait 30 000 kilomètres de lignes en 1870), les Etats-Unis et le
vieux continent étant reliés en 1858 ; afin de réduire le taux des prêts, parfois faramineux,
furent créées des sociétés de crédit (Crédit foncier,
Crédit Lyonnais, etc.) ; afin de mieux encadrer le droit des
sociétés, de nouveaux statuts furent mis en place (la la
société à responsabilité limitée, ou SARL, et la
société anonyme, ou SA
[14])
; enfin, la France et l'Angleterre s'engagèrent dans la voie du
libéralisme, signant un accord de libre-échange en 1860, abolissant
les tarifs douaniers alors en vigueur.
Grâce à toutes les mesures adoptées par le gouvernement depuis 1848,
plusieurs grands magasins ouvrirent leurs portes
dans la capitale (Le Bazar Napoléon, Au Printemps, et La
Samaritaine[15]).
Façade du Bazar Napoléon
(aujourd'hui Bazar de l'Hôtel de ville).
A Paris, la prospérité du second Empire se traduisit par les travaux
du baron Georges Eugène Haussmann, préfet de la Seine. Alors
qu'en 1848, la capitale était une ville quasi-médiévale, réputée
pour sa surpopulation et son insalubrité, Paris fut transformée en
une ville moderne en l'espace de quelques années : Haussmann fit alors percer de grandes rues,
rénovant la place de la Bastille, la rue Rivoli, la place de la
Concorde et l’avenue des Champs Elysées ; dans l’île de la Cité, des
bâtiments anciens furent détruits, afin de dégager le parvis de Notre Dame ;
plusieurs parcs furent aménagés (les Buttes Chaumont, le
bois de Vincennes, et le bois de Boulogne); enfin, plusieurs
kilomètres de routes goudronnées, trottoirs, caniveaux et égouts furent construits.
Destruction d'une partie de la Cité, gravure publiée dans Le journal
illustré, 1867.
Au final, alors que Paris comptait moins de 500 000 habitants en
1848, il y en avait environ deux millions en 1870.
A noter toutefois que
l’haussmannisation de Paris fut critiquée par certains politiques, ces
derniers reprochant à Haussmann le coût important des travaux (2.5 milliards
de francs, une somme considérable pour l'époque), la destruction d’édifices
souvent anciens, et l’accroissement de la fracture sociale, causée par la
hausse du prix des loyers dans les nouveaux immeubles.
Malgré tout, la mode
de l’haussmannisation toucha plusieurs grandes villes, telles que
Lyon, Marseille, Bordeaux ou Montpellier.
Concernant la politique intérieure, Napoléon III entreprit de
libéraliser le régime à compter de 1860. Ainsi, les deux chambres
dotées du pouvoir législatif,
le Corps législatif et le Sénat, reçurent peu à peu
d'importantes prérogatives : possibilité de
discuter des projets de loi en comité
secret (1860) ; participation du Corps législatif au vote du budget
(1861) ; droit d’interpellation, permettant aux députés d'interpeller le gouvernement
(1867) ; partage du
pouvoir constituant entre les deux assemblées (1870) ; etc.
Par ailleurs, la censure fut diminuée,
et
l’autorisation préalable (document requis pour toute réunion publique) fut abolie.
Paradoxalement,
plus l'Empire se libéralisait, plus ses détracteurs devenaient
véhéments. Ainsi, les conservateurs n’appréciaient guère la
politique de libéralisme ; les républicains restaient hostiles au
régime ; enfin, les catholiques n'aimaient pas la position de
Napoléon III vis à vis du mouvement unitaire italien.
Une séance du Corps législatif, gravure publiée dans Le journal illustré,
1869.
L'Empereur,
principalement soutenu par les populations rurales, chercha alors
des appuis auprès des ouvriers. Ce faisant, il créa
la société du prince
impérial en 1862 (chargée de prêter de l’argent aux familles d’ouvriers dans le
besoin) ; reconnut le droit de
grève (1864)[16]
; puis autorisa les ouvriers à se
réunir dans des associations à caractère syndical (1866)
[17].
Cependant, si de
nombreux ouvriers furent séduits par la politique sociale
de Napoléon III, ce dernier faisait face à l'émergence du socialisme,
doctrine considérant que l'Etat, même composé de savants ou de génies,
restait un
système de domination contre le
prolétariat, dans la mesure où ce dernier n’étant pas en mesure d’administrer lui-même le
pays.
Tombe de Karl Marx, Angleterre, vers 1990.
En réalité, le principal échec de Napoléon
III fut face à la Prusse, ancien duché qui avait obtenu son
indépendance vis à vis du Saint Empire romain germanique à l'époque
moderne. En 1815, à l'issue du congrès de Vienne, le royaume de
Prusse avait obtenu la Rhénanie, possédant désormais une frontière
commune avec la France. Au fil des années, les Prussiens firent en
sorte d'agrandir leurs possessions en Allemagne, au détriment de
l'Autriche : en 1866, après avoir remporté la bataille de Sadowa,
le roi de Prusse Guillaume I° contraignit l'Empereur François
Joseph à abandonner toute la moitié nord de l'Allemagne (c'est ainsi
que fut créée la
confédération de l’Allemagne du Nord,
dominée par la Prusse). Napoléon III, favorable à l'unification de
l'Allemagne, comme à celle de l'Italie, décida de ne pas intervenir,
ne prenant pas garde à la mainmise progressive de la Prusse sur la
région.
Guillaume I°, roi de Prusse, gravure publiée dans Le journal illustré,
1867 (en haut) ; la Prusse en 1867 (à gauche) ; l'Autriche en 1867 (à droite).
Deux années plus tard, en 1868, une
révolution éclatant en Espagne chassa du pouvoir la reine Isabelle II.
Les insurgés, préférant toutefois conserver un système monarchique,
firent alors appel à Léopold de
Hohenzollern-Sigmaringen, un cousin éloigné du roi de Prusse. Côté
français, cette annonce était particulièrement inquiétante, faisant
resurgir le spectre d'un encerclement de la France comme à l’époque
de Charles Quint. Les diplomates français parvinrent
toutefois à faire reculer Guillaume I°, mais les députés exigèrent
un acte de renonciation officiel. Le roi de Prusse refusa de céder,
mais suite à une mauvais traduction d'un télégramme envoyé par
Berlin, les députés se sentirent insultés.
Napoléon III, bien qu'hostile à un conflit
contre les Prussiens, fut finalement contraint de céder face aux
bellicistes. Ainsi, la France déclara la guerre à la Prusse en
juillet 1870, sans alliés à ses côtés.
L'armée française, bien inférieure à celle
de l'ennemi (900 000 hommes contre 1 200 000 côté allemand),
manquait en outre d'entraînement, de munitions, et de canons. En
l'espace d'un mois, les Français ne subirent que des revers,
incapables de résister à la progression des prussiens. Napoléon III,
malade[18],
fut fait prisonnier suite à la bataille de Sedan, le
1erseptembre
1870.
La bataille de Sedan.
A Paris, l'annonce de la capitulation fit
grand bruit, et le 4,
des milliers de manifestants envahirent le palais Bourbon, siège du
Corps législatif. Le même jour, quelques députés républicains
rassemblés à l’Hôtel de Ville proclamèrent latroisième
république.
L'annonce de l'abolition du régime impérial devant le palais du Corps
législatif, le 4 septembre 1870, par Jules DIDIER et Jacques GUIAUD,
XIX° siècle, musée Carnavalet, Paris.
Comme nous venons de
le constater, le règne de Napoléon III fut, au final, plutôt
positif, l'Empereur ayant su profiter d'une bonne période de
croissance économique pour faire rentrer la France dans l'ère
moderne.
Par ailleurs, si les
républicains ne pardonnèrent pas à ce souverain l'emploi de la force
lors du coup d'Etat du 2 décembre, il convient de préciser que ces
derniers n'hésitèrent pas à prendre les armes contre le peuple,
faisant bien plus de victimes : 4 000 pendant des émeutes de juin
1848 et 30 000 lors de la liquidation de la
Commune,
au printemps 1871[19]
; contre
« seulement » 400 en décembre 1851.
En réalité, ce qui fut le
plus reproché à Napoléon III fut l'échec de la guerre contre la Prusse, qui
priva la France de l'Alsace et d'une partie de la Lorraine, territoire qui
ne furent récupérés que 40 années plus tard, à l'issue de la
Grande guerre.
A noter toutefois que Napoléon
III avait tenté en 1866 de faire adopter la loi Niel,
prévoyant une grande réforme de l'armée. Cependant, les députés y
furent hostiles, ceux-là même qui furent partisans de la guerre en
1870.
Mais si le règne de Napoléon
III est toujours entaché par cette légende noire, ce
souverain fut peut-être plus républicain que les républicains, de
nombreuses mesures en vigueur pendant son règne ayant été abrogées
sous la troisième république : l'élection du président de la
république au suffrage universel, l'usage du plébiscite, la liberté
de la presse, le droit de vote pour les militaires, etc.
En ce qui concerne la légende
noire, qui depuis plus d'un siècle contribue à jeter l'opprobre sur
le règne de Napoléon III, voici ce qu'Emile Zola,
républicain libéral, écrivit à ce sujet : à 20 ans, je tenais le
neveu du grand Napoléon pour le bandit, le ruffian, le
« voleur de nuit » qui, selon l'expression célèbre, avait allumé sa
lanterne au soleil d'Austerlitz. [...] Je le voyais « l'œil terne,
furtif, les traits pâlis » à travers cette rhétorique hennissante,
écumante, géniale. Mais j'en suis revenu depuis. Car, au fait, le
Napoléon III des
Châtiments, c'est un croquemitaine sorti tout botté et tout éperonné
de l'imagination de Victor Hugo. Rien n'est moins ressemblant que ce
portrait, sorte de statue de bronze et de boue élevée par le poète
pour servir de cible à ses traits acérés, disons le mot, à ses
crachats.
Ainsi, l'homme qui
fut le premier président de la république française, mais aussi le
dernier souverain à avoir régné sur la France, reste encore méconnu
aujourd'hui.
[1] A noter que Joséphine, première épouse de Napoléon, avait eu deux
enfants lors d'un précédent mariage avec Alexandre de Beauharnais,
décédé en 1794 : Eugène et Hortense, plus tard adoptés par
l'Empereur.
[2] Napoléon Louis était né en
1804. Toutefois, il n'était pas le premier enfant d'Hortense, qui
avait donné naissance à Napoléon Charles en 1802, décédé en
1807.
[3]
A noter qu'il y mourut en juillet 1832
(vraisemblablement de la tuberculose).
[4]
Rappelons qu'à cette date, l'Italie n'était pas encore unifiée,
comme c'est le cas aujourd'hui. Ainsi, l'on trouvait de nombreux
Etats sur la botte italique.
Sous domination autrichienne : les duchés de Parme et de Modène, le duché
de Toscane,
le
royaume lombard-vénitien. Restaient indépendants les Etats pontificaux, le royaume des
Deux-Siciles,
et le royaume de Piémont-Sardaigne.
[5]
A noter toutefois qu’en octobre 1836, l’héritier officiel était non
Louis Napoléon, mais son père,
Louis Bonaparte (qui ne mourut que dix ans plus tard, en juillet
1846).
[6]
Le congrès de Vienne, organisé en 1815, avait consacré le
démembrement de l'Empire napoléonien et le retour des Bourbon.
Toutefois, le système d'équilibre entre les grandes puissances, qui
fut mis en place à cette date, permit d'accorder à l'Europe un
demi-siècle de paix. Pour en savoir plus à ce sujet,
cliquez ici.
[7] Pour en savoir plus sur ce conflit particulièrement
meurtrier (95 000 morts côtés français et 25 000 côté anglais), voir
le 3, section I, chapitre premier,
le second Empire.
[8]
Cette charge est l'équivalente de celle de premier ministre
aujourd'hui.
[9]
Malgré la fin de la guerre, le royaume de Piémont-Sardaigne ne mit
pas fin au mouvement unitaire. De 1859 à 1860, plusieurs plébiscites en faveur de l’unification italienne
furent organisés dans toute la péninsule, accordant une large
victoire au « oui. » En l'espace de quelques mois,
plusieurs Etats furent annexés : pacifiquement (Parme, Modène et
la Toscane) ou militairement (le royaume des Deux-Siciles, ainsi que les Marches, l’Ombrie et la Romagne,
anciennes possessions du pape). En 1861, l'Italie était presque entièrement réunifiée. Ne lui
échappait que la Vénétie, restée entre les mains des Autrichiens, et Rome,
sous l'autorité du pape.
[10]
Le
saint-simonisme était une doctrine philosophico-religieuse qui
avait été développée par Claude Henri de Rouvroy, comte de
Saint Simon, au début du XIX° siècle. Ce dernier pensait que tous
les hommes devaient être égaux à la naissance, et ne pouvaient se
distinguer qu’en fonction de leurs mérites. Ce dernier considérait
aussi la
révolution industrielle
comme une chance, et qu’il fallait la favoriser afin d’augmenter le
niveau de vie des Français.
[11]
La conquête de l'Algérie avait débuté sous le règne de Charles X, en
juillet 1830.
[12]
Nous évoquerons ce conflit dans un article suivant.
[13]
Pour en savoir plus sur la campagne du Mexique,
voir le 3, section I, chapitre second,
le second Empire.
[14]
La SARL est formée par les actionnaires de la société, qui nomment
un gérant. Ce dernier est tenu de leur rendre des comptes au moins
une fois par an lors d’une assemblée générale. Au contraire, la SA
est formée par deux types d’associés anonymes : les commanditaires
(les actionnaires de la société.) et les commandités (il
s’agit de commerçants nommés par les actionnaires.). La société est
administrée par des gérants, nommés par les commandités avec
l’accord des commanditaires. A noter que
les SARL sont plus fréquentes que les SA, car ces dernières ne
peuvent être créées qu’en investissant une importante somme d’argent
dans le capital de la société (au moins 37 000 € en 2010.).
[15]
Ces magasins existent toujours : le Bazar Napoléon fut plus tard
rebaptisé
Bazar de l'Hôtel de ville
; et La Samaritaine, qui fut
fermé en 2005 en raison de non-conformité aux normes de sécurité,
l'établissement est en cours de rénovation.
[16]
Rappelons que la grève était interdite depuis la Révolution
française, en vertu de la loi Le Chapelier, adoptée en juin 1791.
Pour en savoir plus sur l’adoption de ce texte, voir le 2, section
I, chapitre troisième, la Révolution française.
[17]
A noter que la loi le Chapelier, outre le droit de grève,
interdisait aussi les syndicats. Ces derniers, bien que tolérés sous
le second Empire, ne furent définitivement reconnus qu’en 1884.
[18]
Ce dernier était atteint de la
maladie de la pierre
(un calcul s’était formé dans sa vessie) depuis 1865. Cette
affection entraina un vieillissement précoce de Napoléon III, qui
s’intéressa de moins en moins aux affaires de l’Etat.
[19]
Nous reviendrons sur les émeutes de juin 1848 et sur la liquidation
de la Commune dans un chapitre ultérieur.