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Premier mariage de Clovis (486) – A l’époque de la guerre contre
Syagrius, Clovis contractât un premier mariage avec une princesse ripuaire,
dont nous ne connaissons pas le nom aujourd’hui.
De cette union naquit un
fils, vers 490, Thierry (ou Théodoric).
Le premier mariage de
Clovis, considéré à tort comme un simple concubinage par les historiens
romains chrétiens, avait vraisemblablement pour objectif de resserrer les
liens entre Saliens et Ripuaires, à une époque où les Alamans se faisaient
menaçants.
Ou bien le roi des Francs
souhaitait avoir les mains libres pour s’attaquer à la Thuringe.
2° Clovis
contre la Thuringe (491) – Suite à son premier mariage, Clovis s’attaqua
à la Thuringe, royaume appartenant (peut être) à son cousin Chararic.
L’on ne sait pas aujourd’hui
quelles raisons poussèrent Clovis à prendre les armes. Peut être se sentait
il menacé par l’expansion des Thuringiens en Rhénanie ? Ou bien souhaitait
il s’emparer d’une région dont sa mère, Basine, était originaire ?
Chararic et son fils,
capturés, furent alors tondus et enfermés dans un monastère. Toutefois,
comme l’aîné du vaincu menaçait de reprendre les armes, Clovis décida de
faire tuer les deux hommes.
A noter que dans l’ouvrage
de Saint Grégoire de Tours, cet évènement est placé en fin de récit, à une
période où Clovis élimine méthodiquement ses parents (vraisemblablement dans
un souci de simplification).
3° Le second
mariage de Clovis (492) – Clovis, soucieux d’établir une alliance avec
la Burgondie, décida d’épouser la princesse, Clotilde.
Clovis et Clotilde, par Jean Antoine GROS, vers 1811, Petit Palais, Paris.
Cette dernière était la
nièce de Gondebaud,
roi des Burgondes, souvent représenté par l’historiographie comme un roi
cruel et tyrannique. Il était le troisième fils de Gondioc, qui selon
la coutume, avait partagé entre ses quatre enfants le royaume de Burgondie.
Cependant, Gondebaud parvint
à éliminer Gondemar et Chilpéric vers 485, qui s’étaient
(vraisemblablement) ligués contre lui.
Clotilde, fille de
Chilpéric, parvint à échapper au massacre de sa famille relaté par certaines
sources (la mère et les frères de la jeune femme auraient été exécutés).
Nous avons vu précédemment
que les Burgondes étaient chrétiens, mais ariens. Ce n’était cependant pas
le cas de la princesse Clotilde, qui était catholique.
Le mariage fut célébré en 492 à Soissons, consacrant l’alliance avec la
Burgondie.
La jeune femme, très pieuse,
ne cessa de pousser Clovis à renoncer au paganisme. Toutefois, le roi des
Francs refusait de se convertir, craignant de perdre le soutien de son
peuple, encore majoritairement fidèle aux anciennes croyances.
En 494, le couple eut un
fils, Ingomer, qui mourut dans la semaine suivant don baptême. Clovis
protesta contre ce coup du sort : si l’enfant avait été voué à mes dieux,
il vivrait encore !
L’année suivante naquit un
second enfant, Clodomir, qui lui aussi tomba malade peu de temps
après son baptême. Clovis étant persuadé que celui ci allait aussi mourir,
il réprimanda son épouse : il ne peut pas lui arriver autre chose que ce
qui est arrivé à son frère ; après avoir été baptisé au nom de votre Christ,
il mourra aussitôt ! Toutefois, l’enfant guérit grâce aux prières de
Clotilde, comme l’indique Saint Grégoire de Tours dans son récit.
4° Bataille
de Tolbiac (496) – Les terres des Francs Ripuaires, situées sur les
rives du Rhin, étaient envahies par les Alamans. Clovis décida d’aller au
secours de son cousin Sigebert, roi de Cologne.
Une importante bataille se
déroula à Tolbiac entre les Francs et les Alamans. Pendant l’affrontement,
Sigebert fut blessé au genou (il fut ainsi surnommé le boiteux), et
les troupes de Clovis étaient en difficulté.
Le roi des Francs, au
désespoir, implora le secours de ses dieux. Cependant, ses soldats
continuaient cependant à reculer. Puis, acculé, il décida de s’inspirer des
prières de son épouse : Dieu de Clotilde ! Toi qui, dit-elle, accordes
ton secours à ceux qui sont en danger, et la victoire pour ceux qui espèrent
en toi ! Si tu me donnes de triompher de mes ennemis, je me ferai baptiser
en ton nom !
C’est alors que le chef des
Alamans fut tué d’un coup de hache, ce qui entraîna la confusion au sein de
son armée. Les Francs reprirent courage, remportèrent la bataille, et mirent
leurs ennemis en fuite.
Vœu de Clovis à la bataille de Tolbiac, par Paul Joseph
BLANC, 1874, le Panthéon, Paris.
Suite à cet affrontement,
Clovis s’empara du territoire des vaincus, étendant sa domination en
direction de la Haute-Rhénanie.
A noter que la bataille de
Tolbiac se déroula peut être en 506, le roi des Ostrogoths, Théodoric,
recevant à cette date une lettre où les Alamans demandaient sa protection,
suite à leur défaite contre les Francs.
La bataille de Tolbiac, par Ary SCHEFFER,
1837, château de Versailles, Versailles.
Enfin, l’on peut remarquer
que la « divine providence » ayant permis à Clovis de l’emporter rappelle la
bataille du Pont Milvius,
au cours de laquelle l’Empereur Constantin vit apparaitre un chrisme
en plein ciel, une voix lui disant : par ce signe tu vaincras.
Mur en provenance d'une villa romaine de
Lullingston (Angleterre.), sur lequel a été peint un chrisme (les couleurs
ont été restaurées récemment.), IV° siècle après Jésus Christ, British
Museum, Londres.
Saint Grégoire de Tours
s’inspira vraisemblablement de cet épisode pour construire son récit.
5° Baptême de
Clovis (496) – Soucieux d’honorer sa promesse, Clovis se rapprocha de
Rémy, évêque de Reims, en vue de préparer son baptême. Il fut renseigné sur
les dogmes de la jeune Eglise, principalement celui issu du concile de
Nicée, faisant du Christ l’égal de Dieu.
La cérémonie religieuse se
déroula le 25 décembre 496 à Reims, Clovis recevant le baptême avec 3 000 de
ses guerriers.
Le baptême de Clovis,
par Paul Joseph BLANC, 1874, le Panthéon, Paris.
Cependant, l’objectif du roi
des Francs était avant tout politique. En effet, Clovis était désormais le
seul souverain d’Europe fidèle aux dogmes de l’Eglise romaine (rappelons que
les autres royaumes étaient ariens). Cela lui conféra une importante
légitimité, à une époque où le pouvoir temporel, en Gaule, était exercé par
les évêques depuis la déliquescence de l’Empire romain.
En outre, la conversion de
Clovis permit à ce dernier d’assoir sa domination sur les gallo-romains,
majoritairement catholiques.