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Mythologie
 
 

 

 

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Les Mérovingiens


CHAPITRE DEUXIÈME : Clovis (481 à 511)


III : Clovis contre les Alamans (496)

 

            1° Premier mariage de Clovis (486) – A l’époque de la guerre contre Syagrius, Clovis contractât un premier mariage avec une princesse ripuaire, dont nous ne connaissons pas le nom aujourd’hui.

De cette union naquit un fils, vers 490, Thierry (ou Théodoric).

 

Le premier mariage de Clovis, considéré à tort comme un simple concubinage par les historiens romains chrétiens, avait vraisemblablement pour objectif de resserrer les liens entre Saliens et Ripuaires, à une époque où les Alamans se faisaient menaçants.  

Ou bien le roi des Francs souhaitait avoir les mains libres pour s’attaquer à la Thuringe.

 

            2° Clovis contre la Thuringe (491) – Suite à son premier mariage, Clovis s’attaqua à la Thuringe, royaume appartenant (peut être) à son cousin Chararic.

L’on ne sait pas aujourd’hui quelles raisons poussèrent Clovis à prendre les armes. Peut être se sentait il menacé par l’expansion des Thuringiens en Rhénanie ? Ou bien souhaitait il s’emparer d’une région dont sa mère, Basine, était originaire ?

 

Chararic et son fils, capturés, furent alors tondus et enfermés dans un monastère. Toutefois, comme l’aîné du vaincu menaçait de reprendre les armes, Clovis décida de faire tuer les deux hommes.

A noter que dans l’ouvrage de Saint Grégoire de Tours, cet évènement est placé en fin de récit, à une période où Clovis élimine méthodiquement ses parents (vraisemblablement dans un souci de simplification).

 

            3° Le second mariage de Clovis (492) – Clovis, soucieux d’établir une alliance avec la Burgondie, décida d’épouser la princesse, Clotilde.

Clovis et Clotilde, par Jean Antoine GROS, vers 1811, Petit Palais, Paris.

 

Cette dernière était la nièce de Gondebaud[1], roi des Burgondes, souvent représenté par l’historiographie comme un roi cruel et tyrannique. Il était le troisième fils de Gondioc, qui selon la coutume, avait partagé entre ses quatre enfants le royaume de Burgondie.

Cependant, Gondebaud parvint à éliminer Gondemar et Chilpéric vers 485, qui s’étaient (vraisemblablement) ligués contre lui.

Clotilde, fille de Chilpéric, parvint à échapper au massacre de sa famille relaté par certaines sources (la mère et les frères de la jeune femme auraient été exécutés).

 

Nous avons vu précédemment que les Burgondes étaient chrétiens, mais ariens. Ce n’était cependant pas le cas de la princesse Clotilde, qui était catholique[2]. Le mariage fut célébré en 492 à Soissons, consacrant l’alliance avec la Burgondie.

 

La jeune femme, très pieuse, ne cessa de pousser Clovis à renoncer au paganisme. Toutefois, le roi des Francs refusait de se convertir, craignant de perdre le soutien de son peuple, encore majoritairement fidèle aux anciennes croyances.

En 494, le couple eut un fils, Ingomer, qui mourut dans la semaine suivant don baptême. Clovis protesta contre ce coup du sort : si l’enfant avait été voué à mes dieux, il vivrait encore !

L’année suivante naquit un second enfant, Clodomir, qui lui aussi tomba malade peu de temps après son baptême. Clovis étant persuadé que celui ci allait aussi mourir, il réprimanda son épouse : il ne peut pas lui arriver autre chose que ce qui est arrivé à son frère ; après avoir été baptisé au nom de votre Christ, il mourra aussitôt ! Toutefois, l’enfant guérit grâce aux prières de Clotilde, comme l’indique Saint Grégoire de Tours dans son récit.

 

              4° Bataille de Tolbiac (496) – Les terres des Francs Ripuaires, situées sur les rives du Rhin, étaient envahies par les Alamans. Clovis décida d’aller au secours de son cousin Sigebert, roi de Cologne.

 

Une importante bataille se déroula à Tolbiac entre les Francs et les Alamans. Pendant l’affrontement, Sigebert fut blessé au genou (il fut ainsi surnommé le boiteux), et les troupes de Clovis étaient en difficulté.

Le roi des Francs, au désespoir, implora le secours de ses dieux. Cependant, ses soldats continuaient cependant à reculer. Puis, acculé, il décida de s’inspirer des prières de son épouse : Dieu de Clotilde ! Toi qui, dit-elle, accordes ton secours à ceux qui sont en danger, et la victoire pour ceux qui espèrent en toi ! Si tu me donnes de triompher de mes ennemis, je me ferai baptiser en ton nom !

C’est alors que le chef des Alamans fut tué d’un coup de hache, ce qui entraîna la confusion au sein de son armée. Les Francs reprirent courage, remportèrent la bataille, et mirent leurs ennemis en fuite.

Vœu de Clovis à la  bataille de Tolbiac, par Paul Joseph BLANC, 1874, le Panthéon, Paris.

 

Suite à cet affrontement, Clovis s’empara du territoire des vaincus, étendant sa domination en direction de la Haute-Rhénanie[3].

A noter que la bataille de Tolbiac se déroula peut être en 506, le roi des Ostrogoths, Théodoric, recevant à cette date une lettre où les Alamans demandaient sa protection, suite à leur défaite contre les Francs.

La bataille de Tolbiac, par Ary SCHEFFER, 1837, château de Versailles, Versailles.

 

Enfin, l’on peut remarquer que la « divine providence » ayant permis à Clovis de l’emporter rappelle la bataille du Pont Milvius[4], au cours de laquelle l’Empereur Constantin vit apparaitre un chrisme[5] en plein ciel, une voix lui disant : par ce signe tu vaincras.

 

Mur en provenance d'une villa romaine de Lullingston (Angleterre.), sur lequel a été peint un chrisme (les couleurs ont été restaurées récemment.), IV° siècle après Jésus Christ, British Museum, Londres.

Saint Grégoire de Tours s’inspira vraisemblablement de cet épisode pour construire son récit.

 

            5° Baptême de Clovis (496) – Soucieux d’honorer sa promesse, Clovis se rapprocha de Rémy, évêque de Reims, en vue de préparer son baptême. Il fut renseigné sur les dogmes de la jeune Eglise, principalement celui issu du concile de Nicée, faisant du Christ l’égal de Dieu.

 

La cérémonie religieuse se déroula le 25 décembre 496 à Reims, Clovis recevant le baptême avec 3 000 de ses guerriers.

Le baptême de Clovis, par Paul Joseph BLANC, 1874, le Panthéon, Paris.

Cependant, l’objectif du roi des Francs était avant tout politique. En effet, Clovis était désormais le seul souverain d’Europe fidèle aux dogmes de l’Eglise romaine (rappelons que les autres royaumes étaient ariens). Cela lui conféra une importante légitimité, à une époque où le pouvoir temporel, en Gaule, était exercé par les évêques depuis la déliquescence de l’Empire romain.

En outre, la conversion de Clovis permit à ce dernier d’assoir sa domination sur les gallo-romains, majoritairement catholiques.

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[1] Nous avons précédemment parlé de Gondebaud en c), 3, section III, chapitre premier, les Mérovingiens.

[2] Le terme étant anachronique, disons qu’elle était fidèle au dogme établi par le concile de Nicée (voir à ce sujet le 2, section I, chapitre deuxième, les Mérovingiens).

[3] C'est-à-dire le sud du Rhin.

[4] Voir à ce sujet le 6, section I, chapitre sixième, histoire de la Rome antique.

[5] Un chrisme est un symbole constitué des deux premières lettres du mot ‘Christ’ (en grec Χριστός.), soit X (chi.) et P (rho.). Ce symbole est parfois entouré des lettres α (alpha.) et ω (oméga.).

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