1° Le périple de Râ –
Suite à la création du monde, Râ
s’était installé sur terre. Chaque matin, il s’installait dans sa barque
magique, et se lançait dans un long voyage autour du monde afin
d’apporter la lumière sur terre.
Bien que les histoires
varient dans la mythologie égyptienne, de nombreux égyptiens
considéraient que le monde formait une cuvette dont les quatre bords
étaient constitués de hautes montagnes. La déesse Nout au corps étoilé
prenait ainsi appui sur les quatre pics.
Représentation du monde imaginée par les Egyptiens de l'Antiquité,
gravure issue de l'ouvrage Histoire de l'Egypte, par
Gaston MASPERO,
France,
XIX° siècle.
Cependant, Râ était
chaque soir absorbé par Nout, et les rayons du soleil ne parvenaient
plus jusqu’aux humains. Râ était alors attaqué par le monstrueux serpent
Apophis, et devait lutter contre lui jusqu’aux premières lueurs
du jour.
Râ sur la barque solaire, accompagné par Thot et luttant contre le
serpent Apophis.
A noter toutefois
qu’Apophis attaquait parfois Râ en pleine journée, et parvenait à
renverser la barque magique. C’est ainsi que les Egyptiens de
l’Antiquité expliquaient les éclipses de soleil.
2°
La prise de pouvoir d’Isis – A cette époque très reculée, Isis
n’avait pas encore acquis son statut de grande déesse, vivant toujours
sous la coupe de Râ.
Isis élabora alors un
plan afin de prendre le pouvoir. L’objectif était de s’emparer du nom
caché de Râ et ainsi obtenir sa toute puissance.
Pour ce faire, elle
façonna un serpent avec de la boue et lui donna la vie. La créature
mordit alors Râ, qui tomba gravement malade. Tous les divinités
tentèrent de le soigner, mais rien n’y fit.
Isis sachant que la
seule chance de guérir Râ était que ce dernier lui révèle son nom caché,
se rendit au chevet du malade. Lui expliquant qu’elle avait besoin de
connaître le vrai nom de Râ pour le soigner, le démiurge refusa
d’obtempérer. Comprenant le piège d’Isis, Râ tenta de feindre et énuméra
à Isis les nombreux noms qu’il portait.
La déesse, sachant que
Râ se jouait d’elle, ne put guérir le dieu. Mais ce dernier, souffrant
atrocement, finit toutefois par révéler son nom véritable à Isis.
Acquérant une grande
puissance, Isis put ainsi soigner Râ et décida d’utiliser son pouvoir
pour le bien de l’humanité.
La déesse Isis, musée du Louvre, Paris .
3°
Le mythe d’Osiris – Râ, le premier pharaon divin, avait cédé le
pouvoir à son fils Shou, et Geb, fils de ce dernier, décida d’usurper le
trône se son père, jugé trop vieux. Par la suite, à la fin de sa vie,
Geb divisa son royaume entre ses fils : Osiris reçut les terres
fertiles, tandis que Seth eut la souveraineté sur le désert aride.
Osiris, régnant en
maître sur l’Egypte, enseigna aux hommes l’agriculture, la pêche et
l’élevage ; Isis leur interdit l’anthropophagie et leur enseigna le
tissage, la magie et la médecine. Thot, quant à lui, donna aux humains
le secret de l’écriture.
Osiris, par Antoine Guillaume GRANDJACQUET, fin du XVIII°
siècle, musée du Louvre, Paris.
Cependant, Seth
jalousait son frère, et souhaitait s’emparer de son royaume. Il
échafauda alors un plan afin de se débarrasser d’Osiris.
Conviant son frère à un
banquet, Seth, au cours du repas, fit apporter un magnifique sarcophage
(qu’il avait secrètement fait tailler selon les mensurations d’Osiris.).
Seth affirma alors que le coffre appartiendrait à celui qui parviendrait
à se coucher à l’intérieur, et les convives ne tardèrent guère à
l’essayer, en vain.
Osiris décida alors de
participer au jeu et se coucha dans le sarcophage. C’est alors que le
piège se referma sur lui, car Seth, qui avait attendu se moment,
rabattit le couvercle du sarcophage.
Le dieu du désert jeta
ensuite le coffre dans le Nil, et Osiris, emporté dans la Méditerranée,
mourut noyé (c’est pour cela qu’il est représenté de couleur bleue ou
verte, comme nous l’avons vu précédemment.). Seth, ainsi débarrassé de
son frère put enfin prendre le pouvoir en Egypte.
Apprenant la disparition
de son époux, Isis décida de parcourir le monde à la recherche du
sarcophage (elle fut accompagnée par sa sœur Nephtys selon certaines
sources.). Ce dernier, quant à lui, avait dérivé jusqu’à la cité
phénicienne de Byblos. Le coffre échoua alors dans un buisson, qui grâce
à l'aura magique d'Osiris, connut une
forte croissance et devint très rapidement un arbre. Le roi de la cité,
impressionné, décida d’utiliser le tronc pour fabriquer une colonne dans
son palais.
Lorsqu’Isis arriva, elle
parvint à se faire accepter à la cour, puis le roi se rendit vite compte
qu’elle était une déesse. Coupant donc la colonne qui contenait le
sarcophage, le roi le rendit à Isis, qui repartit en Egypte.
La déesse, découvrant le
cadavre inanimé de son époux, décida alors de l’enterrer dans un endroit
reculé.
Cependant, c’était sans
compter la détermination de Seth, qui, trouvant le sarcophage, décida de
l’ouvrir afin de déchirer le corps de son frère en quatorze morceaux.
Face à la macabre
découverte, Isis se lamenta, puis se lança dans une nouvelle quête,
encore plus difficile que la précédente.
Nephtys pleurant Osiris, XXII° dynastie (945 à 715 avant Jésus Christ),
musée du Louvre, Paris.
Finalement, Isis parvint
à retrouver la plupart des restes de son époux, sauf le phallus qui
avait été mangé par un poisson (elle en reconstitua un en argile.).
Reconstituant le corps
d’Osiris grâce à l’aide de Nephtys, Isis fit appel à Anubis afin que ce
dernier embaume le cadavre. Puis, étendant ses ailes au dessus de la
momie, Isis parvint à redonner vie temporairement à son époux.
I sis
déployant ses ailes (l'on peut voir la déesse Maât à droite d'Isis).
Après avoir fécondé
Isis, Osiris décida alors de prendre la tête du royaume des morts.
4° Les
Enfers dans la mythologie égyptienne – Selon les croyances des
Egyptiens de l’Antiquité, l’être humain était composé d’une âme (le
bâ.), d’une personnalité (symbolisée par le nom.), d’un coeur et
d’un corps, ce dernier devant être intact afin que le ka, double
spirituel, puisse accéder à l’autre monde (c’est pour cette raison que
les cadavres étaient précautionneusement embaumés.). Après avoir été
vidé de ses organes internes (à l’exception du cœur.), déposés dans des
vases canopes, le corps était ensuite asséché par du sel pendant
70 jours.
Le périple jusqu’à
Osiris n’était pas de tout repos. Sur un chemin parsemé d’embuches, le
ka pouvait s’aider du livre des morts que la famille du défunt
avait glissé dans le sarcophage. Voyageant dans un monde où les notions
d’espace et de temps disparaissent, le ka pouvait alors avoir recours à
des transformations afin de survivre à ces distorsions de la réalité.
Le livre des morts du
scribe Any, montrant le périple de son bâ et celui de son épouse, vers
1270 avant Jésus Christ, XIX° dynastie, British Museum, Londres.
Le livre des morts de Nebseny, énumérant une liste de formules magiques
afin d'augmenter les pouvoirs du bâ, vers 1450 avant Jésus Christ,
XVIII° dynastie, British Museum, Londres.
Par la suite, le ka
était guidé par Anubis jusqu’à la salle du jugement, présidée par
Osiris.
Le ka est présenté à Osiris, derrière lequel se trouvent ses soeurs Isis
et Nepthys (en haut à gauche de l'image, l'on peut apercevoir plusieurs
divinités, sans doute Noun, Shou, Tefnou, Geb et Nout).
Le cœur du défunt était alors placé sur la balance, et de
l’autre côté l’on déposait une plume, attribut principal de la déesse
Maât. Le ka devait alors réciter les péchés qu’il n’avait pas commis.
Le ka, guidé par Anubis, voit se dérouler devant lui l'épreuve du coeur
et de la plume. Thot, à droite, inscrit le jugement sur son registre ;
un petit Anubis règle la balance sous le regard affamé de Babaï qui
espère pouvoir dévorer le ka à l'issue du jugement (en haut de l'image,
l'on peut apercevoir d'autres divinités, dont Râ, osiris, Noun, Shou,
Tefnou, Geb et Nout).
Si le cœur était plus
lourd que la plume, le ka était dévoré par Babaï (ou Ammout.),
une créature monstrueuse à tête de crocodile, corps de lion et pattes
d’hippopotame et de hyène.
Si le cœur et la plume
étaient en équilibre, le ka pouvait ainsi se rendre aux champs
d’Ialou ,
où les âmes pures pouvaient passer l’éternité en paix.
5° Le
combat éternel de Seth et Horus – Peu de temps après la mort
d’Osiris, Isis enfanta un fils, Horus.
Statue du dieu Horus,
Troisième Période Intermédiaire (1069 à 664 avant Jésus Christ), musée
du Louvre, Paris.
Ce dernier, une fois
parvenu à l’âge adulte, décida alors de venger la mort de son père.
Affrontant Seth à plusieurs reprises afin de reprendre le contrôle de
l’Egypte, Horus parvint à chasser Seth, devenant ainsi le cinquième
pharaon divin.
A noter que selon
certaines sources, Isis, voyant que son frère Seth allait être massacré,
aurait décidé de s’interposer. Horus, furieux, aurait alors décapité et
sa mère et remplacé sa tête par une tête de vache (d’où l’association
Isis-Hathor.).
Thot aurait donc décidé
de se poser comme arbitre, donnant les terres fertiles à Horus et le
désert à Seth (ce dernier eut alors l’honneur de monter sur la barque
magique de Râ, afin de lutter contre le serpent Apophis.).
Seth combattant Apophis sur la barque magique de Râ .
Par la suite, Horus
aurait abandonné son trône afin de le confier à Thot, qui fut le dernier
pharaon divin.
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