Au cours de l’Antiquité, en Grèce d’abord, puis
à Rome ensuite, l’Iliade était appris par cœur par tous les écoliers ; les
œuvres d’Homère étaient à la base du système scolaire de cette époque.
Les anciens lui ont aussi attribué diverses
œuvres : les Hymnes homériques (un recueil de 33 odes en l’honneur de
divinités comme Aphrodite, Arès, etc.), les Epigrammes (un recueil de
18 poèmes.) ; ainsi que deux poèmes burlesques : la Batrachomyomachie
(une parodie de la guerre de Troie, relatant la lutte entre des grenouilles
et des souris.) et le Margitès (une poésie dans laquelle l’auteur se
moque de la stupidité d’un individu nommé Margitès.).
2° Homère, père de l’Iliade
et de l’Odyssée ? – L’existence
énigmatique d’Homère fut entourée de mystères dès le VI° siècle avant Jésus
Christ, à partir de là, comment différencier ici le vrai et le faux,
l’histoire et le mythe ? Depuis des siècles, l’on a cherché à savoir si
Homère avait existé, et s’il était l’unique auteur de l’Iliade et de
l’Odyssée.
Premièrement, la question de l’existence réelle
d’Homère est sujette à controverses. L’homme a il réellement existé, ou bien
n’est il que la personnification d’un ou de plusieurs auteurs ? En ce qui
concerne la vie d’Homère, nous sommes aujourd’hui confronté à bien des
hypothèses, sans trop pouvoir privilégier l’une ou l’autre.
En ce qui concerne l’Iliade et de l’Odyssée,
ici aussi, deux thèses s’affrontent : d’un côté, les unitaristes
insistent sur les similitudes de styles entre les deux œuvres. Selon eux,
l’Iliade et l’Odyssée auraient été écrites à plusieurs années d’intervalle,
d’où les différences entre les deux poèmes.
Les analystes, quant à eux, soulignent
les incohérences du texte (par exemple, le troyen Pylémène se fait tuer par
Ménélas au chant V, puis revient au chant XIII chercher le cadavre de son
fils ; au chant XI, Achille attend une ambassade qu'il vient juste de
renvoyer.), insistant aussi sur le fait que les deux récits mêlent deux
dialectes différents (le ionien et l’éolien.), et que l’on y rencontre des
tournures datant d’époques diverses. Les analystes cherchent à différencier
l’écrit original d’Homère des ajouts postérieurs.
Au final, l’on estime que l’Iliade aurait été
composée vers le VIII° siècle avant Jésus Christ, et que l’Odyssée aurait
été rédigée plus tard, par une ou plusieurs autres personnes, vers le VII°
siècle.
La science a aussi fait mentir la tradition en
enlevant à Homère la paternité des œuvres comme les Hymnes homériques (l’on
s’est aperçu que ces poèmes dataient d'époques différentes.), les
Epigrammes, la Batrachomyomachie et le Margitès.
3° L’Iliade et l’Odyssée, entre
tradition orale et tradition écrite – Pendant longtemps, près de 200
ans, les poèmes d’Homère se transmirent par voie orale (d’où la forme si
particulière des deux récits, censée faciliter le travail de mémorisation
des aèdes.).
Au VI° avant Jésus Christ, le tyran Pisistrate
prit le pouvoir à Athènes, mettant fin au pouvoir oligarchique
qui régnait sur la ville. Puis, il inaugura par la suite une bibliothèque
dans sa ville. Il ordonna alors que tout aède de visite à Athènes récite ce
qu’il connaissait d’Homère, afin que les scribes athéniens puissent en
enregistrer chaque version. C’est ainsi que naquirent l’Iliade et l’Odyssée.
Plusieurs siècles plus tard, au IV° siècle
avant Jésus Christ, Zénodote, le premier bibliothécaire de la
bibliothèque d’Alexandrie, décida assisté de retravailler l’œuvre d’Homère.
Assisté des grammairiens alexandrins, ils tentèrent de faire le distinguo
entre les écrits d’Homère et les ajouts postérieurs. Le travail de Zénodote
fut poursuivi ensuite par son disciple, Aristarque de Samothrace.
Leurs intentions étaient sans doute louables, mais l’opération fut mal vue
par de nombreux auteurs de l’époque, indignés que l’on puisse remettre en
question l’intégrité de l’Iliade et l’Odyssée.
Mais les papyrus utilisés alors ne nous sont
pas parvenus, ou bien seulement de courts fragments. Nous ne connaissons
les deux œuvres que grâce aux copies qui furent faites au III° siècle après
Jésus Christ, sur des codex romains.
Au XII° siècle, le byzantin Eustathe de Thessalonique compila les
commentaires alexandrins, et ne retint que 80 corrections sur les 874 alors
établies par Aristarque de Samothrace. C’est en 1488, à Florence, que ces
deux œuvres furent imprimées pour la première fois.
L'Illiade, papyrus grec du I° siècle avant Jésus Christ, Neues museum,
Berlin.
4° L’Iliade et l’Odyssée, entre
mythe et histoire – Pendant longtemps, l’on a cru qu’Homère décrivait
des évènements ayant réellement eu lieu. Au XIX° siècle, c’est pour étayer
cette croyance qu’Heinrich Schliemann partit faire des fouilles en Asie
mineure. Il découvrit alors les ruines d’une ville appelée Troie, puis
découvrit aussi les ruines de Mycènes. Avec ses hommes, ils mirent à jour de
nombreux objets précieux. Il appelèrent cette découverte le trésor de Priam
(ils avaient cependant trouvé ceci dans une Troie bien antérieure à
celle de la légende.).
L’archéologue s’imaginait avoir
trouvé la ville du récit d’Homère. Aujourd'hui, les archéologues ont bien
confirmé qu'il s'agit de Troie, mais à elle connu cette fameuse bataille,
relatée dans l'Iliade? Aujourd'hui, certains historiens en doutent.
Il est évident que le mythe a
prit une grande place dans les œuvres d’Homère. Mais l’Iliade n’est elle
qu’une histoire issue de l’imagination fertile d’un Grec du VIII° siècle
avant Jésus Christ, ou bien est elle basée sur des faits réels ?
Plusieurs théories s’affrontent à nouveau à ce
sujet. Selon certains, la guerre de Troie aurait eu lieu au milieu du XIII°
siècle avant Jésus Christ ; soit au cours de la période des siècles
obscurs, entre le X° et le IX° siècle avant Jésus Christ, suite à
l’effondrement de la civilisation mycénienne ; etc.
Cependant, le fait qu’Homère évoque la présence
du fer dans ces récits alors que les évènements se déroulent en plein âge du
bronze ; que l’auteur nous décrive le fonctionnement d’une
phalange ;
tous ces anachronismes entraînent certains à penser que les faits décrits
par Homère n’existèrent que dans son esprit.
D’autres, au contraire, prennent l’exemple du
mythe d’Arthur ou de la légende de Roland de Roncevaux : ces deux récits
furent évidemment transformés par les poètes du Moyen-âge, mais il n’en
reste pas moins basés sur une histoire vraie : Roland à réellement existé,
même s’il est aujourd’hui avéré qu’il ne pouvait pas trancher en deux un
infidèle et sa monture d’un seul coup d’épée. Il en serait donc de même du
récit d’Homère, qui, bien que parfois incohérent, pourrait être basé sur une
histoire réelle.