Car un pays sans passé est un pays sans avenir...

 
Mythologie
 
 

 

 

adblocktest

 

Mythologie grecque


CHAPITRE QUATRIÈME : Homère, l'Iliade et l'Odyssée

 

I: Homère

          

            1° Homère, une personnalité plus légendaire qu’historique – En tout état de cause, il nous est aujourd’hui impossible d’affirmer qu’Homère ait réellement existé ou pas. Ce dernier aurait été un aède (c’est ainsi que l’on nommait les poètes grecs de l’Antiquité.), originaire de Chios, vivant au VIII° siècle avant Jésus Christ. L’auteur de l’Iliade et de l’Odyssée était représenté par la tradition comme un vieil homme aveugle, voyageant de ville en ville, déclamant ses vers.

Homère, par Philippe Laurent ROLAND, 1812, musée du Louvre.

 

Au cours de l’Antiquité, en Grèce d’abord, puis à Rome ensuite, l’Iliade était appris par cœur par tous les écoliers ; les œuvres d’Homère étaient à la base du système scolaire de cette époque.

Les anciens lui ont aussi attribué diverses œuvres : les Hymnes homériques (un recueil de 33 odes en l’honneur de divinités comme Aphrodite, Arès, etc.), les Epigrammes (un recueil de 18 poèmes.) ; ainsi que deux poèmes burlesques : la Batrachomyomachie (une parodie de la guerre de Troie, relatant la lutte entre des grenouilles et des souris.) et le Margitès (une poésie dans laquelle l’auteur se moque de la stupidité d’un individu nommé Margitès.).

 

2° Homère, père de l’Iliade et de l’Odyssée ? – L’existence énigmatique d’Homère fut entourée de mystères dès le VI° siècle avant Jésus Christ, à partir de là, comment différencier ici le vrai et le faux, l’histoire et le mythe ? Depuis des siècles, l’on a cherché à savoir si Homère avait existé, et s’il était l’unique auteur de l’Iliade et de l’Odyssée.

Premièrement, la question de l’existence réelle d’Homère est sujette à controverses. L’homme a il réellement existé, ou bien n’est il que la personnification d’un ou de plusieurs auteurs ? En ce qui concerne la vie d’Homère, nous sommes aujourd’hui confronté à bien des hypothèses, sans trop pouvoir privilégier l’une ou l’autre.

En ce qui concerne l’Iliade et de l’Odyssée, ici aussi, deux thèses s’affrontent : d’un côté, les unitaristes insistent sur les similitudes de styles entre les deux œuvres. Selon eux, l’Iliade et l’Odyssée auraient été écrites à plusieurs années d’intervalle, d’où les différences entre les deux poèmes.

Les analystes, quant à eux, soulignent les incohérences du texte (par exemple, le troyen Pylémène se fait tuer par Ménélas au chant V, puis revient au chant XIII chercher le cadavre de son fils ; au chant XI, Achille attend une ambassade qu'il vient juste de renvoyer.), insistant aussi sur le fait que les deux récits mêlent deux dialectes différents (le ionien et l’éolien.), et que l’on y rencontre des tournures datant d’époques diverses. Les analystes cherchent à différencier l’écrit original d’Homère des ajouts postérieurs.

Au final, l’on estime que l’Iliade aurait été composée vers le VIII° siècle avant Jésus Christ, et que l’Odyssée aurait été rédigée plus tard, par une ou plusieurs autres personnes, vers le VII° siècle.

La science a aussi fait mentir la tradition en enlevant à Homère la paternité des œuvres comme les Hymnes homériques (l’on s’est aperçu que ces poèmes dataient d'époques différentes.), les Epigrammes, la Batrachomyomachie et le Margitès.

 

            3° L’Iliade et l’Odyssée, entre tradition orale et tradition écrite – Pendant longtemps, près de 200 ans, les poèmes d’Homère se transmirent par voie orale (d’où la forme si particulière des deux récits, censée faciliter le travail de mémorisation des aèdes.).

Au VI° avant Jésus Christ, le tyran Pisistrate prit le pouvoir à Athènes, mettant fin au pouvoir oligarchique[1] qui régnait sur la ville. Puis, il inaugura par la suite une bibliothèque dans sa ville. Il ordonna alors que tout aède de visite à Athènes récite ce qu’il connaissait d’Homère, afin que les scribes athéniens puissent en enregistrer chaque version. C’est ainsi que naquirent l’Iliade et l’Odyssée.

Plusieurs siècles plus tard, au IV° siècle avant Jésus Christ, Zénodote, le premier bibliothécaire de la bibliothèque d’Alexandrie, décida assisté de retravailler l’œuvre d’Homère. Assisté des grammairiens alexandrins, ils tentèrent de faire le distinguo entre les écrits d’Homère et les ajouts postérieurs. Le travail de Zénodote fut poursuivi ensuite par son disciple, Aristarque de Samothrace. Leurs intentions étaient sans doute louables, mais l’opération fut mal vue par de nombreux auteurs de l’époque, indignés que l’on puisse remettre en question l’intégrité de l’Iliade et l’Odyssée.

Mais les papyrus utilisés alors ne nous sont pas parvenus, ou bien seulement de courts fragments. Nous ne connaissons les deux œuvres que grâce aux copies qui furent faites au III° siècle après Jésus Christ, sur des codex romains[2]. Au XII° siècle, le byzantin Eustathe de Thessalonique compila les commentaires alexandrins, et ne retint que 80 corrections sur les 874 alors établies par Aristarque de Samothrace. C’est en 1488, à Florence, que ces deux œuvres furent imprimées pour la première fois.

L'Illiade, papyrus grec du I° siècle avant Jésus Christ, Neues museum, Berlin.

 

            4° L’Iliade et l’Odyssée, entre mythe et histoire – Pendant longtemps, l’on a cru qu’Homère décrivait des évènements ayant réellement eu lieu. Au XIX° siècle, c’est pour étayer cette croyance qu’Heinrich Schliemann partit faire des fouilles en Asie mineure. Il découvrit alors les ruines d’une ville appelée Troie, puis découvrit aussi les ruines de Mycènes. Avec ses hommes, ils mirent à jour de nombreux objets précieux. Il appelèrent cette découverte le trésor de Priam (ils avaient cependant trouvé ceci dans une Troie bien antérieure à celle de la légende.).

Masque dit d'Agamemnon, XVI° siècle avant Jésus Christ, musée archéologique d'Athènes.

 

L’archéologue s’imaginait avoir trouvé la ville du récit d’Homère. Aujourd'hui, les archéologues ont bien confirmé qu'il s'agit de Troie, mais à elle connu cette fameuse bataille, relatée dans l'Iliade? Aujourd'hui, certains historiens en doutent.

 

 

Il est évident que le mythe a prit une grande place dans les œuvres d’Homère. Mais l’Iliade n’est elle qu’une histoire issue de l’imagination fertile d’un Grec du VIII° siècle avant Jésus Christ, ou bien est elle basée sur des faits réels ?

Plusieurs théories s’affrontent à nouveau à ce sujet. Selon certains, la guerre de Troie aurait eu lieu au milieu du XIII° siècle avant Jésus Christ ; soit au cours de la période des siècles obscurs, entre le X° et le IX° siècle avant Jésus Christ, suite à l’effondrement de la civilisation mycénienne ; etc.

Cependant, le fait qu’Homère évoque la présence du fer dans ces récits alors que les évènements se déroulent en plein âge du bronze ; que l’auteur nous décrive le fonctionnement d’une phalange[3] ; tous ces anachronismes entraînent certains à penser que les faits décrits par Homère n’existèrent que dans son esprit.

D’autres, au contraire, prennent l’exemple du mythe d’Arthur ou de la légende de Roland de Roncevaux : ces deux récits furent évidemment transformés par les poètes du Moyen-âge, mais il n’en reste pas moins basés sur une histoire vraie : Roland à réellement existé, même s’il est aujourd’hui avéré qu’il ne pouvait pas trancher en deux un infidèle et sa monture d’un seul coup d’épée. Il en serait donc de même du récit d’Homère, qui, bien que parfois incohérent, pourrait être basé sur une histoire réelle. 

 

___________________________________________________________________________________________

comments powered by Disqus

 

[1] On appelle une oligarchie un système où ce sont quelques personnes qui détiennent le pouvoir. Il peut s’agir de nobles, de militaires ou de marchands.

[2] Les codex furent les ancêtres de nos livres actuels : ils étaient de forme parallélépipédique et rassemblaient plusieurs feuillets manuscrits. Bien plus pratiques que les rouleaux, ils prirent peu à peu l’ascendant sur ces derniers.

[3] La phalange était une formation de combat d’infanterie, utilisée par les Grecs dès le VII° siècle avant Jésus Christ. Elle était composée d’une dizaine de rangées de hoplites (les soldats grecs.). Ces derniers avaient dans leur main droite une longue pique (de près de 7 mètres sous Alexandre le Grand.) et un bouclier dans leur main gauche. Les hoplites évoluaient en rangs serrés, et la stratégie de la phalange reposait sur l’unité entre les soldats : leur gros bouclier ne protégeait que le côté gauche de leurs corps, mais en contrepartie il protégeait le côté droit du corps de leurs camarades. C’est pour cela qu’être placé à droite et au premier rang était considéré comme un acte de bravoure (dans cette position, la partie droite du corps du soldat n’était pas protégée.). Ce furent les Romains qui mirent fin à ce système trop rigide, grâce à leur tactique militaire bien plus souple.

Publicités
 
Partenaires

  Rois & PrésidentsEgypte-Ancienne

Rois et Reines Historia Nostra

Egypte

 

 Histoire Généalogie