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Mythologie
 
 

 

 

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Histoire de la Rome antique

 

CHAPITRE CINQUIÈME : Haut Empire ou bas Empire ?

 

III: Les Sévères, de Caracalla à Sévère Alexandre (211 à 235)

           

            1° Caracalla (211 à 217) – A la mort de Septime Sévère, ses fils Caracalla et Geta devinrent tout deux co-Empereurs.

 

a) La difficile cohabitation (211 à 212) : Caracalla (de son vrai nom Lucius Septimius Bassianus.) était né à Lugdunum (Lyon.), en avril 186. A cette époque, son père était gouverneur des Gaules. Son surnom Caracalla provient d’un vêtement gaulois à capuche et manches longues, que le jeune homme avait l’habitude de porter.

Septime Sévère monta sur le trône en 193, et associa vite son fils au pouvoir : en 196, Caracalla fut fait César (il prit alors le nom de Marcus Aurelius Antoninus Caesar.), puis il fut fait Auguste en 198 (Il prit alors le nom d’Imperator Caesar Marcus Aurelius Antoninus Augustus.).

Buste de Caracalla enfant, XVI° siècle ? (copie d'après l'antique.), musée du Louvre, Paris.

Caracalla fut toujours proche de son père, participant aux nombreuses campagnes que livra ce dernier, principalement contre les Parthes et les Calédoniens (suite à ces conflits, Caracalla reçut le nom suivant: Imperator Caesar Marcus Aurelius Antoninus Pius Felix Augustus Parthicus Maximus Britannicus Maximus.).

A la mort de Septime Sévère, en 211, Caracalla devint donc Empereur, recevant la titulature suivante : Imperator Caesar Marcus Aurelius Severus Antoninus Pius Felix Augustus Parthicus Maximus Britannicus Maximus Germanicus Maximus.

 

Son frère Geta (de son vrai nom Lucius Septimus Geta.) naquit en 189.

Buste de Geta enfant.

Ce dernier fut fait César en 198 (il reçut alors le nom de Publius Septimius Geta Caesar.), puis succéda à Septime Sévère en qualité de co- Empereur en 211 (il prit alors le nom d’Imperator Caesar Publius Septimius Geta Augustus Britannicus.).

 

Caracalla et Geta se détestaient depuis l’enfance, et la cohabitation ne se fit pas de manière aussi pacifique que celle de Marc Aurèle et Verus, quelques décennies auparavant[1]. En effet, l’aîné voulut casser le testament de son père, mais les légions l’en dissuadèrent.

Buste de Geta, vers 208 après Jésus Christ, musée du Louvre, Paris.

Au cours de l’année 212, Caracalla invita son frère chez lui, et l’assassina d’un coup d’épée dans la gorge (ce dernier expirant dans les bras de sa mère, elle-même blessée, affirment certaines sources.). A sa mort, la titulature de Geta était la suivante : Imperator Caesar Publius Septimius Geta Augustus Britannicus, Tribuniciae Potestatis IV, Consul II, Pater Patriae.

Les prétoriens voulurent venger ce crime, mais Caracalla les combla tant et si bien de présents qu’ils en oublièrent leurs griefs. Puis, par la suite, l’Empereur déclara Geta ennemi public, fit effacer le nom de son frère de tous les monuments de Rome, et fit assassiner les partisans de Geta.

 

b) L’édit de Caracalla (212) : Caracalla signa en 212 un édit qui n’eut pas un retentissement très important à l’époque, mais qui est capital à nos yeux. En effet, il conféra le droit de cité à tous les habitants de l’Empire romain (les habitants des provinces devenaient de ce fait des citoyens romains à part entière, au même titre que les habitants de Rome.).

Cependant, l’Empereur ne prit pas cette décision par simple bonté d’âme : en fait, l’objectif était de faire payer plus d’impôts aux habitants des provinces (en effet, les citoyens romains payaient jusqu’à cette époque des impôts plus importants.).

 

c) Le règne de Caracalla (212 à 217), sa mort : Caracalla, resta dans les mémoires comme un souverain violent et impopulaire, rappelant les pires heures des règnes de Caligula, Néron, Domitien ou Commode. Cependant, bien que les sources affirment qu’ils aurait fait mettre à mort plus de 20 000 personnes, Caracalla passa néanmoins le plus clair de son temps à défendre les provinces de l’Empire.

Buste de Caracalla, vers 215, Altes museum, Berlin.

En 212, accompagné par sa mère Julia Domna, il se rendit en Gaule, puis affronta les Alamans sur le bord du Rhin en 213. L’Empereur parcourut alors la Dacie, la Thrace, l’Asie mineure et la Syrie.

En 215, traversant l’Égypte, il se rendit à Alexandrie. Les habitants de la cité lui ayant adressé quelques vers critiquant le meurtre de son frère, Caracalla décida de livrer la ville à ses légions. De nombreux habitants de la ville furent alors massacrés.

Par la suite, Caracalla décida d’en découdre avec les Parthes. Franchissant l’Euphrate, il marcha contre la Médie, prit Arbelles, et hiverna à Édesse.

En avril 217 l'Empereur se rendit à Carrhes. Au cours du trajet, Caracalla s’éloigna de sa garde pour uriner. C’est alors qu’un centurion du nom de Martialis, très certainement payé par Macrin, préfet du prétoire, en profita pour assassiner l'Empereur (Martialis fut tué à son tour par les auxiliaires germains de l’Empereur alors qu’il tentait de fuir.).

 

Caracalla n’avait pas d’enfants (il avait répudié et fait assassiner son épouse Plautilla.), bien qu’on l’accusa d’inceste avec sa mère Julia Domna.

A sa mort, la titulature de Carcalla était la suivante : Imperator Caesar Marcus Aurelius Severus Antoninus Pius Felix Augustus Parthicus Maximus Britannicus Maximus Germanicus Maximus, Pontifex Maximus, Tribuniciae Potestatis XX, Imperator III, Consul IV, Pater Patriae.

 

            2° Macrin (217 à 218) – Suite à la mort de Caracalla, ce fut donc le préfet du prétoire, Macrin (de son vrai nom Marcus Opellius Macrinus.) qui monta sur le trône. Certaines sources l’accusent d’avoir commandité le meurtre de Caracalla, sans que nous puissions savoir la vérité aujourd’hui.

Buste de Macrin.

Né en 164 à Césarée (aujourd’hui Cherchell.), en Maurétanie, Macrin était issu d’une famille d’equites d’origine Maure. Commençant par faire carrière dans l’administration fiscale, le jeune homme parvint à rentrer dans la clientèle d’un riche sénateur. Par la suite, il parvint à obtenir le poste de préfet du prétoire.

 

Macrin accompagnait Caracalla lorsque celui-ci se fit assassiner. Ce dernier n’ayant pas eu d’enfants, l’armée proclama Macrin Empereur. Ce dernier se rebaptisa alors Imperator Caesar Marcus Opellius Severus Macrinus Pius Felix Augustus, se rattachant ainsi fictivement à la dynastie des Sévères. Son fils, Marcus Opellius Diadumenianus, fut alors fait César, sous le nom de Marcus Opellius Antoninus Diadumenianus Caesar.

 

a) La politique pacifique de Macrin : le nouvel Empereur, dès sa prise de pouvoir, continua la guerre contre les Parthes, et finit par signer la paix avec eux. Aujourd’hui, les sources étant contradictoires, l’on ne sait pas exactement quelles furent les conditions de ce traité, bien qu’il fut vraisemblablement favorable aux Parthes (restitution des prisonniers et du butin.).

 

Par la suite, il reconnut Tiridate comme roi d’Arménie (que Caracalla avait chassé.), rendit les otages aux Daces, etc. L’armée était mécontente de cette politique pacifiste, d’autant plus que Macrin était bien moins généreux envers elle que ne l’était Caracalla.

 

b) La fin de règne : Macrin tenta cependant de se concilier l’appui du peuple, en vain. Il amnistia les condamnés pour crime de lèse majesté, réduisit les impôts levés par Caracalla, mais ne comparut pas à Rome, refusa de punir les délateurs, et nomma un préfet de la ville qui n’était pas sénateur.

Julia Domna, la mère de Caracalla, était morte peu de temps après son fils (peut être un suicide ?). Sa sœur, Julia Maesa, fit passer Héliogabale, son propre petit fils, comme un fils de Caracalla. L’armée décida alors de soutenir ce dernier, qui fut proclamé Empereur en mai 218.

Macrin répliqua en nommant son fils Auguste (ce dernier prit alors le nom d’Imperator Marcus Opellius Antoninus Diadumenianus.), puis décida de s’attaquer à Héliogabale. Cependant, ses hommes firent défection les uns après les autres, bien qu’il tenta de les acheter en leur promettant de fortes sommes d’argent.

Vaincu près d’Antioche, Macrin tenta en vain de passer en Parthie, puis voulut gagner l’Europe en passant par l’Asie mineure. En juin 218, il fut tué en Cappadoce avec son fils.

A sa mort, sa titulature fut la suivante : Imperator Caesar Marcus Opellius Severus Macrinus Pius Felix Augustus, Pontifex Maximus, Tribuniciae Potestatis II, Consul II, Pater Patriae.

 

            3° Héliogabale (218 à 222) – Héliogabale (de son vrai nom Varius Avitus Bassianus.), était né en 205 à Emèse (aujourd’hui Homs.), en Syrie. Ses parents, Sextus Varius Avitus Marcellus et Julia Soaemias, étaient issus de familles respectables. La grand-mère de l’enfant, Julia Maesa, était la sœur de Julia Domna, l’épouse de Septime Sévère (Héliogabale était un cousin de Caracalla.).

Buste d'Héliogabale.

A l’âge de 13 ans, Le jeune homme fut fait grand prêtre du dieu Elagabal à Émèse, une divinité solaire d’origine sémitique. 

Le temple d’Émèse abritait non une statue représentant le dieu, mais un bétyle[2]. La tâche du grand prêtre était importante : en effet, c’est lui qui devait se charger du bon déroulement du culte.

 

a) Héliogabale devient Empereur : lorsque Caracalla fut assassiné, en avril 217, et que Macrin s’empara du pouvoir, il chassa toute les femmes de la famille impériale (Julia Domna et sa sœur, Julia Maesa, ainsi que les deux filles de cette dernière, Julia Soaemias et Julia Mamaea.). Ces dernières se réfugièrent alors dans leur cité d’origine, Émèse.

Julia Domna, la mère de Caracalla, suite à la mort de son fils, tenta en vain d’inciter la garnison d’Antioche à la révolte, et mourut peu de temps après.

La sœur de l’impératrice, Julia Maesa, eut alors l’idée de faire passer Héliogabale pour un fils de Caracalla. Le jeune homme fut rapidement adopté rapidement par l’armée, et Macrin, défait et abandonné, fut assassiné en juin 218.

Pièce de monnaie à l'effigie de Julia Maesa.

Héliogabale, qui avait alors quatorze ans, fut donc fait Empereur (il prit alors le nom d’Imperator Caesar Divi Antonini Magni Filius Divi Severi Pii Nepos Marcus Aurelius Antoninus Pius Felix Augustus.). Par la suite, il se mit en route vers Rome, emportant avec lui le bétyle d’Émèse, et arriva dans la capitale au cours de l’été 219.

 

b) Personnalité de l’Empereur : les sources dressent un triste portrait de cet Empereur. Ce dernier ne fut vraisemblablement pas aussi sanguinaire et cruel que ne l’affirment les auteurs antiques, mais eut néanmoins un règne riche en folies et autres débordements.

Héliogabale n’eut jamais le pouvoir. Encore très jeune lorsqu’il qu’il fut nommé Empereur, ce furent sa grand-mère et Comazon, le préfet du prétoire, qui dirigèrent l’Empire.

L’Empereur se contenta de profiter de la vie, organisant de nombreux jeux au cirque, célébrant de somptueux baquets, et révélant à tous les Romains son homosexualité (Héliogabale, très efféminé, se maria avec des hommes à plusieurs reprises.). En ce qui concerne la religion, Héliogabale tenta d’imposer Élagabal comme unique dieu de Rome, et décida d’épouser la grande Vestale Aquila Severa[3].

Vestiges du Circus Maximus, Rome, été 2013.

Temple de Vesta à Rome, par Franz VON LENBACH, vers 1858, Alte Nationalgalerie, Berlin.

 

c) L’adoption de Sévère Alexandre, chute d’Héliogabale : cependant, les extravagances d’Héliogabale ne plaisaient ni aux Romains, ni à sa grand-mère, Julia Maesa. En juillet 221, cette dernière tenta d’éviter une insurrection populaire. Elle parvint à convaincre l’Empereur d’adopter son cousin, Sévère Alexandre (il était le fils de Julia Mamaea, la sœur de la mère de l’Empereur.), de le nommer César, et de l’associer au trône.

La chute d’Héliogabale est tout autant sujette à controverses que son règne. La thèse la plus répandue reste néanmoins la suivante : Sévère Alexandre, depuis qu’il avait été fait César, était de plus en plus apprécié par l’armée. En 222, Héliogabale en prit ombrage, et décida alors d’éliminer son cousin et fils adoptif. Cependant, les prétoriens se révoltèrent et massacrèrent Héliogabale et sa mère, Julia Soaemias.

Buste de Julia Soaemias.

A sa mort, sa titulature était la suivante : Imperator Caesar Divi Antonini Magni Filius Divi Severi Pii Nepos Marcus Aurelius Antoninus Pius Felix Augustus, Sacerdos Amplissimus Dei Invicti Solis Elagabali, Pontifex Maximus, Tribuniciae Potestatis V, Consul IV, Pater Patriae.

 

            4° Sévère Alexandre (222 à 235) – Sévère Alexandre (de son vrai nom Gessius Bassianus Alexianus.) naquit à Arca, en Phénicie, en 208. Élevé par sa mère, Julia Mamaea, et sa grand-mère, Julia Maesa, l’enfant reçut une bonne éducation.

En 221, Héliogabale s’attirant les foudres de la population romaine, Julia Maesa l’obligea à adopter un héritier : ce fut donc le cousin de l’Empereur, Sévère Alexandre, qui fut choisi[4]. Le nouveau César prit alors le nom d’Imperatori Caesaris Marci Aurelii Antonini Pii Felicis Augusti Filius Divi Antonini Magni Pii Nepos Divi Severis Pronepos Marcus Aurelius Alexander.

 

Buste de Sévère Alexandre, entre 226 et 235 après Jésus Christ, musée du Louvre, Paris.

 

Cependant, en 222, Héliogabale fut assassiné, ayant vraisemblablement tenté d’éliminer Sévère Alexandre, qui lui portait ombrage.

Le jeune homme fut alors fait Empereur, et prit le nom d’Imperator Caesar Marcus Aurelius Severus Alexander Pius Felix Augustus.  

 

a) Politique intérieure : Sévère Alexandre, gouvernant avec sa mère et sa grand-mère, eut un règne plus prolifique que celui de son prédécesseur.

D’un point de vue religieux, il mit fin à la prépondérance du dieu Elagabal, et renvoya le bétyle à Emèse. Par la suite, il accepta de donner un rôle plus important au sénat, dont douze des membres firent partie du conseil privé de l’Empereur. Il nomma le juriste Ulpien au poste de préfet du prétoire, qui procéda alors à de nombreuses réformes législatives. Enfin, il lança une politique de grands travaux, et installa des milliers de paysans-soldats aux frontières de l’Empire.

Cependant, la mort de Julia Maesa, en 226, modifia la donne. Sa fille Julia Mamaea reprit le pouvoir, mais l’Empereur en fut affaibli : en effet, la grand-mère de ce dernier avait une grande influence auprès de l’armée (c’est ainsi qu’en 228 Ulpien fut assassiné par les prétoriens sous les yeux de l’Empereur, ces derniers reprochant au préfet du prétoire d’avoir mit fin aux privilèges que leur avait accordé Héliogabale.). L’influence de sa mère fut souvent reprochée à Sévère Alexandre.

Buste de Julia Mamaea, vers 230 après Jésus Christ, musée du Louvre, Paris.

 

b) Politique extérieure : en 227, la Perse se fit à nouveaux menaçante. La dynastie des Parthes s’était éteinte avec Arsace XXXI Artaban IV, en 223. A cette date, ce fut Ardeshir Babigan (appelé aussi Artaxerxès I°.), fondateur de la dynastie Sassanide, qui monta sur le trône de Perse.

Pièce de monnaie à l'effigie d'Ardeshir Babigan.

En 231, Ardeshir décida alors de marcher contre la Mésopotamie et la Cappadoce, qui furent pillées par les troupes Perses.

Sévère Alexandre décida alors de riposter, et mena une expédition dans les provinces orientales de l’Empire. Cette campagne fut un demi-succès, l’Empereur étant parfois confronté à des révoltes au sein de son armée, ses soldats craignant son irrésolution.

Se proclamant victorieux, Sévère Alexandre rentra à Rome en 234.

 

La même année, il dut se rendre en Germanie, où les Alamans montraient alors des signes d’agitation. Hésitant à combattre et préférant négocier avec les Germains, l’Empereur fut assassiné avec sa mère par les légions, à l’instigation de Maximin le Thrace.

A sa mort, la titulature de Sévère Alexandre était la suivante : Imperator Caesar Marcus Aurelius Severus Alexander Pius Felix Augustus, Pontifex Maximus, Tribuniciae Potestatis XIV, Imperator XIV, Consul III, Pater Patriae.   

La mort de Sévère Alexandre fut aussi celle de la dynastie des Sévères, le défunt Empereur n’ayant pas eu d’enfants avec son épouse Orbiana.

Buste d'Orbiana, musée du Louvre, Paris.

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[1] Pour en savoir plus sur les règnes de Verus et Marc Aurèle, voir le 5, section V, chapitre quatrième, histoire de la Rome antique.

[2] Un bétyle est une pierre dressée vers le ciel, symbolisant le lien entre l’humain et le divin. A noter que les bétyles peuvent être de différentes sortes (dans le cas du bétyle d’Émèse, il s’agissait d’une météorite.).

[3] Les Vestales étaient les prêtresses de la déesse Vesta. Ces dernières avaient l’obligation de rester vierges, et étaient punies de mort si elles perdaient leur virginité.

[4] En effet, la mère de Sévère Alexandre, Julia Mamaea, était la sœur de Julia Soaemias, la mère d’Héliogabale.

 
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