1°
L’accès au pouvoir de Septime Sévère, lutte contre Pescennius Niger et
Clodius Albinus (193 à 197) – Septime Sévère (de son vrai nom Lucius
Septimius Severus.) naquit en avril 146 à Leptis Magna, en Tripolitaine.
Buste de Septime Sévère, vers 200, Altes
museum, Paris.
Issu d’une famille de chevaliers, ses oncles avaient été consul à plusieurs
reprises. Le jeune homme commença ses études dans sa cité d’origine, puis
vint les terminer à Rome. Entreprenant peu après le cursus honorum,
Septime Sévère, au cours des années 170, fut successivement questeur en
Sardaigne, légat en Afrique, préteur en Espagne citérieure. Remarqué pour
son habileté et sa fermeté, Septime Sévère reçut par la suite des fonctions
plus importantes : légat propréteur en Gaule lyonnaise (186.), proconsul de
Sicile (189.), et enfin gouverneur de Pannonie (191.).
a)
Septime Sévère prend le pouvoir (juin 193) : lors de l’accession au
trône de Pertinax, en janvier 193, Septime Sévère reconnut le nouvel
Empereur. Cependant, lorsque ce dernier fut assassiné, et que son successeur
s’empara de l’Empire au cours d’une vente aux enchères, les légions de
Pannonie se révoltèrent, proclamant Septime Sévère comme Empereur.
A
la même époque se révoltaient Pescennius Niger en Syrie et Clodius Albinus
en Bretagne (l’actuelle Grande Bretagne.).
Septime Sévère, après avoir un temps hésité, décida alors d’en découdre, se
présentant comme le vengeur de Pertinax. Reconnu par les légions de Gaule et
d’Illyrie, il marcha sur Rome, en juin 193.
Didius Julianus tenta de se concilier les bonnes grâces de son adversaire,
acceptant de l’associer à l’Empire. Cependant, Septime Sévère refusa, et
Didius Julianus, abandonné de tous, fut condamné à mort par le sénat et
exécuté. Par la suite, ce fut au tour des prétoriens de payer pour leur
comportement : Septime Sévère convoqua les prétoriens désarmés, les
destitua, et les chassa de Rome.
Le
nouvel Empereur s’engagea à respecter le sénat, reconstitua un corps de
prétoriens issus des légions, tenta de se faire passer pour un descendant
des Antonins, et fit diviniser Pertinax (Septime Sévère reprit d’ailleurs le
nom de ce dernier dans sa nouvelle titulature : Imperator Caesar Lucius
Septimius Severus Pertinax Augustus.).
b)
Lutte contre Pescennius Niger et ses alliés, alliance avec Clodius
Albinus : Cependant, la lutte était loin d’être terminée. Septime Sévère
décida dans un premier temps de lutter contre son adversaire le plus
puissant, et de s’allier avec le moins dangereux. C’est ainsi que l’Empereur
fit la paix avec Clodius Albinus, légat de Bretagne, lui offrant le titre de
César et de consul (en effet, ce dernier, de par sa position insulaire, ne
représentait pas une grande menace.).
Buste présumé de Clodius Albinus, début
du III° siècle après Jésus Christ, musée du Louvre, Paris.
Ainsi, Septime Sévère avait les mains libres pour lutter contre Pescennius
Niger, le légat de Syrie. Ce dernier, proclamé Empereur par ses légions,
avait réussi à rallier les armées de Palestine et d’Égypte, et était soutenu
par les rois de Parthie et d’Arménie. Ayant réussi à soulever l’Orient,
Pescennius Niger était un rival sérieux pour Septime Sévère.
Buste de Pescennius Niger.
L’Empereur commença par s’emparer des enfants de son rival, qui se
trouvaient alors à Rome. Septime Sévère envoya ensuite des légions en
Afrique, au cas où son rival aurait tenté de mettre main basse sur cette
province, qui était alors le grenier à blé de Rome.
L’Empereur se rendit en Asie, mettant le siège devant Byzance, cité dont
Pescennius Niger s’était emparé. Confiant le siège de la ville a un de ses
lieutenants, Septime Sévère vainquit son rival à deux reprises, à Cyzique et
à Issos. Pescenius Niger prit alors la fuite, mais mourut en novembre 194,
alors qu’il tentait de se réfugier en Parthie. Septime Sévère exila alors la
famille de son défunt rival, et confisqua les biens de ses nombreux
partisans.
Septime Sévère, après l’avoir emporté sur son rival, décida alors de
s’attaquer aux alliés de ce dernier. En 195, il s’attaqua aux Adiabéniens,
aux Arabes et aux Parthes, remportant de nombreux succès (il se baptisa
alors Imperator Caesar Lucius Septimius Severus Pius Pertinax Augustus
Arabicus Adiabenicus.).
Arc de Triomphe de Septime Sévère
(l'édifice suite à la campagne contre les Parthes.).
En
196, Byzance tomba, suite à un long siège. Septime Sévère la traita avec
sévérité, lui enlevant ses privilèges et la subordonnant à la cité voisine
de Périnthe.
c)
Lutte contre Clodius Albinus : Septime Sévère, une fois débarrassé de
la menace orientale, put alors se retourner contre son ancien allié. Il le
fit proclamer Clodius Albinus ennemi public par le sénat (fin 195.), ce à
quoi ce dernier répliqua en prenant le titre d’Auguste et en débarquant en
Gaule (janvier 197.).
Clodius Albinus s’installa alors à Lugdunum (Lyon.), contrôlant la Bretagne,
la Gaule et une partie de l’Hispanie.
En
février 197, les armées de Septime Sévère et de Clodius Albinus
s’affrontèrent à deux reprises, à Tournus et à Lugdunum : l’Empereur fut
vainqueur, et son rival fut contraint de se suicider pour ne pas se faire
capturer.
Par la suite, Septime Sévère fit exécuter les sénateurs favorables à Clodius
Albinus, puis fit assassiner sa veuve et ses fils.
En
février 197, la guerre civile était enfin terminée.
2° La seconde phase du règne de Septime Sévère (197 à 211) –
Cependant, Septime Sévère n’eut pas le temps de se reposer sur ses
lauriers. En effet, à peine eut il vaincu Clodius Albinus qu’il partit en
Orient se battre contre les Parthes, qui avaient envahi l’Arménie et la
Mésopotamie.
Buste de Septime Sévère (copie d'après
l'antique), vers 1600, musée du Louvre, Paris.
a)
Septime Sévère en Orient : arrivé fin 197 en Orient, Septime Sévère
pénétra en Babylonie, et s’empara alors de Séleucie et de Ctésiphon (il tua
ou réduisit en esclavage 100 000 autochtones, selon les sources.). Quant au
roi des Parthes, Arsace XXIX Vologèse IV, il fut contraint de fuir,
et son trésor tomba entre les mains des Romains. Septime Sévère prit alors
le nom d’Imperator Caesar Lucius Septimius Severus Pius Pertinax Augustus
Arabicus Adiabenicus Parthicus Maximus, en 198.
Par la suite, Septime Sévère décida de rester encore un peu en Orient. Il
commença par créer la province de Mésopotamie, puis visita la Syrie, la
Palestine et l’Égypte. L’Empereur ne revint à Rome qu’en 202 après Jésus
Christ.
b)
Septime Sévère à Rome : lorsqu’il rentra dans la capitale, des jeux
furent célébrés en l’honneur de l’Empereur. En outre, c’est à cette date que
le sénat fit ériger l’arc de Septime Sévère. C’est aussi sous son règne, en
204, que furent célébrés les fameux jeux séculaires, marquant l’anniversaire
de la fondation de Rome.
L’Empereur participa à l’embellissement de la capitale, commençant la
construction des thermes de Caracalla (qui seront achevés par son
fils) et érigeant une fontaine
monumentale, le Septizonium, dédiée au sept astres majeurs.
Vestiges des thermes de Caracalla, Rome,
été 2013.
A
Leptis Magna, il érigea le forum de Sévère, la basilique
sévérienne, et agrandit le port de la ville. L’Afrique en général, le
pays natal de Septime Sévère, fut particulièrement bien traitée par ce
souverain.
Cependant, Septime Sévère chercha à assurer la pérennité de sa dynastie. Il
maria alors son fils Caracalla avec Plautilla, la fille de
Gaius Fulvius Plautianus (francisé en Plautien.), le préfet du
prétoire. Cependant, le couple ne parvenant pas à avoir d’enfants, les
relations entre les deux époux se refroidirent.
En
outre, Plautien, qui était le meilleur ami de Septime Sévère, entra dans une
lutte d’influence contre l’impératrice Julia Domna.
Buste dit de Pertinax (en réalité il s'agirait peut être de Plautien),
II°-III° siècles après Jésus Christ, musée du Vatican, Rome (à gauche) ; buste de Julia Domna, 193 après Jésus
Christ, musée du Louvre, Paris (à droite).
Elle accusa alors Plautien de trahison, et tenta de gagner l’appui de son fils Caracalla. En
206, ce dernier fit exécuter son beau père, puis répudia et exila sa jeune
épouse.
Enfin, quelques sénateurs suspects furent aussi assassinés.
c)
Réformes de Septime Sévère : le règne de Septime Sévère fut en effet
caractérisé par quelques changements considérables.
Tout d’abord, il confia au préfet du prétoire les pouvoirs judiciaires qui
étaient autrefois l’apanage de l’Empereur.
En
ce qui concerne le rôle du sénat, Septime Sévère ne lui accorda aucun
pouvoir. Si Auguste, au début du premier millénaire, avait tenté de
sauvegarder les apparences, ce ne fut pas le cas de cet Empereur. En effet,
Septime Sévère fut le premier à révéler ce que l’Empire était depuis
toujours : un gouvernement monarchique.
L’Empereur sut néanmoins se concilier l’appui de fidèles partisans : les
légionnaires. Car en effet, non seulement Septime Sévère parvint à maintenir
les frontières de l’Empire, mais en outre il combla l’armée de présents.
L’Empire fut effectivement en paix au cours du règne de cet Empereur. De
nombreux édifices et statues furent érigées dans les provinces, signe d’une
certaine quiétude et confiance en l’avenir.
La famille impériale aux jeux du
cirque, par Sir Lawrence ALM.
d)
Septime Sévère en Bretagne, sa mort : cependant, l’attention de
l’Empereur fut attirée par la situation en Bretagne, qui se dégradait
d’année en année. En effet, les Calédoniens ne cessaient d’attaquer les
Romains, qui avaient dû acheter la paix.
En
208, l’Empereur, accompagné par ses fils Caracalla et Geta, se
rendirent en Bretagne. Pénétrant dans le pays des Calédoniens, Septime
Sévère livra plusieurs batailles contre ses ennemis, au cours de l’année
209. Sans parvenir véritablement à s’imposer, il fit néanmoins restaurer le
mur d’Hadrien, qui à l’époque tombait en ruines. En 210, il prit alors le
titre d’Imperator Caesar Lucius Septimius Severus Pius Pertinax Augustus
Arabicus Adiabenicus Parthicus Maximus Britannicus Maximus.
Certaines sources racontent que son fils Caracalla, impatient d’obtenir le
pouvoir, fomenta alors une rébellion. Septime Sévère, épuisé par la maladie
de la goutte, se retira à Eboracum (York.) en février 211. C’est là qu’il
mourut.
Portrait de la famille de Septime Sévère
(à noter que le visage de Geta fut gratté suite à son assassinat, en 212),
vers 200, Altes museum, Berlin.
Suite à son décès, ses cendres furent rapportées à Rome, et le sénat le
divinisa. A sa mort, sa titulature était la suivante : Imperator Caesar
Lucius Septimius Severus Pius Pertinax Augustus Arabicus Adiabenicus
Parthicus Maximus Britannicus Maximus, Pontifex Maximus, Tribuniciae
Potestatis XIX, Imperator XV, Consul IV, Pater Patriae.
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