Une fois de plus, l’histoire de Rome se confond avec le mythe.
En effet, si le règne des derniers rois de Rome relève plus de l’Histoire,
les débuts de la république tiennent plus de la légende qu’autre chose. En
effet, les Romains déformèrent et embellirent tant leur histoire
qu’aujourd’hui nous ne sommes pas capables de décerner le vrai du faux.
1° La mort de Lucrèce, l’exil de Tarquin –
Malgré toutes ses précautions, Tarquin le Superbe ne tarda pas à perdre le
pouvoir, à cause des frasques de son fils, Sextus Tarquin.
Lucrèce, XVI° siècle, musée
des Arts décoratifs, Paris (la légende indique : Des filz roiaux
Lucresse a eu lhonneur de chasteté mais la concupicence Sexte Tarquin luy a
faict violence executant de luxure lerreur ; ce qui peut être
traduit, en français moderne, par : De descendance royale, Lucrèce
menait une vie chaste, cependant, Sextus Tarquin commit l'erreur de la
violenter, cédant au péché de luxure.).
En
effet, ce dernier fut un jour invité par son cousin, Lucius Tarquinius
Collatinus. Sa femme, Lucrèce, était réputée pour sa beauté et sa
vertu. Sextus la viola, puis s’en alla une fois son méfait commis.
Lucrèce, par
Guido CAGNACCI, vers 1657, musée des beaux-arts de Lyon, Lyon.
Lucrèce fit alors venir auprès d’elle son père, Spurius Lucretius,
ainsi que son époux (ce dernier était accompagné de son cousin, Lucius
Junius Brutus.). Leur racontant ce qu’il s’était passé, Lucrèce leur
demanda de venger son honneur, puis se donna la mort en se poignardant.
Brutus demanda alors à ses compagnons de faire un nouveau serment : chasser
les Tarquin de Rome et mettre fin à la royauté.
Brutus et ses amis prenant les armes
alors que Lucrèce se donne la mort, coffre sculpté aux Pays-Bas, début du
XVI° siècle, musée des Arts décoratifs, Paris.
Par la suite, Brutus se plaça à la tête d’une escouade, et marcha sur Rome,
ameutant la population. Ce dernier était le neveu de Tarquin le Superbe, et
jusqu’ici, il s’était fait passer pour un benêt, afin de ne pas avoir à
subir les foudres de son oncle, qui exécutait, emprisonnait ou exilait les
opposants politiques.
Statue représentant Junius Brutus, IV°
siècle avant Jésus Christ.
Brutus n’eut pas de mal à convaincre les Romains de le suivre, choqués par
le crime de Sextus, et usés par la tyrannie de Tarquin. Ils votèrent
l’abolition de la royauté et l’exil de la famille royale. En 509 avant Jésus
Christ, la république fut proclamée.
Tarquin, qui était alors en pleine guerre (il assiégeait la ville d’Ardée.),
revint précipitamment vers la capitale, et trouva les portes closes.
Abandonné par l’armée, Tarquin emmena sa famille en Etrurie, où ils furent
accueillis par le roi Porsenna.
Tarquin le Superbe s'enfuit de Rome, par Titus Livius (traduction de Pierre
Bersuire), enluminure issue de l'ouvrage Ab urbe condita,
Rouen, France, XV°siècle.
2° Lutte contre les royalistes romains – Pendant ce
temps, à Rome, Brutus et Collatinus furent élus consuls
(le terme de consul n’apparut cependant qu’au IV° siècle avant Jésus
Christ.). Cependant, Collatinus dut peu de temps après abandonner sa charge,
les Romains n’acceptant pas de voir à ce poste un membre de la famille des
Tarquins. Ce dernier se réfugia alors à Lavinia, et fut remplacé par
Publius Valerius Publicola.
Une des premières mesures de Brutus fut d’augmenter le nombre de sénateurs à
300 (le sénat s’était dépeuplé au cours des années précédentes, à causes des
purges organisées par Tarquin.).
Mais, à cette époque, tous les Romains n’étaient
pas de fervents républicains. En effet, une conspiration de grande ampleur,
dont l’objectif était de remettre Tarquin le Superbe sur le trône, fut alors
découverte. Il fut démontré que de jeunes patriciens faisaient partie du
complot, ainsi que Titus et Tibérius, deux des fils de Brutus.
Les consuls décidèrent alors d’arrêter et d’emprisonner les traîtres, et
confisquèrent leurs biens. Puis, ils décidèrent d’exécuter les
conspirateurs. Brutus assista à l’exécution de ses fils et alla même jusqu’à
récompenser son informateur.
L'exécution des fils de Brutus, par Valerius
Maximus, enluminure issue de l'ouvrage
Facta et dicta memorabilia
(traduction de Simon de Hesdin et de Nicolas de Gonesse), Bruges, Belgique, XV°
siècle.
Les licteurs rapportent à Brutus
les corps de ses fils,
par Louis DAVID, 1789, musée du Louvre, Paris.
En 508 avant Jésus Christ, Tarquin décida de
marcher sur Rome, afin de reprendre son trône. Les consuls levèrent alors
une armée et allèrent à sa rencontre. Brutus, à la tête de la cavalerie, fut
alors chargé par Arruns, un des fils de Tarquin. Les deux hommes se
transpercèrent alors mutuellement avec leurs lances et moururent. Les deux
camps s’affrontèrent au cours d’un violent combat, que les Romains
remportèrent d’une courte tête.
Par la suite, Tarquin décida de se replier, et le
corps de Brutus fut ramené à Rome, où il eut droit à des funérailles
somptueuses. Les femmes de la cité pleuraient la mort de leur héros, qui lui
étaient reconnaissantes d'avoir défendu la cause de Lucrèce.
3° Le coup de force de Porsenna – Mais, peu
de temps après, les Romains eurent à subir un nouvel assaut. En effet, en
508 avant Jésus Christ, le roi Porsenna décida de marcher sur Rome. Après
avoir livré quelques combats, il parvint à pénétrer dans la cité,
progressant jusqu’au Tibre. Cependant, les Romains décidèrent de démonter le
pont Sublicius,
afin d’empêcher leurs ennemis d’avancer. C’est à cette occasion que
s’illustra le Romain Horatius Coclès : il demanda à ses confrères de
couper le pont derrière lui, pendant qu’il résistait seul aux assauts des
hommes de Porsenna. Puis, une fois la tâche effectuée, il sauta dans le
Tibre et rejoignit ses compagnons. Horatius fut alors considéré comme un
héros.
Horatius Coclès défendant Rome, par
Valerius MAXIMUS,
enluminure issue de l'ouvrage Facta et dicta memorabilia,
Bruges, Belgique, XV° siècle.
Un
autre héros de ce conflit fut un jeune homme du nom de Gaius Mucius.
Ce dernier parvint à pénétrer clandestinement dans le camp de Porsenna, afin
de l’assassiner. Cependant, dans l’obscurité, le Romain se trompa de cible
et tua le secrétaire de Porsenna, qui dormait dans la même tente que le roi.
Ce dernier, réveillé par le tumulte, fit arrêter le jeune homme. Par la
suite, soumis à un interrogatoire, Gaius Mucius plaça sa main droite au
dessus d’une flamme, qui la calcina. Il annonça alors que tous les jeunes
romains étaient aussi déterminés que lui. Porsenna, impressionné, décida de
laisser partir son prisonnier. Gaius Mucius garda dès lors le surnom de
Scaevola (‘le gaucher’.), et fut considéré comme un héros par ses
compatriotes.
Mucius Scaevola et Porsenna, par Valerius
MAXIMUS, enluminure issue de l'ouvrage Facta et dicta memorabilia,
Bruges, Belgique, XV° siècle.
Peu après, Porsenna accepta de partir, à condition que les Romains lui
cèdent Véies et lui fournissent des otages. Une jeune fille, Clélie,
qui faisait partie de ces derniers, décida alors de s’enfuir et traversa le
Tibre à la nage. Porsenna, furieux mais admiratif de la détermination des
Romains, demanda à ce qu’on lui remette la jeune fille afin qu’il la relâche
officiellement.
Une fois ceci fait, Porsenna et ses hommes quittèrent la ville. Une fois
rentré en Etrurie, Tarquin tenta une nouvelle fois de convaincre le roi de
l’aider, sans succès. Tarquin décida alors de quitter la région, et fut
assassiné quelques mois après.
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