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Mythologie
 
 

 

 

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Histoire Romaine - traduction M. Nisard (1864)

Livre XXV - Rome, 212

 

4. Fin de la campagne de Sicile - hiver 212 à 211 ([XXV, 40] à [XXV, 41])

 

Conséquences de la prise de Syracuse

[XXV, 40]

(1) Tandis que ces événements se passaient en Espagne, Marcellus, qui avait pris Syracuse, après avoir réglé les affaires de la Sicile avec une bonne foi et une intégrité qui, en ajoutant à sa propre gloire, rehaussaient la majesté du peuple romain, fit transporter à Rome, pour en orner la ville, les statues et les tableaux dont abondait Syracuse. C'étaient, à la vérité, des dépouilles enlevées aux ennemis par le droit de la guerre; (2) mais ce fut aussi l'époque où l'on admira, pour la première fois, les productions des arts de la Grèce et où la cupidité porta les Romains à dépouiller sans distinction les édifices sacrés et profanes, cupidité qui s'étendit jusque sur les dieux de Rome, et en premier lieu sur le temple même que Marcellus avait si magnifiquement décoré. (3) On venait visiter jadis les temples dédiés par Marcellus, près de la porte Capène, à cause des chefs-d'oeuvre de ce genre, dont il ne reste que des vestiges.

(4) Marcellus reçut des députations de presque toutes les cités de la Sicile; la cause de chacune étant différente, leur destinée le fut aussi. Les peuples qui, avant la prise de Syracuse, ou n'avaient point abandonné les Romains, ou étaient rentrés dans leur alliance, furent accueillis et traités comme des alliés fidèles; ceux que la crainte seule avait depuis forcés de se rendre subirent, comme des vaincus, la loi du vainqueur.

(5) Il restait cependant aux Romains, dans les environs d'Agrigente, des ennemis en assez grand nombre; à leur tête étaient Épicyde et Hannon, qui avaient commandé dans la campagne précédente, et un troisième chef qu'Hannibal avait envoyé remplacer Hippocrate. C'était un Libyophénicien, natif d'Hippone, appelé Muttinès par ses compatriotes, homme actif, et qui avait eu Hannibal pour maître dans l'art de la guerre. (6) Épicyde et Hannon lui donnèrent le commandement des Numides auxiliaires, avec lesquels il fit un tel ravage sur les terres des ennemis, retint si bien les alliés dans le devoir et vint si à propos à leur secours, (7) qu'il remplit en peu de temps toute la Sicile du bruit de son nom et devint la plus ferme espérance de ceux qui favorisaient le parti des Carthaginois. (8) Aussi les deux généraux, qui jusque-là s'étaient tenus renfermés dans Agrigente, enhardis par les conseils de Muttinès et surtout par ses succès, osèrent sortir de la ville, et vinrent camper auprès du fleuve Himère.

(9) Marcellus, informé de leur marche, se mit aussitôt en campagne, et alla prendre position à peu près à quatre milles de l'ennemi, afin d'observer ses mouvements et ses projets. (10) Mais Muttinès, sans lui laisser le temps de la réflexion, passa le fleuve sans hésiter, attaqua les postes avancés et porta partout la terreur et le tumulte. (11) Le lendemain, dans un combat presque régulier, il refoula l'ennemi dans ses retranchements.

Rappelé dans son camp par une sédition des Numides, dont trois cents à peu près s'étaient retirés à Héraclée-Minoa, il partit pour apaiser les rebelles et les faire revenir sous leurs drapeaux, recommandant expressément à ses collègues, assure-t-on, de ne pas en venir aux mains avec l'ennemi pendant son absence. (12) Cette injonction les blessa tous deux, Hannon surtout, jaloux depuis longtemps de la gloire de ce chef. "Muttinès, un Africain dégénéré, lui dicter des lois, à lui général carthaginois, investi de la confiance du sénat du peuple." (13) Il détermina Épicyde, qui balançait, à passer le fleuve et à présenter la bataille. Attendre Muttinès, c'était, en cas de succès, lui en laisser toute la gloire.

Victoire romaine près d'Agrigente; les élections à Rome (printemps 211)

[XXV, 41]

(1) Marcellus, qui avait repoussé des murs de Nole Hannibal, tout fier de sa victoire de Cannes, crut indigne de céder à des ennemis qu'il venait de vaincre sur terre et sur mer; il ordonna à ses soldats de reprendre aussitôt les armes et de s'avancer enseignes déployées. (2) Tandis qu'il range son armée en bataille, dix Numides accourent à toute bride, de l'armée ennemie, lui annoncer que leurs compatriotes, d'abord animés de cet esprit de mutinerie qui en a fait retirer trois cents d'entre eux à Héraclée, (3) et de plus, mécontents de voir leur chef éloigné au moment même du combat par la jalousie de ses collègues, ne prendront aucune part à l'action.

(4) Cette nation perfide tint sa promesse. Les Romains sentirent augmenter leur ardeur à la nouvelle qu'on fit aussitôt circuler de rang en rang que l'ennemi était abandonné de sa cavalerie, qui le rendait si redoutable; (5) les Carthaginois, de leur côté, prirent l'épouvante en se voyant privés de la plus grande partie de leurs forces; et leur terreur s'accrut encore de la crainte d'être attaqués eux-mêmes par ces cavaliers. (6) Aussi le combat ne fut pas long; le premier cri, le premier choc décidèrent la victoire. Les Numides, pendant l'engagement, demeurèrent tranquilles sur les ailes; et au commencement de la déroute de l'armée carthaginoise, ils l'accompagnèrent quelque temps dans sa fuite; (7) mais quand ils la virent prendre précipitamment la route d'Agrigente, craignant de s'exposer à un siège, ils se répandirent çà et là dans les villes voisines. On tua et on prit plusieurs milliers d'hommes, ainsi que huit éléphants. Tel fut le dernier combat de Marcellus en Sicile; le vainqueur rentra ensuite à Syracuse.

(8) On touchait à la fin de l'année; le sénat de Rome, par un décret, chargea le préteur P. Cornélius d'écrire aux consuls alors devant Capoue (9) que, vu l'éloignement d'Hannibal et le peu de difficulté que présentaient les affaires du siège, l'un d'eux pouvait se rendre à Rome pour l'élection des magistrats. (10) Au reçu de cette lettre, ils convinrent entre eux que Claudius irait présider les comices, et que Fulvius resterait devant Capoue. (11) Claudius nomma consuls Cn. Fulvius Centumalus et P. Sulpicius Galba, fils de Servius, qui n'avait pas encore exercé de magistrature curule. (12) Les préteurs élus ensuite furent L. Cornélius Lentulus, M. Cornélius Céthégus, C. Sulpicius et C. Calpurnius Pison. (13) À Pison fut confié le soin de rendre la justice dans Rome; Sulpicius eut pour département la Sicile; Céthégus l'Apulie, et Lentulus la Sardaigne. On prorogea pour une année le commandement des consuls.

 

 
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