1° Le
déclenchement de la première guerre d’indépendance de l’Ecosse (1286 à 1296)
– Le principal fait marquant du règne
de ce souverain fut incontestablement la guerre contre l’Ecosse.
a) La mort d’Alexandre III d’Ecosse, première
phase de la succession (1286 à 1290) : en mars 1286, le roi d’Ecosse
Alexandre III mourut accidentellement (certaines chroniques évoquent une
chute de cheval.). Ce souverain, qui avait toujours repoussé les tentatives
de main mise anglaise sur l’Ecosse, avait régné près de vingt années.
Alexandre III d'Ecosse.
Ayant épousé Marguerite d’Angleterre (fille
du souverain Anglais Henri III.) en décembre 1251, le défunt souverain avait
eu trois enfants, tous morts avant lui.
Cependant, Marguerite, la fille d’Alexandre
III, avait épousé le roi de Norvège Eric II, et de cette union était
née Marguerite. Cette dernière, petite fille d’Alexandre III, reçut
donc la couronne.
L'acte de mariage entre Eric II de Norvège et Marguerite.
Edouard I°, loin de contester la succession,
reconnut la jeune reine comme légitime, mais en profita cependant pour faire
signer aux gardiens de l’Ecosse, des aristocrates écossais en charge
de la régence, le traité de Birgham (Marguerite était promise à
Edouard de Caernarvon, fils du roi d’Angleterre ; en échange Edouard I°
reconnaissait l’Ecosse comme un Etat indépendant.).
Toutefois, un évènement impromptu vint modifier la
donne : Marguerite, partie de Norvège en septembre 1290, mourut au cours de
son voyage vers l’Ecosse.
b) La mort de Marguerite d’Ecosse, seconde
phase de la succession (1290 à 1292) : suite à la mort de Marguerite,
les aristocrates écossais se déchirèrent, et treize prétendants voulurent
faire valoir leurs droits à la couronne.
Souhaitant qu’un arbitrage soit mit en place entre
les postulants au trône, les nobles écossais appelèrent à ce poste le roi
d’Angleterre. Edouard I° dut donc choisir entre les deux principaux
prétendants, Jean de Balliol, seigneur de Galloway et Robert V
Bruce, seigneur d’Annandale. En outre, afin de se prémunir des troubles
potentiels, Edouard I° massa son armée aux frontières de l’Ecosse.
Finalement, considéré comme le plus proche du roi
défunt par les femmes de sa famille, ce fut donc Balliol qui fut choisi en
novembre 1292 (à noter que le roi d’Angleterre demanda aussi à ce que les
autres postulants lui prêtent hommage au cours de l’été 1291.).
Jean Balliol et son épouse, Librairie nationale d'Ecosse.
Au final, Edouard sortait gagnant de la querelle
de succession. Les grandes familles nobles écossaises lui avaient juré
fidélité, et Balliol fut considéré comme un simple vassal.
c) De la soumission à la révolte (1292 à 1296)
: en 1294, Edouard I° demanda à Balliol de lui fournir hommes et vivres
en vue d’une attaque contre la France (le roi d’Angleterre, vassal de son
homologue Philippe IV, souhaitait mettre fin à cette relation en soutenant
l’indépendance de la Flandre, territoire alors sous domination française.).
Balliol et ses conseillers, trop faibles pour
lutter contre l’Anglais, décidèrent alors de négocier une alliance avec la
France.
Les Ecossais s’engageaient à envahir l’Angleterre
si les Français faisaient de même, le traité étant scellé par le mariage
d’Edouard Balliol (fils de Jean Balliol.) et de Jeanne de Valois,
nièce de Philippe IV.
Par la suite, les Ecossais négocièrent un autre
traité, cette fois ci avec le roi Eric II de Norvège, père de la défunte
reine Marguerite. Ce dernier, en échange d’une certaine somme d’argent,
s’engagea à fournir cent bateaux de guerre aux hommes de Balliol.
C’est ainsi que naquit donc la Vieille Alliance
(ou Auld Alliance en scots.),
unissant l’Ecosse, la France et la Norvège contre l’Angleterre.
Le roi d’Angleterre, apprenant que les Ecossais
s’étaient alliés aux Français, décida de masser son armée sur la frontière
écossaise (octobre 1295.). Puis, peu de temps après avoir trouvé du soutien
chez plusieurs nobles écossais (dont Robert VI Bruce, fils de Robert
V.), Edouard I° décida de passer à l’offensive.
2° La défaite de
Balliol, première phase de la guerre d’indépendance de l’Ecosse (1296) –
Saccageant la cité de Berwick en mars
1296, Edouard I° ne tarda guère à affronter Balliol, qu’il affronta au cours
de la bataille de Dunbar (avril 1296.).
La prise de Berwick par les troupes d'Edouard I°, enluminure issue d'un
ouvrage datant du XIV°siècle
Les Ecossais, bien qu’attaquant l’ennemi depuis
les hauteurs, furent cependant violemment repoussés.
Contraints de prendre la fuite, les troupes de
Balliol furent alors taillées en pièces par les Anglais (à noter que
certaines sources anglaises, apparemment bien peu objectives, affirment que
10 000 Anglais mirent ce jour là en déroute plus de 40 000 Ecossais.).
Peu de temps après, en juillet 1296, Balliol se
rendit auprès d’Edouard I° et fut contraint de rendre sa couronne.
Par la suite, le parlement écossais décida de prêter hommage au roi
d’Angleterre.
3° Les campagnes de
William Wallace, seconde phase de la guerre d’indépendance de l’Ecosse (1297
à 1298) – Edouard I°, suite à la
défaite de Balliol, devenait de fait le maître de l’Ecosse, installant de
nombreuses garnisons anglaises dans les cités du pays.
Cependant, les Ecossais ne tardèrent guère à
relever la tête.
a) Campagnes victorieuses de William Wallace
(1297) : en effet, en mai 1297, William Wallace (un hors la loi
poursuivi pour le meurtre du shérif anglais de Larnak.) et ses compagnons
massacrèrent la garnison anglaise de Larnak.
William Wallace, statue exposée à Aberdeen, Ecosse.
Cet évènement ne fut pas sans incidence, et de
nombreux seigneurs Ecossais décidèrent de rejoindre les rangs des compagnons
de Wallace (dont Robert VI Bruce, déçu qu’Edouard I° ne lui ai pas donné la
couronne suite à la chute de Balliol.).
Wallace et ses compagnons mirent alors le siège
devant Dundee, en août 1297. Les Anglais, quant à eux, décidèrent de placer
leurs troupes sur les arrières des insurgés, dans la cité de Stirling.
Apprenant la manœuvre des Anglais, Wallace et ses
hommes décidèrent donc de faire rebrousse chemin.
En septembre 1297, les deux armées s’affrontèrent
au cours de la bataille du pont de Stirling (à noter que les deux
belligérants disposaient de troupes de taille équivalente, soit plus de
6 000 hommes pour chaque camp.).
La bataille du pont de Stirling, par Jean Froissart, enluminure issue de
l'ouvrage Chroniques,
Paris, France, XV°siècle (en bas à gauche de l'image, nous pouvons voir
Froissart lui même écrivant).
Le champ de bataille était traversé par un pont,
que les Anglais voulurent traverser en premier. Wallace décida alors de
laisser une moitié de l’armée ennemie traverser le pont, et fit ensuite
charger ses troupes.
L’avant-garde anglaise pataugeant dans un sol
marécageux, fut alors anéantie ; la cavalerie venue en renfort fut
inefficace sur ce terrain embourbé, et fut elle aussi taillée en pièces.
En outre, le pont ne tarda guère à s’écrouler,
provocant la fuite de l’armée anglaise.
Suite à la bataille, de nombreuses cités
accueillirent Wallace et ses hommes (Aberdeen, Dundee, Perth, Stirling,
Edimbourg, Berwick, Roxburgh, etc.). Victorieux, les Ecossais menèrent donc
plusieurs raids dans le nord de l’Angleterre, entre 1297 et 1298 ; puis, en
mars, Wallace fut nommé gardien de l’Ecosse.
b) Défaite de William Wallace (1298) :
Edouard I°, occupé par la guerre de Flandre,
fut alors averti des incessantes victoires de William Wallace.
A cette époque, la Flandre était un territoire
sous domination française, mais de nombreux Flamands souhaitaient mettre fin
à ce joug. Le roi d’Angleterre rentra donc en contact avec Gui de
Dampierre, comte de Flandre, qui voulait obtenir l’indépendance de ses
Etats.
Cependant, les Français l’emportant sur les
Flamands à la bataille de Furnes (1297.), et apprenant les exploits
de Wallace, Edouard I° décida de négocier une trêve avec Philippe IV.
Franchissant la Manche, le roi d’Angleterre passa
à l’offensive, soucieux de reprendre le contrôle de l’Ecosse. Au cours de
l’été, Edouard I° s’empara de Roxburgh et de Berwick, et noua de nouveaux
liens avec la noblesse écossaise (c’est ainsi que Robert VI Bruce, qui avait
quitté les troupes de Wallace, se tourna vers l’Angleterre.).
Finalement, le roi d’Angleterre affronta les
troupes de Wallace au cours de la bataille de Falkirk.
Wallace, plutôt que de se lancer dans une
guérilla, décida d’affronter l’armée du roi d’Angleterre. En position
d’infériorité (les Ecossais étaient environ 10 000 alors que les Anglais
étaient près de 15 000), Wallace ordonna à ses hommes de s’armer de lances
et de rester immobiles (ces unités écossaises composées uniquement de
piquiers avait pour nom les schiltrons.).
Les Anglais commencèrent par éclaircir les rangs
ennemis en les dardant de flèches, puis la cavalerie vint achever le
travail.
Les Ecossais perdant près de 2 000 hommes, l’épopée
de Wallace prit ainsi fit. Par ailleurs, ce dernier fut contraint de
s’enfuir, abandonnant son titre de gardien de l’Ecosse.
4° Robert VI Bruce au
pouvoir, troisième phase de la guerre d’indépendance de l’Ecosse (1298 à
1314) – Suite à la défaite de Falkirk,
Robert VI Bruce décida finalement de quitter le giron anglais, et reprit le
combat contre Edouard I° (mourant en 1304, ce fut son fils, Robert VII
Bruce, qui continua la lutte.).
Statue de Robert VII Bruce, Château de Stirling, Ecosse.
Le roi d’Angleterre, bien décidé à mettre fin à
l’insurrection écossaise, entreprit une série de campagnes victorieuses,
entre 1300 et 1304. Au final, la forteresse de Stirling, dernière place
forte écossaise, tomba entre les mains des Anglais.
La noblesse écossaise fut contrainte de prêter
hommage à Edouard I°, contrairement à Robert VII qui décida de poursuivre la
lutte.
Suite à la mort de Wallace, en 1305, Robert VII
décida de se faire couronner roi à Scone en 1306, et entreprit une nouvelle
campagne contre l’Ecosse. Cependant, vaincu une nouvelle fois par l’armée
anglaise, Robert VII se retrouva contraint de fuir à nouveau.
Le roi d’Angleterre, bien que victorieux, ne
profita cependant pas longtemps de sa victoire, mourant en juillet 1307.
Robert VII, dès l’annonce de la mort du roi d’Angleterre, décida alors de
reprendre la lutte.
Edouard I°, le Marteau de l’Ecosse, eut
quinze enfants de son union avec sa première épouse, Eléonore de Castille
(fille de Ferdinand III, roi de Castille.), mais seul un de ses fils
était parvenu à atteindre l’âge adulte : Edouard II.
Copie en plâtre du gisant d'Eléonore de
Castille, situé dans l'Abbaye de Westminster (la dorure a été restaurée
récemment.), Victoria & Albert Museum, Londres.
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