L'Angleterre
sous les Plantagenêts (XII° - XIV° siècle)
CHAPITRE
CINQUIÈME :
Edouard II (1307 - 1327)
II : La guerre d'indépendance de
l'Ecosse sous Edouard II |
1° Robert VI Bruce au pouvoir, troisième
phase de la guerre d’indépendance de l’Ecosse (1298 à 1314) –
Comme nous l’avons vu précédemment,
Robert VII, après avoir subi plusieurs revers au début du XIV° siècle,
avait décidé de reprendre la lutte suite à la mort d’Edouard I° en 1307.
Robert VII Bruce et l'araignée, The Beacon Second Reader, par
James H. FASSET, Etats Unis, 1914 (la légende raconte que Robert VII,
découragé par ses échecs successifs et réfugié dans une grotte, regardait
une araignée tisser sa toile. La petite créature, bien que devant accomplir
une tâche difficile, parvint tant bien que mal à atteindre son but. Robert
VII, impressionné par la persévérance de l'araignée, décida alors de
reprendre les armes).
a) Les Ecossais reprennent l’avantage :
mettant en place une tactique de guérilla, Robert VII s’empara de
nombreuses forteresses tombées entre les mains des Anglais au cours des
années précédentes.
Robert VII et son épouse,
Librairie
nationale d'Ecosse.
Au cours de l’année 1310, Edouard II tenta de
mettre en place une expédition contre les Ecossais insurgés, mais en
vain.
Quelques années après, en 1313, Edouard
Bruce (le frère de Robert VII.) décida de mettre le siège devant la
forteresse de Stirling. Le roi d’Angleterre, apprenant la nouvelle,
décida de mettre sur pied une nouvelle armée, et se rendit alors en
Ecosse.
b) La bataille de Bannockburn (23 et 24
juin 1314) : Robert VII, apprenant l’arrivée de l’armée anglaise,
décida donc de se préparer au combat. Les Ecossais, entre 5 000 et
10 000 selon les sources, avaient face à eux une armée anglaise comptant
plus de 20 000 hommes.
Robert VII décida donc d’installer ses troupes sur le penchant d’une
colline, marécages à droite et à gauche de leur position. Réutilisant la
tactique des schiltrons, employée en vain par William Wallace au cours
de la bataille de Falkirk,
Robert VII comptait recevoir la charge anglaise de front.
Le 23 juin 1314, la cavalerie anglaise chargea
la position écossaise, sans toutefois parvenir à percer la ligne
ennemie. Au soir de la bataille, Edouard II refusa de s’avouer vaincu et
décida de remettre l’assaut au lendemain.
Le lendemain, le roi d’Angleterre fit à
nouveau charger ses cavaliers, qui s’embrochèrent sur la ligne
écossaise. C’est alors que Robert VII décida de contre attaquer,
chargeant les lignes anglaises désorganisées. Les Anglais, acculés,
furent taillés en pièces par les Ecossais. Les nobles furent capturés,
et la piétaille fut massacrée (les Ecossais combattant du côté des
Anglais furent faits prisonniers et exécutés pour trahison par la
suite.).
Quelques cavaliers anglais parvinrent
toutefois à s’enfuir, suivis par Edouard II.
2° L’Ecosse, soumise en théorie, indépendante
en pratique, quatrième phase de la guerre d’indépendance de l’Ecosse
(1314 à 1328) – Au cours de cette
période, les Ecossais étaient parvenus à vaincre l’Angleterre, mais
Edouard II refusait toujours de reconnaitre l’indépendance de l’Ecosse.
Statue de Robert VII Bruce, Château de Stirling, Ecosse.
Bien que victorieux, Robert VII dut en effet
attendre plusieurs années avant de parvenir à ériger l’Ecosse en tant
que royaume indépendant.
En 1320, les nobles d’Ecosse firent parvenir
la déclaration d’Arbroath au pape Jean XXII, afin que ce
dernier reconnaisse l’indépendance du pays.
La déclaration d'Arbroath, Archives nationales d'Ecosse.
Puis, en avril 1326, Robert VII décida de se rapprocher des
Français, renouvelant la Vieille Alliance à Corbeil.
Quelques mois plus tard, au cours de l’été 1327, les Ecossais
décidèrent de forcer la main aux anglais, franchissant la frontière
et envahissant la moitié nord de l’Angleterre (rappelons qu’à cette
époque, Edouard II était mort, et que la régence était entre les
mains de la reine Isabelle.).
Les Ecossais, employant une tactique de
guérilla, causèrent d’importantes dégradations dans les territoires
traversés (à noter que Robert VII avait aussi envoyé des troupes
s’attaquer à l’Irlande en avril 1327.).
Isabelle ordonna alors à l’armée anglaise de
se mettre à la poursuite des Ecossais, en vain. Lourdement armés,
handicapés par la pluie, et traversant des régions dévastées par la
guerre, les Anglais ne parvinrent pas à rattraper leurs ennemis.
Finalement, l’armée anglaise rejoignit
finalement les Ecossais, qui s’étaient installés sur une position solide
et étaient prêts au combat.
Cependant, lors la nuit du 4 août 1327, les
troupes de Robert VII décidèrent d’attaquer les Anglais par surprise.
Massacrant plusieurs centaines d’Anglais, les Ecossais furent à deux
doigts de s’emparer du jeune Edouard III.
Voyant alors l’ennemi se retirer, les Anglais
passèrent deux jours et une nuit en alerte constante. Finalement, dans
la nuit du 6 août, les Ecossais chargèrent les flancs des Anglais, et
ces derniers, surpris et épuisés, furent contraints de se replier.
Suite à la bataille de Stanhope Park,
l’armée anglaise se retira à York et fut dissoute.
Suite à cet échec, considérant les importantes
sommes d’argent dépensées en vain, Isabelle décida finalement de faire
la paix avec les Ecossais.
En mai 1328, signant le traité d’Edimbourgh
– Northampton au nom du jeune Edouard III, la reine reconnut
l’indépendance de l’Ecosse et son souverain Robert VII. En outre, afin
de sceller cet accord, il fut prévu que David Bruce (le fils du
roi.) épouse Jeanne, fille d’Edouard II (les futurs époux étant
respectivement âgés de quatre et six ans.).
Après près de 30 années de conflit, la
première guerre d’indépendance de l’Ecosse prenait fin. Cependant, la
paix ne dura que bien peu de temps…
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