1° La disparition d’Henri IV, mise
en place de la régence (1610) – Le 14 mai 1610, Henri IV fut
assassiné dans les rues de Paris par François Ravaillac, un
catholique fanatique[1]
(ce dernier fut torturé puis exécuté le 27 mai.).
L'assassinat d'Henri IV, par Paul LEHUGEUR, XIX° siècle.
A
sa mort, le roi de France laissait plusieurs enfants derrière lui, légitimes
comme illégitimes (ce souverain, connu pour ses aventures extraconjugales,
avait en effet eu plusieurs maitresses.).
Toutefois, le fils aîné d’Henri IV, le jeune Louis XIII, n’avait que
neuf ans à la mort de son père (le dauphin était né en septembre 1601.).
Louis XIII enfant, par Guillaume DUPRE, 1610, musée du Louvre, Paris.
Ainsi, il fut décidé de mettre en place une régence, dirigée par Marie de
Médicis, l’épouse du défunt souverain.
Marie de Médicis, par Frans II POURBUS,
vers 1610, musée du Louvre, Paris.
Un
nouveau gouvernement fut alors mis en place, s’appuyant sur un conseil
d’Etat particulièrement élargi (l’objectif était de plaire à la noblesse.),
ainsi que sur un conseil intime, de taille plus réduite. Toutefois,
le pays était véritablement gouverné par un troisième conseil, celui-ci
étant secret, formé par Concino Concini et son épouse Eléonore
Galigaï[2](à noter qu’Henri IV avait toujours détesté ces personnages, demandant
leur renvoi à plusieurs reprises.).
Marie de Médicis entourée d'Eléonore Galigaï et de Concino Concini, gravure
issue de l'ouvrage
Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.
Concini, accumulant les honneurs et les richesses, acheta alors le marquisat
d’Ancre, en Picardie.
Henri II, prince de Condé, qui avait fui aux Pays Bas afin de mettre
son épouse Charlotte Marguerite de Montmorency à l’abri d’Henri IV,
décida de rentrer en France après avoir appris la mort du roi.
Henri II, prince de Condé, par Guillaume
DUPRE, 1611, musée du Louvre, Paris.
Le
jeune Louis XIII, quant à lui, fut sacré roi de France à Reims en octobre
1611.
Armures de Louis XIII enfant, vers
1605-1610, musée des Invalides, Paris.
2° Politique de Marie de Médicis (1611 à 1612) – Suite à
la mort d’Henri IV, Marie de Médicis se trouvait dans une situation très
similaire à celle qu’avait vécue au XVI° siècle sa lointaine cousine
Catherine de Médicis, suite à la mort du roi de France Henri II[3].
En effet, les deux femmes se retrouvaient veuves, accompagnées d’enfants
encore jeunes, contraintes de gouverner un important royaume, menacé par les
grands et les protestants.
Ainsi, à partir de septembre 1610, Marie de Médicis décida de mettre un
terme à la politique de feu Henri IV. Elle décida alors de se retirer de
l’affaire de la succession du duché de Clèves et Juliers ; en outre, elle
commença à mettre en place une politique de rapprochement vis à vis de
l’Espagne. C’est alors qu’un double mariage royal franco-espagnol fut alors
mis en projet : Louis XIII épouserait Anne d’Autriche, fille du roi
d’Espagne Philippe III.
Portrait à l'effigie de Philippe III.
Réciproquement, Elizabeth (sœur du
dauphin.) devait épouser le prince Philippe (futur roi d’Espagne
Philippe IV[4].).
Les fiançailles furent célébrées en avril 1612.
"Le Roman des
chevaliers de la gloire", grand carrousel donné place royale, les 5, 6, 7
avril 1612, à l'occasion du mariage de Louis XIII avec Anne d'Autriche,
école française, début du XVII° siècle, musée Carnavalet, Paris.
Le
duc de Sully, principal ministre d’Henri IV, n’appréciant guère la politique
de la régente, fut donc contraint de démissionner.
Maximilien de Béthune, duc de Sully,
école française, début du XVII° siècle, château de Chantilly, Chantilly.
3° Concini et la révolte des princes (1614) – Lors de la
régence, ce fut Concini qui eut véritablement le pouvoir. Selon un de ses
proches, Armand Jean du Plessis (qui fut plus tard nommé cardinal de
Richelieu[5].),
l’objectif du marquis d’Ancre était d’affermir la puissance de l’Etat et
rabaisser la puissance des grands. Toutefois, Concini avait un objectif qui
surpassait les deux autres, celui de s’enrichir autant que possible.
Accumulant les honneurs et les récompenses, le favori de la reine fut fait
maréchal en décembre 1613, alors qu’il n’avait jamais commandé un soldat. La
fulgurante ascension de Concini fit scandale à la Cour, mais ce dernier sut
toujours jouer des dissensions de la noblesse.
Concino Concini, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.
A
cette époque, deux grands partis s’opposaient : celui des princes, mené par
Henri II de Condé ; et celui de Charles I°, duc de Guise[6].
Le maréchal d’Ancre, au gré du temps, accordait ses faveurs à l’un ou à
l’autre.
Ainsi, en début d’année 1614, Concini avait préféré se rapprocher du duc de
Guise plutôt que du prince de Condé.
Ce
dernier, jaloux, proclama haut et fort que l’alliance avec l’Espagne était
une erreur, puis il quitta la Cour. Attirant à ses côtés plusieurs grands du
royaume, Condé décida alors de publier un manifeste, critiquant la politique
de la régente vis-à-vis de l’Espagne et les largesses accordées à Concini.
Il réclama aussi que soient convoqués les Etats Généraux.
Marie de Médicis et Concini décidèrent alors de négocier, signant le
traité de Sainte Ménehould en mai 1619. La reine-mère s’engageait à
réunir les Etats Généraux, ainsi qu’à différer les mariages espagnols lors
de la majorité du roi. En outre, les princes insurgés recevraient
d’importantes pensions de la part de la régente.
4° Les Etats Généraux (1614 à 1615) – En septembre 1614,
Louis XIII, âgé de treize ans, fut déclaré majeur par le Parlement de Paris.
Toutefois, bien que ne portant plus le titre de régente, Marie de Médicis
conservait le pouvoir.
Le
mois suivant, les Etats Généraux furent convoqués à Paris, conformément aux
dispositions prises lors de la signature du traité de Sainte Ménehould.
Les députés du Tiers Etat proposèrent de supprimer la vénalité des charges[7]
et de diminuer les pensions des grands, mais ils ne furent pas écoutés. Au
final, les Etats Généraux prirent fin en février 1615 sur un constat d’échec[8].
5° Nouvelle révolte des princes (1615 à 1617) – En
octobre et novembre 1615, les mariages franco-espagnols furent enfin
célébrés. Les noces furent célébrées à Bordeaux, unissant Elizabeth à
Philippe III, puis Louis XIII à Anne d’Autriche.
L'échange des deux princesses de France et d'Espagne, par RUBENS, XVII°
siècle musée du Louvre, Paris (l'on peut voir Elizabeth de France, à gauche,
dans les bras d'une allégorie de l'Espagne, alors qu'Anne d'Autriche, à
droite, se dirige vers l'allégorie de la France. Dans le ciel, des angelots
bénissent l'union entre les deux pays).
La
reine-mère souhaitant voir l’union consommée au plus vite, résolut de mettre
rapidement les deux époux au lit. Toutefois, la nuit de noces se passa
vraisemblablement mal, et le jeune souverain ne ressentit plus que de
l’aversion pour son épouse.
Portrait présumé d'Elizabeth de France, anonyme, XVII° siècle,
château de Versailles, Versailles.
Toutefois, Condé décida de se révolter une fois de plus. La reine-mère
préféra négocier, et signa avec le prince insurgé le traité de Loudun,
en mai 1616.
Marie de Médicis s’engagea alors à nommer Condé comme chef du conseil, ainsi
qu’à licencier les anciens conseillers d’Henri IV.
Le
prince, fort de cette victoire, décida de rentrer dans Paris en juillet, ne
tardant guère à conspirer contre Concini. Toutefois, Condé fut arrêté aux
ordres de la reine-mère en septembre 1616.
Apprenant la nouvelle de l’arrestation du prince, plusieurs grands
décidèrent de se révolter.
Pistolet à rouet à trois canons, vers
1610, musée des Invalides, Paris.
Toutefois, cette insurrection fit long feu en raison de la disparition de
Concini…
[1]
Pour en savoir plus sur l’assassinat d’Henri IV, voir le c), 3,
section III, chapitre premier, les Bourbons.
[2]
Eléonore Galigaï était la sœur de lait de la reine-mère ; elles
avaient eu la même nourrice.
[3]
Pour en savoir plus sur l’arrivée au pouvoir de Catherine de
Médicis,
cliquez ici.
[4]
Le projet de mariage fut semble il bien accueilli par Louis XIII et
sa sœur, le jeune roi demandant à ce qu’on veuille bien lui
enseigner « comment on fait les enfants. »
[5]
A noter qu’à cette date, Armand Jean du Plessis n’était qu’évêque de
Luçon. Il ne fut fait cardinal de Richelieu qu’en septembre 1622.
[6]
Henri I°, père de Charles I°, avait été assassiné par la garde du
roi de France Henri III. Pour en savoir plus, voir le 5,
section V, chapitre cinquième, les Valois-Angoulême.
[7]Avant le XVI° siècle, les hauts
fonctionnaires de l’Etat étaient choisis par le roi de France.
Toutefois, après l’adoption du système de la vénalité des charges
(instauré par François I°.), ces postes purent être obtenus
en versant d’importantes sommes d’argent à la couronne. Cette
pratique, favorable sur le court terme grâce aux rentrées d’argent
qu’elle occasionnait, fut toutefois dramatique sur le long terme
(d’autant plus que le phénomène ne cessa de s’accroitre au fil des
siècles.). En effet, les hauts fonctionnaires furent plus riches que
compétents, et affaiblirent grandement l’administration royale.
[8]
A noter que les Etats Généraux ne furent plus convoqués jusqu’en
1789.