1° La fin de la guerre
franco-espagnole – Jusqu’à la fin de la guerre, Condé tenta à de
nombreuses reprises de percer jusqu’à Paris, afin de pouvoir prendre le
pouvoir dans la capitale. Ainsi, au cours de l’été 1655, Condé s’empara de
Saint Guilain, mais Turenne répliqua en s’emparant de Landrecies. En
novembre, le roi d’Espagne Philippe IV décida de déclarer la guerre à
l’Angleterre, constatant que les colons anglais s’attaquaient sans cesse aux
colonies espagnoles du nouveau monde.
Le roi d'Espagne Philippe IV.
En
1656, Mazarin décida de donner une nouvelle impulsion au conflit contre
l’Espagne, lançant l’armée royale contre le Hainaut.
Buste de Mazarin, par Louis LERAMBERT, XVII° siècle, château
de Versailles, Versailles.
Turenne, assiégeant Valenciennes en juillet 1656, fut alors attaqué par le
prince de Condé, venu secourir la cité. Les Français, surpris par cette
contre attaque, furent donc contraints de reculer.
Henri de La Tour d'Auvergne, vicomte de Turenne, école française du XVII°
siècle, musée Carnavalet, Paris.
En
mars 1657, Mazarin parvint à signer le traité de Paris avec Olivier
Cromwell, lord protecteur d’Angleterre. Cet accord bouleversa le jeu des
alliances, les Anglais acceptant de fournir un important contingent aux
armées de Turenne (l’alliance entre la France et une nation protestante
régicide fut très mal acceptée par le parti dévot, extrêmement
conservateur.).
En
avril, l’Empereur Ferdinand III mourut. Mazarin, pendant un temps, tenta de
soudoyer les princes-électeurs afin que ces derniers offrent la couronne à
Louis XIV. Toutefois, ces derniers préférèrent refuser, n’acceptant guère de
voir un Français accéder à la tête du Saint Empire romain germanique.
Finalement, ce fut Léopold I°, fils de Ferdinand III, qui fut élu
Empereur en 1658[1].
L'Empereur germanique Léopold I°, par Paul STRUDEL, vers 1700, Deutsches historisches museum, Berlin.
Conformément aux engagements pris lors de la signature du traité de Paris,
Cromwell envoya des troupes dans le nord de la France au cours de l’été
1657. Toutefois, si Cambrai refusa d’ouvrir ses portes aux troupes
franco-anglaises, ces dernières parvinrent à prendre Montmédy et Mardyck.
L’année suivante, Turenne décida de lancer une nouvelle expédition contre
les Pays Bas espagnols, assiégeant Dunkerque en mai 1658. Toutefois, en
juin, les Français apprirent qu’un contingent espagnol aux ordres de Condé
s’approchait afin de secourir la cité.
Les deux belligérants s’affrontèrent lors de la bataille des Dunes,
en juin 1658. Condé, sévèrement repoussé, dut alors quitter le champ de
bataille.
Dunkerque, qui était espagnole le matin, fut française suite au combat, puis
devint anglaise au cours de la soirée[2].
Bataille de Dunkerque, par
LARIVIERE, XIX° siècle, château de Versailles, Versailles.
Suite à l’affrontement, Turenne s’empara de Bergues, Gravelines, Audenarde
et Ypres. A la fin de l’été 1658, les Français, menaçant Gand et Bruxelles,
étaient parvenus à s’emparer de la quasi-totalité des Pays Bas Espagnols.
Casque et cuirasse
d'officier, vers 1650, musée des Invalides, Paris.
2° Le traité des Pyrénées – Le roi d’Espagne Philippe IV,
qui espérait que Cromwell se retourne contre les Français, apprit avec
désespoir le décès du lord protecteur (septembre 1658.). En outre, vaincu
par les Portugais (ces derniers avaient proclamé leur indépendance vis-à-vis
de l’Espagne en 1640.), le souverain espagnol décida alors d’entamer des
négociations avec la France.
Les pourparlers, particulièrement longs, débouchèrent sur la signature du
traité des Pyrénées, en novembre 1659. Ce dernier mettait fin à une
guerre franco-espagnole qui durait depuis plus de vingt ans.
La
France recevait le comté d’Artois ; les places flamandes de Bourbourg,
Gravelines et Saint Venant ; ainsi que plusieurs cités en Hainaut et au
Luxembourg. Dans le sud-ouest, la France obtint tous les territoires
espagnols se trouvant au nord des Pyrénées[3]
(Roussillon, Cerdagne, Vallespir, etc.).
En
contrepartie, les Français devaient cesser toute aide au royaume du
Portugal, et renoncer au comté de Barcelone. Il fallait en outre restituer
Ypres, Audenarde, Furnes et Dixmude, dans les Pays Bas espagnols ; ainsi que
plusieurs territoires en Italie et en Franche-Comté.
Le royaume de France en 1659.
Condé, quant à lui, fut pardonné et retrouva ses titres et possessions.
Le repentir du grand Condé, par Michel CORNEILLE, XVII°
siècle, château de Chantilly, Chantilly.
Afin de ratifier le traité, Louis XIV épousa sa cousine Marie Thérèse,
fille du roi d’Espagne Philippe IV[4].
Marie Thérèse d'Autriche, par Henri et Charles BEAUBRUN, XVII° siècle,
château de Versailles, Versailles.
Le traité prévoyait le versement d’une dot de 500 000 écus, en échange de la
renonciation de la mariée à la couronne d’Espagne. Toutefois, si la somme
n’était pas versée dans son intégralité, la renonciation devenait caduque (à
noter que Mazarin savait pertinemment que le souverain espagnol ne pourrait
jamais s’acquitter de cette dette.).
Le
mariage se déroula à Saint Jean de Luz en juin 1660, et Louis XIV,
contrairement à son père, n’aurait pas éprouvé de difficultés à honorer son
épouse.
Trompe l'oeil aux effigies gravées de Louis XIV et de Marie Thérèse,
XVII° siècle, château de Versailles, Versailles.
Le traité des
Pyrénées fut une véritable victoire pour le camp Français. Après le Saint
Empire romain germanique, ce fut au tour de l’Espagne d’abandonner à la
France son statut de grande puissance. Après plusieurs décennies de guerres,
les Bourbons l’emportaient finalement sur les Habsbourg.
[1]
A l’origine, Ferdinand III avait prévu de léguer la couronne
impériale à son fils aîné Ferdinand IV. Toutefois,
l’adolescent mourut avant son père, ce qui permit à Léopold I° de
prendre le pouvoir.
[2]
A noter que Louis XIV racheta Dunkerque à l’Angleterre en 1662.
[3]
A noter toutefois que la délimitation précise de la frontière
franco-espagnole ne fut effectuée qu’en 1856, sous le Second Empire.
[4]
Louis XIV et Marie Thérèse étaient doublement cousins. En effet,
Anne d’Autriche était la sœur de Philippe IV, et ce dernier avait
épousé Elizabeth, sœur de Louis XIII. Cette union consanguine
fut à l’origine du décès précoce de plusieurs enfants du couple
royal.