1° Les causes de la guerre –
Au cours de la guerre de dévolution, Louis XIV avait été freiné dans ses
ambitions par les Provinces Unies, alliées à l’Angleterre et à la Suède. Le
coup était rude pour le souverain français, d’autant plus que la France
avait longtemps eut des relations amicales avec ces trois pays.
Louis XIV, soucieux de s’emparer des derniers territoires espagnols se
trouvant à la frontière française (Pays Bas espagnols et Franche Comté.), se
rendit compte qu’il devait éliminer les Provinces Unies s’il voulait
parvenir à ses fins.
Louis XIV, protecteur de l'Académie royale de peinture et de sculpture,
par Henri TESTELIN, 1673, château de Versailles, Versailles.
Dans un premier temps, Louis XIV décida de négocier avec le roi d’Angleterre
Charles II Stuart. Ce fut donc sa sœur Henriette, qui vivait alors à la Cour
de Louis XIV (rappelons qu’elle était l’épouse de Philippe d’Orléans.), qui
fut envoyée pour négocier un traité avec son frère.
Philippe, duc d'Orléans, frère du roi, dit Monsieur, par
Michel II CORNEILLE, XVII° siècle, château de Versailles, Versailles.
C’est ainsi que fut signé le traité de Douvres, en juin 1670.
Charles II, en échange d’une pension versée par la couronne de France,
s’engageait à se convertir au catholicisme et à envoyer un contingent de
6 000 soldats auprès du roi de France. Louis XIV, quant à lui, s’engageait à
défendre son homologue contre le Parlement de Londres, et à lui céder une
partie des Pays Bas espagnols.
A
noter qu’en juin 1670, suite à la signature du traité de Douvres, Henriette
mourut[1].
Charles, duc de Lorraine, malgré ses déboires lors de la guerre de
Trente Ans[2],
avait envoyé une armée afin de porter assistance aux Provinces Unies. Louis
XIV, ne pouvant tolérer ce geste, somma alors son adversaire de licencier
ses troupes. Le duc de Lorraine, rechignant à s’incliner devant la décision
du roi de France, il fut donc décidé d’occuper ses Etats.
En
décembre 1670, traité de Douvres fut publié en Angleterre,
volontairement amputé de la clause faisant mention de la conversion de
Charles II au catholicisme, et augmentant la part de souverain anglais dans
le futur partage des Provinces Unies.
En
1671, Louis XIV savait que ni l’Angleterre (liée par le traité de Douvres.)
ni l’Espagne (trop faible pour riposter.) ne pourraient l’empêcher de
s’attaquer aux Provinces Unies. Toutefois, l’attitude des princes allemands
et de l’Empereur germanique étaient toutefois imprévisibles. Ainsi, toute
l’année 1671 fut consacrée à une intense activité diplomatique, l’objectif
étant de mettre en place une alliance avec ces puissances étrangères, ou
tout du moins s’assurer de leur neutralité.
Recevant le soutien de Maximilien de Bavière, prince-électeur de Cologne, le
roi de France parvint à obtenir la neutralité de l’Empereur germanique
Léopold I° en novembre 1671 (ce dernier accepta de ne pas intervenir dans le
futur conflit, à condition que ce dernier se déroule hors d’Allemagne.).
Finalement, en avril 1672, le roi de Suède Charles XI s’engagea à
attaquer les princes protestants si ces derniers tentaient de porter
assistance aux Provinces Unies.
Les Hollandais, quant à eux, ayant eu vent des projets du roi de France,
décidèrent de se rapprocher de l’Espagne, signant un traité d’assistance
mutuelle.
2° L’offensive victorieuse de 1672 et le retournent des
alliances – Les hostilités furent déclenchées en mars 1672, lorsque
Charles II déclara la guerre aux Provinces Unies (la France fit de même au
mois d’avril.).
Mandement de Louis XIV ordonnant
aux cours souveraines d'enregistrer le pouvoir de régence qu'il a donné à la
reine, 13 avril 1672, musée des archives nationales, Paris (Louis
XIV accordait ainsi la régence à son épouse au cas où il lui arriverait
malheur au cours de la campagne.).
a)
Revers anglais et victoire française :toutefois, la guerre
commença mal pour les Anglais. En effet, au mois de juin 1672, une petite
flotte hollandaise se dirigea vers l’Angleterre. Parvenant à progresser
jusqu’à la côte, les Hollandais parvinrent à surprendre les navires anglais,
qui mouillaient dans le port de Solebay.
Les Anglais, surpris, ne parvinrent à riposter efficacement. Ainsi, la
bataille navale de Solebay fut une victoire pour les Provinces Unies.
Louis XIV, au contraire, menait une campagne victorieuse. Evitant les Pays
Bas espagnols, les Français pénétrèrent directement aux Provinces Unies,
s’emparant de plusieurs cités pendant le mois de juin 1672.
b)
Troubles aux Provinces Unies : écrasés, les Hollandais décidèrent de
négocier dès le mois dès la fin du mois de juin 1672. Ils envoyèrent alors
des négociateurs auprès de Louis XIV, lui proposant la paix en échange du
pays au sud de la Meuse, de toutes les places fortes conquise, et de dix
millions d’écus.
Recevant les propositions des émissaires hollandais, des négociations
s’ouvrirent à Amerongen. Toutefois, les exigences de Louvois furent
exorbitantes : abandon de toutes les provinces et places fortes occupées,
versement d’une indemnité de guerre de 25 millions d’écus, rétablissement du
catholicisme dans les Provinces Unies et frappe d’une médaille à la gloire
de Louis XIV.
Les Hollandais, furieux, décidèrent alors de mettre un terme aux
négociations. Quelques jours après, au début du mois de juillet, ils
détruisirent les écluses, ce qui provoqua d’importantes inondations dans le
pays.
Par ailleurs, au mois d’août, Johan de Witt[3],
grand pensionnaire de Hollande,fut lynché par la foule en colère. Ce
fut alors son adversaire Guillaume III d’Orange-Nassau,
stathouder[4]de Hollande et de Zélande qui lui
succéda.
Guillaume III d'Orange, gravure issue de l'ouvrage
Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.
c)
Le retournement des alliances :Léopold I°, contrairement à sa
promesse de neutralité, décida de s’allier avec les Provinces Unies et avec
Frédéric Guillaume I°, prince électeur du Brandebourg. Louis XIV,
tentant d’empêcher une jonction entre les Hollandais et les Allemands,
décida alors d’envoyer Turenne sur le Rhin (ce dernier, combattant pendant
l’hiver 1672, pénétra en Westphalie et parvint à empêcher la jonction des
troupes de l’Empereur germanique et du prince électeur de Brandebourg.).
Passage du Rhin par l'armée de Louis XIV, à Tolhuis, par
Joseph PARROCEL, 1699, musée du Louvre, Paris.
A
noter toutefois que les exactions commises par les Français dans les
Provinces Unies provoquèrent l’indignation des princes allemands, mais aussi
du roi d’Angleterre (qui était portant allié avec la France.).
Henri de La Tour d'Auvergne, vicomte de Turenne, maréchal de France,
par A. PAJOU, 1783, château de Versailles, Versailles.
Au
printemps 1673, Louis XIV décida d’établir le plan de campagne pour la
nouvelle année. Le roi de France et Vauban marcheraient sur la Flandre
hollandaise, Condé était chargé de prendre le commandement des troupes
restées en Hollande, et Turenne devait rester sur le Rhin.
En
juin 1673, Turenne pénétra en Allemagne, et parvint toutefois à vaincre
l’électeur de Brandebourg. Ce dernier signa alors le traité de Vossem,
s’engageant à ne plus porter les armes contre Louis XIV en échange d’une
compensation financière.
Frédéric-Guillaume, prince-électeur du Brandebourg, par
Jacques VAILLANT, vers 1675, Deutsches historisches museum, Berlin.
Louis XIV, au même moment, parvint à prendre Maastricht sans difficultés.
La ville de Maestricht a été prise
par le roy le 29 juin 1673, musée des Invalides, Paris.
Toutefois, au cours de l’été 1673, la flotte franco-anglaise fut battue
par les marins hollandais, au cours de la bataille navale de Texel.
Jonction de la flotte
franco-anglaise avant la bataille du Texel, par Jean Karel Donatus
VAN BEECQ, deuxième moitié du XVII° siècle, musée de la Marine, Paris.
Toutefois, si aucun bateau ne fut coulé, les navires anglais,
particulièrement endommagés au cours de l'affrontement, furent contraints de
se replier vers la Tamise afin de réparer.
A
noter qu’au cours de cette période, de nouvelles négociations furent mises
en place, mais les principaux belligérants ne parvinrent pas à trouver un
accord.
A
la fin du mois d’août fut créée la Grande alliance de La Haye,
regroupant les Provinces Unies, l’Espagne, l’Autriche, le Palatinat et le
duché de Lorraine.
Encouragé par cette alliance, Guillaume III décida alors de s’attaquer à
Naarden, le point le plus avancé en Hollande tenu par les Français
(septembre 1674.). Ces derniers, surpris, furent contraints de
reculer. Cet échec fut ressenti comme un véritable affront à la Cour.
En
novembre 1674, Guillaume III parvint aussi à s’emparer de Bonn, cité elle
aussi entre les mains des Français.
En
cette fin d’année, le roi d’Angleterre Charles II, de plus en plus contesté
par le Parlement, fut contraint de mettre un terme à l’alliance avec la
France.
3° La guerre de Hollande se transporte sur trois fronts :
Provinces Unies, Franche-Comté, Alsace (1674) – Les Français, apprenant
la mise en place de la Grande alliance, eurent un début d’année
particulièrement difficile.
Ainsi, en février 1674, le roi d’Angleterre Charles II fut contraint par le
Parlement anglais de faire la paix avec les Provinces Unies. Par ailleurs,
de nombreux princes allemands décidèrent de s’allier à l’Empereur germanique
(en mai 1674, la Diète déclara la guerre à la France.).
La folle alchimie de Louis XIV, caricature néerlandaise, 1674, Deutsches historisches museum, Berlin.
Louis XIV, miné par ces revers de fortune, décida alors de mettre en place
un plan de campagne pour la nouvelle année. Ainsi, Louis XIV décida de
concentrer son offensive sur la Franche-Comté (toujours entre les mains des
Espagnols.), confiant à Condé la poursuite de l’offensive aux Provinces
Unies. Turenne, quant à lui, devait contenir les impériaux sur la frontière
du Rhin.
Louis XIV, accompagné par François Henri
de Montmorency-Bouteville[5],
maréchal de France, parvint à s’emparer de Besançon en mai 1674. Il prit
aussi Dole au cours du mois de juin. A l’issue d’une campagne victorieuse,
Louis XIV décida de rentrer à Paris.
François Henri de Montmorency-Bouteville,
maréchal de France, par
Philippe MOUCHY, 1791, château de Versailles, Versailles.
Turenne, quant à lui, traversa le Rhin et vainquit les troupes impériales
lors de la bataille de Sinzheim, en juin 1674.
Au
début du mois de juillet 1674, Frédéric Guillaume I°, l’électeur de
Brandebourg, décida de revenir sur sa promesse de neutralité, rompant le
traité de Vossen. Apprenant la nouvelle, Turenne décida de franchir le Rhin
une fois de plus, et ravagea le Palatinat. L’objectif était de couper
l’approvisionnement ennemi, de terroriser les princes allemands, et de punir
Charles I°, comte palatin, qui avait décidé de mettre un terme à
l’alliance française.
Ainsi, de nombreux bourgs furent pillés et incendiés, les temples et les
églises furent détruits, et ces exactions s’accompagnèrent de nombreux
meurtres, viols, etc[6].
Condé, resté en Belgique, ne resta pas inactif. En août 1674, il remporta la
bataille de Seneffe, barrant la route à Guillaume III qui comptait
marcher sur Paris.
Les Hollandais, affaiblis, décidèrent alors d’assiéger Audenarde. Toutefois,
Condé les contraignit à reculer, en octobre 1674.
Réception du Grand Condé par Louis XIV, Versailles, 1674, par
Jean Léon GEROME, 1878, musée d'Orsay, Paris.
A
la fin de l’année, au grand dam de Turenne, les troupes impériales,
commandées par Frédéric Guillaume I°, parvinrent à pénétrer en Alsace, le
théâtre d’opérations le plus mal protégé par l’armée française.
En
octobre, Turenne décida d’en découdre avec les impériaux, et les deux
belligérants s’affrontèrent au cours de la bataille d’Entzheim, non
loin de Strasbourg (octobre 1674.). Toutefois, l’issue du combat fut trop
indécise pour accorder la victoire à l’un des deux camps.
En
novembre, les impériaux s’installèrent en Alsace, à la tête d’une importante
armée. Turenne, ne disposant que de maigres effectifs, décida alors de
traverser les Vosges.
Prenant ainsi les troupes impériales à revers, Turenne attaque leurs
cantonnements à Mulhouse et Altkirch (décembre 1674.), puis mit en fuite le
gros des troupes ennemies suite à la bataille de Turckheim (janvier
1675.).
4° Victoires et revers (1675 à 1676) – En début d’année
1675, la France parvint finalement à convaincre la Suède d’intervenir contre
le Saint Empire romain germanique. Les Suédois s’attaquèrent alors au
Brandebourg, mais furent repoussés au cours du mois de juin.
L'armée suédoise repoussé par
l'électeur de Brandebourg lors de la bataille de Havelland, 1675,
par Romeyn DE HOOGHE, Deutsches historisches museum, Berlin.
Les Français, quant à eux, envoyèrent des troupes à Messine, en Sicile, la
cité s’étant révoltée contre les Espagnols.
En
mai 1675, Louis XIV décida d’établir l’ordre de campagne pour la nouvelle
année. Turenne fut confirmé une fois de plus sur le Rhin, tandis que le roi
de France et le prince de Condé devaient s’attaquer aux Flandres.
Mettant son armée en Branle, Louis XIV s’empara de Dinant, puis de Huy et
Limbourg. En juin 1675, le roi de France décida de rentrer à Paris, confiant
la suite des opérations à Condé.
Toutefois, un élément imprévu survint en juillet 1675. Turenne, menant une
opération de reconnaissance non loin de la cité de Salzbach, fut
accidentellement tué par un boulet de canon français.
La mort de Turenne, gravure issue de l'ouvrage
Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.
Le
impériaux, tentant de profiter de l’évènement, furent toutefois repoussés
lors de la bataille du pont d’Altenheim. Malgré cet échec, les
Allemands parvinrent à pénétrer en Alsace au cours du mois d’août.
Condé, chargé de reprendre le commandement de l’armée de Turenne, se porta
au devant de l’ennemi, obligeant l’armée impériale à faire rebrousse chemin[7]
(septembre 1675.).
Tombe de Turenne, Dôme des Invalides, Paris.
En
début d’année 1676, le roi d’Angleterre Charles II proposa sa médiation afin
de trouver une issue au conflit (à noter que ce souverain recevait des
subsides de la part de Louis XIV, lui promettant en échange de conserver sa
neutralité.). Les envoyés des principales puissances européennes se
réunirent alors à Nimègue, entamant les pourparlers.
En
avril 1676, Louis XIV décida de repartir dans les Flandres, s’empara de
plusieurs cités au cours du printemps. En juillet, fort de ses succès, le
roi de France rentra à Paris.
L’amiral Abraham Duquesne, quant à lui, fut envoyé en Méditerranée,
afin de contrecarrer les plans de la flotte hispano-hollandaise, qui
souhaitait mettre fin à l’insurrection de Messine.
Abraham Duquesne, par Claude MONNOT, 1787, château de Versailles,
Versailles.
Les Français parvinrent alors à remporter les batailles navales d’Alicudi
(janvier 1676.), d’Agosta (avril 1676.) et de Palerme (juin
1676.).
Bataille navale franco-hollandaise, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.
Si
le premier affrontement s’acheva sur un statu quo, le second entraîna
la mort du commandant de la flotte hollandaise, et le troisième accorda à la
France une victoire décisive.
Les marins hollandais hissent le drapeau blanc, gravure issue de l'ouvrage
Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.
5° Les dernières années du conflit (1677 à 1678) – Les
négociations s’étant ouvertes en début d’année 1676, chaque camp savait
qu’il devait maintenant remporter une victoire décisive afin d’être en
situation de force lors de la signature du traité.
En
1677, la campagne française débuta très tôt, dès le mois de février. Ainsi,
François Henri de Montmorency-Bouteville parvint à s’emparer de Valenciennes
(mars 1677.).
Valencienne prise d'assaut,
par Jean ALAUX, XIX° siècle, château de Versailles, Versailles.
En
avril 1677, Guillaume III décida de s’attaquer à Philippe d’Orléans, ce
dernier étant à la tête d’une armée de moitié inférieure à celle des
Hollandais. Toutefois, recevant l’aide du maréchal de
Montmorency-Bouteville, le frère du roi parvint à vaincre Guillaume III lors
de la bataille de la Peene. L’armée royale s’empara alors de Saint
Omer, de Cassel, Bailleul, et Ypres.
La bataille de la Peene,
musée des Invalides, Paris.
Peu de temps après l’affrontement, Louis XIV rentra à Paris, l’armée royale
continuant de mener l’offensive. Ainsi, suite à la prise de Cambrai en mai
1677, les Français parvinrent à s’emparer d’une grande partie des Pays Bas
espagnols.
Reddition de la citadelle de Cambrai, 18 avril 1677, par Adam
Frans VAN DER MEULEN, vers 1678, château de Versailles, Versailles.
Les Suédois, qui avaient reculé face au Brandebourg au cours de l’année
1675, décidèrent de lancer une nouvelle offensive en juillet 1677, parvenant
à vaincre les armées de Frédéric Guillaume I°.
Par ailleurs, Montmorency-Bouteville parvint à faire abandonner à Guillaume
III le siège de Charleroi ; Charles, duc de Lorraine, fut vaincu par l’armée
royale en fin d’année 1677 ; enfin, l’armée royale stationnée sur le
Rhin parvint à repousser les impériaux.
A
noter toutefois que Marie, nièce du roi d’Angleterre Charles II,
épousa Guillaume III au cours du mois d’octobre 1677[8].
Cette alliance matrimoniale était un véritable échec pour la diplomatie
française, ainsi qu’une menace pour l’avenir. En effet, Charles II n’avait
pas d’enfants (il avait eu de nombreux bâtards, mais ces derniers étaient de
fait illégitimes.), et Marie était donc héritière de la couronne
d’Angleterre. Ce mariage pouvait donc mener Guillaume III, ennemi de la
France, sur le trône d’Angleterre à plus ou moins brève échéance…
Ainsi, dès le mois de janvier 1678, Charles II fut contraint de signer une
alliance avec les Provinces Unies (à noter que l’Angleterre refusa de
déclarer la guerre à la France.).
Louis XIV, pour la nouvelle année, décida d’entrer très tôt en campagne, dès
février 1678. Il se dirigea vers la Lorraine afin de tromper ses ennemis,
puis marcha vers la Flandre.
En
mars, il s’empara alors de Gand et Ypres. Les négociateurs hollandais
proposèrent alors une paix avantageuse au roi de France, mais ce dernier
exigea que les Suédois soient inclus dans les clauses du traité.
La prise de Gand, musée des
Invalides, Paris.
L’Empereur germanique, le prince électeur de Brandebourg et le roi du
Danemark, directement concernés par les attaques menées par les Suédois,
décidèrent alors de reprendre les armes.
Toutefois, au mois de juillet 1678, les impériaux furent battus par les
troupes françaises.
Guillaume III d’Orange, n’acceptant pas de faire la paix (malgré l’opinion
hollandaise qui souhaitait la fin du conflit.), contraignit alors Charles II
d’intervenir contre la France. Ce dernier menaça alors d’entrer dans le
conflit si la paix n’était pas signée avant le 10 août.
6° La paix de Nimègue (août 1678) – Finalement, le 10
août 1678 à 11 heures du soir, les principaux belligérants signèrent la
paix de Nimègue (à noter que ce traité ne concernait que la France et
les Provinces Unies.).
Les négociations de paix de Nimègue, par Jan LUYKEN, 1679, Deutsches historisches museum, Berlin.
Louis XIV accepta de rendre Maastricht et la principauté d’Orange, ainsi que
quelques places fortes telles que Charleroi, Courtrai, Binche, Ath et
Audenarde.
Toutefois, le roi de France conservait la Franche-Comté et l’Artois[9],
ainsi que plusieurs cités du nord de la France (Cassel, Bailleul, Ypres,
Cambrai, Valenciennes, etc.).
Le
traité de Nimègue permit à Louis XIV de « lisser » la frontière, cette
dernière comportant moins d’enclaves qu’à l’issue du traité d’Aix la
Chapelle, signé en 1668.
Le royaume de France en 1678.
Toutefois, les principaux pays concernés par le conflit ne firent la paix
que plusieurs mois plus tard. En septembre 1678, l’Espagne ratifia les
décisions prises à Nimègue (afin de consolider la paix, Marie Louise,
fille de Philippe d’Orléans, fut donnée en mariage au roi d’Espagne Philippe
II.) ; en février 1679, le roi de France accepta de mettre un terme à son
soutien de la révolte de
Messine, en échange, Léopold I° céda Fribourg et Brisach à la France ; en
fin d’année 1679, Louis XIV contraignit le Brandebourg et le Danemark à
rendre à la Suède les territoires dont ils s’étaient emparés pendant la
guerre. A noter en outre que Louis XIV devait cesser de soutenir les
insurgés de Messine.
L'Autriche et le Brandebourg/Prusse suite au traité de Nimègue.
Quant au duc de Lorraine, son duché lui fut restitué, à l’exception de Nancy
et Longwy. Toutefois, il fut convenu que Charles devait ouvrir plusieurs
routes, reliant Nancy, Vesoul, Metz et l’Alsace. Cependant, le duc de
Lorraine refusant de mettre en place les travaux, son duché fut finalement
annexé par Louis XIV.
A noter que ce
conflit, même s’il s’achevait sur un succès pour le roi de France, fut
particulièrement coûteux. Ainsi, Colbert avait été contraint d’augmenter
drastiquement les impôts, recherchant les dizaines de millions d’écus
nécessaires à la poursuite de la guerre.
La misère des paysans, gravure issue de l'ouvrage
Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.
[1]
Le décès étant survenu rapidement, certains pensent qu’Henriette fut
empoisonnée. A noter toutefois que la défunte souffrait des
séquelles d’une pleurésie, ce qui causa peut être sa mort.
[2]
Le duc de Lorraine, au cours de la guerre de Trente Ans, avait
refusé de prêter hommage à Louis XIII, se rapprochant dangereusement
du Saint Empire romain germanique. Le souverain français avait donc
décidé d’en découdre, annexant ses possessions, puis lui en rendant
une partie lors de la signature du traité de Westphalie. Toutefois,
Charles ne s’était pas assagi, et continuait à comploter contre la
France. A noter que ce personnage est parfois appelé Charles III,
parfois Charles IV. En fait, les historiens hésitent à tenir compte
dans la chronologie du carolingien Charles, duc de
Lotharingie.
[3]
Rappelons que Johan de Witt était accusé de mener une politique
pro-française.
[4]
Le stathoudérat est une fonction politique et militaire née en
Flandres au cours du Moyen âge. Les stathouders (ce qui signifie
‘lieutenant’.) avaient comme objectifs de protéger une province lors
de l’absence du souverain. Suite à la guerre de 80 ans, chaque Etat
des Provinces Unies décida de nommer un stathouder, chargé de
diriger l’armée. Depuis le XVI° siècle, le stathoudérat était devenu
héréditaire en Hollande, détenu par la famille Orange-Nassau.
[5]
Le père de François Henri était François de Montmorency-Bouteville,
condamné à mort et exécuté sous Louis XIII pour avoir combattu
plusieurs nobles en duel. Pour en savoir plus, voir le b), 1,
section V, chapitre deuxième, les Bourbons.
[6]
Certains historiens pensent que le ravage du Palatinat fut à
l’origine de l’antagonisme opposant Français et Allemands jusqu’à la
fin de la seconde guerre mondiale.
[7]
Suite à la guerre de Hollande, le prince de Condé, perclus de
rhumatismes, décida de prendre sa retraite. Souffrant de la goutte,
il mourut en décembre 1686.
[8]
Marie était la fille de Jacques II (frère de Charles II.), ce
dernier étant héritier présomptif de la couronne.
[9]
La possession de l’Artois et de la Franche-Comté était un enjeu
entre la France et l’Espagne depuis le XV° siècle. Pour en savoir
plus sur la naissance de ce conflit, voir le 4, section IV, chapitre
cinquième, les Valois.