1° L’hérésie
cathare (ou albigeoise) – Le catharisme avait fait son apparition
dans le Languedoc au cours du XII° siècle, touchant dans un premier temps
les classes inférieures de la population.
Les chroniques de l’époque
expliquèrent que la corruption du clergé du Midi fut une des causes de la
rapide progression de cette doctrine dans la région. Ainsi, lorsque débuta
la croisade, l’on comptait 800 églises cathares dans le sud de la Francie.
Les cathares étaient
les héritiers des manichéens,
qui reconnaissaient deux dieux de puissance égale, l’un représentant le bien
(associé à l’âme.) et l’autre représentant le mal (associé au corps.).
Dans les chroniques de
l’époque, les cathares furent baptisés Albigeois, car Albi était l’un
des centres du catharisme.
Les adeptes de ce culte se divisaient en deux catégories : les fidèles de
base et les parfaits.
Contrairement aux fidèles, les parfaits menaient une vie ascétique et
chaste, mortifiant leur corps (assimilé au mal.).
En outre, les cathares ne
reconnaissaient pas les sacrements de l’Eglise, rejetant donc son autorité
(contrairement à la religion catholique, très hiérarchisée, les églises
cathares étaient indépendantes l’une de l’autre). Ces derniers niaient aussi
la nature humaine de Jésus (qui en aurait fait une divinité souillée par le
mal), le considérant comme un pur esprit.
2° Innocent
III contre le catharisme (1205 à 1208) – Pendant plusieurs décennies,
les comtes de Toulouse tentèrent de mettre un terme au catharisme, considéré
comme une hérésie par l’Eglise ; toutefois, au début du XIII° siècle, la
doctrine albigeoise était si bien implantée que même les seigneurs du Midi y
étaient favorables.
Innocent III, suite à son
arrivée au pouvoir, entreprit de réformer le clergé du Languedoc, dont les
mœurs souvent dissolues étaient décriées par les cathares. Ainsi, les
prêtres furent rappelés à l’ordre, et les évêques coupables furent déposés.
En parallèle, le Saint siège
s’appuya sur les moines de l’abbaye de Cîteaux,
chargés de propager la foi catholique dans le Midi.
Pierre de Castelnau,
moine de Cîteaux et archidiacre
de Maguelone, fut nommé légat du pape. Ce dernier, chargé de prêcher auprès
de la noblesse du Languedoc, fut accompagné par plusieurs prêtres
prédicateurs, parmi lesquels l’on retrouvait Dominique de Guzman,
chanoine
de l’église d’Osma, en Espagne.
A cette époque, la région
était divisée sous l’autorité de deux seigneurs : Pierre II, roi
d’Aragon, en possession d’une série de comtés sur la frontière nord des
Pyrénées (Comminges, Foix et Carcassonne), mais aussi du comté de Gévaudan,
de la seigneurie de Montpellier, et du comté de Provence
; et Raymond VI, comte de Toulouse,
dont l’autorité s’étendait de la vallée du Rhône jusqu’à Agen.
Toutefois, la tâche ne fut
pas aisée, et bien peu de cathares abjurèrent leur foi. Raymond VI, quant à
lui, refusait d’agir, car il craignait des révoltes dans ses Etats. Ce
dernier fut alors excommunié par Pierre de Castelnau en janvier 1208.
Toutefois, le légat du pape
fut assassiné peu de temps après, alors qu’il quittait la cité de Saint
Gilles pour se rendre à Rome.
3° La
croisade armée (1209) – A l’annonce de la mort de Pierre de Castelnau,
Innocent III décida de prêcher une croisade contre les Albigeois.
Arnaud Amaury, abbé
de Cîteaux, fut alors nommé légat du pape afin de prêcher la croisade auprès
des grands du royaume.
a) Prêche de la croisade
contre les cathares (1208) : suite au prêche d’Arnaud Amaury, plusieurs
seigneurs se montrèrent favorables à la croisade contre les Albigeois. Parmi
ceux-ci, l’on retrouvait Eudes III, duc de Bourgogne et cousin du roi
des Francs ;
Gaucher de Châtillon, comte de Saint-Pol et sénéchal
de Bourgogne ;
Hervé IV, comte de Nevers ; et Simon V, seigneur de Montfort .
Simon de Montfort, par FEUCHERE, château de Versailles, Versailles.
Philippe II, quant à lui,
refusa de participer à l’expédition, mais consentit toutefois à fournir une
dizaine de milliers d’hommes.
Cette armée, commandée par
Arnaud Amaury (le comte de Nevers refusait d’obéir au duc de Bourgogne, qui
à l’origine devait être le chef de la croisade), fut bientôt rejointe par
une foule d’aventuriers (appelés aussi ribauds ou truands.).
A noter que cette expédition
religieuse fut aussi l’occasion pour ces hommes du nord de satisfaire leurs
vieilles rancœurs contre les gens du Midi.
Le massacre des Albigeois, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.
b) La pénitence de
Raymond VI (juin 1209): se réunissant près de Lyon en mai 1209, les
croisés descendirent la vallée du Rhône en direction du Languedoc.
Raymond VI, voyant cette
imposante armée approcher des ses terres, fit amende honorable et demanda à
être réconcilié avec l’Eglise. Le légat du pape accepta de lever
l’excommunication, mais en contrepartie, le comte de Toulouse devait
accomplir une pénitence publique.
La réconciliation
solennelle, dirigée par Arnaud Amaury, eut lieu à la mi-juin 1209 dans
l’église de Saint Gilles.
Raymond VI se soumet devant le pape, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.
c) Le siège de Béziers
(juillet 1209): suite à la soumission de Raymond VI, les chefs de la
croisade ne souhaitèrent pas attaquer Pierre II d’Aragon, car le catharisme
n’était que peu implanté dans ses Etats. Ainsi, ils tournèrent leur
attention vers Raymond-Roger Trencavel, vicomte de Béziers (terres
appartenant à Raymond VI) et vicomte de Carcassonne (terres appartenant à
Pierre II).
Le jeune homme (il était né
en 1185), neveu du comte de Toulouse, tenta de négocier avec les croisés
lorsque ces derniers avancèrent vers ses Etats. Toutefois, comme le
catharisme était très répandu à Béziers et à Carcassonne, Arnaud Amaury
réclama une reddition complète, ce que Trencavel refusa.
Ce dernier se réfugia donc à
Carcassonne, ayant préparé Béziers à subir un siège.
Les croisés, quant à eux,
assiégèrent la cité à compter du mois de juillet 1209.
Dans un premier temps,
Arnaud Amaury négocia avec Renaud de Montpeyroux, évêque de Béziers.
Le légat du pape demanda à son interlocuteur que les cathares lui soient
livrés ; puis, comme l’évêque éprouvait des difficultés à recenser les
hérétiques, Arnaud Amaury demanda à ce que les catholiques sortent de la
cité.
Seul l’évêque et quelques
chrétiens étant sortis, le siège se poursuivit.
Le 22 juillet, les ribauds
qui accompagnaient l’armée des croisés décidèrent de se baigner dans l’Orb,
une rivière coulant sous les murs de Béziers.
Les défenseurs de la ville,
n’appréciant guère de voir leurs ennemis se rafraichir sans protection,
décidèrent alors de sortir de la ville afin de les défier.
Toutefois, les ribauds
ameutèrent rapidement les croisés, qui poursuivirent les Biterrois. Ces
derniers, reculant en hâte les murs de la ville, ne parvinrent pas à
empêcher l’ennemi de pénétrer dans Béziers.
Croisés et ribauds, entrant
dans la cité, firent un carnage. De nombreux Biterrois furent massacrés,
catholiques comme cathares. Les habitants s’étaient réfugiés dans les
églises de la cité furent eux aussi passés par les armes.
Les chefs de la croisade,
apprenant que la ville était prise, pénétrèrent à leur tour dans Béziers.
Ces derniers tentèrent alors d’empêcher les ribauds de piller la cité, qui
était déjà la proie des flammes.
Les croisés et la prise de Béziers, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.
Les chroniques de l’époque
affirment que le sac de Béziers fit entre 7 000 et 15 000 victimes, alors
que la cité ne comptait que 10 000 habitants au début du XIII° siècle.
Aujourd’hui, les historiens estiment le nombre de morts à la moitié de la
population.
A noter par ailleurs que
dans plusieurs sources de l’époque, la responsabilité du carnage fut rejetée
sur les ribauds, qui entrèrent en premier dans Béziers.
Enfin, l’on prête souvent au
légat Arnaud Amaury les propos suivants : massacrez-les, car le Seigneur
connaît les siens ; transformés plus tard en : tuez les tous, Dieu
reconnaîtra les siens.
Toutefois, cette citation
est sujette à caution, car elle n’apparait que dans une seule chronique ; en
outre, Arnaud Amaury, à l’instar des autres chevaliers, n’arriva dans
Béziers qu’à la fin du massacre.
d) Le siège de
Carcassonne (août 1209): le sac de Béziers provoqua la panique dans la
région, et beaucoup de paysans prirent le parti de fuir en direction de
Carcassonne.
Le 1er août, les
croisés arrivèrent sous les murs de la ville, qu’ils assiégèrent. Le 3, ils
s’emparèrent des faubourgs de Carcassonne, que Trencavel avait fait
évacuer ; mais aussi de la rive gauche de l’Aude, coupant
l’approvisionnement de la cité en eau.
Quelques jours après, Pierre
II d’Aragon proposa sa médiation, mais Trencavel refusa une fois encore une
reddition sans conditions.
Toutefois, la chaleur et le
manque d’eau entraîna rapidement le vicomte de Carcassonne à entamer des
pourparlers avec les croisés. Ainsi, Trencavel accepta de se rendre, contre
la promesse que les habitants de la cité aient la vie sauve. Les croisés,
soucieux d’éviter un nouveau pillage, acceptèrent (leur objectif était de
permettre au successeur de Trencavel de disposer des ressources nécessaires
pour lutter contre le catharisme).
Faisant reddition le 15 août
1209, les assiégés quittèrent la cité en n’emportant que leurs seuls
vêtements, catholiques comme cathares.
Arnaud Amaury fut fort marri
de laisser échapper autant d’hérétiques, d’autant qu’il était facile de
reconnaître les katharos, les parfaits, en raison de leur maigreur
extrême. Mais les croisés tinrent leur parole, et tous les habitants eurent
la vie sauve.
Trencavel, enfermé dans la
prison de Carcassonne, mourut peu de temps après, en novembre 1209.
4° Simon de
Montfort chef de la croisade – Le vicomte de Béziers ayant été
dépossédé de ses Etats, les croisés réfléchirent à qui transmettre son
héritage. Les principaux seigneurs refusèrent. En effet, ces derniers ne
souhaitaient pas se mettre en porte à faux avec le roi des Francs, Philippe
II, qui considérait cette usurpation comme un viol flagrant de ses droits
régaliens.
Au final, ce fut Simon de
Montfort, un petit seigneur, qui accepta l’héritage de Trencavel.
Cependant, en août 1209, les
croisés avaient dépassé les 40 jours de services qu’ils devaient à leur
suzerain. Ainsi, un grand nombre d’entre eux se retirèrent laissant Simon V
dans une situation difficile.
Ce dernier, bénéficiant
toutefois de l’appui du duc de Bourgogne, parvint à prendre Fanjeaux, puis
s’installa à Alzonne, à quinze kilomètres à l’ouest de Carcassonne.
En fin d’année, Simon V fut
contraint de faire face à l’animosité de Pierre II d’Aragon, qui incita à la
révolte plusieurs des vassaux de son rival.
Le nouveau vicomte de
Béziers, isolé au milieu de populations hostiles, perdit une grande partie
de ses possessions en l’espace de quelques mois, d’autant que la mort de
Trencavel avait décuplé la colère des rebelles.
Mais sa femme Alix,
le rejoignant au printemps 1210, lui amena en renfort un corps de 15 000
hommes. Simon V put dès lors reprendre l’offensive, commençant par punir ses
vassaux rebelles.
D’ici 1211, le vicomte de
Béziers s’empara de Minerve, Lastours et Lavaur, regagnant de cette manière
beaucoup de ses possessions perdues.
5° Guerre
contre Raymond VI, comte de Toulouse (1211 à 1213) – Raymond VI, qui
avait aidé les croisés à lutter contre Trencavel, son propre neveu, fut
vivement critiqué par les émissaires du pape, étant accusé de ne pas
respecter les engagements qu’il avait pris en 1209.
Arnaud Amaury, constatant
que beaucoup de cathares s’étaient réfugiés dans le comté de Toulouse,
demanda à Raymond VI de démilitariser ses Etats ; cependant, ce dernier
refusa et fut excommunié par le concile de Montpellier (avril 1211).
Raymond VI, qui avait en
vain fait appel à Philippe II, Othon IV (suzerain pour le comté de
Provence), et Innocent III, décida de prendre les armes.
a) La prise de
Castelnaudary et l’échec du siège de Toulouse (juin 1211) : ayant
affermi son autorité dans ses Etats, Simon de Montfort, recevant un premier
contingent de croisés, décida de marcher vers le comté de Toulouse.
S’emparant de Castelnaudary
au mois de juin 1211, il reçut la renonciation de Raymond II Trencavel
sur les fiefs de son père.
Par la suite, Simon V marcha
en direction de Toulouse, qu’il assiégea. Toutefois, la cité était bien
défendue, et le vicomte de Béziers, ne possédant pas de machines de siège,
décida de reculer.
Par la suite, il partit
ravager les terres de Raymond Roger, comte de Foix (ce dernier étant
un allié du comte de Toulouse).
Recevant de nouveaux
contingents de croisés, Simon V repoussa les troupes de Raymond VI à
Castelnaudary (septembre 1211), puis marcha vers les terres de Bernard IV,
comte de Comminges, allié du comte de Toulouse.
Par la suite, au printemps
1212, les croisés prirent Albi, Agen et Muret, encerclant les possessions de
leur rival.
Raymond VI, quant à lui,
décida de prêter hommage à Pierre II d’Aragon en janvier 1213. Ce dernier,
auréolé par sa victoire suite à la bataille de Las Navas de Tolosa,
entama alors des pourparlers avec le pape, en vain.
Par la suite, Pierre II
traversa les Pyrénées, prenant par aux combats aux côtés des comtes de
Toulouse, de Foix et de Comminges.
A noter que l’hommage de
Raymond VI envers le souverain espagnol lésait les droits régaliens de
Philippe II, qui était le suzerain du comte de Toulouse. Le roi des Francs
voulut envoyer dans le Midi son fils Louis, mais il en fut empêché à cause
de son conflit contre l’Angleterre.
b) La bataille de Muret
(12 septembre 1213) : ayant fait jonction avec ses alliés, Pierre II
marcha en direction de Muret, cité entre les mains des croisés.
La garnison de la ville ne
comptait environ qu’un centaine d’hommes, et Simon de Montfort, qui réussit
à rentrer dans la forteresse, n’arrivait en renfort qu’avec 2 000
chevaliers.
Voyant approcher l’armée du
souverain espagnol, Manassès de Seignelay, évêque d’Orléans, et
Guillaume de Seignelay, évêque d’Auxerre, décidèrent d’entamer des
pourparlers avec Pierre II.
Ce dernier considéra ce
geste comme un aveu de faiblesse de Simon de Montfort, et décida de prendre
d’assaut la cité.
Le lendemain, alors que le
roi d’Aragon préparait ses troupes au combat, le vicomte de Béziers lança
l’assaut, sachant que la forteresse n’avait pas les réserves suffisantes
pour soutenir un siège.
Attaquant les Espagnols, les
croisés tuèrent rapidement un héraut portant les habits du roi (il
s’agissait d’une stratégie permettant au seigneur de ne pas être reconnu
pendant la bataille).
Les hommes de Pierre II,
croyant que leur suzerain était mort, commencèrent à se débander, mais le
roi d’Aragon enleva son casque et fit savoir qu’il était toujours vivant.
Mais ce faisant, il attira l’attention des croisés, qui le tuèrent.
A la mort de leur roi, les
Espagnols se débandèrent et fuirent en désordre. Nombre d’entre eux périrent
sur le champ de bataille ou moururent noyés dans la Garonne.
Raymond VI, qui n’avait pas
pris part au combat, décida quant à lui de rentrer à Toulouse.
Simon de Montfort, fort de
sa victoire,
s’empara par la suite de Foix et de la vallée de Comminges, isolant un peu
plus le comte de Toulouse.
6° Simon de
Montfort, seigneur du Languedoc (1215) – En fin d’année 1214, Innocent
III décida imposa une trêve aux belligérants, d’autant que Simon V avait
capturé le jeune Jacques, fils aîné de Pierre II.
Raymond VI, acculé, fut
alors contraint de se réfugier à Barcelone.
a) Le concile de
Montpellier (janvier 1215) : en janvier 1215, un concile fut organisé à
Montpellier, au cours duquel Simon de Montfort reçut le titre de seigneur du
Languedoc.
Toutefois, comme cette
décision violait une fois encore les droits régaliens de Philippe II,
Innocent III fut invité à trancher le litige.
Ainsi, le duché de Narbonne
fut cédé à Arnaud Amaury ; Raymond VII (fils du comte de Toulouse) ;
le reste étant dû à Simon V.
b) Le concile de Latran
(novembre 1215) : en fin d’année fut organisé le quatrième concile de
Latran, qui tient une place importante dans l’histoire de l’Eglise.
Les participants, soucieux
de lutter contre l’hérésie, affirmèrent les dogmes de la trinité, de
l’incarnation humaine du Christ, et introduisirent le concept de la
transsubstantiation (c’est-à-dire la transformation, du pain et du vin,
lors de l’eucharistie, en chair et sang du Christ).
Par ailleurs, les évêques
condamnèrent une fois encore la simonie
et le nicolaïsme ;
à l’instar de la pratique par les clercs
du jeu, de l’ivrognerie, des festins, du luxe et de la chirurgie.
Le Christ apparaissant lors d'une messe célébrée par Grégoire I°, prouvant
la validité du concept de la transsubstantiation, par Thomas BURGKMAIR, 1496, Deutsches historisches museum, Berlin.
En ce qui concerne les
hérétiques (notamment cathares, Vaudois
et Amauriciens),
le concile prévoyait l’instauration de tribunaux pour juger les cas
d’hérésie, la saisie de leurs biens, ainsi que l’excommunication des évêques
ou des seigneurs tentant de les protéger.
Par ailleurs, afin de lutter
plus efficacement contre les hérétiques, Innocent III décida deux s’appuyer
sur deux congrégations : l’ordre des frères mineurs (surnommé
ordre franciscain),
et l’ordre des Prêcheurs (ou ordre dominicain).
Saint François d'Assise,
fondateur de l'ordre des frères mineurs, recevant les stigmates du Christ,
vers 1355, Deutsches historisches museum, Berlin.
A noter qu’au cours du
concile de Latran, Innocent III prêcha en faveur de la cinquième croisade,
qui, lancée en direction de l’Egypte en 1217, s’acheva sur un échec .
6° la révolte
languedocienne (1216 à 1223) – Désormais seigneur du Languedoc, Simon de
Montfort vint prêter hommage auprès de Philippe II au printemps 1216.
a) Conquête et siège de
Beaucaire (mai à août 1216) : profitant du départ du seigneur du
Languedoc, Raymond VII et son père, rentré d’exil, levèrent une armée en
Provence.
Dans un premier temps, les
deux hommes assiégèrent Beaucaire, qui n’était pas stipulée par le partage
d’Innocent III.
Raymond VII, s’emparant de
la cité en mai 1216, fut rapidement assiégé par Guy de Montfort,
frère cadet de Simon V. Le seigneur du Languedoc, quant à lui, rentra
précipitamment de Paris à l’annonce de la nouvelle.
Ne disposant pas de machines
de siège, Simon V tenta de prendre la ville d’assaut, mais en vain. Ainsi, à
la fin du mois d’août 1216, il décida de lever le siège.
a) Du siège de Beaucaire
au siège de Toulouse (1216 à 1218) : l’échec du siège de Beaucaire eut
un important retentissement dans le Languedoc.
Simon V rentra
précipitamment à Toulouse, craignant une révolte. Ce dernier, afin de
contenir l’agitation de la population, réclama qu’on lui livre des otages et
qu’on lui cède une indemnité de guerre.
En début d’année 1217, Simon
V intervint contre Raymond Roger, comte de Foix, puis marcha vers la
Provence, attaquant Aymar II, comte de Valentinois.
Profitant du départ de son
adversaire, Raymond VI rentra dans Toulouse courant septembre, où il fut
accueilli triomphalement.
Simon V, furieux d’apprendre
la trahison de la ville, s’empressa de marcher en direction de Toulouse, que
son frère Guy avait commencé à assiéger.
Toutefois, le seigneur du
Languedoc ne disposait pas d’engins de siège, ni de troupes suffisantes pour
prendre la ville d’assaut. Ainsi, les opérations militaires se poursuivirent
pendant près d’un an.
Au printemps 1218, Simon V
attaqua les Faubourgs de la ville, bénéficiant de l’arrivée de contingents
croisés ; début juin, Raymond VII, venu de Provence, réussit à rejoindre son
père à Toulouse.
A la fin du mois, Simon V
entreprit la construction d’une tour de siège, mais Raymond VII tenta une
sortie afin de détruire cet engin. Au cours de la mêlée qui s’ensuivit, le
seigneur du Languedoc fut frappé d’une pierre en pleine tête, lancée par un
mangonneau
toulousain.
La mort de Simon de Montfort, par A. DE
NEUVILLE, gravure issue de l'ouvrage Histoire de France, par
Guizot.
La mort de Simon de Montfort
provoqua la panique, même si Amaury VI, le fils du défunt, reprit la
direction des opérations.
Toutefois, le jeune homme,
sur les conseils de son oncle, décida finalement de lever le siège, à la fin
juillet 1218.
c) Amaury VI contre
Raymond VII (1219 à 1223) : suite à l’échec du siège de Toulouse, Amaury
VI s’installa à Carcassonne, alors que de nombreux seigneurs se ralliaient à
Raymond VII.
Le pape Honorius III, qui
avait succédé à Innocent III en juillet 1216, décida de prêcher une nouvelle
croisade contre les Albigeois.
Philippe II, prudent, refusa
une fois encore d’intervenir, mais il envoya son fils Louis dans le Midi.
En juin 1219, Le prince
rejoignit Amaury VI, qui assiégeait Marmande. Suite à la prise de la cité,
les croisés se dirigèrent vers Toulouse, mais ce nouveau siège fut aussi
infructueux que celui de 1218.
Ainsi, les croisés se
retirèrent dès le mois d’août, et Louis rentra à Paris.
Amaury VI, quant à lui,
décida d’assiéger Castelnaudary, en juillet 1220. Cependant, il ne parvint
pas à s’emparer de la cité, et fut contraint de lever le siège en février
1221.
L’année suivante, en août
1222, Raymond VII succéda officiellement à son père, décédé à Toulouse, et
dont l’excommunication n’avait pas été levée.
Le fils du défunt, soucieux
d’être reconnu par Philippe II, se rapprocha donc d’Honorius III ; à la même
date, le comte de Foix reprenait Fanjeaux, Limoux et Mirepoix, cités donc
Simon V s’était emparé près d’une décennie auparavant.
En fin d’année 1223, les
domaines d’Amaury VI s’étaient réduits à Carcassonne et Minerve. Assiégé par
Raymond VII et le comte de Foix, le seigneur du Languedoc demanda à entamer
des pourparlers, signant une trêve avec ses rivaux en janvier 1224.
Par la
suite, Amaury VI partit pour l’île de France, afin d’obtenir une audience
auprès du roi des Francs.
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