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Mythologie
 
 

 

 

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Les Capétiens


CHAPITRE QUATRIÈME : Philippe II Auguste et Louis VIII (1180 à 1226)

 

VIII : Louis VIII (1223 à 1226)

 

            Le court règne de Louis VIII, surnommé le Lion (ou le Lion pacifique), fut signalé par deux brillantes campagnes : l’une contre les Anglais en Guyenne, l’autre contre Raymond VII de Toulouse.

 

            1° Conquête de la Guyenne (1224) – Nous avons vu plus que Louis VIII avait été appelé en Angleterre par les seigneurs révoltés contre Jean sans Terre.

 

a) L’origine de la querelle, l’expédition de Louis VIII en Angleterre (1216 à 1217) : si le fils de Philippe II fut bien accueilli en 1216, lors de son arrivée à Londres, la situation évolua rapidement, suite à la mort du roi d’Angleterre. Ce dernier laissait un fils, Henri III, que les insurgés reconnurent rapidement.

 

Louis VIII, refusant de céder, fut vaincu par deux fois, l’une sur terre sous les murs de la forteresse de Lincoln, l’une sur mer lors de la bataille des cinq-îles.

 

Le prince, contraint de négocia, accepta finalement de signer le traité de Lambeth, en septembre 1217.

Ce dernier abandonnait la couronne d’Angleterre, mais en contrepartie recevait la somme de 10 000 marcs d’argent. En outre, le texte prévoyait l’amnistie pour les seigneurs s’étant révoltés contre Jean sans Terre.

 

b) La conquête de la Guyenne (1224) : une fois monté sur le trône, Louis VIII décida de s’attaquer aux possessions anglaises sur le continent, le roi de France prétextant qu’Henri III n’avait pas respecté les clauses du traité de Lambeth.  

 

Au printemps 1224, profitant de l’inexpérience de son vassal[1], Louis VIII marcha en direction de l’Aquitaine. A cette occasion, de nombreuses villes ouvrirent leurs portes à l’armée royale (Niort, la Rochelle, Thouars, Limoges, Périgueux, etc.).

Le roi de France, recevant la soumission des seigneurs d’Aquitaine, s’avança alors vers Bordeaux.

 

Toutefois, la ville étant bien défendue, Louis VIII décida de rentrer à Paris en septembre 1224. Henri III ne conservait plus sur le continent qu’un petit territoire situé au sud de la Garonne, à savoir Bordeaux et la Gascogne.

Le roi des France, avant de quitter l’Aquitaine, prit soin de confirmer les privilèges de nombreuses communes afin de recevoir leur soumission.

 

            2° Conquête du Languedoc (1226) – La croisade contre les Albigeois, organisée en 1209, avait passablement troublé le paysage politique de la région.

 

a) Petite histoire de la guerre du Languedoc (1209 à 1223) : Raymond VI, comte de Toulouse, accusé de protéger les cathares, avait été excommunié par l’Eglise et dépossédé de ses Etats. Ces derniers, en 1215, avaient été cédés à Simon V de Montfort, un des chefs de la croisade.

 

Toutefois, le pape Innocent III avait décidé de laisser le comté de Provence à Raymond VII, fils du comte de Toulouse.

Le jeune homme, en l’espace de quelques années, avait réussi à regagner le territoire perdu, prenant Toulouse en 1217. Simon de Montfort, soucieux de récupérer sa capitale, trouva la mort lors du siège de la ville, pendant l’été 1218.

 

Son fils, Amaury VI, ne fut pas en mesure de défendre ses Etats, qui fondirent comme peau de chagrin sous les attaques de Raymond VII.

En fin d’année 1223,  Amaury VI ne détenait plus que Carcassonne, qui fut assiégée à cette date par son rival. Contraint de signer une trêve en janvier 1224, le fils de Simon de Montfort quitta le Midi quelques jours après, souhaitant réclamer de l’aide auprès du roi de France[2]

 

b) La conquête du Languedoc (1226) : arrivé à Paris, Amaury VI obtint une audience auprès de Louis VIII, en février 1224. Ce dernier, refusant d’intervenir, proposa à son vassal de lui céder ses droits sur le Languedoc. Amaury accepta la proposition du roi, réclamant en échange que la seigneurie de Montfort soit érigée en comté.

 

Alors que la victoire de Raymond VII avait poussé le pape Honorius III à entamer des négociations de paix, la cession des droits d’Amaury VI au roi de France bouleversait la donne.

En novembre 1225, un concile fut réuni à Bourges, afin de régler l’affaire du Languedoc.

Raymond VII, qui souhaitait se placer dans les bonnes grâces de l’Eglise, plaida sa cause devant les évêques ; les émissaires du roi de France, quant à eux, rappelèrent que l’hérésie infestait toujours le Languedoc.

Au final, les prélats déclarèrent qu’une nouvelle croisade contre les Cathares était indispensable, conformément aux décisions prises lors du concile de Latran. En janvier 1226, Louis VIII fut invité à prendre les rênes de l’expédition ; à la même date, Raymond VII était excommunié.

 

Lors des fêtes de Pâques de l’an 1226, des milliers de chevaliers rejoignirent Bourges, où se trouvait l’armée royale[3].

Arrivant à Lyon à la fin du mois de mai, Louis VIII descendit la vallée du Rhône, recevant la soumission de plusieurs villes et seigneurs de la région.

 

Début juin, le roi de France se trouvait devant Avignon, qui refusait d’ouvrir ses portes.

La ville, considérée comme la clef du Languedoc, fut alors assiégée. Louis VIII lança plusieurs assauts infructueux contre la cité, qui se rendit finalement au mois de septembre, ayant épuisé ses vivres.

Le siège d'Avignon, par Jean Fouquet, enluminure issue de l'ouvrage Grandes chroniques de France, Paris, France, XV°siècle (au centre et à droite, l'on peut apercevoir la mort de Louis VIII et le sacre de Louis IX.).

 

L’expédition, qui avait très mal commencé, se transforma par la suite en une promenade de santé. Ainsi, le roi de France s’empara des anciennes possessions de Simon de Montfort (Béziers, Carcassonne et Albi), recevant la soumission de Bernard V, comte de Comminges, un des principaux alliés de Raymond VII.

 

Ce dernier, acculé, fut alors contraint de s’enfermer dans Toulouse.

Le roi de France décida d’assiéger la ville, mais les croisés furent décimés par la dysenterie. L’hiver approchant, Louis VIII, malade, décida de rentrer à Paris, après avoir réorganisé le pays conquis (il nomma gouverneur du Languedoc Humbert V[4], seigneur de Beaujeu[5]).

 

c) La mort de Louis VIII (8 novembre 1226) : passant par l’Auvergne, Louis VIII fut frappé d’une fièvre violente.

Souffrant de la dysenterie, le roi de France mourut à Montpensier le 8 novembre 1226. Ses restes, ramenés à Paris, furent inhumés à Saint Denis, la nécropole royale.

 

Le défunt, avait eu douze enfants avec Blanche de Castille, dont plusieurs étaient décédés. En 1226, l’on retrouvait Louis IX, Robert, Jean, Alphonse, Philippe Dagobert, Etienne et Charles[6].

A noter qu’il s’agissait de la première fois depuis des siècles qu’un roi de France laissait autant d’héritiers mâles à sa mort.

 

Louis IX étant trop jeune pour régner (il était né en 1214), une régence fut mise en place par sa mère.

 

            3° De la mort de Louis VIII au traité de Paris (1226 à 1229) – A la mort de Louis VIII, Raymond VII et Roger Bernard II, comte de Foix, tentèrent de reconquérir le terrain perdu.

 

a) Raymond VII contre Humbert V, l’équilibre des forces : Humbert V, bien que moins puissant que ses rivaux, était toutefois investi de l’autorité royale. Ainsi, ce dernier assiégea Labécède en 1227, dont il s’empara, faisant brûler les cathares qui y étaient réfugiés.

L’année suivante, Humbert V assiégea Toulouse. Toutefois, la cité étant trop bien défendue, il ravagea la campagne environnante avant de sonner la retraite.

 

Grégoire IX, qui avait succédé à Honorius III en 1227, décida de se rapprocher de Blanche de Castille afin d’établir des pourparlers (le pape souhaitait se concentrer sur sa lutte contre Frédéric II, Empereur germanique[7].

 

b) La conférence de Meaux : c’est ainsi que fut organisée une conférence à Meaux, en mars 1229, à laquelle participa la reine, le jeune Louis IX, Raymond VII, le clergé du Midi, ainsi que plusieurs seigneurs possessionnés par Simon de Montfort.

 

Raymond VII, faisant pénitence à Notre-Dame de Paris et prêtant allégeance à Louis IX, fut reconnu comte de Toulouse, et son excommunication fut levée. Toutefois, il fut soumis en échange à de strictes exigences.

Ainsi, ce dernier devait céder les vicomtés de Béziers, Carcassonne et Albi au roi de France (c'est-à-dire toute la partie du Languedoc qui s’étendait du Rhône à Narbonne) ; le comtat Venaissin étant cédé à l’Eglise[8].

Par ailleurs, Raymond VII devait marier sa fille unique à Alphonse, frère cadet de Louis IX, qui récupérerait le comté de Toulouse à la mort de son beau-père.

Enfin, Raymond VII fut contraint de détruire les fortifications de plusieurs villes et châteaux ; fonder une université à Toulouse ; et lutter contre les hérétiques.

 

La signature du traité de Paris mettait fin à un conflit qui perdurait depuis près de vingt ans.

Le texte était particulièrement favorable à la couronne, qui récupérait la moitié est du Languedoc, s’assurant d’en obtenir la totalité à la mort de Raymond VII.

Du côté de l’Eglise, Grégoire IX continua la lutte contre les cathares, instaurant, en 1231, un tribunal chargé de rechercher et de punir les hérétiques. Ce tribunal, nommé inquisition, fut confié aux dominicains.

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[1] Rappelons qu’Henri III était né en 1207.

[2] Pour en savoir plus sur le conflit languedocien, cliquez ici.

[3] 50 000 participants selon les chiffres de l’époque, vraisemblablement exagéré.

[4] Ce dernier était le cousin germain de Louis VIII, sa mère Sybille étant la sœur cadette d’Isabelle de Hainaut, mère du roi de France.

[5] La seigneurie de Beaujeu se situait au nord de Lyon.

[6] A noter que plusieurs enfants de Louis VIII ne vécurent pas jusqu’à la majorité de Louis IX, en 1235 : Jean (mort en 1232), Philippe Dagobert (1232), et Etienne (1227).

[7] Ce dernier fut excommunié en septembre 1227 pour être rentré Italie quelques jours après avoir posé le pied en Terre Sainte. Pour en savoir plus sur le conflit opposant Frédéric II à l’Eglise, cliquez ici.

[8] Le comtat Venaissin resta possession de l’Eglise jusqu’en 1791, date à laquelle il fut annexé par la France révolutionnaire. Voir à ce sujet le a), 2, section III, chapitre troisième, la Révolution française.

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