Le court
règne de Louis VIII, surnommé le Lion (ou le Lion pacifique),
fut signalé par deux brillantes campagnes : l’une contre les Anglais en
Guyenne, l’autre contre Raymond VII de Toulouse.
1° Conquête
de la Guyenne (1224) – Nous avons vu plus que Louis VIII avait été
appelé en Angleterre par les seigneurs révoltés contre Jean sans Terre.
a) L’origine de la
querelle, l’expédition de Louis VIII en Angleterre (1216 à 1217) : si le
fils de Philippe II fut bien accueilli en 1216, lors de son arrivée à
Londres, la situation évolua rapidement, suite à la mort du roi
d’Angleterre. Ce dernier laissait un fils, Henri III, que les insurgés
reconnurent rapidement.
Louis VIII, refusant de
céder, fut vaincu par deux fois, l’une sur terre sous les murs de la
forteresse de Lincoln, l’une sur mer lors de la bataille des cinq-îles.
Le prince, contraint de
négocia, accepta finalement de signer le traité de Lambeth, en septembre
1217.
Ce dernier abandonnait la
couronne d’Angleterre, mais en contrepartie recevait la somme de 10 000
marcs d’argent. En outre, le texte prévoyait l’amnistie pour les seigneurs
s’étant révoltés contre Jean sans Terre.
b) La conquête de la
Guyenne (1224) : une fois monté sur le trône, Louis VIII décida de
s’attaquer aux possessions anglaises sur le continent, le roi de France
prétextant qu’Henri III n’avait pas respecté les clauses du traité de
Lambeth.
Au printemps 1224, profitant
de l’inexpérience de son vassal,
Louis VIII marcha en direction de l’Aquitaine. A cette occasion, de
nombreuses villes ouvrirent leurs portes à l’armée royale (Niort, la
Rochelle, Thouars, Limoges, Périgueux, etc.).
Le roi de France, recevant
la soumission des seigneurs d’Aquitaine, s’avança alors vers Bordeaux.
Toutefois, la ville étant
bien défendue, Louis VIII décida de rentrer à Paris en septembre 1224. Henri
III ne conservait plus sur le continent qu’un petit territoire situé au sud
de la Garonne, à savoir Bordeaux et la Gascogne.
Le roi des France, avant de
quitter l’Aquitaine, prit soin de confirmer les privilèges de nombreuses
communes afin de recevoir leur soumission.
2° Conquête
du Languedoc (1226) – La croisade contre les Albigeois, organisée en
1209, avait passablement troublé le paysage politique de la région.
a) Petite histoire de la
guerre du Languedoc (1209 à 1223) : Raymond VI, comte de Toulouse,
accusé de protéger les cathares, avait été excommunié par l’Eglise et
dépossédé de ses Etats. Ces derniers, en 1215, avaient été cédés à Simon V
de Montfort, un des chefs de la croisade.
Toutefois, le pape Innocent
III avait décidé de laisser le comté de Provence à Raymond VII, fils du
comte de Toulouse.
Le jeune homme, en l’espace
de quelques années, avait réussi à regagner le territoire perdu, prenant
Toulouse en 1217. Simon de Montfort, soucieux de récupérer sa capitale,
trouva la mort lors du siège de la ville, pendant l’été 1218.
Son fils, Amaury VI, ne fut
pas en mesure de défendre ses Etats, qui fondirent comme peau de chagrin
sous les attaques de Raymond VII.
En fin d’année 1223, Amaury
VI ne détenait plus que Carcassonne, qui fut assiégée à cette date par son
rival. Contraint de signer une trêve en janvier 1224, le fils de Simon de
Montfort quitta le Midi quelques jours après, souhaitant réclamer de l’aide
auprès du roi de France.
b) La conquête du
Languedoc (1226) : arrivé à Paris, Amaury VI obtint une audience auprès
de Louis VIII, en février 1224. Ce dernier, refusant d’intervenir, proposa à
son vassal de lui céder ses droits sur le Languedoc. Amaury accepta la
proposition du roi, réclamant en échange que la seigneurie de Montfort soit
érigée en comté.
Alors que la victoire de
Raymond VII avait poussé le pape Honorius III à entamer des négociations de
paix, la cession des droits d’Amaury VI au roi de France bouleversait la
donne.
En novembre 1225, un concile
fut réuni à Bourges, afin de régler l’affaire du Languedoc.
Raymond VII, qui souhaitait
se placer dans les bonnes grâces de l’Eglise, plaida sa cause devant les
évêques ; les émissaires du roi de France, quant à eux, rappelèrent que
l’hérésie infestait toujours le Languedoc.
Au final, les prélats
déclarèrent qu’une nouvelle croisade contre les Cathares était
indispensable, conformément aux décisions prises lors du concile de Latran.
En janvier 1226, Louis VIII fut invité à prendre les rênes de l’expédition ;
à la même date, Raymond VII était excommunié.
Lors des fêtes de Pâques de
l’an 1226, des milliers de chevaliers rejoignirent Bourges, où se trouvait
l’armée royale.
Arrivant à Lyon à la fin du
mois de mai, Louis VIII descendit la vallée du Rhône, recevant la soumission
de plusieurs villes et seigneurs de la région.
Début juin, le roi de France
se trouvait devant Avignon, qui refusait d’ouvrir ses portes.
La ville, considérée comme
la clef du Languedoc, fut alors assiégée. Louis VIII lança plusieurs assauts
infructueux contre la cité, qui se rendit finalement au mois de septembre,
ayant épuisé ses vivres.
Le siège d'Avignon, par Jean Fouquet, enluminure issue de l'ouvrage
Grandes chroniques de France,
Paris, France, XV°siècle (au centre et à droite, l'on peut apercevoir la
mort de Louis VIII et le sacre de Louis IX.).
L’expédition, qui avait très
mal commencé, se transforma par la suite en une promenade de santé. Ainsi,
le roi de France s’empara des anciennes possessions de Simon de Montfort
(Béziers, Carcassonne et Albi), recevant la soumission de Bernard V,
comte de Comminges, un des principaux alliés de Raymond VII.
Ce dernier, acculé, fut
alors contraint de s’enfermer dans Toulouse.
Le roi de France décida
d’assiéger la ville, mais les croisés furent décimés par la dysenterie.
L’hiver approchant, Louis VIII, malade, décida de rentrer à Paris, après
avoir réorganisé le pays conquis (il nomma gouverneur du Languedoc
Humbert V,
seigneur de Beaujeu).
c) La mort de Louis VIII
(8 novembre 1226) : passant par l’Auvergne, Louis VIII fut frappé d’une
fièvre violente.
Souffrant de la dysenterie,
le roi de France mourut à Montpensier le 8 novembre 1226. Ses restes,
ramenés à Paris, furent inhumés à Saint Denis, la nécropole royale.
Le défunt, avait eu douze
enfants avec Blanche de Castille, dont plusieurs étaient décédés. En 1226,
l’on retrouvait Louis IX, Robert, Jean, Alphonse,
Philippe Dagobert, Etienne et Charles.
A noter qu’il s’agissait de
la première fois depuis des siècles qu’un roi de France laissait autant
d’héritiers mâles à sa mort.
Louis IX étant trop jeune
pour régner (il était né en 1214), une régence fut mise en place par sa
mère.
3° De la mort
de Louis VIII au traité de Paris (1226 à 1229) – A la mort de Louis
VIII, Raymond VII et Roger Bernard II, comte de Foix, tentèrent de
reconquérir le terrain perdu.
a) Raymond VII contre
Humbert V, l’équilibre des forces : Humbert V, bien que moins puissant
que ses rivaux, était toutefois investi de l’autorité royale. Ainsi, ce
dernier assiégea Labécède en 1227, dont il s’empara, faisant brûler les
cathares qui y étaient réfugiés.
L’année suivante, Humbert V
assiégea Toulouse. Toutefois, la cité étant trop bien défendue, il ravagea
la campagne environnante avant de sonner la retraite.
Grégoire IX, qui
avait succédé à Honorius III en 1227, décida de se rapprocher de Blanche de
Castille afin d’établir des pourparlers (le pape souhaitait se concentrer
sur sa lutte contre Frédéric II, Empereur germanique.
b) La conférence de
Meaux : c’est ainsi que fut organisée une conférence à Meaux, en mars
1229, à laquelle participa la reine, le jeune Louis IX, Raymond VII, le
clergé du Midi, ainsi que plusieurs seigneurs possessionnés par Simon de
Montfort.
Raymond VII, faisant
pénitence à Notre-Dame de Paris et prêtant allégeance à Louis IX, fut
reconnu comte de Toulouse, et son excommunication fut levée. Toutefois, il
fut soumis en échange à de strictes exigences.
Ainsi, ce dernier devait
céder les vicomtés de Béziers, Carcassonne et Albi au roi de France
(c'est-à-dire toute la partie du Languedoc qui s’étendait du Rhône à
Narbonne) ; le comtat Venaissin étant cédé à l’Eglise.
Par ailleurs, Raymond VII
devait marier sa fille unique à Alphonse, frère cadet de Louis IX,
qui récupérerait le comté de Toulouse à la mort de son beau-père.
Enfin, Raymond VII fut
contraint de détruire les fortifications de plusieurs villes et châteaux ;
fonder une université à Toulouse ; et lutter contre les hérétiques.
La signature du traité de
Paris mettait fin à un conflit qui perdurait depuis près de vingt ans.
Le texte était
particulièrement favorable à la couronne, qui récupérait la moitié est du
Languedoc, s’assurant d’en obtenir la totalité à la mort de Raymond VII.
Du côté de l’Eglise,
Grégoire IX continua la lutte contre les cathares, instaurant, en 1231, un
tribunal chargé de rechercher et de punir les hérétiques. Ce tribunal, nommé
inquisition, fut confié aux dominicains.
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