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Les croisades (1095 - 1270) et la colonisation franque en Orient


CHAPITRE DEUXIÈME : La colonisation franque en Orient


VII : Les ordres religieux militaires dans l’Orient latin

            

            1° L’ordre des Hospitaliers – Le nom de ces moines évoquait les hospices, destinés à l’accueil des pèlerins (Jérusalem  n’a aujourd’hui pas gardé de traces de ces bâtiments, à cause des démolitions qu’ordonna le calife al Hâkim au début du XI° siècle.).

Plus tard au cours de ce siècle, des marchands de la ville d’Amalfi, qui étaient en relation avec les orientaux, édifièrent un hospice, qui regroupa une hôtellerie, un hôpital et une église. Le tout fut confié à des bénédictins, mais resta sous la surveillance d’un seigneur laïque, Gérard, originaire du Midi.  

Au lendemain de la première croisade, un groupe de chevaliers renoncèrent à la dimension militaire de leur engagement, mais non à celui de protection des faibles. Ils devinrent alors les responsables de l’Hôpital. Ces derniers reçurent aussi de Godefroi de Bouillon le village de Salsala, afin que ces derniers puissent assurer leurs revenus.

 

Les hospitaliers suivaient la règle de Saint Benoît, et étaient donc apparentés aux bénédictins. Ils faisaient vœu de pauvreté, de chasteté et d’obéissance (ils ne formèrent un ordre militaire qu’après, 1120, sous le règne de leur second grand maître, Raymond du Puy.).

Les hospitaliers jouèrent un rôle politique et militaire, leurs vœux monastiques étant assouplis à cause des obligations militaires. Cependant, la préoccupation caritative subsista, bien que la défense des États latins fut leur mission première.

 

Les hospitaliers, au début du XII° siècle, durent faire face à un afflux massif de pèlerins, et leur bonne réputation entraîna la multiplication des dons et des legs en faveur de leur ordre (recevant des domaines en Italie du sud, dans le Midi de la France, en Espagne, etc.). En 1140, le roi d’Aragon leur légua un tiers de son royaume. En Terre Sainte, les hospitaliers reçurent, en 1136, le château de Beit Jibrôn, en 1142, le comte de Tripoli leur confièrent le Krak des Chevaliers, au nord est du comté[1]. Ils reçurent aussi en 1157 le château de Baniyas, au nord-est de Damas (ces forteresses étaient réparties sur les principales routes du royaume.).

L’Ordre des hospitaliers, tout comme celui des templiers, constitua une véritable armée dans cet Orient sous domination franque. Il était interdit à ces moines soldats de quitter le champ de bataille, sous peine de se faire exclure de l’Ordre. Se battant jusqu’à la mort, ils ne se laissaient généralement pas faire prisonniers par les musulmans.

Les hospitaliers furent utiles aux États croisés, lorsque ceux-ci étaient gouvernés par des rois puissants. Cependant, au XIII° siècle, le pouvoir royal décrut, et dès lors, l’Ordre ne fut plus un allié pour les États latins, mais au contraire un obstacle. Les hospitaliers affaiblirent les principautés franques, à cause de leur politique personnelle et des rivalités qu’ils entretenaient avec les templiers.

A la chute des États croisés, nous assistâmes à un phénomène de repli, au cours duquel les hospitaliers se replièrent sur Rhodes[2].

L’Ordre des hospitaliers fut cependant toujours marqué par ses origines, contrairement à l’Ordre des templiers.

 

            2° L’Ordre des Templiers – Les Templiers furent toujours animés d’une vocation guerrière (sanctifiée par l’Eglise.), leurs cadres étant fournis par la noblesse.

A l’origine, huit chevaliers, en 1119, décidèrent de fournir une escorte armée aux pèlerins, sur le triangle Jérusalem – Jaffa – Ramala. Ces chevaliers se mirent au service de Baudouin II, roi de Jérusalem et d’Edesse. A l’origine, ils prirent le d’Ordre des pauves chevaliers du Christ et du temple de Salomon (en effet, ils étaient logés sur l’esplanade du temple, occupant la mosquée el Aqsa.).

Leur statut fut confirmé en 1128, lors du concile de Troyes, par Saint Bernard de Clervaux, abbé de Cîteaux, qui avait prêché en faveur de la II° croisade (les templiers n’étaient plus concerné par l’interdiction qui était faite aux clercs de verser le sang.).

A cette époque, l’ordre des templiers conciliait ainsi l’idéal monastique à l’idéal chevaleresque.    

 

Templier poursuivant un Sarasin, copie d'une peinture de la chapelle des Templiers à Cressac, XII° siècle, Cité de l'architecture, Paris. 

 

             A la tête de l’ordre, l’on trouvait un grand maître, accompagné de treize dignitaires. Les templiers n’étaient pas soumis aux autorités ecclésiastiques locales, mais au grand maître et au pape (par exemple, ils ne se confessaient qu’entre eux.). Les simples templiers étaient vêtus d’un manteau blanc à croix rouge, et étaient divisés en trois catégories : chevalier, sergent, prêtre.

Leur réputation fut croissante dans le monde chrétien, et le pape même les soutint (confirmant leur statut.). Les templiers, tout comme les hospitaliers, reçurent de nombreux dons et legs, de la part des rois, seigneurs et ecclésiastiques. En Terre Sainte, ils reçurent de nombreuses forteresses, réparties sur les principales routes du royaume (par exemple, ils acquirent la place forte de Gaza, en 1150.).Leur patrimoine foncier était extrêmement important, et rapportait donc beaucoup d’argent ; c’est pour cette raison que les templiers devinrent aussi des banquiers, tenant un rôle important dans les activités financières d’Europe (ce qui était contraire à la vocation religieuse et militaire de l’ordre.).

D’un point de vue militaire, les templiers divisaient leurs zones d’influence en commanderies, chacune d’entre elles étant sous l’autorité d’un commandeur des terres. L’Ordre était composé de 300 chevaliers, et était assisté d’un contingent de Turcoples (il s’agissait de cavaliers légers, d’anciens musulmans convertis au christianisme.). Au XIII° siècle, les rangs des Turcoples s’ouvrirent aussi aux chrétiens orientaux, Syriaques pour la plupart (tous étaient sous l’autorité du grand turcoplier.).

Les templiers constituèrent une véritable armée dans cet Orient sous domination franque. Il leur était interdit de quitter le champ de bataille, sans quoi ils étaient exclus de l’Ordre. Ces moines soldats se battaient jusqu’à la mort, et ne se faisaient généralement pas capturer par leurs ennemis.

Les templiers furent une force difficile à contrôler pour les souverains des principautés franques, car ils n’étaient pas soumis à l’autorité royale. Par exemple, ces derniers engagèrent plusieurs fois les hostilités contre les musulmans, sans avoir l’aval des souverains des Etats francs. Pire, au XIII° siècle, l’Ordre décida de soutenir les barons contre le nouveau roi de Jérusalem, Frédéric II.

Tête d'un Templier, XIII° siècle, Deutsches historisches museum, Berlin.

 

L’Ordre des templiers fut utile aux Etats croisés, alors qu’ils étaient gouvernés par des souverains puissants. Mais, lorsque ce pouvoir royal décrut, au XIII° siècle, l’Ordre ne fut plus un allié, mais au contraire un obstacle. Les templiers affaiblirent les principautés franques, à cause de leur politique personnelle et des rivalités qu’ils entretenaient avec les hospitaliers.

L’Ordre des templiers, trop indépendant et trop riche, fut alors contesté et accusé. Au XIV° siècle, le roi de France Philippe IV le Bel décida donc d’y mettre fin. Le grand maître, Jacques de Molay, ainsi que de nombreux dignitaires, furent condamnés à périr sur le bûcher. Leurs biens furent en partie transmis aux hospitaliers.

 

3° Autres ordres militaires – Les templiers et les hospitaliers ne furent pas les seuls ordres religieux et militaires en Terre Sainte, comme nous allons le voir à présent.

 

a) Ordre des chevaliers teutoniques : cet ordre, fondé par l’Empereur Frédéric I° Barberousse suite à la première croisade, était à l’origine constitué d’un groupe de chevaliers germanophones (constitué plusieurs décennies auparavant.). Mais les chevaliers teutoniques étaient cependant soumis à l’Ordre des hospitaliers.

Les chevaliers teutoniques affirmèrent leur dévouement aux pèlerins germaniques et à la défense de la Terre Sainte. Leur point de ralliement était l’église Sainte Marie, fondée par un pèlerin allemand.

 

b) Les ordres français secondaires : nous pouvons citer ici deux ordres français de moindre importance. Le premier, l’Ordre des chevaliers lépreux de Saint Lazare, crée au XII° siècle, dont le rôle put s’affirmer sous le règne du roi lépreux Baudouin IV (1174 – 1185.) ; le second, l’Ordre de Montjoie, installé à Lydia (sur les hauteurs de Jérusalem.). 

 

c) Les ordres étrangers : nous pouvons prendre ici l’exemple d’un ordre d’origine anglaise, l’Ordre de Saint Thomas de Canterburry[3] ; ou de l’ordre génois nommé Ordre de Saint Laurent. Ces ordre apparurent plus tard, et n’eurent que peu d’influence.

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[1] Pour plus de renseignements sur le comté de Tripoli, voir le 3, section III, chapitre deuxième, les croisades et la colonisation franque en Orient.

[2] En arrivant à Rhodes, les hospitaliers prirent le nom de chevaliers de Rhodes. Comme l’île fut prise en 1522 par les musulmans, les chevaliers se réfugièrent alors à Malte, devenant les chevaliers de Malte. Mais ils y furent délogés par Napoléon en 1798. Aujourd’hui, l’Ordre de Malte est voué aux activités caritatives.

[3] Pour plus de renseignements sur Saint Thomas Becket, archevêque de Canterburry, voir le 1, section II, chapitre premier, l’Angleterre sous les Plantagenêts.

  

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