CHAPITRE
PREMIER : La
thèse officielle, Alésia se situe à Alise Sainte Reine
I : Bref rappel de la
tradition
Cette tradition provient de constatations qui ont paru évidentes et qui pour
beaucoup le sont encore. Lorsque dans les années 1860 Napoléon III à la
recherche de symboles nationaux décide de placer officiellement Alésia à
Alise-Sainte-Reine, il s’appuie d’abord sur un argument de bon sens, la
ressemblance des noms Alise et Alésia. Il ne fait procéder à aucune analyse
critique des textes disponibles. Il connaît peut-être le poème du moine Eric
d’Auxerre qui évoque pour la première fois cette apparente concordance. Il
fait aussitôt procéder à des fouilles et croit y trouver immédiatement
toutes les confirmations qu’il espère. Les nombreuses critiques de l’époque
ne sont pas prises en compte et la localisation d’Alésia à
Alise-Sainte-Reine est dès lors officialisée.
Les trouvailles sont en effet nombreuses, variées, parfois riches : très
nombreuses armes, monnaies de toutes les tribus gauloises, canthare
d’argent ; on parla même, à tort, d’un statère d’or dit de Vercingétorix. Ce
n’est pas tout : des retranchements nombreux se révèlent et couvrent des
surfaces importantes au point que leur interprétation en devient (et reste)
incertaine. Mais enfin des faits sont là : armes et monnaies authentifient
les combattants ; il y a bien eu un siège, des Romains et des Gaulois, donc
Alise-Sainte-Reine est Alésia. L’autorité bonapartiste imposa ces certitudes
et l’Université les entérina sans plus d’examen.
Ce bref résumé suffit à montrer comment est née la tradition. De nombreux
rapports et livres disponibles en reprennent régulièrement les éléments avec
toute la force que donnent la tradition, le poids des institutions et une
présentation systématiquement répétée dans toutes les instances et à tous
les niveaux nationaux. Cette tradition est devenue un dogme et ce dogme est
utilisé pour éliminer sans discussion toute tentative de remise en cause. La
lettre présentée ci-dessous en est une parfaite illustration.