Le Régiment partit épauler l’armée
française dans les Etats du nord début 1865. La guerre avait changé, à cette
époque. Le Nord avait battu le Sud lors de la guerre de sécession, et
Washington aidait les guérilleros mexicains en leur fournissant armes,
matériel, chevaux, etc. Les Français étaient obligés de diviser leurs
troupes pour mieux assurer leur main mise sur ce vaste territoire. Les
rebelles tentaient par contre de se rassembler, et d’attaquer les positions
ennemies les moins bien défendues. En outre, l’Empereur Maximilien n’avait
pas les qualités qu’un homme d’Etat devait posséder, l’Autrichien était
indécis, influençable, ne parvenant pas à se faire aimer de la population.
Le Régiment
connut à cette époque une multitude de « Camerone », le plus tristement
célèbre étant le combat de Santa Isabel. Le commandant de Brian, posté à Parras, à la tête de 200 légionnaires, apprit que guérilleros se tenaient
non loin de là, retranchés dans l’hacienda de Santa Isabel.
« J’ai l’ordre [du
général Jeanningros] de ne pas sortir, déclara il, mais à moins de
me déshonorer je ne puis permettre que l’ennemi vienne m’insulter à trois
lieues de Parras. »
De Brian décida d’attaquer
les guérilleros. En effet, les légionnaires, en progressant de nuit,
bénéficieraient de l’effet de surprise. Les Mexicains, pris de court, se
replieraient, comme à leur habitude. Les légionnaires quittèrent donc Parras
peu après minuit, le 28 février 1866. Arrivés non loin de l’hacienda, les
légionnaires chargèrent les rebelles, qui étaient environ 2 000. Le combat
battait son plein, et les rebelles commençaient à lâcher prise. Une voix
provenant de l’hacienda, très certainement celle d’un déserteur ayant
rejoint les juaristes, cria alors en français : « en retraite ! »
Les légionnaires, surpris,
hésitèrent. Dès lors, la cavalerie rebelle surgit, surprenant les hommes du
Régiment. La cavalerie impériale mexicaine préféra fuir, retournant à Parras.
Les légionnaires tentèrent tant bien que mal de se replier, mais un grand
nombre d’entre eux furent éliminés, dont le commandant de Brian.
Les légionnaires qui étaient
restés à Parras firent eux aussi « Camerone », sous les ordres du lieutenant
Batisdon. Ces derniers tinrent trois jours jusqu’à l’arrivée des renforts
alliés.
Les combats
continuaient, mais les légionnaires, tout comme les français, savaient bien
que la guerre ne pouvait plus être gagnée. En 1866, Napoléon III ne voulait
plus gaspiller ses troupes dans de stériles combats. La Prusse de Bismarck
venait d’écraser les Autrichiens à la bataille de Sadowa, la France devait à présent se
préparer à un conflit à plus ou moins long terme contre le chancelier
Bismarck. Le contingent commença à abandonner peu à peu les villes du nord,
passant par Mexico, Puebla, Chiquihuite, Camerone, La Soledad, et enfin Vera
Cruz. En février 1867, le dernier navire Français quittait les rives du
Mexique…
La guerre du Mexique fit
encore une victime, en juin 1867. L’Empereur Maximilien, qui avait refusé
d’abdiquer, ce réfugia dans Queretaro. Bientôt entouré par les juaristes, il
se rendit, pensant naïvement qu’il aurait le droit d’être conduit à Vera
Cruz, et rembarqué sur le premier navire en partance pour l’Europe. Au
contraire, il fut fait prisonnier, et quelques jours après son arrestation,
il fut condamné à mort & exécuté.

L'exécution de l'Empereur Maximilien et des généraux Méjia et Miramon,
XIX° siècle, musée de l'Armée, Bruxelles