1° Statu quo entre France et Angleterre (1431 à 1434) –
Suite à la mort
de Jeanne d’Arc, les deux belligérants ne parvinrent pas à reprendre
l’avantage l’un sur l’autre.
A cette époque,
le duc de Bedford était dans une situation difficile, car son alliance avec la
Bourgogne battait de l’aile ; toutefois, Charles VII se trouvait au milieu d’une lutte
ouverte entre son favori, Pierre de La Trémoille, et son connétable, Arthur
III.
a) Le sacre
d’Henri VI (décembre 1431), coups de force contre les Anglais (février 1432)
: le duc de Bedford, en décembre 1431, décida alors de faire couronner
roi de France son neveu Henri VI. A noter que le sacre se déroula à Notre
Dame de Paris et non à Reims, contrairement à la coutume.
A noter que le
duc de Bourgogne ne participa pas à la cérémonie (sa sœur Anne,
épouse du duc de Bedford, était décédée en novembre de la même année.).
Peu de temps
après, en février 1432, les seigneurs normands, encouragés par les défaites
anglaises lors de la campagne de la Loire, décidèrent de se révolter.
Cependant, cette révolte spontanée fut rapidement matée par les Anglais.
Par contre,
plusieurs chefs de guerre français (Ambroise de Loré, La Hire et Dunois,
compagnons de Jeanne d’Arc.), parvinrent à tenter quelques coups de force
contre les Anglais dans le Maine et en Ile de France.
b) L’accord de
Rennes (mars 1432) : Bedford, décidant de mettre à son avantage le
conflit opposant La Trémoille et Richemont, décida de se rapprocher de ce
dernier. Disposé à offrir au connétable la Touraine, la Saintonge, le pays
d’Aunis et La Rochelle, Richemont préféra refuser.
C’est ainsi que
La Trémoille, se rendant compte que son différent avec le connétable
pourrait coûter très cher au royaume de France, décida de se rapprocher de
Richemont.
C’est ainsi que
les deux adversaires et Charles VII conclurent ensemble un accord à Rennes,
en mars 1432.
Cependant, bien
que la paix fut signée entre le connétable et La Trémoille, ce dernier
conservait toujours tout ses pouvoirs à la cour. Richemont décida alors de
se retirer dans son château de Parthenay, attendant son heure.
c) Agitation
parisienne (été 1432) : la guerre s’éternisant, et pas à l’avantage des
Anglais, les Parisiens commencèrent eux aussi à montrer des signes
d’agitation, à l’instar des seigneurs normands. En effet, si ces derniers
avaient accepté le traité de Troyes, en mai 1420, c’était en pensant
pourvoir obtenir finalement la paix, après près de 80 ans de guerres
incessantes.
En août 1432, les
troupes de mercenaires engagées par Charles VII ravageaient l’Ile de France,
ce qui était loin de favoriser le commerce dans la capitale.
Dans le courant
de l’été, un petit groupe de partisans du roi tenta d’ouvrir les portes de
la ville aux troupes de Charles VII, mais en furent empêchés par des
Bourguignons.
d) Contre
attaque anglaise et élimination de La Trémoille (printemps 1433) : bien
que de plus en plus contestés suite aux récentes victoires françaises, les
Anglais n’avaient cependant aucune intention d’abandonner la lutte. Au cours
du printemps 1433, le duc de Bedford envoya ses troupes dans le Maine, qui
progressèrent jusqu’à Angers.
A noter que cette
incursion anglaise en Anjou ne déplut pas à Georges de La Trémoille, qui ne
s’interposa pas contre les hommes du duc de Bedford (en effet, le favori du
roi était en froid avec Yolande d’Anjou, belle mère de Charles VII.).
Exaspéré par le
comportement passif de La Trémoille, Richemont, allié aux Angevins, décida
alors d’en finir avec son adversaire dans le courant du mois de juin.
Pour ce faire, le
connétable envoya alors ses hommes au château de Chinon. Surpris dans son
lit, le favori du roi reçut un coup de dague dans le ventre et fut
emprisonné au château de Montrésor.
Souscrivant à
toutes les conditions qu’on lui imposa et payant une lourde rançon, La
Trémoille fut libéré à condition de ne plus reparaître à la cour.
Charles VII
n’intervint pas lors de cette altercation, et le poste de favori échut à
Charles d’Anjou, le frère cadet de
René d’Anjou.
2° Les Français
reprennent l’offensive –
L’élimination de
La Trémoille, mettant fin à la guerre civile, délivra ainsi le royaume de
France d’un conflit stérile et faisant le jeu de l’Angleterre. Le duc de
Bedford se retrouva de ce fait dans une situation délicate.
a) Nouveaux
coups de force contre les Anglais, nouvelle révolte des Normands (fin 1434)
: à partir du mois de septembre 1434, les chefs de guerre français,
Ambroise de Loré, La Hire et Villandro tentèrent plusieurs coups de force
autour de Paris.
C’est ainsi que
Compiègne fut prise, et des partisans de Charles VII tentèrent une nouvelle
fois d’ouvrir les portes de la capitale (des Parisiens fidèles aux
Bourguignons les en empêchèrent une nouvelle fois.).
Le duc de
Bedford, qui avait conservé son titre de régent bien que son neveu ait été
couronné depuis plusieurs mois déjà, décida de lever des subsides afin de
lutter contre les partisans de Charles VII.
En septembre
1434, il décida de réunir les états de Normandie à Rouen, exigeant d’eux
l’octroi forcé d’un subside de 344 000 livres.
Scandalisés par
ces exigences fiscales du régent, les Normands se révoltèrent une fois de
plus. Ces derniers s’attaquèrent violemment aux Anglais au cours de l’hiver
1434.
A noter qu’en mai
1435, les Français, menés par La Hire et Xaintrailles, parvinrent à vaincre
une petite troupe anglaise, suite à la bataille de Gerberoy, en
Picardie.
b) Le traité
d’Arras (septembre 1435) : Charles VII, dopé par ses récents succès,
décida de recruter de nouvelles troupes.
Le duc de
Bourgogne, se rendant compte que les Anglais étaient dans une mauvaise
passe, et poussé par les Parisiens qui lui réclamaient la paix, accepta de
se rapprocher de Charles VII.
En outre, Philippe
le Bon était alors en mauvais termes avec l’Empereur germanique Sigismond de
Hongrie, qui voyait d’un mauvais œil la montée en puissance du Bourguignon
(rappelons qu’en 1428, le duc de Bourgogne s’était emparé de manière quelque
peu frauduleuse des Etats de Jacqueline de Bavière.).
C’est ainsi que
se tint à Arras, en août 1435, une importante conférence de paix, réunissant
de nombreux souverains d’Europe (l’Empereur germanique Sigismond de Hongrie,
une délégation anglaise, le légat du pape, les représentants des rois de
Pologne, Castille, Aragon, etc.).
A l’origine,
cette réunion devait permettre aux Français et aux Anglais de trouver une
issue à la guerre de Cent Ans. Cependant, les deux camps ne tardèrent pas à
se brouiller une fois de plus.
Par contre, les
discussions se poursuivirent entre la France et la Bourgogne, qui aboutirent
à la signature du Traité d’Arras, en septembre de la même année.
Charles VII
reconnut sa culpabilité dans le meurtre de Jean sans Peur, cédant au duc de
Bourgogne le comté de Macon et le comté d’Auxerre, la châtellenie de Bar sur
Seine, Péronne, Montdidier et Roye, ainsi que les villes de la Somme (Saint
Quentin, Corbie, Amiens, Abbeville.). En outre, Philippe le Bon, bien que
restant vassal du roi de France, ne lui devait plus hommage.
En échange, le
duc de Bourgogne s’engageait à abandonner l’alliance avec l’Angleterre.
Suite à la
signature de cet accord, la Bourgogne obtenait une indépendance de fait, que
le successeur de Philippe le Bon tenta de concrétiser plusieurs années plus
tard.
Au même moment,
en septembre 1435, moururent le duc de Bedford, à Rouen ; ainsi qu’Isabeau
de Bavière, dans l’hôtel Saint Pol, à Paris.
La mort d'Isabeau de
Bavière, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.
A noter que le
jeune Henri VI, âgé de 14 lors de la mort de son oncle le duc de Bedford, ne
s’empara pas des rênes du pouvoir. En effet, la régence fut confiée à
Richard
Plantagenêt,
duc d’York.
Le duc de
Bedford, au cours des dernières années de son existence, s’était rendu
compte que l’Angleterre ne pourrait pas continuer un combat contre la France
pendant des décennies, et que la paix était nécessaire. Son successeur,
Richard, était par contre un défenseur de la guerre contre la France.
c) Prise de
Paris (avril 1436) : le traité d’Arras, bien que mal accepté par les
Armagnacs et leurs alliés angevins, fut accueilli avec bienveillance en
Normandie. Le pays, révolté contre l’Angleterre, ranima les espoirs des
populations occupées.
C’est ainsi que
Dieppe fut prise par les Français et que le pays de Caux se révolta contre
les Anglais. En novembre, Etampes tomba, et La Hire s’empara de Saint Denis.
Le siège de Dieppe, par Martial
d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII,
Paris, France, XV°siècle.
Cependant, les
Anglais décidèrent de contre attaquer, engageant une sanglante lutte contre
les insurgés normands au cours de l’hiver 1435.
Cependant, les
Anglais ne parvinrent pas à s’opposer à la reconquête française. En outre,
Henri VI eut à subir un nouveau coup dur en avril 1436, suite à la chute de
Paris entre les mains du connétable Arthur III de Richemont.
La prise de Paris, par Martial
d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII,
Paris, France, XV°siècle.
Les Parisiens,
exaspérés par l’occupation anglaise, décidèrent en effet de lui ouvrir les
portes de la cité. La garnison anglaise se trouvant dans Paris tenta
d’empêcher les troupes françaises de pénétrer dans la cité, en vain. Voyant
les hommes de Richemont pénétrer dans la ville, les Anglais décidèrent alors
de se réfugier à la bastille.
La reprise de Paris sur les Anglais,
par Jean Simon BERTHELEMY, 1787, musée du Louvre, Paris.
Epargnés par
Charles VII, les Anglais et les Parisiens ayant le plus collaboré avec eux
eurent finalement la permission de quitter la ville et de s’embarquer pour
Rouen.
La nouvelle de la
perte de Paris fut un véritable tollé en Angleterre.
Charles VII,
quant à lui, ne retourna pas immédiatement dans la capitale.
Toutefois, il
réactiva la Vieille Alliance au mois de juin 1436, mariant son fils Louis
(le futur Louis XI.) avec Marguerite, fille du roi d’Ecosse
Jacques I°.
d) Coups
de force d’Arthur III de Bretagne (1436 à 1437) : au cours de l’hiver
1436, le connétable de Richemont décida de poursuivre sa lutte contre
l’Angleterre, bien que manquant cruellement de moyens.
Marchant sur la
Picardie, la Champagne et la Lorraine, il s’empara de Nemours et de
Malesherbes à la fin de l’été 1437, garantissant à nouveau les
communications entre Paris et la vallée de la Loire.
En octobre,
Charles VII passa lui-même à l’action, mettant le siège devant Montereau et
s’emparant rapidement de la ville.
La prise de Montereau, par Martial
d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII,
Paris, France, XV°siècle.
Il pénétra alors
peu après dans Paris, en novembre 1437, mais n’y resta pas longtemps par
mesure de sureté, car les Anglais s’étaient emparés de Pontoise en février
1437.
Charles VII rentre dans Paris, par
Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles
VII, Paris, France, XV°siècle.
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