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Mythologie
 
 

 

 

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Les mensonges de l'Histoire


Les trois pyramides d'Egypte

L'antique civilisation égyptienne, tombée dans l'oubli pendant plusieurs siècles, fut peu à peu redécouverte à compter du XIX° siècle, suite à l'expédition d'Egypte de Napoléon Bonaparte[1]. Puis, la découverte en 1923 de la tombe du pharaon Toutankhamon, de la XVIII° dynastie[2] (qui s'accompagna de la célèbre « malédiction du pharaon »), acheva de donner une aura légendaire à cette civilisation disparue.

Les trois pyramides d'Egypte du plateau de Gizeh, érigées par les pharaons Khéops, Khéphren et Mykérinos, conservent quant à elles une grande part de mystère. Ainsi, non seulement les dépouilles de ces trois souverains n'ont jamais été retrouvées ; en outre, les scientifiques ne savent toujours pas par quels moyens furent érigés ces édifices.

Ainsi, lorsque l'on parle des pyramides d'Egypte, l'on pense avant tout à celles qui furent érigées sur le plateau de Gizeh. Mais en existe-t-il d'autres ? La tradition s'est-elle achevée avec Mykérinos, qui fit construire une pyramide plus petite, peut-être dans le but de moins accabler son peuple ? Ou bien existe-t-il des dizaines de pyramides méconnues réparties dans toute l'Egypte ?

Le Sphinx de Gizeh.

 

En réalité, les première pyramides ne datent pas de la IV° dynastie (XXVI° à XXV° siècle avant notre ère), mais bien de la III° dynastie (qui régna sur l'Egypte du XXVII° au XXVI° siècle).

Le premier souverain à faire ériger un tel édifice fut le pharaon Djoser (ce qui signifie « le saint »), fondateur de cette dynastie, s'appuyant sur l'architecte Imhotep[3]. C'est ainsi que fut construite la pyramide de Djoser, sur le plateau de Saqqarah (à noter qu'il s'agit d'une pyramide à degrés, contrairement à celles de la IV° dynastie qui sont à face lisse).

La pyramide de Djoser.

Les successeurs de Djoser, Sekhemkhet, Khaba et Houni, firent eux aussi ériger leurs propres pyramides. Cependant, soit à cause de la mort prématurée de ces souverains ou bien des ravages du temps, ces édifices sont aujourd'hui réduits à l'état de ruines[4]

Au cours de la IV° dynastie, plusieurs pyramides furent érigées avant celles de Khéops, Khéphren et Mykérinos. La première fut la pyramide de Meïdoum, dont la construction avait commencé à l'époque du pharaon Houni, puis s'acheva sous le règne de Snéfrou (ce qui signifie « celui qui rend parfait »), fondateur de la IV° dynastie (cette dernière, de forme inhabituelle, resta inachevée).

La pyramide de Meidoum.

Par la suite, Snéfrou fit ériger deux autres monuments : la pyramide rouge (il s'agit de la première pyramide à face lisse) et la pyramide rhomboïdale, toutes deux situées à Dahchour, au sud de Saqqarah (à noter qu'en raison d'un affaissement survenu lors de l'érection de la pyramide rhomboïdale, Snéfrou aurait mi la pyramide rouge en chantier).

La pyramide rouge (à gauche) et la pyramide rhomboïdale (à droite).

 

Les successeurs de Snéfrou, Khéops (à noter qu'il s'agit de son nom grec, son vrai nom étant Khoufou), Khéphren (Khafrê) et Mykérinos (Menkaouerê), érigèrent à leur tour les célèbres pyramides du plateau de Gizeh.

Les pyramides de Gizeh.

 

Cependant, contrairement à ce que l'on pourrait croire aujourd'hui, la « mode » des pyramides ne s'acheva pas avec la IV° dynastie, continuant encore pendant plusieurs siècles.

Ainsi, au fil des années, les pyramides devinrent plus petites (la pyramide de Khéops reste donc la plus grande, culminant aujourd'hui à 145 mètres, contre 230 autrefois[5]), mais furent décorées avec des matériaux de grande valeur (façades recouvertes de calcaire blanc, piliers de granite, dalles de basalte, murs d'albâtre, etc.), témoignage d'une complexification des méthodes de construction.

Cependant, ces roches de grande valeur entraînèrent rapidement l'attention des pillards, qui saccagèrent ces précieux monuments dès l'Antiquité. Ainsi, alors que les pyramides du plateau de Gizeh étaient de conception sommaire (la roche utilisée pour la construction n'avait pas grande valeur), elles résistèrent mieux aux ravages du temps, contrairement à celles érigées plus tardivement, qui furent dévastées en l'espace de quelques siècles (à noter d'ailleurs que les pharaons de la XII° dynastie n'hésitèrent pas à utiliser des fragments des pyramides de la V° dynastie, afin de se présenter comme les héritiers de l'Ancien Empire[6]).

Ouserkaf (ce qui signifie « son ka est puissant[7] »), fondateur de la V° dynastie, fit ériger une pyramide à Saqqarah, non loin de celle de Djoser (ce dernier, arrivé au pouvoir suite à plusieurs années de troubles, fit cela afin de se présenter comme un héritier de la III° dynastie).

La pyramide d'Ouserkaf.

A noter que les pharaons de la V° dynastie inaugurèrent un nouveau type de bâtiment, le temple solaire, érigé en parallèle de leur pyramide (cela s'explique par le fait qu'Ouserkaf aurait eu des liens familiaux avec le clergé de Râ à Héliopolis).

Les successeurs d'Ouserkaf, Sahourê, Neferirkarê, Niouserrê et Menkaouhor, firent construire chacun un temple solaire et une pyramide (toutes érigées sur le plateau d'Abousir, au nord de Saqqarah, sauf celle de Menkaouhor, qui préféra la faire construire à Saqqarah, près de celles de Djoser et d'Ouserkaf). De ces édifices magistraux, bâtis avec des matériaux précieux, il ne reste aujourd'hui que des ruines.

Djedkarê I°, qui succéda à Menkaouhor, rompit avec la tradition dynastique en ne faisant pas bâtir de temple solaire. Sa pyramide, quant à elle, fut érigée à Saqqarah, auprès de celle de son prédécesseur (à noter que l'on ne connait pas précisément les liens unissant Djedkarê aux précédents pharaons). Fait rarissime, les égyptologues ont retrouvé la momie de ce pharaon dans son sarcophage.

La pyramide de Djedkarê.

Ounas, dernier pharaon de la V° dynastie, fit lui aussi ériger sa pyramide à Saqqarah. A noter que cet édifice est considéré aujourd'hui comme la plus ancienne pyramide à textes connue (en effet, l’on y a retrouvé une chambre funéraire recouverte d’inscriptions à caractère religieux[8]). 

Gaston Maspéro dans la chambre funéraire de la pyramide d'Ounas, gravure issue de l'ouvrage Histoire de l'Egypte, par Gaston MASPERO, France, XIX° siècle.

 

A la mort d'Ounas, le pouvoir échut à son gendre, Téti I°, qui donna naissance à la VI° dynastie.

Ce dernier, reprenant à son compte les traditions héritées de la V° dynastie, fit ériger une pyramide à textes sur le plateau de Saqqarah. Cette dernière fut richement décorée, comme le voulait la tradition. Cependant, ce monument ne résista guère aux ravages du temps (bien que restauré à l'époque de Ramsès II, soit mille années plus tard), et aujourd'hui la pyramide de Téti ressemble plus à une colline de gravats qu'à l'édifice somptueux qu'il était autrefois.

La pyramide de Téti.

Les successeurs de Téti I°, Pépi I°, Merenrê et Pépi II, firent chacun construire leur pyramide sur le plateau de Saqqarah. Cependant, ces derniers furent contraints de faire face à la montée en puissance des nomarques (l'Egypte était alors divisée en nomes), qui profitèrent de l'affaiblissement du pouvoir royal pour obtenir l'hérédité de leurs charges, aboutissant à la création de petites dynasties régionales.

 

C'est ainsi que débuta la première période intermédiaire, période de crise qui dura une centaine d'années (du XXII° au XXI° siècle avant Jésus-Christ), et au cours de laquelle se succédèrent de nombreux pharaons, qui n'eurent pas le temps d'ériger de pyramide.

Le seul souverain à avoir érigé une pyramide pendant cette période fut sans doute le pharaon Kakarê de la VIII° dynastie, qui la construisit sur le plateau de Saqqarah (à noter toutefois que certains égyptologues pensent qu'il ne s'agirait que d'un simple mastaba, qui ne fut jamais achevé en raison de la courte durée de règne de ce souverain).

Finalement, les princes de Thèbes parvinrent à l'emporter sur leurs rivaux du nord, sous le règne de Montouhotep II, de la XI° dynastie. Ce dernier lutta pendant près de trente ans pour imposer sa domination sur toute l'Egypte, parvenant à se faire reconnaître comme unique pharaon vers 2020 avant Jésus-Christ (c'est ainsi que naquit le Moyen Empire).

Ce dernier n'érigea pas une pyramide mais un temple funéraire à Deir el-Bahari, où il fut inhumé à sa mort.

Vestiges du temple funéraire de Montouhotep II, Deir el Bahari.

 

Suite au décès de ce souverain, le trône échut à Montouhotep III, qui eut un règne court, puis à son fils Montouhotep IV, qui fut rapidement déposé (ou tué ?) par Amenemhat I°, fondateur de la XII° dynastie (son nom signifie « Amon est le premier »).

Ce dernier reprit à son compte la politique de Montouhotep II, bien que mettant fin à la prééminence du dieu Montou, remplacé par Amon (Amenemhat étant le fils d'un prêtre du nome d'Eléphantine, où était vénérée cette divinité).

Amenemhat I°, soucieux de se présenter comme l'héritier de l'Ancien Empire, fit ériger une pyramide de briques à Licht. Par ailleurs, ce dernier fit incorporer à cet édifice des blocs provenant des pyramides de Khéops, Khéphren (IV° dynastie), Ounas (V° dynastie), et Pépi II (VI° dynastie).

Pyramide d'Amenemhat I°.

Les successeurs d'Amenemhat I° érigèrent à leur tour plusieurs pyramides, mais à des emplacements différents : celle de Sésostris I° fut bâtie à Licht, comme son prédécesseur ; celle d'Amenemhat II à Dahchour (comme celles de la III° dynastie) ; celle de Sésostris II à El-Lahoun, dans la région du Fayoum ; celle de Sésostris III à Dahchour.

Amenemhat III, quant à lui, fit construire deux pyramides, l'une à Dahchour (surnommée la pyramide noire car, ruinée, seul subsiste le cœur composé de briques qui a servi de base à l’édifice), l'autre à Hawara, dans la région du Fayoum (c'est dans cette dernière qu'Amenemhat III fut inhumé à sa mort, vers 1797 avant notre ère).

Pyramide d'Amenemhat III à Dahchour (à gauche) et à Hawara (à droite).

 

A la mort de ce souverain, l'Egypte connut une nouvelle période de crise, le pouvoir royal étant de plus en plus contesté par les fonctionnaires royaux. C'est ainsi que débuta la seconde période intermédiaire, au XVIII° siècle avant Jésus-Christ. Par ailleurs, l’invasion des Hyksos, un peuple originaire du Moyen-Orient, ne fit qu'ajouter un peu plus à la confusion ambiante[9].

Néanmoins, si les premiers souverains de la XIII° dynastie se succédèrent à un rythme rapide, quelques-uns eurent suffisamment de temps pour faire ériger leur pyramide (l'on peut citer les pharaons Kemaou et Khendjer, dont les édifices, à l'origine de taille modeste, sont aujourd'hui en ruines).

 

Cette longue période de troubles, qui dura près de trois siècles, prit fin vers 1550 avant notre ère, sous le règne du pharaon Ahmosis de la XVIII° dynastie.

Fresque représentant Ahmosis I° faisant une offrande au dieu Montou, British Museum, Londres.

Ce dernier, parvenant à chasser les Hyksos hors d'Egypte, parvint finalement à réunifier le pays. Ahmosis, se présentant comme l'héritier du Moyen Empire, fit restaurer de nombreux monuments, puis décida d'ériger une pyramide dans la nécropole d'Abidos.

Toutefois, cet édifice fut vraisemblablement un cénotaphe, Ahmosis ayant préféré être inhumé dans la nécropole de Dra Abou el-Naga, à l’instar de ses prédécesseurs. A noter néanmoins qu'il s'agit de la dernière pyramide érigée en Egypte.

En effet, à compter de cette époque, les pharaons préférèrent se faire inhumer dans des tombeaux somptueux, creusés dans la vallée des rois (située non loin de Thèbes), ce qui était plus rapide[10] et moins onéreux que la construction d'une pyramide, et qui permettait aussi une meilleure protection contre les pillards.

 

Ainsi, comme nous pouvons le constater, les pharaons de la IV° dynastie ne furent pas les seuls à ériger des pyramides, bien au contraire. Ainsi, l'on en compte aujourd'hui près d'une quarantaine, sans compter les petites pyramides réservées aux reines et à la famille royale, qui entouraient l'édifice principal (soit une centaine au total).

Cependant, comme nous l'avons vu plus tôt, ce sont les pyramides du plateau de Gizeh, les plus anciennes, qui ont finalement le mieux résisté aux ravages du temps. Ironie de l'Histoire, les pyramides érigées par les dynasties postérieures, plus perfectionnées et plus richement décorées, attirèrent rapidement l'attention des pillards et furent dévastées dès l'Antiquité.

Néanmoins, force est de constater que la tradition pyramidale, qui dura pendant plus de mille ans, démontre que la civilisation égyptienne était très attachée aux traditions héritées du passé.

Par ailleurs, l'Egypte antique n'en finit pas de fasciner l'inconscient collectif, car un grand nombre de questions restent toujours en suspens : comment on été construites les pyramides, que représente de Sphinx de Gizeh, existe-t-il encore des tombeaux ou des trésors enfouis, trouvera-t-on un jour le tombeau d'Alexandre le Grand à Alexandrie, etc

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[1] Cette expédition, qui dura de 1798 à 1802, avait avant tout un objectif militaire (perturber la route des Indes empruntée par les Britanniques). Cependant, elle eut d'importantes conséquences d'un point de vue culturel (redécouverte de la civilisation égyptienne, déchiffrement des hiéroglyphes, exhumation de nombreux vestiges, etc.). Pour en savoir plus à ce sujet, voir le section IV, chapitre quatrième, la Révolution française.

[2] Pour en savoir plus sur la XVIII° dynastie, qui régna du XVI° au XIII° siècle avant Jésus-Christ, cliquez ici.

[3] A noter qu'Imhotep devint un personnage divin au fil des siècles, assimilé au dieu Thot. Puis, au cours du I° millénaire avant Jésus-Christ, il parvint à supplanter la divinité démiurge Ptah. Pour en savoir plus sur la mythologie égyptienne, cliquez ici.

[4] A noter que la chronologie des descendants de Djoser n'est pas clairement établie, en raison de  sources lacunaires. En outre, les pharaons possédaient plusieurs noms : le nom d’Horus, le nom de Nebty, le nom d’Horus d’or, le nom de Nesout Bity, et le nom de Sa Râ (pour en savoir plus sur la signification des noms, cliquez ici). Ainsi, deux pharaons étant placés l'un derrière l'autre sur les listes généalogiques traditionnelles peuvent être en fait une seule et même personne.

[5] L'on retrouve derrière la pyramide rouge (104 mètres aujourd'hui contre 219 autrefois), puis la pyramide de Khéphren (143 mètres aujourd'hui contre 215 mètres autrefois). A titre de comparaison, la pyramide de Mykérinos est de dimension bien plus modeste (65 mètres). 

[6] L'on découpe traditionnellement l'histoire de l'Egypte antique en plusieurs périodes : l'Ancien Empire (XXVII° à XXII° siècle avant Jésus-Christ), la première période intermédiaire (XXII° à XXI° siècle), le Moyen Empire (XXI° à XVIII° siècle), la seconde période intermédiaire (XVIII° à XVI° siècle), le Nouvel Empire (XVI° à XI° siècle), et la troisième période intermédiaire (XI° ) VIII° siècle). Traditionnellement, les Egyptiens de l'Antiquité considéraient l'Ancien Empire comme leur apogée, alors qu'en réalité cette dernière survint à l'époque du Nouvel Empire. Pour en savoir plus à ce sujet, cliquez ici.

[7] Selon la mythologie égyptienne, l'être humain était composé de plusieurs éléments : le (l'âme), une personnalité (symbolisée par le nom), d'un cœur et d'un corps, ce dernier devant être intact afin que le ka, double spirituel, puisse accéder à l’autre monde (c’est pour cette raison que les cadavres étaient précautionneusement embaumés).

[8] La tradition des pyramides à textes perdura jusqu’à la VIII° dynastie.

[9] Pour en savoir plus sur les Hyksos, cliquez ici.

[10] Il fallait néanmoins compter 200 jours pour creuser une tombe de cent mètres, sans compter le travail des plâtriers, peintres et sculpteurs. C'est ainsi qu'il existe des tombeaux inachevés, certains pharaons ayant été inhumés dans la tombe d'un parent.

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