Car un pays sans passé est un pays sans avenir...

 
Mythologie
 
 

 

 

adblocktest

 

Les Mérovingiens


CHAPITRE SIXIÈME : Chute des Mérovingiens

 

            1° Décadence des Mérovingiens : les rois fainéants – Avec le règne de Dagobert, la dynastie mérovingienne avait regagné des couleurs, depuis longtemps perdues après la mort de Clovis. Cependant, le règne de Dagobert fut aussi grand que celui de ses enfants fut lamentable, car c’est avec ses deux fils, Sigebert II et Clovis II, que s’ouvrit la série des rois fainéants.  

Portrait de Clovis II, par Emile SIGNOL, 1843, conservé au Musée National du château et des Trianons de Versailles.

La dynastie mérovingienne, si vigoureuse à l’origine, était en pleine dégénérescence. Les excès auxquels se livrèrent les rois les épuisèrent. Ces derniers n’avaient plus l’envie ni la force de gouverner, certains chroniqueurs de l’époque allant même jusqu’à dire qu’ils n’avaient plus la force de vivre, vieux à vingt ans, rares sont ceux qui parvinrent à la trentaine.

Un roi fainéant en voyage, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.

Les Mérovingiens avaient abandonné le pouvoir, il fallut donc quelqu’un d’autre pour s’en emparer. Il fut ainsi recueilli par le maire du palais, personnage très important à l’époque, servant d’intermédiaire entre les leudes et le roi. Cette magistrature suscitant de nombreuses convoitises, Austrasie, Neustrie et Bourgogne furent troublées par des guerres civiles, jusqu’à ce que la charge se fixe dans une famille puissante. Cette dernière donnera naissance, bien des années plus tard, à la dynastie Carolingienne.

Clovis II, château de Versailles, Versailles.

            2° Les fils de Dagobert et les premiers maires du palais (638 – 656) – Sigebert II, fils aîné de Dagobert, régnait déjà en Austrasie du vivant de son père. Il continua d’y régner sous la tutelle de Pépin de Landen. Son frère, Clovis II, fut proclamé en Neustrie et en Bourgogne, avec Oega pour maire (ce dernier mourut cependant deux ans après, et fut remplacé par Erkinoald.).

Tous ces maires administrèrent bien leur royaume. Pépin de Landen particulièrement, écoutant les conseils de Saint Arnould, évêque de Metz, et de Saint Cunibert, évêque de Cologne.  Pépin était respecté de tous, et quand il mourut, en 639, il fut honoré comme bienheureux[1].

            Son fils Grimoald lui succéda, mais il ne lui ressemblait guère. Fier d’avoir triomphé au bout de trois ans d’un rival qui s’était opposé à lui à la mairie, il se crut tout puissant, rêvant de monter sur le trône. Sigebert II étant mort en 650, Grimoald relégua secrètement en Irlande l’enfant de ce dernier, Dagobert II. Il le fit passer pour mort, et présenta son propre fils Childebert aux leudes pour qu’ils en fasse un roi. Les grands du royaume, qui ne souhaitaient pas placer sur le trône un représentant d’une famille dont la puissance ne les inquiétaient déjà que trop, se révoltèrent. Ils capturèrent Grimoald et son fils, et les livrèrent chargés de chaînes au roi de Neustrie, Clovis II (qui de son côté, réclamait l’héritage de son frère.). Ce dernier fit tuer les deux prisonniers et régna sur tous les Etats francs. Ainsi échoua la première tentative des Carolingiens pour substituer leur dynastie à celle des Mérovingiens.

            3° Puissance d’Ebroïn, maire de Neustrie (657) – Clovis II mourut en 656, âgé de 23 ans. Il laissait trois fils, dont l’aîné fût proclamé roi à l’âge de quatre ans, sous le nom de Clotaire III. Le maire du palais, Erkinoald, mourut l’année suivante, en 657, et fut remplacé par Ebroïn. Ce dernier était un homme dur, avide et sans scrupules. Des complots s’ourdirent, des plaintes se firent entendre. Ebroïn régla tout dans le sang. Il aurait aussi aimé se débarrasser de la reine Bathilde, mais il n’osa pas.

Cette dernière était une ancienne esclave anglo-saxonne, achetée et amenée à la cour de Neustrie. Le roi Clovis II fut charmé par sa beauté et l’épousa. Devenue veuve alors qu’elle était encore jeune, elle se consacra à aider les pauvres et les esclaves, et s’attira ainsi les bonnes grâces de ses sujets. Irritée par le comportement d’Ebroïn, elle se retira en 664 dans le monastère de Chelles, qu’elle avait elle même fondé.

Ebroïn put dès lors gouverner seul la Neustrie et la Bourgogne. En 660, il dut cependant céder à l’Austrasie le second fils de Clovis II : Childéric II.

Mais, en 670, Clotaire III mourut, et cette mort attira les convoitises, et plongea le royaume dans la guerre civile. 

            4° Anarchie (670) – Sans consulter les grands, Ebroïn, aussitôt Clotaire III mort, proclama roi le jeune Thierry III, frère de ce dernier. Il se fit surtout reconduire dans sa fonction de maire, toujours sans avoir reçu l’aval des leudes. Il alla même jusqu’à interdire aux évêques et aux grands les abords de la cour. C’en était trop pour eux, qui formèrent une coalition contre Ebroïn. Ce dernier tomba entre les mains de ses ennemis sans avoir eu le temps de préparer sa défense. Il fut ensuite enfermé au monastère de Luxeuil, tondu, et revêtu de la bure de moine. Thierry III fut tondu à son tour, subissant le même sort qu’Ebroïn, et enfermé dans le cloître de Saint Denis. Childéric II est alors proclamé roi de tout le royaume franc.

            Cependant, Childéric II ne sut pas profiter de cet heureux retournement de situation. Le principal instigateur de la chute d’Ebroïn avait été Léger, évêque d’Autun. Ses talents, ses vertus, ainsi que ses hautes relations lui conféraient une grande autorité en Bourgogne. Childéric II, qui s’était établi en Neustrie, fit de Léger son conseiller. Cependant, il ne supporta pas longtemps ses remontrances, et sous prétexte de relations avec l’ennemi, il l’enferma dans le monastère de Luxeuil, où était déjà Ebroïn.

Mais Childéric II, à cause de son caractère violent, s’attira les foudres de ses leudes. Si bien qu’il fut en 673 assassiné avec femme et enfant dans la forêt de Bondy, par Bodillon, un seigneur qu’il avait un jour fait fouetter comme un esclave 

            La mort de Childéric II fut le signal d’une effroyable anarchie, on croyait l’Antéchrist revenu : il n’y avait plus de roi, ni en Austrasie, ni en Neustrie, ni en Bourgogne. Ebroïn et Léger sortirent de Luxeuil, après s’être réconciliés. L’entente ne dura cependant pas bien longtemps. Léger réussit à s’emparer à nouveau du pouvoir, soutenu par les grands. Il fit proclamer roi Thierry III, et donna la mairie à Leudésius, le fils d’Erkinoald. Ebroïn, furieux, tua le maire, enleva Léger, lui creva les yeux, le traduisit devant un concile, le fit dégrader, puis le tua. Le peuple fut attristé par la nouvelle car Léger était quelqu’un de populaire.

            5° Guerre entre la Neustrie et l’Austrasie (680 à 687) – Ebroïn resta maître de la Neustrie et de la Bourgogne, mais l’Austrasie lui échappa. On avait découvert la retraite du jeune Dagobert II. On le fit revenir d’Irlande, puis il fut couronné roi d’Austrasie en 674. Ce dernier ne resta cependant pas longtemps en place : ayant fait revivre d’anciens impôts, il disparut en 678, sans doute tué à la chasse par l’un de ses serviteurs. Les leudes austrasiens ne voulurent alors plus de roi. Pépin d’Héristal était alors le chef naturel de l’aristocratie. Pépin avait prit pour nom l’appellation d’un de ses domaines sur la Meuse. Il était le petit fils de Pépin de Landen par sa mère Begga, qui avait épousé Anségise, le fils de Saint Arnould de Metz. Grâce à ses alliances avec les plus grandes familles de Gaule, à ses immenses propriétés sur la Meuse et le Rhin, à la multitude de ses fidèles, Pépin d’Héristal portait déjà le titre de duc ; les leudes austrasiens se rallièrent à lui, tout comme les leudes neustriens qu’Ebroïn avait dépouillé de leurs terres. Pépin somma au maire de Neustrie de faire justices aux immigrés, et, vu qu’Ebroïn refusait, lui déclara la guerre en 680.

            Le début des hostilités ne fut pas favorable aux Austrasiens. Il furent vaincus en 680 à la bataille de Leucofao, près de Laons. En 681, Ebroïn fut assassiné par Hermanfroi, un leude mécontent. Varatte, le nouveau maire du palais de Neustrie, voulut s’entendre avec Pépin. Devenu suspect aux yeux de ses hommes, il fut égorgé. Sa charge fut confiée à Berthaire, son gendre. Ce dernier, ambitieux et jaloux de son autorité, ne calma pas les esprits, mais au contraire, les surexcita davantage. Les grands en appelèrent à Pépin. Ce dernier se rendit en 687 à Testry, près de la somme, ou il rencontra Berthaire, vainquit son armée et le tua.

            6° Conséquences de la bataille de Testry (687) – Cette victoire ne fut pas seulement une victoire de l’Austrasie sur la Neustrie, elle fut aussi le triomphe de la mairie sur la royauté, de la dynastie carolingienne sur la dynastie mérovingienne. A partir de cette date, les carolingiens s'emparèrent véritablement du pouvoir, et ne le relâchèrent que trois décennies plus tard...

Pépin d’Héristal était à cette époque le roi, sauf qu’il n’en avait pas le nom. Ce fameux nom, il décida de le laisser à un fantoche, Thierry III. Pépin n’osa pas réclamer la couronne, peut être de peur d’avoir à subir le triste sort de son oncle Grimoald…


[1] La béatification est l’étape précédant la canonisation, dans le rituel de l’Eglise Catholique.

 
Publicités
 
Partenaires

  Rois & PrésidentsEgypte-Ancienne

Rois et Reines Historia Nostra

Egypte

 

 Histoire Généalogie