VI : Clovis
contre les royaumes francs (508 à 511)
1°
Statu quo avec les Ostrogoths – Si la guerre contre les Wisigoths avait
permis à Clovis de s’emparer de nombreux territoires, elle avait aussi
révélé l’animosité des Ostrogoths.
En
508, l’Empereur d’Orient Anastase, soucieux de trouver des alliés
dans sa lutte contre Théodoric, conféra à Clovis le titre de patrice et de
magister militum[1].
Le
premier titre désignait l’autorité militaire ; le second, l’autorité civile.
L’Empereur y ajoutait la dignité de consul. Clovis fut honoré par ces
présents, et célébra en 509 à Tours son entrée en charge comme consul. Il
revêtit la tunique de pourpre, symbole de l’autorité impériale.
Toutefois, ces distinctions purement honorifiques ne furent pas d’un grand
secours au roi des Francs, qui se garda bien de déclarer la guerre aux
Ostrogoths.
Ce
dernier, faisant de Paris sa capitale, préféra au contraire s’attaquer à ses
cousins, afin de rester seul roi des Francs.
2° Contre les Francs Ripuaires de Cologne – Dans un
premier temps, Clovis se rapprocha de Clodéric, fils de Sigebert le
boiteux, lui promettant d’établir une alliance avec lui si son père venait à
mourir.
Clodéric, impatient de s’emparer du trône de Cologne, envoya ses hommes tuer
Sigebert, puis annonça la nouvelle à Clovis.
Le
roi des Francs envoya alors ses émissaires auprès de Clodéric, qui les
invita à prendre ce qui leur plaisait parmi son trésor de guerre. Toutefois,
alors que le roi de Cologne se penchait au dessus de son coffre, un des
envoyés de Clovis brandit sa francisque et lui brisa le crâne.
Clovis, arrivé peu de temps après à Cologne, se déclara innocent du crime
qui venait être commis. Présentant Clodéric comme un parricide, il demanda
aux Ripuaires de faire soumission, et ces derniers décidèrent d’élever
Clovis sur le pavois.
3° Contre les Francs Saliens de Cambrai et du Mans – Par
la suite, Clovis s’attaqua à son cousin Ragnacaire de Cambrai, qui avait
participé à la guerre contre Syagrius, accusé d’être un débauché.
Le
roi des Francs, afin de s’assurer du soutien des hommes de Ragnacaire, leur
offrit en cadeau de faux bijoux.
Trahi par ses propres hommes, achetés par Clovis, le roi de Cambrai fut
rapidement arrêté, ainsi que son frère, Réchiaire.
Clovis exécuta les deux hommes, puis, lorsque les traîtres s’aperçurent que
les cadeaux du roi des Francs étaient de faux bijoux, ils vinrent se
plaindre auprès de lui. Toutefois, Clovis argua qu’ils avaient mérité ces
faux présents, n’ayant pas hésité à trahir leur maître pour l’appât du gain.
Enfin,
Rignomer, roi au Mans et frère de Ragnacaire, fut assassiné à son tour.
[1]
La traduction littérale de magister militum est « maître de
la milice ». En pratique, il s’agissait d’une charge similaire à
celle d’un chef d’Etat major.