1° La constitution du nouveau
gouvernement (mars 1831) – Suite à l’éviction de Jacques Laffitte,
Casimir Perier, le nouveau premier ministre, fut chargé par Louis
Philippe I° de constituer le prochain gouvernement.
Louis Philippe, de 1830 à 1833, par Honoré DAUMIER, XIX° siècle.
Ainsi, le ministère de la Justice fut confié à
Felix Barthe ;
ce dernier, ayant abandonné le portefeuille de l’Instruction publique et des
Cultes, fut remplacé par Camille Bachasson, comte de Montalivet ;
Horace François Bastien Sebastiani
conserva le ministère des Affaires étrangères ;
Nicolas Jean de Dieu Soult
celui de la Guerre ; le ministère du Commerce et des Travaux publics
fut confié à Antoine Maurice Apollinaire, comte d’Argout
; en échange, ce dernier céda le portefeuille de la Marine et des Colonies à
l’amiral Marie Henri Daniel Gauthier, comte de Rigny.
De gauche à droite : Félix Barthe, le comte de Montalivet, Horace François Bastien Sebastiani,
le maréchal Soult, le comte d'Argout, l'amiral de Rigny.
A
noter enfin que Casimir Perier décida de s’octroyer le ministère de
l’Intérieur, soucieux de s’occuper lui-même du rétablissement de l’ordre
dans la capitale.
Casimir Perier, avocat
et homme politique, par HERSENT, milieu du XIX° siècle, château de
Versailles, Versailles.
2° Le difficile maintien de l’ordre (printemps à été 1831) –
Casimir Perier, soucieux de mettre un terme aux troubles que Laffitte
n’avait pu endiguer, décida de mettre en place une politique de fermeté. Le
nouveau premier ministre, politiquement proche du centre droit, souhaitait
mettre un terme aussi bien à l’agitation de la gauche républicaine que de
celle des aristocrates légitimistes.
Très rapidement, Perier parvint à rétablir l'ordre, excluant
Ferdinand Philippe d’Orléans
du conseil des ministres (ce dernier,
fils de Louis Philippe, était proche des libéraux.) ; destituant de nombreux
fonctionnaires trop proches des républicains ; matant plusieurs émeutes
parisiennes (avril à juin 1830.) ; et contraignant le roi des Français à
s’installer aux Tuileries, domicile des chefs de l’Etat depuis la Révolution
française (octobre 1831.).
Ferdinand Philippe d'Orléans,
par J. PRADIER, 1846, château de Versailles, Versailles.
3° Casimir Perier sur la sellette (juillet à août 1831) –
Ayant fait une tournée dans le nord et l’est de la France au printemps 1831,
Louis Philippe décida de dissoudre la Chambre des députés à la fin du mois
de mai.
Les élections, prévues au mois de juillet, se déroulèrent sans incidents.
Toutefois, près de la moitié des élus étaient des nouveaux députés, dont
l’orientation politique était encore méconnue.
Lors de la première séance parlementaire, Louis Gaspard Amédée, baron
Girod de l'Ain,
fut élu président de la Chambre des députés avec une très courte majorité.
Le candidat du gouvernement ayant battu de peu son adversaire, Casimir
Perier présenta alors sa démission à Louis Philippe.
Louis Gaspard Amédée, baron Girod de l'Ain.
Cependant, alors que la Belgique était menacée d’une invasion néerlandaise,
Casimir Perier décida de revenir sur sa décision afin de porter assistance
aux Belges.
Par la suite, le premier ministre décida d’abolir l’hérédité de la pairie.
4° La révolte des canuts de Lyon (novembre 1831) – En
1830, le textile représentait encore importante part de l’activité
industrielle française. A Lyon, plus de la moitié de la ville vivait grâce
au tissage.
Vue panoramique de Lyon prise de l'église Saint Louis.
La
production de soieries lyonnaises fonctionnait en suivant un schéma
vertical : au sommet de l’échelle, l’on retrouvait les fabricants
(environ 130 en 1831.) qui commandaient et payaient la fabrication de
pièces, puis en assuraient la commercialisation.
En
dessous se situaient les canuts, des maîtres tisserands propriétaires
de leurs machines et de leurs ateliers. Ces derniers employaient des
compagnons, payés à la journée et vivant généralement chez les canuts
(ces derniers étaient près de 40 000.).
Toutefois, si la croissance économique lors de l’ère impériale avait
entraîné des hausses de salaire à Lyon, les exportations s’étaient réduites
au cours des années suivantes (environ cinq francs par jour sous l’Empire
contre seulement 20 sous fin 1831.). En octobre 1831, dans un contexte de
morosité économique, les canuts demandèrent audience auprès du préfet du
Rhône. L’objectif était de fixer un prix minimum, afin d’enrayer la baisse
des salaires.
Le
8 novembre, le préfet du Rhône accepta la proposition des canuts concernant
l’établissement d’un salaire minimum. Toutefois, peu de temps après, les
fabricants se montrèrent hostiles à cette démarche, argumentant que l’Etat
ne devait pas intervenir au sein de l’économie de marché.
Les canuts, apprenant l’opposition des fabricants, décidèrent alors de se
révolter le 22 novembre 1831. Les insurgés, contraignant les tisseurs non
grévistes à cesser le travail, affrontèrent la Garde nationale lyonnaise,
puis érigèrent des barricades dans les rues de la cité.
La révolte des Canuts de
Lyon.
Par la suite, alors que de nombreux gardes nationaux décidèrent de
fraterniser avec les émeutiers, ces derniers pillèrent les armureries afin
de récupérer armes et munitions.
S’emparant de l’Hôtel de ville et de la Préfecture, les insurgés se
retrouvèrent finalement maîtres de la cité.
L'Hôtel de ville de Lyon.
A
Paris, l’annonce de l’émeute dans la seconde ville de France provoqua un
tollé à la Chambre des députés. Casimir Perier, partisan de la manière
forte, décida alors de contre-attaquer, d’autant plus que Louis Philippe
était convaincu que les canuts avaient été influencés par la propagande
républicaine.
L’expédition, menée par Ferdinand Philippe d’Orléans (fils du roi des
Français.) et le maréchal Soult, parvint à pénétrer dans Lyon début décembre
1831. Les canuts, qui n’avaient pas de programme politique, firent alors
rapidement soumission.
Ferdinand Philippe d'Orléans et le
maréchal Soult font leur entrée dans Lyon.
Par la suite, une centaine d’émeutiers furent arrêtés, le tarif fut
supprimé, le préfet du Rhône destitué, la Garde nationale lyonnaise
dissoute. Par ailleurs, Soult installa une importante garnison au sein de la
cité.
5° L’épidémie de choléra (printemps 1832) – Alors que le
régime commençait à affirmer son autorité, Paris fut frappé d’une épidémie
de choléra en provenance d’Arabie.
La
maladie, atteignant la capitale à la fin du mois de mars 1832, fit
rapidement des ravages.
Les quartiers populaires furent les premières victimes de l’épidémie, en
raison de l’hygiène déplorable qui régnait alors en ces lieux. La maladie
fit toutefois de nombreuses victimes au sein des classes les plus aisées de
la société.
L'épidémie de choléra frappe Paris.
Ainsi, la capitale se dépeupla en l’espace de quelques semaines, les
Parisiens n’ayant pas été tués par la maladie choisissant de se réfugier à
la campagne.
Les connaissances scientifiques de l’époque ne permettant pas d’appréhender
l’origine de l’épidémie, les esprits ne tardèrent donc pas à s’échauffer.
Ainsi, le gouvernement fut jugé responsable de la maladie, voire même
d’avoir empoisonné l’eau des puits.
Le
1er avril 1832, Casimir Perier et Ferdinand Philippe d’Orléans se
rendirent auprès des malades de l’Hôtel Dieu.
Toutefois, le premier ministre contracta à son tour la maladie et mourut le
16 mai 1832.
Le duc d'Orléans et Casimir Perier visitant les malades à l'Hôtel Dieu
pendant l'épidémie de choléra de 1832, par Alfred JOHANNOT, XIX°
siècle, musée Carnavalet, Paris.
L’épidémie de choléra ne s’éteignit qu’en septembre, après avoir fait près
de 18 500 victimes (à noter qu’à l’époque la capitale comptait environ
800 000 habitants.).
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