1° La révolution de Juillet
s’exporte dans toute l’Europe – Les puissances européennes, réunies au
sein de la Sainte Alliance, avaient comme objectif d’empêcher tout
débordement révolutionnaire en Europe. Toutefois, ces dernières n’eurent pas
le temps d’intervenir en France, en raison de la brièveté de la révolution
de juillet.
Constatant la prise de pouvoir du duc d’Orléans, l’Angleterre fut la
première à reconnaitre la monarchie de juillet ; plus tard, les autres
membres de la Sainte Alliance décidèrent de faire de même.
Toutefois, ayant constaté l’inertie des grandes puissances, de nombreux
manifestations éclatèrent dans toute l'Europe, suivant l’exemple
français.
Ainsi, des troubles éclatèrent en Allemagne, en Italie, en Pologne, en
Belgique, etc.
2° L’insurrection italienne (1830 à 1831) – Le Congrès
de Vienne, en 1815, avait redessiné la carte géopolitique de l’Italie.
Ainsi, l’Autriche reçut la Vénétie et la Lombardie, créant le royaume
lombard-vénitien (il s’agissait des territoires de l’ancien royaume
d’Italie, créé par Napoléon.) ; le royaume de Piémont Sardaigne fut recréé
(il avait été annexé par l’Empire français.), récupérant le comté de Nice et
Gênes ; la papauté retrouva les Etats pontificaux ; enfin, plusieurs petits
Etats de la péninsule furent restaurés (Parme, Plaisance, Modène, la
Toscane, etc.).
Le congrès de Vienne, 1815.
Les Italiens, fort mécontents de la disparition du royaume d’Italie et de la
perte de leur indépendance, ne tardèrent donc pas à manifester leur
mécontentement.
Comme nous l’avons vu précédemment, le mouvement du carbonarisme
était apparu peu de temps après la fin des guerres napoléoniennes.
L’objectif des carbonari, outre l’établissement d’un régime
démocratique, était de réaliser l’unité de la péninsule italique.
Suite à la révolution de Juillet, un mouvement insurrectionnel se déclencha
dans le centre de l’Italie. La situation devenant inquiétante,
particulièrement à Rome, Parme et Modène, l’Autriche décida d’intervenir
afin de rétablir l’ordre.
Côté français, les opinions étaient contrastées quant à l’insurrection
italienne. Comme nous l’avons vu précédemment, le premier ministre Jacques
Laffitte, de son côté, était favorable à l’unification italienne et au
mouvement révolutionnaire.
Toutefois, Louis Philippe n’appréciait guère que les insurgés, rejoints par
Louis Napoléon Bonaparte et
Napoléon Louis Bonaparte,
réclamaient au pouvoir le jeune Napoléon II, fils du défunt Empereur
des Français. Ce dernier, fait duc de Reichstadt en 1818 par son grand père
maternel François I° d’Autriche, était toutefois retenu au château de
Schönbrunn, à Vienne.
Franz, duc de Reichstadt (surnommé aussi Napoléon II), château
de Chantilly, Chantilly (à gauche) ; François I°,
Empereur d'Autriche, Friedrich VON AMERLING, 1832, Alte
Nationalgalerie, Berlin (à droite).
En
mars 1831, Laffitte exposa à Louis Philippe son plan d’intervention en
Italie, mais le roi des Français l’invita à exposer son projet lors du
conseil des ministres. Toutefois, ces derniers, décidant de se rallier au roi des
Français, repoussèrent la proposition de Laffitte.
Le
premier ministre fut donc contraint de présenter sa démission.
Privés de l’appui français, les révolutionnaires italiens furent rapidement
vaincus par les troupes autrichiennes.
3° La révolution Belge (1830 à 1831) – Depuis près de
mille ans, la Belgique n’avait jamais été indépendante. Rattachée à la
France au Moyen âge, à l’Espagne lors de la Renaissance, puis à l’Autriche
au cours de l’époque moderne, la Belgique avait brièvement obtenu son
indépendance lors de la Révolution française.
a)
La création du royaume des Pays Bas (1815) : suite au
congrès de Vienne, en 1815, la Belgique et les Provinces Unies furent
réunies afin de former un seul Etat : le royaume uni des Pays Bas.
La
couronne de ce nouvel Etat fut alors confiée à Guillaume Frédéric
d’Orange Nassau, issu d’une famille régnant sur les Pays Bas depuis le
XVI° siècle.
Guillaume Frédéric
d’Orange Nassau, roi des Pays Bas.
Les Belges, à cette date, avaient des sentiments partagés. Ainsi, la
majorité d’entre eux se considéraient toujours comme les sujets de
l’Autriche (avant d’être annexée par la France, la Belgique était une
possession autrichienne.), et souhaitaient conserver l’autonomie dont ils
bénéficiaient autrefois ; toutefois, quelques Belges souhaitaient un
rattachement à la France.
Au
final, la création du royaume des Pays Bas ne fut guère appréciée. D’une
part, les néerlandais étaient protestants, alors que les Belges étaient
catholiques ; en outre, le nouveau souverain souhaitait que la dette des
ex-Provinces Unies soit payée aussi par la Belgique.
Contestant la censure et la main mise protestante sur les postes de la
fonction publique, les provinces du sud affirmèrent leur opposition
vis-à-vis du nord jusqu’en 1830.
b)
La Belgique entre autonomie et indépendance (août à septembre 1830) :
suite à la révolution de Juillet, des troubles éclatèrent à Bruxelles, puis
se répandirent dans tout le pays.
Un épisode de la révolution belge.
Puis, à la fin août 1830, Guillaume I° reçut une délégation Bruxelloise,
venue exposer les griefs des provinces du sud au souverain. Cependant, le
roi des Pays Bas refusa de s’incliner face aux Belges.
Jusqu’en septembre, la situation resta toutefois indécise. En effet, les
révolutionnaires ne souhaitaient pas l’indépendance de la Belgique mais
seulement une autonomie vis à vis des provinces du nord ; Guillaume I°,
quant à lui, n’était pas hostile à une séparation administrative entre les
deux pays.
Toutefois, à la fin septembre 1830, le roi des Pays Bas décida d’investir
militairement Bruxelles, afin de mettre un terme aux émeutes. Les
habitants de la cité décidèrent alors de riposter, créant un contingent de
volontaires.
L’armée néerlandaise, rencontrant d’importantes difficultés, se retrouva
contrainte d’évacuer Bruxelles.
c)
La Belgique devient autonome (octobre 1830) : à la fin septembre,
alors que les Etats Généraux proclamaient la séparation administrative de la
Belgique et des Pays Bas, les Belges affirmèrent qu’un roi ayant fait couler
le sang n’avait plus le droit de régner (imitant les révolutionnaires
français qui avaient eu le même discours lors de la révolution de Juillet.).
Le
4 octobre 1830, l’indépendance de la Belgique fut proclamée, et les insurgés
décidèrent de rédiger une constitution.
Peu de temps après, Guillaume d’Orange Nassau, fils du roi des Pays
Bas, se rendit à Anvers afin de négocier avec les autorités Belges. Son
objectif était de se faire couronner roi de Belgique afin de mettre un terme
au conflit (à noter que les Belges n’étaient pas hostiles à cette idée, car
elle permettrait à la Belgique indépendante de ne pas se couper du commerce
avec les Pays Bas.).
d)
Le choix du nouveau souverain (hiver 1830 à été 1831) : finalement,
un Congrès national se tint en Belgique au cours du mois de novembre
1830. Les députés proclamèrent l’indépendance du pays, et décidèrent
d’adopter un régime monarchique (ces derniers refusèrent toutefois la
candidature de Guillaume d’Orange.).
Dans un premier temps, en février 1831, les députés offrirent la couronne à
Louis Charles Philippe Raphaël d'Orléans, fils de Louis Philippe I°.
Toutefois, le roi des Français préféra refuser afin de ne pas déclencher un
conflit européen.
En
effet, si les Russes étaient favorables à l’indépendance de la Belgique, les
autres membres de la Sainte Alliance ne l’étaient pas. Par ailleurs,
l’Angleterre redoutait que la France ne s’empare à nouveau de ce pays, ce
qui pouvait avoir des répercussions économique pour les Britanniques.
Finalement, à l’été 1831, la couronne fut offerte à Léopold Georges
Christian Frédéric, duc de Saxe-Cobourg-Saalfeld (ce dernier avait
épousé Charlotte Augusta de Galles, fille unique du roi d’Angleterre
Georges IV.)
Léopold I°, roi des Belges,
par WINTERHALTER, milieu du XIX° siècle (à gauche) ; et sa seconde épouse
Louise d'Orléans, reine des Belges, par WINTERHALTER, milieu du
XIX° siècle (à droite), château de Versailles, Versailles.
Ce
dernier, recevant l’aval de l’Angleterre, accepta alors la proposition du
Congrès national. En juillet 1831, il fut sacré roi des Belges sous le nom
de Léopold I°.
e)
Derniers affrontements : Guillaume I°, souverain des Pays Bas,
n’appréciait guère l’indépendance de la Belgique. Ainsi, le 3 août 1831, il
décida de s’attaquer au nouvel Etat, confiant le commandement de l’armée à
son fils, Guillaume d’Orange Nassau.
Dans un premier temps, les Néerlandais ne rencontrèrent pas de difficultés,
prenant Anvers et battant l’armée belge près de Louvain.
Toutefois, l’arrivée d’une armée française, commandée par le maréchal
Maurice Etienne Gérard mit un terme à l’invasion. En effet, Guillaume I° ne
pouvait se lancer dans une guerre contre la France, n’étant pas appuyé ni
par l’Angleterre (favorable à la Belgique.), ni par la Prusse (menacé par la
Russie favorable aux Belges.).
Ainsi, les Néerlandais furent contraints de reculer (en décembre 1831, les
Français parvinrent à s’emparer d’Anvers.).
Prise d'Anvers, musée des
Invalides, Paris.
Peu de temps après, en août 1832, Louis Philippe accepta de donner sa fille
Louise Marie Thérèse Charlotte Isabelle d'Orléans en mariage à
Léopold I° (sa première épouse, Charlotte Augusta de Galles, était décédée
en novembre 1817.).
Banquet donné à l'occasion du
mariage de Léopold I°, roi des Belges, et de la princesse Louise d'Orléans,
par Louis Marie ATTHALIN, XIX° siècle, musée Carnavalet, Paris.
A
noter enfin que les Pays Bas ne reconnurent l’indépendance de la Belgique
qu’en 1839.
|