CHAPITRE
QUATRIÈME :
Homère, l'Iliade et l'Odyssée
II: L'Iliade
1° Avant propos – L’Iliade,
attribuée au poète grec Homère, fut rédigée au VIII° siècle avant Jésus
Christ. Cette œuvre est composée de 15 337 vers, et fut divisée en 24 chants
(correspondant aux 24 lettres de l’alphabet grec.) au cours de la période
hellénistique (IV° à I° siècle avant Jésus Christ.). ‘Iliade’ vient du mot
‘Ilion’, qui signifie ‘Troie’, en grec.
En fait, contrairement à ce que l’on pourrait
croire, l’Iliade ne porte que sur un court épisode du conflit, dans la
dixième année de la guerre de Troie : la colère du héros Achille, courroucé
par le fait que le roi Agamemnon lui ait dérobé Briséis, sa
captive. Le récit insiste sur le fait que la présence d’Achille est
indispensable à la victoire des Grecs. Après s’être éloigné du champ de
bataille pendant un temps, il revient pour venger la mort de son ami
Patrocle (ce dernier, ayant revêtu l’armure d’Achille, était mort au
combat.). Achille tue alors l’assassin de Patrocle, le Troyen Hector,
et le récit s’achève avec les funérailles de ce dernier. La prise de Troie
et le célèbre épisode du cheval ne sont racontés que dans l’Odyssée.
L’Iliade est un hommage à la gloire qu’un
guerrier peut obtenir sur le champ de bataille. Achille préfère s'embraser
plutôt que se consumer lentement, comme le dit le proverbe. Il préfère vivre
dans l’honneur et triompher au combat, plutôt que vivre une longue mais
morne existence[1].
Mais Achille ne combat pas pour son roi ou pour sa cité, il combat pour sa
gloire personnelle. Suite à l’enlèvement de Briséis par Agamemnon, il ne
reprend pas les armes pour aider les Grecs, mais seulement pour venger
Patrocle.
En ce qui concerne le récit de l’Iliade dont je
vous fais part ci-dessous, plutôt que de me conformer au texte antique, j’ai
préféré m’en éloigner, et au contraire relater l’ensemble de l’histoire, en
partant des origines les plus lointaines du conflit.
2° La malédiction des Atrides,
Pélops – L’histoire commence lorsque Tantale, fils de Zeus, invita un
jour les dieux à dîner chez lui. Désireux de tester l’omniscience de ces
derniers, Tantale tua Pélops, son jeune fils, et leur servit ses restes à
manger. Les dieux, horrifiés en découvrant la supercherie, décidèrent de
punir Tantale, l’enfermant au Tartare[2].
Par la suite, Zeus décida de ressusciter l’enfant (mais il fut affublé d’une
épaule d’ivoire, car la déesse Déméter avait mangé le membre de Pélops sans
ce douter de rien.).
Après avoir eut une aventure avec le dieu
Poséidon, Pélops, devenu adulte, se rendit à Pise, en Elide. C’est alors
qu’il tomba amoureux d’Hippodamie, la fille d’Oenomaos, le roi de la
cité. Cependant, ce dernier avait pour habitude de défier les prétendants de
sa fille au cours d’une course de char, et tuait toujours les perdants.
Pélops décida alors de mettre toutes les
chances de son côté. Il soudoya tout d’abord Myrtilos, l’écuyer du
roi, le payant pour qu’il dévisse un boulon du char d’Oenomaos. En outre,
Pélops reçut l’aide de son amant Poséidon, qui lui prêta ses chevaux ailés.
Ainsi, le jeune homme remporta la course.
Pélops et Hippodamie
,
représentation figurant sur un vase grec du V° siècle avant Jésus Christ.
Par la suite, Pélops noya Myrtilos pour éviter
de payer ce qu’il lui devait (à savoir la moitié du royaume d’Oenomaos et
une nuit avec Hippodamie.). Lorsque Myrtilos expira, le dieu Hermès, outré
par ce crime, décida de maudire Pélops et ses descendants. Ainsi commença la
malédiction qui frappa les Atrides (les descendants d’Atrée, fils de
Pélops.).
Hippodamie eut alors beaucoup d’enfants (outre
Atrée.), dont les plus connus étaient Thyeste, Coprée (héraut
d’Eurysthée[3].),
Eurydice (mère d’Alcmène[4].),
Nicippe, etc.
Pélops eut aussi un autre fils avec la nymphe
Astyoché : Chrysippos. Ce dernier fut par la suite enlevé par Laïos, le père
d’Œdipe, pris de passion pour le jeune homme. Peu après, Hippodamie envoya
ses enfants, dont Atrée et Thyeste, tuer leur demi-frère (au contraire,
selon certains récits, Chrysippos, honteux de cette liaison, se serait
suicidé[5].).
Pélops maudit alors ses enfants pour leur crime, et les bannit de son
royaume. Ils se réfugièrent alors à Mycènes, en Argolide.
3° La malédiction des Atrides,
Atrée –Atrée et Thyeste vivaient alors à Mycènes, auprès du roi
Electryon(un fils de Persée.). Le frère du roi, Sthénélos,
était leur beau-frère, car il avait épousé Nicippe, leur soeur. Il leur fut
alors confié le gouvernement de Midée.
Peu après, Atrée épousa une jeune femme qu’il
avait acheté comme esclave : Aéropé, la fille du roi de Crète,
Catrée. Par la suite, elle donna naissance à deux enfants : Agamemnon et
Ménélas.
Plusieurs années après leur fuite de Pise, leur
nièce Alcmène tomba enceinte d’Héraclès. Zeus, qui était le père du bébé,
proclama qu’un enfant issu d’une mortelle allait naître, et qu’il régnerait
sur ceux qui habiteraient autour de lui. Mais à cette époque, Alcmène
n’était pas la seule à être enceinte : Nicippe, la femme de Sthénélos, était
elle aussi sur le point d’accoucher d’Eurysthée. En outre, Amphitryon (le
mari d’Alcmène.) tua alors accidentellement Electryon (le père d’Alcmène.),
et Sthénélos prit le pouvoir. Pour finir, Héra, jalouse de la relation entre
Zeus et Alcmène, fit en sorte de retarder l’accouchement de cette dernière.
Héraclès naquit donc après Eurysthée, et ce dernier reçut alors le trône de
Mycènes.
Bien des années après, lorsque Héraclès fut
adulte, il fut frappé de folie par Héra, et tua ses propres enfants.
L’Oracle de Delphes l’envoya alors purger une peine de douze ans en
Argolide, sous les ordres du roi Eurysthée. Mais ce dernier détestait
Héraclès : ils avaient le même âge, mais l’un était faible et fils d’un
mortel ; l’autre était fort et fils de Zeus. Eurysthée demanda alors à
Héraclès d’accomplir ses douze travaux, tous plus dangereux les uns que les
autres (le roi espérait voir ainsi mourir son rival.)[6].
Lorsque Héraclès mourut, la vengeance
d’Eurysthée frappa aussi les Héraclides (les enfants d’Héraclès.),
qui se réfugièrent à Athènes, auprès du roi Démophon, fils de Thésée.
Eurysthée décida alors de livrer bataille, mais il fut vaincu par Démophon
(il mourut peu de temps après, peut être des mains d’un des fils
d’Héraclès.).
A cette même époque, Atrée fit le vœu de
sacrifier à Artémis le plus bel agneau de son troupeau. Mais, alors qu’il
recherchait l’animal le plus digne d’être sacrifié, il trouva un agneau doré
(que la déesse avait placé là afin d’éprouver Atrée.). Atrée refusa de
sacrifier l’animal, le tua, et enferma cette toison d’or dans un coffre.
Cependant, Aéropé, l’épouse d’Atrée, avait une liaison avec Thyeste, et
décida de lui offrir la peau de l’agneau doré.
En ce temps là, Eurysthée était mort, et
Mycènes n’avait plus de roi. Les habitants de la cité décidèrent alors
d’aller consulter l’Oracle de Delphes. Ce dernier leur déclara qu’ils
devaient choisir un des deux souverains de Midée. Comme l’on ne savait pas
qui choisir entre Atrée et Thyeste, ce dernier décida de ruser : il
rencontra son frère, et lui proposa le marché suivant : serait seul roi de
la cité celui qui serait en possession d’une toison d’or. Atrée, qui
s’imaginait avoir cette peau en sa possession, accepta le marché. Cependant,
comme Aeropé avait donné la toison à Thyeste, ce dernier la montra à son
frère, et fut donc déclaré roi.
Cependant, Zeus désapprouvait l’adultère
d’Aeropé, et le dieu envoya alors Hermès auprès d’Atrée, afin qu’il prenne
sa revanche sur son frère. Sur les conseils du messager des dieux, Atrée
rencontra son frère Thyeste, et lui proposa un nouveau marché : il le
reconnaîtrait ad hoc comme roi de Mycènes, à moins que le soleil
n’inverse sa course dans le ciel. Thyeste, qui pensait que son frère était
devenu fou, accepta sa proposition. Seulement, l’improbable se produisit, et
le roi dut abandonner son trône. Atrée décida alors de bannir son frère.
Mais lorsque Atrée découvrit l’adultère
d’Aeropé et Thyeste, il décida de se venger. Faisant mine d’oublier le
passé, il invita son frère à un banquet. Atrée, qui avait tué les trois fils
de Thyeste, servit leurs restes à leur père, excepté les pieds et les mains.
A la fin du dîner, il montra les membres coupés à son frère, et l’exila à
nouveau.
Thyeste maudit alors son frère, et décida de se
venger. Il rencontra l’Oracle de Delphes, et lui demanda que faire. C’est
alors que se dernier lui révéla que l’enfant qu’il aurait avec sa propre
fille, Pélopia, tuerait Atrée. Ce dernier, sans se faire reconnaître,
viola alors sa fille, qui parvint à s’emparer de l’épée de son agresseur.
Par la suite de la malédiction lancée par
Thyeste, l’Argolide fut frappée de famine, et Atrée se rendit auprès de
l’Oracle de Delphes afin de trouver une solution à ce problème. Ce dernier
lui déclara qu’il devait faire revenir son frère Thyeste à Mycènes. Parti à
la recherche de son frère, Atrée s’arrêta à la cour de Thesprotos,
roi d’Epire, où il rencontra Pélopia. Il tomba amoureux d’elle, bien
qu’enceinte, et voulu l’épouser. Le roi, qui faisait passer Pélopia pour sa
fille, accepta la requête d’Atrée, mais ne lui révéla pas l’identité de la
jeune fille. Par la suite, elle abandonna son bébé, Egisthe, lorsque
celui-ci vint au monde. Mais Atrée retrouva l’enfant et décida de l’élever à
la cour.
Par la suite, Atrée demanda à ses fils,
Agamemnon et Ménélas, d’aller consulter l’Oracle de Delphes, afin de savoir
où se trouvait Thyeste. Mais ce dernier, qui souhaitait toujours se venger
de son frère, vint au même moment consulter l’Oracle. Agamemnon et Ménélas,
trouvant là leur oncle, l’enlevèrent et le ramenèrent à Mycènes. Thyeste fut
alors jeté en prison. Atrée demanda alors à Egisthe, devenu adulte, d’aller
égorger le captif. Le roi donna aussi au jeune homme l’épée que Pélopia
avait prise à son agresseur lors de son viol. Lorsque Thyeste aperçut
l’épée, il demanda à Egisthe comment il se l’était procuré, et ce dernier
répondit qu’elle appartenait à sa mère. Thyeste demanda alors de voir
Pélopia, et lui révéla qu’il était l’homme qui l’avait violé, donc le père
et le grand père d’Egisthe. Cette dernière, honteuse de cet inceste, se
transperça avec l’épée de Thyeste. C’est alors qu’Egisthe, refusant de tuer
son père, rapporta l’épée ensanglantée à Atrée, lui affirmant que Thyeste
était mort.
Le roi de Mycènes prépara alors un sacrifice
aux dieux, afin de les remercier de la mort de son frère. Mais c’est alors
qu’Atrée fut tué près du sanctuaire par Egisthe, vengeant ainsi son père.
Thyeste et Egisthe prenant alors le pouvoir en
Argolide, Agamemnon et Ménélas furent contraints à l’exil.
4° Le serment de Tyndare –
Agamemnon et Ménélas se réfugièrent alors auprès du roi de Sparte,
Tyndare.
Bien des années auparavant, Léda,
l’épouse du roi, fut séduite par Zeus, qui avait choisi de se changer en
cygne pour approcher la jeune femme.
Léda et le cygne
,
sculpture réalisée par Jean THIERRY, XVIII° siècle, musée du Louvre.
Cette dernière accoucha ensuite de deux
œufs, l’un contenant les enfants de Zeus (Pollux et Hélène.), l’autre
contenant les enfants de Tyndare (Castor et Clytemnestre.). Castor et
Pollux participèrent entre autres à l’expédition de Jason en Colchide[7],
et furent les précepteurs d’Héraclès.
Quand Hélène devint adulte, son père chercha
des prétendants pour la marier. Seulement, étant fille de Zeus, la jeune
femme était d’une beauté à nulle autre pareille, et de nombreux guerriers se
rendirent à Sparte afin de tenter de la conquérir : Ulysse, les deux Ajax,
Antiloque, Diomède, Ménélas, Patrocle, Philoctète, etc.
Tyndare craignait que ces rivalités n’entraînent une guerre, et Ulysse, roi
d’Ithaque, qui se trouvait là, vint lui faire part de son stratagème : quel
que soit l’homme qui serait choisi, tous les prétendants devaient promettre
de lui venir en aide si son épouse lui était enlevée. Tous les hommes
présents prêtèrent ce qui fut appelé le serment de Tyndare, juchés
sur la peau d’un cheval sacrifié. Ce fut alors Ménélas qui fut choisi (les
légendes divergent à ce propos : soit Hélène décida de choisir le plus beau
de ses prétendants, soit c’est son père qui décida de choisir le plus
riche.). Hélène accoucha plus tard d’une fille, Hermione. Par la
suite, Agamemnon épousa Clytemnestre[8],
l’autre fille de Tyndare. Ensemble, ils eurent un fils, Oreste, ainsi
que trois filles, Iphigénie, Electre et Chrysotémis.
Un jour, Tyndare mourut, et Ménélas lui succéda
à la tête de Sparte. Puis, ce dernier aida son frère à reconquérir le trône
en Argolide, éliminant Thyeste, mais laissant s’échapper Egisthe.
5° La légende de la pomme d’or –
À la même époque, l’on célébrait le mariage de Pélée et de la nymphe
Thétis (les futurs parents d’Achille.).
Les Noces de Thétis et de Pélée ou
Le festin des dieux, par Hendrick de Clerck, vers 1606/1609, musée du
Louvre, Paris.
Zeus lui-même aurait voulu avoir un
enfant avec cette dernière, mais il fut prévenu (par Thétis elle-même, ou
peut être par Prométhée.) que l’enfant qui naîtrait serait plus puissant que
son père. Zeus ne voulut pas prendre de risques, et maria la nymphe à un
mortel.
La fête battait son plein, de nombreuses
divinités participant à la noce. Mais c’est à ce moment là qu’apparut
Eris, déesse de la discorde, qui n’avait pas été invitée. Elle jeta
alors une pomme d’or au milieu des participants, sur laquelle était portée
l’inscription « A la plus belle. » Ce fut le Troyen Pâris qui reçut la
lourde tâche de choisir la plus belle des déesses présentes lors de la
cérémonie : Héra, Athéna ou Aphrodite.
Statue d'Héra, Altes museum, Berlin (à gauche) ; buste de Pâris, par Antonio CANOVA, vers 1810, Alte
Nationalgalerie, Berlin (au centre) ; Statue d'Athéna du type "Hope-Farnèse",
sculpture romaine réalisée entre le I° et le II° siècle après Jésus Christ,
musée du Louvre, Paris (à droite).
Pâris était le fils de Priam, le roi de
la ville de Troie. Alors que l’épouse de ce dernier, Hécube, était
enceinte, elle fit une vision : elle accouchait d’une bûche qui mettait
Troie en ruine. Priam, qui en outre apprit de la bouche d’un oracle que
l’enfant apporterait de grands malheur, décida de tuer l’enfant, confiant
cette tâche à un berger nommé Agélaos. Ce dernier abandonna Pâris sur
le mont Eda, pensant qu’il mourrait de faim. Cependant, lorsqu’il revint, il
se rendit compte que le bébé avait été nourri par une ourse, et, pris de
pitié, il décida de l’adopter. Adulte, Pâris devint un berger, comme son
père adoptif. Il épousa à cette époque une nymphe nommé Oenone.
Peu de temps après, Priam décida d’organiser
des jeux. Il envoya ses serviteurs sur le mont Eda, afin qu’ils en ramène un
taureau, qui serait le premier prix de la compétition. Les serviteurs
rapportèrent un taureau splendide, auquel Pâris tenait beaucoup. Il les
suivit jusqu’au palais de Priam, bien décidé à reconquérir son bien. Lors
des jeux, Pâris se distingua par sa valeur, si bien qu’un des fils de Priam,
Déiphobe, voulut le tuer. Pâris se réfugia alors auprès de l’autel de
Zeus dans la cour du palais, et il fut reconnu par Cassandre, une des
filles de Priam[9].
Le roi de Troie accueillit alors son fils dans son palais, oubliant la
vision de son épouse. Cependant, Pâris préféra continuer à vivre sur le mont
Eda.
C’est là qu’Hermès rencontra le jeune homme, et
lui demanda de remettre la pomme d’or à la plus belle des trois déesses.
Le jugement de Pâris,
mosaïque romaine du II° siècle après Jésus Christ, musée du Louvre,
Paris.
Héra promit à Pâris de lui accorder le pouvoir, Héra lui proposa d’obtenir
la victoire au cours de toutes les batailles qu’il livrerait, Aphrodite lui
promit qu’il obtiendrait la plus belle femme du monde connu. Pâris, qui
avait préféré vivre sur le mont Eda plutôt qu’à la cour de Priam, refusa la
proposition de Héra ; et comme il n’était pas un guerrier, il n’était pas
non plus intéressé par l’offre d’Athéna[10].
Par contre, bien qu’étant déjà marié avec Oenone, il fut touché par les
arguments d’Aphrodite et lui donna la pomme d’or. Cette dernière favorisa
alors une rencontre entre lui et la plus belle femme connue : Hélène,
l’épouse du roi Ménélas de Sparte.
6° L’enlèvement d’Hélène –
Plus tard, Pâris fut envoyé en ambassade à
Sparte, auprès du roi Ménélas. Sachant très bien que son mari partait
trouver Hélène, Oenone lui proposa de revenir près d'elle sur le mont Ida,
si un jour il était blessé. Là, elle pourrait le soigner, grâce à ses
connaissances en médecine.
En arrivant à Sparte, les Troyens furent bien
accueillis par Ménélas. Cependant, quelques jours après, celui-ci dut
quitter la cité, se rendant en Crète, à l’enterrement de son grand père
Catrée. C’est alors que Pâris enleva Hélène (les légendes se savent trop si
ce fut de gré ou de force.), et la ramena à Troie (il pilla aussi le trésor
de Ménélas au passage.).
L'enlèvement d'Hélène, par Benoît de Sainte Maure, enluminure issue de
l'ouvrage Roman de Troie, Paris, France, XIV°siècle.
L'enlèvement d'Hélène, par Pierre PUGET, XVII° siècle, musée du
Louvre, Paris.
Ensemble, ils eurent quatre fils.
Pâris et Hélène, par Louis DAVID, 1789, musée du
Louvre, Paris.
7° L’union des rois grecs –
Unis par le serment de Tyndare, les rois grecs décidèrent d’aider Ménélas à
récupérer son épouse. Après dix longues années de négociations infructueuses
avec les Troyens, ils décidèrent donc d’attaquer leurs ennemis.
Agamemnon fut donc désigné pour diriger
l’expédition, équipé de son sceptre d’ivoire, fabriqué par Héphaïstos, et
qui appartenait à ses ancêtres depuis des générations. Tous ceux qui avaient
prêté le serment de Tyndare étaient présents, sauf Ulysse. Agamemnon et ses
hommes décidèrent alors de le rencontrer et se rendirent à Ithaque. Là, ils
le trouvèrent en train de labourer son champ, ayant attelé un bœuf et un âne
à sa charrue, semant du sel. Ulysse voulait se faire passer pour fou et
ainsi éviter de participer au conflit. Mais c’est alors qu’un compagnon
d’Agamemnon, Palamède, voulut tester la folie d’Ulysse : il plaça
Télémaque, le fils de ce dernier, sous les sabots des bêtes de somme. La
supercherie fut alors découverte, Ulysse, ne voulant pas écraser son propre
fils[11].
8° Achille et les prophéties
concernant la guerre de Troie – Achille était le fils de Pélée, roi de
Phthie en Thessalie, et de la nymphe Thétis. Comme nous l’avons vu
précédemment, c’est à leur mariage qu’apparut Eris, la déesse de la
discorde, et qui lança vers l’assemblée une pomme d’or portant l’inscription
« à la plus belle. »
Thétis, déçue d’épouser un mortel, voulut
rendre son fils invulnérable : bien que plusieurs légendes se contredisent à
ce sujet[12],
la plus courante montre la nymphe plongeant son fils dans le Styx, en le
tenant par le talon.
Thétis trempant Achille dans le Styx, tapisserie de Pierre Paul RUBENS, XVII°
siècle, musée d'art et d'histoire, Bruxelles.
Par la suite, Thétis abandonna mari et enfant,
confiant Achille au centaure Chiron. Ce dernier lui apprit à courir (d’où,
dans l’Iliade, l’épithète Achille au pied léger.), lui enseigna l’art
de la guerre, l’art de la médecine et de la musique.
L'Education d'Achille : La Leçon
d'équitation (en haut.) et La Leçon d'armes (en bas.),
par Jean Baptiste CHAMPAIGNE, vers 1666, musée du Louvre, Paris
.
L'Education d'Achille par le centaure
Chiron, par Jean Baptiste REGNAULT, fin du XVIII° siècle, musée du Louvre,
Paris
.
Plus tard, Achille revint en Phthie, et à la
cour de son père, il rencontra Patrocle, qui devint son compagnon[13].
Il fit là l’apprentissage du gouvernement et de la diplomatie avec un vieil
homme nommé Phoenix.
Achille disait à sa mère qu’il préférait une
vie courte et glorieuse que longue et morne. Cette dernière, sachant que la
guerre de Troie allait avoir lieu, décida d’emmener son fils à Skyros,
auprès du roi Lycomède. Thétis, ne voulant pas qu’Achille participe
au conflit, le déguisa en fille, le dissimulant parmi les filles du
souverain. Il y porta le nom de Phyrra (‘la rousse’.), et épousa
Déidamie, une des filles de Lycomède. Ensemble, ils eurent un fils,
Néoptolème (nommé aussi Phyrrus.).
C’est alors qu’un jour, les Grecs, menés par
Ulysse, vinrent chercher le jeune homme. En effet, le devin Calchas avait
prédit qu’ils ne pourraient battre les Troyens sans l’aide d’Achille. Le
rusé Ulysse distribua des tissus et des armes aux filles du roi. Mais, alors
que ces dernières étaient assemblées autour des étoffes, une trompette sonna
un signal d’alarme : Achille se rua alors sur les armes, et fut démasqué par
Ulysse.
Achille chez les filles de lycomède à
Skyros, reconnu par Ulysse,
tapisserie élaborée de 1740 à 1748, Hôtel de Soubise, Paris.
Bien qu’il ne soit pas lié par le serment de
Tyndare, Achille accepta de partir vers Troie.
9° Le sacrifice d’Iphigénie –
Les 300 navires grecs étaient en route vers
Troie lorsque, près d’Aulis, le vent tomba soudain, immobilisant la flotte.
En effet, Agamemnon avait offensé la déesse Artémis, en osant prétendre
avoir tué une biche avec une adresse que la déesse elle même n'aurait pu
égaler.
C’est alors que le devin Calchas, qui avait
déjà prédit que la guerre durerait dix ans, expliqua pourquoi le vent était
tombé : Artémis était en colère, et seul le sacrifice de la fille du fautif
permettrait de la satisfaire. Agamemnon fit alors venir sa fille Iphigénie,
promettant de lui donner Achille en mariage, puis la sacrifia. Ensuite, les
navires purent repartir[14].
Le sacrifice d'Iphigénie, par Bertholet FLEMALLE, vers 1647, musée du
Louvre, Paris
.
10° Les neuf premières années de
la guerre de Troie – Les Grecs, après quelques mésaventures, arrivèrent
finalement près des côtes de Troie (rappelons qu’Hélène avait été enlevée
depuis maintenant dix années.).
L'enlèvement d'Hélène (en haut de l'image.) et le débarquement des Grecs
sous les murs de Troie (en bas.), par Vincentius Bellovacensis, enluminure issue de
l'ouvrage Speculum historiale, France, XV°siècle.
Achille aurait voulu être le premier à
débarquer, mais sa mère Thétis lui avait prédit que le premier à débarquer
serait le premier à se faire tuer. Le jeune homme décida d’écouter sa mère,
et céda sa place au Grec Protésilas : ce dernier fut effectivement la
première victime de la guerre, transpercé par la lance d’Hector, fils de
Priam.
Hector, bien qu’il fut le Troyen ayant tué le
plus d’ennemis au combat (il tua plus de Grecs qu’Achille ne tua de
Troyens.), n’en reste pas moins décrit par Homère comme un homme franc et
valeureux, bon père et bon mari. Il était le véritable héros des Troyens,
comme Achille était celui des Grecs. Réprouvant l’acte de son frère Pâris,
considérant celui-ci comme un coureur de jupons, il avait accepté de rendre
Hélène à Ménélas afin d’éviter la guerre.
Une fois débarqués, les Grecs décidèrent
d’envoyer une ambassade auprès des Troyens, leur proposant d’organiser un
combat entre Ménélas et Pâris, afin d’épargner la vie des soldats des deux
camps. Ces derniers acceptèrent, et le combat entre les deux hommes
commença. Seulement, alors que Ménélas était en train de prendre l’avantage
sur son adversaire, Aphrodite envoya un épais brouillard sur le champ de
bataille, et transporta Pâris jusqu’à la chambre d’Hélène.
Alors la guerre commença.
Le premier adversaire d'Achille fut le Troyen
Cycnos, un fils de Poséidon, qui était réputé invulnérable. Le Grec
parvint cependant à le tuer en l'étranglant avec la courroie de son propre
casque (selon certaines légendes, Cycnos fut transformé en cygne avant que
les Grecs ne s’emparent de ses armes.). Par la suite, au cours d'une
embuscade, Achille tua aussi un
des fils d’Hécube, Troïlus (aussi nommé Troïlos.).
Achille guettant Troïlos,
représentation figurant sur un plat grec du VI° siècle avant Jésus Christ.
Les Grecs firent aussi de nombreuses razzias
contre les cités voisines, afin de couper l’approvisionnement de Troie.
Achille, à la tête de l’armée, dévasta douze villes sur la côte et onze
villes à l’intérieur des terres. Dans la cité de Thèbe en Troade, il tua le
roi Eétion, père d'Andromaque (la femme d’Hector.), ainsi que
ses sept fils, puis il rançonna la reine. Au cours de cette expédition, il
rencontra et mit en fuite le Troyen Enée, et captura une jeune femme du nom
de Briséis.
Par la suite, les affrontements se succédèrent,
tous plus acharnés les uns que les autres, sans que les troupes d’Agamemnon
ne puisse prendre la ville. Chaque camp comptait ses héros, chaque camp
était appuyé par ses divinités : Poséidon, Héra, Athéna pour les Grecs ;
Aphrodite, Apollon et Arès pour les Troyens. Comme l’avait prédit le devin
Calchas, la guerre dura dix ans.
Guerriers combattant, vase grec du VI°
siècle avant Jésus Christ, Petit Palais, Paris
.
11° La dixième année de la
guerre de Troie, l’Iliade d’Homère – C’est à ce moment là de l’histoire
que débute l’Iliade d’Homère. Comme nous l’avons dit précédemment, tout le
récit ne se concentre que sur un bref épisode du conflit, situé au cours de
la dixième année de la guerre : la colère du héros Achille.
- Briséis est enlevée à Achille :
au cours d’une attaque contre les cités avoisinant Troie, les Grecs s’en
prirent à l’île de Chrysé, en Troade. Là, ils saccagèrent le temple
d’Apollon, et enlevèrent Chryséis, la fille du prêtre qui officiait
là, Chrysès. Les Grecs ramenèrent par la suite la jeune fille à
Agamemnon, qui en fit sa concubine.
Cependant, le père de la captive ne l’entendit
pas de cette oreille, et vint se plaindre auprès du roi. Ce dernier le
menaça, et Chrysès, furieux, lança une malédiction sur le camp des Grecs :
en effet, peu de temps après, Apollon vint y répandre la peste. Au bout de
neuf jours, Agamemnon dut s’incliner devant le prêtre. Il chargea Ulysse de
ramener la jeune fille auprès de son père, puis ils firent une hécatombe[15]
sur l’île.
Par la suite, Agamemnon s’empara en échange de
Briséis, la captive d’Achille. Ce dernier, fou de rage, décida de se retirer
dans sa tente et de ne plus participer aux combats. Il demanda en outre à sa
mère Thétis d’obtenir de Zeus qu’il favorise les Troyens.
- La mort de Patrocle : nombreux furent
les Grecs qui tentèrent de faire revenir Achille à la raison (son compagnon
Patrocle, Ulysse, etc.), mais rien n’y fit. Les Grecs, malgré l’absence du
héros, tentèrent tant bien que mal de continuer le combat. Diomède, un
compagnon d’Ulysse, tua le prince troyen Pandaros, blessa Enée et
Aphrodite, et chassa Arès du champ de bataille.
Statue de Diomède,
sculpture romaine réalisée entre le II° et le III° siècle après Jésus
Christ, musée du Louvre.
Avec Ulysse, ils partirent
espionner le camp avancé troyen, installé sur la plage. Là, ils
interrogèrent puis tuèrent l’espion troyen Dolon.
De son côté, Ajax le Grand, fils du roi Télamon
de Salamine, lutta en combat singulier contre Hector, sans qu’un des deux
combattant ne puisse remporter la victoire. La nuit venant, ils mirent fin
un combat, échangeant des présents : Hector donna son épée à Ajax, qui en
échange lui donna sa ceinture. Proche d’Ulysse, il aida ce dernier alors
qu’il avait était blessé au cours d’une bataille. Enfin, il repoussa
l’assaut des Troyens, menés par Hector, contre les murs protégeant la flotte
grecque.
Cependant, les Grecs accumulèrent une série de
revers. Patrocle décide alors de porter les armes d’Achille, avec
l’autorisation de ce dernier. Accompagné de ses hommes, les Myrmidons[16],
il excita le courage des Grecs, et provoque la débâcle chez leurs
adversaires. Se lançant à l’assaut de la ville, il tua à cette occasion le
Troyen Sarpédon[17],
mais se fit cependant tuer par Hector.
- Achille contre Hector :
en apprenant la nouvelle de la bouche d’Antiloque, Achille fut fou de rage.
Il demanda alors à sa mère de nouvelles armes, qui les commanda auprès
d’Héphaïstos, le dieu forgeron. Cette dernière lui déclara cependant que
s’il venait à tuer Hector, il le suivrait de près dans la tombe, mais
Achille resta sourd aux avertissements de sa mère. La nuit venue, il effraya
les Troyens tant ses cris étaient lugubres. En outre, Agamemnon se réconcilia
avec lui, et accepta de lui rendre Briséis.
Les jours suivants, Achille ne réussit pas à
affronter Hector, et se vengea en massacrant un grand nombre de Troyens. Il
fit tant de victimes que le fleuve Scamandre, rouge du sang des tués au
combat, tenta de noyer Achille.
Ce dernier, peu de temps après, parvint
cependant à affronter Hector au cours d’un duel singulier, qui l’avait
attendu sous les murs de la cité. Il était dit que si Hector mourrait, la
cité tomberait. Priam et Hécube tentèrent donc en vain de dissuader leur
fils d’affronter Achille.
Les adieux d'Hector et Andromaque, par Joseph Marie VIEN, 1786, musée du
Louvre, Paris.
Ce dernier fut sourd à leurs lamentations, et
attendit son ennemi. Cependant, lorsque celui-ci arriva, Hector, pris de
peur, décida de prendre la fuite. Les deux adversaires firent trois fois le
tour de la cité avant d’en venir aux armes. C’est alors qu’Hector demanda à
son ennemi de respecter son corps et de le rendre à son père Priam, s’il
venait à perdre le combat. Achille refusa et le tua, le perçant d’un coup de
lance.
- La vengeance d’Achille :
mais la colère d’Achille ne le quittait pas. Il attacha le cadavre d’Hector
à son char, et fit ainsi trois fois le tour des murailles de Troie, puis le
traîna autour de la tombe de Patrocle pendant douze jours.
Priam insista auprès d’Achille pour que le
corps de son fils lui soit rendu, mais ce dernier refusa dans un premier
temps. Sa mère Thétis parvint cependant à le faire changer d’avis, lui
affirmant que les dieux étaient mécontents du traitement qu’il avait infligé
à la dépouille d’Hector.
Priam implorant Achille, vers 1800-1820, Alte Nationalgalerie, Berlin.
Alors, après avoir organisé des jeux funéraires
en l’honneur de Patrocle, il rendit la dépouille à Priam. C’est sur ce récit
que se clôt l’Iliade d’Homère.
12° La fin de la guerre de Troie –
Les récits concernant cette partie de la guerre
font partie soit de l’Odyssée d’Homère, soit d’écrits postérieurs à cette
œuvre. En effet, un certain nombre de légendes associées à tel ou tel héros
ne sont pas présentes dans l'œuvre d’Homère, proviennent de versions
d’auteurs moins anciens.
- Achille continue à lutter :
Par la suite, la reine des Amazones, Penthésilée, vint à l’aide de
des Troyens. Achille la tua, mais tomba amoureux de son cadavre. C’est alors
qu’un Grec nommé Thersite se moqua de lui, et il le tua lui aussi.
Pour cette faute, il dut faire un sacrifice à Artémis et Apollon, puis se
faire purifier du meurtre par Ulysse.
Par la suite, Achille élimina un autre allié
des Troyens, venu en renfort : Memnon, roi d’Éthiopie, qui avait tué
Antiloque.
- La mort d’Achille :
les Troyens étaient désemparés face à la puissance d’Achille. C’est alors
qu’ils apprirent le point faible du Grec. Alors qu’il était bébé, sa mère
Thétis l’avait plongé dans les eaux du Styx, qui le rendirent invulnérable.
Mais cette dernière le tenait par le talon, qui était le point faible
d’Achille.
C’est alors qu’en plein combat, Pâris, guidé
par Apollon, tira une flèche dans le talon d’Achille, le tuant sur le coup
(certaines sources disent que ce fut Apollon lui-même qui décocha la
flèche.).
Alors qu’Ulysse tenait les Troyens en échec,
Ajax ramena la dépouille d’Achille au camp des Grecs.
Peu après éclata une dispute entre Ajax et
Ulysse, qui se disputaient le droit de recevoir les armes du défunt.
Dispute entre Ajax et Ulysse,
représentation figurant sur un vase grec du VI° siècle avant Jésus Christ.
Au
final, c’est Ulysse qui fut choisi, et Ajax lui voua une rancune tenace. La
nuit venue, il décida d’attaquer les Grecs, mais Athéna le frappa de folie
et il alla massacrer un troupeau de moutons. Lorsqu’il retrouva ses esprits,
il se suicida à l’aide de l’épée que lui avait donné Hector[18].
Par la suite, les cendres d’Achille furent
mélangées à celles de Patrocle. Par contre, les chefs grecs refusèrent de
donner une sépulture à Ajax, en raison des actions qu’il avait commises, et
il fallut qu’Ulysse intervienne afin de les faire changer d’avis.
- Les flèches d’Héraclès : après la mort
d’Achille, les Grecs étaient atterrés. C’est alors qu’ils se souvinrent de
la prophétie de l’Oracle de Delphes, qui avait déclaré qu’ils ne pourraient
vaincre s’ils n’étaient en possession des flèches d’Héraclès.
Au début de la guerre, les Grecs s’étaient
rapprochés de Philoctète, qui était un compagnon d’Héraclès. Ce dernier, en
mourrant, lui fit promettre de ne pas révéler où se situait sa sépulture, et
lui confia ses fameuses flèches, imprégnées du poison de l’Hydre de Lerne.
Devant l’insistance des Grecs, Philoctète dut
se résoudre à leur révéler où étaient inhumées les cendres d’Héraclès,
montrant ce lieu du pied. Puis, il leur confia qu’il avait conservé les
fameuses flèches.
Mais le destin joua contre Philoctète : en
effet, alors qu’il naviguait vers Troie, une des flèches lui tomba sur le
pied avec lequel il avait montré le lieu de la sépulture d'Héraclès. La
blessure commença alors à s’envenimer, et il s’en dégagea une odeur si
infecte qu’Ulysse décida d’abandonner Philoctète sur l’île de Lemnos. Il y
resta seul pendant dix ans, souffrant de sa solitude et de sa blessure.
Mais maintenant qu’Achille était mort, il était
urgent pour les Grecs de retrouver Philoctète et les flèches d’Héraclès.
Ulysse, Diomède et Néoptolème (le fils d’Achille.) furent donc chargés
d’aller le ramener.
Arrivant sur la plage de Troie, Pâris défia
Philoctète en duel ; le Grec accepta et blessa mortellement le Troyen à
l’aide d’une des flèches d’Héraclès. Pâris demanda à ses serviteurs qu’on
l’emmène au mont Ida, près d’Oenone qui avait promis de le guérir.
Cependant, cette dernière refusa, et Pâris fut ramené à Troie. Peu après,
Oenone regretta son refus, mais il était trop tard car son époux était mort.
Elle décida alors de se pendre.
Hélène se retrouvant veuve, un autre fils de
Priam, Déiphobe, fut choisit pour être son nouvel époux.
- Le cheval de Troie :
C’est alors qu’une idée germa dans l’esprit d’Ulysse. Il fit construire aux
Grecs un grand cheval de bois, dans lequel lui et quelques uns de ses hommes
se dissimulèrent.
Les Grecs se cachent dans le cheval de Troie, par Maître de
l'Enéide, vers 1530, musée du Louvre, Paris.
Au même moment, la flotte grecque fit mine de se retirer,
et les Troyens s’aperçurent au matin que la grève était déserte. Trop
content d’avoir remporté la victoire, les Troyens virent qu’il ne restait
sur la plage qu’un cheval de bois.
Les avis étaient partagés : certains voulurent
conserver le cheval (Sinon, un esclave grec vivant à Troie, assurait
les Troyens qu’il s’agissait là d’une offrande à Athéna, destinée à assurer
aux Grecs un bon retour.), d’autres au contraire, voulurent la brûler. Ce
fut le cas de Laocoon, un prêtre de Poséidon. Lançant son javelot
contre les flancs du cheval, qui sonna creux, il mit les Troyens en
garde. C’est alors que deux serpents venus de la mer se jetèrent sur les
fils de Laocoon et les dévorèrent.
Laocoon et ses fils, par Jean Baptiste TUBY, Philibert VIGIER
et Jean ROUSSELET, 1696, château de Versailles.
Ce dernier, voulant sauver ses fils, prit
ses armes et commença à lutter contre les créatures. Cependant, elles eurent
tôt fait d’avoir raison de lui et le tuèrent. Par la suite, les deux
serpents se réfugièrent au temple d’Athéna ; les Troyens crurent alors que
Laocoon avait offensé la déesse, et apportèrent le cheval de bois dans la
ville[19].
Dans la soirée, Hélène et Déiphobe vinrent voir
l’imposant cheval. Hélène imita alors la voix des épouses des hommes
enfermés à l'intérieur, afin de déjouer le piège, si toutefois il y en avait
un. Ulysse dut alors tout faire pour convaincre ses compagnons de ne pas
répondre. Rassurés, Déiphobe et Hélène repartirent.
La prise de Troie, par Benoît de Sainte Maure, enluminure issue de
l'ouvrage Roman de Troie, Paris, France, XIV°siècle.
A la nuit tombée, les Troyens festoyaient, trop
heureux que la guerre soit achevée. C’est alors qu’Ulysse et ses hommes
sortirent du cheval, puis ouvrirent les portes de la ville. Toute l’armée
grecque rentra alors dans Troie, et la pillèrent.
La prise de Troie, par Jean de Courcy, enluminure issue de l'ouvrage
La bouquechardière, Paris, France, XIV°siècle.
De nombreux Troyens furent tués cette nuit là,
ou réduits en esclavage : Déiphobe fut tué par Ménélas dans son sommeil ;
Priam fut tué par Néoptolème ; Astyanax, fils d’Hector, fut tué à
l’instigation d’Ulysse, qui ne voulait pas qu’un descendant au trône de
Troie puisse un jour se venger (Néoptolème le précipita du haut des
remparts.). La reine Hécube fut faite prisonnière par Ulysse ; Néoptolème
s’empara d’Andromaque ; Cassandre fut violée par Ajax le Petit[20],
puis Agamemnon en fit sa prisonnière.
Néoptolème tue Priam et Astyanax, représentation
figurant sur un vase grec du VI° siècle avant Jésus Christ, Neues museum,
Berlin.
L'assassinat de Priam, par Vincentius Bellovacensis, enluminure issue de
l'ouvrage Speculum historiale, France, XV°siècle.
Bien peu parvinrent à fuir la ville, comme le
Troyen Enée, qui s’enfuit avec son père Anchise, sa femme Créüse,
et son fils Ascagnos[21].
Quant à Ménélas, il retrouva finalement sa
femme Hélène.
Finalement, après avoir pillé la ville, les
Grecs décidèrent de rentrer chez eux.
13° Le retour en Grèce –
Cela faisait dix ans que les Grecs attendaient de pouvoir rentrer chez eux.
Cependant, certains eurent bien plus de mal à regagner leur foyer que
d’autres.
- Agamemnon :
le roi d’Argolide, en rentrant, fut accueilli par son cousin Egisthe (qui
était devenu l’amant de sa femme Clytemnestre.). Ce dernier convia le roi à
un banquet, et c’est alors que surgirent une troupe d’hommes en armes qui
tuèrent Agamemnon[22].
Cassandre fut tuée peu après aux ordres de la reine.
Clitemnestre hésitant avant de frapper Agamemnon endormi, par
Pierre Narcisse GUERIN, 1817, musée du
Louvre, Paris.
Son fils Oreste, encore un enfant au moment du
meurtre, fut emporté par sa grande sœur Electre[23].
Elle l’emmena en Phocide, auprès du frère de Clytemnestre, le roi
Strophios. Il l’éleva en même temps que son fils Pylade. Une
solide amitié se forgea entre les deux enfants, qui ne se brisa pas
lorsqu’il devinrent adultes. Une fois arrivé à l’âge d’homme, Oreste se
rendit auprès de l’Oracle de Delphes, afin de savoir comment il devait agir
pour venger son père. Ce dernier lui révéla alors qu’il devrait tuer sa mère
et son amant. Le jeune homme, qui avait déjà le soutien de Pylade, réussit
aussi à gagner sa sœur Electre à sa cause. Ensemble, ils tuèrent
Clytemnestre et Egisthe.
Oreste tue Clytemnestre, miroir en bronze du V° siècle avant
Jésus Christ, Altes museum, Berlin.
Selon certaines sources, Oreste, bien qu’ayant
suivi la loi du Talion, fut par la suite considéré par un matricide, et
fut frappé de folie. A la suite de quelques mésaventures, il tua Néoptolème
qui lui avait enlevé Hermione, la femme qu’il aimait. Ils se marièrent
finalement, et Oreste régna sur l’Argolide, mais aussi sur Sparte à la mort
de Ménélas. Il eut un enfant d’Hermione nommé Tisamène, qui lui
succéda à sa mort.
- Ménélas et Hélène : la nuit où Ménélas
avait retrouvé son épouse, il voulut la tuer sur le champ, mais ses hommes
et les charmes d’Hélène l’en dissuadèrent. Les jours suivants, il leva
l’ancre en direction de la Grèce. Seulement, Ménélas n’avait pas fait de
sacrifices afin d’apaiser les dieux partisans de Troie, et ils s’acharnèrent
sur sa flotte. De ses cinquante navires, cinq seulement survécurent.
Finalement, la petite flotte parvint à gagner
l’Egypte. Sur l’île de Pharos, Ménélas tenta de rencontrer Protée,
une divinité maritime, qui avait don de prophétie et de métamorphose. Le roi
de Sparte voulait savoir pourquoi les dieux s’acharnaient sur lui. Il se
dissimula auprès des phoques qui peuplaient la berge, et lorsque Protée
arriva, il se jeta sur lui. Afin d'échapper à son assaillant, Protée se
changea en lion, en serpent, en léopard, en cochon, ainsi qu’en eau et en
arbre. Mais, voyant que Ménélas ne lâcherait pas prise, il accepta de
répondre aux questions du roi.
Il lui apprit alors que son frère Agamemnon
avait été tué en rentrant chez lui, qu’Ajax le Petit était mort noyé[24],
et qu’Ulysse avait échoué sur l'île de
Calypso[25].
Après avoir fait les sacrifices nécessaires
afin de pouvoir rentrer chez lui sans encombres, Ménélas prit le large à
nouveau. Il arriva à Mycènes pour les funérailles d’Egisthe et Clytemnestre,
qu’Oreste avait tué pour venger Agamemnon. Il rencontra Télémaque, qui
recherchait son père, et lui répéta ce que lui avait dit Protée.
Après de longues années de règne, Ménélas
mourut, et ce fut Oreste (qui avait épousé Hermione, la fille du roi.) qui
récupéra le trône de Sparte.
- Ajax le Petit :
Athéna voulait punir Ajax, car il avait profané une statue à son effigie
lorsqu’il viola Cassandre. Ulysse avait demandé aux Grecs de punir le
fautif, mais avaient refusé de le faire.
Alors qu’il retournait vers la Grèce, Athéna
demanda à Zeus de créer une violente tempête, qui détruisît beaucoup de
navires grecs, près du cap Capharée, au sud de l'île d'Eubée. La déesse
s’occupa d’Ajax en personne en foudroyant son bateau, qui sombra alors.
Cependant, celui-ci survécut au naufrage, et parvint à nager jusqu’à un bout
de rocher. Là, il se moqua des dieux, tant et si bien que Poséidon fit
éclater d’un coup de trident l’île où se trouvait Ajax. Ce dernier fut tué,
puis enterré à Mycènes par Thétis.
- Phyloctète : toujours blessé au pied à
cause d’une des flèches d’Héraclès, il n'osa pas retourner dans son
pays après que Troie soit tombée. Il se réfugia en Calabre, et il érigea la
ville de Pétilie. Là, il y fut soigné par Machaon, un fils
d’Asclépios, le dieu médecin.
- Néoptolème :
suite à la prise de Troie, il rentra ensuite en Phthie, mais les légendes
divergent à son sujet. Selon le récit d’Homère, Néoptolème épousa Hermione,
la fille d’Agamemnon ; d’autres récits racontent qu’il se maria avec
Andromaque, avec laquelle il eut trois enfants (Molossos, Piélos et
Pergamos.).
Les récits concernant la vie de Néoptolème sont
nombreux et contradictoires, tout comme la raison de sa mort. Selon
certaines sources, il fut assassiné par Oreste, qui voulait récupérer son
amante Hermione ; selon d’autres, Néoptolème se serait attaqué au temple
d’Apollon à Delphes (afin de venger la mort de son père Achille.), et se
serait fait tuer par les habitants de la ville.
- Diomède : le voyage de ce héros vers
la Grèce se déroula sans encombre, mais cependant, il allait devoir
affronter de nouvelles épreuves. En effet, sa femme Aegialé l’avait
trompé pour un autre homme (les légendes disent qu’elle fut soit influencée
par Aphrodite qui voulait se venger du coup de lance que lui avait asséné
Diomède ; soit par Nauplios, le père de Palamède, qui voulait venger
son fils[26].).
Il dut alors fuir son royaume, qu’il avait
acquis par mariage, et partit se réfugier en Italie, accompagné de quelques
compagnons. Diomède accosta, puis rencontra Daunus, le roi d’Apulie
(dont il épousa la fille Evippé.).
Par la suite, alors qu’il vivait sur des îles
au large de l'Apulie, il rencontra un ambassadeur du prince Rutule Turnus,
qui lui demanda de l’aide afin de lutter contre Enée. Cependant, Diomède
refusa, ayant eu déjà assez bien de malheurs à cause d’Aphrodite (elle était
la mère d’Enée.).
- Le devin Calchas : lui non plus n’eut
pas de problèmes pour rentrer en Grèce, seulement il ne survécut pas
longtemps. Il rencontra peu de temps après le devin Mopsos (petit
fils du devin Tirésias.) dans un concours d’art divinatoire, et fut battu
par son adversaire. Calchas avait un jour rencontré un oracle qui lui avait
prédit qu’il mourrait le jour où il rencontrerait un devin plus habile que
lui. Et la prophétie se réalisa…
[1]
Plus tard, les Spartiates feront l’apologie de la mort au champ
d’honneur : par exemple, en 481 avant Jésus Christ, au cours de la
II° guerre médique, le roi de Sparte, Léonidas, reçut la
tâche de protéger le défilé des Thermopyles. Avec ses 300 de
soldats, ils tinrent tête jusqu’à la mort à une armée perse très
largement supérieure en nombre.
[2]
Vous aurez plus de détails sur le supplice de Tantale aux Enfers au
2, section II, chapitre deuxième, mythologie grecque.
[3]
A ce sujet, voir le 2, section IV, chapitre troisième, mythologie
grecque.
[4]
Ne pas confondre Eurypide, fille de Pélops, et Eurypide, femme
d’Orphée. Pour plus de détails sur Alcmène et son fils Hercule,
voyez le 1, section IV, chapitre troisième, mythologie grecque.
[5]
Cette aventure est relatée en 1, section III, chapitre troisième,
mythologie grecque.
[6]
Les douze travaux d’Héraclès sont relatés en section IV, chapitre
troisième, mythologie grecque.
[7]
Pour plus de plus amples détails sur l’expédition des Argonautes,
voir la section II, chapitre troisième, mythologie grecque.
[8]
Elle était alors l’épouse d’un fils de Thyeste, Tantale,
qu’Agamemnon tua.
[9]
Il fut un temps, Cassandre était courtisée par Apollon. Ce dernier
accepta de lui apprendre l’art de la divination, croyant qu’ainsi la
jeune fille accepterait de se donner à lui. Seulement, Cassandre
refusa de coucher avec le dieu, et se dernier décida de la punir :
il la condamna à prophétiser avec justesse, mais sans être jamais
crue par personne.
[10]
Pâris était, à l’Antiquité, représenté comme un archer. L’arc, à
l’époque, était considéré comme une arme non noble, car elle
permettait à son utilisateur de ne participer au combat qu’à
distance. Les archers étaient alors vus comme des fourbes ou des
lâches.
[11]
Palamède se fit se jour là un ennemi mortel en la personne d’Ulysse.
En outre, comme ce dernier estimait que la guerre de Troie était
ruineuse et inutile, Palamède l’accusait de trahison. Mais Ulysse se
vengea quelques années après, au cours de la guerre de Troie, en
accusant Palamède de trahison à son tour : il fit enfouir un trésor
dans la tente de son ennemi, et affirma aux Grecs qu’il avait reçu
cet argent de Priam. En outre, il leur montra une fausse lettre du
roi, étayant ses dires. Palamède fut donc condamné à mort et lapidé.
[12]
Thétis aurait mis son fils dans un brasier, afin de consumer sa
nature mortelle ; ou bien elle l’aurait nourri d’ambroisie, la
nourriture divine.
[13]
Selon les légendes, Patrocle apparaît comme plus vieux ou plus jeune
qu’Achille. Il en est aussi de même pour Pâris et Hector, les deux
princes Troyens.
[14]
Les sources divergent quant à la mort d’Iphigénie. Homère, dans
l’Iliade, ne la mentionne pas ; Euripide indique qu’Artémis accepta
de remplacer la jeune fille par une biche ; Eschyle raconte que la
fille du roi fut bel et bien sacrifiée.
[15]
Une hécatombe, à l’Antiquité, désignait le sacrifice de cent bœufs.
[16]
Pour plus de précisions sur les Myrmidons, voir le 3, section II,
chapitre deuxième, mythologie grecque.
[17]
Pour savoir qui était Sarpédon, voir le 4, section V, chapitre
troisième, mythologie grecque.
[18]
Il y a cependant d’autres légendes concernant la mort d’Ajax :
certaines racontent qu’il fut tué par Ulysse ; qu’il fut tué par
Pâris de la même manière qu’Achille ; qu’il fut enterré vivant par
les Troyens car il était immortel ; etc.
[19]
Certaines sources disent que les Troyens firent une brèche dans les
murailles de la ville pour le faire entrer, ou bien élargirent les
portes de la cité.
[20]
Ajax le Petit trouva Cassandre agrippée à une statue d’Athéna. Ce
dernier renversa la statue et viola la jeune fille. Ulysse voulait
punir Ajax pour son offense, mais il ne lui arriva rien. Alors, la
déesse en fut offensée et décida de se venger.
[21]
L’auteur romain Virgile raconte la fuite d’Enée dans son ouvrage l’Enéide.
[22]
Il s’agit là de la version racontée par Homère. Selon Eschyle,
Agamemnon aurait été tué par sa femme Clytemnestre, en
l’immobilisant avec un filet.
[23]
Certaines légendes disent qu’il fut enlevé par sa nourrice.
[24]
Nous abordons le récit de la mort d’Ajax le Petit ci-dessous.
[25]
Nous relatons les aventures d’Ulysse au cours de son Odyssée en
Section III, chapitre quatrième, mythologie grecque.
[26]
Diomède, compagnon d’Ulysse, avait en effet participé à ce crime.
Voir le 7, section II, chapitre quatrième, mythologie grecque
pour de plus amples informations à ce sujet.