Car un pays sans passé est un pays sans avenir...

 
Mythologie
 
 

 

 

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La Révolution française (1789 - 1799)

 

CHAPITRE TROISIEME : La monarchie constitutionnelle

(fin 1789 à septembre 1792)

 

III : La guerre contre l’Autriche, la fin de la monarchie (été 1791 à septembre 1792)

           

            1° La nouvelle assemblée (1er octobre 1791) – Comme nous l’avons vu précédemment, l’Assemblée constituante s’était scindée en deux moitiés en juillet 1791, opposant cordeliers et jacobins (favorables à une république.) aux feuillants (partisan du maintien de la monarchie.).

Les élections pour la nouvelle assemblée se firent entre août et septembre 1791, date à laquelle les récoltes de blé furent médiocres. Conformément au décret voté par Maximilien de Robespierre, il fut interdit de réélire les députés de la constituante. Les membres de l’Assemblée législative, réunis pour la première fois le 1er octobre 1791, étaient donc tous de nouveaux élus.

Maximilien de Robespierre, école française, fin du XVIII° siècle, musée Carnavalet, Paris.

Sur les 745 députés, 160 membres étaient favorables au maintien de la monarchie ; 136 étaient issus du club des Jacobins ou du club des Cordeliers ; et la grande majorité, soit 449 députés, se trouvait au centre.

 

Les feuillants n’étaient plus majoritaires à l’assemblée, mais cette perte de pouvoir n’avait pas été favorable aux factions les plus extrémistes. Feuillants et jacobins devaient dès lors s’entendre avec le centre afin d’être majoritaires.

 

            2° La montée des tensions entre la France et l’Autriche (1791 à 1792) – Depuis la fin de l’année 1791, de nombreux aristocrates avaient décidé d’émigrer afin de fuir l’agitation révolutionnaire. La plupart d’entre eux s’étaient installés à Coblence, autour de Charles, comte d’Artois (ce dernier était le frère cadet de Louis XVI.).

Regroupés à la frontière, ces aristocrates faisaient pression sur les souverains étrangers, les invitant à intervenir en France.

 

Par ailleurs, comme nous l’avons vu précédemment, les droits féodaux avaient été abolis lors de la nuit du 4 août 1789. Toutefois, cette mesure posa des problèmes dans le nord est de la France, où les territoires concernées appartenaient à des seigneurs du Saint Empire romain germanique (il y existait une vingtaine de princes possessionnés, dont le margrave de Bade, le duc de Deux Ponts, le prince de Salm-Salm, etc.).

Ces terrains étaient devenus des enclaves germaniques lors du rattachement de l’Alsace et de la Lorraine à la France[1].

 

a) La déclaration de Pillnitz, l’annexion du Comtat Venaissin : Frédéric Guillaume II, roi de Prusse, et Léopold II[2], Empereur germanique et archiduc d’Autriche, décidèrent alors de signer la déclaration de Pillnitz (août 1791.).

Frédéric Guillaume II, roi de Prusse, par Johann FRISCH, 1794, Deutsches historisches museum, Berlin (à gauche) ; la Prusse en 1789 (à droite).

En réalité, le texte ne constituait pas une menace sérieuse contre la France. En effet, les deux souverains se contentaient simplement de démontrer leur solidarité envers les immigrés et le roi des Français. Frédéric Guillaume II et Léopold II préféraient plutôt intervenir en Pologne, offensive plus rentable qu’une guerre contre la France[3].

Certains souverains étaient plus véhéments, tels que Gustave III, roi de Suède, ou Catherine II, tsarine de Russie, ces derniers craignant une « contagion révolutionnaire » au sein de leur propre pays. Toutefois, l’éloignement géographique ne leur permit pas d’intervenir dans le conflit.

Catherine II, par Johann Baptist LAMPI, vers 1794, Deutsches historisches museum, Berlin.

 

En France, la déclaration de Pillnitz fut perçue comme une menace. Ainsi, en octobre 1791, l’Assemblée législative vota un décret à l’encontre des émigrés. Ces derniers étaient ainsi sommés de rentrer en France dans un délai de deux mois, sinon leurs biens immobiliers seraient confisqués (Louis, comte de Provence et frère du roi, devait rentrer en France sous peine de perdre ses droits au trône.).

Fin novembre, les députés votèrent un décret imposant le serment civique aux prêtres réfractaires. La sanction pouvait allait de la suppression de pension jusqu’à la déportation. Un nouveau texte fut voté à la même date, invitant l’électeur de Trêves[4] à disperser son armée.

En décembre, Louis XVI refusa de ratifier le décret pénalisant les prêtres réfractaires, mais accepta néanmoins d’envoyer une somation à l’électeur de Trêves.

 

A noter par ailleurs que le 12 septembre 1791, les députés avaient voté l’annexion d’Avignon et du Comtat Venaissin, possessions du Saint Siège en plein cœur de la Provence (les avignonnais s’étaient insurgés contre le pape en juin 1790.). Rome dut se contenter d’émettre de simples protestations, n’étant pas capable de récupérer par la force ses territoires perdus.

La France en 1791.

 

b) Le déclenchement de la guerre contre l’Autriche : Léopold II, peu favorable à une guerre contre la France, ordonna à l’électeur de Trêves de chasser les émigrés de ses Etats.

L'Autriche en 1780.

Toutefois, un évènement important bouleversa les relations internationales, Léopold II s’éteignant en mars 1792. Le nouvel archiduc d’Autriche, François II, fils du défunt, était en effet moins conciliant que son père (à noter que le jeune homme fut sacré Empereur germanique en juillet 1792[5].).

François II, archiduc d'Autriche, par Thomas LAWRENCE, XIX° siècle, château de Chantilly, Chantilly.

 

En France, la question de la guerre contre l’Autriche attisait autant les passions qu’elle divisait les principaux acteurs politiques.

Pour Louis XVI et son entourage, une rapide défaite contre l’Autriche permettrait de chasser les révolutionnaires, de rétablir le roi sur son trône, et de casser tous les décrets publiés depuis 1789. Louis XVI espérait que la guerre se passe mal afin que le peuple au désespoir se retourne  enfin vers lui.

 

Les partis étaient eux aussi divisés.

Les feuillants, favorables à la monarchie constitutionnelle, étaient en majorité hostiles à un conflit contre l’Autriche. En effet, une guerre pouvait être dangereuse pour le nouveau régime ; en outre, les Autrichiens étaient les alliés de la France depuis maintenant plusieurs décennies.

 

Les jacobins, quant à eux, étaient plus divisés. Une partie d’entre eux, menés par Jacques Pierre Brissot, leader des Brissotins, était favorable au conflit. L’objectif était de révéler au grand jour la trahison de Louis XVI et de son épouse, qui étaient favorables à la guerre afin de reprendre le pouvoir. Maximilien de Robespierre, bien qu’ayant été un temps partisans de la guerre, préféra se raviser. Selon lui, la guerre serait particulièrement difficile à mener en raison des problèmes économiques ; en outre, cela constituerait le risque de créer des généraux tentés de mettre en place une dictature militaire.

 

Les membres de l’Assemblée législative, à la recherche d’alliés, envoyèrent alors des émissaires auprès de l’Angleterre et de la Prusse[6]. Frédéric Guillaume II, loin d’accepter une alliance contre la France, annonça son intention de lutter contre les révolutionnaires ; le roi d’Angleterre Georges III, quant à lui, décida de rester neutre.

Georges III, par Anna Rosina VON LISIEWSKI, 1779, Deutsches historisches museum, Berlin.

 

Début avril 1792, François II exigea que la France rétablisse les droits féodaux des princes d’Alsace, ce qui ne plût guère aux députés de l’Assemblée législative.

Le 20 avril 1792, sur proposition de Louis XVI, la guerre fut finalement votée à l’unanimité moins une voix.  

Cette guerre contre l’Autriche, malgré quelques trêves, allait se prolonger pendant plus de vingt ans…

Le départ de 1792, par François RUDE, façade de l'Arc de Triomphe de l'Etoile, Paris.

 

2° L’échec de la guerre contre l’Autriche entraîne de nouveaux troubles dans Paris (printemps à été 1792) – La guerre, présentée par les jacobins comme une croisade pour la liberté menée contre une Autriche tyrannique, débuta mal. En effet, de nombreux officiers ayant décidé d’émigrer au cours des mois précédents, l’armée était complètement désorganisée[7].

La Garde nationale de Paris part pour l'armée, septembre 1792, par COGNIET, château de Versailles, Versailles.

En outre, les militaires, à l’instar des révolutionnaires, avaient perdu confiance en leurs supérieurs, ce qui entraina de nombreux problèmes.

Au cours du printemps, l’armée fut incapable de résister aux troupes autrichiennes, laissant la frontière nord-est dégarnie.

Uniforme français, 1792, musée de l'Infanterie, Montpellier.

 

a) Les prémices de la seconde Révolution : à Paris, le moral était en berne à cause du mauvais déroulement de la guerre, autant chez les députés que chez les sans-culottes. Ces derniers, personnages emblématiques de la Révolution française, étaient généralement issus des basses classes de la société. Comme leur nom l’indique, les sans-culottes ne portaient pas de culotte mais un pantalon, signe distinctifs des travailleurs manuels. Certains d’entre eux portaient le bonnet phrygien afin de protéger leur chevelure lors des travaux manuels (cette coiffe, au fil des années, est devenue un symbole de la liberté[8].).

 

L’Assemblée législative décida alors de s’attaquer aux boucs émissaires : la Cour, les aristocrates et les prêtres réfractaires.

Le 27 mai 1792, les ecclésiastiques n’ayant pas prêté serment furent condamnés à la déportation, et le 29 mai, la garde constitutionnelle du roi fut dissoute[9]. Par ailleurs, il fut décidé le 8 juin qu’un camp de 20 000 fédérés serait formé sous les murs de Paris (l’objectif était de défendre la capitale en cas d’invasion autrichienne.).

Le roi, acceptant la dissolution de sa garde, opposa toutefois son véto aux décrets concernant les prêtres réfractaires et les fédérés.

 

Louis XVI, refusant à maintes reprises d’accepter les derniers décrets, ne tarda guère à s’attirer l’hostilité des Parisiens les plus exaltés. Le 19 juin au soir, plusieurs centaines de sans-culottes se réunirent, faisant circuler la rumeur selon laquelle une armée d’aristocrates allait se venger des Parisiens en plongeant la capitale dans le sang. Pétion, le maire de Paris, décida alors de légaliser le mouvement, la loi interdisant tout rassemblement.

Le lendemain, les sans-culottes marchèrent vers les Tuileries, prenant la parole au sein de l’Assemblée législative. Ces derniers appelèrent à la suppression du droit de veto, qui était à leurs yeux la cause de l’échec militaire contre l’Autriche.

Le peuple entrant au château des Tuileries, le 20 juin 1792, par par Pierre Gabriel BERTHAULT, musée Carnavalet, Paris.

La foule envahit alors le château, armée de fusils, de piques et de bâtons. Le roi des Français, acculé et protégé par une poignée de gardes, fut alors sommé de renoncer à son droit de veto. Louis XVI, bien qu’acceptant de porter le bonnet phrygien devant les sans-culottes, refusa néanmoins de céder aux exigences des insurgés.

Louis XVI acceptant de porter le bonnet phrygien, le 20 juin 1792.

 

En juillet 1792, la Prusse décida d’intervenir dans le conflit aux côtés de l’Autriche, prenant Longwy et Verdun à la fin du mois. L’Assemblée législative, constatant que patrie était en danger, et appela à Paris des volontaires de la France entière. 

Quelques jours après arrivèrent les fédérés de Marseille, rentrant dans Paris en chantant le Chant de guerre pour l’armée du Rhin. Rebaptisé Marseillaise quelques temps plus tard, ce chant devint l’hymne national en juillet 1795[10].

 

b) Le manifeste de Brunswick et la seconde Révolution : début août 1792, les Parisiens découvrirent le manifeste de Brunswick, texte rédigé par Charles Guillaume Ferdinand, duc de Brunswick-Lunebourg, commandant de l’armée prussienne.

Le manifeste, destiné à effrayer les révolutionnaires, promettait de violentes représailles s’il était fait le moindre mal à Louis XVI et à son épouse. En outre, il était affirmé que le mouvement révolutionnaire, fruit de l’intelligentsia parisienne, n’était pas approuvé par la France entière, le pays devant donc remettre en place la monarchie.

Députés comme sans-culottes furent outrés par le manifeste de Brunswick, qui au final n’entraina qu’une radicalisation de leur action[11]

 

Au soir du 9 août, les sans-culottes menés par Georges Danton (ce dernier était substitut de Pétion, maire de Paris.) décidèrent de former une commune insurrectionnelle, prenant possession de l’Hôtel de ville. Le mouvement, soutenu par les jacobins (Robespierre, Marat, etc.), avait comme objectif de détrôner Louis XVI afin de mettre en place une république.

Georges Danton, école française du XVIII° siècle, musée Carnavalet, Paris.

Au petit matin, les insurgés (le mouvement, regroupant près de 20 000 hommes, était composé de sans-culottes, gardes nationaux et volontaires de province[12].) décidèrent alors de se rendre aux Tuileries. Le palais, depuis la dissolution garde constitutionnelle du roi, était défendu par quelques soldats de la Garde nationale, des gardes suisses et quelques volontaires nobles.

Habit de volontaire ou de vétéran de la Garde nationale, 1792-1793, musée des Invalides, Paris.

Un temps repoussés, les insurgés parvinrent finalement à pénétrer dans les Tuileries au prix de lourdes pertes (près de 400 morts dans le camp des rebelles). Le palais fut alors pillé, et une partie de la garde suisse fut massacrée.

La prise des Tuileries, le 10 août 1792, école française, fin du XVIII° siècle, musée Carnavalet, Paris.

 

Louis XVI, dès les premiers coups de feu, s’était réfugié au sein de la salle du Manège, lieu ou siégeait l’assemblée législative.

Au soir de l’affrontement, les membres de la commune insurrectionnelle parvinrent à imposer leurs volontés aux députés. Louis XVI fut alors démis de ses fonctions (d’abord assigné à résidence au palais du Luxembourg, le roi déchu fut par la suite transféré à la Tour du Temple[13] en tant que prisonnier.) ; en outre, il fut décidé de mettre en place une Convention nationale qui remplacerait l’Assemblée législative.

 

Au soir du 10 août 1792, la monarchie, institution vieille de plus d’un millénaire, avait cessé d’exister.

Le lendemain fut créé un conseil exécutif provisoire, composé de six membres, destiné à assurer le pouvoir exécutif (à l’exception du droit de veto.). Y entrèrent Jean Marie Roland de La Platière (Intérieur.), le général Joseph Servan (Guerre.), le banquier suisse Etienne Clavière (Finances.), Pierre Henri Hélène Marie Tondu (Affaires étrangères.), le mathématicien Gaspard Monge (Marine.), et Georges Santon (Finances.). A noter que les trois premiers ministres étaient brissotins, les trois autres jacobins.

 

3° Un été anarchique (août à septembre 1792) – Depuis le 10 août 1792, il n’y avait plus de roi en France, mais la démocratie n’avait cependant pas progressé : la commune insurrectionnelle de Paris, entité non élue, s’arrogeait tous les pouvoirs (au détriment de l’Assemblée législative.) ; le conseil exécutif provisoire n’avait ni légitimité ni statut juridique ; et les taux de participation aux élections pour la Convention diminua drastiquement, le taux d’abstention étant causé autant par la lassitude que les intimidations (à noter toutefois que le suffrage était universel et non censitaire.).

 

a) Les massacre de septembre 1792 : malgré la suppression de l’autorité royale, l’armée française accumulait les revers. Afin de redonner confiance à l’opinion, Danton, ministre de la justice depuis la journée du 10 août, eut alors ces mots restés dans l’Histoire : de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace, et la Patrie sera sauvée (2 septembre 1792.). Néanmoins, Danton annonça à la tribune que des milliers de traîtres se cachaient dans Paris, bien que les arrestations se soient multipliées au cours des dernières semaines (à la fin août, deux décrets avaient été adoptés contre les prêtres et les émigrés.).

 

Le peuple de Paris, vraisemblablement influencé par la commune insurrectionnelle, décida alors s’attaquer aux boucs émissaires, jugés responsables de la défaite : les prêtres réfractaires et les contre-révolutionnaires emprisonnés.

Du 2 au 7 septembre, les émeutiers rentrèrent dans les prisons de la capitale, exécutant sans vergogne les prisonniers qui s’y trouvaient. Jean Paul Marat, membre des jacobins, publia une circulaire incitant à la généralisation des massacres dans la France entière. 

Les massacres de septembre 1792, par Pierre Gabriel BERTHAULT, fin du XVIII° siècle, musée Carnavalet, Paris.

 

En effet, d’autres exécutions sommaires eurent lieu en province, principalement à Lyon, Meaux et Caen. Toutefois, si les massacres firent près de 1 500 victimes à Paris, dans le reste de la France le bilan reste bien moins élevé (environ 150 morts.).

 

A noter que les « contre-révolutionnaires » (nobles, serviteurs des Tuileries, gardes suisses, etc.) et les ecclésiastiques (prêtres, évêques, moines, etc.) ne furent pas les seules victimes des massacres. En effet, les septembriseurs[14] éliminèrent en outre des femmes (issues de la noblesse ou prostituées.), des enfants et des malades mentaux. Par ailleurs, ces débordements entraînèrent de nombreux pillages dans les demeures des nobles ou des riches bourgeois (c’est ainsi que la couronne de France fut volée.).

 

Si l’Assemblée législative envoya de vives remontrances à la commune insurrectionnelle de Paris, cette dernière ne condamna pas les responsables des massacres de septembre. La classe politique s’en retrouva néanmoins divisée : les girondins, hostiles aux violences, accusèrent alors les montagnards[15], partisan de la méthode dure, d’avoir organisé les émeutes (à noter que girondins et montagnard étaient généralement membres du club des jacobins.). Jacques Pierre Brissot, leader des Brissotins, s’opposa lui aussi à ces exactions.

 

Les septembriseurs ne furent mis en accusation qu’à partir 1795, mais un grand nombre d’entre eux ne fut pas poursuivi faute de preuves.

 

b) La bataille de Valmy (septembre 1792) : le climat anarchique qui régnait dans la capitale ne favorisa guère le conflit contre la Prusse et l’Autriche. En effet, les troupes austro-prussiennes s’emparèrent de Longwy et de Verdun à la fin du mois d’août, assiégeant Thionville et Lille.

Le général La Fayette tenta en vain de faire marcher son armée contre Paris, avant de capituler devant l’ennemi.

Marie Joseph Paul Yves Roch Gilbert du Motier, marquis de La Fayette, lieutenant général commandant en chef l'armée du Centre en 1791, château de Versailles, Versailles.

 

Le général français Charles François du Perrier du Mouriez (dit Dumouriez.), commandant de l’armée du Nord, pensa un temps envahir les Pays Bas autrichiens. Toutefois, ayant appris que les Austro-prussiens s’étaient emparés de Verdun, il décida alors de se replier vers la Champagne.

Dumouriez fit alors jonction avec les troupes du général français François Etienne Christophe Kellermann, commandant de l’armée de la Moselle. Les deux hommes, à la tête de 50 000 soldats, décidèrent alors de s’établir sur la butte de Valmy.

Charles François Dumouriez, général en chef de l'armée du Nord en 1792, par ROUILLARD (à gauche) ; François Christophe Kellermann, général en chef de l'armée de la Moselle en 1792 (à droite), château de Versailles, Versailles.

 

Le duc de Brunswick-Lunebourg était alors à la tête d’une armée de 80 000 hommes. Suite à la prise de Verdun, il remonta au nord ouest, contournant la forêt de L’Argonne, afin de faire jonction avec les troupes autrichiennes.

Rencontrant l’armée française au petit matin du 20 septembre 1792, le duc de Brunswick-Lunebourg ordonna à ses hommes de bombarder la position ennemie. Les Français firent eux aussi pleuvoir des boulets de canon sur les Prussiens, mais cet échange de plomb ne fit guère de victimes.

Le duc de Brunswick-Lunebourg décida alors de faire charger ses hommes, mais ces derniers furent repoussés par les Français aux cris de « vive la Nation ! »

La bataille de Valmy, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.

En fin d’après midi, les Prussiens décidèrent finalement de sonner la retraite.

 

La bataille de Valmy fit 300 morts côté français, contre 184 pour les Prussiens. Ces pertes sont particulièrement dérisoires par rapport aux forces en présence (soit 150 000 hommes au total.).

Aujourd’hui encore, les causes de la victoire de Valmy n’ont pas été totalement éclaircies. Certains historiens avancent que le duc de Brunswick-Lunebourg aurait été acheté par Danton, grâce aux diamants de la couronne de France, volée peu de temps auparavant. D’autres, au contraire, mettent en avant un problème plus pragmatique, relatif au  second partage de la Pologne (Frédéric Guillaume II ordonna t’il au duc de Brunswick-Lunebourg de rentrer en Prusse afin d’avoir plus de poids face à la Russie[16] ?). Enfin, certains avancent l’hypothèse d’une épidémie de dysenterie au sein de l’armée prussienne, causée par la consommation de raisins trop verts.

Caricature anglaise critiquant la retraite des Autrichiens à Valmy (les sans culottes, à droite, représentés sans pantalons, poursuivent l'ennemi souffrant de diarrhée), 1792, Deutsches historisches museum, Berlin.

 

La victoire de Valmy, qui entraîna la fin de l’invasion ennemie, fut acclamée par des cris de joie lorsqu’elle parvint dans la capitale, le 21 septembre 1792.

Valmy - 1792, par Jules DESBOIS, le Panthéon, Paris.

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[1] L’Alsace avait été conquise par Louis XIV au cours des guerres qu’il livra contre l’Empire germanique ; la Lorraine fut rattachée à la France sous Louis XV, en 1766. Pour en savoir plus à ce sujet, cliquez ici.

[2] Léopold II était le frère de Marie Antoinette.

[3] La Pologne, divisée une première fois en 1772 par la Prusse, l’Autriche et la Russie, subit deux nouveaux partages en 1793 et 1795, entrainant sa disparition.

[4] L’archevêque de Trêves faisait partie des princes électeurs qui élisaient l’Empereur germanique (à noter que les électeurs de Trêves résidaient à Coblence depuis le XVII° siècle.). 

[5] La couronne impériale était théoriquement élective depuis le Moyen âge, mais dans les faits, elle était dévolue aux Habsbourg, archiducs d’Autriche.

[6] La Prusse était un pays particulièrement apprécié par les Français. En effet, le roi de Prusse Frédéric II, père de Frédéric Guillaume II, était considéré comme un despote éclairé, c'est-à-dire sensible aux idéaux des Lumières. Au cours de son règne il avait accueilli le philosophe Voltaire à la Cour de Berlin.

[7] Rappelons que depuis l’ordonnance  de mai 1781, il fallait avoir quatre quartiers de noblesse afin de pouvoir devenir officier (c'est-à-dire quatre grands parents nobles.). Ce décret avait toutefois été supprimé par l’assemblée.

[8] A noter que le bonnet phrygien a une histoire particulièrement ancienne, apparu en Phrygie plus d’un millénaire avant Jésus Christ.

[9] La garde constitutionnelle du roi, installée au Tuileries, était rentrée en fonction en février 1792. Ce fut la Garde nationale, bien moins compétente, qui remplaça la garde constitutionnelle

[10] La Marseillaise est aujourd’hui encore l’hymne national français.

[11] A noter que le manifeste de Brunswick ne fut peut être pas écrit par le duc de Brunswick-Lunebourg, mais par des aristocrates français émigrés à Coblence.

[12] Les volontaires de province étaient en majorité en provenance de Marseille et de Brest.

[13] La Tour du Temple fut érigée par les Templiers en 1240. Devenu une prison au cours de l’époque moderne, à l’instar de nombreux édifices médiévaux, ce bâtiment fut détruit en 1808.

[14] Furent baptisés les septembriseurs ceux qui avaient participé aux massacres de septembre.

[15] Pour en savoir plus sur les girondins et les montagnards, voir le 1, section I, chapitre quatrième, la Révolution française.

[16] La Prusse, la Russie et l’Autriche participèrent aux trois partages de la Pologne.

 
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