I :
La Convention girondine (septembre 1792 à juin 1793)
1° La première réunion de la
Convention, l’an I de la république (21 septembre 1792) – A la fin du
mois d’août, quelques jours avant sa dissolution, l’Assemblée
législative[1]
décida de laïciser l’état civil[2]
; fit réquisitionner les grains ; et ouvrit des ateliers nationaux afin de
diminuer le chômage.
La
Convention nationale se réunit pour la première fois le 21 septembre
1792, jour où arriva à Paris la nouvelle de la
victoire de Valmy[3].
Ce jour là, les députés proclamèrent officiellement l’abolition de la
royauté et la création de la première république (cette dernière
devrait être ratifiée lors d’un suffrage universel.).
La convention nationale, le Panthéon, Paris.
Le
22 septembre, les députés décrétèrent que les documents administratifs
devraient dès lors être datés de l’an I de la république.
2° Gironde, Montagne et Plaine –
Les élection pour la Convention nationale furent, comme nous l’avons vu
précédemment, marquées par un fort taux d’abstention[4]
(en raison d’intimidations et de lassitude.). Néanmoins, la récolte fut
bonne, ce qui entraîna les électeurs à ne pas voter pour les extrêmes.
La nouvelle assemblée se composa de trois groupes
distincts : les girondins, surnommés ainsi car plusieurs d’entre eux
étaient originaires de Bordeaux (cité de Gironde.), étaient au nombre de
160. Ne formant pas un groupe homogène (il y avait plusieurs courants au
sein de ce groupe.), les girondins étaient opposés à la commune
insurrectionnelle de Paris et aux clubs, jugés trop extrémistes. Ils avaient
comme clientèle les bourgeois de Paris, qui n’appréciaient guère les
tumultes causés par la révolution. Les principaux leaders des girondins
étaient Jacques Pierre Brissot, Jérôme Pétion de Villeneuve
(le maire de Paris.), et Jean Marie Roland de La Platière (ministre
de l’intérieur.).
Portrait de Jacques Pierre
Brissot et Jérôme Pétion.
A noter que de nombreux girondins, autrefois
partisans de la monarchie constitutionnelle, occupaient la place des
feuillants qui avaient disparu.
Les montagnards, siégeant sur les bancs les
plus hauts (d’où leur surnom.), étaient proches des sans-culottes et des
basses classes de la société (ouvriers, artisans, commerçants, etc.). Au
nombre de 140, les montagnards étaient souvent membres du club des jacobins.
Leurs principaux représentants étaient Maximilien de Robespierre,
Georges Danton, Camille Desmoulins et Jean Paul Marat.
Portraits de Maximilien de
Robespierre, Georges Danton, Camille Desmoulins et Jean Paul Marat,
musée Carnavalet, Paris.
A noter que les montagnards, d’origine bourgeoise,
étaient aussi divisés que les girondins. Toutefois, la Montagne pouvait
compter sur un appui qui faisait défaut à la Gironde : la commune
insurrectionnelle de Paris.
Les membres de la Plaine (ou du Marais.) étaient surnommés
ainsi car ils occupaient les bancs les plus bas de l’assemblée. Ils
constituaient le parti centriste de cette assemblée. Les députés de la
Plaine ne possédaient pas de leader marquants, et soutinrent les girondins
ou les montagnards au gré des évènements.
Une fois encore, cette assemblée rassembla les couches les plus aisées de la
population française. En effet, si l’on y trouvait 245 hommes de lois, seuls
deux ouvriers avaient été élus députés.
3° Le procès de Louis XVI – En septembre 1792, les
girondins dominaient la convention. Ces derniers décidèrent alors de tenter
d’éviter un procès au roi, aussi bien pour ne pas s’attirer les foudres de
la noblesse que pour permettre à la jeune république d’être reconnue par les
puissances européennes[5].
Toutefois, le 4 octobre 1792, la Convention décida de mettre Louis XVI en
jugement.
Buste de Louis XVI, par Louis Pierre DESEINE, 1790, musée Carnavalet, Paris.
Toutefois, un évènement imprévu causa beaucoup de torts au roi déchu. En
effet, le serrurier François Gamain révéla le 20 novembre 1792 qu’il
avait exécuté pour le roi une armoire de fer. Cette dernière,
dissimulée derrière un faux mur au palais des Tuileries[6],
contenait toute la correspondance cachée de Louis XVI.
Devis
pour la fabrication de l'armoire de fer pour la somme de 1330 livres,
novembre 1790, musée des Archives
Nationales, Paris.
Les députés décidèrent alors d’ouvrir cette armoire, et ce fut Roland,
ministre de l’intérieur, qui vit ces documents le premier. Les pièces,
présentées à la Convention peu de temps après, prouvaient que Louis XVI
avait eut une importante correspondance avec plusieurs personnalités
publiques (dont Honoré Gabriel Riqueti, comte de Mirabeau ; ou encore
Marie Joseph Paul Yves Roch Gilbert du Motier, marquis de La Fayette[7].),
versé d’importantes sommes d’argents à des députés ou à des meneurs de clubs
(par exemple suite à l’épisode du 20 juin 1791[8].),
mis en place une diplomatie parallèle, etc.
Roland ayant été le premier à ouvrir l’armoire, il prit soin de détruire les
papiers concernant les girondins.
Le
procès de Louis XVI débuta le 26 décembre 1792, l’instruction étant
considérée comme clause. Le roi déchu, nommé Louis Capet par les
députés de la Convention[9],
fut accusé d’avoir empêché la réunion des Etats Généraux, d’avoir trahi la
monarchie constitutionnelle, d’avoir noué des relations avec la Prusse et
l’Autriche, et d’avoir envoyé d’importantes sommes d’argents aux émigrés.
Le
15 janvier, à l’issue du procès, les députés de la Convention furent invités
à se prononcer sur la culpabilité du roi. A une grande majorité, Louis XVI
fut reconnu coupable d’avoir conspiré contre l’Etat. Les députés décidèrent
toutefois de ne pas faire appel au peuple afin de ratifier leur décision, à
424 voix contre 287.
Les membres de la Convention furent toutefois plus divisés quant à la peine
à infliger au roi. Certains députés étaient favorables à une peine de prison
à vie, d’autres à un bannissement. Toutefois, ce fut la peine de mort qui
fut retenue, le 18 janvier 1793. 361 députés votèrent pour (dont Louis
Philippe II, duc d’Orléans et cousin de Louis XVI.), 360 contre, et 26
pour la mort avec sursis.
Les députés durent enfin répondre à la question du sursis, qu’ils rejetèrent
à 390 voix contre 310. La sentence donc serait appliquée très prochainement.
Les adieux de Louis XVI à sa famille, le 20 janvier 1793, par
Jean Jacques HAUER, musée Carnavalet, Paris.
Louis XVI était incarcéré à la Tour du Temple[10]
depuis maintenant plusieurs mois.
La Tour du Temple, vers 1795, Ecole française du XVIII° siècle, musée Carnavalet, Paris.
Le 21 janvier 1793 au matin, le roi déchu fut alors transporté sur la place de la Révolution[11],
peuplée par 20 000 personnes. Montant sur l’échafaud à 10 heures, Louis XVI
s’exclama : peuple, je meurs innocent ! Mais les tambours
commencèrent à battre, couvrant la voix du souverain déchu.
Exécution de Louis XVI, par Charles BENAZECH, musée Carnavalet, Paris.
Louis XVI
s’adressa alors au bourreau et à ses aides : Je pardonne aux auteurs de
ma mort. Je prie Dieu que mon sang ne retombe pas sur la France…
Quelques minutes plus tard, le couperet tombait, et le bourreau montra alors
la tête sanglante de Louis XVI au peuple.
Exécution de Louis XVI, le 21 janvier 1793, Ecole danoise du
XVIII° siècle, musée Carnavalet, Paris.
En
fin d’année 1792, suite à la victoire de Valmy, les Français avaient réussi
à mettre en place une contre-attaque particulièrement efficace. Au sud est,
les Français prirent Chambéry, contraignant les Piémontais à évacuer la
Savoie ; peu de temps après, le comté de Nice ouvrit ses portes aux armées
françaises (fin septembre 1792.).
La France en 1792 et en 1793, l'annexion de la Savoie et du comté de Nice.
L’armée du Rhin, commandée par le général
Adam Philippe de Custine, s’empara de Spire, Worms et Mayence
(octobre 1792.). Le général Charles François du Perrier du Mouriez
(dit Dumouriez.), commandant de l’armée du Nord, remporta la
bataille de Jemmapes le 6 novembre 1792 contre les Autrichiens, ouvrant
la route de la Belgique.
La bataille de Jemmapes, château de Versailles, Versailles.
Toutefois, l’annonce de la mort du roi déchu entraîna ce que craignaient les
girondins. En effet, les principales puissances européennes décidèrent de se
regrouper afin de lutter contre la France révolutionnaire et régicide,
formant la première coalition (février 1793.).
L’Autriche et la Prusse, qui avaient déclaré la guerre en avril 1792, furent
ainsi rejointes par l’Angleterre, le royaume de Piémont-Sardaigne,
l’Espagne, et les Provinces Unies.
Entrée de l'armée française à Mons, en Belgique, 7 novembre 1792,
château de Versailles, Versailles.
4° La
levée en masse déclenche la
guerre de Vendée – En février 1793, les députés de la Convention
décidèrent de mettre en place une levée de 300 000 hommes (par tirage au
sort.), afin de faire face à la première coalition (à noter que depuis
janvier 1791, les régiments d'infanterie ne portaient plus le nom d'une
province, mais un simple numéro.).
Rang des régiments d'infanterie au 1er janvier 1791, musée de l'Infanterie, Montpellier.
Un épisode de la levée en masse : ceux ayant tiré le "bon numéro" sont
libres, les autres partent à la guerre, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.
Cette mesure ne fut toutefois guère appréciée, et plusieurs régions de
France manifestèrent leur mécontentement. Toutefois, si les émeutes furent
rapidement matées dans l’est ou dans le sud de la France, la guerre de
Vendée dura bien plus longtemps…
a)
La Vendée au début de la Révolution : en 1789, l’ouest avait
accueilli avec enthousiasme les premières réformes des Etats Généraux. A
noter par ailleurs que de nombreux députés de Vendée faisaient partie du
club des jacobins (ces derniers étaient proches des montagnards.).
Le
premier motif de mécontentement fut la constitution civile du clergé, votée
en fin d’année 1790. La Vendée, à l’instar de l’Alsace, fut une des régions
où le taux de prêtres réfractaires fut le plus élevé. Au fil des mois, les
députés votèrent des mesures de plus en plus dures vis-à-vis des prêtres
non-jureurs (prison, déportation, etc.), ce qui ne fit qu’attiser un peu
plus les tensions.
Les premières émeutes ne se déroulèrent pas suite à la mort du roi, mais à
l’annonce par la Convention de la levée de 300 000 hommes, en février 1793.
b)
Les massacres du printemps 1793, premiers mois de la guerre de Vendée :
début mars, des jeunes du canton de Cholet manifestèrent leur désapprobation
et refusèrent de quitter leur village. Au cours des jours qui suivirent, les
protestations se multiplièrent. A Machecoul, plusieurs républicains et
membres de la Garde nationale furent massacrés par les insurgés[12]
(les rebelles s’attaquèrent aux représentants de l’Etat jusqu’au mois
d’avril, ces incidents causant la mort de plusieurs milliers de victimes.).
Jacques Cathelineau, un cultivateur de Pin-en-Mauges, avait monté une
petite bande afin de s’attaquer aux gardes nationaux. Plus tard, Cathelineau
rencontra la troupe de Jean Nicolas Stofflet, un ancien caporal, et
les deux hommes décidèrent de marcher vers Cholet. Grâce à un important
avantage numérique, les Vendéens parvinrent à remporter la première
bataille de Cholet (10 mars 1793.).
Jacques Cathelineau (à gauche.) et Jean Nicolas Stofflet (à droite.).
Le
22 mars, la cité de Chalonnes-sur-Loire, près d’Angers, fut prise par les
Vendéens. Toutefois, l’armée des rebelles fut dissoute suite à la capture de
la ville. En effet, les insurgés s’étaient révoltés pour ne pas partir à la
guerre ; ils ne souhaitaient donc pas en mener une en Vendée.
L’armée des insurgés était mal organisée, mal équipée (les Vendéens
récupéraient le fourniment des soldats ennemis défunts.), et peu entrainée.
En outre, elle était non permanente, car les paysans retournaient sur leurs
terres dès la fin des combats.
Ce
n’est qu’à partir de l’arrivée des déserteurs de l’armée républicaine et de
la constitution d’une cavalerie aristocratique que les Vendéens parvinrent à
s’imposer.
C’est ainsi que le mouvement, initié par des paysans hostiles à la guerre,
se transforma peu à peu en une révolte contre-révolutionnaire, catholique et
royaliste.
A
l’approche de l’été, les blancs (les Vendéens.) remportèrent
plusieurs victoires contre les bleus (les républicains.). En effet,
Cathelineau et Stofflet, bientôt rejoints par Henri de La Rochejaquelein,
Maurice Gigost d’Elbée et Charles Melchior Arthus, marquis de
Bonchamps, remportèrent la bataille de Fontenay le Comte (mai 1793.).
Henri de La Rochejacquelein (à gauche.) ; Maurice Gigost d'Elbée (au
centre.) ; Charles Melchior Arthus, marquis de Bonchamps (à droite.).
Louis de La Salgue, marquis de Lescure, parvint quant à lui à
s’emparer de Saumur et de La Flèche (juin 1793.). Au même moment,
François Athanase de Charrette de La Contrie, (ce dernier, lieutenant de
marine, était à la tête des paysans du marais breton.), s’empara de
Machecoul.
Louis de la Salgue, marquis de Lescure (à gauche.) ; et François Athanase de
Charette de La Contrie (à droite.).
Cathelineau voulait marcher sur Paris afin de faire valoir ses
revendications, mais il fut finalement décidé de s’attaquer à Nantes.
Toutefois, l’expédition fut un échec. En effet, les insurgés furent
repoussés, et Cathelineau fut mortellement blessé (suite à cet évènement, ce
fut Maurice Gigost d’Elbée qui prit le commandement de l’armée.).
A
noter qu’une insurrection similaire se déroula en Bretagne. Toutefois, si
les Vendéens parvinrent à remporter plusieurs victoires et à instaurer une
zone de guerre, les Chouans[13]furent rapidement vaincus par les
républicains.
5° La trahison de Dumouriez (mars 1793) – En début
d’année 1793, Dumouriez (vainqueur de Valmy et de Jemmapes.) se trouvait
dans les Provinces Unies, s’emparant de Breda en février. L’objectif du
général était vraisemblablement de créer une principauté réunissant la
Belgique et la Hollande, qu’il gouvernerait avec le titre de duc de Brabant
(ce dernier s’appuyait sur Danton et les girondins afin de faire valoir ses
prétentions.).
Charles François Dumouriez, général en chef de l'armée du Nord en 1792,
par ROUILLARD, château de Versailles, Versailles.
Toutefois, la Convention promulgua l’annexion de la Belgique, début mars
1793, date à laquelle les Autrichiens s’emparèrent de Maastricht, chassant
les Français des Provinces Unies.
Les mauvaises nouvelles sur le front nord et en Vendée entrainèrent des
émeutes. Le 10 mars, des sans-culottes manifestèrent leur désapprobation
sous les murs des Tuileries[14].
L’insurrection ne fut jugulée qu’en créant le
Tribunal révolutionnaire[15].
Le
Tribunal révolutionnaire était composé de cinq juges (élus par la
convention.) et d’un jury. La charge d’accusateur public fut alors confiée à
Antoine Quentin Fouquier de Tinville (surnommé Fouquier-Tinville.).
Cet organisme était une nouvelle autorité judiciaire, chargée de juger les
prévenus suspectés d’être hostiles à la révolution.
Fouquier-Tinville, accusateur public.
A
noter toutefois que le Tribunal révolutionnaire était un organe du Comité
de sûreté générale, créé en août 1792. Ce dernier, formé de douze
membres élus mensuellement par la Convention, avait une fonction policière.
Ainsi, le Comité de sûreté générale arrêtait les suspects, et confiait leur
procès au Tribunal révolutionnaire.
En
mars, Dumouriez souhaitait marcher sur Paris afin de mater les
révolutionnaires les plus exaltés. Toutefois, il décida auparavant de
s’attaquer aux Autrichiens, les affrontant lors de la bataille de
Neerwinden (18 mars 1793.). Victoire à la Pyrrhus, les Français
restèrent maîtres du champ de bataille, mais perdirent plus d’hommes que
leurs adversaires.
Accusé de trahison par la Convention en raison de cet échec, Dumouriez
décida alors de passer à l’ennemi afin de sauver sa tête. Ce dernier proposa
donc aux Autrichiens de rétablir la monarchie si ces derniers acceptaient
de ne pas attaquer la France.
5° Le renversement des girondins (avril à juin 1793) – A
Paris, l’annonce de la trahison de Dumouriez, outre les récents évènements
de Vendée, entraînèrent un regain d’hostilité entre girondins et
montagnards.
Le
3 avril, Dumouriez fut déclaré traître à la patrie et hors la loi par la
Convention ; le lendemain, Robespierre demanda l’arrestation de Brissot et
des girondins, considérés comme complices du général.
Jean Paul Marat, président des jacobins, demanda la démission des députés
ayant voté en faveur de l’appel au peuple lors du jugement de Louis XVI
(Marat, mis en accusation par la Convention le 12 avril, fut finalement
innocenté par le Tribunal révolutionnaire.).
Danton, quant à lui, se sépara des modérés ; au même moment la Convention
votait une série de lois, simplifiant la procédure devant le Tribunal
révolutionnaire, supprimant l’inviolabilité des députés, instituant dans
chaque commune un comité de surveillance chargé de faire la chasse aux
suspects, et enfin créant un Comité de salut public.
Au
contraire du Comité de sûreté générale, le
Comité de salut public, composé de neuf membres (12 à partir de septembre
1793.), était une entité disposant du pouvoir exécutif. Le
Comité de salut public avait comme tâche la gestion des départements et de
l’armée.
Au
fil des mois, les deux comités entrèrent inexorablement en rivalité.
Le
10 avril, les Autrichiens, désormais maîtres du terrain, décidèrent de
marcher vers Valenciennes. A la Convention, l’opposition entre les girondins
et les montagnards était à son paroxysme.
Le
4 mai, la Convention vota la loi sur le maximum, fixant le prix
maximum des grains et autorisant les réquisitions pour approvisionner les
marchés (l’objectif était de calmer les esprits.). Le 9 mai, les députés
quittèrent la salle du Manège afin de s’installer dans la salle des machines
(il s’agissait d’une aile des Tuileries.).
Le
18 mai 1793, les députés décidèrent d’instaurer la Commission
extraordinaire des douze, chargée de rechercher et poursuivre les
conspirateurs (à noter que ce nouvel organe avait été mis en place à
l’initiative des girondins.).Les douze, élus le 20 mai, ordonnèrent alors
l’arrestation de Jacques René Hébert et de Jean François Varlet,
membres du parti des Enragés (il s’agissait d’un mouvement réunissant
des révolutionnaires extrémistes, partisans de l’égalité sociale et de la
taxe sur les riches.). Toutefois, face à l’hostilité de la commune
insurrectionnelle de Paris, les deux prévenus furent relâchés.
Au
même moment, Robespierre appelait le peuple à la révolte, afin qu’il
envahisse la Convention et en chasse les députés corrompus.
a)
La journée du 31 mai : le 31 mai, la commune insurrectionnelle de
Paris, menée par Jean Nicolas Pache[16],
maire de Paris, décida de marcher vers le palais des Tuileries (à noter que
Pierre Gaspard Chaumette avait été élu procureur général le 2
décembre 1792, son substitut étant Jacques René Hébert. La commune était
alors entre les mains des enragés.).
Jean Nicolas Pache, maire de Paris.
Arrivés dans la salle des Machines, les insurgés réclamèrent la destitution
des girondins, la suppression de la Commission des douze, l’arrestation des
suspects, l’épuration de l’administration, la mise en place d’une taxe sur
les riches, la création d’une armée révolutionnaire, et l’attribution du
droit de votes aux sans-culottes exclusivement.
Les députés firent mine d’accepter, mais se contentèrent de supprimer la
Commission des douze.
b)
La journée du 2 juin : le comportement des membres de la Convention
ne fut guère apprécié par les sans-culottes. La commune insurrectionnelle de
Paris, appuyée par la Garde nationale, se rendit une nouvelle fois aux
Tuileries, le 2 juin 1793.
Rejoints par les gardes nationaux, les insurgés posèrent des canons en face
de la salle du Manège, empêchant les députés de s’enfuir. Ces derniers
furent alors contraints de voter l’arrestation des girondins et des membres
de la Commission des douze.
Girondins et brissotins ayant été exclus de l’assemblée et consignés à
domicile, la Convention fut dès lors dominée par les montagnards.
A
noter que les villes de province eurent des réactions diverses face au coup
d’Etat du 2 juin 1793. Le nord et l’est, menacés par la guerre, ne tardèrent
pas à se rallier aux montagnards, à l’instar de la région parisienne.
Toutefois, le centre, le sud ouest, la Bretagne et la Normandie protestèrent
contre ce coup de force. A Lyon, Marseille, Bordeaux, Toulon, Caen et
Angers, ce fut le phénomène inverse qui se produisit. En effet, les
montagnards furent chassés par les girondins, ces derniers conservant le
pouvoir (à noter que la bourgeoisie, lassée par l’anarchisme et par une
révolution qui n’en finissait pas, accorda son soutien aux hommes politiques
les plus modérés.).
[1]
L’Assemblée législative fut le prédécesseur de la Convention
nationale.
[2]
Jusqu’à cette date, l’état civil était géré par l’Eglise (il
s’agissait des BMS : Baptême, Mariage, Sépulture ; tenus par
les prêtres dans chaque paroisse de France.). En septembre 1790,
l’état civil devait être géré par les mairies (ainsi fut créé les
NMD : Naissance, Mariage, Décès.). A noter que la France fut le
premier pays au monde à se doter de registres d’état civil, ces
derniers ayant été créés par François I° suite à la
promulgation de l’ordonnance de Villers-Cotterêts, en août 1539.
Pour en savoir plus à ce sujet, voir le 4, section VI, chapitre
premier, les Valois-Angoulême.
[3]
Pour en savoir plus sur la bataille de Valmy, qui permit aux
Français de repousser une invasion prussienne, voir le c), 3,
section III, chapitre troisième, la Révolution française.
[4]
A noter que l’âge du droit de vote fut abaissé de 25 à 21 ans.
[5]
Rappelons qu’une partie des girondins étaient d’anciens partisans de
la monarchie constitutionnelle.
[6]
A noter que certains historiens avancent la thèse, peu partagée,
selon laquelle l’armoire de fer aurait été une invention des
révolutionnaires.
[7]
A noter que les deux orthographes, Lafayette et La Fayette, sont
communément admises.
[8]
La famille royale, le 20 juin 1791, avait décidé de fuir la
capitale. Toutefois, Louis XVI fut rattrapé et ramené à Paris.
Plusieurs députés décidèrent alors d’adopter la thèse de
l’enlèvement afin de ne pas discréditer la monarchie. Pour en savoir
plus sur l’épisode du 20 juin 1791, voir le 2, section II, chapitre
troisième, la Révolution française.
[9]
Louis XVI descendait d’Hugues Capet, élu roi de France en 987. Pour
en savoir plus à ce sujet, voir le 1, section II, chapitre premier,
les Capétiens.
[10]
La Tour du Temple fut érigée par les Templiers en 1240.
Devenu une prison au cours de l’époque moderne, à l’instar de
nombreux édifices médiévaux, ce bâtiment fut détruit en 1808.
[12]
Les sources sont lacunaires et les historiens se contredisent au
sujet du nombre de victimes. Au total, il y en aurait eu quelques
dizaines.
[13]
Le terme ‘Chouan’ dérive du mot chouin, qui désigne une
petite chouette. Les membres de la famille Cottereau, leaders de
l’insurrection, se surnommèrent les Chouans, imités par la suite par
leurs soldats.
[14]
L’émeute était elle dirigée par les montagnards contre les
girondins ; ou bien par Danton afin de servir les intérêts de
Dumouriez ?
[15]
A noter qu’un premier Tribunal révolutionnaire avait été instauré
suite à la seconde révolution, en août 1792 ; mais ce dernier avait
été supprimé en novembre de la même année. Pour en savoir plus sur
la seconde révolution, voir le b), 2, section III, chapitre
troisième, la Révolution française.
[16]
A noter que Pache, autrefois ministre de la guerre, avait été chassé
de son poste par les girondins.