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Mythologie
 
 

 

 

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Histoire de la Rome antique

 

CHAPITRE CINQUIÈME : Haut Empire ou bas Empire ?

 

IV : Anarchie militaire (235 à 268)

           

            La dynastie des Sévères prit fin avec Sévère Alexandre, qui n’avait pas d’enfants, et le successeur de l’Empereur défunt ne parvint pas à mettre en place de nouvelle dynastie.

Ce cas de figure était déjà arrivé, en 69 (mort de Néron, fin de la dynastie Julio-claudienne.) et 193 (mort de Commode, fin de la dynastie des Antonins.). Il y avait alors eu une guerre civile opposant les prétendants à la couronne, mais qui n’avait à chaque fois duré qu’un an.

Cependant, en 235, la guerre civile fut cette fois beaucoup plus longue (elle dura plus de trente ans.), et affaiblit tant l’Empire romain qu’il ne s’en releva jamais complètement.

 

            1° Maximin I° le Thrace (235 à 238) – Maximin (de son vrai nom Caius Julius Verus Maximinus.) naquit en Thrace vers 173. Ce dernier était issu d’une famille de barbares (sa mère était une Alain.), et fut berger dans sa jeunesse.

Buste présumé de Maximin le Thrace, vers 235 après Jésus Christ, musée du Louvre, Paris.

Maximin, remarqué par sa haute stature et sa très bonne condition physique, fut admis dans la garde de Septime Sévère. A la mort de Caracalla, Maximin refusa de servir Macrin, le nouvel Empereur, probable instigateur du crime. Il ne réintégra pas non plus les rangs lors du règne d’Héliogabale.

Ce n’est que sous Alexandre Sévère que Maximin retrouva son poste de général en chef des contingents pannoniens.

En 235, Rome était en guerre contre les Alamans, et l’Empereur avait fait le déplacement en personne pour trouver une issue au conflit. Cependant, ce dernier préféra négocier avec les barbares plutôt que les attaquer, ce qui déplut fortement à ses soldats.

En mars, les militaires fomentèrent un complot contre Alexandre Sévère : lui et sa mère furent assassinés, et Maximin fut proclamé Empereur par l’armée (ce dernier prit alors le nom d’Imperator Caesar Caius Julius Verus Maximinus Pius Felix Invictus Augustus.). Le fils de Maximin, Caius Julius Verus Maximus (francisé en Maxime.) fut alors nommé César.

 

a) Maximin contre le sénat : le moins que l’on puisse dire, c’est que Maximin fut un Empereur atypique : il était issu d’une famille barbare, avait reçu une éducation sommaire, n’avait jamais fait le cursus honorum, et ne s’était jamais rendu à Rome.

Il avait été élevé par l’armée, sans que le sénat n’ai eut son mot à dire. Evidemment, les sénateurs et les aristocrates romains ne purent s’empêcher de critiquer la prise de pouvoir de Maximin.

Ce dernier parvint néanmoins à garder le contrôle de la situation, faisant exécuter les sénateurs les plus remuants.

 

b) Opérations extérieures : une fois l’ordre rétabli, Maximin put se concentrer sur la guerre contre les Germains.

L’Empereur parvint à les vaincre sans trop de difficultés, ravageant leur territoire.

Par la suite, il se rendit sur le Danube, devant affronter les Sarmates et les Daces révoltés. Une nouvelle fois, Maximin fut victorieux.

De ces campagnes, l’Empereur récolta les surnoms de Germanicus Maximus Sarmaticus Maximus Dacicus Maximus.

 

c) La vie à Rome sous Maximin : La politique intérieure sous Maximin est assez mal connue, sachant que les biographes de cet Empereur étaient des écrivains proches du parti sénatorial.

A cette époque, Rome était gouvernée par Vitalianus, le préfet du prétoire (Maximin ne se rendit jamais dans la capitale.). Ce dernier, détesté par le sénat, appliquait les ordres de l’Empereur. De nombreux emplois furent réservés aux vétérans, et l’Empereur leva beaucoup d’impôts afin d’organiser des jeux et des distributions de blé gratuites.

 

d) Gordien I° et Gordien II (février 238) : en février 238, Gordien I°, le gouverneur d’Afrique proconsulaire, se révolta, assisté par son fils Gordien II.

Sesterce et denier aux effigies de Gordien I° (à gauche) et Gordien II (à droite), Altes museum, Berlin.

Gordien (de son vrai nom Marcus Antonius Gordianus Sempronianus Romanus Africanus.) était originaire d’Anatolie, où il naquit vers 157. En 238, âgé de plus de 80 ans, il était alors gouverneur d’Afrique proconsulaire.

En février, la cité de Thysdrus, exaspérée par les levées d’impôts de Maximin, décida de proclamer Gordien comme Empereur. Ce dernier accepta, et, comme il était déjà d’un âge avancé, il décida d’associer son fils au pouvoir (ce dernier était né vers 192.).

Le sénat, trop heureux d’avoir l’occasion de se débarrasser de la tutelle du thrace, reconnut immédiatement Gordien. En outre, Maximien et son fils furent reconnus ennemis publics. Rapidement, de nombreux partisans de l’Empereur déchu furent exécutés, dont Vitalianus, le préfet du prétoire.

Les Gordiens prirent alors le nom d’Imperator Caesar Marcus Antonius Gordianus Sempronianus Romanus Africanus[1].).

Cependant, Capellianus, le légat de Numidie, était resté fidèle à Maximin. A la tête de la III° légion Auguste, une des troupes les plus réputées de l’armée romaine, il écrasa rapidement les hommes des Gordiens.

Gordien II, qui commandait les troupes, mourut au cours du combat ; son père se suicida en apprenant la nouvelle.

 

e) Maxime Pupien et Balbin, la chute de Maximin (février à mai 238) : Lorsque Rome eut écho de l’échec des Gordiens, les sénateurs et de nombreux habitants de la capitale, craignirent une répression sanglante de la part de Maximin.

Les sénateurs se hâtèrent alors de chosir deux nouveaux Empereurs, Maxime Pupien et Balbin (le sénat décida en outre de nommer César Gordien III, le neveu de Gordien II. Le jeune homme fut alors adopté par les deux Empereurs.).

Buste de Gordien III, vers 240, Altes museum, Berlin.

 

Maxime Pupien (de son vrai nom Marcus Clodius Pupienus Maximus.) naquit vers 170, au sein d’une famille patricienne de Rome. Ce dernier, entreprenant le cursus honorum, exerça la fonction de gouverneur dans diverses provinces de l’Empire, et fut nommé consul à plusieurs reprises.

Statue de Pupien, 238 après Jésus Christ, musée du Louvre, Paris.

En 234, il fut nommé préfet de Rome, et exerça sa fonction avec rigueur. Il occupait toujours ce même poste lorsqu’il fut fait Empereur par le sénat (il prit alors le nom d’Imperator Caesar Marcus Clodius Pupienus Maximus Augustus.). Son rôle fut de commander l’armée.

 

Son confrère Balbin (de son vrai nom Decius Caelius Calvinus Balbinus.), était né vers 178, au sein d’une famille de patriciens. Lui aussi avait été consul, gouverneur et préfet de Rome. Contrairement à Maxime Pupien, Balbin avait réussi à se concilier les faveurs du peuple, par ses prodigalités et son caractère plus doux.

Buste de Balbin, III° siècle, musée d'Art et d'Histoire, Bruxelles.

Lorsqu’il qu’il fut nommé Empereur, âgé de 60 ans, Balbin prit le nom d’Imperator Caesar Decius Caelius Calvinus Balbinus Pius Felix Augustus.). Son rôle fut de maintenir l’ordre à Rome.

 

Maximin, de son côté, ne sembla pas s’inquiéter outre mesure de cette nouvelle insurrection. Marchant sur Rome avec ses troupes, il passa les Alpes sans encombre, et parvint sous les remparts d’Aquilée.

Cependant, l’Empereur déchu ignorait que Maxime Pupien avait fait organiser la défense de l’Italie par une commission de sénateurs ; avait obtenu la neutralité de nombreuses provinces de l’Empire ; et que Capellianus, le légat de Numidie, avait été vaincu par le gouverneur de Maurétanie[2].

En outre, Aquilée avait été considérablement approvisionnée en hommes et en vivres. Maximin mit le siège devant la ville, mais ne parvint à s’en emparer.

Cependant, l’armée du thrace souffrait de la faim, ce qui n’était pas le cas des assiégés, et les soldats commencèrent à se plaindre. Maximin, qui selon les sources aurait fait exécuter quelques généraux pour l’exemple, s’attira alors les foudres de ses hommes. En mai 238, ces derniers assassinèrent donc Maximin et son fils, puis envoyèrent les têtes des défunts au sénat en signe de soumission.

(A sa mort, Maximin reçut la titulature suivante : Imperator Caesar Caius Julius Verus Maximinus Pius Felix Invictus Augustus Germanicus Maximus Sarmaticus Maximus Dacicus Maximus, Pontifex Maximus, Tribuniciae Potestatis IV, Imperator VII.).

 

f) Chute de Maxime Pupien et de Balbin (août 238) : L’on aurait pu croire que la mort de Maximin aurait mit fin aux effusions de sang, mais ce ne fut pas le cas.

Tout d’abord, les deux Empereurs, une fois leur lutte contre Maximin achevée, commencèrent à s’opposer l’un à l’autre. En outre, ces derniers avaient été élus par le sénat, mais pas par l’armée, et ne plaisaient donc pas à beaucoup de soldats.

Un soir du mois d’août 238, une fête fut donnée au palais impérial, et les prétoriens décidèrent d’en profiter. Investissant les lieux, ils s’emparèrent de Maxime Pupien et de Balbin, puis les emmenèrent dans leur caserne. Apprenant que la garde avait été envoyée à la rescousse des deux souverains, les prétoriens massacrèrent alors les deux Empereurs dans les rues de Rome.

A la mort de Maxime Pupien et de Balbin, Gordien III fut nommé Empereur.

 

            2° Gordien III (238 à 244) – Gordien III (de son vrai nom Marcus Antonius Gordianus.), né vers 224, était le neveu de Gordien II, et petit fils de Gordien I°.

Statue à l'effigie de Gordien III, vers 242 après Jésus Christ, musée du Louvre, Paris.

En février 238, alors adolescent, Gordien III fut nommé César (il prit alors le nom de Marcus Antonius Gordianus Caesar.), alors que Maxime Pupien et Balbin étaient nommés Empereurs.

A la mort de ces derniers, au cours de l’été 238, Gordien III fut ainsi nommé Empereur (il prit alors le nom d’Imperator Caesar Marcus Antonius Gordianus Pius Felix Augustus.).

 

a) Gordien III à Rome : aujourd’hui, l’on sait peu de choses sur le règne de Gordien III. En 241, il épousa Tranquillina, la fille de Timésithée, le préfet du prétoire (de son vrai nom Caius Furius Sabinus Aquila Timesitheus.).

Ce dernier naquit probablement en Orient, sous le règne de Commode, au sein d’une famille de chevaliers. Entreprenant des études juridiques, Timésithée fut procurateur à plusieurs reprises (Belgique, Germanie, Syrie, Bythinie, Asie.), sous le règne de différents Empereurs, de Caracalla à Maximin. 

L’on ne sait pas aujourd’hui quel rôle Timésithée joua lors de la crise de 238, mais il revint sur le devant de la scène en 241, mariant sa fille à l’Empereur, et occupant la charge de préfet du prétoire.

Occupant officiellement la charge de N°2 de l’Empire romain, Timésithée ne tarda guère à prendre les commandes du régime.

Les barbares, sous le règne de Gordien III, tentèrent une nouvelle fois de dépasser le limes. Vers 240, les Francs furent repoussés par les légions romaines[3].

 

b) Guerre contre les Perses (242 à 244) : à cette époque, Sapor I°, roi de Perse, s’était emparé de la province romaine de Mésopotamie, et menaçait la Syrie. En 242, Gordien III décida alors de mener une expédition contre ces envahisseurs.

L’Empereur leva alors une colossale armée, dirigée par deux préfets du prétoire, Timésithée (sans doute chargé de la logistique.) et Caius Julius Priscus.

Au cours de l’année 243, les Romains remportèrent de nombreux succès sur les Perses, puis, l’hiver approchant, décidèrent de se retirer dans leurs quartiers d’hiver. C’est à cette époque là que Timésithée tomba malade et mourut. Il fut alors remplacé par Philippe l’Arabe (de son vrai nom Marcus Julius Philippus.), le frère de l’autre préfet.

Buste de Philippe l'Arabe, vers II° siècle après Jésus Christ, Neues museum, Berlin.

 

En 244, les hostilités contre les Perses reprirent. Gordien III, vaincu par les Perses au cours d’une bataille, mourut lors de sa retraite (on ne sait pas s’il mourut à cause de ses blessures ou de maladie.).

A sa mort, Gordien III reçut la titulature suivante : Imperator Caesar Marcus Antonius Gordianus Pius Felix Augustus, Pontifex Maximus, Tribuniciae Potestatis VII, Imperator VII, Consul II, Pater Patriae.

L’Empereur ne laissant pas d’héritiers, ce fut Philippe l’Arabe qui s’empara du pouvoir.

 

            3° Philippe l’Arabe (244 à 249) – Philippe l’Arabe était né vers 204 en Arabie, dans une famille de notables. L’on ne sait rien sur la vie de ce personnage avant son accession à la charge de préfet du prétoire, si ce n’est qu’il avait épousé Otacilia Severa, qui lui donna un fils (Marcus Julius Severus Philippus, francisé en Philippe II le Jeune).

Buste d'Octacilia Severa.

Buste de Philippe II le Jeune.

Suite à la mort de Gordien III, Philippe fut immédiatement reconnu comme Empereur par l’armée[4] (il prit alors le nom d’Imperator Caesar Marcus Julius Philippus Pius Felix Invictus Augustus.). Il décida donc de faire la paix avec les Perses : Sapor I° accepta de libérer les prisonniers de guerre romains et reconnut les conquêtes faites par Rome ; en contrepartie les Romains versèrent une indemnité au Perses et leur laissèrent les mains libres en Arménie.

 

a) Premières années de règne de Philippe l’Arabe : le nouvel Empereur, une fois confirmé par le sénat, commença par nommer son frère commandant des forces romaines d’Orient. Puis il confia le commandement des forces romaines du Danube à son beau frère, Severianus.

Peu de temps après son accession au trône, Philippe partit guerroyer contre les Carpes (qui étaient une tribu affiliée aux Daces.). Les Romains sortirent victorieux de l’affrontement (l’Empereur reçut alors les surnoms Germanicus Maximus et Carpicus Maximus.).

En outre, Philippe fut très généreux envers l’Arabie, sa province natale. Il érigea de nombreux monuments à Bostra, la capitale ; et érigea une nouvelle cité, Philippopolis (il s’agissait peut être du village d’où il était originaire.).

D’avril 247 à avril 248, l’Empereur fit fêta avec faste les jeux séculaires[5], célébrant ainsi le millénaire de Rome. Ces jeux eurent un très grand retentissement dans le monde romain (c’est à cette époque que le fils de Philippe fut associé au trône, recevant le nom d’Imperator Caesar Marcus Julius Severus Philippus Pius Felix Invictus Augustus.).

L’Empereur eut vis-à-vis des chrétiens une politique tolérante, et certaines sources laissent à penser qu’il aurait lui-même adhéré à ce culte (une des raisons de cet intérêt serait qu’au début du III° siècle, le christianisme était déjà bien implanté en Arabie, région d’où Philippe était originaire.)

 

b) Révoltes contre Philippe l’Arabe : cependant, l’Empereur accrut son impopularité à cause de la pression fiscale, jugée trop élevée par nombre de ses compatriotes.

C’est alors que deux révoltes éclatèrent. L’une en Cappadoce, menée par Jotapianus, le gouverneur de la province (il fut proclamé Empereur par ses hommes, qui ne supportaient ni la politique pacifiste de l’Empereur vis-à-vis des Perses, ni la manière dont Priscus gérait l’Orient.) ; l’autre sur le Danube, menée par Pacatianus[6], un simple sous officier de la province de Mésie (lui aussi se fit proclamer Empereur.).

Philippe répliqua alors promptement. Il commença par nommer un nouveau gouverneur en Cappadoce, et confia à son frère Priscus un poste dans une autre province de l’Empire. Au final, cette révolte fit long feu, et les soldats de Jotapianus assassinèrent ce dernier peu de temps après.

Au même moment, Philippe chargea Dèce, le préfet de Rome, de s’attaquer à Pacatianus. Ce dernier mourut rapidement, et Dèce fut alors proclamé Empereur pas ses légions.

Philippe dut alors marcher contre son ancien collaborateur, et les deux hommes s’affrontèrent à la bataille de Vérone, pendant l’été 249. Philippe mourut au cours de la bataille, et Dèce fut donc victorieux.

Philippe II le Jeune, quant à lui, fut exécuté par Dèce, peu de temps après la victoire de ce dernier.

Philippe l’Arabe reçut à sa mort la titulature suivante : Imperator Caesar Marcus Julius Philippus Pius Felix Invictus Augustus Germanicus Maximus Carpicus Maximus, Pontifex Maximus, Tribuniciae Potestatis VI, Imperator VI, Consul III.

 

            4° Dèce (249 à 251) – Dèce (de son vrai nom Caius Messius Quintus Decius.) naquit en Pannonie vers 201.

Buste de Dèce, vers 250, musée du Colisée, Rome.

L’on ne sait aujourd’hui quasiment rien de la vie de ce personnage jusqu’à sa révolte contre Philippe l’Arabe (époque à laquelle il était préfet de Rome.), si ce n’est qu’il avait eu deux enfants de son épouse, Herennia Cupressenia Etruscilla (cette dernière était issue d’une famille sénatoriale.).

Buste d'Etruscilla.

Au cours de l’été 249, après avoir éliminé l’Empereur et son fils, Dèce s’empara du pouvoir (il prit alors le nom d’Imperator Caesar Caius Messius Quintus Traianus Decius Pius Felix Invictus Augustus[7].). 

Une de ses premières actions fut de nommer Césars ses deux fils, Quintus Herennius Etruscus Messius Dacius et Gaius Valens Hostilianus Messius Quintus (l’aîné était né en 227, mais l’on ne connaît pas la date du naissance du cadet.).

 

a) Persécution contre les chrétiens (250) : Dès qu’il monta sur le trône, Dèce se rendit compte que les difficultés survenaient de toutes parts (menaces sur les frontières, velléités d’indépendance des provinces, fragilisation du pouvoir impérial, etc.).

L’Empereur, tout comme de nombreux Romains, était inquiet par la progression du christianisme dans l’Empire, et voyait cela comme une menace à la pax deorum, la paix des dieux.

Dèce décida donc de promulguer un édit en 250, obligeant tous les citoyens à sacrifier aux dieux. L’objectif était de protéger l’Empire, et la peine encourue pour les réfractaires était la mort. Certains chrétiens se rallièrent à l’Empereur, et acceptèrent de sacrifier aux dieux. Cependant, d’autres refusèrent de se plier à cette loi, et de nouvelles persécutions furent ordonnées contre eux.

 

A noter toutefois que le texte de cet édit ne nous est pas parvenu. Néanmoins, il devait être vraisemblablement moins sévère qu'on ne pourrait le croire, car de nombreux évêques et fidèles échappèrent à la mort. Par ailleurs, les lapsi[8] demandèrent à être réintégrés au sein de l’Eglise dès 251, preuve que les persécutions prévues par cet édit firent long feu.

 

b) La guerre contre les Goths (251) : En 251, les Goths envahirent la Mésie et la Thrace, des régions dégarnies suite aux affrontements entre Dèce et Philippe l’Arabe. Dèce décida alors de nommer son fils Herennius co Empereur (ce dernier prit le nom d’Imperator Caesar Quintus Herennius Etruscus Messius Dacius Pius Felix Invictus Augustus.).

Cependant, l’armée de Dèce et son fils, repoussée vers des marais, fut vaincue par les Goths au cours de la bataille d’Abrittus, au cours de l’été 251. La défaite des Romains fut sanglante : en effet, Dèce et Herennius y perdirent la vie (ce fut la première fois qu’un Empereur mourut au combat contre les barbares.), et les provinces révoltées retrouvèrent leur indépendance (politique et militaire seulement, car les échanges économiques et la romanisation continuèrent jusqu’au V° siècle environ.).

Pièce de monnaie à l'effigie d'Herennius.

A sa mort, Dèce reçut la titulature suivante : Imperator Caesar Caius Messius Quintus Traianus Decius Pius Felix Invictus Augustus Germanicus Maximus Dacicus Maximus, Pontifex Maximus, Tribuniciae Potestatis III, Imperator I, Consul III, Pater Patriae.

 

 

            5° Trébonien Galle (251 à 253)Trébonien Galle (de son vrai nom Caius Vibius Trebonianus Gallus.) naquit probablement en Afrique, au début du III° siècle.

Tête dite de Trébonien Galle, III° siècle après Jésus Christ, musée du Louvre, Paris.

L’on ne sait pas grand-chose sur la vie de ce personnage avant son accession au pouvoir, si ce n’est qu’il avait un fils, nommé Volusien (de son vrai nom Caius Vibius Afinius Gallus Veldumnianus Volusianus.). Lors de la guerre contre les Goths, Trébonien Galle était alors gouverneur de Mésie[9].

 

Après la mort de Dèce et de son fils aîné, Trébonien Galle fut proclamé Empereur par ses soldats (il prit alors le nom d’Imperator Caesar Caius Vibius Trebonianus Gallus Pius Felix Invictus Augustus.). Ce dernier, afin de préserver les apparences, décida aussi de faire nommer Empereur Hostilianus, le fils cadet de Dèce (il reçut le titre d’Auguste, et prit le nom dImperator Caesar Caius Valens Hostilianus Messius Quintus Pius Felix Invictus Augustus.). Volusien, le fils de Trébonien Galle, fut quant à lui nommé César (il se rebaptisa Caius Vibius Afinius Gallus Veldumnianus Volusianus Caesar.).

Pièces de monnaie à l'effigie de Trébonien Galle (à gauche) et d'Hostilianus (à droite).

Cependant, Hostilianus mourut de la peste au cours de l’été 251, laissant l’Empire entre les seules mains de Trébonien Galle. Volusien prit alors le titre d’Auguste, se rebaptisant Imperator Caesar Caius Vibius Afinius Gallus Veldumnianus Volusianus Pius Felix Invictus Augustus.

Pièce de monnaie à l'effigie de Volusien.

 

Peu après, Trébonien Galle négocia avec les Goths une paix jugée honteuse par ses contemporains : l’Empereur acheta leur retraite en échange d’un tribut annuel et la livraison de ravitaillement, et ne récupéra pas les prisonniers de guerre romains.

Cette reddition entraina la révolte de Marcus Aemilius Aemilianus (francisé en Emilien.), gouverneur de Mésie, qui lui avait remporté plusieurs victoires contre les Goths (ce dernier, né vers 207, était d’origine Maure.).

Pièce de monnaie à l'effigie d'Emilien.

Trébonien Galle chargea alors Valérien, un ancien lieutenant de Dèce, de mettre fin à cette insurrection. Cependant, ce dernier fut acclamé Empereur par ses troupes avant même d’atteindre la Mésie, et Trébonien Galle décida de se charger lui-même de punir Emilien.

En août 253, les deux armées s’affrontèrent, et Emilien parvint à l’emporter. Abandonné par leurs soldats, Trébonien Galle et Volusien périrent assassinés.

A sa mort, l’Empereur avait la titulature suivante : Imperator Caesar Caius Vibius Trebonianus Gallus Pius Felix Invictus Augustus, Pontifex Maximus, Tribuniciae Potestatis V, Imperator, Consul II, Pater Patriae.

Buste de Trébonien Galle, III° siècle après Jésus Christ, musée du Vatican, Rome.

 

Emilien fut alors nommé Empereur (il prit le nom d’Imperator Caesar Marcus Aemilius Aemilianus Pius Felix Invictus Augustus.), mais ne le resta guère longtemps. En effet, il fut assassiné par ses propres hommes au cours de l’hiver 253.

Ce fut alors Valérien qui monta sur le trône.

 

            6° Valérien et Gallien (253 à 260) – Valérien (de son vrai nom Publius Licinius Valerianus.) naquit vers 193 au sein d’une famille de sénateurs.

Pièce de monnaie à l'effigie de Valérien.

Entreprenant le cursus honorum, il fut nommé censeur sous Dèce. Marié à Mariniane (décédée avant que Valérien ne devienne Empereur.), il avait eut d’elle un fils, Gallien, né en 218 (de son vrai nom Publius Licinius Egnatius Gallienus.).

Suite à la paix achetée aux Goths par Trébonien Galle, Emilien, le gouverneur de Mésie, se révolta. L’Empereur demanda alors à Valérien d’aller mater l’insurrection. Cependant, les troupes de ce dernier l’acclamèrent César, et finalement, Trébonien Galle et Emilien moururent. En 253, Valérien se proclama donc Empereur, prenant le nom d’Imperator Caesar Publius Licinius Valerianus Pius Felix Invictus Augustus. En outre, il associa son fils Gallien au pouvoir, qui prit le nom d’Imperator Caesar Publius Licinius Egnatius Gallienus Pius Felix Invictus Augustus.

 

Valérien conserva l’Orient, et confia l’Occident à son fils. A cette époque, l’Empire était en proie aux attaques de toutes sortes : A l’ouest, les frontières n’étaient plus sûres ; à l’est, les Perses du roi Sapor I°, après avoir pris la Mésopotamie, marchaient maintenant contre la Syrie.

En 254, Valérien décida donc de marcher contre les Perses, et installa son armée à Antioche. Rencontrant des succès et des défaites, Valérien fut finalement fait prisonnier par Sapor I° en 260, et mourut peu après dans les geôles perses (aucune rançon ne fut livrée, ni par Macrien, préfet du prétoire, ni par Gallien.). Plusieurs versions nous sont restées quant à la captivité de l’Empereur : selon les sources perses, il fut bien traité ; selon certains témoignages romains, Valérien connut les pires humiliations, et fut empaillé après sa mort (sa peau teinte en rouge orna le palais de Sapor I°.).

A sa mort, la titulature de Valérien était la suivante : Imperator Caesar Publius Licinius Valerianus Pius Felix Invictus Augustus Germanicus Maximus, Pontifex Maximus, Tribuniciae Potestatis VII, Imperator I, Consul IV, Pater Patriae.

 

            7° Gallien unique Empereur (260 à 268) – A la mort de Valérien, ce fut son fils Gallien qui prit le pouvoir.

Buste de Gallien, vers 260, Altes museum, Berlin.

Cependant, c’est à cette époque que de nombreux usurpateurs, les trente tyrans, se proclamèrent Empereurs aux quatre coins de l’Empire[10]. Les plus dangereux de ces usurpateurs parvinrent à faire sécession : le général romain Postume parvint à établir un Empire des Gaules, afin de mieux lutter contre les invasions barbares ; Zénobie, reine de Palmyre, s’empara de nombreuses régions d’Orient et gouverna en véritable souveraine indépendante.

Gallien se retrouva donc dans une position extrêmement difficile, car il devait en outre faire face à de nouvelles invasions barbares.

Autel dédié à la déesse Victoire, célébrant la victoire des armées de Gallien sur les Juthunges, 260, Deutsches historisches museum, Berlin.

L’Empereur parvint néanmoins à faire front, matant de nombreux usurpateurs (Ingenuus, Régilien, etc.), et parvenant à repousser les envahisseurs. La longévité du règne de Gallien constitue une preuve de son succès, ses prédécesseurs n’ayant jamais régné plus de cinq années d’affilée. 

Cependant, Gallien fut assassiné en 268 par ses propres soldats, alors qu’il assiégeait l’usurpateur Auréolus à Milan (ce dernier avait trahi l’Empereur après avoir été longtemps considéré comme un de ses meilleurs officiers.).

A sa mort, l’Empereur reçut la titulature suivante : Imperator Caesar Publius Licinius Valerianus Egnatius Gallienus Pius Felix Invictus Augustus Germanicus Maximus Persicus Maximus, Pontifex Maximus, Tribuniciae Potestatis XVI, Imperator I, Consul VII, Pater Patriae.

Gallien avait eu trois fils de son épouse Cornelia Salonina, mais ils étaient tous morts avant lui. N’ayant pu fonder une dynastie, le pouvoir échut à Claude II le Gothique, le maître de cavalerie de Gallien.

Pièce de monnaie à l'effigie de Salonina.

A noter que Gallien fut le dernier Empereur à être issu d’une classe sénatoriale. Dès lors, tous ses successeurs furent issus de l’armée.

 

Pour avoir des informations plus détaillées sur le règne de Gallien et de ses successeurs, je vous invite à vous reporter à la section suivante, consacrée aux trente tyrans.

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[1] Gordien I° et Gordien II avaient en effet le même nom.

[2] La III° légion auguste fut alors dissoute et ne fut reconstituée que bien des années après.

[3] C’est à cette époque que les sources antiques mentionnent l’existence des Francs pour la première fois.

[4] A noter que certaines sources considèrent que Philippe l’Arabe fit tuer Timésithée et aussi Gordien III. Cependant, ces accusations semblent être infondées.

[5] Les jeux séculaires, comme leur nom l’indique, étaient célébrés (en théorie.) tous les cent ans, afin de célébrer la fondation de Rome. Les premiers jeux séculaires furent organisés en 348 avant Jésus Christ, selon l’estimation que Rome aurait été fondée en 748 avant Jésus Christ. Ces jeux furent à nouveaux célébrés en 249 et 149, mais pas en 49 avant Jésus Christ, à cause de la guerre civile. Auguste décida alors de les célébrer en 17 avant Jésus Christ. L’Empereur Claude les célébra en 47 après Jésus Christ, revenant à la chronologie initiale. En 87, Domitien fêta les jeux séculaires en se basant sur la datation d’Auguste, et Antonin les célébra en se basant sur la datation de Claude. Enfin, Septime Sévère les fêta à son tour en 204, soit 220 ans après les jeux d’Auguste.

[6] Ce dernier est aussi appelé Marin en français, son vrai nom étant Tiberius Claudius Marinus Pacatianus.

[7] A noter que Dèce est parfois appelé Trajan Dèce.

[8] On appelait ainsi les chrétiens qui avaient obéi à l’Empereur (lapsi signifie ‘ceux qui ont cédé’.).

[9] Certaines sources affirment que Trébonien Galle aurait négocié avec les Goths au cours de la guerre, abandonnant Dèce à son triste sort. Cette affirmation est aujourd’hui invérifiable.

[10] Pour en savoir plus sur les trente tyrans, voir la section V, chapitre cinquième, histoire de la Rome antique.

 
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