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Histoire de la Rome antique

 

CHAPITRE CINQUIÈME : Haut Empire ou bas Empire ?

 

V : Les trente tyrans

           

            A la mort de Valérien, l’Empire sombra dans un chaos jamais rencontré jusqu’alors. En effet, à cette époque apparurent les trente tyrans, qui profitèrent de la mort de l’Empereur pour prendre le pouvoir (certains de ces usurpateurs se révoltèrent avant la mort de Valérien, sans que l’on connaisse exactement la date précise.).

 

L’histoire des trente tyrans est cependant un récit assez complexe à mettre en œuvre, et ce pour différentes raisons.

Tout d’abord, si les premiers usurpateurs apparurent vers la fin de règne de l’Empereur Valérien (aux environs de 260.), le phénomène dura près d’une dizaine d’années. En outre, ces trente tyrans provenaient de différentes provinces de l’Empire romain (Gaule, Mésie, Syrie, Afrique, Italie, etc.), ce qui complique la mise en place d’un ‘fil directeur’. Enfin, les sources de cette époque sont loin d’être fiables, et l’on estime aujourd’hui que près d’une dizaine des trente tyrans n’étaient que des personnages imaginaires.

En fait, le nombre des usurpateurs fut artificiellement augmenté afin de rappeler l’époque des trente tyrans d’Athènes[1]. En outre, les auteurs de l’Histoire Auguste, avancèrent le chiffre de 32 tyrans, car ils rajoutèrent deux femmes à l’ensemble.

 

Afin de simplifier le récit, vous trouverez ci-dessous un classement de ces tyrans en trois grandes catégories : usurpateurs de l’Empire des Gaules et de Mésie, usurpateurs d’Orient, usurpateurs de moindre importance.

 

Liste des 30 tyrans

Nom latin

Nom francisé

Usurpateurs de l’Empire des Gaules et de Mésie

Decimus Laelius Ingenuus

Ingenuus

Marcus Cassianus Latinius Postumus

Postume

Postumus Junior (existence douteuse)

Postume le Jeune (existence douteuse)

Regilianus

Régilien

Manius Acilius Aureolus

Auréolus

Caius Ulpius Cornelius Laelianus

Lélien

Marius

Marius

Marcus Piavonius Victorinus

Victorinus

Victorinus Junior (existence douteuse)

Victorinus le Jeune (existence douteuse)

Victoria (existence douteuse)

Victorine (existence douteuse)

Tetricus Senior

Tetricus l'Ancien

Tetricus Junior

Tetricus II le Jeune

 

Usurpateurs d’Orient

Macrianus

Macrien

Macrianus Junior

Macrien le Jeune

Fulvius Quietus

Quiétus

Ballista

Balliste

Septimius Odenath

Odénat

Cyriades

Cyriadès

Septimius Herodianus

Herodes

Maeonius

Maeonius

Septimia Bathzabbai Zenobia

Zénobie

 

Usurpateurs de moindre importance

Aemilianus

Émilien

Censorinus (existence douteuse)

Censorinus (existence douteuse)

Herennianus (existence douteuse)

Herennianus (existence douteuse)

Timolaus (existence douteuse)

Timolaüs (existence douteuse)

Saturninus (existence douteuse)

Saturninus (existence douteuse)

Valens Superior (existence douteuse)

Valens l'Ancien (existence douteuse)

Valens

Valens

Trebellianus (existence douteuse)

Trebellianus (existence douteuse)

Celsus (existence douteuse)

Celsus (existence douteuse)

Pison (existence douteuse)

Pison (existence douteuse)

Titus

Titus

 

1° Usurpateurs de l’Empire des Gaules et de Mésie Le rapprochement entre les usurpateurs de Gaule et de Mésie, dans un premier temps, peut sembler peu cohérent. Pourtant, les agissements de l’Empereur, des usurpateurs de Mésie et des Gaules sont intimement liés, comme nous allons le voir à présent.

 

Decimus Laelius Ingenuus était un général romain qui se proclama Empereur en Mésie. En 256, Gallien, afin de renforcer la dynastie et regagner la confiance des populations, avait laissé en Pannonie son fils aîné, Valérien II (de son vrai nom Publius Licinius Cornelius Valerianus.), lui accordant le titre de César.  

Pièce de monnaie à l'effigie de Valérien II.

Cependant, Valérien II mourut bientôt, peut être fut il attaqué par Ingenuus ? Cet usurpateur fut vaincu en Pannonie par les troupes de Gallien, et ne fut dès lors plus une menace (l’on ne sait cependant pas s’il fut tué ou s’il s’échappa.).

 

Postume (de son vrai nom Marcus Cassianus Latinius Postumus.) naquit en Gaule au sein d’une famille parfaitement romanisée.

Pièce de monnaie à l'effigie de Postume.

Général dans l’armée romaine, il fut par la suite fait gouverneur d’une province de Gaule (sans doute la Belgique.). A cette époque, Gallien se trouvait en Gaule avec son second fils Salonin (de son vrai nom Publius Licinius Cornelius Saloninus, né vers 242.), à qui il avait donné le titre de César.

Pièce de monnaie à l'effigie de Salonin.

Gallien dut alors quitter la Gaule pour s’attaquer à Ingenuus, un des trente tyrans, qui s’était proclamé Empereur en Mésie. Puis, suite à cette expédition, les Alamans et les Francs franchirent le Rhin. L’Empereur Gallien décida alors de s’attaquer aux Alamans, confiant à Postume la tâche de s’occuper des Francs.

Buste de Gallien, vers 263 après Jésus Christ, musée du Louvre, Paris.

En 259, Postume battit ses ennemis, et ses hommes le proclamèrent Empereur. Gallien, en apprenant la nouvelle, décida de réagir, en nommant Auguste son fils Salonin (ce dernier prit le nom d’Imperator Caesar Publius Licinius Cornelius Saloninus Valerianus Pius Felix Invictus Augustus.). Postume décida alors d’attaquer Cologne, où se trouvaient Salonin et son précepteur, le général romain Silvanus. Gallien, occupé contre les Alamans, ne put intervenir, et Postume parvint à prendre la ville, faisant exécuter Salonin.

Postume créa alors l’Empire des Gaules (contrôlant toute la Gaule et l’Hispanie à l’exception d’une partie de la Narbonnaise, restée fidèle à Gallien.). A noter que ce mouvement ne fut pas un sursaut de nationalisme gaulois : Postume, parfaitement romanisé, imita les Empereurs romains (frappe de monnaie en latin, création d’un sénat, nominations de consuls, etc.). 

Gallien ne put s’attaquer à Postume, car après sa victoire sur les Alamans, il dut partir guerroyer contre Régilien, un autre des trente tyrans, qui s’était proclamé Empereur en Mésie.

Pièce de monnaie à l'effigie de Régilien.

Ce dernier, d’origine Dace, affirmait être un descendant de Décébale[2]. Il fut néanmoins tué rapidement (l’on ne sait aujourd’hui pas s’il fut vaincu par Gallien ou assassiné par ses propres soldats.). 

Gallien envoya néanmoins Manius Acilius Aureolus, un de ses meilleurs officier (il avait participé à l’expédition contre Ingenuus.), s’attaquer à Postume.

Pièce de monnaie à l'effigie d'Aureolus.

Deux affrontements eurent lieu, vers 261 et 266, sans qu’Aureolus ne parvienne à prendre l’avantage. Gallien, devant défendre le Danube d’une invasion de Goths, confia à Aureolus la garde de l’Italie du nord. C’est alors que ce dernier passa une alliance avec Postume et se proclama Empereur. En mars 268, Gallien du rentrer en hâte en Italie en apprenant la nouvelle, après avoir vaincu les Goths. Il assiégea alors Aureolus dans Milan, mais fut assassiné par les hauts officiers de son armée. Claude II le Gothique, maître de la cavalerie de Gallien, fut alors proclamé Empereur. Il continua le siège de Milan, à l’issue duquel Auréolus fut tué.

En 268, Postume dut s’attaquer à Lélien (de son vrai nom Caius Ulpius Cornelius Laelianus.), un des trente tyrans, qui attaquait alors Mayence.

Pièce de monnaie à l'effigie de Lélien.

Lélien fut rapidement vaincu, et suite à l’affrontement, les soldats de Postume voulurent piller la cité. Ce dernier refusa, car Mayence était une place forte rhénane de première importance. Finalement, les soldats massacrèrent Postume et son fils[3].

 

            Marius, un ancien forgeron gaulois, fut alors acclamé Empereur par les soldats qui avaient assassiné Postumus.

Pièce de monnaie à l'effigie de Marius.

Ce dernier fut cependant rapidement tué par un ancien confrère forgeron, qui n’avait pas apprécié que Marius le traite avec mépris une fois nommé Empereur.

 

             Peu de temps après la mort de Marius, Marcus Piavonius Victorinus fut fait Empereur des Gaules, vers août 269. Issu d’une famille de l’aristocratie gallo-romaine, il se rapprocha de Postume vers 267, sans doute suite à la trahison d’Aureolus.

Pièce de monnaie à l'effigie de Victorinus.

Suite à l’assassinat de Marius, Victorinus fut alors choisi pour devenir le nouvel Empereur des Gaules. Cependant, à cette époque, L’Empereur légitime, Claude II, avait réussi à étendre son influence sur l’Hispanie, et l’Empire des Gaules était battu en brèche. Au printemps 270, il attaqua Autun, la capitale des Eduens, un peuple historiquement très lié à Rome.

Victorinus fut cependant tué au cours de l’été 271 par ses propres soldats[4]. Ce fut alors Tetricus qui lui succéda.

 

            Caius Pius Esuvius Tetricus régna comme Empereur des Gaules de 271 à 273, accompagné par son fils Tetricus II le Jeune.

Pièces de monnaie à l'effigie de Tetricus (à gauche) et Tetricus II (à droite)

A l’origine sénateur d’Aquitaine, il aurait réussi à s’emparer du pouvoir grâce à l’aide de Victorine, la mère de Victorinus.

En 274, l’Empereur Aurélien, qui avait succédé à Claude II le Gothique, décida de marcher contre Tetricus. Ce dernier se rendait compte que l’Empire des Gaules, né à cause de l’incapacité de Rome à défendre cette province, n’avait plus lieu d’être : en effet, les barbares avaient été vaincus les uns après les autres.

Il y eut sans doute une bataille entre les deux camps, qu’Aurélien remporta facilement. Tetricus fut alors fait prisonnier et participa enchainé au triomphe de l’Empereur.

Par la suite, il reçut vraisemblablement le pardon d’Aurélien (bien que certaines sources affirment qu’il fut exécuté.).  

 

2° Usurpateurs d’OrientL’Empereur Gallien n’intervint jamais en Orient, trop occupé par les usurpateurs de Mésie, des Gaules, et par les barbares. De ce fait, les tyrans se trouvant dans cette région furent peu inquiétés pendant une dizaine d’année. Cependant, lorsque les problèmes furent résolus à l’Ouest, Rome décida finalement de marcher contre eux. 

 

            Macrien (de son vrai nom Marcus Fulvius Macrianus.) était le préfet du prétoire de Valérien (l’Empereur l’avait chargé d’administrer la Syrie, lors de la guerre contre les Perses.).

Pièce de monnaie à l'effigie de Macrien.

Suite à la capture de Valérien par Sapor I°, Macrien refusa de payer une rançon, et se proclama Empereur. Puis, en 261, il se rendit en Illyrie, où il fut battu par Auréolus, un des meilleurs officiers de l’Empereur Gallien (l’on ne sait exactement si Macrien fut tué par ses adversaires ou par ses propres soldats.).

Cet usurpateur avait associé ses deux fils au pouvoir, Macrien le Jeune et Fulvius Quietus. Le premier mourut avec son père, mais le second survécut un temps.

 

            En effet, Quiétus n’était pas parti guerroyer en Illyrie, mais avait été chargé de défendre la Syrie. Cependant, il fut abandonné par une partie de ses troupes et assiégé dans Emèse par Odénat, un des trente tyrans.

Pièce de monnaie à l'effigie de Quiétus.

Quiétus fut alors assassiné par Balliste, un ancien lieutenant de Valérien. Ce dernier s’était proclamé Empereur à Emèse, à la mort de Macrien.

Balliste, qui ne représenta jamais une grande menace, périt en 264, assassiné par un de ses soldats.

 

            Septimius Odheinat (francisé en Odénat.) naquit vers 220, au sein d’une famille arabe bénéficiant du droit de cité, mais très attachée à ses traditions.

Prince de Palmyre[5], il fut Sénateur sous Valérien, et parvint à gagner la confiance de Gallien. Ce dernier lui confia le commandement des légions romaines d’Asie, de Syrie, de Mésopotamie et d’Arabie, et nomma Odénat Dux romanorum.   

Ruines de Palmyre, photographie aimablement prêtée par Bourlingueur.org (vous pouvez cliquer sur l'image pour vous rendre sur le site).

Après avoir éliminé Quiétus, comme nous venons de le voir, il décida de s’en prendre aux Perses, en 263 et 266. Odénat parvint à vaincre les troupes de Sapor I°, et s’empara de nombreux territoires jusqu’à Ctésiphon.

L’usurpateur Cyriadès (appelé aussi Mariadès par certaines sources.), s’était proclamé Empereur suite à la chute de Valérien, et avait noué des contacts avec les Perses. Cependant, ces derniers l’exécutèrent lorsqu’ils durent se retirer devant l’avance d’Odénat.

Alors à la tête d’un immense territoire, Odénat prit le titre de Roi des rois, à l’instar des souverains perses. Il associa alors au pouvoir son fils Herodes (de son vrai nom Septimius Herodianus.), né d’un premier lit.

En 267, Odénat et Herodes furent assassinés par Maeonius, qui faisait partie de la famille royale (peut être s’agissait-il d’un neveu du prince.). L’on ne sait pas aujourd’hui par qui le meurtre fut commandité : par Zénobie, la seconde épouse d’Odénat, qui voulait voir régner son fils Wahballat ; ou bien par Gallien lui-même, qui redoutait la montée en puissance du prince de Palmyre ?

A noter qu’Odénat fut considéré comme un des trente tyrans, alors qu’il fut un des rares hommes de Gallien à n’avoir pas trahi.

 

Maeonius, quant à lui, ne survécut guère longtemps : après s’être proclamé Empereur, il fut assassiné par les soldats d’Odénat.

Zénobie qui prétendait descendre des Ptolémées, prit alors le pouvoir. Profitant du fait que Rome soit occupée par les invasions barbares sur le Danube, elle s’empara de nombreux territoires (Syrie, Egypte, Asie.). En 271, agissant en souveraine indépendante, elle donna le titre d’Auguste à son fils Wahballat (son nom latin était Lucius Julius Aurelius Septimius Vaballathus Athenodorus[6].).

Pièces de monnaie à l'effigie de Zénobie (à gauche) et de Wahballat (à droite).

En 272, l’Empereur Aurélien décida de mettre un terme aux agissements de Zénobie, et marcha contre elle. Après avoir remporté quelques victoires, la reine de Palmyre fut vaincue par les troupes romaines, et participa enchaînée au triomphe d’Aurélien (Wahballat, à priori trop jeune pour être jugé, accompagna sa mère à Rome.).

Par la suite, elle fut libérée mais il lui fut interdit de rentrer dans son pays. Elle mourut en exil à Tibur (Aujourd’hui Tivoli.), en 274.

           

3° Usurpateurs de moindre importanceOnze autres usurpateurs se réclamèrent Empereurs, suite à la mort de Valérien. Cependant, ces derniers ne représentèrent jamais une menace, trop peu puissants ou bien simplement imaginaires.

L’usurpateur Emilien fut préfet d’Egypte avant de se proclamer Empereur ; Censorinus aurait été tué par ses soldats peu de jours après s'être proclamé Empereur, à cause de sa trop grande sévérité ; Herennianus et Timolaüs auraient été les fils d’Odénat et de Zénobie.

L’on ne connaît pas précisément l’histoire des autres tyrans.

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[1] 9, section VI, chapitre troisième, histoire de la Grèce antique.

[2] Pour en savoir plus sur Décébale et les guerres qui l’opposèrent à Rome, voir le b), 3, section IV, chapitre quatrième, histoire de la Rome antique.

[3] A noter que l’existence réelle de Postume le Jeune apparaît aujourd’hui comme plus que douteuse, sachant qu’il n’est mentionné nulle part ailleurs que dans l’Histoire Auguste. Sans doute fut il inventé de toutes pièces pour atteindre le chiffre de trente tyrans.

[4] L’existence de la mère et du fils de Victorinus (Victorine et Victorinus le Jeune.), faisant officiellement partie des trente tyrans, n’est cependant pas avérée (à l’instar de l’existence de Postume le Jeune.).

[5] Palmyre est le nom d’une oasis située en Syrie, au nord est de Damas.

[6] Wahballat signifiait ‘don d’Allat’, une déesse assimilée à Athéna. D’ailleurs, Athenodorus signifiait ‘don d’Athéna’.

 
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