CHAPITRE SECOND :
Le gouvernement provisoire
(février à mai 1848)
IV : Les élections d’avril 1848
1° Des élections législatives à
haut risque – Les élections législatives, programmées par un Lamartine
refusant d’imposer la république à la France entière, avaient été prévues
pour début avril 1848.
Toutefois, de nombreux républicains de la veille savaient que l’instauration
du suffrage universel ne leur serait pas favorable, la France rurale
(regroupant alors la majorité des Français.) étant connue pour ses positions
conservatrices.
a)
Des manifestations pour un report (fin mars à mi-avril 1848) :
ainsi, une première manifestation ouvrière, organisée le 26 mars 1848,
parvint à obtenir le report des élections du 9 au 23 avril ; puis, le 16
avril, 20 000 ouvriers bien décidés à obtenir un nouveau report furent
repoussés par environ 60 000 gardes nationaux, qui défilèrent sous les murs
de l’Hôtel de ville en criant « à bas les communistes ! A bas Louis
Blanc ! Vive Lamartine ! »
b)
La fête de la fraternité (20 avril 1848) : alors que les tensions
montaient, en vue des prochaines élections législatives, le gouvernement
célébra la fête de la fraternité le 20 avril 1848.
Tous les ministres, installés sur une estrade au pied de l’arc de triomphe
de l’Etoile, assistèrent alors au défilé de tous les hommes armés de la
région parisienne : Garde nationale, infanterie, cavalerie, artillerie,
pompiers, etc.
Fête de la fraternité sur la place de l'Etoile, par Jean
Jacques CHAMPIN, XIX° siècle, musée CARNAVALET, Paris.
A
l’issue de la manifestation, le gouvernement décida de maintenir à Paris
deux régiments de cavalerie et trois d’infanterie, signe que le climat était
fort délétère…
c)
Le résultat des élections législatives (fin avril à début mai 1848) :
pour la première fois depuis bien longtemps, les Français renouaient avec le
suffrage universel. Toutefois, ce nouveau mode de scrutin posa plusieurs
problèmes d’ordre technique, principalement liés à la colossale masse de
bulletins à dépouiller.
Les élections législatives, qui eurent lieu du 22 au 23 avril 1848, se
déroulèrent dans le calme, et le taux de participation fut de 84%.
Au
final, sur 880 élus, l’on pouvait compter 500 républicains modérés, environ
200 orléanistes, une centaine de légitimistes, et moins de 100 socialistes.
Le
résultat de ces élections, qui donna l’avantage à la bourgeoisie, fut
contesté sporadiquement, quelques violences éclatant à Nantes, Rouen et
Issoudun.
La
nouvelle assemblée, se réunissant pour la première fois le 4 mai 1848,
proclama officiellement la seconde république et mit fin au gouvernement
provisoire.