1° Résumé de la guerre de 1870
sous le second Empire – Le 19 juillet 1870, l’Empereur Napoléon III,
poussé par l’opinion publique, les médias et les députés, avait finalement
décidé de déclarer la guerre à la Prusse (la fameuse dépêche d’Ems,
rédigée par le chancelier allemand Otto von Bismarck, avait mis le
feu aux poudres, de nombreux Français étant outrés par la façon dont
l’ambassadeur de France en Prusse avait été « éconduit » par le souverain
prussien Guillaume I°.).
Napoléon III, Otto von
Bismarck et Guillaume I°.
a)
Une France isolée diplomatiquement : en juillet 1870, la France
rentrait en guerre sans alliés à ses côtés. Ainsi, Napoléon III fut
abandonné aussi bien par l’Angleterre
que par la Russie ; les Etats du sud de l’Allemagne, refusant de rester
neutre, participèrent au conflit aux côtés de la Prusse ; l’Autriche, bien
que nation ennemie de la Prusse, décida de rester neutre ;
enfin, l’Italie accepta de rentrer en guerre aux côtés des Français à
condition que ces derniers évacuent Rome.
b)
Une armée prussienne avantagée : la France entrant seule dans le
conflit, elle ne pouvait compter que sur ses propres forces face à la
Prusse. Toutefois, l’effectif français était bien inférieur à celui de
l’ennemi : 900 000 soldats contre 1 200 000 pour Guillaume I°.
Toutefois, l’armement des Français n’était pas aussi désastreux que certains
historiens ont pu le laisser penser. Ainsi, le fusil Chassepot modèle
1866, doté d’une portée supérieure à un kilomètre, était en outre plus
précis que le fusil allemand Dreyse.
Dessin humoristique publié dans Le journal illustré,
1869.
Un
des problèmes côtés français vint de l’approvisionnement en munitions, qui
se fit à l’extérieur de l’armée, et entraina une pénurie en raison de l’état
catastrophique des routes et des ponts.
En
réalité, l’avantage des Allemands vint de leurs nouveaux obus. Ainsi,
contrairement aux vieux boulets de canon qui ricochaient par terre (ou
s’embourbaient en terrain humide.), les obus fusants à shrapnel éclataient
au contact du sol, et étaient mortels dans une portée de cent mètres.
Autre innovation technique à l’avantage de la Prusse, les mitrailleuses
importées de la guerre de Sécession, tirant plus de 25 coups à la minute.
Mais si sur le papier, Napoléon III pensait pouvoir rivaliser avec la
Prusse, il se rendit rapidement compte de la confusion qui régnait alors au
sein de l’armée. Ainsi, les soldats manquaient de fusils, de balles, de
matériel ; aucune comptabilité n’avait été mise en place ; enfin, l’Etat
major lui-même ne disposait pas de cartes.
c)
La France accumule les défaites : en raison des conditions précaires
auxquelles l’armée était soumise, les Français ne parvinrent pas à défendre
leur territoire face aux Prussiens, qui remportèrent rapidement plusieurs
victoires.
Dès le mois d’août 1870, l’armée prussienne, commandée par le prince
Frédéric Guillaume Nicolas Charles de
Hohenzollern,
remporta les batailles de Wissembourg et Froeschwiller. Les
Prussiens, ayant dès lors le champ libre, purent pénétrer en Alsace sans
rencontrer de résistances.
Le prince Frédéric Guillaume de Prusse, gravure publiée dans Le journal illustré,
1867.
A
Paris, l’annonce de ces premières défaites entraina le gouvernement à
déclarer l’état de siège le 7 août 1870. Les Parisiens, qui n’avaient eu de
cesse de réclamer la guerre, furent abasourdis à l’annonce de la défaite des
troupes françaises.
Par la suite, le 9 août 1870, le Corps législatif
décida que Napoléon III devait céder le commandement de l’armée au maréchal
François Achille Bazaine.
Le maréchal Bazaine, gravure publiée dans Le journal illustré,
1869.
Bazaine, qui se trouva au camp de Chalons,
décida de marcher vers Verdun, mais constata que l’armée prussienne lui
barrait la route. Le 18 août 1870, les deux armées combattirent lors de la bataille de
Saint Privat (appelée aussi bataille de la Gravelotte par les
historiens allemands.), affrontement qui donna l’avantage aux
Prussiens.
La bataille de Saint Privat, Le Monde Illustré, N° 762, 18
novembre 1871.
Bazaine, acculé décida alors de se réfugier à Metz sachant que la route de
Verdun lui était désormais coupée.
Très rapidement, une armée prussienne commandée par
Frédéric Charles de Hohenzollern,
fut chargée d’assiéger Metz. Bazaine, bien que disposant d’une grosse
supériorité numérique, lança deux assauts qui malgré tout ne parvinrent pas
à briser le siège.
Le
22 août, apprenant que Bazaine s’était enfermé dans Metz, un télégramme
envoyé par Paris arriva entre les mains de Napoléon III. Ce dernier, qui se
trouvait à Reims, devait porter secours à Bazaine.
Le
maréchal Patrice de Mac Mahon,
qui commandait l’armée, décida alors de passer par les Ardennes afin
d’éviter tout contact avec l’armée ennemie
(à noter que Napoléon III, ne pouvant plus monter à cheval,
suivait l’armée en berline.).
Toutefois, le mouvement de troupe des Français n’était pas passé inaperçu
aux yeux des Prussiens, et ces derniers marchèrent en direction de l’ennemi.
Mac Mahon, se sachant poursuivi, décida alors de se replier vers Sedan et
d’y attendre l’armée prussienne.
Toutefois, la bataille de Sedan fut un nouvel échec pour les
Français, Mac Mahon, à la tête de 120 000 hommes, pensant avoir l’avantage
numérique, alors que l’armée prussienne comptait près de 200 000 soldats.
La bataille de Sedan.
Finalement, dans la soirée du 1er septembre 1870, après de
violents combats, Napoléon III décida de hisser le drapeau blanc.
Ce
dernier, quittant Sedan le lendemain, se dirigea vers Mézières, pensant y
trouver le roi de Prusse afin de négocier. Toutefois, il fut accueilli par
Bismarck, qui informa Napoléon III qu’il ne pourrait rencontrer le roi de
Prusse qu’après avoir signé l’acte de reddition.
Napoléon III décida alors de capituler sans conditions, et, se constituant
prisonnier, il fut envoyé à au château de Wilhelmshöhe, à Cassel, en
Allemagne.
Les quelques 60 000 soldats qui se trouvaient à Sedan furent eux aussi
incarcérés par l’ennemi.
La capitulation française à l'issue de la bataille de Sedan, 1870, musée des
Invalides, Paris.
A
noter qu’au même moment, les Strasbourgeois, ayant appris la capitulation de
Sedan, décidèrent de capituler face à l’armée prussienne qui assiégeait la
cité.
2° La proclamation de la république (4
septembre 1870) – A Paris, l’annonce de la capitulation de Sedan fit
grand bruit. Ainsi, non seulement Bazaine ne serait pas secouru, mais en
outre l’armée qui à l’origine devait défendre Paris était entre les mains
des Prussiens.
La
capitale étant désormais à la merci de la Prusse, les esprits commencèrent à
s’échauffer. Le 3 septembre, en pleine séance du Corps législatif, le député
Jules Favre
réclama la dissolution du gouvernement, et l’alliance de tous les partis
afin de sauver la nation. Au cours de la nuit, le 4 septembre 1870 à une
heure du matin, Favre remonta à la tribune, et cette fois-ci réclama la
déchéance de la famille impériale, Napoléon III étant jugé responsable de la
défaite.
Jules Favre, gravure publiée dans Le journal illustré,
1869.
A
l’aube, l’Impératrice Eugénie, qui dirigeait le
Conseil de régence
en l’absence de son époux, assista impuissante à une importante
manifestation populaire devant les Tuileries. Effrayée, Eugénie décida alors
de quitter la capitale, rejoignant Deauville afin de s’embarquer pour
Londres.
A
midi, l’immense foule des manifestants se dirigea vers les palais-Bourbon,
siège du Corps législatif. Forçant les grilles du bâtiment, les Parisiens
mécontents envahirent les lieux, quand le député
Léon Gambetta
décida de monter à la tribune.
Léon Gambetta, gravure publiée dans Le journal illustré,
1869.
Ce
dernier proclama alors la déchéance de Napoléon III et la disparition du
second Empire. Toutefois, comme le vacarme était assourdissant, Jules Favre
proposa aux manifestants de se rendre à l’Hôtel de ville afin d’y proclamer
la troisième république.
L'annonce de l'abolition du régime impérial devant le palais du Corps
législatif, le 4 septembre 1870, par Jules DIDIER et Jacques GUIAUD,
XIX° siècle, musée Carnavalet, Paris.
Une fois arrivés sur les lieux, les députés décidèrent de constituer le
gouvernement de la défense nationale, nommant président le général
Louis Jules Trochu.
Le général Trochu.
Le
député Jules Ferry,
qui se trouvait là, proposa que seuls les députés de Paris entrent au
gouvernement. Ainsi, Gambetta récupéra le ministère de l’Intérieur ; Favre,
vice-président, eut le portefeuille des Affaires étrangères ; Ferry, quant à
lui, fut nommé secrétaire du gouvernement.
Conformément à la proposition de Ferry, l’on retrouvait dans tous les
ministères des députés parisiens, ainsi qu’Adolphe Crémieux, ministre
de la Justice, qui avait occupé ce poste suite à la proclamation de la
seconde république, en février 1848.
Grâce au télégraphe, la province fut rapidement informée de la proclamation
de la troisième république.
Récepteur morse à pointe sèche (à gauche) et manipulateur morse (à droite),
1848, musée des Arts & Métiers, Paris.
Suite à sa nomination en tant que ministre de l’Intérieur, Gambetta fit
révoquer de nombreux préfets installés à leurs postes par le second Empire,
afin de les remplacer par des députés républicains, des avocats ou des
journalistes.
Par ailleurs, le gouvernement se sachant provisoire, il fut décidé de réunir
une assemblée nationale le plus tôt possible. Toutefois, comme la guerre
battait son plein, il fut décidé que les élections législatives se
dérouleraient à la mi-octobre 1870 (fin septembre le scrutin fut
définitivement ajourné.).
Enfin, afin de trouver des appuis à l’étranger, le député Adolphe Thiers
fut chargé, à la mi-septembre, de visiter les principales Cours européennes…
mais en vain.
Adolphe Thiers, gravure publiée dans Le journal illustré,
1869.
Toutefois, si le second Empire prenait fin ce 4 septembre 1870, le conflit
contre la Prusse, lui, continuait… Gambetta, bien qu'étant décidé à poursuivre
la guerre, ne put empêcher l’armée prussienne de mettre le siège devant
Paris le 18 septembre 1870.
L'artillerie campée dans le jardin des Tuileries, fin septembre 1870,
par Henri BRUNNER-LACOSTE et Alfred DECAEN, XIX° siècle, musée Carnavalet,
Paris.
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