CHAPITRE PREMIER :
Une république née dans le sang
(septembre 1870 à mai 1871)
II :
La guerre franco-prussienne sous la troisième république
(septembre 1870 à janvier 1871)
1° Gambetta tente d’organiser la
défense nationale – Si à Paris le gouvernement ne souhaitait pas faire
de concessions avec la Prusse, en province, beaucoup de députés étaient
favorables à une paix avec l'ennemi qui assiégeait la capitale.
L'armée prussienne installée sous les murs de Paris.
Ainsi, les ministres décidèrent d’envoyer Gambetta à Tours, afin de faire
connaitre le nouveau régime dans les principales villes de France (à noter
qu’il y eut de l’agitation dans certaines villes, telles que Marseille, Lyon
et Toulouse.), réorganiser l’administration encore en partie favorable à
l’Empire, et surtout lever de nouvelles armées afin de faire face à la
menace prussienne.
Toutefois, il était impossible pour Gambetta de quitter la capitale, cette
dernière étant assiégée par l’armée prussienne depuis le 18 septembre.
Ainsi, ce dernier décida d’emprunter la voie des airs, quittant Paris en
ballon, le 7 octobre 1870.
Départ de Gambetta sur le ballon "l'Armand Barbès", 7 octobre 1870,
par Jules DIDIER et Jacques GUIAUD, XIX° siècle, musée Carnavalet, Paris.
Gambetta arriva à Tours le lendemain, rejoignant la délégation
gouvernementale qui s’y trouvait depuis quelques semaines (cette dernière
était conduite par Adolphe Crémieux ;
Léon Martin Fourichon[1],
ministre de la Marine, et Alexandre Glais de Bizoin.).
Dès son arrivée, Gambetta se mit au travail, et ordonna la mise en place de
l’armée de la Loire, constituée à partir de troupes rappelés
d’Algérie, de soldats des dépôts et de réservistes. Cette nouvelle armée fut
confiée au général Joseph Édouard de La Motte-Rouge[2].
A
noter toutefois que l’armée de la Loire comptait peu d’officiers ayant une
expérience du terrain, la plupart des soldats étaient mal entrainés
(particulièrement les réservistes.), enfin, il y avait peu d’artillerie.
2° Victoires et revers de l’armée de la Loire – La Motte
Rouge, à la tête de l’armée de la Loire, fut alors chargé de marcher vers
Orléans. En effet, une armée bavaroise se trouvait non loin de là, chargé de
protéger le flanc sud du contingent prussien assiégeant Paris.
Combat d'artillerie dans un bois
lors du siège de Paris, en 1870, par DETAILLE, milieu du XIX°
siècle, château de Versailles, Versailles.
a)
L’armée de la Loire échoue devant Orléans (octobre 1870) : toutefois,
si les Français parvinrent à pénétrer dans Orléans le 6 octobre, ils furent
vaincus lors de la bataille d’Artenay, par l’armée bavaroise
commandée par le général Ludwig von der Tann-Rathsamhausen.
Suite à l’affrontement, La Motte Rouge décida d’évacuer Orléans, qui fut
rapidement prise par l’ennemi.
b)
L’armée de la Loire reprend l’offensive, la bataille de Coulmiers (début
novembre 1870) : Gambetta, apprenant l’échec de l’armée de la Loire,
décida alors de renvoyer La Motte Rouge, qui fut remplacé par le général
Louis Jean Baptiste d'Aurelle de Paladines[3].
Le général d'Aurelle de Paladines, Le Monde Illustré, N° 727,
18 mars 1871.
Ce
dernier reçut alors l’ordre de marcher vers Orléans, mais, peu sûr de ses
forces (les Français, environ 70 000 hommes, étaient trois fois plus
nombreux que l’ennemi.), il ne se décida à lancer l’offensive qu’en novembre
1870.
Le
9, l’armée de la Loire surprit les forces bavaroises du général von des Tann
à Coulmiers, un petit village situé à l’ouest d’Orléans. Le général d’Aurelle,
profitant de l’effet de surprise, fit bombarder la position ennemie, puis
fit charger ses hommes à la baïonnette.
La bataille de Coulmiers.
Les Bavarois, apeurés, quittèrent leur position dans le désordre, permettant
aux Français de reprendre Orléans.
Halte de dragons, par James Alexander WALKER, 1883, musée des
Invalides, Paris.
L’annonce de la bataille de Coulmiers, principale victoire française
dans ce conflit, fut accueillie avec joie dans un Paris assiégé.
Toutefois, le général d’Aurelle, contrairement aux instructions de Gambetta,
préféra s’enfermer dans Orléans afin de reprendre des forces[4] ;
en outre, la capitulation de Bazaine à Metz, le 27 octobre, permit aux
soldats de Frédéric Charles de Hohenzollern, de porter assistance à l’armée
bavaroise.
A
noter que la capitulation de Bazaine, à la tête d’une armée encore forte et
bien équipée, abandonnait à l’ennemi près de 173 000 soldats (dont 6 000
officiers.), 1 600 canons, 280 000 fusils, ainsi que plusieurs millions
d’obus et de cartouches. Malheureusement pour la jeune république, les
Prussiens ne se privèrent pas d’utiliser ce matériel français contre l’armée
de la Loire…
c)
Nouveaux revers de l’armée de la Loire, la bataille de Beaune la Rolande et
la bataille de Loigny (fin novembre à décembre 1870) : suite à la
bataille de Coulmiers, une partie de l’armée de la Loire (18° et 20° corps
d’armée.), soucieuse de profiter de son avantage, décida de marcher vers
Beaune la Rolande, un village au sud de Paris occupé par les Prussiens (28
novembre 1870.).
Les Français, disposant d’un net avantage numérique (35 000 soldats contre
16 000 Prussiens.) ainsi que de l’effet de surprise, décidèrent donc de
lancer une attaque frontale contre Beaune la Rolande (20° corps.), tout en
encerclant le village par la droite (18° corps.) et par la gauche (20°
corps.).
Toutefois, les Prussiens, bien que surpris, se replièrent derrière l’ancien
mur d’enceinte de la commune, et les généraux français, refusant de
bombarder une ville française (ce qui leur aurait vraisemblablement donné la
victoire.), décidèrent de se contenter d’un échange de coups de feu.
Ainsi, alors que la bataille de Beaune la Rolande ne donnait
l’avantage à aucun des deux camps, deux divisions prussiennes arrivèrent en
renfort et s’attaquèrent à l’aile gauche de l’armée française, désormais
prise entre deux feux.
Finalement, les Français décidèrent de se retirer, abandonnant près de 4 500
hommes (1 000 tués et 3 500 blessés ou prisonniers.).
Combat sur la voie ferrée, par Alphone DE NEUVILLE, vers 1880,
château de Chantilly, Chantilly.
Suite à la bataille de Beaune la Rolande, les Prussiens décidèrent de
marcher vers Orléans afin d’en chasser les troupes françaises. Le 2 décembre
1870, les Français furent vaincus lors de la bataille de Loigny (bien
que disposant de 90 000 soldats face à 35 000 Prussiens.).
Puis, arrivé sous les murs d’Orléans, Frédéric Charles de Hohenzollern, au
petit matin du 4 décembre 1870, lança un ultimatum aux Français. Si ces
derniers n’évacuaient pas la cité, celle-ci serait bombardée.
Le
général d’Aureille de Paladines décida alors d’évacuer la cité. Suite à cet
échec, l’armée de la Loire se retrouva scindée en deux groupes distincts :
le premier, poursuivi par les Prussiens, se replia sur Le Mans, le second,
au contraire se dirigea vers Bourges.
Sous officier du 15° régiment de Uhlans, 1870, musée des Invalides, Paris.
d)
Paris à nouveau agité (fin décembre 1870) : à Paris, avec l’échec de
l’armée de la Loire s’envolait tous les espoirs de renforts. Ainsi, non
seulement les militaires n’avaient pas brisé le siège de Paris, mais en
outre ils avaient reculé face à l’ennemi, abandonnant Orléans.
Vue des fortifications de Paris pendant le siège, par Henri Félix
Emmanuel PHILIPPOTEAUX, 1872, musée des Invalides, Paris.
A
cette date, l’idée d’une paix avec la Prusse devenait de plus en plus
probable (plusieurs députés jugeaient cette guerre jugée perdue d’avance.),
ce dont les républicains radicaux ne voulaient pas entendre. Le 31 octobre
1870, ces derniers manifestèrent sous les murs de l’Hôtel de ville, aux cris
de « A bas les traitres ! A bas Trochu ! Pas d’armistice ! La guerre à
outrance ! »
Le
gouvernement, en gage de bonne fois, fit la promesse d’organiser des
élections municipales dans Paris ; puis, le 3 novembre, un plébiscite fut
organisé afin de savoir si les Parisiens approuvaient ou non l’action du
gouvernement.
Forts des résultats (321 373 « oui » contre 53 584 « non », les forces de
l’ordre procédèrent à l’arrestation des principaux meneurs de la
manifestation du 31 octobre.).
La proclamation des résultats du
plébiscite, le 3 novembre 1870.
Toutefois, la tension ne fit que monter dans la capitale, les Prussiens
ordonnant le bombardement de Paris à compter du 5 janvier 1871.
Scène de bombardement de Paris par les armées prussiennes, par
Félix PHILIPPOTEAUX, fin du XIX° siècle, musée Carnavalet, Paris.
A
Tours, la délégation décida de se réfugier vers Bordeaux afin de poursuivre
la lutte, la présence prussienne se faisant de plus en plus menaçante (3
décembre 1870.).
3° L’armée du Nord – A la fin du mois de novembre 1870,
alors que l’armée de la Loire luttait contre les forces prussiennes qui
encerclaient Paris, Gambetta confia le commandement d’un nouveau contingent,
l’armée du Nord (environ 45 000 hommes.), au général
Louis Léon César Faidherbe[5].
Le général Faidherbe, par Marie Madeleine RIGNOT DUBAUX, 1884,
musée des Invalides, Paris.
a)
Les Français au secours d’Amiens, la bataille de l’Hallue (23 décembre
1870) : toutefois, la jeune armée du Nord subit un premier revers lors
de la bataille d’Amiens, le 27 novembre 1870, abandonnant la ville
aux Prussiens.
Cependant, le général Faidherbe arriva à Lille début décembre 1870,
réorganisant les forces françaises. Ce dernier, afin de tester ses nouvelles
troupes, s’empara de Ham, puis, sûr de lui, il décida de marcher vers Amiens
afin d’en chasser les Prussiens.
Cependant, ce mouvement de troupe ne passa pas inaperçu, et les Français,
arrivés à l’Hallue, furent stoppés par l’ennemi. Les deux belligérants
s’affrontèrent dans un froid glacial et sur un sol enneigé, mais aucun des
deux camps de parvint à prendre l’avantage (bien que l’on puisse compter
40 000 Français, contre 22 000 Prussiens seulement.).
Le
24 décembre, jugeant qu’il serait impossible de vaincre l’ennemi, Faidherbe
décida de reculer vers Bapaume.
b)
Les Français au secours de Péronne, la bataille de Bapaume (3 janvier
1870) : suite à la bataille de l’Hallue, les troupes prussiennes
décidèrent non pas de poursuivre les forces françaises, mais au contraire
d’assiéger Péronne. Le général Faidherbe, le 1er janvier 1871,
décida alors de secourir la cité.
Toutefois, alors que les Français étaient sortis afin de secourir Péronne,
les Prussiens investirent Bapaume, contraignant Faidherbe à rebrousser
chemin. Mais ce dernier, bien que disposant d’une supériorité numérique
flagrante (33 000 soldats contre 18 000 Prussiens.), il ne parvint pas à
prendre l’avantage lors de la bataille de Bapaume.
La bataille de Bapaume.
Le
4 janvier 1871, Faidherbe décida de reculer vers Boisleux, à une dizaine de
kilomètres au nord de Bapaume. A noter que ce dernier reculait afin de
refaire ses forces, pensant que le siège de Péronne serait encore long, et
qu’une autre occasion viendrait pour tenter d’en déloger l’ennemi.
Toutefois, les Péronnais capitulèrent dès le 10 janvier, permettant aux
Prussiens de marcher vers les positions françaises.
c)
Derniers combats de l’armée du Nord, la bataille de Saint Quentin (19
janvier 1871) : peu de temps après la bataille de Bapaume, le général
Faidherbe s’était replié vers Saint Quentin. Toutefois, il ne tarda guère à
en découdre avec une troupe prussienne chargée de mettre en terme à la
menace que l’armée du Nord faisait peser sur le siège de Paris.
Toutefois, les Français, mal équipés et mal entrainés, furent une fois de
plus vaincus par l’ennemi.
A
l’issue de la bataille, les Prussiens firent près de 10 000 prisonniers.
4° La réorganisation de l’armée de la Loire, la création de
l’armée de l’Est – Suite à son échec à Orléans, le général d’Aurelle
décida de se replier vers la Sologne, ou il fut écarté par Gambetta.
Ce
dernier, courant décembre 1870, décida alors de réorganiser ses troupes en
deux armées : l’armée de l’Est (composée des 15°, 18° et 20°.),
commandée par le général Charles Denis
Bourbaki[6],
ayant pour mission de secourir Belfort assiégée par la Prusse ; et la
deuxième armée de la Loire (16° et 17° corps.), commandée par le général
Antoine Alfred Eugène Chanzy[7].
A gauche, le général Chanzy ; à droite, une tenue ayant appartenu au général
Bourbaki, 1870, musée des Invalides, Paris.
a)
L’échec décisif de la deuxième armée de la Loire (janvier 1871) :
suite à sa nomination à la tête de la seconde armée de la Loire, le général
Chanzy, qui se trouvait non loin d’Orléans, parvint à remporter quelques
escarmouches contre les troupes prussiennes en fin d’année 1870. Toutefois,
ne parvenant pas à percer jusqu’à Paris, il fut contraint de reculer vers
Vendôme, puis vers Le Mans.
Chanzy y fit alors jonction avec l’armée de Bretagne, sous les ordres
du général Emile, comte de Kératry[8].
Toutefois, le 11 janvier 1871, l’armée prussienne, commandée par Frédéric
Charles de Hohenzollern[9],
attaqua la position française. Cependant, si les hommes de Chanzy étaient en
nette supériorité numérique (150 000 Français contre 50 000 Prussiens.), les
soldats bretons étaient mal équipés[10],
mal formés, et ne parvinrent donc pas à résister à l’offensive prussienne
(en effet, les Bretons étaient en grande majorité des volontaires qui
n’avaient aucune expérience militaire, pourtant ils furent placés en
première ligne.).
A
l’issue de la bataille du Mans, le 11 janvier 1871, les Français
déplorèrent 7 000 tués et blessés, près de 20 000 prisonniers, et environ
50 000 désertions (contre 3 500 tués et blessés côté prussien.).
Pièce d'artillerie française, menacée par une charge d'Uhlans, par
Wilfried Constant BEAUQUESNE, fin du XIX° siècle, musée des Invalides, Paris.
Suite à cet échec patent, le général Chanzy, poursuivi par l’armée
prussienne, décida de se retirer vers Laval. Puis, suite à quelques
escarmouches, les Français se réfugièrent sur la rive droite de la Mayenne.
Frédéric Charles de Hohenzollern, considérant que la seconde armée de la
Loire n’était plus une menace, décida alors de rebrousser chemin.
L'armée de la Loire, par Aristide Onésyme CROISY et Gustave CRAUK,
1885, musée des Invalides, Paris.
b)
L’armée de l’Est, de la gloire à la débâcle (janvier 1871) : suite à
sa nomination à la tête de l’armée de l’Est, le général Bourbaki quitta
Bourges et entreprit sa marche vers l’est, à la tête de 120 000 hommes.
Le
9 janvier au matin, les Français arrivèrent à Villersexel, un petit village
de Haute Saône, occupé par les Prussiens. Bourbaki ordonna alors à ses
hommes de s’attaquer au château, dans lequel l’ennemi s’était réfugié. En
fin d’après midi, après des combats acharnés, l’édifice fut repris par les
Français, puis, le lendemain, le général prussien Karl von Werder
décida de battre retraite.
La bataille de Villersexel.
Au
final, la bataille de Villersexel fut une des rares victoires
françaises de la guerre de 1870, mais elle fut mal exploitée. Ainsi, en
raison de problèmes de ravitaillement, Bourbaki ne put poursuivre l’ennemi
qu’à partir du 13 janvier, laissant le temps aux Prussiens de reculer vers
une position bien plus stratégique.
Ainsi, ces derniers décidèrent de marcher vers Montbéliard, s’installant le
long de la Lizaine, un petit cours d’eau situé au nord de la ville. Les
Français étant encore à Villersexel, empêtrés dans des soucis de
ravitaillement, le général von Werder put donc placer à loisir plusieurs
canons dans les villages avoisinant la position prussienne.
Le
14 janvier 1870, après quelques escarmouches contre l’avant-garde
prussienne, les Français arrivèrent aux alentours de Montbéliard. Les
premiers combats eurent lieu sous la neige, et dans un climat glacial.
Bourbaki, à la tête d’une armée trois fois supérieure en nombre (140 000
Français contre 50 000 Prussiens.), décida alors de faire jouer sa
supériorité numérique en lançant un assaut frontal contre l’ennemi.
Lutte de l'armée de l'Est contre les
troupes prussiennes, Le Monde Illustré, N° 1105, 1er juin
1878.
Toutefois, malgré trois jours de violents combats à Montbéliard, sur la
Lizaine, et dans le village d’Héricourt[11],
les Français ne parvinrent pas à percer les lignes ennemies.
Le
18 janvier, Bourbaki décida donc de replier ses troupes au sud, vers
Besançon, abandonnant l’idée d’une intervention sous les murs de Belfort.
Toutefois, apprenant qu’une armée prussienne lui coupait la route, Bourbaki
décida de dévier sa marche en direction de Pontarlier, dans le Doubs.
Les Français, qui n’étaient plus que 85 000, souffrant de la neige et du
froid, se retrouvèrent bientôt acculés à la frontière suisse. Le général
Bourbaki, dépité, décida d’abandonner son poste au général Justin
Clinchant, puis tenta de se suicider dans la nuit du 26 janvier 1871
(toutefois, la balle ricocha contre son crâne, le laissant grièvement blessé
mais en vie.).
Le
1er février 1871, Clinchant signa avec son homologue suisse le
général Hans Herzog la Convention de Verrières. Ainsi, la
Suisse acceptait que l’armée française traverse la frontière et s’installe
dans divers cantons ; toutefois, les Français devaient déposer leurs armes,
munitions et matériel de siège à la frontière (cet équipement serait rendu à
l’issue du conflit, après le règlement des dépenses occasionnées à la Suisse
par l’hébergement de l’armée française.).
L'armée de l'est à la frontière suisse.
L’armée de l’Est, tout comme la seconde armée de la Loire, avait cessé
d’exister.
5° Garibaldi et les corps de volontaires sauvent l’honneur –
Comme nous l’avons vu précédemment, Gambetta, en fin d’année 1870, avait
mis en place l’armée de la Loire (chargée d’attaquer les forces prussiennes
qui assiégeaient Paris.), ainsi que l’armée du Nord (dont l’objectif était
de défendre les régions du nord de la France.).
Par ailleurs, alors que le patriote italien
Giuseppe Garibaldi[12]
se trouvait à Tous, Gambetta lui confia une troisième armée, destinée à
protéger la Bourgogne. L'objectif de Garibaldi, outre perturber les
communications sur l’arrière de l’armée prussienne, était principalement de
bloquer à l’ennemi la route vers le sud du pays.
Giuseppe Garibaldi, gravure publiée dans Le journal illustré,
1866.
L'Italien, débarquant à Marseille début octobre 1870, marcha rapidement vers
le Jura à la tête d’une armée hétéroclite. Ainsi, cette dernière comptait
principalement des gardes nationaux[13]
originaires du sud est de la France (Provence, Jura, etc.), mais aussi des
soldats italiens, ainsi que des volontaires étrangers (Polonais, Hongrois,
Espagnols, etc.).
Uniforme de lieutenant d'Etat major de la légion des volontaires de
Garibaldi, vers 1870, musée des Invalides, Paris.
A
partir du mois de novembre, Garibaldi commença à perturber les lignes de
communications ennemies, entre Strasbourg et Paris, et remporta quelques
escarmouches contre les Prussiens. Toutefois, les corps de volontaires ne
parvinrent pas à reprendre Dijon, qui avait été abandonnée par l’armée
française fin octobre 1870 et immédiatement prise par les Prussiens.
Toutefois, les forces prussiennes furent contraintes d’évacuer Dijon à la
mi-décembre 1870, ayant appris que l’armée de l’Est, commandée par le
général Bourbaki, progressait vers Belfort. Garibaldi décida alors de
profiter du mouvement de recul des Prussiens à la mi-janvier 1871 et
s’installa dans la cité abandonnée.
Garibaldi lança alors plusieurs offensives dans le nord de la région, afin
de soutenir l’attaque de l’armée de l’Est, mais, suite à l’échec de
Bourbaki, l’Italien se retrouva contraint de réduire son champ d’action à la
défense de Dijon et de la route vers le sud.
Suite au passage en Suisse de l’armée de l’Est, les Prussiens, libérés de
cette menace, purent donc marcher vers le sud afin de reprendre Dijon.
Ainsi, d’importants combats eurent lieu du 21 au 23 janvier 1871, mais
Garibaldi et les corps de volontaires parvinrent à remporter la bataille
de Dijon.
6° Le siège de Paris, dernier acte de la guerre de 1870 –
Paris, comme nous l’avons vu précédemment, était assiégée par les Prussiens
depuis le 19 septembre 1870.
a)
Paris, citadelle imprenable ? : la capitale, grâce aux murailles
élevées par Adolphe Thiers à l’été 1840[14],
était suffisamment équipée pour soutenir un siège. Par ailleurs, l’on
comptait dans la capitale près de 400 000 hommes en armes, principalement
des soldats de la garde nationale (jusqu’à 300 000 hommes.), des soldats de
l’armée régulière (80 000 fantassins et 15 000 marins.), ainsi que 20 000
hommes des corps spéciaux (gendarmerie, douanes, etc.).
Sergent fourrier des gardes mobiles de la Seine, 1871, musée des Invalides,
Paris.
Toutefois, seul un quart des soldats avaient reçu une formation militaire,
en outre, la chute progressive des grandes villes de France (Sedan, Metz,
Strasbourg, Amiens, etc.) permit aux Prussiens de concentrer de plus en plus
de troupes et de canons autour de Paris (150 000 hommes au début du siège
contre 250 000 en début d’année 1871.).
b)
La proclamation de l’Empire allemand (18 janvier 1871) : pendant ce
temps, l’Etat major allemand s’était installé à Versailles, situé à une
quinzaine de kilomètres au sud ouest de Paris. Le chancelier Otto von
Bismarck, en accord avec le général en chef de l’armée prussienne
Helmuth Karl Bernhard von Molke[15],
décida de ne pas engager de combats de rue dans Paris, préférant que le
gouvernement provisoire capitule sous la pression populaire.
Siège et bombardement de Paris par les Prussiens, 1870, musée des Invalides,
Paris.
A
noter que les troupes françaises enfermées dans Paris tentèrent quelques
sorties afin de briser le siège, mais en vain.
Pièce d'artillerie lourde française au siège de Paris, 1871, par Etienne Prosper
BERNE BELLECOUR, 1872, musée des Invalides, Paris.
Se
sentant suffisamment en sécurité, le roi de Prusse Guillaume I° fut proclamé
« Empereur allemand[16] »
dans la galerie des glaces du château de Versailles, le 18 janvier 1871.
La proclamation de l'Empire allemand dans la galerie des glaces du château
de Versailles, le 18 janvier 1871.
Cette proclamation du deuxième Reich était doublement humiliante pour
la nation française : en effet, cette dernière signifiait non seulement que
la Prusse avait réalisé son unité en annexant l’Alsace et une partie de la
Lorraine, alors qu’aucun traité de paix n’avait été signé à cette date, mais
aussi que la France, vaincue en l’espace de six mois, n’était plus une
nation victorieuse (la France de Louis XIV, qui avait annexé l’Alsace
et la Franche-Comté au XVII° siècle, perdait ses territoires ; la France de
Napoléon I°, qui avait démembré le Saint Empire romain germanique,
avait échoué car l’Empire allemand renaissait de ses cendres[17] ;
enfin, la France impériale cédait sa couronne à une Prusse désormais toute
puissante.).
La galerie des glaces transformée en hôpital militaire, en 1870-1871,
par BACHEREAU, fin du XIX° siècle, château de Versailles, Versailles.
c)
Paris aux portes de la guerre civile (hiver 1870-1871) : à Paris, si
les habitants de la capitale étaient en majorité prêts à poursuivre le
combat, les élites souhaitaient mettre un terme à cette guerre calamiteuse.
Ainsi, comme nous l’avons vu précédemment, les tensions montaient
inexorablement dans la capitale, entre partisans de la paix et partisans de
la guerre. Ces derniers trouvaient d’autant plus rageant d’avoir résisté aux
bombardements[18]
et subi toutes sortes de privations[19]
pour rendre les armes de cette manière.
Le siège de Paris, par
Alfred LE PETIT, vers 1871, musée de Montmartre, Paris (à gauche, le
Parisien rêve d'un festin de roi ; toutefois, son boucher ne vend rien
d'autre que des viandes médiocres : chat, chien, pigeon, écureuil, cheval,
etc.).
Le
général Trochu, ayant échoué dans chacune de ses tentatives pour briser le
siège de Paris, décida de présenter sa démission le 19 janvier 1871. Ce
dernier refusait d’entreprendre de nouveaux combats, considérant les futures
offensives comme « une suite de tueries sans but. »
Les Parisiens apprennent à vivre dans les
caves des immeubles, afin de se protéger des obus prussiens.
A
Paris, la déclaration de Trochu fit grand bruit, car le général
reconnaissait implicitement que la paix avec la Prusse était inéluctable,
étant donné que toutes les sorties étaient vouées à l’échec.
Aux yeux de nombreux Parisiens, le gouvernement jouait double-jeu, donnant
le change en lançant de petites offensives contre l’armée prussienne, mais
sans jamais y mettre les moyens de réussir. Ainsi, plusieurs centaines de
manifestants se réunirent sous les murs de l’Hôtel de ville, le 22 janvier.
Rapidement, les gardes mobiles placés à l’intérieur du bâtiment firent feu
sur la foule, et en l’espace de quelques minutes l’affrontement fit 50 tués
et blessés.
Fusillade sous les murs de l'Hôtel de ville, le 22 janvier 1871.
Suite à la manifestation, certains clubs politiques furent fermés, des
journaux révolutionnaires furent interdits à la vente, et une centaine de
« meneurs » furent arrêtés.
d)
Le gouvernement se rapproche de la Prusse (janvier à février 1871) :
au soir de la manifestation, le gouvernement décida de mettre en place des
pourparlers avec la Prusse, l’épuisement complet des vivres dans la capitale
étant prévu pour le 4 février.
Ainsi, ce fut le député Jules Favre qui fut chargé, le 23 janvier 1871, de
rencontrer Bismarck à Versailles afin de négocier un cessez le feu. Mais le
chancelier prussien, fort de ses multiples victoires, imposa de rudes
conditions à son interlocuteur : le gouvernement devait procéder à des
élections législatives afin d’élire une assemblée chargée d’entériner le
traité de paix ; Paris devait payer une indemnité de 200 millions de
francs ; les soldats dans la capitale devaient être désarmés ; l’armée
prussienne devait entrer dans Paris ; et enfin, la France devait abandonner
l’Alsace et une partie de la Lorraine aux vainqueurs.
Favre, contraint de céder aux nombreuses exigences de son interlocuteur[20],
reçut toutefois l’accord du gouvernement pour signer un armistice de 21
jours, le 28 janvier 1871.
La signature de l'armistice, le 28 janvier 1871 (de gauche à droite, Otto
von Bismarck, le général Valdan, Jules Favre et le général Molke), Le Monde Illustré, N° 722, 11 février 1871.
A
noter toutefois que cette trêve excluait l’est de la France, où les corps de
volontaires de Garibaldi, assiégés dans Dijon, résistaient tant bien que mal
aux offensives ennemies[21].
La France en 1871.
Si
à Paris, l’annonce de l’armistice fut accablante pour de nombreux habitants
de la capitale, il faut reconnaitre que beaucoup d’entre eux profitèrent de
l’ouverture des portes de la ville pour s’approvisionner en vivres à la
campagne.
Léon Gambetta, quant à lui, se trouvant alors à Bordeaux avec une partie du
gouvernement, fut outré par ce rapprochement avec la Prusse, qui prévoyait
surtout l’annexion pure et simple de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine
au deuxième Reich.
Lettre de Gambetta exhortant à la
poursuite de la guerre contre la Prusse, 1870, Deutsches historisches museum, Berlin.
Ainsi, dès le 1er février, Jules Simon, ministre de
l’Instruction publique et de cultes, se rendit à Bordeaux muni des pleins
pouvoirs afin de révoquer Gambetta de ses fonctions de ministre de
l’Intérieur. Ce dernier, conservant encore sa charge de ministre de la
Guerre, préféra toutefois démissionner, le 6 février 1871.
Enfin, la cité de Belfort, assiégée par l’armée prussienne depuis novembre
1870, fut sommée de se rendre. Le gouverneur de la ville, le colonel
Pierre Marie Philippe Aristide Denfert-Rochereau, fut donc contraint de
déposer les armes.
Entrée des parlementaires allemands à Belfort, le 16 février 1871,
par Alphonse DE NEUVILLE, 1884, musée des Invalides, Paris.
e)
L’élection de la nouvelle assemblée, la fin de la guerre de 1870 (février
1871) : comme prévu dans les conditions de l’armistice, les élections
législatives eurent lieu début février 1871 en vue d’élire une nouvelle
assemblée. Toutefois, la campagne, particulièrement courte, se déroula dans
des conditions déplorables. Ainsi, plus d’une quarantaine de départements
occupés par les forces prussiennes furent privés de vote, à l’instar des
quelques 500 000 soldats français retenus prisonniers en Prusse.
Les élections - les divers corps de
l'armée de Paris votant au scrutin spécial de leur département, Le
Monde Illustré, N° 723, 18 février 1871.
Ces élections anticipées consacrèrent le triomphe de la droite. Les paysans,
représentant la majorité de la population, ayant voté pour l’ordre et pour
l’armistice[22].
Ainsi, sur les 675 élus à l’assemblée, l’on trouvait près de 550 partisans
de la paix, issus aussi bien des bancs de la droite (400 monarchistes, de
tendance légitimistes et orléaniste.) que de la gauche (150 républicains
modérés.). L’on trouvait aussi quelques députés favorables à la poursuite de
la guerre (une cinquantaine de républicains d’extrême gauche, ainsi que
trente bonapartistes.).
A
noter que Giuseppe Garibaldi, bien qu’élu député, fut interdit de siéger au
prétexte qu’il était étranger[23].
Bordeaux - Garibaldi sort de l'Assemblée nationale, accompagné de son
Etat-major après la séance d'ouverture, Le Monde Illustré, N°
725, 4 mars 1871.
Les députés, réunis pour la première fois à Bordeaux le 8 février 1871,
élurent président de l’Assemblée nationale le député
Jules Grévy[24]
; en outre, ils confièrent à Adolphe Thiers la charge de constituer un
nouveau ministère, le gouvernement de l’Assemblée nationale.
Bordeaux, le 12 février 1871, arrivée au Grand-Théâtre , siège de
l'Assemblée nationale, des députés de la province, pour la séance
d'ouverture, Le Monde Illustré, N° 723, 18 février 1871.
Thiers, disposant du pouvoir exécutif, arriva à Versailles le 21 février
afin de mettre en place des pourparlers en vue d’un traité de paix
définitif.
Bordeaux, le 12 février 1871
- M. Jules Favre remet entre les mains de l'Assemblée nationale les pouvoirs
du gouvernement de la défense nationale, Le Monde Illustré, N°
724, 25 février 1871.
Mais Bismarck, en position de force, ne s’en laissa pas compter. Ainsi, ce
dernier imposa les conditions suivantes à Thiers : paiement par la France
d’une indemnité de guerre de six milliards de francs-or ; entrée de l’armée
prussienne dans Paris ; annexion de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine.
Après d’âpres négociations, Thiers parvint toutefois à réduire l’indemnité
de six à cinq milliards et à conserver l’arrondissement de Belfort.
Finalement, les préliminaires de Versailles furent signés le 26 février 1871
(ces derniers furent ratifiés par l’assemblée nationale le 1er
mars.).
7° Le traité de Francfort (mai 1871) – Conformément aux
dispositions prises lors de l’armistice signé en début d’année 1871, la paix
entre la France et la Prusse fut entérinée suite au traité de Francfort,
en mai 1871.
La
Prusse, sortant grande gagnante du conflit, annexait les territoires pris à
l’Allemagne par Louis XIV à la fin du XVII° siècle : l’Alsace (Bas-Rhin et
Haut-Rhin, à l’exception de l’arrondissement de Belfort[25].),
une partie de la Lorraine (le canton de Metz[26],
ainsi que plusieurs arrondissements de Meurthe et Moselle.), ainsi que deux
cantons (Saales et Schirmeck.) dans les Vosges.
A
noter toutefois que les Français habitant dans les régions annexées avaient
la possibilité de conserver la nationalité française s’ils quittaient ces
territoires avant le 1er octobre 1872 (environ 30 000 d’entre eux
firent ce choix.).
L'Empire allemand en 1871.
Outre la perte de ses territoires, la France devait payer à la Prusse une
indemnité de guerre de cinq milliards de franc-or à payer dans les trois
ans. Dans l’attente de ce paiement, les troupes prussiennes occuperaient
plusieurs départements du nord de la France, ainsi que Belfort.
La
guerre de 1870 avait coûté la vie à 140 000 soldats (morts au combat ou de
maladie.), et l’on pouvait compter près de 500 000 blessés et malades. Du
côté prussien, la guerre avait fait moins de victimes (44 000 défunts.),
mais les invalides étaient nombreux (plus de 200 000 blessés et malades.).
A
noter que le conflit, s’étant principalement déroulé en hiver et dans des
régions au climat rigoureux, avait emporté avec lui les maladies hivernales
qui avaient fait des ravages dans les deux armées.
[1]
Faurichon, né en janvier 1809, s’était engagé dans la Marine en
1824, puis parvint à grimper les échelons jusqu’à devenir
vice-amiral, en août 1859.
[2]
Né en février 1804, de La Motte Rouge fit ses études à Saint Cyr.
Par la suite, il participa à l’expédition d’Espagne de 1823, à la
campagne de Belgique (1832.), et fut nommé général suite au coup
d’Etat du 2 décembre 1851. Il participa à la campagne d’Italie et
fut un des principaux acteurs de la bataille de Magenta.
[3]
Le général d’Aurelle de Paladines, né en janvier 1804, fit ses
études à Saint Cyr. Faisant carrière en Algérie dans les années
1840, il participa aux campagnes de Crimée et d’Italie sous le
second Empire.
[4]
En effet, la neige commençait à tomber, et les soldats français
manquaient de vêtements chauds et de couvertures.
[5]
Faidherbe, né en juin 1818, avait été gouverneur du Sénégal pendant
dix ans, de 1854 à 1865, développant considérablement la colonie
française.
[6]
Le général Bourbaki, né en avril 1816, était le fils d’un colonel de
l’armée grecque, Constantin Bourbaki. Faisant ses études à
Saint Cyr, Bourbaki rejoignit les zouaves, puis la Légion étrangère.
Envoyé en Algérie, il combattit lors de la campagne de Crimée et de
la campagne d’Italie.
[7]
Le général Chanzy naquit en mars 1823 au sein d’une famille
d’agriculteurs ayant combattu lors des guerres napoléoniennes.
Faisant ses études à Saint Cyr, il fut envoyé en Algérie où il y fit
carrière. A noter qu’il participa à la campagne d’Italie.
[8]
Le comte de Kératry, né en mars 1832, épousa une carrière militaire
(il participa à l’expédition du Mexique.) avant de siéger au Corps
législatif au sein du Tiers parti (il s’agissait du mouvement
centriste de l’époque.).
[9]
Rappelons que ce dernier s’était emparé de Metz et Orléans au cours
du conflit.
[10]
Les Bretons étaient équipés de vieux fusils, par ailleurs, leurs
armes étant hétéroclites, ils avaient reçu plusieurs types de
munitions (ce qui ne fit qu’augmenter la confusion.). A noter en
outre que les cartouches françaises, fabriquées en papier, étaient
détrempées en raison de la pluie et de la neige, et donc en grande
partie inutilisable.
[11]
Cet affrontement est donc nommé bataille de la Lizaine, mais
aussi bataille d’Héricourt.
[12]
Garibaldi, né en juillet 1807 à Nice, fut d’abord Français, puis
devint sujet Piémontais en 1814, suite au rattachement du comté de
Nice au royaume de Piémont-Sardaigne. S’engageant adolescent dans la
marine, Garibaldi voyagea dans toute la Méditerranée, vivant à Rome
et Constantinople, avant de regagner Nice. Partisan de
l’indépendance italienne, Garibaldi fut chassé du Piémont par
Charles Albert en 1834, et partit alors pour l’Amérique du sud. Ce
n’est qu’en 1848 qu’il rentra en Italie, se mettant au service du
Piémont puis de la république romaine. L’année suivante, il
combattit les troupes françaises qui tentaient de rétablir le pape à
Rome ; il participa aussi à la campagne d’Italie aux côtés de
Napoléon III.
[13]
La garde nationale mobile avait été créée en janvier 1868,
suite au vote de la loi Niel. Toutefois, plutôt que d’en
faire un corps bien entraîné et apte au combat (les jeunes ayant
échappé au service militaire grâce au tirage au sort devaient être
incorporés dans la garde nationale mobile, sans possibilité d’y
échapper.), les députés amendèrent la loi à tel point qu’elle devint
inutile. Ainsi, le tirage au sort fut maintenu (ainsi que le
remplacement, qui consistait à payer un soldat aguerri pour prendre
la place du jeune conscrit.), en outre, les gardes mobiles devaient
s’entraîner à leur domicile et non en caserne.
[14]
Pour en savoir plus à ce sujet, voir le d), 2, section IV, chapitre
premier, la monarchie de Juillet.
[15]
Ce dernier était l’oncle d’Helmuth von Molke, général en chef
des forces allemandes lors de la première guerre mondiale.
[16]
Le titre d’Empereur allemand, ou Deutscher Kaiser, fut choisi
par Bismarck, de concert à Guillaume I°. Ainsi, ce dernier ne
pouvait être proclamé « Empereur d’Allemagne », ce qui aurait été
jugé comme trop passéiste ; mais le roi de Prusse refusait de
recevoir le titre « d’Empereur des Allemands », ce qui était trop
démocratique à son goût.
[17]
Le deuxième Reich fait référence au premier Reich,
c'est-à-dire le Saint Empire romain germanique, qui exista pendant
plus de mille ans, de 800 à 1806.
[18]
Rappelons que les Prussiens avaient commencé à bombarder la capitale
le 5 janvier 1871.
[19]
En raison du rationnement, les Parisiens se trouvaient contraints de
manger ce qui leur tombait sous la dent (chiens, chats, rats,
pigeons, etc.). A noter que le jardin d’acclimatation de la capitale
(l’ancêtre de nos zoos actuels.) fut vidé de ses habitants, vendus
aux bouchers de Paris les plus offrants.
[20]
Favre parvint à obtenir le maintien d’une petite force armée afin de
maintenir l’ordre, et à repousser l’entrée des Prussiens dans Paris
début mars.
[21]
Suite à la proclamation de l’armistice, Garibaldi fut contraint
d’évacuer Dijon, qui resta sous contrôle de l’armée prussienne
pendant quelques mois.
[22]
De nombreux paysans étaient effrayées à l’idée de voir les Prussiens
avancer plus profondément dans le pays.
[23]
L’objectif de la majorité était surtout d’écarter les bellicistes du
pouvoir.
[24]
Jule Grévy était un avocat né en août 1807. Participant activement à
la vie politique de la jeune seconde république (il fut élu député
en 1848.), il fut arrêté lors du coup d’Etat de Napoléon III en
décembre 1851. Echaudé, Grévy ne revint en politique qu’à la fin du
second Empire, et fut élu député en 1868. A noter qu’il fut un des
rares opposants à la guerre contre la Prusse à l’été 1871, à
l’instar d’Adolphe Thiers.
[25]
Belfort gagna le droit de rester française, grâce à sa résistante
opiniâtre lors du conflit. A noter que la cité appartient désormais
au territoire de Belfort, rattaché non pas à l’Alsace mais à la
Franche-Comté.
[26]
Metz, française depuis le XVI° siècle, avait été prise par Henri
II.