1°
La paix de Brest-Litovsk, fin de la guerre sur le front est (mars 1918)
– Suite à la révolution d’octobre et la prise de pouvoir des bolcheviks,
Lénine avait pris la tête du conseil des commissaires des peuples, nouveau
gouvernement de Russie.
a)
Un régime bolchevik contesté et contestable (décembre 1917 à mars 1918)
: cependant, ce coup de force ne faisait guère l’unanimité. A Petrograd,
les fonctionnaires se mirent en grève afin de protester ; plusieurs journaux
dénoncèrent ouvertement les bolcheviks, accusés d’être des agents du
Kaiser[1].
Ainsi, malgré la promesse de garantir la liberté de presse ou d’expression,
Lénine fit interdire plusieurs journaux dans la capitale, et de nombreux KD[2]
furent incarcérés[3].
Par ailleurs, le comité militaire révolutionnaire, créé en octobre 1917 et
présidé par Trotsky fut dissous le 19 décembre, et remplacé dès le lendemain
par la Tchéka[4].
Cette police secrète, sans aucune base légale ou judiciaire, avait comme
tâche de lutter contre les ennemis du régime. Cette organisation fut un des
principaux instruments de la terreur
rouge[5],
qui fit plusieurs milliers de victimes à compter de l’automne 1918.
Cependant, cette oligarchie bolchevique fut contestée par les membres du II°
conseil des soviets, qui réclamèrent l’ouverture du gouvernement aux
représentants d’autres partis.
Lénine, mis en minorité au sein du parti, fut donc contraint de transiger :
bien que refusant une coalition unissant tous les socialistes, il accepta de
faire rentrer au gouvernement plusieurs
socialistes-révolutionnaires de gauche[6].
En
décembre 1917, l’assemblée constituante tant attendue fut finalement élue.
Cependant, contrairement à ce que pensait Lénine, les bolcheviks s’y
trouvaient en minorité, soit 175 élus sur 707 députés. En effet, les
campagnes avaient massivement voté en faveur des
socialistes-révolutionnaires, plus proches de la paysannerie que les
bolcheviks.
Cependant, suite à la première réunion de cette assemblée, le 19 janvier
1918, la garde rouge proclama la dissolution de la constituante. Ce coup de
force anti-démocratique ne fut pas sans conséquences, et plusieurs milliers
de manifestants se rassemblèrent afin de protester contre cet évènement.
Cependant, Lénine n’hésita pas à réprimer cette émeute, et une vingtaine de
manifestants furent tués.
b)
Le traité de Brest-Litovsk (mars 1918) : une des premières décisions
du conseil des commissaires des peuples, dès novembre 1917, fut de mettre en
place des pourparlers avec le gouvernement allemand et l’Empire ottoman.
Ainsi, les premiers pourparlers avec la Turquie entrainèrent la signature de
l’armistice d’Erzincan, le 5 décembre 1917.
La
Russie devait évacuer ses troupes situées dans le Caucase, où la guerre
battait son plein de puis 1914.
Puis, un autre armistice fut signé avec l’Allemagne le 15 décembre, suivi le
22 par l’ouverture des pourparlers entre les deux belligérants (à noter
qu’aucun pays de la Triple-Entente n’y participa.).
Les conditions de paix exigées par l’Allemagne, sortant grand vainqueur du
conflit, étaient lourdes : indépendance de la Lituanie et de la Pologne
russe[7],
territoires occupés par l’armée allemande.
La
délégation russe, présidée par Trotsky, souhaitait au contraire une paix
sans annexion ni indemnités (les Russes pensaient que le gouvernement
allemand, trop heureux de mettre un terme au conflit sur le front est,
négocierait une paix magnanime.).
Cependant, outrée par les exigences allemandes, la délégation russe refusa
de signer le traité, pensant que la révolution se propagerait rapidement en
Allemagne. Cependant, les Allemands profitèrent de ces quelques semaines de
répit pour occuper les pays baltes et l’Ukraine en février 1918, l’armée
russe n’existant plus.
Finalement, poussée par Lénine qui réclamait la paix, la délégation russe
fut contrainte de signer le traité de
Brest-Litovsk[8]
le 3 mars 1918.
Signature du traité de Brest-Litovk, mars
1918.
Le
traité de paix était encore plus sévère que lors des pourparlers : ainsi, la
Russie abandonnait l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne russe et
l’Ukraine ; et devait payer à l’Allemagne une indemnité de 94 tonnes d’or.
La Russie en 1918.
La
Russie perdait ainsi 26 % de sa population, 27 % de sa surface cultivée, et
75 % de sa production d'acier et de fer.
Côté turc, les revendications étaient moins importantes (Constantinople
n’était pas en mesure d’adopter une attitude agressive.), mais la Russie
devait néanmoins abandonner une petite portion de territoire, occupé depuis
la guerre russo-turque de 1878. Il s’agissait de plusieurs cités du
Caucase : Batumi[9],
Kars[10]
et Ardahan[11].
La
fin de la guerre sur le front est permit à l’Etat-major allemand de
transférer plusieurs dizaines de milliers de soldats en France, redonnant
ainsi une nouvelle impulsion au conflit sur le front ouest.
2° Les premiers mois d’existence
du gouvernement Clémenceau (novembre 1917 à avril 1918) –
Comme nous l’avons vu plus tôt, Georges Clémenceau fut avait été nomme
président du conseil par le président de la république en novembre 1917.
Le
nouveau chef du gouvernement, presque octogénaire, fut plutôt bien accueilli
par la classe politique et par la presse (seuls les socialistes furent
opposés à cette nomination, les précédents passages de Clémenceau au
gouvernement ayant entraîné une violente répression des grèves et la
décapitation de la CGT[12].).
a)
Politique intérieure du gouvernement Clémenceau : dès sa nomination,
Clémenceau décida de donner une nouvelle impulsion à la guerre, à une époque
ou de nombreux politiques étaient prêts à transiger afin de signer une paix
blanche avec l’Allemagne.
Ainsi, Clémenceau s’attaqua violemment au député Joseph Caillaux[13],
cet ancien président du conseil, partisan avant-guerre du rapprochement avec
l’Allemagne, ayant milité en faveur d’une paix blanche (via Le Pays,
journal pacifiste fondé fin juin 1917.).
Joseph Caillaux, début du XX° siècle.
Caillaux, privé de son immunité parlementaire, fut incarcéré en janvier 1918[14].
Louis Malvy, ancien ministre de l’Intérieur, pacifiste et lui aussi partisan
d’une paix blanche, fut arrêté et incarcéré aux ordres de Clémenceau. Début
août 1918, s’il ne fut pas reconnu coupable de trahison, il fut accusé
d’avoir violé les devoirs de sa charge.
Louis Malvy.
Condamné à cinq ans de bannissement, Malvy s’exila pour l’Espagne, pays
neutre[15].
Dans un même ordre d’idées, Clémenceau s’en prit aux défaitistes et aux
pacifistes, mais aussi aux grévistes qui tentaient de bloquer le bon
fonctionnement des usines. Par ailleurs, le président du conseil décida de
procéder à une épuration de l’administration, limogeant les fonctionnaires
jugés incompétents.
La
presse, quant à elle, ne fut pas censurée, bien que soumise à un contrôle
renforcée.
Cependant, Clémenceau s’attaqua à plusieurs journaux, tels que le Bonnet
rouge, quotidien anarchiste financé par l’Allemagne[16].
Son rédacteur en chef, Miguel
Almereyda[17],
fut arrêté le 8 août 1917 à la frontière suisse, en possession d’un chèque
de 150 000 francs (versé par une banque allemande.). Incarcéré, il fut
retrouvé mort dans sa cellule le 15 août[18].
Une autre affaire d’importance fut la tentative de rachat du quotidien Le
Journal par Paul Bolo, dit Bolo Pacha. Ce dernier fut
incarcéré en septembre 1917 après avoir reçu sur son compte la somme de 11
millions de marks[19],
en provenance de la Deutsche bank, somme destinée à racheter le
quotidien tirant à 500 000 exemplaires. Bolo Pacha, jugé en début d’année
1918, fut condamné à mort et exécuté en février[20].
Le procès de Bolo Pacha.
A
noter qu’un nouvel incident ébranla Le Journal quelques mois plus tard, l’un
de ses actionnaires, Pierre Lenoir, étant accusé d’espionnage,
condamné à mort et exécuté en octobre 1919.
b)
Politique extérieure du gouvernement Clémenceau : comme nous l’avons
vu précédemment, l’Allemagne avait souhaité mettre en place des pourparlers
avec les nations belligérantes en cours d’année 1916. Cependant, le projet
allemand ayant pour base un statu quo ante bellum, il avait été
rejeté par les pays de la Triple-Entente.
Toutefois, de nouvelles négociations s’ouvrirent en mars 1917, l’Empereur
d’Autriche tentant de faire entendre sa voix par l’intermédiaire de son
beau-frère Sixte de Bourbon-Parme[21].
Sixte de Bourbon-Parme.
Ce
dernier, combattant du côté des alliés sous l’uniforme belge, fut alors
reçut à l’Elysée par Poincaré, et lui annonça au président de la république
l’offre de Charles I° : restitution de l’Alsace-Lorraine à la France,
évacuation de la Belgique, indépendance de la Serbie.
Cependant, L’Empereur d’Autriche refusait d’abandonner une partie de ses
territoires à l’Italie (alors que Rome souhaitait s’emparer du Trentin, de
l’Istrie et de la côte dalmatienne.).
Par ailleurs, Ottokar Czernin, ministre des Affaires étrangères de
Charles I°, fit tout son possible pour freiner les négociations.
Début avril 1918, ce dernier fit un discours dans lequel il accusait la
France d’empêcher toute discussion en revendiquant l’Alsace et la Lorraine ;
outré, Clémenceau fit publier la lettre de Charles I° datant de mars 1917,
dans lequel ce dernier faisait d’importantes concessions aux alliés.
Au
final, Czernin fut renvoyé à la mi-avril, et les négociations firent long
feu, d’autant plus que l’Italie refusait de signer une paix blanche avec
l’Autriche.
A
noter qu’au mois d’août 1917, le pape Benoît XV invita les principaux
belligérants à mettre fin au conflit ; cependant, chaque camp considérant
que le Saint Siège travaillait pour l’ennemi[22],
cet appel papal fit long feu.
Le pape Benoît XV.
c)
Politique économique et sociale du gouvernement Clémenceau : afin de
faire face à la pénurie de main d’œuvre dans les usines, Clémenceau décida
de recourir à l’immigration italienne.
Le
président du conseil négocia ainsi avec son homologue italien Vittorio
Emanuele Orlando le recrutement de 70 000 Italiens (qui arrivèrent en
France en mars 1918.).
Vittorio Orlando.
Par ailleurs, Clémenceau obtint en février 1918, suite à un vote de la
Chambre des députés, le droit de réglementer la production, la circulation
et la vente de produits destinés à la consommation humaine et animale.
Affiche de propagande française, musée
des Invalides, Paris.
Clémenceau put ainsi renforcer l’économie de guerre, pratique
exceptionnelle entraînant l’adoption d’une série de mesures drastiques :
autosuffisance (le pays devant être capable de vivre en autarcie.),
dissuasion de la consommation privée, contrôle de l’économie et de la
production agricole par l’Etat, utilisation de la main d’œuvre féminine à
moindre coût, augmentation de l’industrie lourde et militaire.
Affiches de propagande française, musée
des Invalides, Paris.
d)
Politique militaire du gouvernement Clémenceau : en décembre 1917,
Clémenceau participa au premier conseil supérieur de guerre[23].
Participèrent à cette réunion les représentants des nations engagés dans le
conflit aux côtés de la Triple-Entente, tels que David Lloyd George, premier
ministre britannique ; Vittorio Emanuele Orlando, président du conseil
italien ; et Edward Mandell House, représentant du président
américainThomas Woodrow Wilson.
Début mars 1918, Clémenceau prononça un important discours à la Chambre des
députés : vous voulez la paix ? Moi aussi. Il serait criminel d'avoir une
autre pensée. Mais ce n'est pas en bêlant la paix qu'on fait taire le
militarisme prussien. Ma politique étrangère et ma politique intérieure,
c'est tout un. Politique intérieure ? Je fais la guerre. Politique
étrangère ? Je fais la guerre. Je fais toujours la guerre.
Clémenceau à la tribune.
Puis, à la fin du mois, le président du conseil rendit visite au général
Pétain, commandant en chef de l’armée française, mais jugea ce dernier trop
pessimiste.
C’est ainsi que Clémenceau, en accord avec Poincaré, décida de limoger
Pétain afin de le remplacer par le général Foch[24]
(ce dernier étant déjà le représentant français du conseil supérieur de
guerre.).
3° L’offensive Ludendorff, ou
Kaiserschlacht (mars à juillet 1918) – En début
d’année 1918, les pourparlers entre l’Allemane et la Russie allaient bon
train (comme nous l’avons vu précédemment, le traité de Brest-Litovsk fut
signé le 3 mars 1918.).
Ce
traité de paix avec les bolcheviks, mettant un terme à la guerre sur le
front est, permit au commandant en chef de l’armée allemande, le général
Paul von Hindenburg, d’envoyer en France plusieurs centaines de milliers de
soldats.
Ainsi, le général Ludendorff, renforcé au printemps 1918 par ce nouveau
contingent, décida de lancer une offensive de grande ampleur à la fin du
mois de mars.
A
noter que cette attaque d’importance fut surnommée Kaiserschlacht, ce
qui signifie « bataille du Kaiser[25]. »
a)
L’opération Michael, ou deuxième bataille de la Somme (21 mars au 5 avril
1918) : la précédente bataille de la Somme[26],
qui s’était déroulée à l’été 1916, avait été un succès pour les armées
alliées. Cependant, ces dernières ne parvinrent à prendre Péronne et Bapaume
qu’en février 1917, lorsque les Allemands se retirèrent derrière la ligne
Siegfried[27],
reliant Arras à Saint Quentin.
Ludendorff, souhaitant reconquérir le territoire perdu, lança donc l’opération
Michael le 21 mars 1918. L’objectif du général allemand était
d’encercler les positions britanniques en les prenant à revers depuis
Amiens, afin de contraindre les Anglais à signer une paix séparée avec
l’Allemagne.
La
deuxième bataille de la Somme commença par un bombardement
d’artillerie d’une durée de quatre heures seulement, mais précis et très
violent, mettant hors de combat les premières lignes alliées.
C’est alors que les Sturmtruppen, les troupes de choc allemandes,
attaquèrent les tranchées ennemies. Ces soldats, bien entraînés et équipés
de lance-flammes, parvinrent donc à prendre la première ligne ennemie sans
coup férir.
Maquette représentant les deux premières lignes d'une tranchée française, XX°
siècle, musée des Invalides, Paris.
A
noter néanmoins que l’opération Michael vit l’apparition des premiers chars
de combat allemands, les A7V[28].
Char de combat A7V.
Comme nous l’avons vu plus tôt, l’Etat-major allemand, axant sa stratégie
sur l’utilisation des Sturmtruppen, ne croyait pas en l’efficacité des
tanks. Cependant, suite à des essais s’étant déroulés en mai 1917, le
gouvernement allemand avait commandé 100 engins de combat, soit 80
transporteurs et 20 chars d’assaut.
Cependant, en raison du blocus maritime asphyxiant l’économie allemande,
seuls 10 A7V sortirent des usines, et l’Etat-major allemand fut contraint de
combler cette insuffisance en recyclant des chars Mark IV[29].
Char de combat Mark IV capturé et
réemployé par les Allemands.
Ainsi, en début d’année 1918, l’Allemagne comptait seulement une quarantaine
de tanks, alors que 5 300 tanks sortirent des usines françaises la même
année.
Poursuivant l’offensive les jours suivants, les Allemands parvinrent à
progresser de 60 kilomètres dans les lignes ennemies. Cependant, les
Britanniques tinrent bon à Arras, le général Haig ayant fait venir d’urgence
des renforts d’autres théâtres d’opérations.
La deuxième bataille de la Somme.
C’est à ce moment que le général Pétain, limogé par Clémenceau pour
pessimisme, fut remplacé par le général Foch. Ce dernier, à la tête du
conseil supérieur de guerre, employa fin mars une partie de ses réserves
afin de bloquer l’offensive ennemie à Montdidier.
Le
4 avril, Ludendorff décida de mettre un terme à l’opération Michael.
Au
final, si cette deuxième bataille de la Somme permit aux Allemands de
progresser de 60 kilomètres dans les lignes ennemies, Ludendorff n’avait pas
réussi à atteindre ses objectifs initiaux : ainsi, Amiens et Arras restaient
entre les mains des Britanniques, rendant impossible l’encerclement de ces
derniers.
Par ailleurs, ce terrain conquis, déjà passablement bouleversé par les
bombardements intensifs de 1916, était difficilement défendable, exposant
dangereusement l’armée allemande à une éventuelle contre-attaque ennemie.
Enfin, les pertes étaient lourdes, faisant de cette bataille une
victoire à la Pyrrhus[30] :
ainsi, l’on comptait 240 000 tués, blessés et disparus côté allemand, contre
255 000 côté allié.
b)
L’opération Georgette, ou quatrième bataille d’Ypres, ou bataille de la Lys
(7 au 29 avril 1918) : l’opération Michael avait contraint Haig
d’appeler en renforts plusieurs divisons britanniques à Amiens, cela au
détriment des positions en Belgique.
Ludendorff décida alors de profiter de cette faiblesse temporaire afin de
lancer l’opération Georgette. L’objectif était d’attaquer sur la Lys,
au sud d’Ypres, afin de percer la ligne ennemie et marcher vers les ports de
Calais, Dunkerque et Boulogne.
Le
7 avril, un intense bombardement pilonna les premières lignes alliées, puis,
le 9, les Allemands lancèrent l’assaut.
Ces derniers, appuyés par les Sturmtruppen, attaquèrent Estères, ou se
trouvait une division portugaise. Cependant, en raison de leur infériorité
numérique, les Portugais furent rapidement repoussés.
Progressant d’une quinzaine de kilomètres dans les lignes ennemies, les
Allemands parvinrent à prendre Armentières et Messines le 11 avril, Bailleul
le 15.
A
cette date, la situation était périlleuse pour les Britanniques, l’ennemi
étant en passe de réussir sa percée vers la mer.
Cependant, les Allemands furent stoppés le 13 avril à Hazebrouck par les
Australiens, et ils furent chassés de Béthune le 18.
Par ailleurs, d’importants combats furent livrés sur le mont Kemmel, au sud
d’Ypres, hauteur stratégique convoitée par l’Etat-major allemand. Cependant,
les troupes de Ludendorff parvinrent finalement à s’emparer de cette
position le 26 avril, après d’intenses combats.
Foch, qui dans un premier temps avait refusé d’envoyer des renforts en
Belgique (ce dernier étant en train de préparer une nouvelle offensive sur
la Somme.), redéploya finalement une partie de ses troupes dans la région,
mettant un terme à l’avancée allemande.
Ainsi, le 30 avril, Ludendorff mit un terme à l’opération Georgette.
Une fois de plus, les troupes allemandes étaient parvenues à progresser
d’une trentaine de kilomètres en territoire ennemi ; cependant, la percée
tant attendue par l’Etat-major ne s’était pas réalisée. Et une fois encore,
les Allemands occupaient maintenant une position dangereusement exposée.
Par ailleurs, les pertes étaient lourdes dans les deux camps : environ
110 000 tués, blessés et disparus pour les deux belligérants.
c)
L’opération Blücher-Yorck, ou deuxième bataille
du Chemin des Dames, ou troisième bataille de l’Aisne (27 mai au 6
juin 1918) : au printemps 1918, Ludendorff décida de lancer l’opération
Blücher-Yorck[31],
en direction de l’Aisne.
L’objectif était de reconquérir le Chemin des dames, une position dont les
Français s’étaient emparés l’année dernière avec beaucoup de difficultés.
Cependant, l’idée de Ludendorff était d’inciter l’Etat-major français à
faire appel à des renforts britanniques, ce qui contraindrait ses derniers à
dégarnir le front belge. Ainsi, les Allemands pourraient lancer une nouvelle
offensive dans cette zone, en direction des ports français sur la Manche.
L’offensive allemande débuta le 27 mai, lorsque les premières lignes
françaises furent bombardées d’obus explosifs et toxiques, puis les
Sturmtruppen avancèrent vers les positions ennemies.
Les voilà !, par Marcel
SANTI, XX° siècle, musée de l'Infanterie, Montpellier.
La
VI° Armée du général Denis Auguste Duchêne, passablement ébranlée par le
bombardement, fut rapidement vaincue par les Allemands. Ces derniers,
progressant de 45 kilomètres en territoire ennemi, s’établirent début juin
sur une ligne reliant Soissons, Château-Thierry et Reims.
Bombardements allemands sur Reims.
A
noter que le général Duchêne, n’ayant pas appliqué la stratégie de la
défense en profondeur, avait massé toutes ses troupes dans les premières
lignes, ce qui explique cette rapide progression allemande. Par ailleurs,
Duchêne refusa de se replier sur au sud de l’Aisne, considérant qu’il était
de son devoir de protéger coûte que coûte le Chemin des dames.
Les Allemands, suite à l’offensive Blücher-Yorck, n’étaient plus désormais
qu’à 60 kilomètres de Paris.
Alors que de nombreux députés critiquaient vivement la conduite de Foch,
Clémenceau fit tout son possible pour défendre le généralissime, annonçant
son intention de ne pas quitter la capitale[32] :
je me battrai devant Paris, je me battrai dans Paris, je me battrai
derrière Paris !
Le
6 juin 1918, suite à une importante contre-attaque alliée (les troupes
américaines attaquaient le bois Belleau, près de Château-Thierry[33].),
Ludendorff mit fin à l’opération Blücher-Yorck, établissant ses troupes le
long de la Marne.
Cependant, les pertes étaient lourdes une fois encore, faisant de cette
bataille une nouvelle victoire à la Pyrrhus : 98 000 tués, blessés et
disparus pour les Français, 29 000 pour les Britanniques, et 130 000 pour
les Allemands.
d)
L’opération Gneisenau (8 au 12 juin 1918) : l’opération Gneisenau,
lancée par Ludendorff le 8 juin 1918, avait été conçue comme la poursuite de
l’opération Blücher-Yorck.
Les Allemands s’étaient emparés de Montdidier, suite à la deuxième bataille
de la Somme, et Soissons, suite à la troisième bataille de l’Aisne.
Ainsi, l’objectif était désormais d’attaquer Compiègne sur deux flancs, afin
d’en repousser les troupes alliées.
Le
général Georges Louis Humbert[34],
à la tête de la III° Armée depuis juillet 1915, apprit cependant de
déserteurs allemands que Ludendorff prévoyait de lancer l’opération
Gneisenau dans cette zone.
Ainsi, le général Humbert repositionna ses troupes en accord avec la
stratégie de défense en profondeur, et bombarda les troupes ennemies peu
avant leur offensive.
Toutefois, les Allemands parvinrent à progresser d’une quinzaine de
kilomètres le 9 juin.
Cependant, la jonction entre les troupes parties de Montdidier et de
Soissons ne se fit pas, car le général Mangin, à la tête de la X° Armée
(accompagné par deux divisions américaines et 150 tanks.), parvint à freiner
l’avance ennemie au nord de Compiègne (12 juin 1918.).
Le
lendemain, Ludendorff décida de mettre un terme à l’opération Gneisenau.
Une fois encore, les troupes allemandes étaient parvenues à progresser de
quelques kilomètres en territoire ennemi, mais les objectifs n’étaient pas
remplis ; en outre, les pertes étaient équivalentes dans les deux camps :
35 000 tués, blessés et disparus côté alliés, 30 000 côté allemand.
e)
La deuxième bataille de la Marne, l’offensive allemande (15 au 17 juillet
1918) : la deuxième bataille de la Marne, tout comme les
opérations Blücher-Yorck et Gneisenau, étaient considérée par Ludendorff
comme des offensives de diversion.
Une fois encore, l’objectif était d’attaquer les Français afin qu’ils
appellent les Britanniques en renfort, dégarnissant ainsi le front en
Belgique, rendant ce dernier vulnérable à une attaque allemande dirigée vers
les ports de la Manche.
Cette fois-ci, trois armées allemandes furent mises à contribution : la VII°
Armée, chargée de franchir la Marne en direction d’Epernay ; la I° Armée,
marchant vers Reims ; et la III° Armée, en direction de Sainte-Menehould.
Cependant, grâce à la reconnaissance aérienne française et aux informations
données par des déserteurs allemands, Foch fut rapidement mis au courant de
cette nouvelle offensive.
L’Etat-major français profita de cet avantage pour mettre un terme à la
progression ennemie.
Ainsi, la III° Armée allemande fut stoppée le 15 juillet par la IV° Armée du
généralHenri Joseph Eugène
Gouraud[35]
(soutenu par une division américaine.).
Le général Henri Gouraud, musée de
l'Infanterie, Montpellier.
Cependant, bien que l’offensive ait échoué en Champagne, la VII° Armée
parvint à percer les défenses de la VI° Armée du général
Jean Marie Joseph Degoutte[36].
S’appuyant sur les Sturmtruppen, les Allemands parvinrent alors à progresser
d’une quinzaine de kilomètres en direction d’Epernay, malgré les
bombardements de l’aviation française.
Cependant, l’avancée allemande fut stoppée le 17 juillet par la IX° Armée du
général Antoine de Mitry[37],
renforcée par plusieurs divisions britanniques.
Les généraux Jean Degoutte et Antoine de
Mitry.
f)
La deuxième bataille de la Marne, l’offensive alliée (18 juillet au 6 août
1918) : Foch, s’appuyant sur la VI° Armée du général Degoutte, et sur la
X° Armée du général Mangin, lança une importante contre-offensive sur la
Marne à compter du 18 juillet 1918.
Dans la tranchée avant l'assaut, musée de
l'Infanterie, Montpellier.
Chassant les Allemands hors de Château-Thierry et de Soissons, les alliés
repoussèrent l’ennemi sur l’Aisne et la Vesle, reprenant les territoires
perdus au printemps 1918.
La deuxième bataille de la Marne,
l'offensive alliée.
La
deuxième bataille de la Marne marquait la fin de l’offensive Ludendorff,
mais démontrait aussi que l’Allemagne était désormais trop épuisée pour
gagner la guerre.
L’affrontement fut toutefois très coûteux en vies humaines : 95 000 tués et
blessés pour les Français, 16 500 pour les Britanniques, 12 000 pour les
Américains, 9 000 pour les Italiens ; les Allemands, quant à eux, eurent
140 000 tués ou blessés, et 30 000 capturés.
A
noter enfin que dès le 7 août, Foch reçut le bâton de maréchal des mains de
Clémenceau.
g)
Bilan de l’offensive Ludendorff : malgré une importante progression en
territoire ennemi, Ludendorff n’était pas parvenu à atteindre ses objectifs.
Ainsi, les Britanniques poursuivaient la lutte, et les ports de la Manche
restaient entre les mains des Français.
Par ailleurs, le terrain que les Allemands avaient pris à l’ennemi, comme
nous l’avons précédemment évoqué, était difficilement défendable, exposant
les troupes à une attaque alliée.
Le front ouest (printemps 1918).
Enfin, les pertes allemandes étaient considérables : plus de 650 000 tués,
blessés ou disparus, à une époque où 300 000 soldats américains débarquaient
chaque mois sur les côtes françaises.
4° L’offensive des Cent-Jours (8
août au 11 novembre 1918) – Ludendorff, ne disposant plus
que de 4 millions de soldats début août 1918, alors qu’il en comptait un
million de plus en début d’année, se retrouvait donc dans une situation
difficile.
Au
contraire, Foch annonça son intention de poursuivre l’ennemi, profitant de
ses difficultés. Le généralissime présenta donc un plan en trois points, le
24 juillet 1918 : organisation d’une première attaque sur la Marne[38],
et d’une seconde en direction du saillant de Saint-Mihiel ; d’une troisième,
opérée par les troupes franco-britanniques, en direction d’Amiens ; et d’une
quatrième dans la région du Nord, afin d’éloigner la menace allemande pesant
sur Dunkerque et Calais.
Après en avoir pris connaissance, Haig et Pershing approuvèrent la stratégie
de Foch.
a)
La bataille d’Amiens (8 au 12 août 1918) : conformément à ses plans,
le général Foch décida de lancer une nouvelle offensive sur la Somme, en
accord avec Haig.
En
effet, la position prise par les Allemands suite à l’opération Michael, au
printemps 1918, était dangereusement exposée. Par ailleurs, cette attaque
permettrait de reprendre à l’ennemi un tronçon du chemin de fer reliant
Amiens à Paris, occupé par l’ennemi depuis mars. Enfin, le terrain était
favorable à une attaque de chars de combat, ce qui n’était pas le cas sur le
front belge.
Le
8 août au matin, les lignes allemandes furent bombardées (peu d’obus à gaz,
car les deux belligérants ne se trouvaient qu’à 500 mètres l’un de
l’autre.). Puis, les troupes alliées (France, Angleterre, Australie.),
s’appuyant sur plus de 580 tanks, partirent à l’assaut des lignes ennemies.
Brigadier du 10° régiment de hussard,
1918, musée des Invalides, Paris.
Les Allemands, surpris et incapables de résister aux chars de combat, furent
alors contraints de reculer.
L'attaque contre les lignes allemandes,
menées par les chars de combat Saint Chamond, 1918.
A
noter qu’en août 1918, une nouvelle stratégie avait été mise en place par
l’Etat-major allemand, l’ancienne étant trop couteuse en matériel[39]
(les alliés s’emparaient des mortiers placés au front.). Ainsi, les pièces
d’artillerie furent retirées des premières lignes, et l’Etat-major allemand
constitua des sections volantes[40]
ou hippomobiles[41]
afin de lutter contre les chars de combat.
Evidemment, cette nouvelle stratégie fit des ravages dans les rangs
allemands, et fut de ce fait très contestée.
Au
soir du 8 août, les alliés avaient progressé de 21 kilomètres, profitant
d’un moral au plus bas au sein de l’armée allemande. Ainsi, plusieurs unités
en première ligne avaient fui les combats, et plus de 25 000 Allemands
avaient préféré se rendre.
Ludendorff lui-même qualifia ce 8 août de jour noir de l’armée allemande[42].
Le
10, la III° Armée du général Humbert se dirigea vers Montdidier, d’où elle
parvint à chasser les Allemands, ce qui permit la réouverture de la ligne
Amiens-Paris.
Le
même jour, Ludendorff décida d’évacuer les positions sur la Somme prises
suite à l’opération Michael, préférant retrancher ses troupes sur la ligne
Hindenburg.
Les pertes étaient importantes côté allemand : 24 000 tués, blessés ou
disparus, plus 50 000 prisonniers. Les alliés, quant à eux, déploraient la
perte de 22 000 hommes (tués, blessés, disparus.).
b)
La troisième bataille de la Somme (15 août au 15 septembre 1918) :
suite à la bataille d’Amiens, Haig poursuivit sa marche en direction
d’Albert, les Britanniques étant renforcés par le 2° Corps américain.
Les troupes allemandes, démoralisées, ne parvinrent pas à tenir le
territoire qu’elles occupaient, et reculèrent de 55 kilomètres : ainsi,
Albert fut pris le 22 août, Bapaume et Noyon le 29, Péronne le 4 septembre.
La troisième bataille de la Somme.
Par ailleurs, les Canadiens parvinrent à prendre position le 2 septembre
entre Drocourt et Quéant, occupant ainsi les premières tranchées de la
position Siegfried, partie ouest de la ligne Hindenburg.
De
ce fait, Ludendorff décida de réorganiser le positionnement de ses troupes :
les IV° et VI° Armées allemandes reçurent l’ordre d’abandonner le terrain
conquis lors de l’opération Georgette ; les II°, IX° et XVIII°
Armées devaient s’établir sur la ligne Hindenburg ; enfin, la
XVII° Armée[43]dût reculer le long du canal du Nord[44],
afin de riposter en cas de percée ennemie.
c)
La bataille de Saint-Mihiel (12 et 13 septembre 1918) : alors que
d’importants combats se déroulaient sur la Somme, la I° Armée
américaine (plus quatre divisions françaises.), commandée par le général
John Joseph Pershing, s’attaqua à Saint-Mihiel.
Le général John Joseph Pershing.
Ce
petit saillant dans la ligne de défense allemande était occupé depuis 1914.
En effet, cette zone était essentielle à l’axe de communication
Verdun-Saint-Mihiel-Belfort, ce qui pénalisait les forces françaises.
Le
12 septembre, les Américains lancèrent l’offensive sur la position ennemie.
Les troupes alliées, appuyées par 267 chars de combat, parvinrent finalement
à l’emporter après une trentaine d’heures de combats.
Poilus dans les tranchées, musée de
l'Infanterie, Montpellier.
Ainsi, les Allemands reculèrent de 40 kilomètres, s’établissant sur une
ligne Etain-Vandières.
La bataille de Saint-Mihiel.
Au
final, les troupes alliées avaient perdu 7 000 hommes (tués, blessés ou
disparus.) ; côté allemand, l’on comptait 2 000 tués, 5 500 blessés et
13 000 prisonniers.
d)
Les batailles de la ligne Hindenburg, l’offensive Meuse-Argonne (26
septembre au 11 novembre 1918) : le 3 septembre 1918, le maréchal Foch
décida de lancer une offensive de grande ampleur, sur tout le front ouest,
en direction de la ligne Hindenburg.
Képi, vareuse et épée du maréchal Foch, à
gauche; képi, vareuse et épée du maréchal Joffre, à droite, musée des
Invalides, Paris.
Rappelons que cette dernière était divisée en cinq zones: Wotan,
d’Ostende à Arras ; Siegfried, d’Arras à Saint Quentin ; Alberich, de Saint
Quentin à Craonne ; Brunhilde, de Craonne à Sainte-Menehould ; et Kriemhilde,
de Sainte-Menehould à Saint-Mihiel.
Ainsi, les troupes alliées stationnées sur le front belge devaient marcher
vers Gand et Bruges ; les I° et III° Armées britanniques
devaient s’attaquer au canal du Nord, afin de s’emparer de Cambrai ; la I°
Armée française et la IV° Armée britannique reçurent l’ordre de
lancer une offensive sur Saint-Quentin ; enfin, la IV° Armée française et le
corps expéditionnaire américain devaient lancer une offensive sur la Meuse
et l’Argonne, en direction de Sedan[45].
Suite à la prise du saillant de Saint-Mihiel à la mi-septembre 1918, la I°
Armée du général Pershing fut à nouveau mise à contribution. Cette dernière,
renforcée par la IV° Armée française du général Gouraud, lança l’offensive à
l’aube du 26 septembre.
Cependant, les deux Armées devaient attaquer deux zones distinctes : côté
français, Brunhilde, au nord de Sainte-Menehould ; côté américain,
Kriemhilde, au nord de Verdun.
Les Allemands, en infériorité numérique, ne parvinrent pas à tenir le
terrain. Ainsi, en l’espace de cinq jours, les Américains parvinrent à
progresser d’une dizaine de kilomètres en territoire ennemi, capturant 15
fusils-mitrailleurs, 20 mortiers et 200 mitrailleuses.
Côté français, l’avancée fut moins spectaculaire, car l’Etat-major allemand
envoya des renforts dans le secteur. Cependant, la IV° Armée parvint à
prendre deux des trois lignes de défenses allemandes.
La crête des Eparges, au nord de Saint
Mihiel.
Le
3 octobre, la première phase de l’offensive prit fin, en raison d’un mauvais
acheminement des réserves côté américain.
Ayant procédé à un remplacement des troupes en première ligne, l’Etat-major
américain reprit l’offensive au matin du 4 octobre 1918.
Cependant, si les troupes américaines lancèrent une série d’assaut
infructueux sur la ligne Kriemhilde, les Français, au contraire, parvinrent
à percer les positions ennemies, marchant désormais vers l’Aisne.
Le
28 octobre, alors que les Américains avaient réussi à sécuriser la zone des
forêts de l’Argonne, l’offensive fut stoppée.
A
compter du 28 octobre, les forces alliées furent à nouveau réorganisées.
Ainsi, le corps expéditionnaire américain fut divisé en deux : la I° Armée,
sous le commandement du général Hunter
Liggett[46],
et la II° Armée, sous le commandement du général
Robert Lee Bullard[47].
Les généraux Hunter Liggett et Robert Lee
Bullard.
Ainsi, alors que Ligget reçut l’ordre de continuer son offensive vers Sedan,
Bullard, au contraire, devait marcher vers Metz.
Début novembre, les Français traversèrent l’Aisne, marchant vers Le Chesne ;
à l’est, la I° Armée américaine attaquait Buzancy. Les jours suivants, les
alliés progressèrent vers le nord, s’emparant finalement de Sedan le 6
novembre.
Bien qu’ayant réussi à repousser l’ennemi, les vainqueurs de Sedan
déploraient toutefois d’importantes pertes : 117 000 tués, blessés et
disparus côté américain, 70 000 côté français.
Les Allemands n’étaient pas en reste, ayant perdu une centaine de milliers
d’hommes (tués, blessés et disparus.).
e)
Les batailles de la ligne Hindenburg, la bataille du canal du Nord (27
septembre au 1er octobre 1918) : le canal du Nord, comme nous
l’avons indiqué précédemment, était en cours de construction au début de la
Grande guerre. Une partie du canal était à sec, mais elle avait été inondée
par les Allemands afin de ralentir l’avancée des alliés.
Une portion du tracé n’était pas immergée, mais était de taille réduite
(3 700 mètres.), rendant difficile le passage des soldats et des tanks. Par
ailleurs, le canal était doté de proportions importantes : 37 mètres de
large, 3 à 5 mètres de haut selon l’endroit.
Néanmoins, l’assaut fut lancé le 27 septembre, quasiment au même moment que
les autres offensives planifiées par Foch.
Ainsi, alors que les Britanniques s’engagèrent dans une manœuvre de
diversion le long du canal du Nord afin de distraire les Allemands, les
troupes canadiennes traversèrent une portion à sec du canal, au sud-est,
entre Sains-lès-Marquion et Moeuvres.
Puis, les Canadiens se dirigèrent vers les villages de Marquion et Bourlon,
sécurisèrent le bois de Bourlon, puis s’établirent sur une ligne reliant
Sauchy à Fontaine-Notre-Dame.
Au
même moment, les Britanniques attaquèrent les positions allemandes entre
Paluel et Sauchy, faisant reculer l’ennemi.
Ayant débordé les Allemands par le nord-est, les ingénieurs canadiens
entreprirent de construire des ponts sur le canal du Nord.
L’attaque fut lancée à l’aube du 27 septembre, et elle fut un franc succès.
Les Allemands, surpris, furent incapables de tenir leurs positions. Jusqu’au
1er octobre, les combats se poursuivirent, accordant aux alliés
la maîtrise du canal du Nord.
La
route de Cambrai était désormais ouverte.
f)
Les batailles de la ligne Hindenburg, la bataille du canal Saint-Quentin
(27 septembre au 10 octobre 1918) : la bataille du canal
Saint-Quentin fut la dernière des autre offensives lancées par Foch à
l’automne 1918.
La
tâche qui avait été confiée aux troupes alliées, à savoir s’attaquer de
plein front à la ligne Hindenburg (le segment Siegfried étant réputé être le
plus solide.), s’avérait particulièrement difficile.
Malgré tout, deux divisions australiennes et deux divisions américaines
lancèrent l’offensive le 27 septembre. Cependant, les sammies[48]
perdirent beaucoup d’officiers lors de la bataille, ce qui contraignit les
Australiens à reprendre à l’ennemi un terrain déjà conquis par les troupes
américaines.
Le
29, un nouvel assaut fut lancé, les troupes alliées étant protégées par un
intense tir de barrage, et renforcées par 150 chars de combat.
L'avancée des troupes françaises,
protégée par des chars de combat F17 Renault.
Les forces alliées parvinrent à progresser rapidement au nord de
Saint-Quentin, franchissant le canal, s’établissant sur une ligne Bony-Bellicourt-Bellenglise.
Alors que la I° Armée française, commandée par le général
Marie-Eugène Debeney[49],
attaquait Saint-Quentin, les Britanniques progressèrent de 10 kilomètres
vers l’est, capturant Beaurevoir, troisième ligne de défense de la ligne
Hindenburg.
Le général Marie-Eugène Debeney.
Jusqu’au 10 octobre, les troupes alliées s’emparèrent des villages fortifiés
entourant Beaurevoir (Montbrehain, Brancourt-le-Grand, etc.), perçant de
manière définitive la ligne Hindenburg.
Dans ses mémoires, le général britannique Henry Seymour
Rawlinson écrivit : si
les boches n'avaient pas montré de tels signes de démoralisation […], je
n'aurais jamais envisagé d'attaquer la ligne Hindenburg. Si elle avait été
défendue par les Allemands d’il y a deux ans, elle aurait certainement été
imprenable.
g)
Les batailles de la ligne Hindenburg, la cinquième bataille d’Ypres (28
septembre au 2 octobre 1918) : la cinquième bataille d’Ypres fut
la quatrième offensive lancée par les alliés sur les lignes allemandes à
l’automne 1918.
L’assaut débuta le 28 septembre au matin, mené par 12 divisions belges, 10
divisions de la II°Armée britannique, et 6 divisions de la
VI° Armée française.
Sous le commandement d’Albert I°, roi des Belges, les forces alliées
parvinrent à repousser rapidement l’ennemi, progressant de 10 kilomètres le
premier jour.
Les jours suivants, les alliés reprirent les hauteurs dominant le sud
d’Ypres (dont le mont Kemmel.), dont les Allemands s’étaient emparés suite à
l’opération Georgette.
L’avancée se poursuivit jusqu’au 2 octobre, cependant, en raison de la
perturbation des lignes de ravitaillement, elle prit fin à cette date.
Ayant avancé d’une trentaine de kilomètres en territoire ennemi, les troupes
alliées déploraient la perte de 9 000 hommes (tués, blessés, disparus.) ;
les Allemands, quant à eux, avaient perdu plus de 10 000 soldats
(prisonniers.), 300 fusils et 600 mitrailleuses.
5° Les derniers combats de la
première guerre mondiale (octobre à novembre 1918) – En
octobre 1918, l’Etat-major allemand se trouvait dans une situation
difficile. En effet, les alliés avaient percé les lignes de front en
Belgique ; les Français marchaient sur l’Aisne ; la position Siegfried avait
été prise ; et Cambrai, seule place encore entre les mains des Allemands,
était désormais menacée d’encerclement.
Le front ouest (printemps à hiver 1918).
a)
La deuxième bataille de Cambrai (8 au 10 octobre 1918) : les troupes
canadiennes, qui avaient franchi le canal du Nord fin septembre 1918, se
dirigeaient vers Cambrai, détenue par les Allemands.
Attaquant l’ennemi avec 324 chars de combat, les Canadiens pénétrèrent dans
la cité le 8 octobre, rencontrant bien peu de résistances. Ces derniers
décidèrent alors de poursuivre leur route en direction du nord-est, ou les
troupes allemandes s’étaient retranchés.
A
noter qu’à l’automne 1918, l’Etat-major allemand avait modifié sa stratégie
vis-à-vis des chars de combat, la précédente étant trop coûteuse en hommes[50].
Ainsi, revenant à la stratégie originelle (élargissement des tranchées, tirs
de mortiers en première ligne, bombardement de l’artillerie lourde.), les
Allemands furent en outre équipés du Tankgewehr 1918, un redoutable
fusil antichar (ce dernier était capable de percer les blindages du
véhicule.).
Cependant, cette arme ne fut produite qu’à 15 800 exemplaires, et la guerre
fut achevée avant que tous les régiments de l’armée allemande n’en soient
équipés.
Fusil Tankgewehr 1918, musée de la Légion étrangère, Aubagne.
Le
10 octobre, lorsque le reste de l’armée canadienne pénétra dans Cambrai,
ils la trouvèrent totalement déserte.
Au
final, l’affrontement ne fit qu’une vingtaine de victimes du côté des alliés
(tués et blessés.).
A
noter que les Canadiens, poursuivant les Allemands, affrontèrent ces
derniers le long de la Selle à la mi-octobre 1918. A cette date, les troupes
germaniques n’étaient plus en état de contre-attaquer, mais elles parvinrent
à ralentir la progression des alliés jusqu’à la fin du mois.
b)
La bataille de Courtrai (14 au 19 octobre 1918) : l’armée alliée sous
le commandement d’Albert I°, suite à l’offensive d’Ypres, décida de
poursuivre son avancée à la mi-octobre 1918.
Marchant vers Bruges, les alliés prirent de nombreuses cités à l’ennemi :
Roulers, le 15 octobre ; Ostende, Lille et Douai le 17 ; puis finalement
Bruges et Zeebrugge le 19.
L’accueil accordé aux vainqueurs fut délirant dans ces villes de Belgique,
subissant l’occupation allemande depuis maintenant cinq années.
Début novembre, Albert I° installa ses troupes sur une ligne Terneuzen-Gand,
ayant pris plus d’une centaine de kilomètres à l’ennemi en l’espace de
quelques jours.
c)
La bataille de la Sambre, ou deuxième bataille de Guise (4 novembre
1918) : suite à la prise de Saint-Quentin, la I° Armée française du
général Debeney, accompagnée des I°, III° et IV° Armées britanniques, reçut
l’ordre de marcher vers Maubeuge.
Lançant l’offensive le 4 novembre 1918, les alliés tentèrent de traverser la
Sambre, mais les Allemands s’étaient solidement retranchés sur l’autre rive.
Perdant un millier d’homme lors de la traversée, les Britanniques parvinrent
toutefois à traverser la rivière, contraignant les Allemands à prendre
position dans les villages environnants.
Restée à l’arrière, la I° Armée du général Debeney affrontèrent les
dernières troupes allemandes situées aux alentours de Saint-Quentin,
libérant les villages de Guise et d’Origny-en-Thiérache.
6° Le front d’Orient (janvier à
octobre 1918) – Le front d’Orient n’avait guère progressé
en 1917, les forces alliées étant fixées sur une ligne Serrès-Monastir-côte
adriatique. Cependant, l’entrée définitive de la Grèce dans le conflit avait
permit de grossir les rangs alliés de nouvelles recrues grecques.
a)
L’action du général Guillaumat (décembre 1917 à juin 1918) : le
général Marie Louis Adolphe Guillaumat[51],
qui avait succédé au général Sarrail en décembre 1917, décida dans un
premier temps de mettre en place des travaux d’assainissement, de trop
nombreux soldats souffrant du paludisme et de la dysenterie.
Le général Marie-Louis Guillaumat.
Par ailleurs, le général Guillaumat organisa un Etat-major interalliés, sous
commandement de la France, mais laissant une grande autonomie au pays
alliés.
b) L’offensive Franchet d’Espérey (mi-septembre 1918) : mais en juin
1918, Guillaumat fut rappelé par Paris et remplacé par le général Louis
Franchet d’Espérey. Celui-ci, faisant construire route et voies ferrées,
prépara les plans d’une offensive majeure, prévue pour septembre 1918.
Le général Louis Franchet d'Espérey,
musée de l'Infanterie, Montpellier.
Ce
dernier prévoyait de marcher vers la Serbie, occupée par les forces
allemandes depuis 1915.). Cependant, les deux seules voies d’accès étaient
contrôlées par les Bulgares (la boucle de la rivière noire[52],
à l’ouest, et le Vardar, à l’est.).
Franchey d’Espérey décida alors d’attaquer sur deux fronts : par la montagne
de la Moglena, séparant les deux fleuves ; et en direction du lac Dojran.
L’offensive débuta le 15 septembre avec un bombardement intensif des
positions bulgares. Le lendemain, les troupes alliées se lancèrent à
l’assaut. Les Bulgares, en nette infériorité numérique (deux divisions
contre cinq[53].),
furent incapables de tenir les sommets stratégiques de la Moglena.
Ayant coupé en deux l’armée bulgare (la moitié ouest recula jusqu’à
Kalkandelen[54].),
les Français parvinrent à s’emparer de Prilep le 24 septembre, puis d’Uskub[55]
le 29.
Le front d'Orient (1918).
L’attaque en direction du lac Dojran, bien que plus frontale, porta elle
aussi ses fruits. L’offensive, menée par quatre divisions britanniques et
trois divisions grecques, commença par un bombardement intensif des
positions ennemies (18 septembre 1918.).
Les alliés partirent alors à l’assaut, mais les Bulgares ripostèrent
efficacement, causant d’importantes pertes aux troupes britanniques. Mais
ces dernières, malgré une résistance acharnée de l’ennemi, parvinrent à
prendre les deux premières lignes de tranchées bulgares.
Les combats prirent fin le 19 septembre, les Bulgares préférant reculer afin
de se retrancher derrière des positions mieux fortifiées.
La
bataille du lac Dojran fut une victoire très coûteuse pour les forces
alliées. Ainsi, alors que les troupes gréco-britanniques avaient perdu
14 000 hommes (tués, blessés ou disparus.), les Bulgares ne déploraient que
2 000 victimes.
c) La réussite de l’offensive Franchet d’Espérey entraîne la capitulation
de la Bulgarie (5 octobre 1918) : la bataille de la Moglena aux forces
alliées de briser le moral de l’armée bulgare. Ainsi, suite à leur défaite
du 15 septembre, de nombreux soldats bulgares décidèrent de se mutiner,
abandonnant les premières lignes.
Par ailleurs, l’union nationale agrarienne, principale force
d’opposition, tenta de rallier les soldats mutinés et de proclamer la
république (27 septembre.). Cependant, cette tentative non soutenue par les
socialistes fut réprimée, les soldats mutins étant écrasés par l’armée
bulgare loyaliste et par des troupes allemandes.
Néanmoins, le roi de Bulgarie, Ferdinand I°, se trouvait à la fin septembre
1918 dans une situation difficile. Ainsi, les troupes franco-serbes se
dirigeaient vers Belgrade ; les troupes gréco-britanniques, quant à elles,
marchaient vers Sofia.
Ainsi, le 24 septembre, Ferdinand I° adressa un cessez le feu aux forces
alliées, dans le but de mettre en place des pourparlers.
Les négociations s’ouvrirent le 28 septembre, et furent suivies par la
signature de l’armistice de Thessalonique dès le 30.
Ainsi, Ferdinand I° abdiquait en faveur de son fils Boris III ; les
Bulgares devaient évacuer la Macédoine, rétrocédée à la Serbie.
Par ailleurs, l’armée bulgare devait être démobilisée, ses effectifs
limités ; les prisonniers de guerre devaient être libérés ; enfin, la
Bulgarie devait rendre à la Grèce tout le matériel militaire capturé en
1916.
Suite à la signature de l’armistice, les Britanniques se dirigèrent vers
Constantinople ; Français et Serbes, après avoir libéré Belgrade le 1er
novembre, lancèrent une offensive en direction de la Roumanie, toujours
occupée par plusieurs divisions allemandes.
Cet armistice fut suivi en 1919 par la signature du traité de Neuilly,
cédant la Thrace à la Grèce, privant la Bulgarie de son unique point d’accès
à la mer Egée.
d)
Le front roumain : les Roumains, vaincus en septembre 1917 suite à la
défection de l’armée russes, avaient été contraints de demander un armistice
en décembre.
Cet accord avait été entériné le 7 mai 1918 par la signature du traité de
Bucarest.
Ainsi, la Roumanie devait rétrocéder le sud de la Dobroudja à la Bulgarie[56] ;
accordait à l’Autriche le contrôle des points de passage dans les montagnes
des Carpates ; donner à l’Allemagne le bénéfice des puits de pétrole
roumains pour une période de 90 ans.
Cependant, la marche des forces franco-serbes vers la Roumanie, en novembre
1918, permit au gouvernement roumain de dénoncer le traité de Bucarest.
7° La révolte arabe et l’offensive
britannique contraignent l’Empire ottoman à mettre un terme au conflit
(janvier à octobre 1918) – En 1918, l’Empire ottoman se
trouvait dans une position difficile.
Ainsi, le Proche-Orient était perdu (la Palestine avait été prise par les
Britanniques en 1917 ; le 1er octobre 1918, Hussein ibn Ali,
chérif de La Mecque, parvint à s’emparer de Damas, capitale de la Syrie.),
et l’Arabie était en pleine révolte.
A
noter par ailleurs qu’en raison de la déliquescence de l’Empire ottoman et
de la Russie, plusieurs Etats avaient fait leur apparition dans le Caucase :
la république d’Arménie, la république de Géorgie, la république
d’Azerbaïdjan, et la république montagnarde du Nord-Caucase.
Les républiques du Caucase en 1919.
Acculé, et ne contrôlant plus que la Turquie, le sultan ottoman
Mehmed VI[57]décida de mettre en place des
pourparlers avec les Britanniques.
Le sultan Mehmed VI.
L’armistice
de Moudros fut donc signé le 31 octobre 1918, mettant un terme aux
hostilités entre la Grande Bretagne et l’Empire ottoman.
Les Turcs mettaient un terme au conflit, acceptant la présence des forces
alliées dans le détroit des Dardanelles et sur le Bosphore ; l’armée turque
était démobilisée ; Constantinople était occupée ; enfin, l’Empire ottoman
devait reculer ses troupes dans le Caucase, reconnaissant les nouveaux Etats
de cette région.
Cet armistice fut suivi en 1920 par la signature du traité de Sèvres,
qui prévoyait un morcellement de l’Empire ottoman. Cependant, ce dernier ne
fut jamais effectif, en raison du déclenchement de la révolution turque.
8° Le front italien (janvier à
décembre 1918) – Comme nous l’avons vu plus tôt, l’année
1917 s’était achevée sur un désastre sur le front italien.
En
effet, les troupes autrichiennes, renforcées par la XIV° Armée allemande,
étaient parvenues à effectuer une percée, progressant de 200 kilomètres en
territoire ennemi à la fin du mois d’octobre.
Depuis cette date, les Italiens étaient retranchés derrière le Piave, un
fleuve de Vénétie. Cette situation dangereuse avait contraint le maréchal
Foch à envoyer plusieurs divisions en renfort sur le front italien.
Les Autrichiens, quant à eux, ne se trouvant plus qu’à une centaine de
kilomètres de Venise, espéraient bien pouvoir enfoncer le front une nouvelle
fois.
a)
La bataille du Piave (13 au 23 juin 1918) : le 13 juin, le général
Arthur Arz von Straußenburg[58]
lanca une attaque de diversion dans le nord de l’Italie, en direction de
Vérone, afin que l’Etat-major italien dégarnisse le Piave. Puis, le 15 juin,
les Autrichiens se lancèrent à l’assaut du fleuve.
Cependant, l’attaque lancée dans le nord fut un échec ; sur le Piave, les
Autrichiens parvinrent à progresser de quatre kilomètres le premier jour,
mais ils furent finalement repoussés.
Cette bataille de la Piave fut au final plus coûteuse pour les
Autrichiens que pour les alliés. Ainsi, le général Straußenburg déplorait la
perte de 60 000 tués, 80 000 blessés, 10 000 disparus et 30 000 prisonniers.
Côté italien, les pertes étaient moindres : 80 000 tués, blessés et
disparus.
b)
La bataille de Vittorio Veneto (24 octobre au 3 novembre 1918) : dans
un premier temps, en septembre 1918, l’Etat-major italien avait prévu de
lancer une offensive limitée en direction des plaines à l’est du Piave ; ces
positions étant destinées à servir de bases avancées pour une attaque prévue
au printemps 1919.
Cependant, en fin d’année 1918, la situation avait considérablement évoluée.
Ainsi, l’Etat-major allemand avait fait savoir à Guillaume II que la guerre
ne pouvait plus être gagnée, et les premiers pourparlers furent mis en place
courant octobre.
L’Empire autrichien, quant à lui, était en pleine déliquescence (les Etats
des Balkans étaient en passe de proclamer leur indépendance.).
Le
maréchal Foch ordonna donc aux Italiens de lancer une offensive de grande
ampleur, afin de pouvoir faire pression sur l’Autriche lors de la rédaction
du futur traité de paix.
Le
général Armando Diaz[59],
commandant en chef de l’armée italienne depuis la démission de Luigi
Cadorna, élabora alors un plan destiné à couper en deux le front
autrichien.
Le général Armando Diaz.
Ce
dernier décida donc d’attaquer Vittorio, cité de Vénétie du massif de Grappa
et zone de liaison entre les deux armées autrichiennes. Par ailleurs, des
opérations de diversions devaient être opérées dans le Trentin et le long de
la côte adriatique.
A
l’aube du 24 octobre, les positions autrichiennes furent bombardées, puis, à
7h15, les Italiens (renforcés par 3 divisions britanniques, deux divisions
françaises et une division américaine.) lancèrent l’assaut.
Cependant, à cause du mauvais temps et de l’opiniâtreté des Autrichiens,
cette première journée ne permit pas aux italiens de progresser. Le 25,
l’offensive fut repoussée à cause des mauvaises conditions climatiques.
Profitant de ces jours d’inactivité pour construire des ponts sur le Piave,
les Italiens repartirent à l’assaut le 27. D’importants combats furent
livrés dans le massif de Grappa, et les pertes furent considérables dans les
deux camps.
Cependant, plusieurs divisions italiennes parvinrent à franchir le Piave,
plus au sud, menaçant désormais d’encerclement les troupes autrichiennes
retranchées sur le massif de Grappa.
Ainsi, dans la nuit du 30 au 31 octobre, l’Etat-major autrichien décida
d’évacuer cette position, reculant de plusieurs kilomètres.
Cependant, les Italiens ne s’en tinrent pas là, poursuivant leur avancée.
Ainsi, l’attaque portée dans le Trentin contraignit l’ennemi à reculer ; une
expédition navale lancée depuis Venise parvint à prendre Trieste le 3
novembre ; les Italiens, le 4 novembre, avaient réussi à prendre position
sur l’Isonzo, capturant 5 000 pièces d’artillerie à l’ennemi.
Le front italien (24 octobre au 4
novembre 1918).
Les pertes autrichiennes furent colossales : 30 000 tués, entre 300 000 et
500 000 prisonniers ; pour 38 000 morts, blessés et disparus côté italien.
Le
nombre phénoménal de prisonniers autrichiens s’explique par la mise en place
des premiers pourparlers entre l’Autriche et l’Italie, organisés dès le 29
octobre (les militaires autrichiens se rendirent en masse, pensant que la
capitulation avait été signée.).
A
cette date, une délégation autrichienne fut envoyée à Padoue afin de signer
un traité de paix. Cependant, l’Empereur autrichien Charles I°[60]
refusant d’assumer la responsabilité de la défaite, retardant de plusieurs
jours la fin des combats.
Finalement, le cessez-le-feu ne fut émis par Vienne qu’à compter du 3
novembre 1918. L’armistice de Padoue, signé le jour même, entra en
vigueur le lendemain à 15 heures.
Les Italiens occupaient Trente, Trieste, l’Istrie et les régions
frontalières avec la Slovénie.
Charles I°, bien que n’abdiquant pas officiellement, se retira en Suisse,
alors que la république était proclamée à Vienne (11 novembre 1918.).
A
noter que cet armistice en septembre 1919 par la signature du traité de
Saint Germain en Laye.
Alors que l’Autriche négociait sa reddition, plusieurs régions de l’Empire
austro-hongrois proclamèrent leur indépendance : la Tchécoslovaquie[61],
le 28 octobre ; la Pologne, ainsi que le royaume des Serbes, Croates et
Slovènes[62],
le 29 octobre ; et la Hongrie, 31 octobre.
Par ailleurs, cet armistice eut des conséquences désastreuses pour
l’Allemagne. Ainsi, déjà privée de tout soutien dans les Balkans suite à la
défection des Bulgares, elle perdait son allié autrichien.
Plus grave encore, non seulement l’Allemagne perdait son ravitaillement issu
des pays de l’est (rappelons que les Britanniques maintenaient leur blocus
maritime depuis 1915.) ; en outre, les nouveaux Etats nés de la dissolution
de l’Empire austro-hongrois (Tchécoslovaquie, royaume des Serbes, Croates et
Slovènes, etc.), devenaient des menaces directes pour le deuxième Reich.
9° Le théâtre africain, campagne
d’Afrique de l’est (janvier à novembre 1918) – Comme nous
l’avons vu précédemment, le colonel Lettow-Vorbeck, repoussé par les forces
alliées, s’était rendu au Mozambique portugais en fin d’année 1917.
Cette année 1918 fut l’occasion pour les Allemands de remporter plusieurs
escarmouches contre les troupes portugaises, plus nombreuses mais moins
expérimentées. Cependant, en juin 1918, les Britanniques débarquèrent à
Quelimane, au sud du pays.
Lettow-Vorbeck, craignant une contre-offensive alliée, décida alors de
remonter au nord du Mozambique, franchissant la frontière à l’automne 1918.
La campagne de Tanzanie.
Traversant rapidement l’Afrique orientale allemande, Lettow-Vorbeck pénétra
en Rhodésie, colonie britannique. Le 13 novembre 1918, les Allemands
s’emparèrent de Kasama, apprenant le lendemain que Guillaume II avait signé
un armistice le 11.
Rejoignant Abercorn[63],
Lettow-Vorbeck déposa les armes le 23 novembre 1918.
Au
final, la capture de l’Afrique orientale allemande fut très coûteuse pour
les alliés. Lettow-Vorbeck, à la tête de 15 000 hommes, en avait perdu
2 000 ; les Britanniques, quant à eux, déploraient la perte de 10 000
soldats (dont deux tiers tués par les maladies.), sans compter les 300 000
civils ayant été les victimes de la guérilla.
10° L’armistice du 11 novembre
1918 – Comme nous avons pu le constater au cours des
paragraphes précédents, tous les alliés de l’Allemagne signèrent des paix
séparées avec les forces alliées à l’automne 1918 : la Bulgarie et l’Empire
ottoman, le 30 octobre, et l’Autriche, le 4 novembre.
L’Allemagne se retrouvait donc isolée sur la scène internationale. Pire, ces
défections laissaient la porte ouverte aux alliés, perturbant les voies de
ravitaillement du deuxième Reich (déjà très éprouvé par le blocus maritime
britannique.).
A
l’automne 1918, l’Allemagne n’était plus en mesure de gagner la guerre, et
jusqu’à la signature de l’armistice, les alliés firent reculer les troupes
germaniques sur une ligne Gand-Mons-Metz-Vosges.
Dans un premier temps, ayant informé Guillaume II de la situation,
Ludendorff tenta de négocier une paix séparée avec les Etats-Unis, sur la
base des quatorze points du président Wilson[64],
espérant un jugement plus clément de leur part.
Par ailleurs, afin de s’attirer les bonnes grâces du gouvernement américain,
Ludendorff décida de transformer l’Empire allemand en une monarchie
constitutionnelle basée sur le modèle anglais[65].
Le
3 octobre Maximilien de Bade[66]fut nommé au poste de
chancelier impérial[67];
le 24, la constitution de 1871 fut donc amendée.
Mais Ludendorff, bien qu’ayant cédé ses pouvoirs à un nouveau gouvernement,
constata avec amertume que les Etats-Unis demeuraient inflexibles.
Ainsi, constatant que Maximilien de Bade se préparait à signer une paix
sévère pour l’Allemagne, mais considérant aussi que Wilson réclamait une
capitulation[68],
Ludendorff fit brusquement volte-face, déclarant que l’armée allemande
devait se retrancher pendant l’hiver 1918, afin de lancer une nouvelle
offensive au printemps suivant.
Ainsi, alors que les négociations allaient bon train, l’Etat-major allemand
ordonna, sans consulter le gouvernement, une ultime sortie de la flotte
allemande. Mais les marins, refusant de mourir pour l’honneur, se
mutinèrent. Rapidement arrêtés, ils furent transférés à Kiel, où la révolte
ne fit que prendre de l’ampleur.
En
cette fin d’octobre 1918, de nombreux soldats, marins et ouvriers décidèrent
d’élire des conseils ouvriers, similaires aux soviets russes, prenant
le pouvoir dans de nombreuses villes du pays.
Manifestations dans les rues de Berlin,
novembre 1918.
Le
8 novembre, la révolution atteignit Munich, provoquant une vive inquiétude
au sein de la classe moyenne et de la bourgeoisie. Ainsi, de nombreux
Allemands craignaient que leur pays suive la voie initiée par la Russie, une
année plus tôt.
Rébellion, par Hans RICHTER, 1915, Deutsches historisches museum, Berlin.
Ludendorff, quant à lui, fut limogé début novembre 1918[69] ;
le gouvernement allemand ayant demandé l’armistice le 5 du même mois. En
France, alors que la droite souhaitait marcher sur Berlin afin d’y imposer
la paix, Clémenceau préféra mettre fin au carnage, acceptant de mettre en
place des pourparlers.
Ainsi, le 7 novembre, une délégation allemande reçut l’autorisation de
traverser la ligne de front, et fut escortée jusqu’à la forêt de Compiègne[70].
Deux trains se trouvaient là, installés sur deux lignes ferrées parallèles :
l’un était celui du maréchal Foch, l’autre avait été réquisitionné afin
d’accueillir la délégation allemande.
Les pourparlers durèrent pendant plusieurs jours. Cependant, le 9 novembre,
Guillaume II fut poussé à abdiquer ; le lendemain, Maximilien de Bade céda
son poste de chancelier impérial à Friedrich Ebert, membre du
parti social-démocrate d’Allemagne[71].
Ce
dernier, soucieux de signer la paix au plus tôt, invita la délégation à
signer l’armistice le plus rapidement possible, ce qui fut chose faite le 11
novembre 1918 à 5h15 du matin.
Signature de l'armistice, le 11 novembre
1918.
Le
texte prévoyait la fin des hostilités pour le 11 novembre à 11 heures du
matin ; l’évacuation des territoires envahis (France, Belgique, Luxembourg,
Alsace-Lorraine, Roumanie, Afrique.) ainsi que de la rive gauche du Rhin ;
libération des tous les prisonniers de guerre. Par ailleurs, devait être
livré aux alliés 160 U-Boote, 5 000 canons, 25 000 mitrailleuses, 3 000
mortiers, 2 000 avions, 5 000 camions, 5 000 locomotives et 150 000 wagons.
Enfin, le gouvernement allemand devait renoncer au traité de Brest-Litovsk[72],
signé avec la Russie en mars 1918 avec la Russie ; ainsi qu’au traité de
Bucarest[73],
signé en mai 1918 avec la Roumanie.
Le maréchal Foch et les signataire de
l'armistice, posant devant le wagon où le texte a été signé.
A
noter que de nombreux militaires allemands, dont Ludendorff et Hindenburg,
suite à la défaite de l’Allemagne, contribuèrent à la naissance de la
Dolchstoßlegende (la légende du coup de poignard dans le dos.). Cette
théorie disculpait l’armée allemande, rejetant la responsabilité de la
défaite sur les civils de l’arrière, les juifs et les communistes.
Propagande en faveur de la
Dolchstoßlegende,
représentant un soldat allemand poignardé dans le dos par un communiste.
Largement répandue en Allemagne, particulièrement dans les milieux
antisémites et conservateurs, la Dolchstoßlegende fut l’un des moteurs du
bellicisme allemand après-guerre.
[4]
De son vrai nom commission extraordinaire panrusse pour la
répression de la contre-révolution et du sabotage, ou
Всероссийская чрезвычайная комиссия по борьбе с контрреволюцией и
саботажем en russe.
[5]
La terreur rouge renvoyait à la terreur jacobine lors de la
révolution française, qui avait fait 30 000 victimes entre 1793 et
1794. Pour en savoir plus à ce sujet,
cliquez ici.
[6]
Les SR de gauche avaient fait scission avec le parti
socialiste-révolutionnaire en septembre 1917.
[7]
L’objectif du gouvernement allemand n’était pas d’annexer ces deux
Etats, mais d’y placer des souverains germaniques afin de les
dépendants de l’Allemagne.
[11]
Ville située sur l’actuelle frontière turco-géorgienne.
[12]
Pour en savoir plus à ce sujet, voir le 4, section II, chapitre
troisième, la troisième république.
[13]
Caillaux naquit en mars 1863 au sein d’une famille monarchiste.
Suite à son échec au concours d’entrée de Polytechnique, il intégra
en 1888 l’inspection générale des Finances. Elu député en 1898,
Caillaux siégea sur les bancs du centre-droit, mais se rapprocha peu
à peu des radicaux. Nommé à plusieurs reprises ministre des Finances
depuis le début du XX° siècle, avait été président du conseil entre
juin 1911 et janvier 1912.
[14]
Il fut condamné en février 1920 à trois ans de prison ferme.
[15]
Il ne rentra en France qu’en 1924, retrouvant rapidement sa place de
député.
[16]
Et dans lequel Caillaux avait publié de nombreux articles.
[18]
Almereyda fut retrouvé étranglé par son lacet. Officiellement, il se
serait suicidé, bien que des doutes planent sur ce décès.
[19]
Le mark étant la devise allemande à cette date.
[20]
A noter que des courriers de Caillaux furent retrouvés dans la
correspondance de Bolo Pacha, ce dernier ayant financé la fondation
du journal Le Pays..
[21]
Ce dernier, né en août 1886, était un lointain descendant de Louis
XIV. Sa sœur Zita avait épousé Charles I° d’Autriche en
octobre 1911.
[22]
Clémenceau surnommait Benoît XV le pape boche ; au contraire,
Ludendorff l’appelait le pape français.
[23]
Rappelons que ce conseil avait été approuvé à l’automne 1917 par
Paul Painlevé, prédécesseur de Clémenceau, lors de la conférence de
Rapallo. Pour en savoir plus, voir le 7, section V, chapitre
quatrième, la troisième république.
[24]
En compensation, Pétain fut nommé maréchal en novembre 1918.
[25]
Kaiser étant le titre de Guillaume II, Empereur d’Allemagne.
[26]
Pour en savoir plus à ce sujet, voir le 2, section IV, chapitre
quatrième, la troisième république.
[27]
La ligne Siegfried n’était qu’un segment de la ligne Hindenburg,
comme nous l’avons vu en 1, section V, chapitre quatrième, la
troisième république.
[28]
Abréviation d’Abteilung 7 Verkehr, ce qui signifie « section
7 des transports. »
[29]
Les chars Mark IV avaient été capturés aux Britanniques.
[30]
On appelle victoire à la Pyrrhus toute bataille ou le
vainqueur a perdu autant d’hommes, voire plus, que le vaincu. Pour
en savoir plus sur le général Pyrrhus et l’origine de cette
expression, voir le 6, section II, chapitre troisième, histoire
de la Rome antique.
[31]
Cette opération fut nommée ainsi en l’honneur des généraux
Gebhard Leberecht von Blücher (vainqueur de Napoléon I° lors de
la bataille de Waterloo.) et Johann David Ludwig Yorck von
Wartenburg (qui participa aux campagnes d’Allemagne et de
France, en 1813 et 1814.).
[32]
L’or de la banque de France fut toutefois envoyé en province.
[33]
Le bois fut conquis par les Américains à la fin juin 1918.
[34]
Humbert était un militaire français né en avril 1862. Ce dernier,
participant aux expéditions du Tonkin et de Madagascar, fut nommé
général en 1912.
[35]
Gouraud, né en novembre 1867, sortit de Saint Cyr en 1888. Envoyé en
Afrique en 1894, il lança diverse offensives contre les tribus
hostiles à la présence française. Il rentra en France en 1914, nommé
général en septembre de la même année.
[36]
Degoutte, né en avril 1866, sortit de Saint Cyr en 1890. Partant en
Afrique, il rentra en France au début du XX° siècle. Participant à
la première guerre mondiale, il fut nommé général en mars 1916. A
noter que Degoutte fut nommé commandant de la VI° Armée en
remplacement du général Duchêne, limogé suite à l’opération Blücher-Yorck.
[37]
Mitry, né en septembre 1857, entra à Saint Cyr en 1875. Décidant de
servir dans la Cavalerie, il fut nommé général en 1915.
[38]
en cours d’exécution lors de la rédaction de cette note.
[39]
En 1917, la stratégie allemande consistait à élargir les tranchées
afin d’empêcher la progression des véhicules, tout en bombardant ces
derniers avec les mortiers de première ligne et avec l’artillerie
lourde à l’arrière.
[40]
Les sections volantes étaient constituées de soldats, chargés de se
diriger vers le tank ennemi afin de le détruire.
[41]
Les section hippomobiles avaient la même fonction que les sections
volantes, à ceci près qu’elles attaquaient le tank ennemi à cheval.
[42]
En allemand, Schwarzer Tag desdeutschen Heeres.
[43]
Les XVII° et XVIII° Armées allemandes, étaient des unités récentes,
formées en début d’année 1918.
[44]
A noter que le canal du Nord était en cours de construction, une
partie de tracé étant à sec.
[45]
L’objectif était de contrôler le chemin de fer passant par Sedan,
afin de perturber le ravitaillement allemand.
[46]
Liggett, né en mars 1857, était un militaire américain. Il participa
à la guerre contre l’Espagne en 1898, afin de s’assurer du contrôle
des Philippines, région où il fut affecté plusieurs années.
[47]
Bullard était un militaire américain né en janvier 1861. Il
participa à la guerre contre l’Espagne en 1898, et fut affecté à la
surveillance de la frontière mexicaine en 1912.
[48]
Rappelons que les militaires américains étaient surnommés les
sammies par les Français.
[49]
Debeney, né en mai 1864, sortit de Saint Cyr en 1886.
[50]
Elle consistait à envoyer des brigades volantes ou hippomobiles
contre les tanks.
[51]
Guillaumat, né en janvier 1863, entra à Saint Cyr en 1882. Envoyé en
Afrique suite à sa sortie d’école, il fut muté au Tonkin en 1897.
Rentrant en France en 1901, Guillaumat fut nommé général en 1913.
[55]
Aujourd’hui Skopje, capitale de la Macédoine.
[56]
Les Roumains avaient récupéré la Dobroudja en août 1913, à l’issue
de la seconde guerre balkanique. Pour en savoir plus, voir le b), 4,
III, chapitre troisième, la troisième
république.
[57]
Mehmed VI, né en janvier 1861, succéda à son frère Mehmed V
en juillet 1918. Ce dernier, considérant que la Turquie n’était plus
en mesure de se battre, et espérant que les alliés seraient
cléments, décida de négocier une reddition. Cependant, ce geste fut
perçu comme une trahison par la population, qui ne tardèrent à se
révolter contre le sultan.
[58]
Straußenburg était un militaire autrichien né en juin 1857.
[59]
Diaz était un militaire italien né en décembre 1861. Officier
d’Artillerie, il fut promu général en 1914.
[60]
Rappelons que ce dernier avait succédé à François-Joseph en novembre
1916.
[61]
La Tchécoslovaquie (aujourd’hui divisée entre république tchèque et
Slovaquie.), Etat situé au nord de l’Autriche, fut formé sur les
anciennes régions de Bohême, Moravie et Galicie.
[62]
Le royaume des Serbes, Croates et Slovènes fut renommé Yougoslavie
en 1929. Comme son nom l’indique, il s’agissait d’un regroupement
d’Etats indépendants (Serbie et Monténégro.), d’Etats annexés par
l’Autriche (Bosnie-Herzégovine.), et de régions autrefois sous
domination de l’Empire austro-hongrois (Slovénie et Croatie.).
[64]
Comme nous l’avons vu précédemment, les 14 points étaient les
suivants : négociations de paix ; liberté de navigation ; liberté de
commerce ; limitation des armements ; règlement des questions
coloniales ; évacuation de la Russie ; évacuation de la Belgique ;
retour de l’Alsace-Lorraine à la France ; rectification des
frontières italiennes ; autonomie des peuples de l’Empire
austro-hongrois ; évacuation de la Serbie, du Monténégro et de la
Roumanie ; rectification des frontières turques ; création d’un Etat
polonais ; création de la Société des Nations.
[65]
A noter que depuis 1916, le gouvernement allemand était entre les
mains de l’Etat-major.
[66]
Ce dernier, né en juillet 1867, était le fils de Guillaume de
Bade, fils cadet de Léopold I°, grand-duc de Bade.
[68]
Ne pas confondre capitulation, c'est-à-dire une demande de paix
formulée par l’armée vaincue ; et l’armistice, demande de paix
formulée par le gouvernement vaincu. L’une est militaire, l’autre
politique.
[69]
Il quitta l’Allemagne pour la Suède suite à la signature de
l’armistice.
[70]
L’armistice du 11 novembre 1918 est parfois surnommé armistice de
Rethondes, la signature du texte s’étant effectuée non loin de
la commune de Rethondes.
[71]Sozialdemokratische Partei Deutschlands (ou SPD.) en
allemand.
[72]
Pour en savoir plus sur le traité de Brest-Litovsk, voir le b), 1,
section VI, chapitre quatrième, la troisième république.
[73]
Pour en savoir plus sur le traité de Bucarest, voir le d), 4,
section VI, chapitre quatrième, la troisième république.