II : La troisième république triomphante (1879 à 1885)
1° Les premières années de mandat
de Jules Grévy – Suite à la nomination de Jules Grévy à la présidence de
la république, Jules Dufaure décida de démissionner. Le nouveau chef de
l’Etat décida alors de confier le poste de président du conseil au député de
centre-gauche William Henry Waddington[1],
le 5 février 1879 (à noter que Grévy ne fit pas appel à Gambetta, pourtant
chef du parti républicain, car il ne l’aimait guère[2].).
a)
Le ministère Waddington (février à décembre 1879) : ainsi, aux côtés du nouveau chef du
gouvernement, qui conservait son portefeuille des Affaires étrangères, l’on
retrouvait Jules Ferry, ministre de l’instruction publique ; Charles
Louis de Saulcesde Freycinet[3],
ministre des Travaux publics ; et Jean
Baptiste Léon Say[4],
ministre des Finances.
William Waddington (à gauche.), et Léon Say
(à droite.), Le Monde Illustré, 22 décembre 1877.
Waddington, personnage peu connu aujourd’hui, eut malgré tout un bilan
plutôt positif.
Ainsi, dès le 31 janvier, la Chambre des députés et le Sénat décidèrent de
faire leur retour à Paris[5] ;
le 14 juillet, commémorant la fête de la Fédération, fut déclarée fête nationale[6] ;
et la Marseillaise fut adoptée en tant qu’hymne national.
La fête de la Fédération,
par Charles THEVENIN, fin du XVIII° siècle, musée Carnavalet, Paris.
Par la suite, courant février 1879, de nouvelles épurations furent
organisées dans l’administration, l’armée et la diplomatie.
La remise de ses nouveaux drapeaux et étendards à l'armée française
sur l'hippodrome de Longchamp, le 14 juillet 1880, par Edouard
DETAILLE, vers 1881, musée des Invalides, Paris.
Plusieurs réformes concernant l’éducation furent mises en place grâce à
l’action de Jules Ferry. Ainsi, ce dernier présenta en mars 1880 deux
projets de loi devant la Chambre des députés : le premier contraignait
chaque département à se doter d’une
école normale d’instituteur[7],
chargée de former les instituteurs de l’enseignement public ; le second
interdisait aux congrégations religieuses d’enseigner sans avoir reçu une
autorisation[8].
Si
une partie du projet de Ferry fut adopté à l’été 1880, la question des
congrégations fut une pomme de discorde entre catholiques et anticléricaux,
même au sein de l’hémicycle.
Comme le Sénat refusa de donner son accord, le gouvernement décida d’avoir
recours à des décrets afin de se débarrasser des congrégations.
A
noter qu’en juin 1879, une nouvelle fit grand bruit, concernant Napoléon
Eugène Louis Bonaparte, fils unique de Napoléon III. Ce dernier, qui
s’était engagé dans les rangs de l’armée britannique d’Afrique australe,
avait trouvé la mort lors d’une patrouille de reconnaissance. Surpris par un
groupe de guerriers zoulous, le prince fut abandonné par ses
compagnons anglais, et percé de 17 coups de lance.
La mort de Napoléon Eugène en Afrique.
Suite au décès de Napoléon IV, comme le surnommaient les
bonapartistes, ce fut son cousin
Napoléon Joseph Charles Paul Bonaparte[9]
qui devint le chef de la famille Bonaparte[10].
Les funérailles de Napoléon Eugène (l'on peut apercevoir sur cette photo
truquée les grandes figures du Bonapartisme, dont Napoléon Joseph, à droite,
aux côtés d'Eugène Rouher).
Waddington, quant à lui, tentant de trouver un équilibre entre radicaux et
modérés, fut contraint de démissionner en décembre 1879.
b)
Le ministère Freycinet (décembre 1879 à septembre 1880) : suite à la démission de Waddington, Grévy
décida de confier à Charles de Freycinet la charge de président du conseil.
Charles de Freycinet.
Ce
dernier, récupérant le portefeuille des Affaires étrangères, conserva la
majorité des ministres du précédent gouvernement (Gambetta, une fois de plus
écarté, parla de « replâtrage. »).
Le
nouveau président du conseil, suivant les traces de son prédécesseur, fit
voter l’amnistie totale des communards[11] ;
par ailleurs, la compagnie de Jésus[12]
fut dissoute et les jésuites expulsés à la fin juin (conformément aux
décrets promulgués le 29 mars 1880.).
Cependant, Freycinet fut poussé à la démission le 19 septembre 1880, car
jugé trop prudent en matière de politique anticléricale (il souhaitait
trouver un équilibre entre catholiques et anticléricaux, et perdit le
soutien de Gambetta.).
2° Les réformes du gouvernement Ferry (septembre 1880 à
novembre 1881) – Freycinet ayant présenté sa démission à Jules Grévy, ce
dernier décida de confier la fonction de président du conseil à Jules Ferry.
Jules Ferry.
a)
Ferry rend l’école obligatoire et proclame la liberté de la presse :
le nouveau venu, qui décida de conserver son portefeuille de l’Instruction
publique, renouvela sa confiance envers les ministres du précédent
gouvernement (Gambetta, exclu pour la troisième fois, parla non sans
amertume de « replâtrage d’un replâtrage. »).
Ferry, qui s’était fait connaître ces derniers mois grâce à ces réformes
concernant l’éducation, promulgua de nouvelles lois réformant l’instruction
publique. Ainsi, furent créés les lycées pour filles (décembre 1880.) ; en
outre, l’enseignement primaire fut déclaré gratuit (16 juin 1881[13].).
Plus tard, le 29 juillet 1881, la loi sur la liberté de la presse fut
adoptée à la Chambre des députés. Les cautions et autorisations
préalables[14]
étaient supprimées, ce qui entraina un développement fulgurant de la presse,
« dopée » par la publicité.
b)
Histoire de l’Empire colonial français : Jules Ferry, aujourd’hui
reconnu grâce à ses réformes concernant la scolarité, resta aussi célèbre
pour sa politique coloniale d’envergure.
Le
premier Empire colonial français, construit pendant l’époque moderne, entre
le XVI° et le XVIII° siècle, n’avait pas survécu aux velléités
expansionnistes de l’Angleterre. Ainsi, alors que la France s’était établie
en Inde, au Sénégal et surtout en Amérique du Nord[15],
elle perdit la plupart de ses colonies suite à la
guerre de sept ans[16]
(les territoires américains perdus lors de ce conflit furent en partie
récupérés à l’issue de la guerre
d’indépendance américaine[17],
mais Napoléon préféra les vendre aux jeunes Etats Unis en 1806.).
Finalement, ce fut sous le second Empire que Napoléon III, gagné aux thèses
des Saint-simoniens[18],
décida de favoriser une politique d’intervention et d’expansion outre mer.
En
Afrique, les Français affermirent leur présence au Sénégal, puis établirent
leur domination sur Djibouti, Madagascar et les îles Comores ; le canal
de Suez fut inauguré en 1869, assurant une présence française en
Egypte ; en Extrême-Orient, Napoléon III établit un protectorat en
Cochinchine, au Cambodge[19],
et au Siam[20].
En
1870, les possessions françaises outre mer atteignaient une superficie de
plus d’un million de kilomètres².
c)
Le traité du Bardo (avril à mai 1881) : au printemps 1881, un
incident survenu en Afrique du nord contribua au redémarrage de la politique
coloniale française dans cette région du monde.
Ainsi, cinq cent hommes de la tribu tunisienne des Khumir (francisée
en Kroumir.) firent une incursion en Algérie début avril 1881, tuant
cinq soldats français. Cet évènement étant grave, Ferry se fit alors
accorder par la Chambre des députés un crédit de six millions de francs afin
de lancer une expédition en Tunisie.
L'expédition des Khumir, Le Monde
Illustré, N° 1261, 28 mai 1881.
Cette région, à l’époque, était théoriquement soumise à l’Empire ottoman,
mais dans les faits avait acquis une large autonomie depuis maintenant plus
d’un siècle. Le bey[21]
de Tunis, Mohammed el Sadik, était débiteur de 350 millions, dette
contractée principalement en France. Une commission fut alors mise en place
afin de contrôler les finances tunisiennes, mais elle devint rapidement un
foyer d’intrigues.
Deux pays étaient intéressés par l’établissement d’un protectorat sur la
Tunisie : l’Italie, puisque 55 000 Italiens étaient installés dans la région
et parce que le bey leur était plutôt favorable ; et la France, en raison de
la proximité de l’Algérie.
En
Europe, l’Allemagne était plutôt favorable à la France (l’objectif était de
détourner les Français de l’Alsace-Lorraine ; mais aussi de les brouiller
avec les Italiens.) ; l’Angleterre, quant à elle, ne voyait pas d’un bon œil
l’établissement de l’Italie sur les deux rives du détroit de Sicile.
Fin avril 1881, 30 000 soldats franchirent la frontière algéro-tunisienne et
8 000 débarquèrent à Bizerte. L’Allemagne et l’Angleterre n’intervinrent
pas, mais l’Italie et la Turquie émirent de violentes protestations (ce
« coup de Trafalgar » français incita l’Italie à rejoindre l’alliance
austro-allemande, la Duplice[22],
donnant naissance à la Triplice[23].).
Officier d'Infanterie, tenue 1872-1884, musée de l'Infanterie, Montpellier.
Ainsi, le 12 mai, Mohammed el Sadik fut contraint de signer le traité du
Bardo (du nom de la résidence du bey, non loin de Tunis.), reconnaissant
le protectorat français.
La signature du traité du Bardo.
Les institutions ne seraient pas modifiées, toutefois, un résident général
français serait chargé de contrôler le gouvernement du bey et
l’administration locale.
Toutefois, ce traité fut critiqué par les radicaux, qui considéraient que
Ferry avait entraîné un net refroidissement de l’amitié franco-italienne. Le
député Georges Clémenceau, présentant le président du conseil comme un ogre
avide de conquêtes, affirma son intention de le traîner en justice.
Portrait de
Georges Clémenceau (vers 1870), entouré de son écharpe de maire, musée de
Montmartre, Paris.
d)
Poursuite de la politique coloniale française en Extrême-Orient :
comme nous l’avons vu précédemment, les Français s’étaient établis en
Cochinchine et au Cambodge sous le second Empire ; en outre, le traité de
Saigon, signé en mars 1874 avec l’Empereur Tu Duc, souverain
d’Annam, autorisait la circulation des navires français au Tonkin[24].
Tu Duc.
En
Chine, l’Impératrice douairière[25]Cixi[26]voyait d’un mauvais œil la présence
française à la frontière sud. Ainsi, elle favorisa le développement des
pavillons noirs, des soldats irréguliers chargés d’harceler les navires
marchands français au Tonkin.
L'Impératrice Cixi.
Apprenant le climat d’insécurité qui régnait dans la région, Jules Ferry
obtint de la Chambre des députés un pécule de 2,5 millions de francs afin de
lutter contre les pirates chinois (juillet 1881.).
Cependant, la démission de Ferry en fin d’année marqua un coup d’arrêt des
opérations militaires au Tonkin.
e)
Les élections législatives d’août 1881, la montée du radicalisme : à
l’automne 1881 furent organisées de nouvelles élections législatives, qui
consacrèrent la victoire de l’Union républicaine de Léon Gambetta.
Les députés issus de cette formation politique récupérèrent 204 sièges (sur
545 au total.), formant ainsi le plus important parti politique de
l’assemblée.
A
gauche, l’on retrouvait aussi les socialistes et
radicaux-socialistes[27]
(46 sièges.), la gauche républicaine (168 sièges.), et une quarantaine de
modérés.
La
droite était une fois de plus la grande perdante de ces élections, ne
parvenant à faire élire que 46 bonapartistes et 42 monarchistes (orléanistes
et légitimistes formant un seul groupe.).
Comme nous l’avons vu précédemment, le traité du Bardo avait été vivement
critiqué par les radicaux. S’était ajouté à ces voix contestataires celles
des membres de l’Union républicaine, qui considéraient qu’il était du devoir
du chef de l’Etat de nommer un président du conseil issu du premier
groupement politique de la Chambre des députés.
Finalement, Ferry présenta sa démission le 10 novembre 1881, et Grévy fit
appel à contre cœur à Léon Gambetta, qu’il détestait.
3° La valse des ministères (novembre 1881 à janvier 1883) –
Gambetta, arrivant au pouvoir en novembre 1881, annonça son intention de
mettre en place un Grand ministère, véritable gouvernement national.
Toutefois, la recherche des futurs ministres se fit dans la douleur, car
plusieurs députés de premier plan, en raison de divergence de vues ou
pensant que ce ministère de durerait pas, préférèrent s’abstenir (citons au
hasard Léon Say, Freycinet, etc.).
Ainsi, le président du conseil fut contraint de nommer aux différents
ministères plusieurs de ses fidèles, aucun n’ayant une grande envergure.
Léon Gambetta, par BONNAT, fin du XIX° siècle, château de
Versailles, Versailles.
a)
Le bref ministère Gambetta (novembre 1881 à janvier 1882) : le
nouveau gouvernement, surnommé le Grand ministère, mais cette fois ci par
dérision, fut rapidement critiqué par les députés. En effet, ces derniers
n’apprécièrent pas la création du ministère de l’Agriculture et du ministère
des Arts[28]
(les budgets respectifs de ces deux portefeuilles furent réduits à leur plus
simple expression par la Chambre des députés.).
Suite à sa nomination, Gambetta poursuivit la politique étrangère de Jules
Ferry, confirmant la mise en place d’un protectorat sur la Tunisie.
Le
président du conseil affirma aussi sa volonté de maintenir une sphère
d’influence française en Egypte, à une époque ou l’Angleterre prenait de
plus en plus d’importance dans ce pays[29]
(ce qui ne fut pas le cas de ses successeurs, consacrant la suprématie
anglaise dans cette région du monde.).
Toutefois, alors que Gambetta souhaitait mettre en place d’importantes
réformes (création de l’impôt sur le revenu, réforme du Sénat, rachat des
réseaux de chemin de fer, recours à l’emprunt afin de soutenir
l’agriculture, etc.), son parti se scinda suite à la fondation du mouvement
de la gauche radicale de René
Goblet[30],
qui emmena avec lui une partie des députés de l’Union républicaine.
René Goblet.
Malgré ce coup dur, Gambetta proposa un projet de loi le 14 janvier 1882,
suite au renouvellement par tiers du Sénat (qui avait conforté la majorité
républicaine.) : le premier point prévoyait la suppression des 75 sénateurs
inamovibles (et de les remplacer par des sénateurs élus.) ; le second point
de faire élire les députés au scrutin de liste départemental afin de
favoriser les grandes villes (alors que le scrutin se déroulait alors au
niveau de l’arrondissement, subdivision du département.).
Toutefois, ce projet de révision partiel de la constitution effraya les
députés, qui pensaient que l’adoption de cette loi entrainerait une
dissolution de la Chambre des députés.
Ainsi, le 26 janvier 1882, le projet de loi fut rejeté par 278 voix contre
218. Gambetta décida alors de démissionner, à la plus grande joie de Jules
Grévy, qui le remplaça par Charles de Freycinet[31].
A
noter que le 19 janvier 1882 eut lieu le krach de la banque de l’Union
générale, un organisme financier catholique. La fermeture des guichets
de cet établissement provoqua la ruine de nombreux épargnants ; par
ailleurs, cette crise se répercuta sur toutes les sociétés liées de près ou
de loin à la banque de L’Union (plusieurs sociétés des mines, du bâtiment et
de la métallurgie, privées de fonds, furent contrainte de licencier voire de
fermer boutique.).
Cet évènement, outre le marasme économique qu’il engendra pendant près d’une
décennie, favorisa aussi la montée de l’antisémitisme (la banque Rothschild,
appartenant à une famille juive, ayant spéculé à la baisse sur les actions
de l’Union générale.).
b)
Le second ministère Freycinet (janvier à juillet 1882) : Freycinet,
suite à sa nomination, mit en place un gouvernement peu différent de celui
qu’il avait constitué en 1880. Ainsi, le président du conseil récupéra le
portefeuille des Affaires étrangères ; René Goblet fut nommé ministre de
l’Intérieur ; Léon Say eut les Finances ; Ferry reçut l’Instruction
publique.
La
principale réforme de ce second ministère Freycinet fut promulguée à
l’initiative de Jules Ferry, prévoyant l’obligation de l’enseignement
primaire. Par ailleurs, un jour sans école fut instauré le jeudi (l’objectif
était de permettre l’instruction religieuse en dehors de l’établissement
pendant cette journée.).
A
noter que si cette loi est considérée aujourd’hui comme une grande avancée
sociale, elle fut à l’époque vivement critiquée par de nombreux Français. En
effet, les enfants étaient encore souvent mis à contribution afin d’aider
les adultes dans leur travail (moissons, mines, etc.).
Le
29 juillet 1882, le gouvernent Freycinet fut interpellé par le député
Georges Clémenceau, qui réclama le vote d’une motion de confiance.
Toutefois, le président du conseil ne disposant pas d’une majorité au sein
de l’hémicycle, il fut mit en minorité.
Freycinet décida alors de démissionner.
c)
Les éphémères gouvernements Duclerc & Fallières (juillet 1882 à janvier
1883) : Grévy, peu de temps après la démission de Freycinet, décida de
confier au député Charles Duclerc[32]la charge de président du conseil.
Charles Duclerc.
Ce
dernier, républicain modéré, constitua un gouvernement ne comptant guère
d’hommes illustres. Cette faiblesse ministérielle se traduisit concrètement
à l’étranger, le gouvernement Duclerc abandonnant à l’Angleterre le contrôle
complet de l’Egypte[33]
(à noter que suite aux massacres d’Européens dans la région, en juin 1882,
l’Angleterre avait lancé une expédition contre Alexandrie, mais la France ne
bougea pas.).
Fin janvier 1883, mis en difficulté à la Chambre des députés, le président
du conseil fut remplacé par Armand
Fallières[34].
Armand Fallières, par Alfred ROLL, 1891.
Ce
dernier, maintenant à leurs postes la quasi-totalité des ministres du
précédent gouvernement, ne fut guère plus heureux que Duclerc. En effet,
moins de trois semaines après sa nomination, Fallières décida de présenter
sa démission au président de la république (27 janvier 1883.).
4° Le long gouvernement Ferry, réformes et colonialisme
(janvier 1883 à avril 1885) – Fallières ayant présenté sa démission à
Jules Grévy, ce dernier décida de confier la fonction de président du
conseil à Jules Ferry.
a)
Les réformes du second ministère Ferry : peu de temps après la
démission de Fallières, ce fut Jules Ferry qui fut chargé de prendre la tête
du nouveau gouvernement.
Ce
dernier, renouvelant une partie des anciens ministres, s’arrogea le
portefeuille de l’Instruction publique. Par ailleurs,
Pierre Waldeck Rousseau[35]reçut le ministère de l’Intérieur ;
Jules Méline[36]eut les Finances.
Pierre Waldeck Rousseau et Jules Méline.
Malgré la crise économique qui sévissait en France depuis 1882 (krach de la
banque de l’Union générale.), le gouvernement Ferry parvint à s’inscrire
dans la durée, opérant de nombreuses réformes.
Ainsi, le 22 mars 1884, la loi Waldeck Rousseau autorisa les
syndicats, sauf dans la fonction publique (ces derniers étaient interdits
depuis la Révolution française, en vertu de la
loi Le Chapelier[37].) ;
le 27 juillet, la loi Naquet[38]
assouplit les conditions de divorce[39]
(étaient acceptés les séparations en cas de fautes, telles que l’adultère,
les sévices, etc.) ; enfin, série de lois constitutionnelles furent votées
en août 1884 (les membres des familles ayant régné sur la France ne pouvaient
pas se présenter à la présidence de la république ; les prières publiques
lors de la réunion des chambres furent abolies ; les membres inamovibles du
Sénat furent supprimés[40].).
b)
La conférence de Berlin (novembre 1884 à février 1885) : la politique
coloniale française, en pleine expansion depuis quelques années, n’était
pourtant pas considérée comme menaçante par Otto von Bismarck, le
chancelier prussien. Au contraire, ce dernier considérait que l’intervention
française outre mer, lancée moins d’une décennie après la guerre de 1870,
constituait un excellent dérivatif, faisant oublier aux Français leur
ressentiment contre la Prusse.
Entre novembre 1884 et février 1885 fut organisée la conférence de Berlin
dans la capitale allemande. Participèrent à cette réunion, organisée à
l’initiative de Bismarck, de nombreux pays européens (France, Allemagne,
Autriche, Belgique, Royaume Uni, Italie, Portugal, Russie, etc.) ainsi que
les Etats Unis et la Turquie.
La conférence de Berlin.
L’objectif n’était pas de se partager l’Afrique, mais au contraire de
délimiter la sphère d’influence des pays européens ayant pris pied sur ce
continent.
Le partage de l'Afrique, caricature publiée dans La Caricature, 1887.
Ainsi, la Belgique reçut la suzeraineté sur le Congo[41]
(dont la France récupéra une portion de territoire au nord ouest[42].) ;
la France, confirmée en Algérie, Sénégal et Tunisie, récupéra le Niger et le
Tchad ; l’Angleterre vit ses droits confirmés sur le Soudan et l’Egypte ; le
Portugal fut confirmé en Angola et en Mozambique, deux régions situés
respectivement au sud ouest et au sud est de l’Afrique[43] ;
l’Allemagne reçut le Cameroun, la Namibie et la Tanzanie ; enfin, l’Italie
fut confirmée en Lybie[44].
L'Afrique en 1914.
D’un point de vue économique, la traite des noirs fut interdite[45] ;
la liberté de commerce dans le bassin du Congo et la liberté de navigation
sur les fleuves Niger et Congo fut établie.
c)
Le déclenchement de la guerre contre la Chine (février 1883 à décembre
1884) : comme nous l’avons vu précédemment, les Français étaient
désormais établis en Cochinchine et au Cambodge ; en outre, ils
bénéficiaient du droit de libre circulation sur le fleuve Rouge, au Tonkin.
Cependant, la piraterie sévissait dans la région, officieusement entretenue
par la Chine, qui se méfiait des navires français naviguant non loin de ses
côtes. Ainsi, en juillet 1881, le premier ministère Ferry avait débloqué des
crédits afin de lutter contre les pavillons noirs.
Retrouvant son poste de président du conseil en février 1883, Jules Ferry
décida donc d’intensifier l’action du gouvernement dans la région, après
deux années d’immobilisme.
Le
nouveau président du conseil, ardent défenseur de la colonisation (ce
dernier considérait qu’il était du devoir des nations civilisées d’éduquer
les peuples « inférieurs. »), fit approuver par la Chambre des députés
l’envoi d’un corps expéditionnaire français de 4 000 hommes en
Extrême-Orient (26 avril 1883.). Ferry, souhaitant justifier cette politique
expansionniste, disait : l’abstention mène à la décadence, les nations ne
sont grandes que par l’activité.
Ainsi, grâce à ces renforts, les Français lancèrent le 25 août une offensive
victorieuse sur Hué, capitale de l’Annam. L’Empereur
Hiep Hoa[46]
fut alors contraint d’accepter un protectorat peu de temps après, cédant le
Tonkin à la France.
L'Indochine française, de 1867 à 1909.
Ce
traité de Hué[47],
jugé inacceptable par les Annamites[48],
fut aussi rejeté par la Chine. Ainsi, l’Impératrice Cixi décida d’envahir le
Tonkin sans déclaration de guerre, à l’automne 1883. Cependant, en raison de
la résistance opiniâtre des forces françaises se trouvant dans la région, la
Chine décida de signer la convention de Tsien Tsin en mai 1884.
L’Impératrice Cixi reconnaissait le traité de Hué, acceptant le protectorat
français sur le Tonkin et l’Annam ; par ailleurs, elle s’engageait à payer
une indemnité de guerre d’un montant de 250 millions de francs.
Mais quelques semaines après la signature de la convention, les Chinois
attaquèrent une colonne française qui se trouvait au Tonkin. Cette attaque
déloyale fut vivement critiquée à la Chambre des députés, et certains élus
réclamèrent une riposte en direction de Pékin, la capitale chinoise. La
France déclara donc la guerre à la Chine le 18 décembre 1884 ; cependant,
craignant la réaction des capitales européennes, Ferry préféra concentrer
les opérations militaires françaises sur le Tonkin et le sud de la mer de
Chine.
d)
L’offensive française en mer de Chine (août 1884 à mai 1885) : en
août 1884, l’amiral Amédée Anatole Prosper Courbet, qui commandait la
flotte française, décida de bloquer les ports de Kilung et Tamsui sur l’île
de Formose[49].
Toutefois, suite à une tentative de débarquement, les Français furent
contraints de se retirer, ayant perdu près de 700 hommes.
Le Trident, cuirassier d'escadre, 1876 à 1909, musée de la Marine, Paris.
A
la fin du mois, Courbet remporta la
bataille de Fuzhou[50].
Ainsi, en quelques heures, les Français détruisirent la flotte chinoise
ancrée dans cette rade, l’arsenal de Fuzhou, plusieurs canons, ainsi que
plusieurs forteresses se trouvant sur la côte[51].
A l’issue de l’affrontement, l’on ne déplorait que dix tués et une
cinquantaine de blessés du côté des forces françaises.
Plus tard, en octobre 1884, Courbet revint devant Formose, et fit occuper
Kilung. Puis, fin mars 1885, il s’empara des Pescadores, un chapelet d’îles
reliant la province du Fujian à Formose.
Figurines de matelots (cet uniforme est celui porté par les équipages de
l'escadre de l'amiral Courbet, pendant la campagne de Chine de 1885), fin du
XIX° siècle, musée de la Marine, Paris.
e)
L’offensive française au Tonkin (novembre 1884 à mars 1885) : au
Tonkin, la mousson[52]
mit un terme aux opérations militaires françaises en fin d’année 1884.
Cependant, les Chinois mirent cette période à profit, progressant vers le
sud. C’est ainsi qu’ils assiégèrent la forteresse de Tuyên Quang en novembre
1884, alors occupée par un bataillon de la
Légion étrangère[53].
Le siège de Tuyên Quang.
La
garnison, qui comptait 400 légionnaires, 160 Tonkinois et quelques civils,
était en nette infériorité numérique, l’ennemi disposant de 12 000 soldats
(soit 9 000 Chinois et 3 000 hommes des pavillons noirs.).
En
outre, la citadelle n’occupait pas une position stratégique. Bâtie sur la
rive droite de la rivière Claire, un confluent du fleuve Rouge, sa fonction
originelle était de contrôler plus facilement le passage des navires.
Cependant, elle était entourée par plusieurs collines, ce qui la rendait
vulnérable aux tirs ennemis.
De
décembre à janvier les Chinois lancèrent plusieurs offensives contre Tuyên
Quang, qui furent repoussés par les Français. L’ennemi commença à creuser
des tranchées, progressant peu à peu vers la forteresse. Les légionnaires
furent alors chargés de ralentir autant que possible l’avancée ennemie.
Equipés de fusil Lebel, les Français firent beaucoup de dégâts dans les
rangs ennemis[54] ;
à contrario, les Chinois mal équipés ne parvinrent pas à rivaliser avec la
précision des légionnaires, bien que postés sur les collines surplombant
Tuyên Quang.
Début février, les forces chinoises avaient atteint le mur d’enceinte. Les
deux belligérants s’engagèrent alors dans des travaux de mines et
contre-mines[55],
qui causèrent l’ouverture de plusieurs brèches dans les murs de la
forteresse.
Fort de leurs récents succès, les Chinois lancèrent fin février plusieurs
assauts contre Tuyên Quang, mais furent à chaque fois repoussés par les
légionnaires.
En
mars 1885, le colonel Ange Laurent Giovanninelli, à la tête d’une
colonne française de secours, remporta la bataille de Hoa Moc, à
environ huit kilomètres de Tuyên Quang. Les Chinois, apeurés, décidèrent
alors d’abandonner le siège de la citadelle.
A
l’issue de la bataille de Tuyên Quang, les Français comptaient 50
tués et plus de 200 blessés ; les Chinois, quant à eux, avaient perdu près
de 3 000 hommes (1 000 tués et 2 000 blessés.).
f)
L’expédition de Lang Son (février à mars 1885) : en début d’année
1885, alors que la bataille de Tuyên Quang faisait rage, à Paris, la Chambre
des députés débattait sur la stratégie à adopter au Tonkin. Ainsi, le
général Jean Baptiste Marie Edouard Campenon, ministre de la Guerre,
considérait qu’il fallait consolider la présence française dans le delta du
Tonkin, à l’embouchure du fleuve Rouge ; au contraire, l’opposition
réclamait la mise en place d’une expédition vers le nord du pays, afin de
chasser les Chinois du Tonkin. Suite à la démission de Campenon, le nouveau
ministre de la guerre, le général Jules Louis Lewal, décida de mettre
en place une expédition vers Lang Son.
Le
général Louis Brière de l'Isle fut alors nommé commandant du corps
expéditionnaire français, comptant deux bataillons, soit environ 7 000
hommes (la première était commandée par le colonel Ange Laurent
Giovanninelli, la seconde par le général François Oscar de Négrier.).
Alors qu’ils progressaient vers Lang Son, les Français furent attaqués par
les forces chinoises, mais remportèrent néanmoins ces quelques escarmouches.
A
la mi-février 1885, le corps expéditionnaire fit son entrée dans Lang Son,
abandonnée par les Chinois (ces derniers s’étaient retirés vers la
forteresse de Dong Dang, à quelques kilomètres au sud de la frontière
chinoise.).
La bataille de Lang Son, février 1885 (à noter qu'il s'agit d'une
illustration de propagande, les troupes chinoises ayant évacué la cité avant
l'arrivée des Français).
Peu de temps après, le général Brière décida de scinder ses forces en deux
colonnes : le premier bataillon, sous le commandement du colonel
Giovannielli, fut envoyé au secours de Tuyên Quang ; le second, aux ordres
du général de Négrier, reçut l’ordre de marcher vers Dong Dang.
Ce
dernier, arrivant sous les murs de la forteresse à la fin février 1885,
parvint finalement à prendre Dong Dang, malgré la supériorité numérique de
l’ennemi (2 000 Français contre 6 000 Chinois.).
Suite à l’affrontement, de Négrier traversa la frontière chinoise, pénétrant
dans la province de Guangxi. Il fit alors détruire la porte de Chine,
un édifice délimitant la frontière entre la Chine et l’Annam. Cependant, ne
se sentant pas assez fort pour rester en Chine, le général de Négrier décida
de reculer vers Lang Son, laissant une petite garnison à Dong Dang.
La porte de Chine.
Toutefois, apprenant courant mars que les Chinois préparaient une importante
contre-attaque, de Négrier décida de marcher vers le nord, traversant la
frontière afin de rejoindre Bang Bo, ou s’était installé l’ennemi.
Mais alors que de Négrier ne disposait que de 1 600 soldats, les Chinois
étaient plus de 10 000[56].
Malgré leur désavantage numérique, les Français partirent à l’assaut, mais
furent repoussés par l’ennemi. De Négrier, ayant eut 70 tués et plus de 200
blessés (contre 1 500 tués et au moins 3 000 blessés côté chinois.), décida
alors de rebrousser chemin, reculant vers Dong Dang.
Suite à la bataille de Bang Bo, les Chinois, plus confiants depuis
leur victoire, harcelèrent les Français lors de leur repli vers le sud.
C’est ainsi que se déroula la bataille de Ky Lua, à quelques
kilomètres au nord de Lang Son.
Mais les Français, s’appuyant sur leur artillerie et soucieux de venger
leurs camarades tués à Bang Bo, parvinrent finalement à faire reculer
l’ennemi, lui infligeant d’importantes pertes (1 200 tués et près de 6 000
blessés.).
Cependant, le général de Négrier fut grièvement blessé lors de l’offensive,
et confia le commandement au colonel Paul Gustave Herbinger.
Ce
dernier, convaincu que les Chinois préparaient un encerclement général de
Lang Son (alors qu’ils reculaient vers la frontière nord.), décida donc
d’évacuer la cité et de marcher vers le sud du Tonkin.
Plusieurs officiers protestèrent, jugeant leur position solide (d’autant
plus que l’épuisement physique d’Herbinger, souffrant de la malaria, pouvait
influencer sa décision.). Malgré tout, l’ordre fut donné d’évacuer la cité ;
les canons, qui selon Herbinger risquaient de ralentir la marche, furent
abandonnés en pleine jungle[57].
Le
général Brière, qui se trouvait alors à Hanoï, fut stupéfait d’apprendre la
retraite d’Herbinger. Sur le coup de la surprise, il envoya un télégramme
alarmiste à Paris, qui arriva à la fin du mois de mars 1885.
Cependant, se rendant compte que le colonel Herbinger avait volontairement
noirci le tableau afin de pouvoir reculer[58],
de Brière lui envoya un télégramme, lui donnant l’ordre de ne pas reculer et
de tenir sa position à Thanh Moy[59].
Mais, par la suite, il autorisa Herbinger à reculer vers Chu, à 45
kilomètres au sud de Lang Son (ce que ce dernier, rendu fou par les fièvres,
fit immédiatement.).
Début avril, Brière décida de démettre Herbinger de ses fonctions ; ce
dernier fut alors remplacé par le colonel Gustave Borgnis Desbordes,
qui fut chargé de mettre un terme au mouvement de retraite.
Au
même, les Chinois apprirent avec grand étonnement la retraite des Français.
Ils décidèrent donc de se diriger vers le sud, s’installant à Bac Le et Dong
Song, à une dizaine de kilomètres au nord de la position française.
Toutefois, trop affaiblie par les récents combats, l’armée chinoise n’eut
pas les moyens d’attaquer.
Canon chinois pris vers 1885 par les forces françaises, musée de
l'Infanterie, Montpellier.
g)
La retraite de Lang Son provoque la chute du ministère Ferry (mars 1885)
: le premier télégramme alarmiste du général Brière fut publié dans les
journaux parisiens le 29 mars 1885 : les Chinois débouchant par grosses
masses ont attaqué avec impétuosité nos positions […] l’ennemi
grossit toujours […]
A
Paris, l’annonce de la retraite du corps expéditionnaire français fit grand
bruit, de nombreux journalistes et députés voyant dans cet incident un
nouveau Waterloo ou un second Sedan.
Ferry, sachant que l’affaire du Tonkin n’était qu’une tempête dans un
verre d’eau (les Français, bien qu’ayant reculé, étaient en position de
force ; les Chinois, trop affaiblis, n’étaient pas en mesure de livrer une
nouvelle bataille.), fit face à une vive hostilité de la Chambre des
députés.
En
effet, le président du conseil fut violemment attaqué par les radicaux (et
particulièrement par Clémenceau, farouche opposant à la colonisation.), mais
aussi par des républicains plus modérés, qui voyaient en cette défaite au
Tonkin la première humiliation de l’armée française depuis la guerre de
1870.
Ainsi, Ferry fut contraint de présenter sa démission suite à un vote de
défiance à l’assemblée.
Assiette à soupe, par Alfred le Petit, fin du XIX° siècle, musée Carnavalet,
Paris. Cette dernière porte l'inscription suivant : La Carotte, Jules Ferry
: Cet habile politicien, a des malices plein sa botte, mais nul ne
sait mieux le moyen, de bien cultiver la carotte.
Le
nouveau président du conseil, Henri Brisson[60]
(radical modéré.), décida alors de mettre en place des pourparlers avec la
Chine. L’Impératrice Cixi, constant que ses forces étaient épuisées, accepta
alors de respecter la convention de Tsien Tsin, texte qui reconnaissait le
traité de Hué (c'est-à-dire le protectorat français sur le Tonkin et
l’Annam.).
Les deux belligérants revenaient donc à un
statu quo ante bellum[61],
à la différence près que le gouvernement français abandonna l’idée de
réclamer une indemnité de guerre à la Chine, ce que prévoyait à l’origine la
convention de Tsien Tsin.
A
noter enfin que l’affaire du Tonkin, marquant un arrêt net de la carrière
politique de Ferry (qui ne fut plus jamais président du conseil.), entraîna
aussi un important ralentissement de la politique coloniale. Ainsi, les
expéditions militaires outre-mer ne reprirent qu’une décennie plus tard,
comme par exemple au Laos et à Madagascar.
[1]
Né en décembre 1826, Waddington était le fils d’un Ecossais établi
en France. Passionné par l’archéologie, il fut élu député en 1871,
puis fait plusieurs fois ministre. A noter que Waddington se fit
élire sénateur à partir de 1876, conservant son siège jusqu’à sa
mort.
[2]
Rappelons-nous qu’au cours de la guerre de 1870, Gambetta avait fait
tout son possible pour continuer la lutte, alors que Grévy s’était
déclaré partisan de la paix.
[3]
Freycinet, né en novembre 1828, était un ingénieur issu de
polytechnique. Travaillant dans l’administration des Travaux
publics, il fut le collaborateur de Gambetta lors de la guerre de
1870 en tant que délégué à la Guerre.
[4]
Say était un économiste né en juin 1826. Il fut élu député en 1871,
siégeant au centre-gauche.
[5]
Les deux assemblées s’étaient installées à Versailles début 1871,
craignant les débordements de la capitale. En 1879, la Chambre des
députés s’installa au palais Bourbon ; le Sénat au palais du
Luxembourg (les deux assemblées étaient installées dans ces édifices
depuis le début du XIX° siècle.).
[6]
En effet, ce n’est pas le 14 juillet 1789, prise de la Bastille,
qui est officiellement célébré chaque année, mais bien le 14 juillet
1790, fête de la fédération. Pour en savoir plus à ce sujet,
cliquez ici.
[7]
Les écoles normales d’instituteurs furent supprimées au début des
années 1990 au profit des IUFM (Institut Universitaire de Formation
des Maîtres.).
[8]
Ce qui mettait hors la loi 500 congrégations et 20 000 enseignants.
[9]
Ce dernier, surnommé Plon Plon, était né en septembre 1822,
fils de Jérôme Bonaparte et de Catherine de Wurtemberg.
A noter qu’il avait été le successeur en titre de Napoléon III
jusqu’à la naissance du fils de ce dernier, en mars 1856.
[10]
A noter cependant que de nombreux bonapartistes lui préférèrent son
fils Victor Jérôme Frédéric Napoléon Bonaparte, né en juillet
1862.
[11]
A noter que le député radical Georges Clémenceau réclamait une
amnistie totale, ce qu’il obtint en 1880. Rappelons que ce dernier,
au cours des évènements de mai 1870, occupait la charge de maire de
Montmartre, quartier où se déclencha la Commune. Pour en savoir plus
à ce sujet,
cliquez ici.
[12]
La compagnie de Jésus est un ordre religieux fondé au XVI° siècle.
Très influente à l’époque moderne (les jésuites voyagèrent en
Amérique et en Extrême-Orient afin d’évangéliser les populations de
ces régions du monde.), la compagnie ne tarda guère à être la cible
d’attaques à partir du XVIII° siècle. En effet, l’ordre était aussi
riche qu’influent, ce qui inquiétait grandement de nombreux
royaumes. L’opposition à l’encontre des jésuites était telle que le
pape Clément XIV proclama la dissolution de l’ordre des
jésuites en 1773. Les jésuites, réfugiés en Prusse et en Russie (qui
refusaient d’appliquer la décision du Saint Siège.), furent rétablis
en 1814 par le pape Pie VII, mais restèrent néanmoins la
cible des attaques tout au long du XIX° siècle.
[13]
A noter que la gratuité de l’enseignement primaire avait été
décrétée par la Commune de Paris au printemps 1871.
[14]
Comme nous l’avons vu précédemment, il s’agissait d’un document émis
par le gouvernement, qui permettait au demandeur de créer un
journal.
[15]
Les colonies françaises en Amérique du nord occupaient une frange de
territoire s’étendant du Canada à la Louisiane.
[18]
Le saint-simonisme était une doctrine philosophico-religieuse qui
avait été développée par Claude Henri de Rouvroy, comte de
Saint Simon, au début du XIX° siècle. Ce dernier pensait que tous
les hommes devaient être égaux à la naissance, et ne pouvaient se
distinguer qu’en fonction de leurs mérites. Ce dernier considérait
aussi la révolution industrielle comme une chance, et qu’il fallait
la favoriser (en faisant appel à des savants, en lançant une
politique de grands travaux ou en développant le commerce.) afin
d’augmenter le niveau de vie des Français. Enfin, Saint Simon
considérait que tous les Hommes étaient frères, et qu’il était du
devoir de chacun de s’associer et de s’entraider.
[19]
La Cochinchine et le Cambodge se situent au sud de l’actuel Viet
Nam.
[20]
A noter que le Siam conserva son indépendance en raison de la
présence anglaise en Birmanie, à l’ouest du pays.
[21]
Les beys (il s’agissait d’une titulature ottomane.), étaient en
quelque sorte l’équivalent des préfets français.
[23]
A noter que l’Italie ne quitta la Triplice qu’au début de la
première guerre mondiale.
[24]
Il s’agissait d’une région située au nord de l’actuel Viet Nam,
frontalière avec la Chine. A noter que cet accord survenait suite à
une brève intervention française au Tonkin (fin d’année 1873.), au
cours de laquelle les Français prirent (et perdirent.) Hanoï,
principale ville de la région. Cette expédition fut toutefois
désavouée par le gouverneur de Cochinchine, qui fit évacuer le
Tonkin et reconnut l’indépendance de l’Annam.
[25]
L’on parle d’Impératrice ou de reine douairière lorsque l’épouse
continue à porter le titre de son mari défunt.
[26]
L’Impératrice douairière Cixi détenait la régence depuis le décès de
son époux, Xiangfei, en 1861 ; leur fils, Tongzhi
étant encore trop jeune pour gouverner. Ce dernier mourut toutefois
en 1875, laissant derrière lui une veuve enceinte. Cependant, afin
de conserver le pouvoir (si le fils de Tonghzi naissait, sa veuve
deviendrait régente au détriment de Cixi.), l’Impératrice fomenta un
coup d’Etat, confia le trône à son neveu Guangxu (qui avait
alors une dizaine d’années.).
[27]
Si les radicaux, comme nous l’avons vu précédemment, étaient
favorables à la laïcité et à l’adoption de mesures sociales, les
socialistes, au contraire, allaient encore plus loin. Ainsi, ces
derniers prônaient la suppression de la propriété, et l’avènement
d’une société égalitaire sans classes sociales.
[28]
Jusqu’à cette date, le ministère de l’Agriculture était rattaché au
Commerce ; le ministère des Arts n’existait pas.
[29]
A noter qu’en novembre 1875, l’Angleterre s’était assuré la majorité
des actions du canal de Suez, ayant racheté celles du vice-roi
d’Egypte, qui manquait alors d’argent (ce dernier avait de prime
abord souhaité les vendre à la France, mais, essuyant un refus, il
s’était tourné vers l’Angleterre.).
[30]
Goblet, né en novembre 1828, était un journaliste entré en politique
suite à la guerre de 1870.
[31]
A noter que Gambetta mourut peu de temps après, en décembre 1882,
alors qu’il était en train de nettoyer une arme.
[32]
Duclerc était un journaliste né en novembre 1812. Participant à la
vie politique de la seconde république, il décida toutefois de
s’exiler suite au coup d’Etat de Napoléon III en décembre 1851.
Revenant en France en 1870, Duclerc fut élu député l’année suivante.
Grâce au prestige que lui conférait le fait d’avoir participé à la
république de 1848, il fut élu sénateur inamovible en 1875.
[33]
L’Angleterre établit un protectorat sur l’Egypte en 1882.
[34]
Fallières était un avocat né en novembre 1841. S’intéressant très
tôt à la politique, il fut élu député en 1876, siégeant sur les
rangs de la gauche républicaine.
[35]
Waldeck Rousseau était un avocat né en décembre 1846. Elu député en
1879, il siégea en tant que membre de l’Union républicaine de
Gambetta (lorsque ce dernier fut nommé président du conseil, il
nomma Waldeck Rousseau ministre de l’Intérieur.).
[36]
Jules Méline, né en mai 1838, était avocat à Paris sous le second
Empire. Elu membre de la Commune en mars 1871, il siégea au sein de
l’assemblée nationale à partir de 1872.
[37]
La loi Le Chapelier, promulguée en juin 1791, interdisait la grève
et les syndicats. Cependant, le droit de grève fut rétablie en
1864 ; les syndicats en 1884. Pour en savoir plus sur l’adoption de
la loi Le Chapelier, voir le 2, section I, chapitre troisième, la
Révolution française.
[38]
Du nom du député qui la proposa, Alfred Naquet.
[39]
Le divorce, légalisé sous la Révolution française (septembre 1792.),
fut interdit dès la Restauration (janvier 1816.). A noter que ce
n’est qu’en 1975 que furent votées les lois qui régissent
aujourd’hui le divorce en France.
[40]
Les sénateurs inamovibles n’étant pas démis de leurs fonctions, il
fallut attendre leurs décès respectifs (le dernier d’entre eux
mourut en 1918.).
[41]
Aujourd’hui république démocratique du Congo (nommé Zaïre jusqu’en
1997.).
[42]
Ce territoire est aujourd’hui nommé république du Congo.
[43]
Il fut un temps évoqué la possibilité de céder au Portugal les
régions se trouvant entre l’Angola et le Mozambique, afin de mettre
en place une continuité territoriale. Mais l’Angleterre s’y opposa
fermement, renforçant ses positions dans cette zone.
[44]
Mais elle ne tarda guère à rencontrer l’hostilité des Britanniques
installés en Egypte.
[45]
L’esclavage avait été interdit dans les pays européens au cours de
la première moitié du XIX° siècle, mais il était encore pratiqué par
les musulmans d’Afrique.
[46]
Tu Duc, mort en juillet 1883, n’avait pas d’enfants. Il décida donc
de nommer comme successeur son neveu Duc Duc. Cependant, ce
dernier fut détrôné par son oncle Hiep Hoa (frère cadet de Tu Duc.)
après trois jours de règne (il mourut en octobre 1883.).
[48]
L’Empereur Hiep Hoa fut déposé et contraint de se suicider en
novembre 1883.
[49]
Cette île, découverte par les Portugais au XVI° siècle, fut baptisée
ilha Formosa, ce qui signifie ‘belle île’. A noter que ce n’est qu’à
partir des années 1960 que le nom de Taïwan commença à se répandre
en Europe.
[50]
Fuzhou est une ville de la province du Fujian, située au sud est de
la Chine.
[51]
A noter que la bataille de Fuzhou fut l’avant dernière victoire
navale française, et la dernière du XIX° siècle.
[52]
La mousson asiatique a lieu chaque année de décembre à mars.
[53]
Pour en savoir plus sur la création de la Légion étrangère, voir le
b), 3, section V, chapitre premier, la monarchie de Juillet.
[54]
Environ dix tués par jour et par personne, soit 700 victimes au
total.
[55]
Les mines avaient pour fonction de faire sauter les murs de la
forteresse ; au contraire, l’objectif des contre-mine était de
détruire les tranchées creusées par l’ennemi, ou de les inonder afin
d’empêcher l’ignition des explosifs.
[57]
Ils furent plus tard récupérés par les forces chinoises.
[58]
Herbinger avait indiqué dans un télégramme, envoyé peu avant la
retraite de Lang Son, qu’il n’avait plus assez de munitions pour
supporter un siège, ce qui était erroné.
[59]
Il s’agissait d’un village à trente kilomètres au sud de Lang Son.
[60]
Brisson était un avocat né en juillet 1835. Participant à plusieurs
revues, il fit connaitre son hostilité à Napoléon III lors du second
Empire. Elu député en 1871, il siégea sur les bancs de l’Union
républicaine de Gambetta ; puis, de 1881 à 1885, il fut président de
la Chambre des députés.
[61]
Ce qui signifie littéralement ‘comme les choses étaient avant la
guerre’. Cette expression est employée quand aucun des deux
belligérants n’obtient des avantages territoriaux, politiques ou
commerciaux.