1° Le
Vichy de l’amiral Darlan (février 1941 à avril 1942) –
Suite à la démission de Pierre Etienne Flandin, le 9 février 1941, Pétain
décida de confier la charge de vice-président du conseil à l’amiral Darlan
(qui fut aussi nommé ministre secrétaire d’Etat à l’Intérieur, aux Affaires
étrangères et à la Marine.). Le général Huntziger, quant à lui, fut confirmé
à la Guerre[1].
Affiche de propagande vichyste (alors que des animaux sauvages
("franc-maçonnerie", "le Juif", "de Gaulle" et "le Mensonge") menacent le couple
de paysans, l'homme réplique "Laissez nous tranquilles !"), 1941, musée des Invalides, Paris.
Contrairement à de nombreux officiers ou ministres proches du maréchal,
Darlan était le fils d’un ancien député radical-socialiste. L’amiral avait
donc hérité de son éducation une sensibilité de centre-gauche et un rejet de
la religion.
Bien que partisan de la poursuite de la guerre pendant la crise de mai 1940,
Darlan fut écœuré par l’opération Catapult[2],
offensive britannique visant à détruire la flotte française stationnée dans
les ports d’Afrique du nord.
Dès lors, soucieux de préserver l’Empire colonial français et la marine
nationale, Darlan considéra que la victoire de l’Allemagne était préférable
à celle de l’Angleterre.
Affiche de propagande vichyste détournant les citations historiques de
Jeanne d'Arc, Mémorial Leclerc, Paris (la légende indique : "J'aimerais
mieux rendre l'âme à Dieu que d'être en la main des Anglais").
a)
Réorganisation de la police française : sous l’impulsion de l’amiral
Darlan, le régime de Vichy opéra une refonte de son organisation policière
au printemps 1941.
C’est ainsi que fut mis en place le Commissariat général aux questions
juives, en mars 1941, à la demande des autorités allemandes. Cette
organisation, abritant la police aux questions juives à compter
d’octobre 1941, était destinée à appliquer les ordonnances antisémites
adoptées par le régime de Vichy (privation de citoyenneté, emprisonnement et
déportation des juifs de France[3].).
Par ailleurs, une loi datant d’avril 1941 donna naissance à la
police nationale[4](les polices municipales passèrent sous
contrôle de l’Etat.).
La
nouvelle entité était divisée en trois sections : sécurité publique
(pour les corps de police urbains.), police judiciaire (chargée de
lutter contre les infractions à la loi pénale.) et les renseignements
généraux (service de renseignement au service du gouvernement.).
A
noter que les forces de la sécurité publique furent renforcées par les
groupes mobiles de réserve, composés de 20 000 hommes(il
s’agissait de groupes paramilitaires chargés de maintenir l’ordre en milieu
urbain.).
La
police nationale, forte de 140 000 hommes, procéda à plus de 10 000
arrestations pour motifs politiques en l’espace de quelques mois. Par
ailleurs, c’est en mai 1941 que furent organisées les premières rafles en
zone occupée, dirigées contre les étrangers de confession juive (plus de
7 000 personnes furent internées dans des camps en région parisienne.).
b)
Les décrets antisémites du régime de Vichy (1941) : alors que le
premier Statut des Juifs avait été adopté en octobre 1940[5],
un Deuxième statut vichyste des juifs fut promulgué en juin 1941.
Ainsi, la liste des métiers interdits aux Français de confession juive fut
allongée aux professions libérales, aux métiers de l’industrie et du
commerce. Par ailleurs, ce second statut autorisait les préfets à interner
dorénavant les juifs français.
Enfin, un décret adopté en novembre 1941 déchut de leurs fonctions les
députés et sénateurs de confession juive.
c)
Collaboration militaire du régime de Vichy : il n’y eut jamais de
véritable collaboration militaire entre Vichy et Berlin, Pétain refusant de
s’engager dans la voie de la co-belligérance, Hitler refusant de s’allier
avec la France.
-
Toutefois, dans le cadre de la guerre anglo-irakienne[6],
le gouvernement allemand fut contraint de faire des concessions afin de
pouvoir intervenir dans la région.
C’est ainsi que furent signés les protocoles de Paris, en mai 1941 :
en échange de l’utilisation des bases de Dakar (Sénégal.), Bizerte
(Tunisie.) et Alep (Syrie.), le gouvernement allemand s’engageait à conférer
quelques avantages au régime de Vichy (réduction des frais d’occupation à
300 millions de francs pas jour, assouplissement des conditions de passage à
la ligne de démarcation, établissement de relations commerciales entre les
deux zones, libération de 80 000 prisonniers de guerre, etc.).
Ausweis ("laissez-passer" en français) valable de décembre 1942 à juin 1943
.
Weygand, commandant en chef des forces françaises en Afrique du nord,
s’opposa vivement à cet accord, qu’il considérait contraire aux conditions
d’armistice (ces dernières stipulaient que le gouvernement français
conservait sa souveraineté sur son Empire colonial.).
Au
final, si le texte ne fut jamais ratifié, les Allemands utilisèrent
l’aéroport d’Alep pour soutenir les insurgés irakiens[7] ;
cela entraina l’invasion des territoires sous mandat français au
Proche-Orient par les Britanniques et les FFL[8].
-
Dans un registre différent, fut créée à l’été 1941 la Légion des
volontaires français, à l’instigation d’Otto
Abetz[9],
ambassadeur d’Allemagne à Paris.
Affiche de propagande pour la LVF (la légende indique "Sous les plis du
drapeau, la LVF combat pour l'Europe").
L’objectif de cette association, financée par le troisième Reich, était de
recruter des volontaires (portant l’uniforme allemand.) destinés à rejoindre
le front soviétique[10].
Toutefois, si des bureaux de recrutement s’ouvrirent en zone libre et en
zone occupée, la LVF n’eut pas beaucoup de succès. Ainsi, 6 000 personnes
seulement furent recrutées jusqu’en 1944.
Bureau de recrutement de la LVF, Mémorial
Leclerc, Paris.
d) Les mouvements de résistance français :
à la création du régime de Vichy, un grand nombre de Français soutenait le
maréchal Pétain, ce dernier étant toujours auréolé par « sa » victoire de
Verdun.
Toutefois, le régime se compromettant de plus en plus dans la collaboration
avec l’Allemagne, et affirmant mois après mois sa politique réactionnaire[11]
et antisémite, plusieurs mouvements de résistance apparurent en France
courant 1941.
Toutefois, les réseaux de résistances étaient très hétéroclites, et l’on y
retrouvait des groupes de tous bords : Gaullistes favorables à la France
libre ; communistes ayant rejoint la résistance suite à l’invasion de
l’URSS ; militants antifascistes et antiracistes d’obédience socialiste ou
radicale ; résistants d’extrême-droite refusant la domination allemande sur
la France, mais rejetant l’autorité du général de Gaulle, considéré comme un
« déserteur » ; juifs et chrétiens hostiles à la politique antisémite de
Vichy ; etc.
Affiche allemande annonçant la
dissolution du parti communiste français et punissant de mort tout militant
communiste, août 1941, Mémorial Leclerc, Paris.
Ainsi, ce n’est qu’à compter de la fin d’année 1941 que les premiers
contacts furent établis entre la France libre et les réseaux de résistance
intérieure, le général de Gaulle ayant donné naissance au Comité national
français en septembre 1941. Ce nouvel organisme, composé à moitié de
politiques, et à moitié de militaires, remplaçait le conseil de défense de
l’Empire, qui avait été instauré à l’automne 1940.
A noter que la France libre adhéra aux principes
de la Charte de l’Atlantique, document rédigé à l’occasion de la
rencontre entre Churchill et Roosevelt lors de la conférence de
l’Atlantique, au large du Canada, à la mi-août 1941.
A noter que le document, prévoyant une série de
dispositions libérales et démocratiques (interdiction aux Etats de faire la
guerre pour s’agrandir, droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, alliance
entre les pays menacés par le nazisme, principe de désarmement mondial,
etc.), ne fut jamais signé ni par les Etats-Unis, ni par la Grande-Bretagne.
En réalité, la Charte fut avant tout une simple déclaration de bonnes
intentions.
La conférence de l'Atlantique (sur
l'image, l'on aperçoit Roosevelt, à gauche, et Churchill, à droite).
2° L’invasion des Balkans (mars à
mai 1941) – Comme nous l’avons vu précédemment, l’armée
italienne, qui avait tenté d’envahir la Grèce en octobre 1940, avait subi un
grave revers en fin d’année, les Grecs parvenant à occuper la sud de
l’Albanie[12].
a)
Troisième phase de la guerre italo-grecque (mars à avril 1941) :
depuis le début de la guerre italo-grecque, Churchill avait proposé à
Metaxas de lui faire parvenir des renforts d’infanterie[13],
ce que le dictateur avait refusé. En effet, ce dernier craignait qu’en
recevant l’aide officielle de l’Angleterre, Hitler ne décide d’envahir la
Grèce en représailles (l’objectif de Churchill était de reformer un front
dans les Balkans, comme pendant le premier conflit mondial, en s’appuyant
sur la Grèce et la Yougoslavie.).
Toutefois, Metaxas mourut en janvier 1941, et George II, soucieux de se
libérer de la tutelle des militaires, nomma Alexandros Korizis,
gouverneur de la Banque de Grèce, au poste de premier ministre.
Mais contrairement à son prédécesseur, Korizis accepta l’aide britannique.
Ainsi, près de 60 000 Britanniques débarquèrent en Grèce au début du mois de
mars 1941, dans le cadre de l’opération Lustre (à noter que la
majorité des soldats étaient australiens ou Néo-Zélandais.).
A
cette date, la situation de l’armée grecque restait précaire (malgré
l’arrivée des Britanniques.), car les territoires qu’elle occupait en
Albanie ne constituaient pas une bonne position défensive.
Côté italien, Mussolini décida de lancer une grande offensive au cours de la
première semaine de mars, baptisée opération Primavera. Toutefois,
bien qu’étant en supériorité numérique, les Italiens ne parvinrent qu’à
prendre Himarë, une petite cité côtière, et le statu quo continua
jusqu’à la fin mars.
b)
La bataille de Grèce n’aura pas lieu ? (début 1941) : en avril 1941,
Hitler préparait activement ses plans d’invasion de l’URSS, et ne
considérait pas la Grèce comme un objectif prioritaire. Par ailleurs, ce
dernier n’était pas partisan d’une invasion, les Balkans s’étant révélés
être un bourbier au cours de la première guerre mondiale.
Toutefois, l’arrivée des Britanniques sur le sol grec était considérée comme
une menace.
Dans un premier temps, le Führer décida de négocier avec la Grèce, proposant
au gouvernement grec une médiation : suite à la mise en place d’un cessez le
feu, la Grèce conserverait les territoires conquis en Albanie ; en échange,
le gouvernement grec évacuerait les troupes britanniques du pays.
Toutefois, Korizis ne répondant pas à cette proposition, Hitler demanda à
l’OKW de préparer un plan d’invasion de la Grèce en début d’année 1941.
Par ailleurs, afin de mener à bien cette offensive, Berlin se rapprocha de
la Roumanie[14],
de la Yougoslavie (le prince Paul, régent, accepta de rejoindre l’Axe en
mars 1941.), et de la Bulgarie.
Côté britannique, l’éventualité d’une invasion de la Grèce par l’armée
allemande ne fit plus de doutes lorsque plusieurs divisions de la Wehrmacht
franchirent le Danube au printemps 1941.
Malgré la menace allemande, les Etat-major grecs et britanniques ne
parvinrent toutefois pas à s’entendre sur la marche à suivre.
D’un côté, les officiers grecs souhaitaient s’installer sur la ligne Metaxas
afin d’y recevoir l’armée allemande (mais exposant dangereusement leurs
flancs sur la frontière yougoslave[15].) ;
au contraire, les britanniques préféraient se positionner sur une ligne de
front plus réduite, derrière la ligne
Aliakmon[16]
(cette dernière, reliant Edesse à la mer Egée, permettait de mieux défendre
une frontière yougoslave de taille réduite.).
Toutefois, la stratégie britannique consacrait l’abandon de la Macédoine et
de la Thrace à l’ennemi, ce qui était inacceptable pour le gouvernement
grec.
Côté allemand, l’OKW décida d’utiliser une stratégie qui avait fait ses
preuves lors de la bataille de France : attaquer la position la plus fragile
de l’ennemi, opérer une percée, puis prendre le reste des unités
combattantes à revers.
L’objectif des Allemands était donc de lancer une offensive de grande
ampleur depuis la frontière yougoslave, la zone n’étant pas défendue par les
Grecs (l’armée de Yougoslavie étant chargée de défendre la frontière suite à
l’entrée de la Wehrmacht en Grèce.).
Toutefois, alors que le régent Paul de Yougoslavie avait signé un traité
d’alliance avec le troisième Reich, il fut déposé suite à un coup d’Etat
opéré le 27 mars par des officiers favorables aux alliés, qui portèrent le
jeune Pierre II[17]
sur le trône.
Hitler, rentrant dans une colère noire à l’annonce de ce putsch, décida
alors de lancer une offensive simultanée contre la Grèce et contre la
Yougoslavie, l’opération Marita.
Le jeune Pierre II de Yougoslavie.
c)
L’invasion de la Yougoslavie (6 au 17 avril 1941) : le 6 avril 1941,
la Luftwaffe lança l’opération Châtiment[18]contre Belgrade, capitale de la
Yougoslavie.
L’objectif de cette offensive aérienne n’obéissait à aucun impératif
militaire ; au contraire, elle visait à « punir » le peuple yougoslave, qui
avait « trahi » l’Axe en soutenant le putsch des officiers.
Le
bombardement de Belgrade, déclenché à sept heures du matin, fit de très
importants dégâts dans la capitale. Les canons anti-aériens et les avions
yougoslaves, en nombre trop insuffisant, étant rapidement réduits au
silence.
La
ville fut pilonnée par les bombardiers allemands jusqu’au 9 avril, causant
près de 17 000 victimes civiles. Par ailleurs, la cité ensanglantée fut
rapidement la proie des pillards, ce qui ne fit qu’ajouter à la confusion.
L’invasion de la Yougoslavie fut une simple formalité pour l’armée
allemande. En effet, l’OKW sachant que l’armée yougoslave était une armée
rudimentaire[19],
le pays fut envahi en plusieurs points : le 9 avril, les troupes parties de
Bulgarie s’emparèrent de Nis, dans l’est du pays ; au même moment, plusieurs
divisions de Panzers ayant franchi la frontière roumaine se dirigeaient vers
Belgrade ; enfin, trois autres offensives furent lancées depuis l’Italie,
l’Autriche et la Hongrie.
Le
13 avril, la capitale yougoslave fut prise, le gouvernement capitulant
officiellement le 17 (Pierre II et la famille royale se réfugièrent alors à
Londres.).
L'invasion de la Yougoslavie.
Suite à la conquête du pays, l’Allemagne et l’Italie décidèrent de morceler
la Yougoslavie en plusieurs entités semi-autonomes : l’Etat indépendant
de Croatie, sous domination des
Oustachis[20](regroupant
la Croatie ainsi que la Bosnie-Herzégovine.) ; le Gouvernement de salut
national, en Serbie (cet Etat resta sous administration militaire du
troisième Reich jusqu’à la fin de la guerre.) ; et le Royaume du
Monténégro, un protectorat italien.
Le
reste des territoires yougoslaves furent annexés par l’Allemagne, l’Italie,
la Hongrie, la Bulgarie et l’Albanie.
L'Europe en 1941.
A
noter toutefois que d’importants réseaux de résistances (les monarchistes de
Dragoljub Mihailović et les communistes de Josip Broz dit
Tito.) contraignirent Hitler à laisser une quinzaine de divisions en
Yougoslavie.
Dragoljub Mihailovic (à gauche) et Tito
(à droite).
d)
L’invasion de la Grèce (6 au 27 avril 1941) : le 6 avril 1941, jour
de l’invasion de la Yougoslavie, les troupes allemandes massées en Bulgarie
lancèrent une offensive de grande ampleur sur la ligne Metaxas.
Par ailleurs, alors qu’une moitié de la Wehrmacht remontait vers Belgrade,
plusieurs divisions de Panzers descendait en direction de la Grèce. Ayant
pris Skopje le 7, puis Prilep le lendemain, les Allemands s’emparèrent
finalement de Strumica, à vingt kilomètres de la frontière grecque.
Le
9 avril, contournant la ligne Metaxas, les Panzers se dirigèrent vers
Thessalonique, qui ouvrit ses portes aux Allemands.
Désormais attaqués sur deux flancs, les Grecs de la ligne Metaxas, déplorant
d’importantes pertes, furent contraints de déposer les armes.
A
cette date, la Macédoine et la Thrace étaient entre les mains des Allemands.
L'invasion de la Grèce.
Face à la rapidité de l’offensive ennemie, l’Etat-major britannique tenta de
bloquer la progression allemande en établissant une ligne de front à
proximité du mont Olympe. Toutefois, les Allemands ayant tenté une manœuvre
d’encerclement des troupes alliées, l’Etat-major britannique décida le 16
avril de faire reculer ses troupes jusqu’aux Thermopyles (à noter que
Korizis, humilié par l’invasion allemande, se suicida deux jours plus
tard.).
Toutefois, alors que les Britanniques se retiraient vers les Thermopyles,
une partie de l’armée grecque, qui avait reçu l’ordre de tenir ses positions
en Albanie, se trouvait désormais isolée du gros des troupes alliées.
Par ailleurs, les Allemands s’emparant d’Ioannina le 19 avril, piégeant dans
une poche les hommes du général Georgios Tsolakoglou. Ce dernier, se
trouvant désormais dans une situation difficile, fit alors reddition.
Les Britanniques, offrant dans les Thermopyles une solide résistance à
l’ennemi, se retirèrent toutefois vers Thèbes à compter du 24 avril. C’est à
partir de cette date que fut mise en œuvre l’opération Démon,
destinée à évacuer les soldats et le matériel allié en direction de la Crète
(les appareils ne pouvant pas être embarqués furent détruits ou sabotés pour
qu’il ne soit pas réutilisé par l’ennemi.).
La
Wehrmacht ne se trouvant désormais plus qu’à quelques kilomètres d’Athènes,
George II décida de se réfugier en Crète (puis au Caire.), suivi par le
gouvernement grec.
e)
L’invasion de la Crète (avril à mai 1941) : si Athènes fut prise par
les Allemands le 27 avril, achevant la conquête de la Grèce, la Crète
échappait toujours au troisième Reich. En effet, les Britanniques y avaient
débarqué près de 50 000 hommes au cours de l’opération Démon, et avaient
commencé à renforcer les défenses des bases côtières.
Toutefois, en raison de la supériorité de la marine britannique, Hitler se
trouvait dans l’impossibilité de débarquer des troupes en Crète (ni de
détruire les défenses côtières à l’aide de la Kriegsmarine.).
Ainsi, à la mi-mai 1941, alors que l’île était régulièrement bombardée par
la Luftwaffe, le Führer élabora un nouveau plan d’invasion, l’opération
Mercure.
Deux divisions de parachutistes, larguées sur l’île, devaient s’attaquer aux
principales bases de l’ennemi (tout en sécurisant les aéroports afin de
faciliter l’arrivée de nouvelles troupes.) : Maleme, La Canée, Rethymnon et
Heraklion[21].
Plus tard dans la journée, des petits navires de troupes débarqueraient
6 000 chasseurs alpins sur les bases sécurisées.
L'invasion de la Crète.
Le
20 mai, les parachutistes allemands furent largués dans le ciel de la Crète,
subissant de premières pertes sévères à cause des défenses anti-aériennes
britanniques.
Toutefois, une grande partie des troupes alliées étaient massées sur les
plages de l’île, attendant de pied ferme le débarquement ennemi. Les
aéroports sous contrôle britannique, cible prioritaire des Allemands,
étaient donc moins bien défendus.
Malgré ces lacunes, les parachutistes éprouvèrent d’importantes difficultés
à remplir leurs objectifs. A Héraklion, les Allemands ne purent s’emparer de
l’aéroport, se repliant sur une colline à l’est de la zone de combats ; à
Réthymnon, malgré le mauvais équipement des troupes grecques, l’ennemi
déplorait un parachutage chaotique ; enfin, ce n’est qu’à Maleme, à l’issue
de violents combats, que les Allemands parvinrent à s’emparer de l’aéroport.
L'invasion de la Crète.
Le
lendemain, les plans de l’opération Mercure furent révisés. Maleme, seule
zone contrôlée par les Allemands, servit donc de tête de pont pour la suite
de l’offensive (650 chasseurs alpins y furent largués en renfort.).
Plus tard dans la journée, une flottille allemande transportant 2 000
soldats fut interceptée par la Royal Navy. Une partie des navires fut
coulée, contraignant la flottille à faire demi-tour.
Le
21, la situation évolua peu. 800 parachutistes furent largués en renfort aux
alentours de Retymnon et Heraklion ; en outre, une nouvelle flottille
allemande fut coulée à la pointe sud de la Crète.
C’est à compter du 23 mai que la bataille de Crète évolua en faveur de
l’Allemagne. Etablissant leur domination sur Maleme, les Allemands y firent
atterrir leurs avions, débarquant en Crète hommes et matériel.
Désormais équipés d’artillerie lourde, la Wehrmacht s’empara de La Canée le
26 mai, date à laquelle l’Etat-major britannique commença à préparer
l’évacuation de l’île (c’est ainsi que les troupes alliées se trouvant dans
la région de La Canée se replièrent vers Sfakia.).
A
compter du 28, les navires britanniques procédèrent à l’embarquement des
troupes, à Héraklion et à Sfakia (à noter que la garnison de Réthymnon,
n’ayant pu être évacué, fit reddition à l’ennemi.).
La
bataille de Crète, qui s’acheva à la fin du mois de mai 1941, parachevait la
conquête des Balkans par le troisième Reich.
f)
Bilan de la bataille de Grèce et de Crète : une fois encore, les
Britanniques avaient été contraints de faire machine arrière face à la
machine de guerre allemande.
Toutefois, ces offensives avaient été coûteuses en hommes pour les deux
camps. Ainsi, les pertes allemandes à l’issue de la bataille de Grèce
étaient lourdes : 1 000 tués et 4 000 blessés pour les Allemands (plus
13 000 tués, 60 000 blessés et 25 000 disparus pour les troupes italiennes[22].)
; contre 14 000 tués, 63 000 blessés, et 14 000 prisonniers pour les alliés.
A
cela s’ajoutait les pertes de la bataille de Crète : 2 000 tués, 2 000
disparus et 2 500 blessés côté allemand (plus 300 avions détruits ou
endommagés.) ; contre 4 000 tués, 2 000 blessés et 12 000 capturés pour les
alliés.
Toutefois, contrairement à la Yougoslavie qui avait été dépecée au printemps
1941, la Grèce conserva son unité. Le pays fut toutefois soumis à une
occupation militaire, exercée par l’Allemagne (Athènes, Macédoine, îles
ioniennes et moitié ouest de la Crète.), l’Italie (moitié sud de la Grèce et
moitié est de la Crète.) et la Bulgarie (Thrace.).
Zones d'occupation de la Grèce (1941 à
1944).
A
noter enfin que de nombreux historiens considèrent que les précieuses
semaines que le troisième Reich passa à conquérir les Balkans lui firent
défaut quelques mois plus tard, lors de l’invasion de l’URSS. En effet, la
Wehrmacht fut ralentie par la boue, la neige et le froid avant d’avoir pu
prendre Moscou (ce qui peut laisser à penser les Allemands auraient pu
prendre la capitale soviétique -et mettre fin au second conflit mondial-
s’ils n’avaient pas envahi la Grèce.).
Toutefois, l'on peut se demander dans quelle situation aurait le troisième Reich, si non
seulement Staline avait décidé de continuer la lutte malgré la capture de
Moscou, et si en outre Churchill était arrivé à établir un front cohérent
face à l’Allemagne dans les Balkans ?
3° L’invasion de l’URSS (juin à
décembre 1941) – Comme nous l’avons vu plus tôt,
l’Allemagne et l’URSS avaient signé un traité de non agression en août 1939[23].
L’objectif d’Hitler était de se prémunir contre une attaque venue de l’est,
à l’aube de l’invasion de la Pologne ; côté soviétique, ce traité accordait
un répit à Staline, que ce dernier mit à profit pour délocaliser de
nombreuses usines en Sibérie, loin de la frontière.
Toutefois, la Russie soviétique avait toujours été la cible prioritaire
d’Hitler. La Pologne ne constituait que l’entrée d’un dîner dont l’URSS
était le plat principal. La déclaration de guerre de la France et de
l’Angleterre à l’Allemagne, vécue comme une surprise par le Führer, n’avait
fait que retarder ses plans.
a)
L’Allemagne nazie fourbit ses armes : la volonté d’Hitler de réduire
à néant la Russie soviétique découlait de raisons anciennes et de raisons
récentes. Comme il l’écrivait dans Mein
Kampf[24],
le Führer souhaitait se débarrasser définitivement du « judéo-bolchevisme[25]
» qui « menaçait » l’Europe depuis 1917.
Le complot juif contre l'Europe ! (Staline et John Bull
(personnification de l'Angleterre) se serrent la main par dessus l'Europe
nazie), affiche néerlandaise, vers 1942, Deutsches historisches museum, Berlin.
Par ailleurs, pour les raisons plus anciennes, rappelons que les
chevaliers teutoniques[26],
qui avaient donné naissance au royaume de Prusse[27],
avaient affronté à plusieurs reprises des populations slaves de Pologne ou
de Russie lors de leur expansion vers l’est. Un des objectifs d’Hitler était
donc de prendre une revanche, vieille de plus d’un de mi-siècle, sur les
slaves (ce qui signifie « esclaves » en allemand.), considérés comme des
« sous-hommes » selon les critères raciaux des nazis.
Toutefois, si Hitler était un fervent partisan de l’invasion de l’URSS (il
avait demandé à l’OKW[28]
de préparer un plan d’invasion de l’URSS à l’issue de la bataille de France,
à l’été 1940.), les généraux de la Wehrmacht, au contraire, étaient bien
plus réticents. En effet, ces derniers craignaient que l’Allemagne ne soit
attaquée sur deux fronts, comme cela avait été le cas pendant le premier
conflit mondial.
Mais à l’été 1941, les Etats-Unis n’étaient pas rentrés en guerre ; en
outre, Hitler considérait l’Angleterre comme trop épuisée pour pouvoir
mettre en place une offensive de grande ampleur sur le continent.
Par ailleurs, la volonté du Führer d’envahir l’URSS fut amplifiée suite à la
guerre d’Hiver[29],
qui, bien que remportée par Staline, avait révélé au grand jour les carences
de l’armée soviétique.
C’est ainsi que l’OKW élabora l’opération Barbarossa[30],
proposant de diviser les forces de la Wehrmacht en trois grandes unités en
vue d’envahir l’URSS : le groupe d’armées du nord, chargé de traverser les
pays baltes, devait s’emparer de Léningrad ; le groupe d’armée du centre
marcherait sur Moscou ; enfin, le groupe d’armée du sud, traversant
l’Ukraine, devait sécuriser les ports de Sébastopol et Stalingrad[31].
L’objectif était d’établir, d’ici l’hiver 1941, une ligne de front partant
de Léningrad jusqu’à l’embouchure de la Volga.
A
noter par ailleurs qu’un des impératifs de la Wehrmacht était d’encercler à
tout prix les unités ennemies, afin d’empêcher ces dernières de procéder à
la tactique de la terre brûlée, employée à chaque invasion[32].
Les forces en présence, côté allemand, à l’aube de cette nouvelle offensive
sur le front est, étaient colossales : 3 millions de soldats de la Wehrmacht
(soit 70% des effectifs de la Wehrmacht.), plus 500 000 hommes en provenance
d’Hongrie, de Roumanie et de Finlande[33].
Par ailleurs, furent engagés dans la bataille près de 3 600 chars (soit 85%
des effectifs de la Heer[34].),
2 700 avions, 600 000 véhicules et 47 000 canons.
A
noter toutefois que l’armée de l’est ne fut pas équipée de fournitures
d’hiver, Hitler considérant que l’offensive serait finie avant le nouvel an
1942.
b)
L’URSS à l’aube du conflit : côté soviétique, si Staline profitait du
répit pour relocaliser ses usines, il souhaitait par-dessus tout ne rien
faire qui puisse contrarier l’Allemagne nazie.
Par ailleurs, comme le secrétaire général du parti communiste souhaitait
sécuriser sa frontière avec le Japon, il avait signé avec Tokyo un traité
de neutralité, en avril 1941 (le Japon se préoccupait davantage du
sud-est asiatique que de la Sibérie.).
A
cette date, l’armée rouge était encore très affaiblie. Comme nous l’avons vu
précédemment, Staline avait procédé à d’importantes purges au cours des
années 1930, ayant éliminé plus de 80% des officiers (ne restaient que les
généraux les plus loyaux envers le régime, non pas les plus compétents.).
Ainsi, en juin 1941, seuls 7% des officiers de l’armée rouge possédaient une
formation militaire complète ; 12% n’en n’ayant aucune.
Par ailleurs, rappelons que les officiers et les soldats soviétiques étaient
sous le contrôle constant des commissaires politiques. Ces derniers,
dotés des pleins pouvoirs, exerçaient un contrôle sur les directives
militaires, organisaient la propagande sur les unités, pouvaient révoquer
tout militaire de tout grade[35].
En
juin 1941, les effectifs de l’armée rouge étaient en théorie de 2.3 millions
d’hommes ; cependant, la grande majorité des divisions soviétiques ne
comptaient que la moitié de leurs effectifs, soit un peu plus d’un million
de soldats au total.
Du
côté de l’armement, l’industrialisation des années 1930 avait porté ses
fruits. Ainsi, si seulement 30% des blindés disposaient de pièces de
rechanges à l’été 1941, l’armée rouge pouvait s’appuyer sur 15 000 tanks
(24 000 au total[36].),
9 000 avions et 37 000 canons.
Toutefois, si l’armée rouge comptait une majorité de chars désuets, tels que
les modèles T-18 et T-26 (il s’agissait de blindés légers, mis
en service au début des années 30.), elle était néanmoins équipée des tanks
les plus performants de l’époque : le T-34, qui alliait puissance de
feu (canon de 76.2.) ; blindage (45 mm.) et vitesse (45 kilomètres heures
sur route.) ; ainsi que le Kliment Voroshilov, disposant d’un canon
de 76.2 et d’un très épais blindage de 100 mm.
Tank T-18.
A
noter enfin que si les soviétiques ne comptaient que 2 000 chars T-34 et KV
en juin 1941[37],
la proportion de ces appareils au sein de l’armée rouge passa à 60% au cours
de l’année 1943.
Tank T-34.
La
flotte aérienne soviétique, elle aussi, comptait une majorité d’appareils
désuets (le chasseur biplan Polikarpov I-15, datant de 1933, ou le
bombardier Soukhoï SU-2, mis en service en 1937, mais trop lent et
insuffisamment armé.).
Polikarpov I-15.
Mais, contrairement aux chars T-34 qui étaient supérieurs aux meilleurs
chars du Reich, les derniers modèles d’avions soviétiques (environ 1 500,
sortis des usines entre 1940 et 1941.) ne valaient pas les appareils
allemands.
Du
côté des chasseurs, les meilleurs appareils étaient les Yakovlev Yak-1,
Yakovlev Yak-7 et Lavochkin-Gorbunov-Goudkov LaGG-3, capables
de voler à 600 kilomètres heures. Pour les bombardiers, l’on retrouvait le
Petliakov PE-2, l’Iliouchine IL-2 Chtourmovik (chargé
d’effectuer des attaques au sol, il fut l’avion produit en plus grande
quantité par l’URSS[38].),
et le Tupolev TU-2 (ce dernier disposant de capacités similaires à
celle du JU-88 allemand.).
Yakovlev Yak-7.
c)
Le déclenchement de l’opération Barbarossa (22 juin 1941) : alors que
les troupes de la Wehrmacht avaient commencé à prendre position le long de
la frontière à compter de février 1941, l’opération Barbarossafut lancée le 22 juin 1941, à 3 heures 30 du matin, sans déclaration
de guerre.
L'opération Barbarossa.
La
Luftwaffe fut la première à attaquer, causant d’importants dégâts à
l’ennemi. Ainsi, à la fin de la journée les soviétiques avaient perdu près
de 1 900 avions (dont 1 500 au sol.).
De
son côté, la Heer commença à bombarder la frontière à compter de quatre
heures du matin, les premières troupes allemandes pénétrant en URSS à
l’aube.
Si
l’armée rouge, comme nous l’avons vu, possédait un bon équipement, elle fut
prise au dépourvue par cette attaque surprise. La ligne de front fut donc
brisée en plusieurs points, même si certaines unités opposèrent plus de
résistance (la garnison de Brest-Litovsk ne déposa les armes qu’à la fin
juillet 1941.).
Le front est - l'opération barbarossa.
A
la fin du mois de juin, les blindés du groupe d’armées du centre avaient
déjà parcouru près de 600 kilomètres. Cependant, si la route vers Moscou
était dégagée, les groupes d’armées du nord et du sud éprouvèrent de grandes
difficultés face aux chars KV soviétiques (ces derniers étant quasiment
invulnérables aux canons des Panzers.).
Cependant, conformément aux ordres, la Wehrmacht parvint à prendre plusieurs
unités ennemies à revers (afin d’éviter que ces dernières n’adoptent la
stratégie de la terre brûlée.).
C’est ainsi qu’une première poche fut formée par le groupe d’armée du
centre, entre Bialystock et Minsk, début juillet 1941. Près de 400 000
soviétiques, disposant d’importantes quantités de blindés et de matériel, se
trouvaient dès lors pris au piège.
d)
La bataille de Smolensk (juillet à septembre 1941) : après avoir
écrasé la poche de Minsk, le groupe d’armées du centre continua sa
progression vers Smolensk. Le 17 juillet, les Allemands s’emparèrent de la
ville, tout en formant une nouvelle poche.
Cependant, contrairement à la poche de Minsk, les soviétiques pris au piège
dans la région de Smolensk continuèrent le combat. D’autant plus que l’armée
rouge, aux capacités de récupération sous-estimées par l’OKW, envoyait
constamment des troupes fraiches en direction de Smolensk.
Finalement, la contre-attaque soviétique fut repoussée, mais au prix de
lourdes pertes, à la mi-septembre 1941.
Ainsi, les Allemands déploraient 120 000 tués et blessés ; contre 45 000
tués ou blessés, 300 000 prisonniers côté soviétique.
e)
La bataille de Kiev (août à septembre 1941) : comme nous l’avons dit
plus tôt, si le groupe d’armée du centre progressait rapidement, au sud, les
Allemands étaient bloqués dans la région de Kiev.
Alors que l’OKW souhaitait que le groupe d’armée du centre se dirige
désormais vers Moscou, Hitler préféra donner un coup d’arrêt à l’offensive.
En effet, ce dernier craignait que les Soviétiques profitent des difficultés
éprouvées par la Wehrmacht devant Kiev pour s’attaquer aux arrières de
l’armée du centre.
C’est ainsi que le Führer décida de détacher un
panzergruppe[39]
de l’armée du centre, destiné à renforcer l’armée du sud.
Renforcé par ces divisions blindées, le groupe d’armée du sud parvint à
opérer un gigantesque encerclement dans la région de Kiev, formant une poche
dans laquelle furent pris au piège près d’un million de Soviétiques (la cité
fut prise le 19 septembre.).
La bataille de Kiev.
Jusqu’à la fin septembre, les troupes allemandes tentèrent de réduire cette
poche à néant, causant d’importantes pertes à l’ennemi. A l’issue de la
bataille de Kiev, l’URSS perdait 335 000 soldats (tués ou blessés.),
500 000 prisonniers, ainsi que 2 600 canons et une soixantaine de chars.
Côté allemand, les pertes étaient toutefois sévères : 200 000 tués, blessés
et disparus.
Peu de temps après, le groupe d’armées du sud atteignit Rostov-sur-le-Don.
f)
Le début du siège de Léningrad (septembre 1941) : à la mi-août 1941,
le groupe d’armées du nord se trouvait à Tallin, en Estonie. Soucieux de
réduire cette petite poche, les Allemands livrèrent une série de combats, ne
parvenant à prendre la cité qu’à la fin du mois.
Au
même moment, les divisions blindées qui s’étaient avancées vers l’est
parvinrent à couper le ravitaillement de Léningrad, formant peu à peu une
nouvelle poche autour de la ville.
Le
groupe d’armée du sud, arrivé devant l’ancienne capitale soviétique le 9
septembre, entama donc de siège de la cité.
Léningrad, défendue par le général
Gueorgui Konstantinovitch Joukov[40],avait été grandement fortifié au cours des années 1930, Staline
redoutant que la ville, très exposée, ne tombe entre les mains de l’ennemi
(c’est ainsi qu’avait été déclenchée la guerre d’Hiver en 1939[41],
Staline souhaitant récupérer des territoires finlandais pour mieux défendre
l’ancienne capitale.).
Léningrad avait donc été entourée de tranchées, lignes antichars, blockhaus,
batteries de défenses, nids de mitrailleuses, etc.
Le général Joukov, au centre.
Ainsi, si les Allemands parvinrent à s’emparer des quelques faubourgs
courant septembre, ils renoncèrent à prendre la ville d’assaut (d’autant
plus que plusieurs divisions blindées furent envoyées en renfort vers le
groupe d’armées du centre, en vue d’une grande offensive sur Moscou.).
Afin de s’emparer de la cité, l’OKW décida de mener un siège d’attrition,
attendant que la population, affamée, ouvre les portes de la cité à
l’ennemi.
Le siège de Léningrad.
g)
L’échec du plan Barbarossa (automne 1941) : après les batailles de
Smolensk et de Kiev, et l’échec du siège de Léningrad, il apparut clairement
à l’Etat-major allemand que l’opération Barbarossa était un échec.
Rappelons qu’à l’origine, les plans d’invasions de l’URSS prévoyaient
l’anéantissement rapide de l’armée rouge, et l’établissement de la Wehrmacht
sur une ligne reliant Léningrad à l’embouchure de la Volga avant 1942.
Toutefois, la première erreur de l’OKW avait été de largement sous-estimer
les capacités militaires de l’URSS : ainsi, les soviétiques avaient opposé à
la Wehrmacht une résistance inattendue ; les chars T-34 et KV étaient bien
supérieurs aux meilleurs Panzers allemands ; par ailleurs, les usines
soviétiques tournaient à plein régime, fournissant chaque mois des milliers
de blindés à l’armée rouge.
Du
côté des troupes allemandes, de nombreuses difficultés avaient fait leur
apparition. Ainsi, les blindés, ayant roulé sur des routes non goudronnées
pendant des centaines de kilomètres, étaient usés et en mauvais état. Il
était donc nécessaire de réparer ces appareils rapidement, malgré
l’allongement des voies de ravitaillement.
En
outre, à l’automne 1941, la Wehrmacht avait perdu 50% de ses effectifs et de
son matériel, soit plus de pertes qu’au cours de toutes ses campagnes depuis
1939 ; la Luftwaffe, quant à elle, avait perdu 1 600 appareils (et un
millier étaient endommagés.).
Enfin, alors que de nombreux Russes étaient las du régime de la dictature
communiste et voyaient d’un bon œil l’arrivée des troupes allemandes, le
troisième Reich, s’appuyant sur les
Einsatzgruppen[42],
se lança dans une politique d’épuration, éliminant ou déportant les
populations des régions traversées (juifs, slaves, résistantsrusses[43],
prisonniers de guerre soviétiques, etc.).
Ces mauvais traitements réservés aux populations locales (et aux prisonniers
de guerre.) entraînèrent un regain de patriotisme en URSS ; par ailleurs,
apparurent au fil des années de nombreux mouvements de résistances en Russie
occupée.
Massacres commis par les Einsatzgruppen.
h)
L’opération Typhon, ou bataille de Moscou (octobre à décembre 1941) :
à la fin septembre 1941, alors que les premières neiges commençaient à
tomber, Hitler décida de lancer une grande offensive en direction de
Moscou : l’opération Typhon[44].
L’objectif était de s’emparer de la capitale soviétique, le Führer étant
persuadé que la prise de la ville entrainerait un effondrement rapide de
l’URSS.
Afin de mener à bien cette offensive, Hitler établit un plan d’encerclement
de Moscou, par le nord et par le sud, établissant un point de jonction à
Noginsk (à 60 kilomètres à l’est de la capitale.).
Afin de mener à bien cette opération, le groupe d’armée du centre fut
renforcé par plusieurs divisions venues du nord, pour un total d’un million
de soldats, 1 700 blindés, 14 000 canons et 550 avions.
Côté soviétique, si Staline avait signé un pacte de neutralité avec le Japonen avril 1941, il n’avait pas la certitude que Tokyo respecterait ses
engagements. Toutefois, le secrétaire général du parti communiste apprit par
l’intermédiaire de ses espions que le Japon ne comptait pas attaquer la
partie orientale de l’URSS.
C’est ainsi que 400 000 Soviétiques, stationnés en Sibérie, furent envoyés
sur le front ouest (250 000 d’entre eux furent affectés à la défense de
Moscou.).
Les défenseurs de la capitale soviétique, désormais 1.2 millions d’hommes,
étaient équipés d’un millier de chars[45],
7 500 canons et 900 avions.
Sachant que l’offensive allemande était proche, Staline ordonna la
construction de réseaux défensifs autour de la ville. C’est ainsi que furent
creusées en l’espace de quelques semaines, près de 8 000 kilomètres de
tranchées et une centaine de kilomètres de lignes antichar.
Par ailleurs, toutes les usines de la capitale furent reconverties, afin de
fabriquer des armes, des munitions ou de la nourriture pour les troupes.
Au
cours de la première semaine d’octobre 1941, la Wehrmacht se mit en marche
vers l’est, combattant sur un front de plus 600 kilomètres.
Une première offensive fut couronnée de succès, les Allemands parvenant à
prendre Viazma, Briansk et Orel, cité se trouvant à quelques centaines de
kilomètres à l’est de Moscou.
Mais une fois encore, la résistance soviétique fut âpre, causant
d’importantes pertes aux troupes allemandes.
L'opération Typhon.
Toutefois, l’opération Typhon connut un temps dès le 7 octobre, les routes
s’étant transformées en torrents de boue à cause de la pluie.
L’apparition de ces bourbiers ralentit considérablement l’avancée des
divisions blindées, ce dont les Soviétiques profitèrent. C’est ainsi que de
nombreux chars Panzer furent détruits par des T-34, au cours d’embuscades
tendues par l’ennemi.
Unité allemande empêtrée par la boue,
automne 1941.
Mais malgré la résistance acharnée des Soviétiques, les pertes de l’armée
rouge étaient colossales : 500 000 soldats avaient été pris au piège dans
les poches de Viazma et Briansk (tués, blessés, prisonniers.).
Alors que les Allemands progressaient lentement vers Moscou, Staline chargea
le général Joukov de la défense de la ville ; à la mi-octobre, le secrétaire
général du parti communiste ordonna le transfert vers Kouïbychev[46]
(cité à plus de 700 kilomètres à l’est de Moscou) du gouvernement de l’URSS,
les ambassades étrangères, ainsi que le matériel des usines menacées d’être
prises par l’ennemi.
A
noter que cette décision provoqua une panique dans la capitale, mais Staline
rassura les moscovites en annonçant qu’il resterait à Moscou.
Au
même moment, les Allemands arrivèrent à Mojaïsk (à une centaine de
kilomètres à l’ouest de Moscou.), point central d’une ligne de défense
érigée à la hâte, reliant Kalinine à Kalouga.
Cependant, en raison des énormes pertes subies par l’armée rouge à Viazma et
Briansk, les Soviétiques, au nombre de 90 000, étaient trop peu nombreux
pour lutter efficacement contre l’ennemi.
Les Panzers, attaquant simultanément Kalinine et Kalouga, parvinrent à
briser la ligne de défense ennemie en moins d’une semaine.
Plus au sud, les Allemands arrivèrent à Tula à la fin octobre, mais ne
parvinrent pas à prendre la ville.
A
la mi-novembre 1941, l’armée rouge était dans une situation difficile. En
effet, les Soviétiques n’avaient pas arrêté la progression ennemie ; en
outre, les Allemands disposaient toujours d’une nette supériorité numérique.
Toutefois, les défenses autour de la capitale étaient excellentes ; par
ailleurs, la Wehrmacht avait énormément souffert de la boue, du froid, et
des partisans qui avaient fait leur apparition à l’arrière.
Toutefois, conformément à ce qui était prévu, les blindés se trouvant à
Mojaïsk devaient avancer vers Kline (à 50 kilomètres au nord ouest de
Moscou.) ; les Allemands qui attaquaient Tula devaient poursuivre leur
offensive vers Kolomna (60 kilomètres au sud est de la capitale.).
L’objectif initial, qui prévoyait l’encerclement de l’ennemi suite à la
jonction des deux armées à Noginsk, était maintenu.
Les Panzers s’étant emparés de Kline à la fin novembre, ces derniers
avancèrent vers Moscou. C’est ainsi que les troupes allemandes atteignirent
les faubourgs de la capitale, se trouvant désormais à moins de 30 kilomètres
du Kremlin.
Mais au sud, les Allemands luttaient toujours pour prendre Tula. Tentant une
manœuvre d’encerclement, ces derniers subirent une violente contre-attaque
de l’armée rouge dans les environs de Kachira, à cinquante kilomètres au
nord de Tula.
Début décembre, alors que la Wehrmacht n’avait toujours pas reçu ses
fournitures d’hiver, le thermostat descendit à -30°, les journées ne durant
plus que six heures. Plus d’une centaine de milliers de soldats allemands
souffrirent du froid extrême, tout comme les véhicules qui n’avaient pas
reçu de liquide antigel.
La
Wehrmacht ne pouvant plus avancer dans ces conditions, l’opération Typhon
s’acheva sur un échec.
Dans les jours qui suivirent l’arrêt de l’offensive, Hitler ordonna à ses
généraux de tenir leurs positions, même si ses derniers étaient exposés à
une attaque ennemie. Ne pouvant pas creuser des tranchées en raison du sol
gelé, plusieurs officiers désobéirent au Führer, reculant de plusieurs
kilomètres afin d’installer leurs troupes sur des points plus faciles à
défendre.
Apprenant ces actes d’insubordination, Hitler décida alors de limoger
plusieurs généraux pendant l’hiver.
i)
Contre-attaques soviétiques (décembre 1941) : alors que les armées
allemandes ne bougeaient plus, attendant de recevoir leur matériel d’hiver,
les Soviétiques, au contraire, lancèrent d’importantes contre-attaques à la
mi-décembre 1941.
Ainsi, l’armée rouge s’empara de Kalinine et de Kline, menaçant d’encercler
les Allemands installés à Rjev (cité se trouvant à une soixantaine de
kilomètres au nord de Viazma.).
Par ailleurs, Staline lança deux autres grandes offensives, en direction de
Léningrad et de la Crimée.
Toutefois, le secrétaire général du parti communiste commit la même erreur
qu’Hitler en juin 1941, considérant l’ennemi comme incapable de résister.
Ainsi, si l’armée rouge parvint à desserrer l’étau autour de la capitale,
elle ne parvint pas à repousser les Allemands hors de l’URSS.
Le front est (décembre 1941 à mai 1942)
j)
Bilan de l’opération Barbarossa : après seulement six mois de guerre,
les pertes étaient colossales dans les deux camps.
L’URSS déplorait 800 000 tués, 3 millions de blessés, 3 millions de
prisonniers (dont 2 millions moururent en captivité.). Par ailleurs, 21 000
avions et 20 000 chars avaient été détruits par la Wehrmacht.
Côté allemand, les pertes gigantesques restaient toutefois étaient
inférieures à celle de l’ennemi : contre 250 000 tués, 25 000 disparus,
500 000 blessés (plus les pertes matérielles : 2 000 avions et 2 700 chars
détruits.).
4° La guerre de continuation (1941) – Comme nous
l’avons vu précedemment, la guerre d’Hiver, opposant la Finlande à l’URSS,
s’était soldé sur une victoire soviétique.
Ainsi, suite à la signature du traité de Moscou, en mars 1940, les
Finlandais s’engageaient à rétrocéder la Carélie finlandaise[47]
; la région de Salla ; la péninsule de Kalastajansaarento, sur la mer de
Barents ; ainsi que quatre îles du golfe de Finlande. Enfin, le port de
Hanko était loué à l’URSS pour une période de trente ans[48].
a)
Les suites de la guerre d’Hiver (mars 1940 à juin 1941) : mais alors
que la paix avait été signée entre les deux pays, l’URSS conservait une
position menaçante : pendant l’été 1940, les Soviétiques réclamèrent des
autorisations de prospection minière à Petsamo (il s’agissait d’de l’unique
accès finlandais à la mer de Barents, à l’extrême nord du pays.) ; le
gouvernement finlandais ayant accordé un droit de passage à l’Allemagne,
Moscou réclama des droits similaires pour le port de Hanko.
Toutefois, si la Finlande accorda aux Soviétiques un droit de passage à
Hanko, les pourparlers concernant les mines de Petsamo s’éternisèrent. En
janvier 1941, l’URSS stoppa ses exportations de céréales vers la Finlande,
puis les relations diplomatiques entre les deux Etats furent rompues.
Le
gouvernement finlandais, n’ayant guère reçu de soutien de la part des
démocraties occidentales en 1939, décida alors de se tourner vers
l’Allemagne nazie, qui appréciait le soutien de ce potentiel allié lors
d’une future offensive contre l’URSS ;
Grâce au soutien allemand, l’armée finlandaise du général Mannerheim doubla
ses effectifs en l’espace de quelques mois, recevant 500 chars[49]
et 1800 avions (à noter qu’en 1940, 45% du budget de l’Etat fut consacré
aux dépenses militaires.).
La guerre de continuation (juillet 1941)
b)
La guerre de continuation (juin à décembre 1941) : alors qu’à
l’origine l’armée finlandaise devait adopter une position défensive, le
général Mannerheim décida de lancer une offensive de grande ampleur sur la
Carélie. Ce nouveau conflit fut baptisé guerre de continuation, ce
dernier étant considéré comme la suite de la guerre d’Hiver.
La guerre de continuation.
Attaquant les lignes ennemies à compter de la mi-juillet 1941, les troupes
finlandaises parvinrent à atteindre Sortavala en l’espace de quelques jours.
La prise de cette ville située à la pointe nord du lac Ladoga permit aux
Finlandais de couper en deux les forces soviétiques stationnées sur la
frontière.
L’armée finlandaise se dirigea ensuite en direction d’Olonets, sur la rive
est du lac, établissant une ligne de front sur l’ancienne frontière.
Au
même moment, une autre offensive fut lancée contre la moitié ouest de la
Carélie, où la défense soviétique fut plus importante (Léningrad, ancienne
capitale de l’URSS, n’était qu’à une centaine de kilomètres de la frontière
finlandaise.).
Atteignant Viipuri (aujourd’hui Vyborg.) à la fin août 1941, les Finlandais
s’établirent début septembre sur les frontières d’avant le traité de Moscou.
Une dernière offensive fut lancée cette fois-ci depuis la frontière
orientale de la Finlande, les troupes de Mannerheim atteignant Rugozero au
début du mois de juillet 1941 (il s’agissait d’un village situé à une
centaine de kilomètres de la frontière.).
Avançant vers le lac Onega, les Finlandais s’emparèrent le 1er
octobre de Petrozavodsk, cité abandonnée par les troupes soviétiques qui
craignaient d’être encerclées.
Progressant en territoire ennemi pendant encore plusieurs semaines, les
Finlandais s’emparèrent de Karhumäki et Povenets en novembre 1941 (deux
villages situées sur la rive nord du lac Onega.), s’installant sur le Svir
au début du mois de décembre (le tracé du fleuve correspondant à celui des
anciennes frontières.).
La guerre de continuation (décembre 1941)
c)
Les réactions internationales : les réactions internationales furent
mitigées quant à l’alliance de germano-finlandaise.
Si
la Finlande restait un Etat démocratique, refusant d’appliquer la politique
antisémite de Berlin, l’offensive contre l’URSS était inacceptable pour le
gouvernement britannique.
Churchill envoya donc un ultimatum à Helsinki, réclamant la fin des
hostilités avec l’URSS ; toutefois, les Finlandais refusant de s’incliner,
la Grande-Bretagne déclara la guerre à la Finlande en décembre 1941.
Du
côté des Etats-Unis, le président américain Franklin Roosevelt était
favorable au gouvernement finlandais, qui luttait pour récupérer ses
frontières d’avant 1940. Toutefois, l’armée finlandaise ayant franchi
pendant l’hiver 1941 les anciennes frontières, menaçant le chemin de fer de
Mourmansk[50],
le gouvernement américain haussa le ton.
Roosevelt réclama alors à Helsinki de reculer sur les frontières de 1939, ce
que fit le général Mannerheim au cours du mois de novembre 1941.
5° La seconde phase de la guerre du désert (1941) –
L’opération Compass, lancée en décembre 1940, avait permis aux Britanniques
de pénétrer en Libye, ces derniers progressant sans difficultés jusqu’à El
Agheila (cependant, Churchill avait préféré mettre un terme à l’offensive
afin d’envoyer des renforts en Grèce[51].).
Côté allemand, Hitler lança l’opération Sonnenblume suite à l’échec italien
en Libye, prévoyant le débarquement d’un contingent à Tripoli. C’est ainsi
que le Deutsches Afrikakorps[52],
parti de Naples, arriva dans la capitale libyenne à la mi-février 1941.
a)
Première offensive de l’Afrika Korps : l’Afrika Korps, commandé par
le général Erwin Rommel[53],
était composée de 160 chars de combat (25 Panzer I, 45 Panzer II, 70 Panzer
III et 20 Panzer IV.). Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les
effectifs de cette unité étaient de taille réduite ; toutefois, l’Afrika
Korps était équipée de blindés performants (les Panzer III et IV étaient à
cette date les meilleurs chars de l’armée allemande.).
Le général Erwin Rommel en Libye,
Mémorial Leclerc, Paris.
Si
Rommel avait reçu l’ordre d’adopter une position défensive face à la ligne
de front ennemie, ce dernier décida d’attaquer la position britannique à El
Agheila, jugée mal défendue, à compter du 30 mars 1941.
Repoussant l’ennemi, les troupes allemandes parvinrent à récupérer
rapidement les villes tombées entre les mains des Britanniques en début
d’année. D’avril à juin, les Allemands s’emparèrent donc de Beda Fomm,
Benghazi, Derna, Bardia, et de Solum (ville frontalière égyptienne.).
La guerre du désert - première offensive
de l'Afrika Korps.
b)
Le siège de Tobrouk (avril à novembre 1941) : toutefois, si Rommel avait
réussi à progresser rapidement jusqu’à la frontière égyptienne, ce dernier
n’avait pu s’emparer de Tobrouk, cité qui fut donc assiégée par l’Afrika
Korps à la mi-avril 1941.
Pour Rommel, la prise de cette place forte était primordiale, car si les
Allemands partaient à l’assaut de l’Egypte sans avoir pris Tobrouk, les
défenseurs de la ville pourraient gravement endommager les voies de
ravitaillement allemandes.
Cependant, la Grande-Bretagne détenait la supériorité maritime, et Tobrouk
était régulièrement ravitaillée par la Royal Navy. Ainsi, alors que la cité
était à l’origine défendue par une division australienne, cette dernière
reçut rapidement des renforts.
Ayant encerclé Tobrouk, Rommel lança plusieurs assauts sur le sud et l’ouest
de la cité. Toutefois, déplorant d’importantes pertes, le général allemand
décida de mettre un terme au siège, préférant attendre l’arrivée de renforts
en provenance d’Allemagne.
Le siège de Tobrouk, 1941.
c)
L’opération Brevity et l’opération Skorpion (mai 1941) : l’armée
britannique ayant été refoulée hors de Libye, le général Wavell, commandant
en chef au Moyen-Orient, décida de lancer
l’opération Brevity[54]à la mi-mai 1941 (ce dernier avait
récemment reçu d’importants renforts en hommes et en matériel[55].).
Cette offensive n’était pas destinée à repousser l’ennemi hors de Libye,
mais au contraire d’effectuer une attaque ponctuelle sur la ligne de front
allemande, afin de s’emparer du triangle Sollum-Fort Capuzzo-Bardia.
Toutefois, l’opération Brevity ne se déroula pas comme prévu, et les
Britanniques ne parvinrent qu’à s’emparer de la passe d’Halfaya, position
stratégique située à cinq kilomètres au sud de Sollum.
Toutefois, à la fin du mois de mai 1941, Rommel lança l’opération
Skorpion, destinée à reprendre la passe d’Halfaya.
Lançant une offensive en direction de cette zone, les Allemands parvinrent à
chasser rapidement les Britanniques de cette position.
La région du Fezzan, en Libye, Mémorial Leclerc, Paris.
d)
L’opération Battleaxe (juin 1941) : l’opération Brevity s’étant conclue
sur un semi-échec, le général Wavell décida de lancer une nouvelle attaque à
la mi-juin 1941, l’opération Battleaxe[56].
L’objectif de cette offensive de grande ampleur était de chasser les
Allemands hors de Cyrénaïque, l’Etat-major britannique ayant intercepté un
télégramme de l’OKW, ordonnant à Rommel d’adopter une position défensive en
raison de l’imminence de l’invasion de l’URSS. grâce à une nette
supériorité numérique (20 000 soldats et 190 chars pour les Britanniques
contre 13 000 hommes et 200 chars côté allemand.).
Comme pour l’opération Brevity, l’objectif était de chasser l’ennemi de
Sollum et du Fort Capuzzo, puis d’avancer vers Tobrouk et Derna.
Les provinces de Libye en 1940.
A
l’aube du 15 juin 1941, le groupe Halfaya commença à bombarder la
passe du même nom, l’assaut étant lancé suite à une demi-heure de feu
nourri. Toutefois, les Allemands qui n’avaient guère été touchés par le
déluge d’artillerie ouvrirent le feu sur les blindés britanniques, en
détruisant une grande partie grâce à leurs canons antichars.
Plus au nord, un régiment de tanks britanniques parvint à chasser l’ennemi
du Fort Capuzzo ; mais à l’ouest, sur la crête de Hafid, les Allemands
parvinrent à conserver leurs positions.
Au
soir du premier jour de l’offensive, l’opération Battleaxe était déjà mal
engagée. En effet, non seulement les Britanniques ne s’étaient emparés que
d’un objectif sur trois ; en outre, près de la moitié de leurs chars étaient
hors d’usage.
L'opération Battleaxe.
Le
lendemain, les blindés se trouvant au Fort Capuzzo parvinrent à conserver
leurs positions, alors qu’à la crête de Hafid, les Allemands étaient
désormais encerclés. Toutefois, les Britanniques attaquant la passe
d’Halfaya furent contraints de reculer vers la frontière égyptienne.
Le
17 juin, désormais menacés sur leurs arrières (les Allemands avaient repris
la passe d’Halfaya.), les Britanniques stationnés au Fort Capuzzo et sur la
crête de Hafid reçurent l’ordre de faire rebrousse chemin.
Au
final, l’opération Battleaxe s’acheva sur un échec patent pour le général
Wavell.
En
effet, si les pertes étaient légères dans les deux camps (100 tués, 600
blessés et 250 disparus côté britannique contre 100 tués, 350 blessés et 250
disparus pour l’Afrika Korps.), les alliés avaient perdu près de la moitié
de leurs chars (contre une dizaine côté allemand[57].).
Prisonniers de guerre britanniques suite
à l'opération Battleaxe, juin 1941, Mémorial Leclerc, Paris.
Churchill, furieux de cet échec, décida de limoger Wavell. Toutefois, ne
pouvant pas le faire rentrer en Angleterre, il décida de lui donner le
commandement des armées en Inde, en remplacement du général
Claude Auchinleck[58],
qui reçut le commandement des armées du Moyen-Orient.
Par ailleurs, le XII° Corps et le XXX° Corps furent utilisés pour
former le noyau de la VIII° Armée britannique, dont le commandement
fut cédé au général Alan Cunningham[59],
qui s’était emparé de la Somalie italienne en mars 1941[60].
Les généraux Claude Auchinleck et Allan
Cunningham.
e)
L’opération Crusader (novembre à décembre 1941) : alors que depuis
l’opération Battleaxe les Britanniques n’étaient plus en mesure de lancer
une nouvelle offensive, côté allemand Rommel manquait de carburant (ce qui
l’empêchait de s’avancer vers l’Egypte.).
Toutefois, Auchinleck reçut d’importants renforts pendant l’automne 1941,
deux nouveaux modèles de blindés faisant leur apparition : le char
Valentine[61],
destiné à remplacer le char Mathilda (canon de 40 et blindage de 60 mm.) et
le char léger américain M3[62]
(équipé d’un petit canon de 37 mais doté d’une vitesse de pointe de 60
kilomètres heure.). Au total, les Britanniques possédaient plus de 700
blindés (en majorité des chars Mathilda et Valentine.) plus une réserve
d’environ 200 véhicules.
Tank Valentine.
Côté allemand, Rommel avait été lui aussi approvisionné en hommes et en
matériels, reçevant l’appui de trois divisions à l’automne 1941 (deux
divisions blindées et une division motorisée.). Par ailleurs, Rommel
disposait du soutien de sept divisions italiennes.
Toutefois, si l’Afrika Korps était de taille équivalente à l’armée
britannique (à peu près 120 000 hommes dans chaque camp.), elle ne comptait
que 390 blindés[63],
soit presque deux fois moins que l’ennemi (et aucune réserve.).
Toutefois, les Allemands disposaient d’un bon nombre de canons antichars ;
en outre, les chars Panzer III et IV étaient bien plus performants que leurs
homologues britanniques.
A
la mi-novembre 1941, le général Auchinleck lança donc l’opération
Crusader[64],
destinée à chasser les Allemands de Cyrénaïque.
Cette offensive surprit l’ennemi, ce qui permit aux Britanniques de
progresser sans grandes difficultés, Rommel ne s’attendant pas à une
offensive alliée.
Progressant vers Tobrouk depuis le sud, les Britanniques furent confrontés à
une division blindée italienne à Bir el Gobi ; cependant, les chars italiens
Fiat-Ansaldo M-13/40 étant obsolètes, ils furent rapidement repoussés (les
alliés eurent de grande difficultés pour avancer suite à la bataille à cause
des carcasses de chars qui gênaient le passage.).
A
l’issue de cette première journée, Rommel restait convaincu que l’offensive
anglaise n’était qu’un coup de force ponctuel destiné à soulager le siège de
Tobrouk.
La guerre du désert - l'opération
Crusader.
C’est à Sidi Rezegh, à une vingtaine de kilomètres au sud est de Tobrouk que
se livra le 21 novembre une importante bataille de chars entre l’Afrika
Korps et les blindés britanniques.
Toutefois, bien que se trouvant en infériorité numérique (240 Panzers contre
470 chars M3 et Cruisers.), Rommel parvint à profiter de la supériorité des
Panzer III et IV pour repousser les chars alliés.
Ainsi, alors que les Allemands ne perdirent qu’une quinzaine de tanks lors
de la bataille de Sidi Rezegh, les Britanniques déploraient de très
importantes pertes.
Mais cette défaite n’entama pas le moral de l’Etat-major britannique, qui
considérait que les pertes allemandes restaient supérieures à celle des
alliés.
Ainsi, le Fort Capuzzo fut capturé le lendemain par les Britanniques, ainsi
que le Fort Sidi Omar. Toutefois, si les alliés avaient capturé plusieurs
fortifications frontalières, l’ennemi restait toujours présent dans la
région.
Dans la journée du 22 novembre, de nouveaux combats se déroulèrent à Sidi
Rezegh, les Britanniques subissant un nouveau revers (ces derniers ne
détennaient plus que 40 chars dans la soirée.).
Cependant, renforcés dans la nuit par l’infanterie sud-africaine, les
blindés britanniques parvinrent à causer d’importants dégâts aux Allemands
dans la journée du 23 novembre, perdant dix chars mais en détruisant près de
70.
Le
27, Rommel affronta les Britanniques à Bir el Chleta, à une vingtaine de
kilomètres à l’est de Sidi Rezegh. Cependant, si les alliés avaient subi
d’importantes pertes les jours précédents, ils avaient reçu le soutien des
chars de réserve, alors que l’Afrika Korps n’en disposait pas.
La
bataille s’acheva toutefois sur un statu quo, les deux belligérants
perdant une dizaine de tanks.
A
noter que le général Cunningham fut relevé de ces fonctions à cette date, et
remplacé par le général Neil Methuen
Ritchie[65].
Le général Neil Ritchie.
Début décembre, Rommel décida de se diriger vers Tobrouk, afin d’empecher
l’ennemi de venir porter secours aux assiégés.
Toutefois, les Britanniques encerclant désormais la Sollumn, Halfaya et
Bardia, Rommel décida d’abandonner le siège de Tobrouk et de reculer vers
Gazala, où il établit une nouvelle ligne de défense.
Ayant reçu de nouveaux renforts, Auchinleck lança une nouvelle offensive
vers Gazala à la mi-décembre 1941, contraignant Rommel à reculer une fois de
plus, cette fois-ci jusqu’à El-Agheila.
En
janvier 1942, les forces de l’Axe assiégées à Sollum, Bardia et Halfaya
déposèrent finalement les armes, ce qui mit terme à l’opération Crusader.
Contrairement aux précedentes offensives, cette attaque avait été très
couteûse en vies humaines : ainsi, les Britanniques déploraient 3 000 tués,
7 000 blessés, 7 500 disparus (plus 800 chars détruits ou endommagés.) ;
contre 1 200 tués, 2 800 blessés et 10 000 disparus (plus 340 chars[66]
détruits ou endommagés.) côté allemand.
L’opération Crusader s’achevait sur une
victoire à la Pyrrhus[67],
les Britanniques n’ayant remporté la bataille qu’en raison de leur
supériorité en termes de matériel.
6° La campagne d’Afrique de l’est (1941) – Comme nous
l’avons vu précédemment, l’Italie avait lancé une importante offensive
militaire contre le Soudan et la Somalie britannique à l’été 1940[68].
Ainsi, les forces italiennes s’étaient emparées de plusieurs cités sur la
frontière soudanaise, et s’étaient emparés de la Somalie.
Toutefois, les Britanniques, conservant une nette supériorité maritime dans
la mer Rouge, avaient commencé à riposter depuis l’automne.
a)
Les plans de l’Etat-major britannique : en vue de reprendre la
Somalie britannique à l’ennemi, le général Wavell élabora un plan divisant
les forces alliées en deux groupes : le premier, commandé par le général
William Platt[69],
partant du Soudan, devait traverser l’Erythrée en direction de l’Ethiopie ;
l’autre groupe, commandé par le général Alan Cunningham, partant du Kenya,
devait remonter vers le nord à travers la Somalie italienne, afin de
rejoindre l’Ethiopie.
L’objectif de l’Etat-major britannique était de se débarrasser de la
présence italienne dans la corne de l’Afrique, afin de permettre un
ravitaillement plus efficace de l’Egypte.
b)
La Force Gédéon en Ethiopie (janvier à mai 1941) : parti pour
l’Afrique à l’été 1940, Hailé Sélassié ne rentra toutefois en Ethiopie qu’à
l’été 1940. Ce dernier y rejoignit alors la
Force Gédéon[70],
unité de guérilla commandée par le lieutenant-colonel britannique
Orde Charles Wingate[71].
La
Force Gédéon, composée d’une minorité de britanniques, n’était composée que
de 1 700 hommes. Ainsi, Wingate ne put que mener des opérations de guérilla
sur le territoire éthiopien.
Dans un premier temps, Wingate profita de la présence d’Hailé Sélassié pour
recevoir le soutien des éthiopiens enrôlés de force dans l’armée italienne ;
puis, à compter de mars 1941, il commença à attaquer les positions
italiennes les plus fragiles.
C’est ainsi que fut pris Bure, au cours de la première semaine de mars 1941,
perturbant ainsi les communications vers Debre Marqos, capitale de la
province de Gojjam.
Côté italien, il fut décidé d’abandonner Denbecha, à soixante kilomètres à
l’est de Bure, afin d’adopter une position plus défensive dans Debre Marqos.
Au
fil des semaines, la Force Gédéon devenant de plus en plus importante,
Amédée II ordonna à ses troupes d’abandonner ses positions afin de se
réfugier vers Dessie (à 380 kilomètres au nord de la capitale éthiopienne.).
Profitant du recul ennemi, et renforcée par les troupes du général
Cunningham, la Force Gédéon s’empara sans coup férir de Debre Marqos et
d’Addis Abeba au début du mois d’avril.
A
la mi-mai, poursuivant les unités italiennes, Wingate parvint à encercler
l’ennemi non loin de Debre Sïna, à 200 kilomètres au sud de Dessie. Pensant
faire face à un ennemi supérieur en nombre, les Italiens décidèrent de faire
reddition à la fin du mois.
c)
La campagne d’Erythrée (janvier à avril 1941) : conformément aux
plans de Wavell, le général Platt, parti du Soudan, pénétra en Erythrée à
compter de janvier 1941 (ce dernier reçut en renfort une division indienne[72]
ayant combattu à la frontière libyenne.).
A
la mi-janvier 1941, apprenant que les britanniques menaçaient l’Erythrée, le
général Frusci accepta d’évacuer Kassala afin de s’établir sur une ligne
Keru-Biscia-Aicota (à plus de cinquante kilomètres de la frontière
soudanaise.).
Dans un premier temps, les Britanniques s’emparèrent de Sebderat et de
Tessenei, deux cités frontalières. Au même moment, la Force Briggs,
commandée par le général Harold Rawdon
Briggs[73],
partie de Karora, traversa la frontière nord de l’Erythrée en direction de
Keren (cette unité comptait deux bataillons de FFL.).
Troupes britanniques en Afrique
orientale.
Les hommes du général Platt, s’emparant de la route reliant Tessenei à
Barentu, parvinrent à prendre à revers les troupes du général Frusci,
installés entre Keru et Aicota. Près de 1 200 soldats furent faits
prisonniers, les Britanniques s’emparant par ailleurs d’importantes
quantités d’armes et de munitions.
Début février, les troupes italiennes retranchées à Agordat et Barentu,
encerclées par l’ennemi, furent elles aussi contraintes de déposer les
armes. Ainsi, les Britanniques capturèrent 6 000 Italiens, s’emparant d’une
trentaine de blindés et de 400 camions.
La campagne d'Erythrée.
Suite à la prise d’Agordat et de Barentu, les troupes britanniques
avancèrent vers Keren. Toutefois, la cité était puissamment fortifiée,
d’autant que le général Platt ne disposait par d’artillerie lourde.
Début mars, la Force Briggs arriva finalement à Keren, renforçant une armée
britannique toujours inférieure numériquement à l’ennemi (13 000
Britanniques contre 23 000 Italiens.). Toutefois, l’arrivée des Hurricanes
de la Royal Air Force à la fin mars 1941 bouleversa la donne. Les troupes
italiennes, subissant des bombardements constants, furent finalement
contraintes de déposer les armes le 1er avril 1941.
Le
siège de Keren fut l’affrontement le plus sanglant de la campagne
d’Erythrée, les Britanniques déplorant 500 tués et 3 200 blessés ; contre
3 000 tués et 3 500 blessés côté italien.
Suite à la prise de Keren, les Britanniques se dirigèrent vers Asmara, la
capitale, située à 50 kilomètres au sud-est.
Les Italiens, n’étant plus en mesure de s’opposer à l’ennemi, lancèrent
quelques actions de guérilla sans lendemain, mais ne parvinrent pas à
freiner l’avancée britannique.
Asmara, déclarée ville ouverte le 1er avril, fut prise par une
division indienne, qui fit 5 000 prisonniers, et s’empara d’importantes
quantités de munitions.
Les derniers combats eurent lieu dans le port de Mitsiwa, à une centaine de
kilomètres à l’est de la capitale, la flotte italienne ayant reçu l’ordre de
Mussolini de défendre la zone coûte que coûte.
Malgré une forte résistance dans les premiers jours d’avril, les troupes
italiennes, manquant de vivres et de munitions, furent contraints de déposer
les armes à la fin de la semaine. C’est ainsi que les Britanniques
s’emparèrent de 10 000 prisonniers et d’importantes quantités de matériel.
Le
général Platt s’étant emparé de l’Erythrée, il fit traverser la frontière
éthiopienne à ses troupes. Alors qu’en avril 1941 les Italiens avaient
évacué Abbis Adeba afin de se réfugier à Dessie, les hommes de Platt
marchèrent vers Amba Alagi, une position montagneuse située à 300 kilomètres
au nord de Dessie.
Amédée II, occupant cette importante position stratégique, refusa de baisser
les armes. Encerclés à compter de la mi-mai, les 7 000 soldats italiens, en
infériorité numérique (9 000 Britanniques et 20 000 Ethiopiens du côté
ennemi.), et privé de réserves d’eau, furent contraints de faire reddition
quelques jours plus tard.
d)
La reconquête de la Somalie britannique (mars 1941) : à la mi-mars
1941, l’Etat-major britannique lança l’opération Apparence, destinée
à reprendre la Somalie britannique à l’ennemi.
C’est ainsi que deux bataillons indiens débarquèrent dans le port de
Berbera, capitale du pays, ne rencontrant aucune résistance de la part de
l’ennemi. En effet, la garnison italienne, souffrant de la malaria, et ne
recevant qu’un approvisionnement sommaire depuis plusieurs mois, décida de
se rendre.
Moins d’une semaine après la capture de Berbera, les Britanniques
s’emparèrent d’Hargeisa, puis prirent progressivement le contrôle de toute
la Somalie britannique.
e)
La campagne de Somalie : en janvier 1941, alors que le général Platt
avait envahi l’Erythrée, le général Cunningham, parti du Kenya, traversa la
frontière somalienne.
Toutefois, l’Etat-major italien ayant estimé que les plaines de Somalie
étaient indéfendables, les Britanniques ne rencontrèrent guère de
résistances lors de leur progression vers le nord du pays.
C’est ainsi que le général Cunningham s’empara du port de Kismaayo, à 250
kilomètres à l’est de la frontière kenyanne.
L’armée italienne, retranchée à Jilib, à une centaine de kilomètres au nord
de Kismaayo, fut attaquée par l’ennemi à la fin du mois de février.
Encerclés, les Italiens furent contraints de faire reddition, permettant aux
troupes britanniques de s’emparer de Mogadicio, la capitale, quelques jours
plus tard.
Le
général Cunningham s’étant emparé de la Somalie italienne, ce dernier décida
de se diriger vers l’Ethiopie à compter du mois de mars 1941.
Marchant vers Addis Abeba, Cunningham vint renforcer la Force Gédéon,
permettant début avril la capture de la capitale éthiopienne.
f)
Bilan de l’offensive britannique : l’offensive britannique fut un
réel succès, les alliés étant parvenus à s’emparer de toutes les possessions
italiennes d’Afrique de l’est en l’espace de quelques mois.
Caricature britannique représentant la destruction de l'Empire de Mussolini
(la légende indique piece by piece, "morceau par morceau" en
français).
Toutefois, si les principales places-fortes italiennes d’Ethiopie furent
prises d’ici l’automne 1941, l’ennemi organisa une stratégie de guérilla
dans la pointe est du pays jusqu’en 1943.
Une dernière offensive fut menée contre la Somalie française pendant l’été
1941, la Royal Navy opérant un blocus de Djibouti, la capitale. Trois mois
plus tard, la garnison vichyste de la ville décida de faire reddition aux
Britanniques.
7° La guerre anglo-irakienne
(avril à mai 1941) – Si l’Irak, ancien mandat de la SDN,
était officiellement indépendant depuis 1932, le pays était toutefois resté
dans le giron britannique : des bases anglaises étaient implantées dans le
pays, l’objectif étant de conserver la mainmise sur le pétrole irakien.
a)
Petite histoire de l’Irak à l’aube de la seconde guerre mondiale (1939 à
1941) : en avril 1939, le roi d’Irak,
Ghazi I°[74],
mourut, laissant le trône à son fils,
Fayçal II[75],
encore un enfant. Toutefois, ce dernier étant trop jeune pour régner, la
régence fut exercée par le cousin du défunt,
Abdul Ilah[76].
Le jeune Fayçal II.
L’année suivante, le gouvernement pro-britannique de
Nouri Saïd[77]
fut renversé par le parti de la Confrérie nationale. Son fondateur,
Rachid Ali al-Gillani[78],
fut alors nommé premier ministre.
Mais le nouveau venu, résolument nationaliste, multiplia les accrochages
avec le régent.
Ainsi, en plein conflit mondial, al-Gillani refusa de couper les liens
diplomatiques unissant l’Irak à l’Italie ; par ailleurs, il souhaita faire
entrer le pays dans le giron du troisième Reich, afin d’en finir avec les
Britanniques.
Rencontre entre Al-Gillani Hitler à Berlin.
A
l’hiver 1940, une crise politique majeure éclata en Irak. Le régent, afin de
protester contre la politique du gouvernement, se réfugia dans la base
britannique d'Habbaniyah (à une centaine de kilomètres à l’ouest de
Bagdad.).
Al-Gillani, démissionnant en janvier 1941, décida alors de préparer un coup
d’Etat avec le soutien d’officiers pro-nazis de l’armée irakienne.
Le
putsch fut lancé le 1er avril, alors que le régent avait regagné
la capitale. Ce dernier, démis de ses fonctions, parvint toutefois à quitter
Bagdad sain et sauf. Al-Gillani, quant à lui, obtint les pleins pouvoirs.
Suite au coup d’Etat, le premier ministre tenta de recevoir un soutien
militaire du troisième Reich. Pour ce faire, al-Gillani négocia un accord
secret avec l’ambassadeur d’Italie, prévoyant l’union de l’Irak et de la
Syrie (la Syrie étant alors un mandat français.) ; la nationalisation des
champs de pétrole irakiens (la nouvelle compagnie serait détenue à 75% par
Berlin et Rome.) ; en contrepartie, al-Gillani céderait trois zones
portuaires fortifiées du Proche-Orient aux forces de l’Axe.
Peu de temps après, le premier ministre ordonna la fermeture du pipeline
reliant l’Irak à la Palestine (sous mandat britannique.) ; puis il envoya du
pétrole en direction de Tripoli (au Liban.), zone sous contrôle du régime de
Vichy.
b)
Le déclanchement de la guerre anglo-irakienne (avril à mai 1941) :
alors que la Grande-Bretagne était déjà engagée en Lybie et en Grèce,
Churchill ne consacra que peu de troupes à la guerre contre l’Irak. C’est
ainsi que seule une division d’infanterie débarqua à la mi-avril 1941 dans
le port de Bassorah (il s’agissait d’une ville située à la pointe sud du
pays.), dans le cadre de l’opération Sabine. Cette unité, originaire
d’Inde, était sous le commandement du général
Edward Quinan[79]
(elle fut surnommée l’Iraqforce.).
Les Britanniques sécurisant rapidement la zone, de nouvelles troupes
débarquèrent à Bassorah jusqu’à la fin avril (le corps expéditionnaire
comptant désormais 7 000 soldats et trente pièces d’artillerie.).
Au
printemps 1941, l’armée irakienne était forte de quatre divisions
d’infanterie (plus une division mécanisée[80].) ;
en outre, l’armée de l’air irakienne possédait une centaine d’avions (à
noter que ces deux armées, équipées de matériel désuet, avaient été formées
par des officiers britanniques.).
A
la fin du mois d’avril, al-Gillani ayant appris les mouvements ennemis, il
décida de bloquer les prochains débarquements à Bassorah, tout en ordonnant
à plusieurs bataillons de prendre position au sud d’Habbaniyah.
Assiégés par près de 5 000 soldats, les Britanniques installés à Habbaniyah
exigèrent en le retrait des troupes irakiennes. Toutefois, comme l’ennemi
refusa de quitter ses positions, les Britanniques décidèrent de lancer une
offensive le 2 mai 1941.
A
cette date, Habbaniyah ne comptait que 2 500 soldats, la base aérienne ne
constituant qu’un camp d’entrainement et une étape pour les vols en partance
pour l’Inde. Toutefois, les Britanniques étaient équipés d’une soixantaine
d’avions (chasseurs et bombardiers.) et d’une vingtaine de véhicules
blindés.
Cette première attaque fut un réel succès. Ainsi, en l’espace de quelques
heures, les avions britanniques bombardèrent l’aéroport de Bagdad (20 avions
irakiens furent détruits.), attaquant aussi les véhicules blindés et
l’artillerie ennemie.
Harcelés, les Irakiens évacuèrent leurs positions au sud d’Abbaniyah à
l’issue d’une semaine de bombardements.
c)
L’offensive de la Habforce (mi-mai 1941) : afin de soutenir la base
d’Habbaniyah, assiégée par l’ennemi, l’Etat-major britannique constitua un
groupe d’intervention à partir des effectifs présents en Palestine. Cette
unité comptant 6 000 hommes, surnommée la
Habforce[81],
fut placée sous le commandement du général
John George Walters Clark[82].
La Palestine britannique en 1941.
La
Habforce, arrivant à Habbaniya à la mi-mai 1941, continua sa route vers
Falloujah, cité se trouvant à 70 kilomètres à l’ouest de Bagdad.
Toutefois, les forces irakiennes s’étaient solidement retranchées derrière
le pont qui surplombait l’Euphrate, interdisant l’entrée de la ville aux
Britanniques.
Afin de déloger l’ennemi, laHabforce traversa la rivière en amont afin de
prendre l’ennemi à revers ; en outre, la RAF bombarda les positions
irakiennes de Falloujah à Bagdad.
Finalement, l’ennemi décida de faire reddition le 18, et les Britanniques,
rentrant dans la cité sécurisèrent le périmètre en l’espace de quelques
jours.
d)
L’intervention limitée de la Fliegerführer Irak (mai 1941) :
toutefois, alors que les Britanniques s’avançaient dangereusement vers la
capitale, le gouvernement irakien avait demandé une aide militaire à
l’Allemagne.
C’est ainsi que Berlin fit débarquer à Alep une centaine de soldats
allemands, qui reçurent un soutien logistique français (comme le stipulait
les protocoles de Paris, signés au printemps 1941[83].).
Par ailleurs, la Fliegerführer Irak[84],
partant de Syrie, arriva à Mossoul[85]
à la mi-mai, composée de douze chasseurs ME-110 et cinq bombardiers HE-111.
A noter que jusqu’à la fin du mois, le gouvernement de Vichy fit parvenir à
Mossoul d’importants convois de ravitaillement, contenant 15 000 fusils, 200
mitrailleuses, 30 000 grenades et quatre canons de 75.
Messerschmitt ME-110.
Toutefois, la flotte britannique parvint à bombarder l’aéroport de Mossoul,
causant d’importants dégâts à la Fliegerführer Irak. Ainsi, à la fin du mois
de mai, les Allemands avaient perdu la quasi-totalité de leur flotte.
A
noter qu’une flotte italienne composée d’une dizaine d’avions Fiat CR-32
intervint en Irak, mais ne représenta jamais un grand danger pour les
Britanniques.
e)
La fin de la guerre anglo-irakienne (fin mai 1941) : malgré une
tentative de contre-attaque irakienne, opérée le 22 mai contre Falloujah,
les Irakiens, privés du soutien allemand, ne purent s’opposer à la
progression des Britanniques.
Au
sud, l’Iraqforce quitta Bassorah à la fin du mois de mai, au même moment, la
Habforce avançait vers Bagdad.
A
cette date, le gouvernement al-Gillani s’enfuit en direction de l’Iran, puis
rejoignit l’Allemagne.
Le
31 mai 1941, un armistice fut signé avec le maire de Bagdad, permettant à
Abdul Ilah et à la famille royale de rentrer dans la capitale. Un
gouvernement pro-britannique fut ainsi mis en place.
e)
Bilan de la guerre anglo-irakienne : le conflit anglo-irakien,
conflit mineur de la seconde guerre mondiale, fit toutefois plusieurs
milliers de victimes : 1 200 tués, blessés et disparus côté britannique ;
contre 2 500 tués et 6 000 prisonniers pour les forces irakienne.
Afin de s’assurer du contrôle de la région, une force d’occupation militaire
s’installa en Irak jusqu’à la fin de la guerre.
Par ailleurs, les évènements qui s’étaient déroulés en Irak avaient démontré
que les colonies françaises sous le contrôle du régime de Vichy posaient
désormais problème. En effet, alors que l’armistice prévoyait que l’Empire
colonial français conserverait son indépendance, non seulement Vichy avait
ouvert plusieurs ports aux Allemands, mais en outre portait assistance au
troisième Reich.
C’est ainsi que fut Churchill décida de lancer une offensive de grande
ampleur contre la Syrie et le Liban, pays sous mandats français.
8° L’opération Exporter, ou
campagne de Syrie (juin à juillet 1941) – Afin de mettre
un terme à la présence allemande au Proche-Orient, Churchill ordonna
l’exécution de l’opération Exporter en juin 1941, dirigée contre la
Syrie française.
Pour ce faire, les Britanniques pouvaient compter sur l’Iraq Command
(ancienne Iraqforce.), la Habforce, la
Gentforce[86](soit deux brigades des FFL.), la 7°
division australienne et la 10° division indienne.
Toutefois, l’opération Exporter se fit sur plusieurs points au lieu de se
concentrer sur un seul objectif.
Ainsi, la Gentforce fut chargée de prendre Damas ; la division australienne,
partie de Haïfa, en Palestine, devait marcher sur Beyrouth ; l’Iraq Command,
renforcée par la division indienne, devait prendre Alep, puis sécuriser la
frontière turque[87]
; enfin, la Habforce était chargée de se diriger vers Palmyre, afin de
sécuriser le pipeline qui rejoignait Tripoli (au Liban.).
L'invasion de la Syrie.
a)
Les batailles de la Gentforce : depuis le départ de la Gentforce de
Palestine, les FFL n’avaient rencontré que peu d’opposition, s’emparant de
tous les villages menant à Damas (Daraa, Al Sheikh Maskine, Izraa, etc.).
Toutefois, les Français furent stoppés le 14 juin devant d’Al-Kiswah, à une
dizaine de kilomètres au sud de Damas. Les forces vichystes qui occupaient
cette zone s’étaient solidement retranchées derrière le fleuve
Nahr-el-Aouaj, coupant ainsi la route de la Gentforce.
A
l’aube du 15 juin, les FFL passèrent à l’attaque, s’emparant d’Al-Kiswah et
des collines avoisinantes dans la matinée. Toutefois, apprenant que l’ennemi
se dirigeait vers Izraa, le général
Henry Maitland Wilson[88],
qui commandait, décida de poursuivre la route vers Damas.
L'invasion de la Syrie - la route vers
Damas.
L’attaque sur la capitale syrienne devait se faire en deux points. Le
premier, partant d’Artoz, en direction de Mezzeh (à deux kilomètres à
l’ouest de la capitale.) ; le second, en direction d’Al-Kadam (à trois
kilomètres au sud.).
Conformément aux instructions, Mezzeh fut prise par une brigade indienne à
l’aube du 19 juin. Toutefois, alors que l’artillerie devait être transportée
suite à la capture du village, le convoi en question fut intercepté par les
forces vichystes.
Ne
pouvant plus porter assistance aux troupes indiennes, les FFL s’attaquèrent
à Artoz, espérant retenir l’attention de l’ennemi (toutefois, les alliés ne
parvinrent à s’emparer de cette position qu’à compter du 21 juin.).
Entretemps, les défenseurs de Mezzeh, de ravitaillement en nourriture et en
munitions depuis deux jours, firent reddition le 20 juin en début
d’après-midi. Le lendemain, alors que les forces vichystes évacuaient Damas
pour Beyrouth, les alliés lancèrent une colonne de secours en direction de
Mezzeh, constatant que la brigade indienne avait été réduite à néant.
La
Gentforce parvint toutefois à prendre Damas dans la soirée du 21 juin.
b)
Les batailles de la Habforce : les membres de la Habforce,
progressant vers Palmyre, se retrouvèrent confrontés à des troupes vichystes
à quelques kilomètres de la ville.
Toutefois, les Britanniques commencèrent une manœuvre d’encerclement le 1er
juillet ; le lendemain, l’ennemi décida de faire reddition.
Suite à la bataille de Palmyre, la Habforce se dirigea vers Homs,
menaçant d’encerclement les forces vichystes défendant Beyrouth.
c)
Les batailles de la 7° division australienne : les soldats
australiens, partis d’Haïfa, affrontèrent des forces vichystes retranchées
derrière le fleuve Litani, à quinze kilomètres au nord de la frontière
palestinienne.
L’ennemi ayant fait sauter le pont, les sapeurs australiens établirent le 9
juin un pont flottant à quelques kilomètres en amont, parvenant à prendre
l’ennemi à revers.
Continuant leur progression vers le nord, les Australiens apprirent que les
FFL s’étaient emparées de Damas le 21 juin, et que ces derniers s’étaient
retranchés dans Beyrouth.
La
7° division australienne, quant à elle, s’empara de Damour le 9 juillet,
après une semaine de combat contre les forces vichystes (il s’agissait d’une
importante cité administrative, située à vingt kilomètres au sud de
Beyrouth.).
Les Australiens arrivant sous les murs de la capitale libanaise quelques
jours plus tard, le général Henri Dentz[89],
commandant en chef de l’armée de Vichy, décida de négocier un cessez-le-feu
avec les alliés le 12 juillet (ce dernier considérait qu’il ne pouvait pas
poursuivre la lutte s’il ne recevait pas de renfort depuis la métropole.).
d)
La fin de la campagne de Syrie : conformément aux clauses du
cessez-le-feu, un armistice fut signé le 14 juillet 1941 à Saint Jean
d’Acre.
La signature de l'armistice de Saint jean d'Acre, 14 juillet 1941.
Les pertes étaient importantes des deux côtés : 1 000 tués, 5 000 blessés et
37 000 prisonniers pour les vichystes (à noter que ces derniers eurent le
choix entre rentrer en France ou intégrer les FFL, 6 000 prisonniers
seulement rejoignirent le général de Gaulle.) ; contre 7 000 tués et blessés
du côté des alliés.
A
la fin juillet 1941, le général Catroux fut nommé gouverneur de la Syrie et
du Liban, reconnaissant l’indépendance de ces deux pays. Ainsi, le Liban
devint indépendant en novembre 1943, la Syrie en janvier 1944.
Affiche de propagande vichyste dénonçant
l'hégémonie anglaise, vers 1942, Mémorial Leclerc, Paris (Churchill,
présenté sous la forme d'une pieuvre sanguinaire, étend ses tentacules vers
l'Afrique, théâtre de violents combats (Dakar, Mers el-Kébir, Lybie, Syrie,
Somalie, etc.). La légende indique : Confiance... ses amputations se
poursuivent méthodiquement).
9° L’invasion anglo-soviétique de
l’Iran (août à septembre 1941) – Depuis l’arrivée de la
dynastie des Pahlavi en Iran, en octobre 1925, le pays s’était
rapidement modernisé (établissement d’un pouvoir centralisé, création d’un
code civil, réforme du système éducatif, amélioration du système de santé,
etc.).
Toutefois, l’Iran était depuis le XIX° siècle partagé en deux zones
d’influence : l’une soviétique, au nord, l’autre britannique, au sud. Ainsi,
afin de mettre un terme à cette tradition, le roi
Reza Shah Pahlavi[90]décida de nouer des alliances
commerciales avec des Etats sans alliance traditionnelle avec l’Iran
(France, Italie, Allemagne, etc.).
L'Iran au début du XIX° siècle.
Toutefois, la seconde guerre mondiale ayant éclaté, le gouvernement
britannique vit d’un mauvais œil ce rapprochement germano-iranien.
Reza Shah Pahlavi.
a)
L’ultimatum britannique (août 1941) : si Reza Shah avait annoncé la
neutralité de l’Iran pendant le second conflit mondial, les Britanniques
craignaient que le troisième Reich ne fasse main basse sur les installations
pétrolifères iraniennes.
Côté soviétique, Staline souhaitait faire main basse sur le chemin de fer
trans-iranien (reliant Téhéran au golfe Persique.), ce qui permettrait
aux alliés d’acheminer du matériel en direction de l’URSS.
Ainsi, au cours du mois d’août 1941, le gouvernement britannique demanda au
roi d’Iran d’expulser tous les ressortissants allemands du pays. Cependant,
comme Reza Shah refusa de se soumettre, Churchill décida de lancer une
offensive de grande ampleur contre l’Iran.
b)
L’invasion anglo-soviétique (fin août 1941) : l’Iraq Command, qui
avait précédemment participé à la conquête de la Syrie, fut rebaptisée
Paiforce[91].
Forte de deux divisions indiennes, cette unité fut envoyée en Iran à la fin
août 1941.
De
leur côté, les Soviétiques envoyèrent trois armées franchir la frontière
iranienne.
Le
25 août, une petite flotte britannique pénétra dans le port d’Abadan, au sud
du pays. Les navires iraniens qui se trouvaient la détruits ou capturés,
permettant aux troupes britanniques de sécuriser les installations
pétrolières de la ville.
La
Paiforce, partie de Bassorah, traversa la frontière iranienne, s’emparant
d’Ahvaz le 28.
Plus au nord, d’autres bataillons britanniques, franchissant la passe de Pai
Tak, prirent Kermanshah le 29 août, menaçant Hamadan.
Les Soviétiques, quant à eux, attaquèrent depuis le Caucase, prenant Maku à
la fin du mois. L’armée rouge fit jonction avec les Britanniques le 31 août
à Qazvin (à 150 kilomètres au nord ouest de la capitale.).
En
l’espace d’une semaine, l’Iran avait été soumis par les forces d’invasion
anglo-soviétique.
c)
Le bilan : d’un point de vue militaire, les pertes restaient légères
pour les alliés : 20 tués et 40 blessés côté britannique ; pour 12 tués côté
soviétique.
Au
contraire, les Iraniens déploraient des pertes sévères : 1 000 tués, dont
200 civils.
La
Grande-Bretagne et l’URSS ayant conquis le pays, Reza Shan fut déposé et
exilé à la mi-septembre 1941. Ce fut son fils,
Mohammad Reza Shah Pahlavi[92],
qui monta sur le trône, le nouveau souverain étant toutefois soumis à une
pesante domination anglo-soviétique.
Ainsi, Mohammad Reza Shah signa en janvier 1942 un traité d’alliance avec la
Grande-Bretagne et l’URSS, s’engageant à fournir du matériel non militaire à
ces deux pays (l’Iran ne déclara la guerre à l’Allemagne qu’en septembre
1943.).
Enfin, furent fermées les ambassades d’Allemagne, d’Italie, de Hongrie et de
Roumanie ; les ressortissants allemands furent remis aux autorités
britanniques et soviétiques.
10° La guerre franco-thaïlandaise
(décembre 1940 à mai 1941) – Suite à l’invasion japonaise
du Tonkin, survenue en septembre 1940, le gouverneur de l’Indochine, Jean
Decoux, avait signé un traité de paix avec le gouvernement japonais : ainsi,
la France conservait sa souveraineté sur le Tonkin, toutefois, les troupes
japonaises étaient autorisées à s’y installer[93].
Cet accord fut toutefois considéré comme un aveu de faiblesse par la
Thaïlande (ex-royaume de Siam.), gouvernée par le maréchal
Plaek Pibulsonggram[94],
qui décida de profiter de la situation pour envahir l’Indochine.
Le maréchal Plaek Pibulsonggram.
a)
Petite histoire de la Thaïlande : la Thaïlande, de par sa position
géographique (elle était entourée à l’ouest par la Birmanie britannique, et
à l’est par l’Indochine française.), avait longtemps joué un rôle d’Etat
tampon entre les deux grandes puissances. Toutefois, le royaume n’avait
réussi à conserver son indépendance qu’au prix d’importantes concessions aux
deux grandes puissances.
Ainsi, le roi Rama V[95]
avait été contraint pendant son règne de céder le Laos et la moitié ouest du
Cambodge (les provinces d’Angkor et de Battambang[96])
à la France ; parallèlement, il céda au Royaume-Uni une frange territoriale
à la frontière de Malaisie.
b)
Les forces en présence : à l’hiver 1940, grâce à l’action du maréchal
Pibulsonggram, l’armée thaïlandaise avait bénéficié d’une considérable
modernisation en l’espace de quelques années. Composée de 60 000 hommes,
cette dernière était équipée d’une centaine de véhicules blindés (le tank le
plus répandu au sein de l’armée thaïlandaise était le char Vickers 6-Ton,
véhicule britannique de la fin des années 1920.) et de 140 avions.
Tank Vickers 6-Ton.
Côté français, l’Indochine subissait les conséquences de la défaite
militaire de l’été 1940. Composée de 50 000 hommes, les militaires français
ne disposaient que de 20 chars Renault FT-17, datant de la première guerre
mondiale.
L’armée de l’air, quant à elle, pouvait compter sur une centaine
d’appareils, anciens pour la plupart (il s’agissait pour la plupart de
modèles Potezdatant de la fin des années 1920.).
c)
La guerre franco-thaïlandaise, la bataille de Phumi Préav (décembre 1940
à janvier 1941) : les premières escarmouches se déroulèrent en fin
d’année 1940, l’aviation thaïlandaise bombardant plusieurs cités
frontalières (Battambang, Sisophon, etc.).
Jean Decoux, le gouverneur d’Indochine, tenta de riposter à ces attaques,
mais la désuétude des avions français ne permit pas de causer de gros
dégâts.
Puis, en janvier 1941, le gouvernement thaïlandais lança une offensive de
grande ampleur contre le Laos et le Cambodge.
Mal défendu, le Laos fut rapidement occupé par l’ennemi ; toutefois, l’armée
française opposa une forte résistance à la frontière cambodgienne. Tentant
une importante contre-attaque en direction de Phumi Préav, à moins de dix
kilomètres de la frontière thaïlandaise, les Français furent finalement
contraints de reculer, parvenant néanmoins à endommager un grand nombre de
chars ennemis.
d)
La guerre franco-thaïlandaise, la bataille navale de Ko Chang (mi-janvier
1941) : alors qu’au sol la situation était difficile, Decoux ordonna à
la marine française de lancer une offensive contre la flotte ennemie dans le
golfe de Thaïlande.
A
la mi-janvier 1941, une escadre française composée d’un croiseur et de
quatre avisos[97]
se dirigea vers l’île de Ko Chang, où mouillaient plusieurs navires de la
flotte thaïlandaise.
Profitant de l’effet de surprise, malgré leur infériorité numérique, les
Français parvinrent à couler deux cuirassiers et trois torpilleurs[98].
En l’espace de deux heures, une bonne partie de la flotte thaïlandaise avait
été détruite.
A
noter que la bataille navale de Ko Chang fut le dernier affrontement
maritime remporté par la France jusqu’à aujourd’hui[99].
La guerre franco-thaïlandaise.
e)
La fin de la guerre franco-thaïlandaise, la médiation japonaise (fin
janvier 1941) : à la fin janvier 1941, alors que l’aéroport d’Angkor
était pris pour cible par les bombardiers thaïlandais, le Japon lança un
ultimatum aux deux belligérants, leur ordonnant de cesser les combats.
C’est ainsi que les deux pays signèrent un armistice quelques jours plus
tard, aboutissant à l’adoption d’un traité de paix au cours de la première
semaine de mai 1941.
Ainsi, la France rétrocédait à la Thaïlande les provinces d’Angkor et de
Battambang, au Cambodge ; ainsi que les provinces de Champassak et de
Sayaboury, au Laos (Champassak étant située à la pointe sud-ouest du pays ;
Sayaboury au nord-ouest.). Au total une surface de 50 000 kilomètres carrés,
peuplée par plus de 400 000 habitants.
La fin de la guerre franco-thaïlandaise.
11° L’attaque sur Pearl Harbor,
l’entrée en guerre des Etats-Unis (7 décembre 1941) –
Depuis maintenant plusieurs années, les tensions ne cessaient de monter
entre les Etats-Unis et le Japon. En effet, le président Roosevelt
s’inquiétait de la montée en puissance de l’Empire japonais dans la sphère
asiatique : création du Mandchoukouo, invasion de la Chine, installation en
Indochine française, etc.
Evolution de l'Empire japonais (1939 à
1942).
Soucieux de mettre un terme à cette politique expansionniste, des
négociations furent ouvertes entre les deux pays pendant l’été 1941, les
Etats-Unis demandant au Japon d’évacuer la Chine (à l’exception du
Mandchoukouo.). Toutefois, le gouvernement japonais refusant de céder, les
Etats-Unis et la Grande-Bretagne décrétèrent en juillet 1941 un embargo sur
le pétrole et l’acier[100]
; en outre, Washington opéra un gel des avoir japonais sur sol américain.
Mais à l’automne, de nouveaux pourparlers furent mis en place, afin de
trouver une issue favorable à ce conflit. Toutefois, l’Empereur
Hirohito[101]
lui même considérait que le gouvernement japonais n’obtiendrait jamais gain
de cause face aux Etats-Unis.
Ainsi, alors même que les négociations entre les deux pays allaient bon
train, Hirohito valida, en novembre 1941, un projet d’attaque contre Pearl
Harbor.
L'Empereur Hirohito en costume
cérémonial.
a)
Les forces en présence : côté japonais, le pays s’était
considérablement modernisé depuis l’ère
Meiji[102],
les différents souverains s’étant succédé à la tête de l’Etat ayant fait du
Japon une puissance mondiale de premier rang.
Peuplé de 73 millions d’habitants, le pays du soleil levant disposait d’une
armée essentiellement maritime, comptant trois millions d’hommes, et
disposant d’une dizaine de porte-avions, quinze cuirassiers, 50 croiseurs,
110 destroyers, 80 sous marins.
La
flotte aérienne japonaise, dotée de 1 350 appareils, était composée
d’appareils de plus ou moins bonne facture. Ainsi, outre les modèles désuets
(tels que le bombardier Aichi D1A, un biplan mis en service en 1935)
l’on retrouvait le chasseur Mitsubishi A6M, surnommé Zéro par
les Américains (doté d’un long rayon d’action, il conserva une nette
supériorité sur les appareils américains jusqu’en 1942.) ; le chasseur
Nakajima KI-27 (surnommé Clint.), plus ancien que le A6M, et donc
surpassé par les appareils ennemis dès 1941 ; les bombardiers Mitsubishi
G4M (Betty.) et Nakajima B5N (Kate.), déjà
obsolètes en raison de leur vulnérabilité ; ainsi que le bombardier en piqué
Aichi D3A (Val.).
Mitsubishi G4M.
Enfin, Hirohito pouvait compter sur la dévotion de la population japonaise,
animée d’une grande ferveur patriotique.
Du
côté des Etats-Unis, par contre, le pays n’était pas prêt à entrer en
guerre. En effet, la saignée du premier conflit mondial était présente dans
tous les esprits ; en outre, bien que constituant une puissance de premier
ordre, le pays était partisan de l’isolationnisme depuis le début du XIX°
siècle.
Peuplé par 132 millions d’habitants, les Etats-Unis ne disposaient toutefois
que d’une armée comptant 250 000 hommes.
b)
L’attaque contre Pearl Harbor (7 décembre 1941) : Pearl Harbor, dans
l’archipel d’Hawaï, était la plus grande base navale américaine dans l’océan
pacifique. L’on y trouvait 8 cuirassiers, 9 croiseurs, 28 destroyers, 4 sous
marins, une trentaine de navires auxiliaires, ainsi que 25 000 soldats.
L’objectif de l’Etat-major japonais était de porter un coup fatal à la
marine ennemie, qui, contrainte de reculer vers la Californie, laisserait le
champ libre aux Japonais pour conquérir le sud-est asiatique.
Toutefois, la base américaine était nichée dans une rade, dont le chenal
d’entrée ne faisait que 400 mètres de large. Comme il était impossible pour
la marine japonaise de faire pénétrer ses navires à Pearl Harbor, l’amiral
Isoroku Yamamoto[103]
proposa d’organiser une attaque par la voie des airs, s’inspirant
vraisemblablement de la bataille de Tarente[104].
L'amiral Isoroku Yamamoto.
Début décembre 1941, une escadre japonaise, composée de six porte-avions
(embarquant 400 appareils.), 22 sous marins et trois croiseurs, se dirigea
donc vers Hawaï.
Au
petit matin du 7 décembre, une première vague d’avions japonais bombarda la
position ennemie, profitant de l’effet de surprise pour détruire un maximum
de navires. A noter que les aéroports de l’île furent eux aussi bombardés,
afin d’éviter que les appareils américains ne puisse décoller.
Puis, vers 8 heures 30, une seconde vague, passant cette fois-ci par la
moitié est de l’île, bombarda la base américaine pendant un peu plus d’une
heure.
L'attaque sur Pearl Harbor, décembre
1941, Mémorial Leclerc, Paris.
Au
sol, la panique était à son comble, d’autant que l’attaque japonaise s’était
faite sans déclaration de guerre.
Toutefois, l’amiral Chuichi Nagumo, qui commandait la flotte, refusa
de lancer une troisième offensive (cette fois-ci dirigée contre les dépôts
de carburant.), considérant que l’état de surprise était passé, et que la
flotte aérienne japonaise serait trop exposée aux batteries anti-aériennes.
Plan de l'attaque sur Pear Harbor.
c)
Le bilan de l’attaque contre Pearl Harbor : au final, l’offensive fit
2 400 victimes du côté américain, plus un millier de blessés.
En
ce qui concerne la flotte de guerre, les cuirassiers subirent l’essentiel
des dégâts, étant en grande partie coulés ou sévèrement endommagés (au même
titre qu’une dizaine de destroyers et de croiseurs.). La flotte aérienne de
Pearl Harbor, quant à elle, fut presque entièrement détruite, seule une
trentaine d’appareils (sur 188.) sortant indemne de cette attaque surprise.
Côté japonais, l’offensive fit une soixantaine de victimes, la majorité
d’entre eux étant des aviateurs.
L'attaque sur Pear Harbor,
décembre 1941, Mémorial Leclerc, Paris.
Toutefois, l’attaque japonaise s’achevait sur un semi-échec car les
porte-avions américains, cible pourtant prioritaire, ne se trouvaient pas à
Pearl Harbor le jour de l’offensive. Par ailleurs, non seulement les
cuirassiers endommagés dataient en majorité du début des années 1910 ; en
outre, la base navale restait opérationnelle (le port, les pistes de
décollage, les réservoirs de carburant et les ateliers de réparation ayant
été peu touchés par les bombardements.).
d)
L’entrée en guerre des Etats-Unis (8 décembre 1941) : suite à
l’attaque sur Pearl Harbor, le président Roosevelt prononça un important
discours devant le Congrès[105],
le 8 décembre 1941: Hier, 7 décembre 1941 - date qui restera
marquée d’une honte éternelle - les Etats-Unis d’Amérique ont été l’objet
d’une attaque soudaine et préméditée de la part des forces aériennes et
navales de l’Empire du Japon [...]. On se souviendra que la distance
entre Hawaï et le Japon montre clairement que cette attaque a été préméditée
il y a bien des jours ou même bien des semaines. Pendant ce temps, le
gouvernement japonais a délibérément cherché à tromper les Etats-Unis en
faisant de fausses déclarations et en exprimant l’espoir que la paix serait
maintenue. L’attaque d’hier sur les îles Hawaï a infligé de graves dommages
aux forces militaires et navales américaines. Un grand nombre d’Américains
ont perdu la vie. [...] Hier, le gouvernement japonais a également
déclenché une attaque contre la Malaisie. La nuit dernière, les forces
japonaises ont attaqué Hong-Kong. La nuit dernière, les forces japonaises
ont attaqué Guam. La nuit dernière, les forces japonaises ont attaqué les
îles Philippines. La nuit dernière, les forces japonaises ont attaqué l’île
de Wake. Ce matin les Japonais ont attaqué l’île de Midway. Le Japon a donc
déclenché par surprise une offensive qui s’étend à toute la région du
pacifique. Après ce qui s’est passé hier, tout commentaire serait superflu.
Le peuple américain s’est déjà fait une opinion et comprend bien la portée
du danger qui menace la vie même et la sécurité de notre nation. [...]
Nous nous souviendrons toujours de la nature de l’agression qui a été
commise contre nous. Peu importe le temps qu’il nous faudra pour refouler
cette invasion préméditée ; le peuple américain, fort de son droit, se
fraiera un chemin jusqu’à la victoire totale. [...] Confiants en nos forces
armées, nous remporterons l’inévitable triomphe grâce à la résolution
inébranlable de notre peuple. Et que Dieu nous aide ! Je demande au Congrès
de déclarer que depuis l’attentat commis par le Japon le 7 décembre
[...], les Etats-Unis se trouvent en guerre avec l’Empire du Japon.
Suite au discours du président américain, le Congrès se prononça en faveur
de la guerre à la quasi-unanimité. Plus tard, à la mi-décembre 1941, une loi
sur la conscription fut adoptée, élargissant la mobilisation à tous les
Américains âgés de 20 à 40 ans.
Déclaration de Roosevelt devant le Congrès, décembre 1941.
Du
côté britannique, Churchill ne dissimula guère sa joie à voir les Etats-Unis
participer au second conflit mondial. Ainsi, ce dernier déclara la guerre au
Japon le 9 décembre (bientôt imité par le Canada, l’Australie, l’Afrique du
sud et l’Inde.).
Par ailleurs, la république de Chine, déjà en guerre contre le Japon depuis
1937, décida de déclarer la guerre aux pays de l’Axe en décembre 1941.
Le
11 décembre, ce fut au tour de l’Allemagne nazie et de l’Italie de déclarer
la guerre aux Etats-Unis, même si le Pacte d’acier, signé en septembre 1940[106],
ne prévoyait pas la mise en place d’opérations militaires communes (il
s’agissait d’une alliance militaire strictement défensive.).
Toutefois, Hitler n’appréciait guère les Etats-Unis, étant en outre
convaincu que le gouvernement américain ne parviendrait jamais à mener la
guerre sur deux fronts.
Affiche de propagande américaine (la légende indique "nous sommes résolus à
ce que ces morts n'aient pas péri en vain - Souvenez vous du 7 décembre !"),
vers 1942, Deutsches historisches museum, Berlin (à gauche) ; Affiche de
propagande américaine ("Vengez le 7
décembre"), musée des Invalides, Paris (à droite).
12° L’invasion japonaise de la
Thaïlande (8 décembre 1941) – Comme nous l’avons vu plus
tôt, la Thaïlande et l’Indochine française étaient entrées en guerre en
début d’année 1941, conflit qui avait pris fin grâce à la médiation
japonaise.
Toutefois, alors que depuis la fin de la guerre, le gouvernement thaïlandais
du maréchal Plaek Pibulsonggram promettait d’accorder un libre passage au
gouvernement japonais, aucun n’accord n’avait été signé en fin d’année 1941.
Pour l’Etat-major japonais, la Thaïlande était un point de passage
indispensable en vue d’envahir la Birmanie, à l’ouest, et la Malaisie, au
sud.
Ainsi, Hirohito valida un projet d’invasion de la Thaïlande en fin d’année
1941.
a)
La courte guerre thaïlando-japonaise (8 décembre 1941) : le 8
décembre, alors que Pearl Harbor était attaquée (la date n’est pas la même à
cause du décalage horaire.), les troupes japonaises envahirent donc la
Thaïlande. Les opérations se déroulèrent sur terre (attaque depuis
l’Indochine en direction de la province de Battambang.) et sur mer
(débarquement dans le golfe de Thaïlande.).
Si
dans la province de Battambang, les troupes japonaises ne rencontrèrent
aucune résistance, progressant rapidement jusqu’à Sisophon, l’armée
thaïlandaise opposa une plus grande résistance dans la péninsule.
L'invasion de la Thaïlande.
Cependant, constatant l’avancée des troupes japonaises, le maréchal
Pibulsonggram proclama rapidement un cessez-le-feu, les combats cessant à
midi. Préférant l’alliance japonaise plutôt que l’invasion, le gouvernement
thaïlandais entama donc des pourparlers avec le pays du soleil levant.
b)
La Thaïlande entre en guerre aux côtés de l’Axe (décembre à janvier 1941)
: le 21 décembre 1941, un traité d’alliance fut donc signé entre la
Thaïlande et le Japon ; par ailleurs, le maréchal Pibulsonggram déclara la
guerre aux Etats-Unis à la fin janvier 1942.
13° La bataille de Guam (8 au 23
décembre 1941) – Guam, située à la pointe sud des îles
Mariannes, était sous domination américaine depuis 1899, date à laquelle
l’Espagne avait cédé aux Etats-Unis les Philippines et Porto Rico, ainsi que
les îles Mariannes à l’Allemagne.
Toutefois, si les Allemands avaient été chassés de la région lors de la
première guerre mondiale par les Japonais[107],
en décembre 1941 les Américains étaient toujours présents à Guam.
Le
8 décembre, alors que les Japonais attaquaient Pearl Harbor (la date est
différente en raison du décalage horaire.), Guam fut bombardée par une autre
unité de l’armée impériale.
Cependant, l’île n’était pas considérée comme un impératif stratégique pour
l’Etat-major américain, et l’on n’y comptait que 550 soldats et une poignée
de petits navires.
Les troupes japonaises, débarquant dans la baie de Tumon, marchèrent vers le
sud en direction d’Agat, où se trouvaient les baraquements ennemis. Malgré
une brève escarmouche non loin d’Agana, à 8 kilomètres au sud-ouest de la
baie de Tumon, les Japonais progressèrent rapidement vers leur objectif.
L'invasion de Guam.
Finalement, les Américains, encerclés (de nouvelles troupes japonaises
avaient débarqué au sud et à l’est.), décidèrent de déposer les armes le 10
décembre.
Les pertes étaient légères côté japonais, ne déplorant qu’un tué et six
blessés ; les Américains, quant à eux, avaient perdu 17 hommes, comptant 35
blessés et 400 prisonniers.
14° La bataille de l’atoll de Wake
(8 au 23 décembre 1941) – Le même jour que l’attaque sur
Pearl Harbor (la date varie d’un jour à cause du décalage horaire.), la
marine japonaise s’attaqua à l’atoll de Wake, qui abritait une base navale
américaine depuis janvier 1941 (à noter que l’île appartenait aux Etats-Unis
depuis 1899.).
Le
8 décembre, une petite escadre de bombardier japonais détruisit la
quasi-totalité des avions américains ; suivi, le 11, par une tentative de
débarquement (les soldats américains parvinrent à couler deux navires
ennemis.).
Recevant l’aide de deux porte-avions à la fin décembre, les Japonais
effectuèrent un nouveau débarquement à l’aube du 23 décembre, contraignant
les défenseurs de l’île à faire reddition dans la matinée.
L’offensive sur Pearl Harbor fut relativement coûteuse pour les Japonais,
qui déploraient 800 tués et 300 blessés ; contre 120 tués, 50 blessés et 400
capturés côté américain.
15° La bataille de Hong Kong (8 au
25 décembre 1941) – L’île de Hong Kong avait été cédée à
la Grande-Bretagne en 1842, suite à la signature du traité de Nankin[108]
par le gouvernement chinois[109].
La
position britannique, située à la frontière chinoise, était donc jugée
menaçante par Tokyo.
Le
8 décembre, jour de l’attaque sur Pearl harbor (la date varie d’un jour en
raison du décalage horaire.), les bombardiers japonais commencèrent à
bombarder la position ennemie. Fort d’une grosse supériorité numérique, les
assaillants cuasèrent rapidement d’importants dégâts. A noter que Hong Kong,
bien que constituant une importante position stratégique, n’était défendue
que par 15 000 hommes (en grande majorité des Indiens, des Canadiens et des
Britanniques, plus une milice chinoise.).
Les Japonais parvenant à faire sauter les réservoirs de carburant, les
véhicules britanniques se retrouvèrent cloués au sol, ce qui pénélisa
fortement les défenseurs de la cité.
Ainsi, le gouverneur de Hong Kong, se rapprochant de l’Etat-major japonais,
accepta de faire reddition le 25 décembre 1941.
La
bataille de Hong Kong avait été particulièrement violente, les
Britanniques déplorant 4 500 tués et blessés, plus 8 500 prisonniers ;
contre 700 tués et 1 500 blessés côté japonais.
Hong Kong étant considérée comme une ville chinoise et non pas britannique,
les forces d’occupations multiplièrent les exactions à l’encontre des
civils, déportant de nombreux habitants de Hong Kong qui s’étaient réfugié
là en 1937, lors du déclenchement de la guerre sino-japonaise.
16° La bataille de Malaisie (8
décembre 1941 au 31 janvier 1942) – Le 8 décembre 1941,
l’armée japonaise s’attaqua à la Malaisie, territoire sous domination
britannique depuis le XIX° siècle.
Toutefois, à l’instar de Hong Kong, ce territoire avait été quelque peu
délaissé par le gouvernement britannique, ce dernier étant plus inquiété par
la situation en Afrique du nord et au Proche-Orient.
La
Malaisie était toutefois défendue par une armée de 70 000 hommes, à laquelle
s’ajoutait une flotte (arrivée dans la région en avril 1941.), composée du
cuirassier HMS Prince of Walles, du croiseur HMS Repulse, et
de quatre destroyers.
a)
Le débarquement japonais en Malaisie (décembre 1941) : le
débarquement des unités japonaises, prévu à l’aube, se fit à Kota Bharu, à
la pointe nord-est de la Malaisie (les Japonais débarquèrent sur le
territoire malaisien une heure avant l’attaque sur Pearl Harbor, la date
étant différente à cause du décalage horaire.) ; au même moment, d’autres
troupes envahissaient la Thaïlande[110].
Le
gros de l’armée japonaise ayant débarqué sur la péninsule thaïlandaise,
l’armée britannique décida de franchir la frontière afin d’en découdre.
Toutefois, le maréchal Pibulsonggram ayant ordonné un cessez le feu le 8
décembre à midi, l’armée thaïlandaise ouvrit le feu sur les Britanniques,
considérant que ces derniers avaient traversé la frontière en tout
illégalité.
Face à la menace japonaise, l’Etat-major britannique décida le 9 décembre
d’évacuer l’aéroport d’Alor Setar, à 45 kilomètres de la frontière
thaïlandaise (les avions britanniques furent toutefois en grande partie
détruits d’ici la fin du mois.) ; le 10, l’aviation japonaise parvint à
couler le HMS Prince of Walles et le HMS Repulse, c’est à dire les
principaux navires de la flotte ; le 11, les Britanniques se retirèrent de
Thaïlande.
Les alliés, vaincus le 13 décembre à Jitra, à 25 kilomètres de la frontière,
furent donc contraints de procéder à un recul continu face à la menace
japonaise. Ne disposant ni de chars, ni d’avions (les seuls engins encore en
service étaient desBrewster F2A Buffalo américains, obsolètes
par rapport aux A6M japonais.), les Britanniques furent donc contraints
d’évacuer Penang, sur la côte ouest, le 17 décembre 1941.
Brewster F2A Buffalo.
b)
Le recul des Britanniques vers Singapour (janvier 1942) : le 11
janvier 1942, l’Etat-major britannique ne parvint pas à empêcher l’ennemi de
prendre Kuala Lumpur, ayant opéré un retrait en direction du sud.
Troupes japonaises dans Kuala Lumpur.
Toutefois, bien que s’étant emparé de la capitale malaisienne, les Japonais
ne comptaient pas mettre fin à leur offensive pour autant. Ainsi, ces
derniers se dirigèrent vers le détroit de Johor, séparant la Malaisie de
l’île de Singapour.
C’est ainsi que se déroula la bataille de Muar à la mi-janvier 1942,
les Japonais tenant de traverser la rivière Muar, à 180 kilomètres au
sud-est de Kuala Lumpur. La brigade indienne qui défendait la rive sud,
inexpérimentée, fut alors contournée par l’ennemi, qui fit des ravages dans
les rangs des alliés (3 000 Britanniques furent tués, soit les ¾ de cette
unité.).
Les survivants, tentant d’éviter un encerclement, se réfugièrent alors à
Yong Peng.
A
la fin janvier 1942, les Britanniques s’établirent sur une ligne Batu
Pahat-Kluang-Mersing (à une centaine de kilomètres au nord du détroit de
Johor.), tentant d’empêcher les troupes japonaise de marcher sur Singapour.
Toutefois, le général Wavell, commandant en chef des armées en Inde[111],
décida d’ordonner la retraite des unités britanniques en direction du
détroit de Johor.
Ne
rencontrant donc pas de résistances jusqu’à Singapour, les Japonais
assiégèrent l’île à compter de février 1942[112].
A
l’issue de la bataille de Malaisie, les Britanniques avaient déjà
perdu 50 000 hommes : 5 000 tués, 5 000 blessés et 40 000 prisonniers.
Côté japonais,
les pertes étaient bien mois importantes, l’armée impériale déplorant la
perte de 1 800 tués et 3 300 blessés.
[5]
Voir le e), 3, section III, chapitre sixième, la troisième
république.
[6]
Nous y reviendrons en 7, section IV, chapitre sixième, la
troisième république.
[7]
Pour en savoir plus sur l’intervention de la Luftwaffe en Irak, voir
le d, 7, section IV, chapitre sixième, la troisième république.
[8]
Pour plus de détails sur la campagne de Syrie, voir le 8, section
IV, chapitre sixième, la troisième république.
[9]
Abetz, né en mai 1903, adhéra au NSDAP en 1931. Rentrant aux
Affaires étrangères en 1935, il fut nommé ambassadeur d’Allemagne en
France en août 1940.
[10]
Hitler avait déclaré la guerre à l’URSS en juin 1941. Voir à ce
sujet le 3, section IV, chapitre sixième, la troisième république.
[11]
Les syndicats et le droit de grève furent interdits en octobre 1941.
[12]
Voir à ce sujet le 6, section III, chapitre sixième, la troisième
république.
[13]
A noter que la Grèce était considérée par le gouvernement
britannique comme une défense naturelle de l’Egypte.
[14]
A l’issue de l’échec franco-britannique de septembre 1940, la
Roumanie avait été dépecée : la Dobroudja fut cédée à la Bulgarie ;
la Bessarabie à l’URSS ; et la Transylvanie à la Hongrie. Le
gouvernement roumain, soucieux de préserver l’existence même du
pays, avait été contraint de réclamer l’alliance allemande.
[15]
L’Etat-major grec, considérant que la Yougoslavie était un pays
allié, ne prit pas en compte l’éventualité d’une attaque à cet
endroit.
[16]
L’Aliakmon étant une rivière se jetant dans la mer Egée.
[17]
Pierre II, fils d’Alexandre I° de Yougoslavie, était le neveu du
prince Paul.
[19]
Les Yougoslaves étaient équipés de chars Renault FT-17, achetés à la
France.
[20]
Il s’agissait d’un parti croate d’inspiration fasciste.
[21]
A cette date, La Canée était la capitale de l’île. Ce n’est qu’en
1971 qu’elle fut transférée à Héraklion.
[22]
A noter que ces chiffres concernaient principalement les deux
premières offensives de la guerre italo-grecque.
[23]
Voir à ce sujet le c), 1, section I, chapitre sixième, la
troisième république.
[24]
Rappelons qu’Hitler avait écrit cet ouvrage lorsqu’il était en
prison, suite au putsch raté de la brasserie. Voir à ce sujet le a),
8, section I, chapitre cinquième, la troisième république.
[25]
Le terme de « judéo-bolchévisme » était fréquemment employé par les
nazis, car les bolcheviks ayant participé à la révolution de
novembre 1917 étaient en grande partie de confession juive.
[26]
Les chevaliers teutoniques, suite aux croisades, s’étaient installés
dans les pays baltes.
[27]
Rappelons que les rois de Prusse avaient unifié l’Allemagne au cours
du XIX° siècle.
[28]
Rappelons qu’il s’agissait de l’Etat-major suprême de l’armée
allemande.
[29]
Nous avons parlé de la guerre d’Hiver, opposant la Finlande à
l’URSS, en 2, section II, chapitre sixième,
la troisième république.
[30]
L’opération avait été baptisée en mémoire de l’Empereur germanique
Frédéric I° Barberousse, qui avait régné à la fin du XII°
siècle. Pour ne savoir plus à ce sujet,
cliquez ici.
[31]
Rebaptisée Volgograd en 1961. A noter qu’à l’origine la cité était
nommée Tsaritsyne, avant de devenir Stalingrad en 1925.
[32]
Les deux grandes invasions de la Russie avaient été opérées par
Charles XII de Suède en 1709 (voir le 1, section III, chapitre
quatrième, les bourbons), et par Napoléon I° en 1812
(voir la section I, chapitre quatrième, l’épopée napoléonienne).
[33]
Les forces italiennes, rejoignant plus tard le front est, comptèrent
200 000 hommes au maximum.
[34]
Mais seulement 600 chars de plus qu’au début de la bataille de
France.
[35]
Ce n’est qu’à l’été 1943 que les commissaires politiques furent
supprimés.
[36]
Soit plus de blindés que touts les belligérants réunis.
[37]
Ce qui était déjà plus que les 400 chars Panzer IV de l’armée
allemande.
[38]
Il fut produit à 36 000 exemplaires jusqu’en 1950.
[39]
« Groupe blindé » en français. Ce dernier contenait entre cinq et
six divisions blindées, assistées de quelques divisions
d’infanterie.
[40]
Joukov, né en décembre 1896 au sein d’une famille de paysans
démunis, fut mobilisé lors de la première guerre mondiale. Entrant
dans une école de sous-officiers en 1916, il fut grièvement blessé à
l’automne. En 1917, les troubles se multipliant en Russie, Joukov
fut élu président du soviet des soldats (soviet, en russe, cове́т,
signifie « conseil. »), puis rejoignit l’armée rouge en 1918.
Participant à la guerre contre les blancs, il fut envoyé en tant
qu’observateur pendant la guerre d’Espagne. Joukov, recevant le
grade de général en 1940, fut nommé chef d’Etat-major en 1941.
[41]
Pour en savoir plus sur la guerre d’Hiver, voir le 2, section II,
chapitre sixième, la troisième république..
[42]
Les Einsatzgruppen (« groupes d’intervention » en français.) étaient
composés de membres de la SS, de la Gestapo (la police secrète du
troisième Reich), de la Kripo (police criminelle), du SD (service de
renseignement) et de l’Orpo (police régulière). Mise en place à
compter de 1938, ces unités étaient chargées de l’élimination
physique des officiers polonais, des slaves, des juifs, des
prisonniers de guerre soviétiques, dans les territoires d’Europe de
l’est.
[43]
A noter que furent éliminés de nombreux russes suspectés d’être des
résistants, y compris des enfants.
[45]
Ces derniers étaient en majorité des modèles obsolètes.
[46]
La cité de Samara avait été baptisée Kouïbychev en 1935, en
l’honneur de Valerain Kouïbychev, qui avait dirigé le soviet
de Samara pendant la révolution russe, puis combattu lors de la
guerre contre les blancs.
[47]
A noter que les 420 000 Finlandais vivant en Carélie furent
contraint de quitter la région.
[48]
Pour plus de renseignements sur la guerre d’Hiver et ses suites,
voir le 2, section II, chapitre sixième, la troisième république.
[49]
L’armée finlandaise ne comptait que 30 chars en 1939.
[50]
Rappelons que Mourmansk était le seul port soviétique de la mer de
Barents à ne pas être pris par la glace pendant l’hiver.
[51]
Pour en savoir plus sur l’invasion des Balkans, voir à ce sujet le
a), section II, chapitre quatrième, la troisième république.
[52]
« Corps allemand d’Afrique » en français, souvent abrégé en
Afrika Korps.
[53]
Rommel, né en novembre 1891, il participa à la première guerre
mondiale. Ce dernier combattit sur le front ouest, ou il fut blessé
plusieurs fois, puis fut envoyé sur le front est en 1916. A la
signature du traité de Brest-Litovsk, il fut chargé de renforcer
l’armée autrichienne, combattant contre l’Italie. Suite au premier
conflit mondial, il s’engagea dans la Reichsweir, l’armée de la
république de Weimar, puis accueillit d’un oeil bienveillant
l’arrivée d’Hitler au pouvoir. Promu général en 1939, et nommé à la
tête d’une division blindée, Rommel participa à l’invasion de la
Tchécoslovaquie, de la Pologne et de la France.
[57]
Les Allemands perdirent 50 chars pendant la bataille, mais purent en
récupérer et réparer une quarantaine de tanks.
[58]
Auchinleck, né en juin 1884, participa à la première guerre mondiale
au Proche-Orient. Après guerre il fut envoyé en Inde, ou il reçut
ses galons de général en 1935. Suite à l’éclatement du second
conflit mondial, Auchinleck fut envoyé en Norvège (1, section III,
chapitre sixième, la troisième république) et en Irak (7,
section IV, chapitre sixième, la troisième république).
[59]
Cunningham, né en mai 1887, participa à la première guerre mondiale
au sein d’un régiment d’artillerie. Promu général en 1938, il fut
ensuite envoyé en Afrique de l’est. Ne pas confondre le général Alan
Cunningham et l’amiral Andrew Cunningham.
[60]
Nous reviendrons sur l’offensive britannique menée par Cunningham en
Somalie italienne en e), 6, section IV, chapitre sixième, la
troisième république.
[61]
Il fut le char britannique le plus produit pendant la seconde guerre
mondiale.
[62]
A l’automne 1941, les Etats-Unis n’étaient pas entré en guerre mais
n’avait pas mis fin à leurs échanges commerciaux avec la
Grande-Bretagne.
[63]
Soit 70 Panzer II, 140 Panzer III et 35 Panzer IV, plus les chars
italiens.
[64]
« Opération Croisé » en français (le croisé étant le nom du
chevalier participant à la croisade.).
[65]
Ritchie, né en juillet 1897, avait participé à la première guerre
mondiale, combattant en France et en Mésopotamie. Promu général au
début de la seconde guerre mondiale, il participa à l’évacuation de
Dunkerque.
[67]
On appelle victoire à la Pyrrhus toute bataille ou le
vainqueur a perdu autant d’hommes, voire plus, que le vaincu. Pour
en savoir plus sur le général Pyrrhus et l’origine de cette
expression, voir le 6, section II, chapitre troisième, histoire
de la Rome antique.
[68]
Nous avons abordé les opérations en Afrique de l’est pour l’année
1940 en 8, section III, chapitre sixième, la troisième république.
[69]
Platt, né en juin 1885, avait participé à la première guerre
mondiale sur le front ouest, combattant en Belgique. En 1938, il fut
envoyé au Soudan avec le grade de général.
[70]
En l’honneur du personnage biblique de Gédéon (ce dernier avait
vaincu une armée supérieure en nombre grâce à une troupe de taille
modeste).
[71]
Wingate, né en février 1903 en Inde, s’engagea dans l’armée en 1921.
Affecté au Soudan entre 1928 et 1933, il fut envoyé en Palestine à
compter de 1936. C’est à compter de cette date que Wingate, très
pieux, milita en faveur d’un Etat juif.
[72]
Comme nous l’avons vu en b), 7, section III, chapitre sixième, la
troisième république.
[73]
Briggs, né en 1894, participa à la première guerre mondiale,
combattant sur le front ouest puis au Proche-Orient. Promu
lieutenant-colonel en 1937, ce dernier fut envoyé en Egypte suite au
déclenchement de la seconde guerre mondiale.
[74]
Ghazi, né en mars 1912, monta sur le trône en 1933. Très populaire,
ce souverain était un partisan du nationalisme irakien. Il trouva la
mort dans un accident de voiture en avril 1939.
[75]
Ce dernier, né en mai 1935, avait à peine quatre ans à la mort de
son père.
[76]
Abdul Ilah, né en novembre 1913, était le fils d’Ali ben Hussein,
frère de Fayçal I°, père de Ghazi.
[77]
Nouri Saïd, né en 1888, fut suspecté d’avoir causé l’accident de
voiture qui coûta la vie à Ghazi I°, les deux hommes ne s’entendant
pas sur la politique à mener en Irak.
[78]
Ce dernier, né en 1892, avait été premier ministre pendant une
courte période en 1933.
[79]
Quinan, né en janvier 1885, fut carrière dans l’armée britannique
des Indes. Pendant la première guerre mondiale, il combattit sur le
front ouest et en Mésopotamie (Irak actuel.). Colonel en 1933, il
fut nommé général en 1938.
[80]
Le terme « mécanisé » n’impliquait pas la possession de chars mais
de camions destinés à transporter le matériel.
[82]
Clark, né en mai 1892, avait participé à la première guerre mondiale
en combattant sur le front ouest. Finissant la guerre au grade de
lieutenant, Clark fut nommé général en 1938.
[83]
Voir à ce sujet le c), 1, section IV, chapitre sixième, la
troisième république.
[84]
« Flotte de commandement de l’Irak » en français.
[85]
Mossoul ne se trouvait qu’à cent kilomètres de la frontière
syrienne.
[86]
Du nom du général Paul Legentilhomme, qui commandait les FFL.
Cependant, rapidement blessé, il fut contraint d’abandonner le
commandement.
[87]
Rappelons que la Turquie, bien que neutre, était considérée par le
gouvernement britannique comme une alliée du régime de Vichy.
[88]
Wilson, né en septembre 1881, participa à la première guerre
mondiale sur le front ouest. Il fut nommé général en 1939.
[89]
Dentz, né en décembre 1881, participa à la première guerre mondiale
sur le front ouest. Pendant l’entre-deux-guerres, il servit
principalement au Proche-Orient. Nommé gouverneur de Paris en juin
1940, il reçut l’ordre d’ouvrir les portes de la capitale à
l’ennemi.
[90]
Né en mars 1878, Reza Shah était issu d’une famille de militaires.
Ce dernier, s’inspirant de Moustafa Kemal, président de Turquie,
opéra un coup d’Etat en février 1921. Reza Shah occupa pendant un
temps le poste de premier ministre, avant de déposer le roi d’Iran,
Ahmad Shah Qajar. Pensant alors établir une république, il en
fut toutefois dissuadé par le clergé musulman, et décida donc
d’instaurer une nouvelle monarchie.
[91]
Diminutif de Persian & Iran force (la Perse étant l’ancien
nom de l’Iran).
[93]
Voir à ce sujet le 10, section III, chapitre sixième, la
troisième république.
[94]
Plaek Pibulsonggram, né en juillet 1897, procéda à un coup d’Etat
militaire en 1932, déposant le roi Rama VII. Rebaptisant le
Siam « Prathet Thai » en 1939, ce qui signifie « pays des
hommes libres » (à noter que le terme « Thaï », désignant le groupe
ethnique majoritaire de Thaïlande, signifie toutefois « peuple » et
non pas « libre. »), Pibulsonggram établit un gouvernement
d’inspiration fasciste, tentant de se rapprocher du Japon.
[95]
Rama V, né en septembre 1853, était le fils de Rama IV. Ce
dernier procéda au cours de son règne à une modernisation du pays
(centralisation, introduction du billet de banque, adoption du
système métrique, abolition de l’esclavage et de la corvée, etc.).
Il mourut en octobre 1910.
[96]
La moitié ouest du Cambodge avait été cédée par la France au Siam
(ancien nom de la Thaïlande) en 1867, en échange de la mise en place
d’un protectorat sur ce royaume (voir à ce sujet le c), 4, section
II, chapitre premier, le second Empire).
[97]
L’aviso était un petit navire chargé d’opérer les communications
entre les différents navires.
[98]
Le torpilleur était un navire désuet bénéficiant du même armement
qu’un sous-marin.
[99]
L’avant dernière bataille navale remportée par la France fut la
bataille de Fuzhou, en 1884 (voir à ce sujet le d), 4, section
II, chapitre deuxième, la troisième république).
[100]
C’est-à-dire qu’il était interdit au Japon d’acheter ces produits.
Cette mesure pénalisait l’économie japonaise car le pays n’était pas
producteur de pétrole.
[101]
Hirohito naquit en avril 1901 à Tokyo. En décembre 1926, il monta
sur le trône du Japon, prenant le nom de Showa Tenno (
« Empereur Showa » en français, showa se traduisant par
« paix rayonnante. » ). Ordonnant l’invasion de la Manchourie en
1931, Hirohito déclara la guerre à la Chine en 1937, rejoingnant
l’Axe en 1941.
[102]
Au Japon, l’ère Meiji s’étendit de 1868 à 1912. Pendant cette
période, le Japon ouvrit ses frontières, une armée nationale fut
mise en place, les privilèges de la noblesse furent abolis, etc.
[103]
Yamamoto, né en avril 1884, s’engagea dans la marine japonaise au
début du XX° siècle. Souhaitant compléter sa formation militaire, ce
dernier étudia à Harvard, puis fut nommé attaché naval à l’ambassade
japonaise de Washington. Bien que promu amiral en 1940, Yamamoto
montra son hostilité à un conflit contre les Etats-Unis.
[104]
Voir à ce sujet le 5, section III, chapitre sixième, la troisième
république.
[105]
Le Congrès américain est l’équivalent de notre actuel parlement : il
réunit la chambre basse (la Chambre des représentants des
Etats-Unis.) et la chambre haute (le Sénat des Etats-Unis.).
[106]
Pour en savoir plus sur le pacte d’acier, voir le a), 2, section I,
chapitre sixième, la troisième république.
[107]
Le Japon avait reçu au cours des années 1920 un mandat de la SDN sur
les îles Mariannes.
[108]
Pour en savoir plus sur les conflits sino-britanniques du XIX°
siècle, voir le c), 4, section II, chapitre premier, le second
Empire.
[109]
A noter que Hong Kong ne fut rétrocédée à la Chine qu’en 1998.
[110]
Comme nous l’avons vu en a), 12, section IV, chapitre sixième, la
troisième république.
[111]
Rappelons que ce dernier avait été muté à ce poste en juin 1941,
comme nous l’avons vu en d), 6, section IV, chapitre sixième, la
troisième république.
[112]
Pour en savoir plus sur le siège de Singapour, voir le 13, section
V, chapitre sixième, la troisième république.