1° Le
régime de Vichy, de Darlan à Laval (1942) – En fin d’année
1941, l’amiral Darlan était en difficulté, fragilisé par l’échec des
protocoles de Paris[1]
et la perte du Proche-Orient[2].
Par ailleurs, le vice-président du conseil était en conflit avec Weygand,
commandant en chef des forces françaises en Afrique du nord (ce dernier
refusait que les Allemands ne s’installent dans la région.), et le général
Huntziger (l’armée de Terre acceptant mal d’être commandée par un marin.).
Toutefois, Huntziger mourut dans un accident d’avion le 12 novembre 1941 ;
Weygand, quant à lui, fut rappelé à Paris le 18 novembre, sous la pression
des Allemands[3]
(il fut alors remplacé par le général
Alphonse Juin[4].).
Le général Juin reçevant son bâton de maréchal, 1952, musée de l'Infanterie,
Montpellier.
a)
Vers une co-belligérance avec l’Allemagne ? (décembre 1941) : le 1er
décembre 1941 se déroula une rencontre à Saint-Florentin, à laquelle
participèrent Pétain, Darlan et Hermann Göring[5].
La rencontre de Saint-Florentin (l'on
aperçoit Göring, au centre, soutenant le maréchal Pétain. L'amiral Darlan se
trouve à droite de l'image).
Cette réunion avait pour objectif d’étudier les moyens que Vichy pourrait
mettre en œuvre afin de porter assistance à Rommel, qui éprouvait de grandes
difficultés en Libye.
De
son côté, le maréchal réclama un certains nombres d’assouplissements des
conditions d’armistice : reconnaissance de la souveraineté française sur
tout le territoire, libération des prisonniers, diminution du coût
d’entretien de l’armée d’occupation, franchissement simplifié de la ligne de
démarcation, etc.
Toutefois, Goering rejeta point par point les propositions du maréchal
Pétain ; Darlan resta sur ses positions. Ainsi, l’entrevue se solda sur un
échec.
Contrôle des laissez-passer à la ligne de
démarcation.
L’attitude du gouvernement de Vichy ne plaisait guère à Hitler, dont
l’objectif était de contraindre la France à lutter contre les Britanniques
qui progressaient en Afrique, perturbant l’approvisionnement du troisième
Reich en pétrole.
Par ailleurs, l’ouverture du procès de Riom, le 19 février 1942,
destiné à juger les politiques responsables de la défaite (Daladier,
Gamelin, Léon Blum[6],
etc.) ne plut guère au Führer.
En
effet, les accusés se défendirent vigoureusement, démontrant que Pétain
lui-même avait une part de responsabilité dans la catastrophe de mai 1940[7].
Léon Blum au procès de Riom.
Afin de couper court aux atermoiements du régime de Vichy, Hitler fit
transmettre un ultimatum au maréchal Pétain (début avril 1942.) : ce dernier
devait faire appel à Laval sans tarder, sans quoi la France serait
« polonisée » et ravagée par les troupes d’occupation.
b)
Laval retrouve le pouvoir (avril 1942) : le 18 avril, le maréchal,
mis devant le fait accompli, fut contraint de limoger ses ministres et de
faire appel à Laval, qui fut nommé chef de gouvernement (une première dans
l’histoire du régime de Vichy où la fonction de premier ministre n’avait
jamais officiellement existé.).
Outre sa nouvelle charge, Laval récupéra le ministère des Affaires
étrangères, de l’Intérieur et de l’Information.
A
noter que ce dernier s’entoura d’un personnel plus républicain
(contrairement à 1940 où les membres du gouvernement étaient en majorité des
réactionnaires ou des royalistes.), marquant une cassure avec la Révolution
nationale voulue par le maréchal.
Publicité présentant un ouvrage consacré
à Laval (la légende indique : "Vient de paraître : Qui est Pierre Laval ?
Aux côtés du maréchal, la dernière chance de la France.").
Dès son entrée en fonction, Laval décida de poursuivre une politique de
collaboration accrue avec l’Allemagne, convaincu que la France ne pourrait
retrouver son statut d’antan qu’en multipliant les gages de bonnes volonté
vis-à-vis du troisième Reich.
Ainsi, Laval poursuivit jusqu’à la fin de la guerre une politique de
collaboration de plus en plus poussée, sans jamais obtenir de contreparties
en retour.
Caricature britannique parodiant le retour de Laval au pouvoir (Marianne
s'adresse au maréchal Pétain : "regarde ce que le chat à rapporté !"
Derrière le "chat-Laval", l'on trouve plusieurs chatons : "fin de l'aide
américaine", "co-belligérance allemande", "esclavage", etc.).
En
juin 1942, il prononça le discours suivant, qui ne fit qu’accroître son
impopularité : Nous avons eu tort, en 1939, de faire la guerre. Nous
avons eu tort, en 1918, au lendemain de la victoire, de ne pas organiser une
paix d'entente avec l'Allemagne. Aujourd'hui, nous devons essayer de le
faire. Nous devons épuiser tous les moyens pour trouver la base d'une
réconciliation définitive. Je ne me résous pas, pour ma part, à voir tous
les vingt-cinq ou trente ans la jeunesse de nos pays fauchée sur les champs
de bataille. [...] J'ai la volonté de rétablir avec l'Allemagne et
avec l'Italie des relations normales et confiantes. De cette guerre surgira
inévitablement une nouvelle Europe. [...] Je voudrais que demain nous
puissions aimer une Europe dans laquelle la France aura une place qui sera
digne d'elle. Pour construire cette Europe, l'Allemagne est en train de
livrer des combats gigantesques. Elle doit, avec d'autres, consentir
d'immenses sacrifices. [...] Je souhaite la victoire de l'Allemagne,
parce que, sans elle, le bolchevisme, demain, s'installerait partout. Ainsi
donc, [...] nous voilà placés devant cette alternative : ou bien nous
intégrer, notre honneur et nos intérêts vitaux étant respectés, dans une
Europe nouvelle et pacifiée, ou bien nous résigner à voir disparaître notre
civilisation. [...] J'ai toujours trop aimé mon pays pour me soucier
d'être populaire. J'ai à remplir mon rôle de chef. Quand je vous dis que
cette politique est la seule qui puisse assurer le salut de la France et
garantir son développement dans la paix future, vous devez me croire et me
suivre.
Laval trouva toutefois un certain soutien au sein du Service d’ordre
légionnaire, fraction de la Légion française des combattants.
Affiche de propagande vichyste en faveur
du Service d'ordre légionnaire.
Cette organisation paramilitaire fasciste apparut en janvier 1942, à
l’initiative de Joseph Darnand[8].
Ce dernier, favorable à l’ultra-collaboration et à l’antisémitisme, reçut
l’aval du régime de Vichy.
Darnand, à la tête du SOL, se livra à de nombreuses exactions, tout en
adoptant une politique de délation de grande ampleur.
Joseph Darnand, couverture de
Paris-Match, 21 mars 1940.
c)
La solution finale : si en 1941 le régime de Vichy avait adopté
plusieurs mesures antisémites, les Français de confession juive et les juifs
d’origine étrangère étaient jusqu’à présent internés dans des camps érigés à
l’occasion.
Côté allemand, la situation était la même, à l’exception des territoires de
l’est (Pologne, Ukraine, Russie.), ou de nombreux massacres avaient été
commis à l’encontre de populations juives et slaves.
Exposition antisémite "Le juif et la
France", présentée au palais Berlitz, à Paris, de septembre 1941 à janvier
1942, Mémorial Leclerc, Paris.
Cependant, alors qu’à l’origine Hitler avait imaginé déporter tous les juifs
vers Madagascar, afin d’en faire une « réserve juive », ce dernier fut
contraint d’abandonner ce projet en raison de la continuation de la guerre
avec la Grande-Bretagne. Dans un même ordre d’idée, il fut un temps prévu de
déporter les juifs vers la Sibérie, mais les aléas du front est condamnèrent
aussi ce nouveau plan.
Ainsi, c’est au cours de l’automne que 1941 que le Führer décida d’éliminer
physiquement l’ensemble des populations juives d’Europe. Hitler chargea donc
Reinhard Heydrich, chef du RSHA[9],
d’organiser la solution finale de la question juive (l’extermination
des juifs menée par le troisième Reich fut surnommée Shoah, ce qui en
hébreu signifie « catastrophe. »).
Affiche de propagande allemande,
présentant un chevalier combattant les trois "fléaux" de l'Europe, à savoir
les communistes, les juifs et les Britanniques, Mémorial Leclerc, Paris (la
légende indique : "Victoire - La grande croisade européenne").
Dans un premier temps, plusieurs convois transportèrent des juifs
d’Allemagne en direction de l’URSS, où les Einsatzgruppen[10]
avaient déjà établi des zones de massacre. En cette fin d’année 1941, la
mise à mort se faisait toujours par balles, mais cette méthode fut
considérée comme trop coûteuse et perturbante[11]
par Heydrich.
Massacres commis par les Einsatzgruppen.
C’est ainsi qu’un premier camp d’extermination fut ouvert à Kulm
(aujourd’hui Chelmno, en Pologne.), en décembre 1941. Contrairement aux
camps de concentration qui ne servaient qu’à emprisonner les déportés, les
camps d’extermination avait pour fonction première de tuer en grande
quantités : dans un premier temps, les détenus furent asphyxiés dans des
camions, dont les fumées d’échappement étaient dirigées à l’intérieur du
véhicule.
En
janvier 1942 se tint la conférence de Wannsee, ou Heydrich reçut le
soutien officiel des différents secrétaires d’Etat des ministères du
troisième Reich.
Villa où fut organisée la conférence de
Wannsee.
Au
cours des semaines qui suivirent, de nouveaux camps d’extermination furent
ouverts en Pologne, comme à Sobibor, Belzec, Treblinka, Lublin et Auschwitz
(ces deux derniers cumulaient la fonction de camp de concentration et
d’extermination.).
Au
printemps 1942, le système des camions fut remplacé par des chambres à
gaz, où les prisonniers furent assassinés par ingestion de monoxyde de
carbone ou de Zyklon B[12]
; les corps des victimes étaient ensuite placés dans des fours
crématoires afin d’être réduits en cendres.
Entrée du camp d'Auschwitz (la grille en
fer porte l'inscription Arbeit macht frei, ce qui signifie "le
travail rend libre" en français).
En
parallèle de ces camps, les Allemands érigèrent des ghettos dans un
certain nombre de villes occupées (Varsovie, Cracovie, Lodz, Lvov, Riga,
Budapest, etc.).
L'érection du mur entourant le ghetto de
Varsovie.
Les habitants de ces ghettos, emmurés par les nazis et coupés du monde
extérieur, souffrant de la faim et de la surpopulation, vécurent dans des
conditions désastreuses pendant plusieurs mois.
L’objectif des Allemands était de parquer les juifs dans des zones fermés,
avant leur transfert en camp d’extermination (la plupart des ghettos furent
vidés en cours d’année 1943.).
la liquidation du ghetto de Varsovie.
L’année 1942 fut la plus meurtrière pour les juifs d’Europe, le troisième
Reich comptabilisant à cette date près de 1.5 millions de victimes.
L'Europe des camps (1942).
d)
La collaboration policière du régime de Vichy : suite au retour de
Laval à la tête de l’Etat, la Gestapo[13]
s’établit partout en zone nord, multipliant les arrestations et les
tortures.
René Bousquet[14],
nommé secrétaire général à la police et chef de la police nationale[15],
se mit en relation avec Karl Oberg, chargé de la police allemande en
France (Bousquet obtint de son homologue allemand une reconnaissance
théorique de la police française.
En
raison des accords Bousquet-Oberg, la police française fut chargée
d’organiser des rafles à l’encontre des juifs, prenant en charge leur
détention et leur déportation vers les camps de la mort.
Rencontre entre Bousquet (à gauche) et Heydrich (au centre), 1942.
C’est ainsi que fut opérée la rafle du vélodrome d’hiver (ou rafle
du vel d’hiv.), à la mi-juillet 1942.
Au
début du mois, la Gestapo ordonna à Bousquet d’arrêter tous les juifs
d’origine étrangère se trouvant dans la région parisienne, soit environ
20 000 personnes.
Le
15 juillet (les Allemands reportèrent la rafle d’une journée, souhaitant
éviter une réaction de la population le jour de la fête nationale.), les
policiers français arrêtèrent près de 13 000 personnes (dont 4 000 enfants
et 6 000 femmes.), qui furent transférés au vélodrome d’hiver ou au camp de
Drancy.
Après cinq jours de détention dans des conditions difficiles (privation
d’eau et de nourriture.), les détenus furent déportés en direction
d’Auschwitz[16].
La rafle du vel d'hiv, juillet 1942.
Toutefois, Bousquet étant soucieux de se débarrasser des juifs étrangers au
plus tôt, il accorda des cartes d’identités françaises à des policiers
allemands à l’été 1942. Ces derniers, pénétrant en zone libre, et
travaillant de concert avec la police française, arrêtèrent et déportèrent
près de 7 000 personnes.
Dans un même ordre d’idée, le port de l’étoile jaune pour tous les
juifs fut instauré en mai 1942 en zone occupée (à noter que cette
distinction antisémite avait été instaurée en Allemagne par Heydrich en
septembre 1941.).
En
zone libre, par contre, le port de l’étoile ne fut pas exigé ; toutefois,
une loi votée en décembre 1942 imposa aux Français de confession juive de
faire inscrire la mention « juif » sur leurs pièces d’identité.
Français de confession juive arborant
l'étoile jaune.
C’est à compter de l’automne 1942 que les premières protestations à
l’encontre du régime de Vichy se firent entendre. Plusieurs évêques
condamnèrent à cette occasion cette politique antisémite qu’ils jugeaient
inacceptable. Par ailleurs, de nombreux Français tentèrent d’apporter leur
aide à leurs compatriotes de confession juive, en leur fournissant un
hébergement, des faux papiers ou une filière d’évasion (l’on estime
aujourd’hui à 225 000 le nombre de personne ayant réussi à échapper à la
déportation.).
e)
Des premières réquisitions allemandes à la création du STO (été 1942 à
février 1943) : au printemps 1942, afin de compenser les pertes
économiques dues à l’envoi de millions d’hommes sur le front est, le régime
nazi décida de profiter de la main d’œuvre européenne pour combler son
déficit.
C’est ainsi que Berlin réclama 350 000 travailleurs au régime de Vichy en
juin 1942. Laval fut contraint d’accepter, négociant toutefois le retour en
France d’un prisonnier de guerre, contre trois travailleurs partant en
Allemagne.
Mais la Relève, telle que présentée par le régime de Vichy, ne fit
guère d’émules (en du fait qu’elle n’était pas nominative : impossible de
faire rentrer un membre de la famille ou un ami en échange d’un
volontariat.). Ainsi, seulement 17 000 travailleurs se portèrent volontaires
d’ici la fin août 1942.
Affiches de propagande vichyste en faveur
de la relève, 1942, Mémorial Leclerc, Paris (à gauche, la légende indique :
"La Relève continue ! Il en reste... relevez les !" ; à droite : "En travaillant en Allemagne, tu seras l'ambassadeur de la qualité
française.").
Afin de faire face à ce manque d’engouement, le maréchal Pétain décida
d’adopter des mesures plus radicales, promulguant une loi de réquisition
en septembre 1942, permettant à la police allemande de procéder à de
nombreuses réquisitions en zone occupée.
Cette loi entraîna le départ de 250 000 Français en direction de l’Allemagne
en l’espace de six mois.
Plus tard, en février 1943, Laval donna naissance au service obligatoire
du travail (SOT.), qui fut rapidement rebaptisé service du travail
obligatoire (STO.) à cause de ces initiales.
Le
chef du gouvernement décida d’envoyer en Allemagne les jeunes privés de
service militaire, nés entre 1920 et 1922.
Affiche de propagande vichyste en faveur
du STO (l'illustration est divisée en deux parties : à gauche, une usine
allemande d'où sortent des travailleurs français heureux ; à droite, des
soldats anglais épuisés et confrontés à la mort. La légende indique :
"Jeunes de France... sachez choisir !").
Toutefois, l’adoption de ces mesures jugées iniques par de nombreux Français
ne fit qu’accroitre l'impopularité de Laval. Par ailleurs, près de 200 000
réfractaires au STO se tournèrent vers la résistance (certains s’engagèrent
dans la France libre, gagnèrent le maquis.).
A
noter que les conditions de vie des travailleurs du STO furent parfois
difficiles, surtout au cours des derniers mois de la guerre. Aujourd’hui,
l’on estime que 30 000 de ces travailleurs forcés périrent en Allemagne.
2° Les mouvements de résistance
français (1942) – Comme nous venons de le voir, les
mesures adoptées par le régime de Vichy au cours de l’année 1942 (port de
l’étoile jaune, rafles, réquisitions, etc.), ne firent provoquer le
mécontentement de nombreux français.
C’est ainsi que les réseaux de résistances, qui étaient apparus en cours
d’année 1941, ne firent que gagner en importance (à Paris, les attentats
contre les officiers et soldats allemands se multiplièrent, à l’instar des
représailles sur la population civile.).
A
compter de l’hiver 1941, la France libre parvint à établir plusieurs
contacts avec les principaux réseaux de résistance.
Toutefois, comme nous l’avons expliqué précédemment, les différentes
mouvances étaient très hétéroclites. Ainsi, l’on y retrouvait des
Gaullistes, des communistes, des résistants d’extrême-droite refusant la
domination allemande, des chrétiens, etc.).
Pour le général de Gaulle, leader de la France libre (rebaptisée France
combattante en juillet 1942.), l’objectif était d’être reconnu par les
mouvements de résistances en France ; pour ces derniers, l’objectif était de
recevoir un soutien matériel et financier afin de pouvoir prendre de
l’ampleur.
Le
principal acteur de cette union entre ces deux résistances, l’une
extérieure, l’autre intérieure, fut Jean
Moulin[17],
qui partit pour Londres en septembre 1941.
Jean Moulin.
Ce
dernier, mettant en avance son expérience sur le terrain (Moulin avait
contacté plusieurs groupes de résistants à l’été 1941.), parvint à recevoir
l’aval du général de Gaulle. Le leader de la France combattante donna à donc
à Moulin la mission d’unifier les différents mouvements de résistance, mais
aussi de donner naissance à une armée secrète unifiée qui serait placée sous
l’autorité des FFL (l’objectif du général était donc de séparer le politique
du militaire.).
C’est ainsi que Jean Moulin fut parachuté dans les Bouches-du-Rhône, dans la
nuit du 1er janvier 1942, ayant à sa disposition 1.5 millions de
francs ainsi que du matériel de communication.
Dans un premier temps, Moulin concentra son action sur la zone libre, sous
le pseudonyme de Rex. Ce dernier se rapprocha donc d’Henri
Frenay[18],
leader du groupe Combat[19];
d’Emmanuel d’Astier de La Vigerie[20],
leader du groupe Libération ; de
Jean Pierre Lévy[21],
leader du groupe Franc-Tireur.
De gauche à droite : Henri Frenay,
Emmanuel d'Astier de La Vigerie, Jean Pierre Lévy, Mémorial Leclerc, Paris.
Toutefois, l’entente entre les trois hommes se fit non sans mal, Frenay
étant partisan de la primauté du militaire, contrairement à d’Astier qui
recrutait parmi les couches populaires.
Cependant, des services communs furent mis en place : en avril 1942, le
Bureau d’information et de propagande (il s’agissait d’une presse
clandestine.) ; en juillet 1942, le Comité général d’études (chargé
d’étudier les réformes politiques et économiques à mettre en oeuvre à la
libération.).
Par ailleurs, Frenay et d’Astier s’étant rendus à Londres pour rencontrer le
général de Gaulle en septembre 1942, ces derniers donnèrent leur accord à la
fusion des principaux groupes de résistance, mais aussi à la création d’une
armée secrète.
Se
réunissant à Collonges-au-Mont-d’Or, dans le département du Rhône, à la fin
novembre 1942, Moulin, Frenay, d’Astier et Lévy donnèrent naissance au
comité de coordination de la zone sud. Cette organisation donna
naissance deux mois plus tard aux Mouvements unis de la résistance,
fruit de la fusion de Combat, Libération et Franc-Tireur (janvier 1943.).
Moulin en fut nommé président, d’Astier devenant commissaire aux affaires
politiques, Frenay commissaire aux affaires militaires, Lévy commissaire aux
renseignements et à l’administration.
Le nouveau Père Duchesne, périodique clandestin imprimé par le
groupe Franc-Tireur (Le Père Duchesne original était un
journal datant de la Révolution française), musée des Invalides,
Paris.
Quant à l’armée secrète, instaurée à l’été 1942 et commandée par le général
Charles Delestrain[22],
ses relations avec les principaux groupes de résistances posèrent problème.
En effet, ces derniers refusaient une séparation de l’activité politique et
de l’activité militaire ; en outre, ils refusaient que l’armée secrète
dépende directement de Londres.
Le général Charles Delestrain, Mémorial
Leclerc, Paris.
Toutefois, si les différents mouvements de la zone sud avaient entamé un
processus d’unification au printemps 1942, l’union des groupes de
résistances en zone nord ne se fit qu’à compter de 1943.
3° Le débarquement de Dieppe (19
août 1942) – A l’été 1942, si le troisième Reich n’avait
pas réussi à prendre Moscou, l’armée rouge subissait de très importantes
pertes face à la Wehrmacht.
Staline, entrant en contact avec Roosevelt et Churchill, réclamant donc à
ces derniers l’ouverture d’un front à l’ouest, afin de contraindre Hitler à
redistribuer une partie de ses forces.
Toutefois, le premier ministre britannique était réticent à une offensive à
l’ouest, préférant opérer un débarquement en Afrique du nord ou dans les
Balkans (ces territoires étant jugés moins biens défendus par l’ennemi.).
C’est dans ce contexte que fut élaborée l’opération Rutter, la
première sur le front ouest depuis 1940.
Cette offensive, visant le port de Dieppe, fut toutefois annulée au cours de
la première semaine de juillet, en raison du mauvais temps.
Toutefois, malgré l’arrivée d’une division de Panzers à Amiens, rentrée du
front de l’est, le vice-amiral Louis
Mountbatten[23]
décida de ne pas annuler l’offensive, qui fut rebaptisée opération
Jubilee.
Le
débarquement s’effectua à l’aube du 19 août 1942, sur quatre zones de la
plage de Dieppe. Toutefois, les 6 000 soldats[24]
participant à l’opération se retrouvèrent face à un terrain inhospitalier,
recouvert de barbelés, derrière lesquels se trouvaient des bunkers équipés
de mitrailleuses.
Par ailleurs, même si les soldats alliés étaient couverts par la Royal Air
Force, les aviateurs britanniques furent décimés par la Flak
(abréviation de Flakartillerie, désignant les batteries
anti-aériennes.).
Les tirs meurtriers des soldats allemands fauchèrent rapidement plusieurs
centaines de victimes, les survivants tentant tant bien que mal d’ouvrir une
brèche dans les réseaux de barbelés. C’est ainsi que quelques dizaines de
soldats parvinrent à pénétrer dans Dieppe, mais furent capturés par les
Allemands en raison d’un manque de soutien.
L'échec du débarquement de Dieppe, août 1942, Mémorial Leclerc, Paris.
A
11 heures, considérant l’ampleur de la catastrophe, l’Etat-major britannique
ordonna l’évacuation des plages. Toutefois, la marée basse laissa les
Britanniques à découvert, et beaucoup d’entre eux trouvèrent la mort en se
repliant vers les navires d’embarcation.
Au
final, l’opération Jubilee s’achevait sur un cuisant échec, les alliés
déplorant la perte de 1 500 morts (soit 1 000 Canadiens et 5 00
Britanniques.), 2 000 prisonniers, et plus une centaine d’avions détruits.
Les Allemands, quant à eux, n’avaient perdu qu’une centaine de soldats, plus
300 blessés.
L'échec du débarquement de Dieppe, août 1942, Mémorial Leclerc, Paris.
4° Le siège de Léningrad (janvier
à mai 1942) – Léningrad, ancienne capitale de l’URSS,
était assiégée par le groupe d’armées nord depuis septembre 1941.
Toutefois, la cité avait été puissamment fortifiée au cours des années 1930,
étant entourée de tranchées, lignes antichars, blockhaus, nids de
mitrailleuses, etc.
Ainsi, plutôt que de prendre Léningrad par la force, Hitler décida de mener
un siège d’attrition.
Le siège de Léningrad.
a)
Le siège de Léningrad (hiver 1941-1942) : alors qu’en janvier près de
4 000 personnes mourraient de faim chaque jour, l’Etat-major soviétique
décida de procéder à l’évacuation de la population civile via le lac Ladoga
(pris par les glaces à cette période de l’année.). C’est ainsi que près d’un
millions d’habitants furent évacués pendant l’année 1942.
Convoie soviétique sur le lac Ladoga
gelé.
Par ailleurs, les Soviétiques poursuivirent en janvier 1942 la
contre-offensive qu’ils avaient lancée en décembre dernier, parvenant à
repousser les troupes allemandes de 200 kilomètres au sud de Léningrad.
C’est ainsi que deux armées ennemies furent prises au piège dans les poches
de Demiansk et de Kholm.
b)
La poche de Demiansk et l’opération Brückenschlag (janvier à mai 1942) :
à la fin janvier 1942, 90 000 Allemands se retrouvaient enfermés dans la
poche de Demiansk (à noter toutefois que les troupes de la Wehrmacht
n’étaient pas assiégées dans une ville, mais étaient encerclées sur un
territoire large d’une cinquantaine de kilomètres.).
Le
général Walter von Brockdorff-Ahlefeldt[25],
qui commandait, était convaincu que des renforts arriveraient au printemps,
et qu’il fallait tenir jusque là. Toutefois, étant coupés du gros de l’armée
du nord, les Allemands ne tarderaient pas à manquer de munitions et de
provisions.
Ainsi, l’OKW décida d’organiser un ravitaillement grâce à un pont aérien
opéré par la Luftwaffe. Ainsi, jusqu’au printemps 1942, les avions allemands
évacuèrent les blessés, firent parvenir 30 000 soldats en renfort, et
débarquèrent près de 65 000 tonnes de ravitaillement (la Luftwaffe perdit
toutefois près de 265 appareils, malgré la faiblesse de l’aviation
soviétique.).
Le général Walter von Brockdorff-Ahlefeldt.
En
mars, d’importants combats se déroulèrent dans Demiansk, près de 6 000
parachustistes de l’armée rouge ayant sauté sur la ville. Toutefois,
l’offensive soviétique fut un échec, les Allemands parvenant à réduire les
poches de dissidence au cours de la première semaine d’avril.
Au
même moment, l’OKW élabora l’opération Brückenschlag, destinée à
délivrer les divisions encerclées dans la poche de Demiansk. Toutefois, les
premières attaques allemandes furent bloquées par la résistance des
Soviétiques. Ces derniers furent toutefois contraints de reculer lorsqu’ils
furent attaqués sur deux fronts par les hommes du général von
Brockdorff-Ahlefeldt et les troupes allemandes de renfort.
La poche de Demiansk.
La
poche de Demiansk, libérée de toute présence ennemie au début du mois de mai
1942, forma toutefois un saillant d’une centaine de kilomètres de large sur
la ligne de front.
Au
final, les affrontements causèrent d’importants dégâts aux troupes
allemandes : 3 300 tués et 37 000 blessés et disparus.
c)
La poche de Kholm (janvier à mai 1942) : en février 1942, alors que
90 000 Allemands étaient encerclés dans la poche de Demiansk, plusieurs
milliers de leurs compatriotes furent pris au piège par l’armée rouge dans
Kholm (ville située à 80 kilomètres au sud-ouest de Demiansk.).
Le
général Theodor Scherer[26],
qui commandait, se retrouvait dans une situation difficile, ne disposant que
de 5 000 soldats (contre 90 000 à Demiansk.). Une fois encore, un pont
aérien fut mis en place par l’OKW, ce dernier étant toutefois de taille plus
modeste.
Le général Theodor Scherer.
Repoussés dans la moitié ouest de Kholm, les Allemands parvinrent toutefois
à résister aux attaques menées par les Soviétiques jusqu’au printemps, date
à laquelle l’opération Brückenschlag entraîna le recul des troupes ennemies.
La poche de Kholm.
d)
L’opération Nordlicht ou offensive de Siniavine (été 1942) : comme
nous venons de le voir, le groupe d’armée du nord avait lancé une importante
offensive en avril 1942, libérant les poches de Demiansk et de Kholm, mais
parvenant en outre à progresser d’une centaine de kilomètres autour de
Léningrad. C’est ainsi que les Allemands s’emparèrent de la rive sud du lac
Ladoga, menaçant désormais le ravitaillement de l’ancienne capitale
soviétique.
Au
mois d’août, l’OKW élabora l’opération
Nordlicht[27],
visant à attaquer Léningrad sur deux fronts, avec le soutien de l’armée
finlandaise.
Côté soviétique, la Stavka (il s’agissait de l’Etat-major russe.)
préparait l’offensive de Siniavine, en direction de la ville du même
nom.
A
noter toutefois que la région du lac Ladoga, humide et très boisée,
réduisait considérablement la mobilité des chars et de l’artillerie. C’est
pourquoi Siniavine était un objectif stratégique, ce village situé sur la
rive sud du lac Ladoga étant bâti sur une colline s’élevant à 150 mètres
d’altitude.
Première phase de l'offensive de
Siniavine.
A
la fin du mois d’août 1942, l’armée rouge attaqua la position allemande par
l’est, les Soviétiques profitant d’une forte supériorité numérique et
matérielle (190 000 soldats, chars T-34, camions
BM-13 Katioucha[28],
etc.).
Camion BM-13 Katioucha.
Faisant face à une forte résistance allemande, les troupes soviétiques
parvinrent toutefois à enfoncer la ligne de front ennemie et à progresser
vers Siniavine, formant toutefois un dangereux saillant de six kilomètres en
territoire ennemi.
Seconde phase de l'offensive de
Siniavine.
Ayant bloqué l’offensive de l’armée rouge, les Allemands lancèrent
contre-attaquèrent à compter du 10 septembre, bénéficiant de la maîtrise des
airs (la Luftwaffe, bien qu’inférieure en nombre, avait réussi à repousser
les appareils soviétiques.) et disposant de nouveaux chars Panzer VI Tigre
(ce blindé lourd allemand, conçu pour faire face aux T-34, disposait d’un
canon de 88 et d’un blindage de 100 mm.).
Panzer VI Tigre.
Faisant face aux mêmes difficultés que les Soviétiques au mois d’août, les
Allemands parvinrent toutefois à encercler l’ennemi à l’est de Siniavine à
la fin du mois de septembre. Réduisant à néant les dernières poches de
résistances jusqu’à la mi-octobre, l’armée allemande s’installa ensuite sur
ses positions initiales.
Troisième phase de l'offensive de
Siniavine.
L’offensive de Siniavine s’achevait sur un échec pour l’armée rouge. Ainsi,
les Soviétiques déploraient la perte de 30 000 tués et disparus, 70 000
blessés et 12 000 capturés, sans compter les pertes matérielles (244 chars
et 193 canons avaient été récupérés par les Allemands dans la poche de
Siniavine.).
A
noter toutefois que la situation allemande n’était guère réjouissante non
plus. Ainsi, non seulement la Wehrmacht déplorait d’importantes pertes
(6 000 tués et 20 000 blessés.) ; en outre, en raison du siège de Stalingrad[29],
plusieurs unités du groupe d’armée nord furent envoyées sur les rives de la
Volga, contraignant l’Etat-major à annuler l’opération Nordlicht.
5° La bataille de Stalingrad
(septembre 1942 à février 1943) – Comme nous l’avons vu
plus tôt, la Wehrmacht avait échoué aux portes de Moscou en décembre 1941.
Toutefois, n’ayant pas reçu leurs fournitures d’hiver, et manquant de
carburant, les troupes allemandes furent contraintes de mettre un terme à
leur offensive, établissant leurs quartiers d’hiver sur un front de 2 000
kilomètres de long.
Les Soviétiques, quant à eux, profitèrent de cette inaction pour repousser
l’ennemi à plus de cent kilomètres de la capitale.
a)
La conception de l’opération Fall Blau (printemps 1942) : l’opération
Barbarossa n’ayant pas permis à la Wehrmacht de s’emparer de Moscou, un
nouveau plan fut élaboré par l’OKW en début d’année 1942.
L’opération
Fall Blau[30]
(rebaptisée plus tard opération Brunswick.), mobilisant le groupe
d’armée du sud (alors installé en Ukraine.), prévoyait donc la mise en place
de deux offensive en direction, l’une en direction du Caucase (l’objectif
était de s’emparer des champs de pétrole.), l’autre en direction de la Volga
(importante voie de ravitaillement soviétique[31].).
Le front est - la bataille de Stalingrad
et l'invasion du Caucase.
Afin de mener à bien cette offensive, le groupe d’armée du sud fut divisée
en deux parties : le Heeresgruppe A[32]
(Caucase.), commandé par le général Siegmund
Wilhelm List[33]; et le Heeresgruppe B (Volga.),
commandé par le général
Maximilian von Weichs zu Glon[34].
Les généraux Siegmund Wilhelm Mist (à
gauche) et Maximilian von Weichs zu Glon (à droite).
A
noter toutefois que les moyens mis en œuvre par les Allemands étaient
relativement insuffisants. Ainsi, près d’un tiers des divisions de la
Wehrmacht étaient des unités étrangères (Hongroises, Italiennes, Roumaines,
etc.) ; en outre, plus de mille kilomètres séparaient les positions
allemandes des plaines du Caucase.
b)
La campagne du Caucase ou opération Edelweiss (juin à septembre
1942) : la campagne commença par la prise de la forteresse de Sébastopol en
juillet 1942 (cette dernière était assiégée depuis l’automne 1941.).
Le
groupe A, se dirigeant vers Rostov (à la pointe nord-est de la mer d’Azov.),
livra de violents combats urbains contre les Soviétiques en pénétrant dans
la ville.
Puis, traversant la région du Kouban, sur les rives de la mer Noire, pendant
l’été 1942, les Allemands s’emparèrent de la cité pétrolière de Maïkop à la
mi-août.
A
noter que si les troupes allemandes avaient réussi à progresser de 500
kilomètres en l’espace d’un mois, les Soviétiques avaient saboté les puits
de pétrole avant d’évacuer le territoire. Ainsi, les rendements de ces
derniers restèrent faibles pendant la durée de l’occupation allemande.
A
la fin du mois d’août, le groupe A s’empara de Krasnoban, la capitale du
Kouban ; de la péninsule de Taman, protégeant l’entrée de la mer d’Azov ; et
de Touapsé, sur les rives de la mer Noire.
Hitler, satisfait du bilan de l’opération Edelweiss, ordonna à la
Wehrmacht de progresser vers Grozny, cité protégeant la route vers Bakou. A
noter qu’outre la capture des champs de pétrole, l’objectif du Führer était
désormais de pouvoir disposer d’une base arrière au Caucase, afin de pouvoir
frapper l’Inde britannique depuis le Kazakhstan.
Toutefois, la réalité du terrain était bien différente. En effet, le
ravitaillement n’arrivait plus, sur ce front de 3 000 kilomètres de long.
Ainsi, en novembre 1942, le groupe A se replia vers Naltchik et Mozdok, afin
d’y hiverner jusqu’au printemps prochain.
c)
La campagne de Stalingrad ou opération
Fischreiher[35](juin à novembre 1942) : alors que le
froupe d’armée A avait bifurqué en direction du Caucause, le groupe d’armée
B lança une grande offensive sur la rive occidentale du Don à la mi-juillet
1942.
A
la fin du mois, ayant sécurisé leurs positions, les Allemands s’installèrent
dans la boucle du Don, à 60 kilomètres à l’ouest de Stalingrad.
Les troupes allemandes décidèrent alors d’opérer une manœuvre d’encerclement
début août, comme ils en avaient l’habitude depuis le début du conflit.
Ainsi, une première offensive fut dirigée contre Frolovo, au nord ; et une
autre contre Kotelnikovo, au sud.
Au
même moment, la Luftwaffe commença à bombarder la cité ennemie. Les raids
aériens, très violents, entrainèrent la destruction de 80% des espaces
habitables de la ville, détruisant en outre ses installations industrielles
(l’on estime que 40 000 personnes perdirent la vie au cours de ces premiers
bombardements aériens.).
A
noter toutefois que la Luftwaffe perdit près de 50% de ses appareils d’ici
la fin septembre 1942, en raison des avions soviétiques, des défenses
anti-aériennes ennemies, du froid et de l’usure naturelle. Cette
affaiblissement de l’armée de l’air allemande permit aux Soviétiques de
reprendre peu à peu le contrôle du ciel.
Au
nord, la VI° Armée allemande, commandée par le général
Friedrich Paulus[36],
fit face à des défenses soviétiques sommaires mais acharnées. Les troupes
allemandes parvint toutefois à prendre Rynok, jouxtant les faubourgs nord de
Stalingrad.
Au
sud, les Allemands parvinrent à s’emparer facilement de Kotelnikovo, mais
furent bloqués par les défenses ennemies à une cinquantaine de kilomètres de
Stalingrad. Toutefois, les Soviétiques étant retranchés à Krasnoarmeysk, les
troupes allemandes lancèrent une offensive à quelques kilomètres à l’est de
la position ennemie, menaçant désormais les Soviétiques d’encerclement.
Début septembre, les deux armées allemandes firent jonction aux portes de
Stalingrad. Toutefois, non seulement le général soviétique
Andreï Ivanovitch Eremenko[37],
soucieux d’éviter un encerclement meurtrier, avait fait reculer le gros de
ses troupes hors de la ville.
Troupes allemandes avançant dans les
ruines de Stalingrad.
A
la mi-septembre 1942, l’opération Fischreiher s’achevait sur un succès
allemand. Ainsi, le trafic le long de la Volga était interrompu, Stalingrad
avait perdu son potentiel industriel, et les pertes de l’armée rouge étaient
considérables (300 000 tués et blessés, 90 000 prisonniers, 1 000 chars
détruits, 750 canons capturés, 650 avions abattus.).
Cependant, non seulement les Soviétiques restaient installés sur la rive
orientale de la Volga ; en outre, ils conservaient deux têtes de pont sur le
Don, sur les arrières de l’armée allemande, à Kremenskaya et Serafimovitch
(à 150 kilomètres au nord ouest de Stalingrad.).
A
noter toutefois qu’à l’origine, les plans de l’OKW ne prévoyaient pas la
capture de Stalingrad. En effet, l’objectif était seulement de détruire son
potentiel économique et de s’emparer de sa région (afin de couper les
approvisionnements soviétiques via la Volga.).
Toutefois, dans chaque camp Stalingrad devint plus qu’un objectif militaire,
elle devint un impératif politique. Portant le nom du secrétaire général du
parti communiste de l’Union soviétique[38],
Stalingrad était pour Hitler un symbole à abattre, pour Staline un symbole à
conserver à tout prix.
d)
La bataille de Stalingrad (mi-septembre à novembre 1942) : Stalingrad
étant désormais isolée, le groupe d’armée B fut chargé de réduire à néant
les résistances ennemies dans la cité.
Côté soviétique, l’armée rouge ne parvenant pas à percer la ligne de défense
allemande, le général Vassili Ivanovitch
Tchouïkov[39]
reçut l’ordre de défendre Stalingrad coûte que coûte, dans l’attente de
l’arrivée des renforts. Tâche ardue d’autant que les troupes soviétiques
étaient bien inférieures à l’ennemi (60 000 soldats pour l’URSS contre
90 000 côté allemand.).
Le général Vassili Ivanovitch Tchouïkov,
au centre.
Du
côté de la Wehrmacht, alors que les prévisions faisaient état d’une capture
de la ville en l’espace d’une dizaine de jours, la réalité du terrain fut
une fois encore bien différente.
En
effet, soumis à un épuisant combat urbain, les Allemands perdirent dans les
rues sinueuses de la ville leur avantage en termes de mobilité et de
puissance de feu. En outre, la Luftwaffe fut considérablement gênée par la
proximité des positions allemandes et soviétiques au sol.
Par ailleurs, les défenseurs de Stalingrad connaissant bien la ville, ils
mirent cet avantage à profit : utilisation des réseaux d’égouts,
fortification d’immeubles, installations de
snipers[40]
et d’unités antichar sur des zones bien protégées, camouflages de chars dans
les ruines, etc. En outre, les camions BM-13 Katioucha, installés sur la
rive orientale de la Volga, causèrent d’importants dégâts à l’ennemi (ce
véhicule, équipé d’une trentaine de lance-roquettes, était souvent utilisé
pour procéder à des tirs de barrage.).
Paulus décida à la mi-septembre de s’attaquer au centre et au sud de la
ville, visant le kourgane Mamaïev[41],
une hauteur dominant Stalingrand, ainsi que le débarquadère, où débarquaient
les renforts soviétiques.
Les combats, relativement violents, se firent bâtiment par bâtiment, les
troupes de l’armée rouge tentant par tous les moyens de ralentir la
progression de l’ennemi.
Toutefois, si le débarcadère fut atteint à la fin du mois de septembre,
aucun des deux camps de s’installa sur le kourgane Mamaïev, ce dernier étant
la cible des fréquents tirs d’artillerie.
Puis, à la mi-octobre 1942, le général Paulus décida de lancer une nouvelle
offensive, cette fois-ci dirigée contre les quartiers industriels du nord de
la ville. Toutefois, contrairement à la vieille ville, au sud, bâtie en bois
et en pierre, les quartiers nord, plus récents, avaient été bâtis en béton.
Les trois grandes usines du secteur, Tracteurs Djerzinski,
Barricade et Octobre rouge furent le théâtre de nouveaux
affrontements sanglants. Toutefois, si les deux premières usines tombèrent
entre les mains des Allemands, Octobre rouge ne fut jamais entièrement
conquise.
Combats dans l'usine d'Octobre rouge.
A
la fin octobre, le général Tchouïkov, à la tête de troupes décimées, ne
contrôlait plus qu’un dixième de Stalingrad ; toutefois, les Allemands
étaient trop épuisés pour mener une dernière offensive contre l’ennemi.
Recevant toutefois des renforts à la mi-novembre 1942, Paulus tenta une
dernière offensive contre la zone se situant à l’est de l’usine Barricade.
Cependant, les troupes allemandes furent décimées par l’artillerie
soviétique installées sur la rive orientale de la Volga.
Affaiblis par la faim, le froid, et le stress causé par les offensives
incessantes, les Allemands déploraient d’importantes pertes à la fin 1942 :
12 000 tués et 40 000 blessés ; contre 100 000 tués et blessés côté
soviétique, plus 20 000 prisonniers.
e)
La contre-attaque soviétique sur Stalingrad, ou opération Uranus
(novembre 1942 à février 1943) : Hitler, qui depuis l’été 1942, dirigeait de
plus en plus les opérations militaires, faisait de la prise de Stalingrad un
impératif.
Ce
dernier ordonna donc que le gros des troupes fut déployé dans la cité
assiégée, dégarnissant de ce fait les flancs de la Wehrmacht. Ainsi, non
seulement les têtes de pont soviétiques installées à Kremenskaya et
Serafimovitch ne furent pas attaquées ; en outre, les troupes allemandes
installées le long du Don, envoyées à Stalingrad, furent remplacées par des
troupes étrangères bien moins aguerries (Roumains, Italiens, Hongrois.).
Côté soviétique, la Stavka élabora pendant l’hiver l’opération Uranus.
L’objectif était de lancer une grande offensive le long de la Volga contre
les troupes étrangères, puis d’encercler les Allemands dans Stalingrad.
A
la fin novembre 1942, le rapport de force avait basculé en faveur des
Soviétiques. Ainsi, ces derniers comptaient plus d’un million d’hommes,
équipés de 900 chars ; contre 450 000 Allemands et 750 chars. En outre,
l’armée rouge commençait à reprendre le contrôle du ciel.
Le
19 novembre, les Soviétiques attaquèrent depuis Kremenskaya et
Serafimovitch, faisant reculer les troupes roumaines installées le long du
Don en l’espace d’une journée.
Au
même moment, les Roumains défendant le flanc sud furent eux aussi repoussés.
Les deux armées soviétiques firent jonction le 23 novembre à Kalatch, à
cinquante kilomètres à l’ouest de Stalingrad, encerclant désormais les
troupes allemandes se trouvant dans la ville.
Prenant conscience de la situation de ses troupes, Paulus songea un temps à
tenter une percée, ne disposant que de six jours de provisions. Toutefois,
ce dernier ne reçut pas l’approbation d’Hitler, qui réclama que les
Allemands tiennent Stalingrad coûte que coûte.
Le
ravitaillement de la ville se fit par avion, comme cela s’était fait à
Demiansk et Kholm ; toutefois, la Luftwaffe éprouva de grandes difficultés à
faire parvenir aux assiégés les 750 tonnes par jour de ravitaillement
réclamés par Paulus. Ainsi, les Allemands ne reçurent en moyenne que 94
tonnes par jour durant toute la durée du siège.
En
raison de ce manque de provisions, l’armée allemande déplora plusieurs
dizaines de décès causés par la faim.
A
la mi-décembre 1942, une armée allemande commandée par le général Erich von
Manstein[42]
tenta de briser l’encerclement de Stalingrad, dans le cadre de l’opération
Wintergewitter[43].
Attaquant depuis Kotelnikovo, les Allemands furent toutefois repoussés par
les troupes soviétiques, Paulus ayant préféré ne pas tenter une sortie hors
de Stalingrad, ce qui aurait été contraire aux ordres du Führer de ne pas
abandonner le moindre pouce de terrain.
Reprenant peu à peu tous les quartiers de la ville, les soldats de l’armée
rouge parvinrent à s’emparer des derniers aérodromes contrôlés par les
Allemands en janvier 1943 (stoppant définitivement l’approvisionnement
allemand.).
Hitler, nommant Paulus maréchal le 30 janvier 1943, préféra sacrifier les
troupes allemandes à Stalingrad, le Führer jugeant que cela permettrait de
fixer l’armée rouge dans la région pendant encore quelques semaines.
Toutefois, Paulus fut capturé dès le lendemain, ce dernier demandant à ses
91 000 hommes de déposer les armes.
Ruines de Stalingrad.
Au
final, les Allemands avaient perdu près de 400 000 hommes à Stalingrad
(tués, blessés ou prisonniers.), plus 1 500 chars, 6 000 canons et 60 000
véhicules.
Toutefois, les pertes étaient colossales côté soviétique, ces derniers
déplorant la perte de 500 000 tués et 600 000 blessés.
A
noter que la bataille de Stalingrad sonna le glas du mythe de
l’invincibilité allemande. Ainsi, de nombreux pays de l’Axe (Italie,
Roumanie, Hongrie, etc.) commencèrent à établir des contacts avec les
alliés, considérant la défaite allemande comme inéluctable.
6° L’opération Mars (novembre à
décembre 1942) – Fort du succès de l’opération Uranus, la
Stavka décida de lancer l’opération Mars à la fin novembre 1942.
Cette offensive fut lancée en direction de la ligne de front Rjev-Viazma,
saillant entre les mains des troupes allemandes depuis l’été 1941.
Toutefois, l’opération Mars, dirigée par le général Joukov, s’acheva sur un
échec, les troupes allemandes opposant une résistance acharnée aux
Soviétiques.
En
décembre, Joukov mit fin aux opérations, déplorant toutefois des pertes
colossales : 100 000 tués et disparus, 235 000 blessés (sans compter les
pertes matérielles.) ; contre 40 000 tués et blessés côté allemand.
A
noter toutefois que l’Etat-major allemand, malgré les directives d’Hitler
interdisant de céder le moindre pouce de terrain, préféra plus tard faire
reculer ses troupes hors du saillant de Rjev, afin de mettre en place une
ligne de front plus cohérente.
7° La guerre de continuation (1942) – Comme nous
l’avons vu précédemment, le gouvernement finlandais avait ordonné à ses
troupes de se replier sur les frontières de 1939, ne souhaitant pas rompre
les relations diplomatiques avec Washington.
Ainsi, les quelques offensives sur le front finlandais en 1942 furent menée
par les troupes soviétiques, qui lancèrent trois offensives au printemps :
contre la ligne de front sur le Svir, sur la pointe nord du lac Onega, et en
direction de Petsamo.
Toutefois, les offensives soviétiques ne furent guère couronnées de succès,
faisant reculer les Finlandais de 500 mètres sur la ligne de front du lac
Onega.
La guerre de continuation (1942).
Le
gouvernement finlandais, pris entre l’enclume et le marteau, décida
d’entamer des pourparlers avec l’URSS. A noter toutefois que la Finlande
conserva un statut un statut ambigu pendant encore plusieurs mois, les
alliés étant partagés quant à cette démocratie s’étant alliée à la dictature
nazie (rappelons que la Grande-Bretagne avait déclaré la guerre à la
Finlande, mais pas les Etats-Unis.).
8° La troisième phase de la guerre du désert (janvier 1942 à février
1943) – L’opération Crusader, lancée en fin d’année 1941,
avait permis aux troupes britanniques de repousser l’Afrika Korps hors de la
pointe est de la Libye.
Toutefois, en raison de la menace japonaise[44],
Churchill décida de retirer plusieurs unités de Libye en début d’année 1942.
Mais Rommel, profitant de l’inexpérience des troupes britanniques installées
sur la ligne de front, à El-Agheila, décida de lancer une grande offensive à
la fin du mois de janvier 1942.
Soldat de l'Afrika Korps (à gauche) et tankiste britannique (à droite),
musée des Invalides, Paris.
Les Allemands, opérant une percée, parvinrent donc à progresser rapidement
jusqu’à Benghazi, contraignant l’ennemi à reculer sur une ligne de défense
reliant Gazala (60 kilomètres à l’ouest de Tobrouk) à Bir Hakeim (60
kilomètres au sud de Gazala.).
La guerre du désert - seconde offensive
de l'afrika Korps.
a)
Les batailles de Gazala et de Bir Hakeim (26 mai au 21 juin 1942) :
arrivant devant la ligne de front en février 1942, Rommel élabora l’opération
Venezia d’ici le mois de mai.
Ce
dernier, sachant ses troupes en état d’infériorité numérique (90 000 soldats
et 560 chars côté allemand ; contre 110 000 hommes et 840 blindés pour les
alliés.), décida d’opérer une manœuvre de contournement par le sud, en
passant par Bir Hakeim.
Dans l’après-midi du 26 mai, les troupes auxiliaires italiennes commencèrent
à bombarder Gazala, assistées par quelques unités de l’Afrika Korps.
Toutefois, Rommel espérant fixer l’ennemi grâce à cette manœuvre de
diversion, descendit vers le sud à la tête de ses cinq meilleures divisions
blindées, opérant sa manœuvre de contournement pendant la nuit.
La bataille de Gazala.
Le
27 mai au matin, Rommel donna l’ordre à la division blindée italienne qui
l’accompagnait d’attaquer Bir Hakeim par le nord-est, la position étant
tenue par 3 700 hommes des FFL, commandés par le général
Marie-Pierre Koenig[45].
Commençant à attaquer la position française à compter de 9 heures du matin,
les troupes italiennes subirent toutefois un sanglant revers, ne parvenant
pas à franchir la ligne de défense ennemie. Les légionnaires de la
13° DBLE[46],
combattants expérimentés, parvinrent à infliger de gros dégâts à l’ennemi,
qui fut contraint de se replier.
La bataille de Bir Hakeim.
Les Italiens, considérablement affaiblis, avaient perdu la moitié de leurs
chars lors de cette première offensive.
Toutefois, les Allemands avaient réussi à repousser plusieurs brigades
britanniques de la zone, ce qui contribua à isoler Bir Hakeim. Ainsi, les
Français retranchés à Bir Hakeim ne furent pas informés du déroulement de la
bataille.
Début juin, Rommel se trouvait dans une position difficile. En effet, ce
dernier avait réussi à contourner les lignes ennemies, mais les alliés
n’avaient pas reculé et tenaient leurs positions. Les Allemands étaient donc
empêtrés dans le « Chaudron », zone désertique située à mi-chemin entre
Gazala et Bir Hakeim.
Le
général Auchinleck, qui commandait, était convaincu que Rommel n’était
désormais plus en état de combattre. Ainsi, ce dernier ordonna au général
Ritchie, commandant de la VIII° Armée, de lancer une contre-offensive contre
la position allemande. Toutefois, l’assaut allié fut une nouvelle fois
repoussé.
Au
cours de la première semaine de juin, Rommel fit de la prise de Bir Hakeim
un impératif stratégique. En effet, le général allemand, dont la situation
était précaire, considérait qu’il ne pourrait pas sortir du Chaudron si ses
arrières étaient continuellement menacés par les FFL.
Le
général Koenig ayant refusé de déposer les armes, suite à un ultimatum lui
ayant été adressé le 2 juin, les Allemands commencèrent donc à bombarder Bir
Hakeim.
Jusqu’au 10, la position française fut pilonnée par l’artillerie allemande
et par les stukas de la Luftwaffe ; les FFL ripostant en tirant près de
42 000 obus de 75 mm.
Encerclés à compter du 6 juin, les légionnaires continuèrent la lutte,
assistés par les appareils de la RAF.
Le
9 au soir, se retrouvant à cours de provisions et de munitions, les FFL
reçurent l’autorisation du général Ritchie d’évacuer Bir Hakeim. Le matériel
lourd fut saboté (faute de véhicules adaptés.), alors que les sapeurs
déminaient une mince bande de terre en direction du sud-ouest, afin de
permettre la sortie du convoi.
Tentant une sortie dans la nuit du 10 juin, les FFL parvinrent à percer la
ligne de défense germano-italienne, rejoignant les lignes britanniques.
Suite à la prise de Bir Hakeim, Rommel attaqua El-Adem, à quinze kilomètres
au sud de Tobrouk. Les Allemands causèrent d’importants dégâts aux troupes
britanniques, détruisant plus de 250 chars ennemis.
Le
14, le général Auchinleck autorisa Ritchie à faire reculer les Britanniques
installés à Gazala, souhaitant établir une nouvelle ligne de défense entre
Tobrouk et El-Adem ; cependant, en raison de la rapide progression de
l’Afrika Korps, les troupes alliées reçurent l’ordre de se replier vers
Mersa Matruh, en Egypte, à 230 kilomètres à l’est de la frontière libyenne.
Tobrouk, à nouveau isolée[47],
fit toutefois reddition après seulement une semaine de siège, le 21 juin
1942. 35 000 Britanniques furent faits prisonniers par les troupes
allemandes.
A
l’issue de la bataille de Gazala, Rommel fut promu maréchal par
Hitler. Toutefois, si les pertes humaines n’étaient pas préjudiciables (5
000 tués et blessés.), l’Afrika Korps avait perdu près de 400 chars sur 560.
Du
côté des alliés, l’on déplorait la perte de 15 000 tués et blessés[48],
35 000 prisonniers, plus un millier de véhicules endommagés ou détruits.
Toutefois, contrairement aux Allemands qui ne reçurent guère de renforts,
les Britanniques profitèrent de l’entrée en guerre des Etats-Unis, ce qui
permit aux alliés de recevoir d’importants renforts.
A
noter enfin de Ritchie fut renvoyé par le général Auchinleck, qui préféra
prendre lui même le commandement de la VIII° Armée.
b)
La première bataille d’El-Alamein (juillet 1942) : ayant ordonné à
ses troupes de reculer vers Mersa Matruh, le général Auchinleck préféra
évacuer cette position à la fin juin 1942, craignant que les Allemands ne
débordent encore une fois la ligne de défense britannique par le sud. Ainsi,
les troupes alliées s’installèrent à El-Alamein, à 180 kilomètres à l’est de
Mersa Matruh (l’on retrouvait à 60 kilomètres au sud la dépression de
Qattara[49],
la zone étant impraticable par les blindés.).
Au
sein de l’Etat-major britannique, la tension était palpable, car les
Allemands n’étaient qu’à cent kilomètres d’Alexandrie, menaçant désormais le
canal de Suez. C’est ainsi que de nombreux documents diplomatiques furent
détruits à l’ambassade de Grande-Bretagne au Caire.
Première bataille d'El-Alamein.
Arrivant à El-Alamein, Rommel, une fois encore, tenta de prendre l’ennemi à
revers. Ainsi, opérant un contournement par le centre, le maréchal ordonna
simultanément aux troupes italiennes de lancer une diversion contre
El-Alamein.
Le
1er juillet, l’Afrika Korps lança l’offensive en direction des
lignes ennemies. Toutefois, ne disposant ni de la supériorité numérique
(96 000 germano-italiens contre 150 000 alliés.), ni de la maitrise du ciel
(500 appareils allemands contre 1 500 avions britanniques.), Rommel éprouva
donc d’importantes difficultés.
La première bataille d'El-Alamein.
Une semaine après le début de la première bataille d’El-Alamein,
Rommel décida de mettre l’offensive en pause, les voies d’approvisionnement
allemandes étant perturbées par les bombardements de la RAF (le maréchal
avait reçu seulement 4 500 tonnes de provisions en juin, contre 30 000 en
mai.).
Au
même moment, Auchinleck profita de cette pause pour renforcer ses lignes de
défense, tout en lançant plusieurs assauts sur les positions italiennes (ces
dernières étant jugées plus fragiles par l’Etat-major britannique.).
Ainsi, la colline de Tel el Eisa, à quinze kilomètres à l’ouest
d’El-Alamein, fut reprise aux italiens à compter de la mi-juillet 1942.
Etant parvenu à fixer l’ennemi à Tel el Eisa, le général Auchinleck lança l’opération
Bacon en direction de la crête de Ruweisat, afin d’en chasser les unités
italiennes. Encore une fois, l’offensive fut couronnée de succès.
Toutefois, la dernière offensive alliée, baptisée opération Manhood,
en direction de la crête de Miteirya, s’acheva sur un échec. Les unités
britanniques, subissant un violent feu en approchant des hauteurs tenues par
l’ennemi, subirent d’importants dégâts.
A
la fin juillet 1942, les deux belligérants, épuisés, furent contraints de
mettre un terme aux combats.
Au
final, la première bataille d’El-Alamein s’acheva sur un statu quo :
les Allemands n’étaient pas arrivés à percer la ligne de front ennemie ;
mais les Britanniques, quant à eux, n’avaient pu repousser l’ennemi hors
d’Egypte.
Si
les alliés détenaient un net avantage numérique, les pertes étaient
équivalentes dans le deux camps : 13 000 tués et blessés côté britannique,
contre 10 000 tués et blessés pour l’Afrika Korps.
Toutefois, si aucun des deux camps n’étaient parvenus à l’emporter, les
alliés conservaient l’avantage, étant ravitaillés en hommes et en matériel
depuis le port d’Alexandrie.
A
noter enfin que le général Auchinleck, relevé de son poste par Churchill
début août, fut remplacé par le général
Harold Alexander[50],
qui nomma le général Bernard Montgomery[51]à la tête de la VIII° Armée.
Le général Bernard Montgomery.
c)
La bataille de Halam el Halfa (31 août au 2 septembre 1942) : à l’été
1942, Rommel se trouvait dans une situation difficile. Non seulement les
voies de ravitaillement vers la Libye, déjà très étendues, étaient
perturbées par la RAF ; en outre, le maréchal, malade[52],
savait que l’Afrika Korps ne résisterait pas à la prochaine offensive d’une
armée britannique récemment ravitaillée.
En
effet, le général Alexander reçut près de 100 000 tonnes de matériel pendant
l’été, dont des chars américains M4[53],
baptisés Sherman par les Anglais[54]
(ce véhicule, doté d’un canon de 75 et d’un blindage de 50 mm, était capable
de rouler à 50 kilomètre heures .), ainsi que des canons antichars
Ordnance QF-6 pounder (ces derniers, plus gros que les précédents
modèle, étaient dotés d’un diamètre de 57 mm).
Ainsi, Rommel décida de ne pas laisser l’initiative aux Britanniques,
lançant une offensive en direction de la crête d’Alam el Halfa dans la nuit
du 31 août (le maréchal estimait que la zone, moins bien défendue, était
aussi moins minée.).
Comptant sur l’effet de surprise et sur la rapidité d’exécution, Rommel
ordonna à ses sapeurs de déminer le terrain ; toutefois, les Allemands
furent découverts par la RAF, qui attaqua la position ennemie.
Le
1er septembre, Rommel refusa de retirer ses troupes, qui
continuèrent d’avancer vers leur objectif. Toutefois, les troupes allemandes
subirent d’importants dégâts, ne disposant que de 200 Panzers contre près de
700 chars britanniques.
Bloqué devant la ligne de front alliée, harcelé par la RAF, et désormais
menacé d’encerclement, Rommel décida finalement de faire reculer ses troupes
le 2 septembre.
La
bataille de Halam el Halfa s’achevait donc sur un échec pour l’Afrika
Korps, les Allemands déplorant la perte de 2 900 tués, blessés et capturés
(plus une quarantaine de chars.) ; contre 1 700 tués, blessés et disparus du
côté des alliés.
Montgomery, qui commandait la VIII° Armée, refusa de poursuive les troupes
allemandes, préférant attendre de nouveaux renforts.
d)
La deuxième bataille d’El-Alamein (octobre à novembre 1942) : Rommel,
trop malade pour assurer le commandement de l’Afrika Korps, partit pour
Berlin à la fin septembre 1942. Il y recontra Hitler, lui expliquant sa
situation de plus en plus difficile, avant d’être admis à l’hôpital de
Wiener Neustadt, en Autriche.
Le
général George Stumme[55],
qui commandait en l’absence de Rommel, avait suivi les instructions du
maréchal et établi les troupes allemandes en position défensive.
Côté britannique, les troupes alliées avaient été ravitaillées en hommes et
en matériel. Ainsi, à l’automne 1942, l’on comptait près de 200 000
Britanniques et 1 000 chars ; contre 115 000 soldats du côté de l’Axe (55
000 Allemands et 60 000 Italiens.) et 550 (220 Panzers et 330 blindés
d’Italie.).
Le
23 octobre, le général Montgomery lança l’opération
Lightfoot[56],
une grande offensive dirigée contre la pointe nord de la ligne de front
ennemie. Dans un premier temps, l’artillerie britannique bombarda la
position germano-italienne, puis l’infanterie partit à l’assaut.
Toutefois, ces premiers combats se firent toutefois dans le désordre, car de
nombreux chars sautèrent sur les mines ennemies. Contraints de déminer le
terrain en plein jour, les Britanniques subirent d’importantes pertes au
cours des premiers jours de la bataille.
Au
soir du 24 octobre, l’Etat-major britannique commença à douter du bien fondé
de l’opération Lighfoot, les pertes étant déjà importantes et l’ennemi
n’ayant pas reculé.
Toutefois, du côté allemand, la situation n’était guère meilleure, le
général Stumme ayant trouvé la mort lors d’un bombardement de la RAF (il fut
alors remplacé par le général Wilhelm
von Thoma[57],
en attendant le retour de Rommel.).
Seconde bataille d'El-Alamein -
l'opération Lightfoot.
Dans la nuit du 24 au 25 octobre, les Allemands bombardèrent les blindés
alliés s’étant rapprochés de leurs positions, faisant d’importants dégâts.
Les généraux britanniques demandèrent alors à Montgomery l’autorisation de
reculer, mais ce dernier refusa.
Le
25 octobre, Rommel arriva à El-Alamein, reprenant le commandement de
l’Afrika Korps. A cette date, les pertes étaient déjà conséquentes : 350
tués, 900 blessés, 2 300 prisonniers et disparus (plus 150 chars détruits ou
endommagés.).
Du
côté des alliés, Montgomery, conscient de l’échec de l’opération Lighfoot,
réorganisa ses troupes, en vue du lancement de l’opération Supercharge
(les Néo-Zélandais et les Britanniques qui s’étaient emparés de la crête de
Miteirya furent retirés du front, remplacés par plusieurs bataillons indiens
et sud-africains.).
L’opération Supercharge prévoyait de percer la ligne ennemie par le centre,
afin de pouvoir prendre à revers les troupes allemandes installées au nord.
Seconde bataille d'El-Alamein -
l'opération Supercharge.
Ainsi, le 28 octobre au soir, les soldats australiens furent chargés
d’opérer une diversion, attaquant le poste allemand installé au nord de la
ligne de front. Ces derniers subirent d’importantes pertes jusqu’à la fin du
mois.
Au
même moment, le gros des forces alliées passèrent à l’offensive, depuis la
crête de Miteirya. Toutefois, les Allemands, équipés de canons antichars de
88 mm, firent d’importants dégâts aux blindés britanniques.
Face à l’ampleur des pertes, Montgomery fut contraint d’accepter un repli de
ses troupes le 2 novembre.
Toutefois, si Rommel avait réussi jusque là à repousser les attaques
alliées, il se trouvait dans une position critique. En effet, ce dernier
souffrait toujours de problèmes de ravitaillement ; en outre, l’Afrika Korps
ne comptait désormais plus qu’une cinquantaine de Panzers (plus une centaine
de chars italiensM-13/40 obsolètes.).
Ce
dernier songea donc à se replier vers Fuka, à une centaine de kilomètres à
l’ouest d’El-Alamein. C’est ainsi qu’il donna l’ordre aux troupes
stationnées sur la ligne sud de remonter vers le nord. Toutefois, Hitler
intima au maréchal l’ordre de tenir ses positions coûte que coûte.
La
ligne de front sud étant désormais dégarnie, les alliés en profitèrent pour
attaquer la zone à compter du 3 novembre 1942.
Le
lendemain, au nord, Montgomery lança un nouvel assaut contre les positions
ennemies, parvenant à opérer une percée à la hauteur de la crête de Kidney
(c’est à cette occasion que fut capturé le général von Thoma.). Ainsi, les
troupes allemandes stationnées le long de la côte, encerclées, furent
décimées par les canons britanniques.
Dans l’après–midi du 4, Rommel ordonna un repli de l’Afrika Korps en
direction de Fuka. Toutefois, si au nord les Allemands possédaient encore
plusieurs camions, au sud, les véhicules faisaient défaut. Les Italiens
éprouvèrent donc d’importantes difficultés lors de cette retraite.
Seconde bataille d'El-Alamein - la crête
de Kidney.
Montgomery, ne se lançant à la poursuite des forces ennemies qu’à compter du
5 novembre, fut toutefois retardé par les derniers canons de 88 allemands,
qui détruisirent plusieurs blindés.
Rommel, arrivé à Fuka, fut contraint de reculer jusqu’à Mersa Matruh, en
raison de la désorganisation des troupes italiennes (ces dernières, manquant
de véhicules, n’étaient pas encore arrivées à Fuka.).
Le
6, la situation de l’Afrika Korps était désastreuses. Ainsi, Rommel ne
disposait plus que d’une dizaine de Panzers ; l’essence manquait (les chars
ne pouvant plus rouler furent sabordés.) ; en outre, de nombreux Italiens
avaient été capturés lors de leur retraite.
Ne
s’arrêtant finalement pas à Mersa Matruh, le maréchal décida de reculer vers
Sollum, à la frontière libyenne. Arrivant dans la ville le 11 novembre,
Rommel ne disposait plus que de 2 000 soldats, quelques Panzers, et 75
canons.
La
seconde bataille d’El-Alamein s’achevait donc sur un succès pour les
Britanniques. Toutefois, les pertes étaient lourdes dans les deux camps :
13 500 tués et blessés côté allié (plus 500 chars détruits.) ; contre 20 000
tués et blessés, plus 30 000 prisonniers pour les forces de l’Axe.
e)
A la poursuite de l’Afrika Korps (novembre 1942) : Rommel, apprenant
que les alliés avaient débarqué au Maroc et en Algérie, dans le cadre de l’opération
Torch[58],
décida de s’installer à El-Agheila à la mi-novembre 1942.
L’ennemi s’étant replié après avoir reçu l’ordre de faire sauter les
équipements abandonnés, les Britanniques s’emparèrent sans combats de
Tobrouk (où 9 000 tonnes de matériel furent capturées.), Derna, et Benghazi.
De
son côté, Rommel pensait pouvoir se replier vers la Tunisie, jugeant la
région plus favorable à l’établissement d’une ligne de défense ; alors
qu’Hitler somma le maréchal de conserver ses positions à El-Agheila.
La guerre du désert - à la poursuite de
l'Afrika Korps.
A
la mi-décembre, Montgomery ayant fait reconstruire les installations
portuaires de Tobrouk et Benghazi (permettant un ravitaillement plus
efficace des troupes.), il lança l’assaut contre El-Agheila.
A
l’issue de quelques jours de combats, faisant face à un ennemi en nette
supériorité numérique, Rommel fut contraint de reculer une fois de plus.
Le
commandant de l’Afrika Korps, réclamant auprès d’Hitler la possibilité de se
retirer vers la Tunisie, ne fut autorisé qu’à reculer vers Bwayrat al Hasun,
à 80 kilomètre à l’ouest de Syrte.
En
fin d’année 1942, l’offensive britannique ralentit quelque peu, en raison de
l’extension démesurée des lignes d’approvisionnement. Ainsi, Syrte fut prise
le 15 décembre, Tripoli (la capitale libyenne.) le 23 janvier 1943.
9° L’opération Torch (novembre 1942) – Au printemps
1942, des négociations entre les Etats-Unis, l’URSS et la Grande-Bretagne
avaient validé l’ouverture d’un front à l’ouest, afin de soulager la
contre-offensive soviétique aux portes de Moscou.
C’est ainsi que fut élaborée l’opération Rutter, malgré l’hostilité de
Churchill, prévoyant un débarquement à Dieppe au mois d’août. Toutefois,
l’offensive alliée s’étant soldée sur un échec, de nouveaux projets furent
élaborés par Londres et Washington.
a)
Projets américains et britanniques (été à automne 1942) : côté
américain, Roosevelt était favorable à un débarquement en France, qui
permettrait d’occuper les ports de l’Atlantique.
C’est ainsi que fut élaborée l’opération Sledgehammer, prévoyant un
débarquement des troupes sur Cherbourg ou Brest à l’automne 1942.
Mais comme pour l’opération Rutter, les forces en présences prévues
n’étaient pas suffisantes face à l’ennemi, qui avait considérablement
fortifié la côte atlantique, et disposait de la maîtrise des cieux.
Côté britannique, Churchill était hostile aux projets américains, jugeant
prématurés les plans prévoyant de débarquer des troupes en France. Ainsi, ce
dernier préféra militer en faveur d’un débarquement en Afrique du nord,
territoires sous contrôle du régime de Vichy.
Le
premier ministre considérait qu’il serait plus aisé de s’emparer de ce
territoire car la majorité des territoires africains étaient sous domination
alliée : ainsi, l’AEF avait rejoint la France libre en octobre 1940[59] ;
les territoires italiens d’Afrique de l’est (Erythrée, Ethiopie, Somalie
italienne.) avaient été conquis au printemps 1941 ; la moitié sud de
l’Afrique (Congo belge, Afrique du sud, colonies britanniques.) n’avait
jamais été menacée par le troisième Reich ; enfin, si Rommel menaçait
l’Egypte, un débarquement sur ses arrières ne pourrait que le contraindre à
reculer.
A
noter en outre que les informations glanées par les services de
renseignements indiquaient que les défenseurs d’Alger et de Casablanca ne
s’opposeraient pas à un débarquement.
C’est ainsi que les Etats-Unis et la Grande-Bretagne validèrent l’opération
Torch, prévoyant un débarquement simultané au Maroc (Casablanca,
Port-Lyautey, Safi.) et en Algérie (Alger et Oran.).
L'opération Torch.
b)
La préparation de l’opération Torch (automne 1942) : soucieux de
recueillir l’adhésion des français défendant le Maroc et l’Algérie,
Roosevelt décida de ne pas faire appel au général de Gaulle, pourtant
président du Comité national français[60].
De
prime abord, le gouvernement américain craignait que de Gaulle, considéré
comme un « ami des Anglais », voire comme un traître, n’attire la répulsion
des troupes vichystes en Afrique du nord ; en outre, Roosevelt se méfiait du
général, ayant la conviction que ce dernier souhaitait profiter du second
conflit mondial pour établir une dictature.
Ainsi, Washington décida de faire appel au général Henri Giraud, qui avait
été fait prisonnier suite à la bataille de France (ce dernier s’était
toutefois échappé au printemps 1942.).
Le général Giraud, musée de l'Infanterie, Montpellier.
Giraud, installé en zone libre (mais surveillé par Laval.), fut donc
approché par des agents américains à l’automne. Mais ce dernier, réclamant
le commandement de l’opération Torch (qui avait été cédé au général
Dwight Eisenhower[61].),
demanda à ce que le débarquement, prévu en Afrique du nord, se déroule aussi
dans le sud de la France.
Le général Dwight Eisenhower.
Au
final, si ces contre-propositions n’eurent pas de suite, il fut décidé
qu’Eisenhower commanderait aux troupes pendant le débarquement, mais
qu’ensuite les forces françaises seraient placées sous le contrôle du
général Giraud (le 7 novembre, ce dernier fut envoyé à Gibraltar, dans
l’attente du déclenchement de l’opération Torch.).
En
outre, le gouvernement américain prit contact avec plusieurs mouvements de
Résistance en Afrique du nord, organisant une conférence clandestine à
Cherchell, à la fin octobre 1942.
Il
fut décidé que les principaux chefs de la Résistance algéroise,
Henri d’Astier de la Vigerie[62]
et José Aboulker[63],
organiseraient un putsch contre le gouvernement d’Alger le 8 novembre au
matin, date à laquelle l’opération Torch serait lancée.
Caricature publiée dans le quotidien Le Petit Parisien (les
Etats-Unis, sous les traits de l'oncle Sam, sont accusés de vouloir
déposséder la France de ses colonies. La légende indique : "La Fayette, nous
voici ! Aboule tes départements algériens et tes colonies !), 9 novembre
1942, Mémorial Leclerc, Paris.
Les forces alliées, conformément aux plans, furent divisées en trois
groupes : la Force ouest, débarquant au Maroc, comptant 35 000
hommes ; la Force du centre, débarquant à Oran, comptant 39 000
hommes ; enfin, la Force de l’est, débarquant à Alger, comptant
33 000 hommes.
A
noter que les troupes étaient en majorité américaines (l’on ne comptait que
20 000 Britanniques dans la Force de l’est.), afin, une fois encore, de ne
pas provoquer de répulsion au sein des troupes vichystes. En outre, afin de
ne pas provoquer les garnisons françaises, l’Etat-major américain donna
ordre à ses troupes de n’ouvrir le feu qu’en cas de riposte.
L'opération Torch.
c)
Le débarquement à Alger, le putsch du 8 novembre (8 novembre 1942) :
conformément aux engagements pris lors de la conférence de Cherchell,
d’Astier et Aboulker réunirent 400 résistants dans la nuit du 7 au 8
novembre 1942. Le petit groupe parvint toutefois à paralyser pendant
plusieurs heures les autorités civiles et militaires, arrêtant le général
Juin[64]
et l’amiral Darlan[65],
occupant les postes de radio et de téléphone, neutralisant les batteries
côtières d’Alger, etc.
José Aboulker, Mémorial Leclerc, Paris.
Profitant de ce putsch, les Américains de la Force est débarquèrent sur les
plages d’Alger. Toutefois, le débarquement causa de nombreuses difficultés,
les pilotes des barges de débarquement n’ayant suivi aucun entraînement au
préalable.
Ainsi, de nombreuses barges s’entrechoquèrent, coulèrent, où bien
s’éloignèrent du rivage faute d’amarrage convenable.
Par ailleurs, des coups de feu furent échangés dans le port d’Alger, les
Britanniques ayant tenté d’y débarquer afin qu’il ne soit pas détruit par
les Vichystes.
Deux destroyers furent détruits par l’ennemi, mais les troupes alliées
parvinrent à s’emparer de la position.
Le débarquement des troupes américaines
en Algérie.
Tentant de riposter contre les résistants, les Vichystes luttèrent pendant
toute la journée afin de rétablir l’ordre, mais furent toutefois contraint
de déposer les armes dans la soirée, l’armée américaine ayant entouré la
ville.
Darlan et Juin, toutefois, ne proclamèrent le cessez-le-feu qu’à Alger,
alors que d’importants combats étaient livrés à Casablanca et à Oran. Ainsi,
ce n’est qu’à compter du 10 novembre qu’un cessez-le-feu général fut
proclamé.
d)
Le débarquement à Oran (8 novembre 1942) : si à Alger, le putsch de
la nuit du 7 novembre avait permis de paralyser les autorités de la ville
pendant plusieurs heures, à Oran la situation fut différente.
En
effet, informé que la Résistance allait tenter un coup de force cette nuit
là, les autorités militaires, appuyées par le SOL[66],
déclenchèrent l’état d’alerte dans Oran.
Le
débarquement à Oran se fit en trois points : dans la baie des Andalouses, à
l’ouest ; dans le port d’Oran, au centre ; près d’Arzew, à l’est.
Si
dans la baie des Andalouses, le débarquement se déroula sans aucune
opposition peu après minuit (les Américains rencontrèrent toutefois les
mêmes difficultés techniques qu’à Alger.), dans le port d’Oran la situation
était nettement moins appréciable. En effet, les Vichystes avaient ouvert le
feu sur la flotte américaine, puis avaient sabordé les navires français
mouillant dans le port afin de gêner les manœuvres de débarquement.
Sur les hauteurs d’Arzew, par contre, les troupes alliées profitèrent de
l’effet de surprise pour s’emparer des batteries côtières. A noter toutefois
que les Américains furent contraints de combattre les troupes vichystes, qui
se rendirent après quelques heures de lutte.
e)
Le débarquement au Maroc (8 au 10 novembre 1942) : à Casablanca, tout
comme à Oran, l’offensive menée par les résistants se solda sur un échec.
Le
général Antoine Béthouart[67],
averti que les troupes américaines débarqueraient le 8 novembre au matin, se
rendit à Rabat afin d’y arrêter le général
Charles Noguès[68],
résident général au Maroc[69].
Toutefois, au lieu de s’emparer de Noguès immédiatement, Béthouart lui
proposa de prendre la tête de la Résistance et d’accueillir les troupes
américaines. Ainsi, le résident général au Maroc profita de ce délai de
réflexion pour contacter la flotte française à Casablanca (le téléphone
n’avait pas été coupé par les résistants.), apprenant qu’aucun navire
américain n’était en vue (Béthouart avait déclenché son opération plusieurs
heures avant le débarquement.).
Ainsi, Noguès convoqua ses troupes, qui encerclèrent celles de Béthouart. Ce
dernier fut alors contraint de déposer les armes.
Lorsque les navires américains apparurent à l’horizon, la flotte française
mouillant à Casablanca décida de combattre, bien qu’étant en nette
infériorité numérique.
Toutefois, Noguès ayant pris ses dispositions, ses troupes opposèrent une
vive résistance au débarquement américain, livrant d’importants combats à
Safi, Casablanca et Port-Lyautey. Par ailleurs, le général Béthouart et ses
hommes, furent traduits devant un tribunal de guerre. Enfin, Noguès songea
un temps à faire reculer ses troupes à l’intérieur des terres, afin d’y
mener des actions de guérilla.
Ce
n’est qu’après la proclamation du cessez-le-feu général du général Juin que
les combats prirent fin au Maroc, permettant aux Américains de prendre
position au sein de la colonie française.
f)
Le bilan de l’opération Torch : au final, l’opération Torch causa
1 300 tués et 2 000 blessés aux forces vichystes, contre 480 tués et 700
blessés pour les alliés.
Toutefois, les pertes alliées auraient pu être bien plus importantes si les
résistants d’Alger n’avaient pas contraint Juin et Darlan de proclamer un
cessez-le-feu général.
Côté allemand, l’annonce du débarquement américain incita Hitler à
déclencher l’opération Anton, donnant l’ordre à la Wehrmacht
d’envahir la zone libre[70].
10° Le complexe statut africain (novembre à décembre 1942)
– Suite au débarquement américain, Roosevelt décida de confier le
pouvoir à l’amiral Darlan, qui fut nommé Haut-commissaire de France en
Afrique. A noter que ce dernier n’agissait pas au nom de la France
combattante ou des forces alliées, mais « au nom du maréchal » (bien
qu’étant désavoué par Vichy.).
a)
L’Afrique du nord vichyste et alliée ? (10 novembre au 24 décembre 1942) :
recevant le soutien de Giraud, nommé comme prévu commandant en chef des
forces françaises en Afrique du nord, Darlan maintint en vigueur toutes les
lois promulguées par le régime de Vichy.
Ainsi, les décrets antisémites ne furent pas abrogés (ou atténués de façon
minime.) ; les partis politiques étaient toujours interdits ; les résistants
ayant participé aux putschs ratés contre Oran ou Casablanca restèrent en
prison ; les camps de concentrations algériens ne furent pas fermés ; etc.
b)
L’assassinat de l’amiral Darlan (24 décembre 1942) : faisant face à
l’hostilité des résistants d’Afrique du nord, mais aussi à celle de
Churchill (qui soutenait de Gaulle.), Darlan fut assassiné le 24 décembre
1942 par Fernand Bonnier de La Chapelle, un jeune royaliste.
L’assassin, proche d’Henri d’Astier de la Vigerie, fut arrêté sur les lieux
du crime et emprisonné. Traduit devant un tribunal, Bonnier de La Chapelle
fut rapidement condamné à mort suite à un procès sommaire. Toutefois,
Noguès, prenant le pouvoir à la mort de Darlan, refusa de prononcer la
grâce ; quant à Giraud, il refusa de différer l’exécution, qui eut lieu le
26 décembre.
Suite à la mort de Darlan, l’avenir de l’Afrique du nord restait flou.
Ainsi, Noguès se considérait comme le successeur de Darlan ; en outre, Henri
d’Astier de la Vigerie militait en faveur d’Henri d’Orléans,
descendant de Louis Philippe I°[71].
Toutefois, Eisenhower écarta ces prétendants, affirmant que seule la
candidature de Giraud était acceptable.
c)
La création du Commandement civil et militaire d’Alger (26 décembre 1942)
: c’est ainsi que fut créé le Commandement civil et militaire d’Alger,
le 26 décembre 1942, commandée par le général Giraud.
A
noter toutefois que ce dernier, s’entourant des collaborateurs de Darlan,
n’abrogea pas non plus les décrets promulgués par le régime de Vichy.
Cette situation en Afrique du nord provoqua un schisme au sein de la
Résistance française, cette dernière étant désormais divisée entre
Gaullistes, en AEF, et Giraudistes, en AOF.
A
noter que Giraud ne commença à prendre ses distances avec le régime de Vichy
qu’à compter de mars 1943.
11° La bataille de Madagascar (mai à novembre 1942) –
Au printemps 1942, Madagascar, colonie française, était toujours sous
contrôle du régime de Vichy.
Toutefois, les Britanniques craignaient que l’île ne puisse être utilisée
comme base avancée par les Japonais. En effet, ces derniers s’étaient
emparés à cette date d’une série de colonies britanniques : Malaisie,
Singapour, Birmanie, Bornéo, etc. En outre, naviguant sur l’océan Indien,
ils avaient lancé plusieurs raids sur les ports britanniques se trouvant
dans cette région du monde.
Ainsi, Churchill lança l’opération Ironclad au début du mois de mai
1942, destinée à prendre contrôle de Madagascar.
a)
La bataille de Madagascar (mai à novembre 1942) : débarquant à
Diego-Suarez[72],
à la pointe nord de l’île, au petit matin du 5 mai 1942.
A
noter que Madagascar n’était guère défendue. En effet, si l’île comptait
8 000 soldats (contre 10 000 Britanniques.), elle n’était pas équipée de
chars ; les avions dont l’armée disposait étaient obsolètes (Potez 630 et
Morane-Saulnier MS.406.) ; enfin, Madagascar n’était défendue que par
quelques navires marchands militarisés et cinq sous-marins.
Opposant une vive résistance lors du débarquement britannique, les vichystes
ne parvinrent pas à empêcher l’ennemi de détruire les navires français
mouillant dans le port. En outre, ces derniers furent contraints de reculer,
laissant Diego-Suarez entre les mains de l’ennemi le 7 mai.
A
la fin du mois de mai, des sous-marins japonais furent envoyés en renfort ;
toutefois, ils ne parvinrent pas à couler les navires ennemis.
Progressant vers le centre de Madagascar, les vichystes reçurent l’ordre de
Laval de tenir à tout prix, y compris au moyen de tactiques de guérilla.
Côté britannique, si un nouveau débarquement fut effectué à Mahajanga, sur
la côte nord-ouest, la progression des troupes fut lente, en raison des
nombreuses escarmouches contre les forces vichystes.
Au
mois d’octobre, les Britanniques s’emparèrent d’Antananarivo, la capitale,
puis d’Ambavalao, à 450 kilomètres au sud. Suite à la prise de la capitale
malgache, le gouverneur général de l’île décida finalement de capituler. Ce
dernier fit donc reddition à Ihosy, dans le sud de Madagascar, le 8 novembre
1942.
b)
Le bilan et les suites de la bataille de Madagascar (novembre 1942 à
janvier 1943) : au final, les pertes furent équivalentes dans les deux
camps. Ainsi, les vichystes déploraient la perte de 150 tués, 500 blessés,
1 200 prisonniers (à noter que 900 d’entre eux décidèrent de rejoindre la
France combattante.).
Côté britannique, l’on comptait 100 tués (plus 200 morts de maladie.) et 280
blessés.
A
noter toutefois que l’offensive contre Madagascar, colonie française,
s’était déroulée sans le soutien ni l’aval du général de Gaulle. Ce dernier,
apprenant l’invasion de l’île par les Britanniques, rentra dans une colère
noire. Le leader de la France libre décida alors de prendre contact avec
l’URSS, ce qui apeura quelque peu le gouvernement Churchill (la
Grande-Bretagne ne pouvait prendre le risque que la France d’après-guerre ne
tombe dans le giron soviétique.).
Ainsi, Madagascar resta sous contrôle britannique jusqu’en janvier 1943,
date à laquelle la souveraineté de l’île fut confiée au FFL.
12° L’invasion japonaise de Philippines (décembre 1941 à mai 1942)
– le jour de l’attaque sur Pearl Harbour[73],
les Japonais lancèrent une série d’attaques dans le Pacifique : Thaïlande,
l’île de Guam, l’atoll de Wake, Hong Kong, etc.
Au même moment, les troupes japonaises envahirent
les Philippines.
a) Petite histoire des Philippines :
l’île, qui avait été cédée aux Etats-Unis par l’Espagne en 1899, avait
toutefois obtenu une certaine autonomie depuis les années 1930. En effet,
Washington prévoyait la future indépendance du gouvernement philippin à
l’issue d’une période transitoire de dix ans.
En décembre 1942, l’armée philippine comptait
60 000 hommes ; auxquels s’ajoutaient les 20 000 soldats de l’armée
américaine, commandée par le général
Douglas Mac Arthur[74].
Le général Douglas Mac Arthur.
A noter toutefois que si les troupes alliées
n’étaient équipées que de chars obsolètes, elles disposaient toutefois de
chasseurs Curtiss P-40 Warhawk
[75] et de bombardiers Boeing
B-17 Flying Fortress
(il s’agissait d’appareils apparus à la fin des années 1930 mais encore
convenables pour l’époque.).
Boeing B-17.
b) L’offensive japonaise (décembre 1941) :
quelques heures après l’attaque sur Pearl Harbor, les troupes japonaises
débarquèrent sur l’île de Batan, à la pointe nord de Philippines. Puis,
trois débarquements simultanés eurent lieu à Luzon (il s’agit de la plus
grande île des Philippines, située au nord.): un sur la côté nord, à Gonzaga ; et deux sur la côte ouest, à Vigan
et Rosario.
Les B-17 américains furent envoyés bombarder la
flotte japonaise, mais ils ne firent que peu de dégâts à l’ennemi.
Le 12 décembre, de nouvelles troupes japonaises
débarquèrent à Legazpi, au sud de Luzon, ainsi que sur Mindanao (il
s’agissait de l’île la plus au sud des Philippines.).
L'invasion japonaise des Philippines.
Mac Arthur, pris de court, ordonna alors aux
armées alliées de se replier vers la péninsule de Bataan, à la pointe
sud-ouest de Luzon. La défense américaine fut donc établie entre Bataan et
l’île de Corregidor, à dix kilomètres au sud (vint aussi s’y réfugier
l’Etat-major et le gouvernement philippin.).
L'invasion des Philippines.
c) La bataille de Bataan (janvier à avril
1942) : descendant vers Bataan à compter de janvier 1942, les Japonais
furent repoussés par les forces alliées. Par ailleurs, plusieurs
débarquements furent organisés au sud de la péninsule, afin de prendre les
Américains à revers, mais ces assauts furent repoussés.
Courant mars, alors que les combats se
poursuivaient, Roosevelt ordonna à Mac Arthur de quitter les Philippines
pour l’Australie. Ce dernier confia alors le commandement au général Jonathan Mayhew Wainwright IV[76].
A la fin du mois, déplorant déjà d’importantes pertes, les Japonais
lancèrent une grande offensive contre Bataan. Incendiant les montagnes
avoisinant les positions ennemies, les troupes japonaises profitèrent de
l’effet de panique provoqué par l’incendie pour opérer une percée.
Le 8 avril, les soldats américains n’ayant pas
réussi à rejoindre Corregidor furent contraints de déposer les armes.
d) La bataille de Corregidor (avril à mai 1942) :
Corregidor étant équipée de nombreuses batteries anti-aériennes, les Japonais
ne purent organiser un bombardement efficace des positions ennemies.
Toutefois, l’armée impériale s’étant emparée de Bataan, plusieurs canons
furent installés sur la péninsule.
Au début du mois de mai 1942, l’île n’était plus
défendue que par 11 000 soldats. Ainsi, lorsque les troupes japonaises
débarquèrent sur Corregidor, le 5 mai au matin, les alliés ne purent opposer
qu’une résistance de principe.
Le général Wainwright, ordonnant à ses troupes de
rejoindre les hauteurs de l’île, décida finalement de faire reddition le 8
mai, soucieux d’éviter un massacre.
Reddition des troupes américaines à
Corregidor, mai 1942.
e) Le bilan de l’invasion des Philippines
: alors que l’Etat-major japonais avait prévu une victoire rapide, l’armée
impériale ne parvint à s’emparer des Philippines qu’après six mois de
violents combats.
Au final, le Japon déplorait de nombreuses
pertes : 10 000 tués et 22 000 blessés. Du côté des alliés, le bilan était
encore plus important : 40 000 tués, 20 000 blessés et 75 000 prisonniers.
A noter en outre que plus de 15 000 prisonniers
de guerre américains trouvèrent la mort pendant leur détention, en raison
des mauvais traitements infligés par l’armée japonaise.
Affiche de propagande américaine contre le péril germano-japonais (la
légende indique "Attention ! Nos foyers sont en danger maintenant !"), musée
des Invalides, Paris.
13° La bataille de Singapour, dernier acte de la bataille de Malaisie
(février 1942) – Comme nous l’avons vu précédemment, le
Japon avait envahi la Malaisie à compter du 8 décembre 1941, repoussant
progressivement les troupes britanniques vers le sud du pays[77].
Au
début du mois de février 1942, les troupes alliées s’installèrent sur l’île
de Singapour[78],
faisant sauter les ponts la reliant au continent, et établissant un
périmètre défensif le long du fleuve Johor.
Les Japonais, bombardant la ville pendant une
semaine, débarquèrent à Sarimbun, à la pointe nord-ouest de l’île, le 8
février 1942.
Ne rencontrant que peu de résistance, les troupes
japonaises prirent ensuite le contrôle des plages du sud, encerclant peu à
peu la ville. L’armée impériale, installant des canons sur les territoires
récemment conquis, commença alors à bombarder Singapour.
Manquant d’eau, les Britanniques furent
contraints de faire reddition le 15 février 1942.
A l’issu de la bataille de Singapour, ces
derniers comptaient 9 500 tués, 5 000 blessés et 50 000 prisonniers (à
rajouter aux 5 000 tués et 40 000 prisonniers suite à la bataille de
Malaisie.).
Côté japonais, les pertes étaient une fois encore
bien plus légères : 1 700 tués et 2 700 blessés.
Troupes japonaises dans Singapour.
14° La campagne de Birmanie (1942) – S’étant emparée de
la Thaïlande et de la Malaisie, l’Etat-major japonais lança en janvier 1942
une offensive de grande ampleur contre la Birmanie britannique.
L’objectif de l’armée impériale, outre chasser les Britanniques de la zone,
était aussi de faire main basse sur les ressources pétrolifères du pays, ses
minerais précieux, et ses nombreuses rizicultures.
a)
L’offensive japonaise (janvier à mai 1942) : alors que Rangoon, la
capitale birmane, était régulièrement bombardée par l’aviation japonaise,
l’armée impériale traversa la frontière à la mi-janvier 1942. Dans un
premier temps, les Japonais se dirigèrent dans vers Moulmein, à 150
kilomètres à l’ouest.
Uniforme de sous-lieutenant japonais,
campagne de Birmanie, musée des Invalides, Paris.
L’armée impériale y rencontra une vive résistance de la part des
Britanniques qui défendaient la cité. Toutefois, se trouvant dos au fleuve,
les alliés se retrouvaient dans une position inconfortable. Après plusieurs
offensives lancées par l’ennemi, les Britanniques décidèrent de se replier à
la fin du mois, abandonnant de grandes quantités de matériel derrière eux.
Remontant vers le nord, les officiers britanniques décidèrent de faire
sauter le pont traversant la rivière Sittang. Toutefois, la moitié des
troupes alliées, coincées du mauvais côté du fleuve, furent contraintes
d’abandonner tout leur matériel lourd, et parfois même leurs fusils.
Désormais affaiblis, les Britanniques n’étaient guère en position de tenir
Rangoon, malgré les ordres du général Wavell, qui stipulaient que la
capitale devait être défendue coûte que coûte. A la fin février 1942, Wavell
confia le commandement de l’armée de Birmanie au général Harold Alexander,
qui lança plusieurs offensives sur Pegu, à 80 kilomètres au nord-est de
Rangoon, position occupée par les Japonais.
Toutefois, convaincu qu’il serait impossible de défendre Rangoon, le général
Alexander décida d’évacuer la capitale au cours de la première semaine de
mars, ayant au préalable détruit toutes les installations (port, pipeline,
raffineries, usines, etc.).
La campagne de Birmanie (1942).
Les Japonais, s’emparant de Rangoon, furent renforcés en l’espace de
quelques semaines par des troupes venant de Malaisie et de l’île de Java[79].
L’armée impériale, récupérant des camions britanniques abandonnés, progressa
donc rapidement en direction du nord de la Birmanie.
Quant aux Britanniques, retirés dans le centre du pays, ils se trouvaient
dès lors en situation difficile. En effet, ces derniers déploraient des
carences dans l’approvisionnement : en effet, Rangoon était tombée entre les
mains de l’ennemi, et peu de routes reliaient la Birmanie à l’Inde. En
outre, les Japonais financèrent l’Armée pour l'indépendance birmane,
mouvement indépendantiste birman : ainsi, non seulement les troupes alliées
furent harcelées par les insurgés ; en outre, de nombreux soldats birmans de
l’armée britannique désertèrent.
Les troupes alliées furent toutefois soutenues par les troupes chinoises du
général Tchang Kaï-chek[80],
premier ministre de la république de Chine. Toutefois, les Chinois, bien que
nombreux, n’étaient pas suffisamment bien équipés pour résister aux troupes
japonaises.
Le général Tchang Kaï-chek.
Repoussés vers le nord du pays, les alliés furent incapables de freiner
l’avancée japonaise, qui s’empara de Lashio en mai 1942, contrôlant
désormais la route menant vers la Chine.
C’est ainsi que le général Alexander décida d’évacuer la Birmanie, faisant
reculer ses troupes vers la province de Manipur, en Inde (à noter que
plusieurs unités chinoises furent aussi contraintes de se réfugier dans la
région.).
A
noter que l’armée thaïlandaise, pénétrant en Birmanie courant mai 1942,
s’empara de Kengtung, dans l’est du pays, annexant la province de Shan.
b)
Le statu quo (été à hiver 1942) : à l’été 1942, la situation des
Britanniques ne s’arrangeait guère. Ainsi, peu de moyens parvenaient en
Inde, à une époque où le gouvernement britannique était plutôt concentré sur
le front ouest (lutte contre l’Afrika Korps, débarquement de Dieppe,
opération Torch, etc.).
Ainsi, alors que le Japonais se trouvaient désormais à quelques kilomètres
de la frontière indienne, l’Etat-major britannique décida de pratiquer la
tactique de la terre brûlée, qui causa une importante famine au Bengale
(d’autant que les importations de riz depuis la Birmanie étaient coupées.).
La
faim et les bombardements japonais ne tardèrent donc pas à entraîner des
révoltes populaires, que les Britanniques furent contraints de mater
rapidement.
Côté japonais, il fut décida de dissoudre l’Armée pour l'indépendance
birmane, jugée trop indisciplinée (il y avait eu des affrontements entre
l’armée impériale et les insurgés birmans.). C’est ainsi que fut créée l'Armée
de défense birmane, organisation de taille plus modeste et supervisée
par des officiers japonais.
Après la mousson, les Britanniques lancèrent en décembre 1942 une offensive
en direction de l’île d’Akyab[81],
sur la côte sud-ouest de la Birmanie (l’objectif était de s’emparer de
l’aérodrome qui se trouvait là.).
Toutefois, ne possédant pas de blindés, les troupes alliées ne parvinrent
pas à prendre la position, solidement défendue par les Japonais.
15° La campagne des Indes orientales néerlandaises (décembre 1941 à
février 1943) – suite à l’invasion des Pays-Bas par la
Wehrmacht, en mai 1940, le contact avait été coupé entre la métropole et ses
colonies.
a)
Petite histoire des Indes orientales néerlandaises : depuis le début
du XIX° siècle, les territoires néerlandais d’outre-mer ne comptaient plus
que les Antilles néerlandaises, la Guyane néerlandaise[82],
et les Indes orientales néerlandaises[83].
Cette dernière colonie, sous contrôle hollandais depuis le XVII° siècle,
était en 1941 le quatrième exportateur de pétrole au monde, comptant en
outre de nombreuses plantations de caoutchouc.
Pour le Japon, la conquête des Indes orientales néerlandaises correspondait
avant tout à un impératif économique, le pays ne disposant plus que de
quantités limitées de pétrole suite à la mise en place de l’embargo
américain en juillet 1941[84].
A
noter qu’en janvier 1942, afin de faire face aux agressions japonaises, le
général Wavell, commandant en chef des armées en Inde, donna naissance au
Commandement
américano-britannico-néerlando-australien[85].
Toutefois, cette organisation unissant les différentes forces armées opérant
dans le pacifique, subissant les divergences des Etats membres, fut dissoute
en février 1942.
b)
La bataille de Bornéo (décembre 1941 à avril 1942) : les Indes
orientales néerlandaises, s’étendant sur près de 4 000 kilomètres, était
composée de plusieurs grandes îles.
Bornéo, l’une d’entre elles, était divisée en deux, la moitié nord-ouest
appartenant à la Grande-Bretagne (l’on y trouvait les protectorats de
Sarawak, Brunei, Bornéo du Nord[86].),
le reste de l’île étant sous souveraineté néerlandaise.
Une première offensive japonaise fut donc déclenchée contre Bornéo, à la
mi-décembre 1941, l’île étant riche en hydrocarbures. 4 500 soldats
japonais, partis d’Indochine, débarquèrent à Miri, au Sarawak britannique,
ainsi qu’à Seria, à Brunei.
Ces deux zones comportaient d’importants gisements pétroliers ; toutefois,
suite à l’attaque sur Pearl Harbor, le gouvernement de Sarawak avait fait
détruire les puits et les raffineries de pétrole.
S’emparant de Brunei en l’espace d’une semaine, les Japonais divisèrent
leurs troupes en deux colonnes. L’une se dirigea vers le nord, en direction
de Sandakan, la capitale du Bornéo du Nord ; l’autre, partant en direction
du sud, marcha vers Kuching, la capitale du Sarawak.
Les Japonais, ne rencontrant guère d’opposition au nord, s’emparèrent de
Sandakan à la mi-janvier 1942 ; au sud, les bataillons britanniques furent
contraints de se retirer vers Sampit, dans le sud de Bornéo, à la fin
décembre 1941, laissant l’armée impériale occuper Kuching.
La
capture de l’aérodrome de Tarakan, au nord-est de Bornéo, à la mi-janvier,
permit aux troupes japonaises de disposer d’une base avancée sur l’île.
Peu à peu encerclés, les Britanniques, manquant de matériel et de provision,
furent contraints de déposer les armes à compter d’avril 1942.
L'invasion des Indes orientales
néerlandaises.
c)
La bataille de Célèbes (janvier 1942) : alors que les troupes
japonaises envahissaient Bornéo, l’armée impériale attaqua aussi l’île de
Célèbes.
Débarquant à Menado au mois de janvier, à la pointe nord, les Japonais
progressèrent rapidement vers le sud. D’ici février 1942, ils s’emparèrent
de Kendari, au sud-est, et de Makassar, au sud ouest.
d)
La bataille de Timor (janvier 1942 à février 1943) : en 1942, le
Timor n’était pas sous domination hollandaise, étant divisée entre les
Pays-Bas et le Portugal. Ainsi, les Indes orientales néerlandaises avaient
souveraineté sur l’ouest, le Portugal sur l’est[87].
Lors du déclenchement de la seconde guerre mondiale, le gouvernement
portugais, dirigé par Antonio Salazar[88],
avait décidé de conserver sa neutralité dans le conflit.
Le
dictateur, bien que conservant des liens avec la Grande-Bretagne, refusa
d’accorder aux alliés l’autorisation de se déployer dans le Timor portugais.
Passant outre cette interdiction, les Britanniques avaient envahi la moitié
est de l’île à la mi-décembre 1941.
Disposant désormais d’une base arrière à Bornéo, les troupes japonaises
attaquèrent le Timor en début d’année 1942, souhaitant chasser les alliés de
l’île.
Ainsi, les Japonais commencèrent à bombarder le Timor à la fin du mois de
janvier, débarquant à Dili, dans la zone portugaise, le 19 février 1942.
Au
même moment, d’autres troupes japonaises débarquèrent dans la pointe sud du
l’île, où elles affrontèrent les unités britanniques.
A
la fin du mois de février, l’armée impériale s’était emparée du Timor
néerlandais et de la région de Dili. Toutefois, la disposition de l’île,
abritant de nombreux massifs montagneux, était favorable à des actions de
guérilla. C’est pourquoi les Japonais, bien qu’étant plus nombreux et mieux
équipés que les alliés, progressèrent difficilement dans la moitié sud-est
du Timor (c’est ainsi que de nombreuses persécutions contre les populations
civiles eurent lieu, les Japonais exécutant les autochtones étant soupçonnés
d’avoir aidé les alliés.).
Jusqu’à l’été, l’Etat-major japonais invita les troupes britanniques à faire
reddition à plusieurs reprises, mais en vain.
Recevant des renforts en août, et recrutant plusieurs unités indigènes (qui
connaissaient bien le terrain.), les Japonais lancèrent une nouvelle
offensive début novembre.
A
cette date, manquant de matériel et de provisions, les officiers généraux
britanniques quittèrent le Timor ; le 30 novembre, les alliés malgré tout
des renforts, acheminés par la marine australienne à Betano, dans le sud de
l’île (en contrepartie, les Australiens évacuèrent plusieurs milliers de
civils.).
Toutefois, incapables de résister au 12 000 soldats japonais, les
Britanniques décidèrent d’évacuer le Timor. Ainsi, les dernières unités
quittèrent l’île entre décembre 1942 et février 1943.
Au
final, la bataille de Timor s’achevait sur une nouvelle victoire japonaise.
Au final, ces derniers n’avaient perdu que 2 000 hommes ; contre 450 du côté
des alliés.
A
noter toutefois que les premières victimes de l’occupation japonaise furent
les civils, 40 000 à 70 000 autochtones ayant trouvé la mort lors du
conflit.
e)
La bataille de Java (février à mars 1942) : alors que les Japonais
s’étaient déjà emparés de Bali et Sumatra à la mi-février 1942, l’armée
impériale lança une nouvelle offensive contre les Indes orientales
néerlandaises à la fin du mois, cette fois ci dirigée contre l’île de Java.
Le
débarquement des troupes japonaises se fit sur trois points. A Merak, à la
pointe ouest de Java ; à Pusakanagara, au nord-ouest ; et à Kragan, au
nord-est (soit un total de 35 000 soldats.).
Pour assurer la défense de l’île, sur laquelle l’on trouvait Batavia[89],
la capitale des Indes orientales, les 25 000 soldats de l’armée néerlandaise
(à noter que l’on y comptait une majorité d’indigènes.) avaient été
renforcés par 5 000 Britanniques et Américains.
L'invasion de Java.
Les troupes japonaises, suite à leur arrivée à Merak, décidèrent de scinder
leurs forces en deux groupes. Ainsi, l’un fut chargé de marcher vers
Buitenzorg[90],
au sud, l’autre vers Batavia, la capitale.
Alors que le groupe nord progressait vers Batavia, avançant difficilement
car l’ennemi avait fait sauter les ponts, le groupe sud rencontra une vive
résistance de la part des alliés. Toutefois, ces derniers furent contraints
de se replier après quelques heures de combats, craignant d’être encerclés
par l’armée impériale. Le 4 mars, l’Etat-major néerlandais décida d’évacuer
Batavia et Buitenzorg afin de se replier plus à l’est, en direction de
Bandung.
C’est ainsi que l’armée japonaise s’empara de ces deux villes dès le
lendemain, se dirigeant ensuite vers Bandung.
Le
débarquement japonais à Pusakanagara, quant à lui, visait l’aéroport de
Kalidjati, à dix kilomètres à l’ouest de Subang.
L’aérodrome sous contrôle allié comptait une dizaine de vieux Brewster F2A
Buffalo, appartenant à l’armée néerlandaise, ainsi qu’une dizaine de
Hawker Hurricane de la RAF.
Hawker Hurricane.
Les Japonais s’emparèrent rapidement de l’aéroport, le 1er mars
1942, faisant toutefois face au cours des jours suivant à une vaine
contre-attaque néerlandaise.
Après avoir sécurisé l’aérodrome, l’armée impériale descendit vers Bandung,
au sud, où s’était réfugiée l’armée néerlandaise. Cette dernière fit
reddition le 9 mars.
Enfin, les troupes japonaises ayant débarqué dans l’est de Java, à Kragan,
se divisèrent en quatre groupes, afin de mieux occuper la région.
C’est ainsi que furent sécurisés les puits de pétrole de Tjepoe[91],
à 80 kilomètres au sud, l’armée impériale marchant ensuite en direction de
Surabaya, sur la côte est.
A
noter toutefois que les alliés opposèrent une vive résistance à l’ennemi,
barrant la route vers Surabaya. Toutefois, en raison de leur infériorité
numérique, les Néerlandais furent contraints de se replier vers l’île de
Madera, à l’est.
16° La campagne de Nouvelle-Guinée (1942) – Alors que
la majorité des îles des Indes orientales néerlandaises ne furent jamais
reconquises par les alliés, d’importants combats se déroulèrent en
Nouvelle-Guinée jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale.
a)
Petite histoire de la Nouvelle-Guinée : en fin d’année 1941, cette
grand île était divisée en trois parties : la Nouvelle-Guinée néerlandaise,
à l’ouest ; le Territoire de Nouvelle-Guinée, au nord-est (il s’agissait
d’un mandat australien de la SDN.) ; le Territoire de Papouasie, au sud-est
(il s’agissait d’une colonie américaine.).
A
noter que la moitié ouest de la Papouasie avait été colonisée à compter de
la fin du XIX° siècle, par une Australie encore sous domination britannique,
la Nouvelle-Guinée n’étant qu’à 150 kilomètre au nord du territoire
australien.
Toutefois, suite à l’indépendance de l’Australie, au début du XX° siècle,
les colonies en Nouvelle-Guinée furent conservées au gouvernement
australien.
Pour l’Etat-major japonais, une invasion de l’Australie n’était pas au
programme[92],
toutefois, la capture de la Nouvelle-Guinée et des îles Salomon, à l’est,
permettrait de gêner considérablement les manœuvres militaires du
gouvernement australien.
b)
L’invasion de la Nouvelle-Bretagne et de la Papouasie orientale (janvier
à mars 1942) : à la fin du mois de janvier 1942, les troupes japonaises
s’emparèrent de Rabaul, à la pointe nord de la Nouvelle-Bretagne, île située
à l’est de la Papouasie.
La
capture de cette ville permit à l’armée impériale de disposer d’un base
avancée en territoire ennemie, en vue d’une future offensive sur les îles
Salomon et la Papouasie.
Début mars, les Japonais lancèrent l’opération SR, débarquant à Lae
et Salamaua, à la pointe est du Territoire de Nouvelle-Guinée. Subissant le
feu de l’aviation américaine, plusieurs barges de débarquement furent
détruites, mais les soldats japonais parvinrent toutefois à débarquer.
Toutefois, le territoire de Nouvelle-Guinée étant de taille démesurée (il
s’agit de la troisième plus grande île du monde.), d’autres débarquements
furent effectués en Papouasie au cours de l’été 1942 (dans le nord et l’est
du pays.).
c)
La bataille de la mer de Corail (mai 1942) : alors que les Japonais
s’étaient emparés de Rabaul en janvier, l’Etat-major de l’armée impériale
décida de lancer l’opération MO au printemps 1942.
L’objectif était de s’emparer de Port Moresby, à la pointe sud-est de
Nouvelle-Guinée, et de Tulagi, dans les îles Salomon. Ce faisant, l’armée
impériale disposerait de nouvelles bases avancées dans la mer de Corail,
mettant le nord de l’Australie à portée des bombardiers japonais.
La
flotte japonaise, comptant trois porte-avions, neuf croiseurs, quinze
destroyers, ainsi qu’une trentaine de navires auxiliaires, arriva à Tulagi
le 3 mai.
La
ville fut rapidement capturée par l’armée impériale, mais les Américains,
ayant réussi à déchiffrer les transmissions codées japonaises, envoyèrent
plusieurs avions bombarder la flotte japonaise. Ainsi, si les Japonais
conservèrent le contrôle de Tulagi, ils perdirent un destroyer et quelques
navires auxiliaires.
Cherchant la flotte américaine pendant plusieurs jours (l’objectif de
l’Etat-major japonais était de couler les porte-avions ennemis, qui ne se
trouvaient pas à Pearl Harbour le jour de l’attaque.), la flotte japonaise
aperçut l’ennemi le 7 mai au matin.
Toutefois, les avions de l’armée impériale ne s’attaquèrent qu’aux navires
auxiliaires de la flotte ennemie, le gros de la marine américaine étant
introuvable.
Parvenant à couler un destroyer, les Japonais perdirent ce jour là un de
leurs porte-avions, ainsi qu’une vingtaine d’avions.
La bataille de la mer de Corail.
Le
8 mai au matin, la flotte américaine faisait face à celle de l’ennemi. A
noter que les deux escadres étaient de taille équivalente, les Américains
étant équipés de deux porte-avions, neuf croiseurs, treize destroyers et
quelques navires auxiliaires (à noter que les deux belligérants comptaient
150 avions chacun.).
Les avions américains reçurent alors l’ordre d’attaquer la flotte ennemie.
Si les vieux bombardiers TBD Devastator[93]n’endommagèrent pas les navires
japonais, les bombardiers en piqué Douglas SBD Dauntless, de
conception plus récente, parvinrent à endommager le porte-avion
Shokaku[94].
Douglas SBD Dauntless.
A
noter toutefois que les torpilles japonaises atteignirent à plusieurs
reprises les deux porte-avions américains. Ainsi, l’USS Lexington fut
coulé, l’USS Yorktown fut gravement endommagé.
Déplacement des navires américains et japonais lors de la bataille de la mer
de Corail.
Les deux flottes ayant beaucoup souffert des assauts répétés de
l’adversaire, elles se retirèrent le 8 au soir.
Par la suite, Washington comme Tokyo présentèrent la bataille de la mer
de Corail comme une victoire. Ainsi, les Japonais étaient parvenus à
éliminer deux porte-avions américains ; cependant, ces derniers avaient été
contraints d’annuler le débarquement à Port Moresby.
d)
Le débarquement de Buna et Goda, la bataille de Kokoda, la bataille de
Buna-Goda (juillet 1942 à janvier 1943) : n’étant pas parvenus à
s’emparer de Port Moresby, les Japonais décidèrent d’organiser un nouveau
débarquement en Papouasie.
Débarquant à Buna et Goda en juillet 1942, dans l’est de la Nouvelle-Guinée,
les Japonais marchèrent alors en direction de Port Moresby, à 150 kilomètres
au sud-ouest.
Mais à la fin du mois, les Japonais furent bloqués à Kokoda par les troupes
alliées, à 75 kilomètres de leur objectif.
Parvenant à repousser l’ennemi, les troupes japonaises progressèrent
lentement dans cette région montagneuse, subissant en outre les nombreuses
contre-attaques de l’armée américaine.
A
la mi-septembre 1942, alors que les Japonais n’étaient plus qu’à 50
kilomètres de Port Moresby, ces derniers reçurent l’ordre de reculer vers
Buna et Goda, en raison de la défaite de Guadalcanal, dans le cadre de la
campagne des îles Salomon[95].
Entamant une longue marche de recul, les troupes japonaises atteignirent
Buna en novembre 1942.
Côté japonais, les pertes étaient lourdes pour un résultat nul : 6 500 tués
sur les 13 000 soldats ayant débarqué à Buna pendant l’été. Côté allié, les
pertes étaient plus légères, mais le climat avait été plus mortel que
l’ennemi : 600 tués, 1 000 blessés, plus 4 000 malades.
Poursuivant les troupes japonaises, les alliés attaquèrent l’ennemi à Buna
et Goda, à compter de la mi-novembre 1942.
L’armée impériale, bien qu’affaiblie et en infériorité numérique (6 500
Japonais contre 20 000 alliés.), était toutefois bien retranchée derrière
ses positions, entourées de marécages. Par ailleurs, les soldats américains,
formés pour un conflit en Europe, n’étaient pas préparés à une guerre
tropicale.
Attaquant la position ennemie, les alliés subirent une vive résistance de la
part des Japonais, et les combats se poursuivirent jusqu’en janvier 1943.
Ne
disposant plus de provisions, les soldats japonais eurent recours au
cannibalisme, mettant à mort tous les prisonniers américains et australiens
capturés lors de l’offensive contre Kokoda. A la fin du mois, la situation
japonaise était désespérée, plus de 6 000 soldats ayant trouvé la mort lors
de la bataille de Buna-Goda. Ainsi, les officiers généraux se
lancèrent dans une attaque-suicide contre les Australiens, afin de ne pas
tomber entre les mains de l’ennemi, les alliés ne capturant que 200
Japonais.
Au
final, si la bataille s’était achevé sur un carnage côté japonais, côté
allié les affrontements avaient été très coûteux en vies humaines : 2 300
tués et 12 000 blessés.
e)
La bataille de la baie de Milne, la bataille de l’île de Goodenough (août
à octobre 1942) : si à l’été, les Japonais avaient investi Lae (janvier
1942), la Nouvelle-Guinée néerlandaise (avril 1942.), ainsi que Buna-Goda
(juillet 1942), la pointe sud-est de la Papouasie restait hors de contrôle
de l’armée impériale.
L’Etat-major japonais décida donc de lancer une offensive contre la baie de
Milne, à la pointe sud-est de la Nouvelle-Guinée. Se trouvait dans cette
zone une base militaire australienne, qui servirait de base avancée dans la
région en vue d’une prochaine attaque contre Port Moresby.
Début août, les Japonais commencèrent à bombarder la position ennemie,
préparant un débarquement qui se déroula à la fin du mois.
Toutefois, des avions australiens ayant attaqué les barges de débarquement,
les 1 800 soldats de la marine japonaise (l’offensive ne fut pas opérée par
l’armée impériale.) furent contraints de débarquer à une dizaine de
kilomètres à l’est de la baie de Milne.
Progressant rapidement vers la base australienne, les Japonais subirent une
vive contre-attaque, soutenue par plusieurs chasseurs Curtiss P-40 et
bombardiers B-17.
Curtiss P-40 Warhawk.
Ayant lancé plusieurs offensives infructueuses, parfois même des
attaques-suicide, les Japonais furent contraints de se replier au début du
mois de septembre 1942.
La
bataille de la baie de Milne fut le premier engagement au cours
duquel l’ennemi, vaincu, fut en outre contraint d’évacuer le territoire.
L’affrontement fit 600 victimes du côté japonais (tués et disparus.), contre
environ 150 morts côté australien.
Un
dernier débarquement japonais se fit dans la zone en octobre 1942, sur l’île
de Goodenough, à 80 kilomètres au nord de la baie de Milne.
Toutefois, les Australiens parvinrent à repousser les troupes japonaises,
qui se retirèrent alors sur l’île Fergusson, à quelques kilomètres à l’est.
17° La campagne des îles Salomon (1942) – La campagne
des îles Salomon s’effectua à la même période que l’offensive menée contre
la Nouvelle-Guinée.
Les deux territoires étant relativement proches, certaines opérations
visèrent des objectifs communs aux deux territoires[96].
Côté japonais, la capture des îles Salomon répondait à un impératif
stratégique. Le premier objectif était de chasser les alliés de la région,
afin que ces derniers ne puissent installer une base avancée dans la région.
Côté américain, il était indispensable de prendre pied dans la région, sans
quoi les seules bases disponibles seraient celles des îles du pacifique, à
plusieurs milliers de kilomètres du Japon.
Affiche de propagande américaine (la
légende indique : "1778-1943, les Américains se battront toujours
pour la liberté").
a)
Débarquement en Nouvelle-Calédonie et aux Nouvelles-Hébrides (mars 1942) :
c’est ainsi que l’Etat-major américain décida de procéder à plusieurs
débarquements en mars 1942, en direction de la Nouvelle-Calédonie et des
Nouvelles-Hébrides[97],
au sud-est des îles Salomon.
A
noter que ces îles, colonies françaises[98],
avaient rejoint la France libre à l’été 1940.
Ainsi, les troupes alliées investirent ces territoires sans difficulté,
situés hors de la zone de conflits (la Nouvelle-Calédonie et les
Nouvelles-Hébrides n’avaient pas été attaquées par le Japon.).
b)
La bataille de Guadalcanal (août 1942 à février 1943) : puis, le 7
août 1942, les Américains débarquèrent non loin de Tenaru, sur la côte nord
de l’île de Guadalcanal.
Le débarquement des troupes américaines à Guadalcanal.
L’arrivée de l’ennemi fut une surprise pour les Japonais, qui s’étaient
installés à Lungga, à trente kilomètres à l’ouest de la position américaine.
Les troupes alliées parvinrent à chasser les Japonais de Lungga, et
achevèrent la construction de l’aérodrome japonais, qui fut rebaptisé
Henderson.
Au
même moment, l’US Navy parvint à s’emparer rapidement de Tulagi.
La bataille de Guadalcanal.
Toutefois, le général américain
Alexander Archer Vandegrift[99],
qui commandait les troupes, se retrouva rapidement isolé. En effet, les
navires américains, qui n’évaient pas débarqué toutes les provisions, furent
contraints de reculer suite à la bataille navale de Savo, qui se
déroula à une dizaine de kilomètres au nord de Guadalcanal, le 9 août 1942.
Ainsi, le général Vandergrift ne put que défendre la position américaine,
tout en lançant quelques patrouilles dans les environs.
Toutefois, bien que bombardé par les navires japonais, qui profitaient du
recul de l’US Navy[100]
suite à la bataille de Savo, l’aéroport de Henderson fut opérationnel à
compter de la fin août 1942.
C’est ainsi qu’une soixantaine d’appareils, chasseurs et bombardiers,
vinrent s’y installer en vue d’opérations futures.
A
noter que l’aéroport fut attaqué par un bataillon japonais le 21 août 1942 ;
toutefois, en raison du soutien aérien dont ils disposaient les soldats
américains parvinrent à repousser sans grandes difficultés l’offensive
ennemie.
Par ailleurs, alors que l’Etat-major japonais avait tenté d’envoyer des
renforts sur Guadalcanal, la flotte américaine parvint à empêcher tout
débarquement, suite à la bataille navale des Salomon orientales, à la
fin du mois d’août.
A
la mi-septembre, les Japonais lancèrent un nouvel assaut contre l’aérodrome,
depuis la crête d’Edson, à quelques kilomètres au sud. Toutefois, les 6 000
soldats de l’armée impériale furent repoussés une fois encore, subissant
d’importantes pertes.
Le
général Vandergrift, renforcé par 4 000
Marines[101]
suite à l’affrontement, commença à élargir le périmètre américain de
quelques kilomètres en direction de l’ouest.
Atteignant la position ennemie à la fin du mois, installée le long de la
rivière Mataniko, à une dizaine de kilomètres à l’ouest de l’aéroport, les
Américains furent toutefois repoussés. Une nouvelle offensive, lancée au
cours de la première semaine d’octobre, échoua elle aussi.
Alors que l’US Navy avait définitivement obtenu la supériorité maritime
suite à la bataille navale de Cap Espérance, à quelques kilomètres au
nord de Guadalcanal (mi-octobre 1942.), l’Etat-major japonais décida de
lancer une grande offensive contre la position américaine.
Après une longue préparation d’artillerie, l’armée impériale se lança à
l’assaut de l’aérodrome à la fin du mois d’octobre, mais ne parvint pas à
percer la ligne de front ennemie.
Les Japonais, désormais en nette infériorité numérique (environ 10 000
soldats contre 60 000 alliés.), se retrouvaient dans une situation
difficile.
Par ailleurs, une escadre transportant des renforts fut contrainte de faire
demi-tour suite à la bataille navale de Guadalcanal, au cours de
laquelle la marine japonaise fut une nouvelle fois vaincue par l’US Navy.
Désormais privés d’approvisionnement, les soldats japonais opposèrent
toutefois une vive résistance lorsque le général Vandergrift lança un
dernier assaut contre les positions fortifiées de la rivière Mataniko.
La bataille de Guadalcanal.
Reculant vers le nord de l’île, les dernières troupes japonaises furent
évacuées au début du mois de février 1943.
Au
final, la bataille de Guadalcanal s’achevait sur un succès pour les
alliés, l’ennemi ayant été repoussé hors de l’île.
Toutefois, si les pertes humaines (au sol.) étaient modérées (1 700 tués et
blessés.), les batailles navales qui avaient émaillé l’offensive sur l’île
avait coûté très cher à l’US Navy, qui ne possédait désormais qu’un seul
porte-avion en état de marche (plus les 5 000 marins qui avaient été tués ou
blessés en mer.).
Côté japonais, les pertes étaient très importantes. Ainsi, l’on comptait
près de 25 000 morts (au sol.), dont 9 000 de maladie, plus les 3 500 tués
ou blessés ayant combattu en mer.
La
campagne des îles Salomon n’était pas achevée, mais la conquête de Tulagi et
de Guadalcanal commençait à faire pencher la balance en faveur des alliés.
18° La bataille de Midway et la campagne des îles Aléoutiennes (1942)
– En avril 1942, Tokyo, la capitale japonaise, avait été bombardée pour
la première fois par une escadre de B-25 américains[102].
L’offensive avait fait peu de dégâts, mais elle restait symbolique,
démontrant que le Japon n’était pas à l’abri de représailles.
L’Etat-major japonais, soucieux de se venger, mais aussi de se débarrasser
des encombrants porte-avions américains (qui, rappelons-le, avaient échappé
au raid contre Pearl Harbor.), décida alors de mener une grande offensive
dans le Pacifique.
Ainsi, alors qu’une petite escadre avançait vers l’Alaska, le gros de la
flotte japonaise, commandée par l’amiral Yamamoto[103],
naviguerait vers les îles Midway.
L’objectif des Japonais était donc de s’emparer de cette base américaine
avancée, puis de conquérir les îles Hawaï, situées à un millier de
kilomètres au sud-est.
a)
La bataille de Midway (5 juin 1942) : la flotte japonaise se mit en
route à la fin mai 1942, composée de huit porte-avions (embarquant 360
avions environ.), onze cuirassiers, 21 croiseurs, plus une centaine de
navires auxiliaires.
Toutefois, les alliés étant parvenus à décrypter les transmissions codées
japonaises, savaient quel point l’ennemi allait attaquer.
C’est ainsi qu’une escadre de bombardiers B-25 attaquèrent la flotte
japonaise en route vers Midway, le 3 juin 1942. Aucun navire ne fut détruit,
toutefois, les Japonais savaient désormais qu’ils ne pourraient plus compter
sur l’effet de surprise.
Au
petit matin du 5 juin, la flotte japonaise arriva devant les îles Midway,
envoyant ses bombardiers pour attaquer les positions ennemies. Côté
américain, si l’île était défendue par une centaine d’appareils, les
appareils les plus désuets (les Brewster F2A Buffalo.) ne firent pas le
poids face aux Mitsubishi A6M japonais.
Mitsubishi A6M.
Toutefois, alors que l’aviation japonaise attaquait Midway, la flotte
américaine s’approchait de l’ennemi. Cette escadre comprenait trois
porte-avions (dont le Yorktown, endommagé suite à la bataille de la mer de
Corail.), quatre croiseurs, et une cinquantaine de navires auxiliaires (plus
250 avions embarqués.).
La bataille de Midway.
Alors que, côté japonais, la première vague amorçait son retour, l’aviation
américaine commença à frapper. Cependant, les avions japonais étant sortis
des quatre porte-avions alors présents, la deuxième vague dût attendre que
la première atterrisse avant de pouvoir décoller.
Entretemps, alors que les vieux TBD Devastator faisaient diversion, les
bombardiers en piqué Douglas SBD Dauntless causèrent d’importants dégâts à
l’ennemi.
TBD Devastator.
En
l’espace de quelques minutes, trois porte-avions japonais furent sévèrement
touchés, même si les bombardiers japonais Nakajima B5N et Aichi D3A
parvinrent à endommager l’USS Yorktown. Ce dernier, retiré des combats vers
midi, fut toutefois détruit par l’ennemi trois heures plus tard, alors que
les bombardiers américains coulaient un quatrième porte-avion japonais.
Nakajima B5N.
En
fin d’après-midi, l’amiral Yamamoto décida de sonner la retraite. Toutefois,
deux croiseurs se percutèrent lors de la manœuvre de repli. Attaqués par la
marine américaine, l’un fut coulé, l’autre endommagé.
L'évacuation du Yorktown, endommagé par
l'ennemi.
La
bataille de Midway fut un terrible échec pour le Japon, qui sortit
très affaibli de cet affrontement. C’est à compter de cette date que les
Américains multiplièrent les attaques contre les possessions japonaises dans
la région.
b)
La campagne des îles Aléoutiennes (juin à décembre 1942) : alors
qu’une partie de la flotte japonaise se dirigeait vers Midway, une autre
escadre avançait vers les îles Aléoutiennes, un archipel s’étirant sur un
millier de kilomètres, à la pointe nord-ouest de l’Alaska.
L’objectif de l’Etat-major japonais était de s’emparer de cette zone, non
seulement pour protéger la moitié nord de l’Empire, mais aussi afin de
pouvoir disposer d’une base avancée en vue d’une attaque contre les
Etats-Unis.
Le
6 juin, les Japonais débarquèrent sur Attu et Kiska, îles situées à l’ouest
de l’archipel. L’invasion se fit sans difficultés, les Américains n’étant
pas présents dans cette zone.
Toutefois, une base militaire américaine fut érigée sur Adak au mois d’août,
à 250 kilomètres à l’est de Kiska. Cette position permit dès lors aux
Américains de bombarder les îles sous contrôle japonais.
[1]
Pour en savoir plus sur les protocoles de Paris, voir le c), 1,
section IV, chapitre sixième, la troisième république.
[2]
Pour en savoir plus sur la prise du Syrie et du Liban par les
Britanniques, voir le 8, section IV, chapitre sixième, la
troisième république.
[3]
Weygand était jugé responsable de l’échec des protocoles de Paris.
[4]
Juin, né en décembre 1888 en Algérie, fit ses études à Saint Cyr. Ce
dernier participa à la première guerre mondiale, combattant sur le
front ouest. Après guerre il fut envoyé en Afrique, puis fut promu
général en 1938. Capturé lors de l’évacuation de Dunkerque, il fut
emprisonné en Allemagne, puis finalement libéré en juin 1941.
[5]
Rappelons que ce dernier était commandant de la Luftwaffe.
[6]
Blum, né en avril 1872, épousa une carrière de fonctionnaire en
1895, mais travailla aussi en tant que critique littéraire au début
du XX° siècle. Elu député SFIO en 1919, il afficha son hostilité au
communisme lors du Congrès de Tours. Il fut nommé président du
conseil à deux reprises, de juin 1936 à juin 1937, et de mars à
avril 1938.
[7]
A noter que le procès fut ajourné à la mi-avril 1942 pour une durée
indéterminée.
[8]
Darnand, né en mars 1897, avait participé à la première guerre
mondiale. En raison de ses actions d’éclats, il reçut la médaille
militaire et la légion d’honneur. Après la guerre, Darnand rejoignit
l’Action française (une organisation royaliste), les Croix-de-feu
(association d’anciens résistants), puis La Cagoule (groupe
terroriste d’obédience fasciste). Remontant sur le front en 1939, il
fut fait prisonnier en juin 1940, mais parvint toutefois à
s’échapper. Suite à l’instauration du régime de Vichy, Darnand
adhéra à la Légion française des combattants.
[9]
Le RSHA (Reichssicherheitshauptamt, ou « office central de la
sécurité du Reich »), remplaçant la Sipo en septembre 1939,
regroupait la Gestapo (Geheime
Staatspolizei en allemand, ou « police
secrète d’Etat. »), police politique du troisième Reich ; la
Kripo (Kriminalpolizei.),
politique criminelle ; et le SD (Sicherheitsdienst, ou «
service de la sécurité. »), service de renseignements de la SS.
[10]
Les Einsatzgruppen (« groupes d’intervention » en français.) étaient
composés de membres de la SS, de la Gestapo (la police secrète du
troisième Reich), de la Kripo (police criminelle), du SD (service de
renseignement) et de l’Orpo (police régulière). Mise en place à
compter de 1938, ces unités étaient chargées de l’élimination
physique des officiers polonais, des slaves, des juifs, des
prisonniers de guerre soviétiques, dans les territoires d’Europe de
l’est.
[11]
Les Einsatzgruppen pouvaient être sujets au stress en raison des
massacres qu’ils commettaient.
[12]
Le gaz Zyklon, connu depuis le début du XX° siècle, était à
l’origine utilisé comme pesticide. Il ne fut pas utilisé lors de la
première guerre mondiale à cause de sa trop grande volatilité.
[13]
Rappelons que la Gestapo (Geheime Staatspolizei
en allemand.) était une police politique.
[14]
Bousquet, né en mai 1909, fut rapidement initié à la politique par
son père, notaire radical-socialiste. Travaillant au sein de
différents ministères, il fut nommé sous-préfet à plusieurs reprises
au cours des années 1930, puis reçut la charge de préfet de la Marne
en 1940.
[15]
La police nationale avait été créée en avril 1941, comme nous
l’avons vu en a), section I, chapitre quatrième, la troisième
république.
[16]
Moins d’une trentaine de personnes survécurent et parvinrent à
rentrer en France après la fin de la guerre.
[17]
Moulin, né en juin 1889, fit des études de droit avant d’être
mobilisé en 1918. Arrivant dans son unité des Vosges à l’automne,
l’armistice fut signée quelques semaines après. Démobilisé en fin
d’année 1919, il travailla à la préfecture de Montpellier, puis fut
nommé sous-préfet à plusieurs reprises, entre 1925 et 1934. Nommé
préfet en 1937, Moulin fut toutefois déclaré inapte au service lors
du déclenchement de la seconde guerre mondiale. Arrêté par les
Allemands pour avoir refusé d’accuser une troupe de tirailleurs
sénégalais d’avoir commis des atrocités sur des populations civiles
(en réalité victimes de bombardements allemands), Moulin tenta de se
suicider en se tranchant la gorge, puis fut révoqué par le régime de
Vichy en raison de son orientation politique radicale-socialiste.
[18]
Frenay, né en novembre 1905, était issu d’une famille d’officiers,
dont le père mourut lors de la première guerre mondiale. Proche
d’Action française (il s’agissait d’un mouvement réactionnaire
antirépublicain.) mais appréhendant le danger du nazisme, il sortit
de Saint Cyr en 1926, puis fut affecté sur la ligne Maginot en 1939.
Fait prisonnier à l’été 1940, Frenay parvint à s’enfuir, donnant
naissance au groupe Mouvement de libération nationale au mois
d’août. Travaillant au Deuxième bureau (service de
renseignement français), Frenay demanda d’être mis en congé en
janvier 1941, tout en conservant des contacts avec ces anciens
collègues de travail.
[19]
Combat, né de la fusion en fin d’année 1941 des groupes Mouvement de
libération nationale et Liberté, était à l’époque le plus
gros mouvement de résistance.
[20]
Né en janvier 1900, d’Astier fit ses études à l’Ecole navale,
adhérant à Action française (il s’égissait d’un mouvement
réactionnaire antirépublicain.). Démissionnant de la Marine en 1931,
il se tourna vers le journalisme. Démobilisé en août 1940, d’Astier
rejoignit Clermont-Ferrand où il donna naissance au mouvement
Libération en juin 1941.
[21]
Lévy, né en mai 1911, travailla dans une entreprise de filature
jusqu’en 1939. Démobilisé lors de l’armistice, Lévy partit pour
Lyon. De tendance radicale, se dernier donna naissance au groupe
Franc-Tireur en décembre 1941.
[22]
Delestrain, né en mars 1879, entra à Saint Cyr en 1897. Montant sur
le front de Belgique en 1914, il fut fait prisonnier par l’ennemi
pendant l’été, n’étant libéré qu’en 1918. Promu colonel en 1936, il
commanda la 3° brigade de char à Metz, unité dans laquelle servait
le colonel de Gaulle. Mis à la retraite en mars 1939, il fut rappelé
lors de la seconde guerre mondiale, mais fut contraint de cesser la
lutte suite à la signature de l’armistice.
[23]
Mountbatten naquit en juin 1900 au sein de la famille royale
britannique (il était un descendant de la reine Victoria par
sa mère). Faisant ses études à l’école navale pendant la première
guerre mondiale, il servit en Inde et en Méditerranée jusqu’au
déclenchement de la seconde guerre mondiale. Mountbatten fut promu
vice-amiral en octobre 1941.
[24]
Soit 5 000 Canadiens, 1 000 britanniques, plus quelques Français des
FFL et soldats américains.
[25]
Né en juillet 1887 au sein d’une vieille famille aristocratique, von
Brockdorff-Ahlefeldt participa à la première guerre mondiale sur le
front ouest. Démobilisé à son retour en Allemagne, il s’opposa à la
république de Weimar, participant au putsch de Kapp (voir le 8,
section I, chapitre cinquième, la troisième république).
Nommé général en 1937, il participa à la guerre contre la Pologne,
contre la France, et contre l’URSS.
[26]
Scherer, né en septembre 1889, participa à la première guerre
mondiale avant de s’engager dans la police allemande. En 1935, il
s’engagea dans l’armée avec le grade de lieutenant. Scherer,
recevant ses galons de général, participa à la bataille de France et
à l’invasion de l’URSS.
[31]
La Volga se jetant dans la mer Caspienne, l’URSS était donc
approvisionnée en pétrole depuis Bakou ; les Etats-Unis et la
Grande-Bretagne faisaient parvenir à leur allié un ravitaillement en
matériel et nourriture depuis l’Iran (le pays étant envahi par les
Britanniques à l’été 1941 (voir à ce sujet le 9, section IV,
chapitre sixième, la troisième république).
[33]
Né en 1880, List participa à la première guerre mondiale en tant
qu’officier d’Etat-major. A la fin de la guerre, il s’engagea dans
la Reichswehr, où il fut promu colonel en 1930. Après l’anschluss,
il travailla à l’intégration de l’armée autrichienne dans la
Wehrmacht. Nommé général en 1939, List combattit en Pologne, en
France et en Grèce, avant d’être envoyé en URSS.
[34]
Von Weich, né en novembre 1881 au sein d’une famille aristocrate de
Bavière, participa à la première guerre mondiale en tant qu’officier
d’Etat-major. Intégrant la Reichswehr après guerre, il fut nommé
instructeur au cours des années 1930. Par la suite, von Weich
participa à l’invasion de la Pologne, des Balkans et de l’URSS.
[36]
Paulus, né en septembre 1890, s’engagea dans l’armée en tant que
simple soldat, après avoir tenté des études de droit. Participant à
la première guerre mondiale, il combattit sur le front ouest et dans
les Balkans, gagnant ses galons de capitaine. Rejoignant la
Reichswehr après guerre, il fut nommé général en 1939. Pendant la
seconde guerre mondiale, il combattit en Pologne, en Belgique, en
France et en URSS.
[37]
Eremenkon, né en octobre 1892, avait participé à la première guerre
mondiale sur le front est. Rejoignant le parti bolchevik en 1918, il
prit par la la guerre civile contre les blancs.
[38]
Stalingrad signifiant « ville de Staline » en français.
[39]
Tchouïkov, né en février 1900, rejoignit l’armée rouge en 1918.
Participant à l’invasion de la Pologne et à la guerre contre la
Finlande, il fut aussi envoyé en Chine en tant que conseiller.
[40]
Le sniper, étant équipé d’un fusil à lunette, pouvait atteindre une
cible placée à longue portée. A noter que les premiers snipers
avaient fait leur apparition à la fin du XIX° siècle.
[41]
Le terme kourgane est le mot turc désignant un tumulus (c’est à dire
une colline artificielle recouvrant une tombe). Mamaï, quant à lui,
était un émir mongol de la Horde d’or, qui avait vécu au XIV°
siècle.
[42]
Rappelons que von Manstein avait conçu le plan d’invasion de la
France (voir à ce sujet le f), 2, section I, chapitre sixième, la
troisième république). Participant à l’invasion de la
Pologne et à la bataille de France, il participa à l’opération
Barbarossa en juin 1941.
[44]
Rappelons que le Japon s’était entre autres emparé de la Thaïlande,
de la Malaisie, et de plusieurs îles dans le Pacifique, en fin
d’année 1941.
[45]
Koenig, né en octobre 1898, participa à la première guerre mondiale
à compter de 1918, en sortant avec le grade de sous-lieutenant.
Envoyé en Afrique après guerre, il fut promu capitaine au sein de la
13° demi-brigade de Légion étrangère au début du second conflit
mondial. Koenig participa à la tentative de ralliement de Dakar (9,
section III, chapitre sixième, la troisième république), à la
campagne d’Erythrée (c), 6, section IV, chapitre sixième, la
troisième république), et à la campagne du Proche-Orient (8,
section IV, chapitre sixième, la troisième république).
[47]
Rappelons que la cité avait subi un long siège l’année précédente.
voir à ce sujet le b), 5, section IV, chapitre sixième, la
troisième république.
[48]
Dont 140 tués, 200 blessés et 800 capturés côté français à l’issue
de la bataille de Bir Hakeim.
[49]
La dépression de Qattara se trouve à cent mètres en dessous du
niveau de la mer.
[50]
Alexander, né en décembre 1891 au sein d’une famille aristocratique,
participa à la première guerre mondiale. Combattant sur le front
ouest, blessé à plusieurs reprises, il fut promu lieutenant-colonel
à la fin du conflit. Envoyé en Inde au cours des années 1930, il fut
envoyé en France au début de la seconde guerre mondiale, participant
à l’évacuation de Dunkerque à l’été 1940. En début d’année 1942 il
fut envoyé en Birmanie, menacée par l’invasion japonaise (nous y
reviendrons en 14, section V, chapitre sixième, la troisième
république). Il fut nommé commandant en chef des armées du
Moyen-Orient à l’été 1942.
[51]
Montgomery, né en novembre 1887, participa à la première guerre
mondiale sur le front ouest. Sortant du conflit avec le grade de
lieutenant-colonel, il fut envoyé au Proche-Orient, en Egypte et en
Inde au cours des années 1930. Combattant en France au début de la
seconde guerre mondiale, Montgomery participa à l’évacuation de
Dunkerque, avant d’être muté en Afrique du nord.
[52]
Ce dernier souffrait d’une inflammation de l’estomac.
[53]
Le M4 fut le char produit en plus grande quantité de toute la
seconde guerre mondiale, atteignant les 50 000 unités.
[54]
En l’honneur du général américain William Tecumseh Sherman,
qui combattit au cours de la guerre de sécession.
[55]
Stumme, né en juillet 1886, participa à l’invasion de la Pologne,
des Balkans, et de l’URSS. Participant à la bataille de Stalingrad,
il fut envoyé en Afrique du nord pendant l’été 1942.
[57]
Von Thoma, né en septembre 1891, participa à la première guerre
mondiale, combattant en France, en Russie, et dans les Balkans.
Capturé à l’été 1918, il fut relâché en fin d’année 1919,
s’engageant dans la Reichswehr. Pendant la seconde guerre mondiale,
von Thoma participa à l’invasion de la Pologne et de l’URSS, avant
d’être envoyé en Afrique du nord en août 1942, avec le grade de
général.
[58]
Nous reviendrons sur l’opération Torch au paragraphe suivant.
[59]
Voir à ce sujet le c), 3, section III, chapitre sixième, la
troisième république.
[60]
Cet organisme avait été instauré en septembre 1941, comme nous
l’avons vu en d), 1, section IV, chapitre sixième, la troisième
république.
[61]
Eisenhower, né en octobre 1890, fit ses études à l’académie
militaire de West Point. Participant à la première guerre mondiale,
il fut promu capitaine en 1918.
[62]
Henri d’Astier de la Vigerie était le frère d’Emmanuel Astier de la Vigerie, fondateur du groupe de résistance Libération (voir à ce
sujet le 2, section V, chapitre sixième, la troisième république).
Encore plus à droite que son frère, Henri était royaliste, proche de
l’Action française, et fit peut être partie de la Cagoule (il
s’agissait d’un groupe terroriste d’extrême droite. Voir à ce sujet
le b), 13, section II, chapitre cinquième, la troisième
république.). Toutefois hostile à l’invasion allemande, il
rejoignit l’Afrique du nord en janvier 1941, s’installant à Oran,
puis à Alger en début d’année 1942. Il y rencontra José Aboulker,
qui avait mis en place une réseau de résistance dans la capitale.
[63]
Aboulker, né en mars 1920 au sein d’une famille juive, fut mobilisé
au printemps 1940, mais rentra rapidement en Algérie suite à la
défaite française de juin 1940. Organisant un réseau de résistance à
Alger à compter de septembre 1940 (de même que son cousin Roger
Carcassonne, qui fit de même à Oran.), le jeune homme fit la
connaissance d’Henri d’Astier de la Vigerie en début d’année 1942.
[64]
Comme nous l’avons vu plus tôt, le général Juin avait été nommé
commandant en chef des forces françaises en Afrique du nord, en fin
d’année 1941.
[65]
Darlan s’était rendu à Alger début novembre 1942, son fils Alain
y étant hospitalisé.
[66]
Service d’ordre légionnaire, organisation paramilitaire fasciste
créée en janvier 1942. Voir à ce sujet le b), 1, section V, chapitre
sixième, la troisième république.
[67]
Béthouart, né en décembre 1889, sortit de Saint Cyr en 1912.
Participant à la première guerre mondiale, il travailla avec les
troupes alpines pendant les années 1920. Puis, pendant les années
1930, Béthouart fut nommé attaché militaire en Yougoslavie.
Combattant en Norvège au début de la seconde guerre mondiale, il fut
nommé après l’armistice commandant de la division de Casablanca
(1942).
[68]
Noguès, né en août 1876, fit ses études à l’école Polytechnique.
Rejoignant l’artillerie, il participa à la première guerre mondiale,
puis à la guerre du Rif (voir à ce sujet le a), 13, section I,
chapitre cinquième, la troisième république). Promu général
en 1927, Noguès fut nommé résident général au Maroc en 1936. En
1940, ce dernier fit soumission au régime de Vichy.
[69]
Il s’agissait d’un poste similaire à celui de gouverneur.
[70]
Nous y reviendrons en 1, section VI, chapitre sixième, la
troisième république.
[71]
Pour en savoir plus sur Louis Philippe I° et la monarchie de
juillet,
cliquez ici.
[73]
Pour en savoir plus sur l’attaque contre Pearl Harbor, voir le 11,
section IV, chapitre sixième, la troisième république.
[74]
Mac Arthur, né en janvier 1880, fit son entrée à l’académie
militaire de West Point en 1898. Prenant part à la révolution
mexicaine (qui se déroula entre 1910 et 1920), il fut ensuite envoyé
en France, lors de la première guerre mondiale. Pendant les années
1920, il fut envoyé aux Philippines, avant d’être promu général en
1930. En 1935, mac Arthur repartit pour les Philippines, ayant comme
mission de superviser la création d’une armée philippine.
[75]
Cet appareil fut le troisième avion de chasse américain le plus
produit au cours de la guerre.
[76]
Wainwright, né en août 1883, fit ses études à l’académie militaire
de West Point. Partant pour les Philippines au début du siècle, il
fut ensuite envoyé en France, lors de la première guerre mondiale.
[77]
Pour en savoir plus sur l’invasion de la Malaisie, voir le ...
[78]
A noter qu’à cette époque, Singapour faisait partie de la Malaisie
britannique. L’île ne prit son indépendance de la Malaisie qu’en
1965.
[79]
Nous reviendrons sur la conquête de Java en e), 15, section V,
chapitre sixième, la troisième république.
[80]
Tchang Kaï-chek (蔣介石en chinois)
naquit en octobre 1887. S’engageant dans l’armée, il rejoignit le
Kuomitang au début des années 1910 (il s’agissait d’un parti
chinois nationaliste, hostile au communisme). Alors que le pays
était en pleine guerre civile, Tchang Kaï-chek parvint à unifier la
Chine sous son autorité en 1928, devenant président de la
république. Instaurant un régime fasciste, il fut toutefois poussé à
la démission en 1931, conservant cependant la tête de l’armée et la
charge de premier ministre (la charge de président, au cours des
années 1930, devint quasiment honoraire). Faisant face à l’invasion
japonaise de la Chine en 1937 (ce qui entraîna une montée drastique
du communisme dans le pays), Tchang Kaï-chek déclara la guerre à
l’Axe en 1941.
[88]
Né en avril 1889, Salazar fut élu député en 1921, au sein d’un parti
catholique portugais. En 1926, un coup d’Etat militaire entraina
l’établissement d’une dictature au Portugal, ce qui permit à Salazar
d’être nommé ministre des Finances en 1928. Nommé chef du
gouvernement en 1932, il consolida le régime autoritaire. Salazar,
anticommuniste et proche du fascisme, refusa toutefois l’alliance
avec le troisième Reich. En 1939, il signa un pacte de neutralité
avec l’Espagne.
[92]
A noter toutefois que des sous-marins japonais, à la fin mai 1942,
parvinrent à pénétrer dans le port de Sydney. La mission se solda
toutefois sur un échec, seule une poignée de navires marchands ayant
été coulés.
[93]
Mis en service en 1935, le Devastator doté d’une vitesse de 300
kilomètre heure, était déjà désuet au début de la seconde guerre
mondiale.
[98]
A noter que les Nouvelles-Hébrides, contrairement à la
Nouvelle-Calédonie, n’étaient pas exactement une colonie française.
En effet, cet archipel vivait sous une juridiction
franco-britannique depuis 1906.
[99]
Vandegrift, né en mars 1887, s’engagea dans les Marines à la fin du
XIX° siècle (les Marines sont des troupes de marine, composées
essentiellement de fantassins, ne faisant toutefois pas partie de
l’US Navy). Participant à plusieurs opérations dans les Caraïbes au
cours des années 1910, il fut promu commandant en 1920. Rentrant aux
Etats-Unis, il fut ensuite envoyé en Chine en tant qu’instructeur,
recevant le grade de général en 1940.
[101]
Rappelons que les Marines américain sont des troupes de
marine, composées essentiellement de fantassins. Toutefois, ces
derniers appartiennent au Corps des Marines, organisation
n’étant pas rattachée à l’US Navy.
[102]
Le B-25, mise en service en 1941, était le successeur du B-17.
Equipé d’un canon de 75, il pouvait voler à 450 kilomètres heures.
[103]
Rappelons que Yamamoto était le concepteur du plan d’attaque contre
Pearl Harbor.