1° Un
Vichy ultra-collabo (janvier à août 1944) – Comme nous
l’avons vu précédemment, alors que la défaite allemande se faisait
inéluctable, le régime de Vichy, plutôt que de garder ses distances avec le
troisième Reich, s’enfonça dans la voie de l’ultra-collaboration.
A
noter qu’en fin d’année 1943, Pétain avait été contraint par Berlin de
conserver Laval, mais aussi de se débarrasser des derniers pétainistes
encore présents au gouvernement (ces derniers furent alors arrêtés par la
Gestapo et déportés en Allemagne.).
La France de septembre 1943 à juin
1944.
C’est ainsi que Joseph Darnand, chef de la Milice[1],
rentra au gouvernement en tant que secrétaire-général au maintien de l’ordre
(décembre 1943.), avant d’être nommé secrétaire d’Etat à l’Intérieur en juin
1944.
D’autres ultras furent invités à participer au gouvernement Laval, tels que
le milicien Philippe Henriot[2],
animateur à Radio-Paris[3],
et Marcel Déat[4],
leader du Rassemblement national populaire, parti collaborationniste
créé en 1941.
Philippe Henriot (à gauche) et Marcel
Déat (à droite).
Pétain, outré, refusa de présider les séances de ce nouveau conseil des
ministres.
"Une" du quotidien communiste
l'Humanité, dénonçant la formation du nouveau gouvernement Laval
("Pétain, Laval, Darnand, Henriot et ses congénères ne sont qu'un ramassis
de bandits contre qui le peuple français est en état de légitime défense.
Contre les boches et contre les bandits de Vichy. Vive la lutte armée des
patriotes français !), annonçant les "grandioses victoires de l'armée rouge"
sur le front est, et présentant les derniers coups de force des FTP, N° 271,
15 janvier 1944, Mémorial Leclerc, Paris.
Suite à la démission de Bousquet, en décembre 1943, Darnand fut nommé chef
de la police nationale. Fort de cette nouvelle autorité, il reçut
l’autorisation, en janvier 1944, d’organiser des cours martiales, permettant
de juger et de condamner à mort un accusé en l’espace de quelques minutes.
Alors que la Milice multipliait les exactions, la police collabora
activement avec la Gestapo[5],
aussi bien dans la traque des populations juives que dans celle des
résistants (les arrestations se poursuivirent jusqu’à la fin juillet 1944.).
Affiche de propagande allemande (la
légende indique "La Libération par l'armée du crime !), musée des Invalides,
Paris.
2° La liquidation des maquis
(printemps à été 1944) – le processus d’unification des
grands groupes de résistance avait entrainé la création du CNR en mai 1943 ;
suivi de la naissance des FFI[6]
en décembre, mouvement paramilitaire contrôlé par le général de Gaulle (le
général Koenig reçut le commandement des FFI en mars 1944.).
Toutefois, si jusqu’à présent les résistants n’avaient jamais représenté une
réelle menace pour l’envahisseur allemand, de nombreuses offensives eurent
lieu contre les maquis à compter de 1944.
Affiche de propagande vichyste (les résistants sont accusés d'être des
marionnettes entre les mains des soviétiques), 1942, Mémorial Leclerc, Paris
(la légende indique : "Ils assassinent ! Enveloppés dans les plis de notre
drapeau").
a)
Le maquis des Glières (mars 1944) : le maquis des Glières était
installé sur le massif des Bornes, en Haute-Savoie.
Les résistants qui contrôlaient cette zone avaient pour objectif de
procéder à des opérations de guérilla sur les arrières de l’armée allemande,
recevant régulièrement des parachutages d’armes. Parmi les 500 membres de ce
maquis, l’on retrouvait une majorité de FFI, accompagnés de quelques FTP et
de républicains espagnols.
Le
maquis des Glières fut toutefois assiégé à compter de février 1944 par la
Milice et les groupes mobiles de réserve[7].
Toutefois, comme les FFI avaient réussi à repousser les forces vichystes,
les Allemands décidèrent de passer à l’action.
C’est ainsi que le plateau des Glières fut bombardé par l’aviation allemande
à la mi-mars, la Wehrmacht lançant l’attaque contre le maquis à compter du
26.
Les FFI, plutôt que de reculer en bon ordre afin de poursuivre la guérilla,
préférèrent au contraire en découdre avec l’ennemi. Déplorant toutefois
d’importantes pertes, le capitaine Maurice Anjot ordonna l’évacuation
du plateau dans la nuit du 26 au 27 mars.
Au
final, l’affrontement coûta la vie à 150 résistants (tués au combat[8]
ou déportés.) ; les Allemands, quant à eux, comptaient 3 tués et 7 blessés,
pour une vingtaine de morts côté vichyste.
b)
Le maquis du Mont Mouchet (mai à juin 1944) : le maquis du mont
Mouchet, massif situé entre la Lozère et la Haute-Loire, avait pour objectif
de retarder la jonction entre les armées allemandes du sud et celles de
Normandie.
Toutefois, alors que le débarquement était prévu pour juin, les Allemands
attaquèrent le maquis du Mont Mouchet à compter de la fin mai 1944.
Si
l’ennemi était de taille équivalente à celle des FFI (2 700 résistants
contre 3 000 Allemands.), il était mieux armé et disposait en outre du
soutien de la Luftwaffe.
Ainsi, à l’issue de plusieurs jours de combats, les résistants décidèrent de
se replier, à compter du 11 juin 1944.
La
bataille du maquis de Mont Mouchet causa 250 tués et 180 blessés aux
FFI. En représailles à ces combats, les Allemands fusillèrent une centaine
de civils des villages environnants.
c)
Le maquis du Vercors (juillet 1944) : le massif du Vercors, situé à
cheval sur la Drôme et l’Isère, avait été témoin d’un important afflux suite
à la création du STO et de l’invasion de la zone libre (qui avait entrainé
la suppression de l’armée de l’armistice.).
L’objectif de ce maquis, contrôlé par les FFI, était de servir de base
avancée aux alliés, afin de pouvoir couper la retraite allemande lors de la
Libération (ce plan fut surnommé opération Montagnards.).
A
noter que cette position était jugée dangereuse par les résistants
communistes, qui considéraient qu’il était préférable d’organiser une série
de petits maquis plus mobiles.
Toutefois, si les Allemands savaient que la région abritait un important
centre de résistance, ils ne menèrent pas d’offensive de grande ampleur
d’ici l’été (à noter que la Milice s’attaqua à Vassieux au mois d’avril
1944, village considéré comme l’un des principaux appuis du maquis.).
A
la mi-juin, le maquis du Vercors commença à recevoir des armes, parachutées
par les alliés, en prévision de la mise en place de l’opération Montagnards.
Les Allemands, craignant d’être bloqués lors de leur retraite (rappelons
qu’à cette date les Américains avaient débarqué en France.), décida alors de
liquider le maquis du Vercors.
A
la mi-juillet, le village de Vassieux fut bombardé par l’aviation
allemande ; en outre, la Wehrmacht procéda à l’encerclement du plateau.
Le
commandant François Huet, à la tête de 4 000 hommes (contre plus de
10 000 Allemands et miliciens.), fut finalement contraint d’ordonner la
retraite.
Au
final, la bataille du maquis du Vercors fit 800 victimes du côté des
résistants (600 FFI et 200 civils tués.), contre 150 morts côté allemand.
d)
Le maquis du Mont Gargan (juillet 1944) : le Mont Gargan, dans le
Limousin, abritait un important maquis, destiné à perturber les
communications allemandes.
Défendue par près de 10 000 FFI, la zone fut toutefois attaquée par la
Wehrmacht à compter de la mi-juillet 1944. Les Allemands (secondés par la
Milice.) n’étaient que 3 000, mais ils étaient toutefois équipés
d’artillerie lourde.
Finalement, les FFI furent contraintes de reculer à la fin du mois, mais
n’abandonnèrent pas pour autant le matériel parachuté. En outre, les
Allemands n’étant pas en mesure d’occuper le territoire (la menace
américaine dans le nord se faisant grandissante.), les FFI s’y
réinstallèrent rapidement.
La
bataille du maquis du Mont Gargan fit 40 tués et 50 blessés pour les
résistants, contre environ 300 côté allemand.
3° Le débarquement de Normandie,
l’opération Overlord (6 juin 1944) – Comme cela avait été
prévu lors de la conférence de Téhéran[9],
l’ouverture d’un nouveau front à l’ouest fut programmé au printemps 1944.
a)
La préparation du débarquement (printemps 1944) : alors qu’Hitler
était persuadé que les alliés débarqueraient dans le Pas-de-Calais, plus
proche des côtes anglaises, l’Etat-major américain se prononça en faveur
d’un débarquement en Normandie.
En
effet, cela permettait aux troupes alliées d’être dispersées sur plusieurs
ports anglais de la Manche (au lieu d’être concentrées dans le sud-est, en
cas d’offensive sur le Pas-de-Calais.), et ainsi d’opérer un débarquement
plus facile.
Prenant la tête des opérations, les généraux Eisenhower et Montgomery
prévirent donc un débarquement de trois divisions par mer, et de deux
brigades par les airs.
Toutefois, ne souhaitant pas répéter l’échec de Dieppe, les effectifs furent
finalement portés à cinq divisions et trois brigades.
Par ailleurs, il fut décidé de ne pas débarquer à proximité de ports, ces
derniers étant jugés trop bien gardés, mais sur des plages moins défendues
(comme cela avait été le cas en Afrique du nord et en Sicile.).
Le
débarquement en Normandie (l’opération
Overlord[10].),
prévu à l’origine pour le 1er mai, fut finalement repoussé au 1er
juin (afin de recevoir plus de barges de débarquement.), puis au 6 juin en
raison du mauvais temps.
b)
L’opération Fortitude (printemps 1944) : afin de conforter
l’Etat-major allemand dans son erreur, les alliés lancèrent l’opération
Fortitude[11]
au printemps 1942. Fortitude Nord devait faire croire à l’imminence
d’un débarquement en Norvège[12] ;
Fortitude Sud avait pour objectif de persuader l’ennemi que le
débarquement allié s’effectuerait bien dans le Pas-de-Calais.
Afin de mener à bien cette manœuvre d’intoxication, des fausses fuites
diplomatiques furent organisées ; les agents allemands présents sur le sol
britannique, identifiés par les services secrets, reçurent et diffusèrent de
fausses informations ; le général Patton[13]
se fit passer pour le commandant du débarquement fictif dans le
Pas-de-Calais ; enfin, d’importants bombardements furent organisés dans la
périphérie de Boulogne-sur-Mer, comme si un débarquement dans la zone était
imminent.
En
Afrique du nord, un sosie du général Montgomery fut plusieurs appariations
publiques, dans le cadre de l’opération
Cooperhead[14],
à la fin mai 1944. Cette fois-ci, l’objectif était de faire croire aux
Allemands que le débarquement se déroulerait dans le sud de la France, zone
qui fut rapidement renforcée.
L’opération Fortitude fut un franc succès, car l’Etat-major allemand
redéploya ses troupes dans le Pas-de-Calais. Par ailleurs, même après le
débarquement des alliés en Normandie, la Wehrmacht laissa d’importantes
troupes en réserves dans le Nord, convaincue que l’opération Overlord
n’était qu’une diversion.
c)
Le mur de l’Atlantique : côté allemand, Hitler avait décidé d’ériger
d’imposantes fortifications sur la façade atlantique, depuis l’entrée en
guerre des Etats-Unis.
Les travaux furent organisés par l’organisation Todt, qui avait érigé
la ligne Gustave, en Italie, et la ligne Siegfried, à la frontière
franco-allemande (de nombreux blindages et canons furent à cette occasion
transférés sur les fortifications de l’Atlantique.).
A
noter que si dans un premier temps, la main d’œuvre fut en majorité
allemande, rapidement l’organisation employa des travailleurs forcés du STO,
des prisonniers de guerre, etc.
Fortifications allemandes érigées le long
de la côte atlantique.
Au
printemps 1944, le mur de l’Atlantique était sous la direction du
maréchal Karl Rudolf Gerd von Rundstedt[15].
Ce dernier préconisait un retrait des chars dans l’intérieur des terres,
afin de lancer une importante contre-attaque suite au débarquement ; au
contraire, le maréchal Rommel, nommé inspecteur des fortifications de
l’ouest en fin d’année 1943, était partisan d’un placement des chars le long
du mur de l’Atlantique, pour une riposte immédiate.
Le général Karl Rudolf Gerd von
Rundstedt.
Le
maréchal Rommel, jugeant les fortifications insuffisantes, ordonna d’y
installer des champs de mines, des mitrailleuses, des obstacles antichars,
etc.
Toutefois, alors que Rommel souhaitait que le mur de l’Atlantique soit
complété par une deuxième ligne défensive, le débarquement allié intervint
avant la fin des travaux.
d)
L’opération Neptune (nuit du 5 au 6 juin 1944) : dans la nuit du 5 au
6 juin 1944, près de 7 000 navires alliés se mirent en route en direction de
la Normandie (l’on comptait 1 200 appareils de guerre, 4 100 engins de
transports, plus 1 600 navires auxiliaires.).
L’on comptait une majorité de navires britanniques (rappelons que l’US Navy
était occupée dans le Pacifique.), ainsi que quelques appareils américains,
français, norvégiens, etc.
Parmi les 176 000 soldats embarqués en prévision du Jour J (le
D-Day.), l’on comptait une majorité de Britanniques (80 000.) et
d’Américains (70 000.), ainsi que des soldats originaires de France,
Pologne, Belgique, Norvège, etc.
Objets usuels du paquetage américain,
musée de l'Infanterie, Montpellier.
A
noter toutefois que si l’opération Overlord était une opération alliée,
Britanniques et Américains devaient débarquer dans des zones distinctes :
ainsi, la western task force américaine, débarquerait à l’ouest, sur
les plages d’Utah et d’Omaha ; la eastern task force britannique,
quant à elle, débarquerait à l’est, sur les plages Gold, Juno et Sword.
L'opération Overlord.
e)
Le débarquement d’Utah beach (6 juin 1944) : la plage la plus à
l’ouest, Utah, se situait entre les communes de Sainte-Marie-du-Mont et de
Quinéville, sur cinq kilomètres de long.
Unique plage de débarquement située dans le Cotentin, cette dernière se
trouvait à une cinquantaine de kilomètres au sud-est de Cherbourg.
Rommel, lors de son passage, avait fait fortifier les défenses de la zone ;
toutefois, Utah était moins bien protégée que les autres plages, l’arrière
pays étant marécageux.
A
l’issue d’une intense préparation d’artillerie effectuée par la flotte et
l’aviation, les 32 000 soldats américains furent débarqués sur la plage
d’Utah.
Soldats américains se dirigeant vers le
rivage via une barge de débarquement.
Bénéficiant du soutien de chars amphibies, les alliés parvinrent à avancer
rapidement, l’ennemi ayant été fragilisé par les bombardements. Les soldats
américains, parvenant à percer le mur antichar vers 8 heures du matin,
contraignirent alors les Allemands à reculer.
Dans l’après-midi, les Américains firent jonction avec les parachutistes
largués au dessus de Sainte-Mère-Eglise dans la nuit du 5 juin.
Ayant perdu 200 hommes (tués ou blessés.), les alliés établirent à Utah une
importante tête de pont, sur laquelle débarqua près de 800 000 hommes
jusqu’en fin d’année.
f)
Le débarquement d’Omaha beach (6 juin 1944) : située dans le
Calvados, la plage d’Omaha s’étendait de Sainte-Honorine-des-Pertes à
Vierville-sur-Mer.
L’objectif des troupes américaines était d’établir une tête de pont dans la
zone, rejoignant Utah, à l’ouest, et Gold, à l’est.
A
l’aube du 6 juin, suite à une intense préparation d’artillerie marine et
aérienne, les 35 000 soldats alliés commencèrent à débarquer sur Omaha.
Toutefois, contrairement à Utah ou le bombardement avait été performant, ici
il avait manqué sa cible. Les Américains se retrouvèrent donc confrontés à
des troupes allemandes quasiment intactes.
Par ailleurs, en raison d’un fort vent marin, de nombreux chars amphibies
coulèrent, et la marée monta plus rapidement. Cela bloqua des barges de
débarquement dans les obstacles plantés au sol, empêchant la deuxième ligne
de débarquer.
Le débarquement d'Omaha beach.
Evoquant un temps une évacuation des troupes, l’Etat-major américain décida
toutefois de poursuivre l’offensive, craignant d’affaiblir les troupes
installées à Utah en cas de repli.
Afin de soutenir l’offensive terrestre, les navires s’approchèrent des côtes
afin de bombarder les défenses ennemies, ce qui permit aux soldats d’opérer plusieurs percées dans les défenses ennemies en fin de matinée.
C’est ainsi que les Américains parvinrent à prendre l’ennemi à revers,
attaquant les bunkers allemands pendant l’après-midi.
Au
final, le débarquement à Omaha fut le plus sanglant de l’opération Overlord,
les Américains comptant 1 000 tués (dont un quart par noyade.) et 2 000
blessés ; contre 200 tués, 500 disparus et 500 blessés.
A
noter par ailleurs que 90% des combattants de la première vague furent tués
ou blessés lors de l’offensive.
Toutefois, au soir du 6 juin, les objectifs n’étaient pas atteint, les
troupes américaines étant encore bien loin d’Utah et de Gold. La progression
fut toutefois plus rapide au cours des jours suivants.
g)
Le débarquement de Gold beach (6 juin 1944) : s’étendant sur le
littoral des communes d’Arromanches-les-Bains et de Mont-Fleury, la plage de
Gold fut bombardée à l’aube, puis les Britanniques débarquèrent à 7 heures
30 (il y avait une heure de décalage avec l’offensive sur Omaha, pour des
raisons de marée.).
Le débarquement de Gold beach.
Les 25 000 soldats alliés ne rencontrèrent qu’une faible résistance,
parvenant à percer la ligne de défense ennemie (la majorité des soldats
allemands étaient des volontaires russes.). Toutefois, les Allemands
retranchés dans Asnelles, à cinq kilomètres à l’est d’Arromanches,
opposèrent une vive résistance jusque dans l’après-midi.
Les troupes ayant débarqué à l’est, près de Mont-Fleury, s’emparèrent des
batteries installées dans la commune, avant de se diriger vers Ver-sur-Mer.
Dans la soirée, les Britanniques comptaient 400 tués et blessés. Toutefois,
ils avaient avancé de neuf kilomètres vers le sud, menaçant Bayeux Par
ailleurs, ils parvinrent à faire jonction avec les troupes canadiennes ayant
débarqué à Juno, à l’est, mais par avec les Américains d’Omaha.
Enfin, comme les alliés n’étaient pas parvenus à s’emparer d’un grand port,
dans la semaine ayant suivi le débarquement, deux ports artificiels furent
construits. L’un, pour les Américains, sur la plage d’Omaha (Mulberry A.),
l’autre, pour les Britanniques, à Arromanches (Mulbery B.).
Toutefois, en raison d’une violente tempête survenue le 8 juin, seul Mulbery
B fut opérationnel.
h)
Le débarquement de Juno beach (6 juin 1944) : le débarquement de
Juno, plage longeant les communes de Courseulles-sur-Mer et
Saint-Aubin-sur-Mer, fut le plus petit des cinq, seuls 15 000 Canadiens
débarquant en France.
Toutefois, malgré une intensive préparation d’artillerie, les blockhaus
allemands étaient intacts ; en outre, Juno était la plage la mieux défendue
derrière Omaha.
Débarquant vers 7 heures 30, les troupes canadiennes subirent d’importants
dégâts, d’autant que les chars amphibies ne purent être mis à l’eau à cause
d’une mer agitée.
Mais malgré les pertes initiales, les Canadiens parvinrent à franchir la
ligne de défense ennemie peu avant midi, chassant les Allemands de
Saint-Aubin et de Courseulles. Dans la soirée, les troupes canadiennes
avançaient vers Caen, à 20 kilomètres au sud, mais furent contraint de
freiner leur progression faute de soutien.
Toutefois, si les Canadiens parvinrent à faire jonction avec les
Britanniques de Gold dans la journée du 6, ce n’est que le lendemain qu’ils
établirent un contact avec les troupes de Sword.
Soldats canadiens débarqués à Juno beach, surveillant les
prisonniers allemands.
Au
final, le débarquement sur la plage de Juno fut le plus violent après celui
d’Omaha : 350 tués, plus 600 blessés, prisonniers et disparus.
i)
Le débarquement de Sword beach (6 juin 1944) : la plage de Sword
s’étendait de Saint-Aubin-sur-Mer à Ouistreham. Il s’agissait de la zone de
débarquement la plus à l’est.
Toutefois, en raison des récifs côtiers se trouvant devant Luc-sur-Mer et
Lion-sur-Mer, le débarquement des 28 000 Britanniques s’effectua près de
Hermanville-sur-Mer, à cinq kilomètres à l’ouest d’Ouistreham.
A
l’issue d’une préparation d’artillerie effectuée par la marine britannique,
les alliés débarquèrent sur la plage. Ne rencontrant guère de résistances,
les troupes alliées s’emparèrent rapidement d’Ouistreham vers 8 heures du
matin.
Toutefois, une division de Panzers arrivant des alentours de Caen attaqua
Lion-sur-Mer à 16 heures. Toutefois, les blindés allemands étaient de vieux
chars français ou russes capturés entre 1940 et 1941. Les Britanniques,
équipés de M4Sherman, de
conception récente, parvinrent donc à repousser l’ennemi.
Le débarquement de Sword beach.
Progressant vers le sud, en direction de Caen, les Britanniques rejoignirent
les parachutistes de l’opération Tonga, chargés de surveiller le
pont Pégase, à la sortie de Bénouville. Toutefois, ils ne firent
jonction avec les Canadiens de Juno que le lendemain.
Au
final, le débarquement sur la plage de Sword fit 600 tués et blessés.
j)
L’offensive de la pointe du Hoc (6 au 7 juin 1944) : la pointe du
Hoc, surplombant la côte de 25 mètres de haut, était située à quinze
kilomètres à l’ouest de la plage d’Omaha.
L’Etat-major américain, considérant que la position était équipée
d’artillerie lourde, décida d’envoyer un bataillon de
rangers[16]à l’assaut de la zone.
A
l’issue d’une intense préparation d’artillerie, à l’aube du 6 juin, les 225
rangers transportés à l’aide de camions amphibie DUKW, débarquèrent sur la
plage. Toutefois, à cause du fort courant marin, les véhicules débarquèrent
deux kilomètres à l’est, retardant les opérations de trois quarts d’heure.
Arrivant au sommet de la pointe du Hoc, les rangers s’aperçurent que les
canons avaient été déplacés et remplacés par des pylônes de bois (vers 9
heures, les pièces d’artillerie furent découvertes à l’intérieur des terres
et détruites.).
Toutefois, bien qu’ayant accompli leur mission, les Américains étaient
désormais isolés, le débarquement à Omaha ayant nécessité l’emploi de tous
les renforts disponibles.
Harcelés pendant la nuit par les troupes allemandes, les rangers subirent
d’importantes pertes (135 tués et blessés.). Ce n’est que dans l’après-midi
du 7 juin que des renforts en provenance d’Omaha parvinrent à repousser
l’ennemi.
La
zone ne fut toutefois sécurisée qu’à compter du 8, les alliés s’emparant du
village de Saint-Pierre-du-Mont, à deux kilomètres au sud-est de la pointe
du Hoc.
4° La bataille de Normandie (7
juin au 21 août 1944) – Suite au débarquement du 6 juin,
Américain et Britanniques établirent une large tête de pont, reliant
Sainte-Mère-Eglise à Ouistreham. Toutefois, deux grandes villes situées à
quelques kilomètres de la position alliée restaient entre les mains des
Allemands : Cherbourg et Caen.
Arrivée des renforts sur les têtes de
pont de Normandie, juin 1944, Mémorial Leclerc, Paris.
a)
La bataille de Cherbourg (7 au 26 juin 1944) : se dirigeant vers
l’ouest, les troupes américaines parvinrent à s’emparer de Carentan le 10
juin, encerclant Cherbourg, dans la pointe nord du Cotentin le 20.
Du
côté des allemands, la situation n’était guère enviable. En effet, ces
derniers n’étaient plus que 21 000, ayant subi de lourdes pertes lors du
débarquement ; en outre, ils ne possédaient pas ou peu de véhicules blindés.
Comme à son habitude, Hitler ordonna à la Wehrmacht de tenir ses positions
coûte que coûte, malgré la menace ennemie. Refusant de se rendre, les
officiers allemands entreprirent de détruire le port afin qu’il ne puisse
pas servir aux alliés.
La bataille de Cherbourg.
Les Américains, lançant l’assaut le 22 juin, livrèrent de violents combats
urbains contre un ennemi animé par l’énergie du désespoir. Toutefois,
parvenant à dynamiter les blockhaus allemands, ces derniers furent
finalement contraints de déposer les armes dans l’après-midi du 26 juin.
La libération de Cherbourg.
Cependant, le port de Cherbourg, gravement endommagé, ne fut remis en état
qu’à la fin juillet 1944. Comme Mulbery A avait été détruit par une tempête,
le port de Cherbourg fut utilisé pour approvisionner les troupes en
carburant (dans le cadre de l’opération
PLUTO[17],
prévoyant un ravitaillement via un oléoduc traversant la Manche.).
Côté allié, les pertes étaient importantes : 2 800 tués, 5 700 disparus et
13 500 blessés. Côté allemand, l’on déplorait 8 000 morts et 39 000
prisonniers.
A
noter toutefois que la péninsule du Cotentin ne fut totalement sécurisée
qu’à compter du 1er juillet 1944.
b)
La bataille de Caen (7 juin au 20 juillet 1944) : alors que les
Américains se dirigeaient vers Cherbourg, les Britanniques, quant à eux,
avançaient vers Caen.
Toutefois, l’entrée nord de la ville étant fortement défendue par les
Allemands, le général Montgomery décida de contourner la cité par l’ouest,
afin d’attaquer l’ennemi à revers.
Le général Montgomery pendant la bataille de Normandie.
-
Une première offensive, l’opération Perch, fut donc lancée à compter
du 7 juin. Toutefois, les troupes de Montgomery furent bloquées devant
Tilly-sur-Seulles le 9 juin. Toutefois, alors qu’à la même date les
Américains étaient parvenus à encercler l’ennemi et à le repousser vers
Saint-Lô (la bataille des Haies.), les Britanniques décidèrent de
descendre plus au sud, en direction de Villers-Bocage.
La bataille de Caen - l'opération Perch.
Mais le 13 juin, les alliés furent une nouvelle fois bloqués par l’ennemi,
équipé de chars Panzer IV et Tigre.
Le
15, l’opération Perch, s’achevant sur un échec, fut annulée.
Panzer IV.
-
Montgomery élabora alors une nouvelle stratégie, baptisée opération Epsom,
visant l’Odon, rivière traversant Caen. Attaquant à l’ouest de la ville,
suite à une préparation d’artillerie (les bombardiers n’avaient pas pu
décoller à cause du mauvais temps.), les Britanniques parvinrent à atteindre
la rivière à la fin de la première journée de l’offensive (27 juin 1944.).
Traversant l’Odon, les troupes alliées tentèrent de sécuriser la zone afin
d’y établir une tête de pont. Toutefois, les Britanniques furent stoppés par
deux divisions blindées de la Waffen-SS, arrivées en renfort.
D’importants combats se déroulèrent jusqu’au 30 juin, au cours desquels les
alliés subirent d’importantes pertes ; toutefois, ils parvinrent à détruire
la majorité des chars ennemis.
-
Suite aux combats livrés sur l’Odon, Montgomery élabora l’opération
Charnwood, prévoyant une attaque directe contre Caen.
Dans la soirée du 7 juillet 1944, la RAF procédé à un bombardement intensif,
suivi à l’aube du 8 juillet d’une nouvelle préparation d’artillerie. Lors du
premier jour de l’offensive, les alliés s’emparèrent des villages au nord de
Caen (l’un d’entre eux, Carpiquet, fut la cible de violents combats, car il
abritait un aérodrome.)
Ayant subi d’importantes pertes, la Wehrmacht ne fut guère en état de
stopper l’offensive ennemie, les Britanniques pénétrant dans Caen au petit
matin du 9 juillet 1944.
Toutefois, si les Allemands étaient diminués, ces derniers ripostèrent avec
véhémence, mettant à profit leurs snipers et leur artillerie. Ainsi, les
Britanniques n’avancèrent que lentement, aussi bien à cause de la résistance
ennemie que des décombres qui gênaient la progression des chars.
La bataille de Caen.
Dans la soirée, le maréchal Rommel ordonna à ses troupes de se replier vers
la rive sud de l’Orne, rivière traversant Caen[18].
Montgomery, sachant que ses troupes avaient subi d’importantes pertes (3 500
tués et blessés.), décida de ne pas poursuivre l’ennemi, préférant nettoyer
la rive gauche de la ville.
-
Afin de libérer la rive droite de Caen, le général Montgomery élabora l’opération
Goodwood.
La bataille de Caen - les opération
Epsom, Charnwood et Goodwood.
Le
18 juillet, la RAF procéda à un bombardement intensif, permettant aux
Britanniques, assistés par les FFI, de franchir le fleuve le lendemain.
S’emparant de Caen le 19 juillet, les troupes alliées avancèrent vers le
sud, en direction des villages entre les mains des Allemands. Toutefois,
comme cette zone n’avait pas été bombardée, les Allemands opposèrent une
vive résistance.
Les Britanniques étant bloqués à Hubert-Folies après avoir avancé de six
kilomètres, Montgomery décida de mettre un terme à l’opération Goodwood le
20 juillet.
c)
La bataille des haies (13 juin au 26 juillet 1944) : à la mi-juin
1944, alors qu’une partie de l’armée américaine se dirigeait vers Cherbourg, plusieurs unités furent chargées d’avancer en direction du sud.
Toutefois, la progression dans le bocage normand, région composée de prés
entrecoupés de haies, fut plus lente et plus difficile que prévue.
En
effet, la typologie du terrain enlevait aux chars leur avantage tactique ;
en outre, les soldats allemands, plus expérimentés, surent mettre ce terrain
à profit pour organiser une résistance acharnée.
Ainsi, alors que les chars tentaient de passer par-dessus les haies, leur
partie inférieure, surélevée, était exposées aux tirs de Panzerschrecks[19].
Par ailleurs, à chaque pré capturé par l’ennemi, les Allemands se repliaient
en bon ordre et continuaient la lutte.
La bataille des haies.
Les Américains avancèrent donc lentement, déplorant d’importantes pertes.
Les combats furent particulièrement violents autour de Saint-Lô, ville
défendue âprement défendue par un régiment de parachutistes allemands.
Ainsi, alors que les plans de l’Etat-major américain prévoyaient à J+60[20]
la libération de la Bretagne et l’arrivée sur les rives de la Loire, les
alliés avaient seulement progressé de dix kilomètres vers le sud à la
mi-juillet 1944.
Tout comme au début de la première guerre mondiale, les alliés furent donc
contraints d’utiliser des techniques de bric et de broc pour franchir ces
haies.
Dans un premier temps, les Américains décidèrent de faire sauter les mines à
la dynamite afin de ne pas endommager les tanks ; puis les chars furent
équipés de lames d’acier[21],
permettant de trancher les haies sans difficultés.
d)
L’attentant contre Hitler, l’opération Walkyrie (20 juillet 1944) :
alors que la bataille de Normandie faisait rage, un attenta fut organisé
contre Hitler au Wolfsschanze[22],
un des principaux quartier-général du Führer.
Toutefois, si la bombe posée par colonelClaus von Stauffenberg
fit quatre tués et une dizaine de blessés, Hitler sortit quasiment indemne
de l’attentat.
Dégâts causés par la bombe au
Wolfsschanze, juillet 1944.
Stauffenberg, ignorant que le Führer était encore vivant, tenta alors de
déclencher l’opération Walkyrie, un dispositif mis en place par
Hitler lui-même, destiné à mobiliser l’armée de réserve afin de maintenir
l’ordre en cas de troubles intérieurs.
Toutefois, Stauffenberg fut rapidement arrêté, lorsque fut annoncé que le
Führer était encore vivant, puis fusillé au soir du 20 juillet après un
procès sommaire.
Suite à l’attentat, Himmler procéda à près de 5 000 arrestations, traduisant
en justice de nombreux officiers de l’armée allemande ayant été mis au
courant du projet d’attentat.
Hitler, quant à lui, perdit définitivement confiance dans la Wehrmacht.
Ainsi, il n’écouta plus les recommandations de l’OKW, s’appuyant au
contraire sur la Waffen-SS qui lui était totalement dévouée.
e)
L’opération Cobra (25 au 30 juillet 1944) : alors que les
Britanniques étaient parvenus à s’emparer de Caen, les généraux
Omar Bradley[23]et Bernard Montgomery décidèrent de
lancer une grande offensive sur deux fronts : l’opération Cobra, en
direction de la côte atlantique, et l’opération
Spring[24],
au sud de Caen.
Bradley, secondé par le général Patton, lança l’opération Cobra à la fin
juillet 1944. Afin de percer la ligne ennemie, décida de faire bombarder un
périmètre restreint du bocage par l’US Air Force.
Le
bombardement, prévu pour le 20 juillet, fut repoussé à cause du mauvais
temps. Le 24, un premier bombardement fut effectué, mais en raison d’erreurs
de communication, les appareils larguèrent leurs bombes sur les troupes
américaines (25 soldats furent tués à cette occasion.).
Ainsi, un nouveau bombardement fut organisé dans la matinée du 25 juillet.
Larguant près de 4 000 tonnes de bombes, les bombardiers firent d’importants
dégâts dans les lignes allemandes (à noter qu’une fois encore, les troupes
au sol subirent des dégâts, faisant cette fois ci une centaine de tués.).
Si
les Allemands avaient considérablement souffert de ce bombardement intensif,
ils parvinrent toutefois à constituer de petits îlots de résistance, qui
furent rapidement réduits par les alliés.
En
l’espace de quelques heures, les troupes américaines progressèrent d’une
quarantaine de kilomètres vers le sud, prenant Coutances et Canisy.
Craignant d’être encerclés, les Allemands reculèrent rapidement, abandonnant
derrière eux d’importantes quantités de matériels et de munitions.
Ne
rencontrant guère d’opposition, les Américains avancèrent de 50 kilomètres
vers le sud, prenant Avranches le 30. Ils prirent aussi position de
Pontaulbaut, sur la Sélune, fleuve délimitant l’ancienne frontière entre la
Normandie et la Bretagne[25].
L'opération Cobra.
Côté allemand, l’échec était total, la Wehrmacht ayant reculé d’une centaine
de kilomètres, comptant 3 200 tués et 20 000 prisonniers.
f)
L’opération Spring (25 au 27 juillet 1944) : dans l’esprit de
l’Etat-major américain, l’opération Spring devait permettre aux Britanniques
de descendre vers Falaise, de concert avec les troupes américaines qui
avaient reçu l’ordre de se diriger vers Coutances.
Toutefois, le général Montgomery ne voyait pas la situation de la même
manière, préférant opérer une manœuvre de diversion, fixant les unités
ennemies pendant que les Américains descendaient vers le sud.
Montgomery décida d’attaquer en direction de la crête de Verrières, une
hauteur située à 25 kilomètres au nord de Falaise. La prise de ce point
répondait à un double impératif : donner à l’artillerie une position
surélevée, favorable aux bombardements ; mais aussi ouvrir la route vers
Falaise, objectif initial de l’opération Spring.
Un
premier bombardement aérien fut effectué le 24 juillet au soir, qui ne fut
toutefois guère efficace en raison de la riposte de la Flak[26].
Le
25 juillet à trois heures du matin, les Britanniques se dirigèrent vers
Tilly-la-Campagne, à 10 kilomètres aux sud de Caen, parvenant à en chasser
les troupes allemandes. Au même moment, d’autres unités sécurisaient
Verrières, non loin de là.
Plus tard dans la journée, les Britanniques attaquèrent
Saint-Martin-de-Fontenay et Saint-André-sur-Orne, à l’ouest, ainsi que
Bourgébus, à l’est, villages situés sur les flancs de l’armée allemande.
Finalement, les troupes britanniques parvinrent à sécuriser ces différents
points, mais au prix d’importantes pertes.
Toutefois, en raison d’un retard dans l’acheminement des renforts
d’artillerie, les Britanniques ne purent riposter aux violentes attaques
ennemies.
Ainsi, à compter du 26, les Allemands reprirent Tilly-la-Campagne et
Saint-André-sur-Orne, menaçant la moitié sud de Saint-Martin-de-Fontenay.
Toutefois, la Wehrmacht fit face à la résistance opiniâtre des Britanniques
retranchés dans Verrières, ne parvenant pas à prendre ce village.
Au
final, l’opération Spring fit environ 800 tués et 2 000 blessés ou
prisonniers, pour des résultats mitigés. Ainsi, si les Britanniques
n’avaient pas réussi à percer vers Falaise, ils avaient fixé près de Caen plusieurs divisions allemandes (permettant ainsi aux troupes américaines de
progresser vers le sud dans le cadre de l’opération Cobra.).
g)
Les opérations Bluecoat et Totalize (7 au 11 août 1944) : Le 6 août,
les Britanniques s’étaient emparés de Vire, à 10 kilomètres au sud-est de
Saint-Lô, dans le cadre de l’opération
Bluecoat[27].
Au
même moment, Hitler ordonna à la Wehrmacht de lancer l’opération
Lüttich[28],
visant le flanc droit de l’armée américaine.
Toutefois, afin de mener cette offensive à bien, l’Etat-major allemand fut
contraint de prélever plusieurs divisions installées au sud de Caen.
C’est ainsi que général Montgomery planifia l’opération Totalize,
prévoyant une grande offensive sur la route reliant Caen à Falaise.
Dans la nuit du 7 août, la RAF procéda à un bombardement intensif de la
zone. Une demi-heure après, vers 23 heures 30, les Britanniques avancèrent
vers les positions ennemies.
C’est ainsi que les soldats alliés s’emparèrent de Rocquancourt, de
Cramesnil et de Saint-Aignan-de-Cramesnil dans la matinée du 8 août.
Plus tard dans la journée, les Britanniques attaquèrent le village de
Cintheaux, qui fut conquis au prix de lourdes pertes.
L'opération Totalize.
Le
9, des troupes canadiennes, chargées de prendre la côte 195, à quelques
kilomètres au nord de Falaise, s’égarèrent en raison de l’obscurité, et
marchèrent dans la direction opposée. Faisant face à une violente riposte
allemande, les Canadiens furent contraints de reculer rapidement.
Le
lendemain, une nouvelle offensive contre la côte 195 fut couronnée de
succès, les Britanniques s’emparant aussi de Quesnay. C’est à cette date que
le général Montgomery mit fin à l’opération Totalize.
Les Britanniques, comptant un millier de tués et de blessés, n’avaient pas
réussi à s’installer sur les hauteurs de Falaise, comme le prévoyait
l’opération Totalize.
Toutefois, les alliés se trouvaient désormais à 15 kilomètres de la cité,
ayant encore une fois causé d’importants dégâts à une armée allemande
affaiblie depuis le débarquement (3 000 tués et blessés.).
h)
L’opération Lüttich, ou bataille de Mortain (6 au 13 août 1944) :
l’opération Lüttich, planifiée par Hitler, visait à couper en deux les
lignes américaines, alors que les alliés progressaient vers la Bretagne.
L’objectif du Führer était principalement de fixer l’ennemi dans la région,
afin de permettre une réorganisation à grande échelle des troupes de la
Wehrmacht en France.
Mais le général Bradley, prévenu à l’avance des plans allemands, put donc
préparer son armée à la prochaine attaque ennemie.
L’offensive allemande débuta dans la nuit du 6 août 1944, dans la région de
Mortain (à 40 kilomètres à l’est d’Avranches.), sans préparation
d’artillerie (afin de conserver l’effet de surprise.).
Toutefois, comme les Américains s’étaient préparés à cette attaque, ils
opposèrent une vive résistance à l’ennemi. Cette première offensive se solda
sur un sanglant échec, les Allemands ne parvenant pas à percer la ligne de
défense alliée.
A
noter que la Luftwaffe, qui devait soutenir l’offensive, fut attaquée par
l’US Air Force, qui détruisit un grand nombre d’appareils allemands. Les
avions américains, détenant dès lors la maitrise des cieux, causèrent
d’importants dégâts aux unités blindées.
La bataille de Mortain.
Malgré l’échec de l’opération Lüttich, Hitler ordonna la poursuite de
l’offensive, faisant appel à de nouvelles unités alors installées au sud de
Caen. Par ailleurs, plusieurs divisions se trouvant dans le sud de la France
reçurent l’ordre de rejoindre le front[29].
C’est ainsi que la Wehrmacht lança une nouvelle offensive le 8 août.
Toutefois, non seulement les Allemands ne parvinrent pas à progresser ; en
outre, ils furent menacés d’encerclement par les Américains qui prirent Le
Mans, à 130 kilomètres au sud-est.
Repoussés hors de Mortain, les Allemands furent finalement contraints de
reculer vers Falaise le 13 août, ayant perdu près de 10 000 hommes (tués et
blessés.), ainsi que 150 blindés.
Quant aux Américains, s’ils déploraient d’importantes pertes (environ 2 000
tués et 3 000 tués et blessés.), ils étaient parvenus à causer de gros
dégâts à l’ennemi, les privant de toute possibilité de contre-attaque
jusqu’en fin d’année 1944.
i)
La poche de Falaise, l’opération Tractable (14 au 21 août 1944) :
alors que l’opération Lüttich s’était soldé sur un sanglant échec, les
alliés savaient que l’ennemi n’était guère en mesure de riposter (rappelons
les Britanniques connaissaient le code des transmissions cryptées allemandes
depuis 1941.).
C’est ainsi que le général Montgomery décida de lancer une nouvelle
offensive contre Falaise à la mi-août 1944, l’opération
Tractable[30].
A
noter qu’à cette date, la ligne de front n’était plus la même qu’à la fin
juillet 1944. Ainsi, les troupes américaines, progressant vers l’ouest,
s’étaient emparées de Mayenne, Le Mans, et Alençon.
Si
les Britanniques et les Américains parvenaient à coordonner leurs actions,
ils seraient dès lors en mesure d’encercler l’ennemi dans la poche de
Falaise. Toutefois, Bradley refusait de faire progresser ses troupes au-delà
d’Argentan, craignant qu’elles ne soient prises entre deux feux.
La poche de Falaise.
L’opération Tractable débuta le 14 août à midi, date à laquelle les
positions ennemies au nord de Falaise furent bombardées par la RAF (à noter
toutefois que des bombes tombèrent par erreur sur les positions
britanniques.).
Partant à l’assaut, les soldats alliés s’emparèrent de Potigny, à 10
kilomètres au nord de Falaise. Progressant lentement, les Britanniques
atteignirent les faubourgs de la cité à compter du 16 août. Les Allemands,
chassés hors de Falaise, se replièrent alors vers le sud.
Chars britanniques à l'assaut de la poche
de Falaise.
Alors que le général Bradley, considérant que les Allemands avaient déjà
évacué la poche de Falaise, préférait se diriger vers Paris, il accepta
finalement de procéder à l’encerclement des troupes allemandes, de concert
avec l’Etat-major britannique.
C’est ainsi que fut lancée une offensive en direction de Trun et Chambois,
deux villages situés à une vingtaine de kilomètres à l’est de Falaise, zone
de jonction des deux armées.
Côté allemand, Hitler avait ordonné de lancer une contre-offensive en
direction d’Alençon, importante base logistique de la Wehrmacht. Toutefois,
la Wehrmacht n’étant plus en position d’attaquer l’ennemi de front, le
Führer consentit finalement à un repli sur l’Orne.
Le
17 août, Patton s’empara d’Argentan ; le 18, les Britanniques prirent Trun
et Saint-Lambert-sur-Dive, à deux kilomètres à l’ouest de Chambois ; le 19,
les Américains prirent Chambois malgré une vive résistance allemande.
Toutefois, alors que la poche de Falaise était en train de se refermer, une
dernière tentative fut opérée par une division SS, venant de Vimoutiers.
L’offensive fut lancée contre le Mont-Ormel, à six kilomètres au nord-ouest
de Chambois, défendu par deux bataillons polonais. Des combats
particulièrement violents se déroulèrent jusqu’au 21, les troupes
polonaises, encerclées, ayant été coupées du reste de l’armée britannique.
Les Polonais, manquant d’hommes et de munitions ne parvinrent à empêcher plusieurs milliers d’Allemands d’évacuer la zone. Ce n’est que dans la
soirée que les Canadiens, faisant jonction avec les troupes polonaises,
fermèrent définitivement la poche de Falaise.
Au
final, la bataille avait causé d’importants dégâts au sein de l’armée
allemande. En effet, la Wehrmacht comptait près de 10 000 tués et 50 000
prisonniers, ainsi que d’importantes pertes matérielles (200 chars, 1 000
canons, plus 5 000 véhicules.).
Il
est aussi difficile d’estimer le nombre d’Allemands ayant réussi à quitter
la poche de Falaise. Toutefois, en raison des rudes combats livrés
ultérieurement sur la frontière allemande, l’on estime qu’environ 100 000
soldats auraient réussi à quitter la zone.
Du
côté des alliés, les pertes étaient moins importantes : 25 000 tués et
blessés.
5° La libération de la Bretagne
(début août à mi-septembre 1944) – Suite à la percée
d’Avranches, une partie de l’armée américaine fut chargée de libérer la
Bretagne. L’objectif des alliés était de s’emparer au plus tôt des ports
bretons (Brest, Saint-Malo et Lorient.), afin de mettre en place un
approvisionnement plus efficace.
Face à l’offensive alliée, l’Etat-major allemand préféra s’enfermer dans les
trois grands ports bretons plutôt que de se risquer à élaborer une
contre-attaque. C’est ainsi que la Bretagne, à l’exception de Brest,
Saint-Malo et Lorient, fut rapidement libérée par les troupes américaines (à
noter que les alliés bénéficièrent de l’aide des FFI, armés par les
parachutistes anglais qui avaient été largués en Bretagne dans la nuit du 5
juin.).
La libération de la Bretagne.
a)
La bataille de Saint-Malo (août 1944) : arrivant sous les murs de
Saint-Malo au début du mois d’août, le général Patton souhaitait poursuivre
l’offensive vers Brest, considérant qu’une majorité d’Allemands s’étaient
réfugiés dans la capitale bretonne.
Toutefois, l’Etat-major américain, refusant de laisser l’ennemi sur les
arrières de l’armée, exigea que Saint-Malo soit prise au plus tôt.
Les premiers combats, débutant le 6 août, permirent aux troupes alliées de
s’emparer en l’espace de quelques jours des villages avoisinant la cité.
Mais l’ennemi, qui s’était retranché dans la vieille ville, organisa une
résistance acharnée.
Toutefois, suite à un bombardement intensif opéré par l’US Air Force, les
Allemands décidèrent de faire reddition, ayant au préalable pris soin de
détruire les installations portuaires.
A
noter toutefois que la garnison retranchée dans l’île de Cézembre, à
quelques kilomètres de Saint-Malo, résista jusqu’au début du mois de
septembre.
La bataille de Saint-Malo.
b)
La bataille de Brest (7 août au 19 septembre 1944) : le 7 août 1944,
les troupes américaines arrivèrent devant Brest. Alors que les alliés
encerclaient peu à peu la cité, les Allemands opposèrent une fois encore une
résistance acharnée.
L’Etat-major américain fit alors appel à l’US Air Force pour bombarder les
positions ennemies. Livrant de sanglants combats urbains dans une ville
dévastée par l’artillerie, les alliés n’obtinrent la reddition de l’ennemi
qu’à compter du 19 septembre (une fois encore, les Allemands avaient détruit
les installations portuaires avant de déposer les armes.).
La bataille de Brest.
Au
final, les alliés avaient perdu 4 000 hommes (tués et blessés.) ; contre
1 000 tués, 4 000 blessés et 38 000 prisonniers côté allemand.
A
noter par ailleurs que, tout comme Saint-Malo, Brest sortait ravagée du
second conflit mondial. Ainsi, afin de limiter les destructions et les
pertes humaines, l’Etat-major américain décida, en accord avec les
Britanniques, de se contenter d’assiéger les ports entre les mains de
l’ennemi[31].
6° Le débarquement de Provence,
l’opération Anvil Dragoon (15 août au 15 septembre 1944) –
En parallèle du débarquement de Normandie, l’Etat-major américain décida de
procéder à un nouveau débarquement à la mi-août 1944, cette fois-ci en
Provence.
a)
La préparation du débarquement de Provence (été 1944) : près de
50 000 soldats alliés participèrent à l’opération
Anvil Dragoon[32].
Ces derniers étaient sous le commandement du général américain
Alexander Mac Carrell Patch[33]
(VII° Armée américaine.) et du général français
Jean de Lattre de Tassigny[34]
(I° Armée.).
Les généraux Alexander Mac Carrell Patch (à gauche) et Jean de Lattre de
Tassigny (à droite).
A
noter toutefois que les Britanniques ne participèrent par à cette opération,
Churchill étant hostile à ce projet (ce dernier préférait soutenir le front
italien pour percer dans les Balkans.).
Afin de tromper l’ennemi, les alliés firent écho d’un faux débarquement en
Italie, l’opération Span. Une fois encore, l’objectif était de fixer
les divisions ennemies dans la région, alors que s’effectuait le
débarquement de Provence.
Dans la nuit du 14 au 15 août 1944, une flotte composée de 2 000 navires se
dirigèrent en direction de la Côte d’Azur. Comme en Normandie, le
débarquement se fit sur plusieurs plages, du nord au sud : Rosie, près de
Théoule-sur-Mer ; Camel, entre Saint-Raphaël et Fréjus ; Delta, entre
Saint-Tropez et Sainte-Maxime ; Alpha, à Calvaire-sur-Mer ; Roméo, au Cap
Nègre ; ainsi que Sitka, sur les îles de Port-Cros et du Levant.
Par ailleurs, la Force Rugby, composée de 5 000 parachutistes, fut
larguée dans la nuit du 14 août au dessus de Le Muy et La Motte, deux
villages situés à 15 kilomètres à l’ouest de Fréjus.
Le débarquement de Provence.
b)
Le débarquement de Provence (15 août 1944) : lors du débarquement,
les troupes américaines et les membres de l’armée française de la Libération[35]
rencontrèrent moins de difficultés qu’en Normandie, les plages de Provence
n’étant guère protégées.
Le débarquement de Provence, août 1944, Mémorial Leclerc, Paris.
Les soldats de la Wehrmacht étaient en majorité des étrangers originaires
d’URSS, et se rendirent rapidement. Le principal danger pour les alliés
provint des mines, qui avaient été enfouies dans le sable.
Seul le débarquement sur la plage de Camel causa des difficultés, les
soldats américains subissant une vive riposte allemande. Ces derniers furent
donc déposés à quelques kilomètres de la zone de débarquement initiale.
Côté allemand, l’Etat-major savait qu’il n’était guère en mesure de faire
face à la menace ennemie, les alliés faisant débarquer chaque jour
d’importantes quantités d’hommes, matériel et véhicules. Par ailleurs, la
Wehrmacht était harcelée par les mouvements de résistance, qui profitaient
du débarquement de Provence pour attaquer les Allemands.
Hitler, refusant à l’origine de céder le moindre pouce de terrain, comme à
son habitude, consentit toutefois à ordonner un repli sur une ligne
Sens-Dijon-Lausanne. Il ordonna toutefois que Marseille et Toulon soit
tenues coûte que coûte.
c)
La libération des villes de Provence (août 1944) : le 21 août 1944,
une semaine après le débarquement de Provence, les FFI installés dans la
cité phocéenne organisèrent une insurrection.
Mais ces derniers, manquant d’armes et d’effectifs, ne parvinrent pas à
repousser les Allemands hors de la ville. Ils furent toutefois soutenus à
compter du 23 août par les troupes françaises, qui parvinrent finalement à
obtenir la reddition de l’ennemi le 28.
A
noter que, comme à leur habitude, les Allemands avaient fait sauter les
installations portuaires afin de gêner l’approvisionnement des alliés.
La libération de Marseille.
Toulon, autre citée occupée par l’ennemi, fut prise par les alliés le 27
août ; Nice fut libérée le 28 août, suite à une insurrection déclenchée par
les FFI.
d)
La libération du Rhône (août à septembre 1944) : suivant de près les
troupes allemandes qui se repliaient vers le nord, les alliés prirent Digne
le 18 août, Gap le 20, puis Grenoble le 21.
A
la mi-septembre, les alliés firent jonction à Montbard, près de Dijon, avec
les troupes de Normandie.
La libération de la Provence et du Rhône.
A
noter toutefois que l’Etat-major américain préféra ne pas lancer d’offensive
dans les Alpes, laissant la région sous contrôle ennemi, cette zone étant
considérée d’une faible valeur stratégique (d’autant que les Allemands
s’étaient réfugiés dans moitié alpine de la ligne Maginot.).
e)
Bilan de l’opération Anvil Dragoon : le débarquement de Provence
avait été une franche réussite, les alliés atteignant leurs objectifs deux
mois avant les estimations.
Toutefois, si les pertes alliées s’élevaient à 15 000 tués et blessés, côté
allemand, l’on comptait 7 000 tués, 20 000 blessés et plus de 130 000
prisonniers (sans compter les pertes matérielles.).
7° La fin du régime de Vichy, la
création du gouvernement provisoire de la république française (août 1944)
– Alors que les alliés avaient débarqué en Normandie, le régime de Vichy
se prononça en faveur de la neutralité (malgré les insistances du troisième
Reich pour que la France participe aux combats du côté de l’Allemagne.).
Pétain et Laval tentèrent d’ouvrir des négociations avec le général de
Gaulle, mais en vain.
Le
CFLN d’Alger, rebaptisé Gouvernement provisoire de la république
française le 3 juin 1944, s’installa à Bayeux le 14. Y fut
promulguée l’ordonnance du 9 août 1944 relative au rétablissement de la
légalité républicaine sur le territoire continental : la république
n’ayant jamais cessé d’exister (article I.), tous les actes constitutionnels
législatifs adoptés depuis le 16 juin 1940 étaient considérés comme nuls et
non avenus (article II.), au même titre que tous les décrets promulgués par
le régime de Vichy (Article III.).
Par ailleurs, l’article X annonçait la dissolution des partis de la
collaboration, tels que la Légion française des combattants, la Milice, le
parti franciste[36],
etc. (article X.).
Affiche de propagande gaulliste (la
légende indique "Entre le marteau... et l'enclume !"), musée des Invalides,
Paris.
Afin d’éviter que les membres du régime de Vichy ne tombent entre les mains
des résistants, les autorités allemandes décidèrent de transférer Pétain et
Laval à Belfort, à la mi-août 1944. Toutefois, si Laval partit pour l’Alsace
sans faire d’histoires (17 août.), le maréchal refusa de quitter Vichy,
soucieux de continuer à exercer son autorité. Toutefois, comme les Allemands
menacèrent de bombarder la capitale du régime, Pétain se résigna donc à
rejoindre Belfort (20 août.).
Vichy fut libérée quelques jours plus tard par les FFI.
Toutefois, face à la rapide progression des alliés, les deux hommes furent
envoyés à Sigmaringen, en Allemagne, à compter du 8 septembre 1944.
Y
fut instauré Commission gouvernementale de Sigmaringen, gouvernement
en exil du régime de Vichy. A noter toutefois que Pétain et Laval n’y
participèrent pas. Ainsi, Fernand de
Brinon[37]
en fut nommé président, entouré de Joseph Darnand, secrétaire d’Etat à
l’Intérieur, et de Marcel Déat, ministre du travail.
La ville de Sigmaringen.
8° La libération de Paris (18 au
25 août 1944) – Alors que les alliés combattaient dans la
poche de Falaise, la libération de Paris n’était pas une priorité pour
l’Etat-major américain. En effet, le général Bradley craignait que la
conquête de la capitale ne soit trop coûteuse en vies humaines, retardant de
fait la marche des alliés vers le Rhin.
a)
Paris toujours entre les mains des Allemands (18 au 22 août 1944) :côté allemand, Hitler souhaitait faire de Paris un second Stalingrad,
les troupes allemandes présentes dans la ville recevant l’ordre de tenir
leurs positions coûte que coûte, afin de fixer dans la région plusieurs
dizaines de divisions ennemies.
Toutefois, le général Dietrich von
Choltitz[38],
à la tête de 20 000 hommes et 80 chars surannés (dont un certain nombre de
Renault FT-17 datant de la première guerre mondiale.), n’était guère en
mesure de soutenir un siège.
La bataille de Paris.
Du
côté des FFI, commandés par le « colonel »
Rol-Tanguy[39],
la situation n’était guère meilleure. En effet, les résistants restaient
pauvrement armés face à l’armée allemande.
Toutefois, un appel à la grève générale fut lancé le 18 août, date à
laquelle furent érigées plusieurs centaines de barricades dans la capitale.
Plusieurs combats opposant les FFI à la Wehrmacht se déroulèrent dans les
rues de Paris jusqu’au 22 août, date à laquelle von Choltitz consentit à une
trêve.
Dietrich von Choltitz.
b)
L’arrivée de la deuxième division blindée (24 au 25 août 1944) :conscient des faiblesses de ses troupes, Rol-Tanguy envoya des
émissaires auprès du général Patton, signalant aux alliés que la résistance
parisienne ne parviendrait pas à poursuivre la lutte indéfiniment.
Le
général Philippe de Hauteclocque[40]
(son nom de résistant était Jacques
Leclerc[41].),
qui accompagnait Patton, reçut l’aval d’Eisenhower de marcher vers Paris à
la tête de la deuxième division blindée, troupe française composée de
FFL et de membres de l’armée d’Afrique.
Le général Philippe de Hautecloque à Utah beach, 6 juin 1944,
Mémorial Leclerc, Paris.
Parti d’Argentan le 23 août, le général Leclerc se dirigea donc vers Paris,
progressant de 200 kilomètres en territorien ennemi sans disposer d’appui
aérien.
Au
soir du 24, la deuxième division blindée pénétra dans la capitale, avançant
jusqu’à l’Hôtel de Ville.
La division Leclerc au coeur de Paris, Mémorial Leclerc,
Paris.
Von Choltitz, acculé, reçut l’ordre d’Hitler de faire sauter les ponts de la
capitale et de détruire les pâtés de maisons, afin de continuer la lutte.
Toutefois, le gouverneur militaire de Paris préféra négocier sa reddition,
déposant les armes le 25 août.
Toutefois, comme les SS avaient refusé de se soumettre, les combats se
poursuivirent pendant plusieurs jours, principalement en banlieue nord.
La
bataille de Paris fit un millier des tués du côté des résistants ;
toutefois, les pertes allemandes étaient bien supérieures : 3 200 tués et
12 500 prisonniers.
c) Le gouvernement provisoire de la république
française s’installe à Paris (25 au 31 août 1944) : arrivant à Paris
dans l’après-midi du 25 août, le général de Gaulle prononça un important
discours au balcon de l’Hôtel de Ville : Paris ! Paris outragé ! Paris
brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré ! Libéré par lui-même, libéré
par son peuple avec le concours des armées de la France, avec l'appui et le
concours de la France tout entière, […] de la France éternelle.
[…] Puisque l'ennemi qui tenait Paris a capitulé dans nos mains, la
France rentre à Paris, […] sanglante, mais bien résolue. Elle y
rentre, éclairée par l'immense leçon, mais plus certaine que jamais, de ses
devoirs et de ses droits. Je dis d'abord de ses devoirs, et je les résumerai
tous en disant que, pour le moment, il s'agit de devoirs de guerre. L'ennemi
chancelle mais il n'est pas encore battu. Il reste sur notre sol. Il ne
suffira même pas que nous l'ayons, avec le concours de nos chers et
admirables alliés, chassé de chez nous pour que nous nous tenions pour
satisfaits après ce qui s'est passé. Nous voulons entrer sur son territoire
comme il se doit, en vainqueurs. C'est pour cela que l'avant-garde française
est entrée à Paris à coups de canon. C'est pour cela que la grande armée
française d'Italie a débarqué dans le Midi, et remonte rapidement la vallée
du Rhône. […] C'est pour cette revanche, cette vengeance et cette justice,
que nous continuerons de nous battre jusqu'au dernier jour, jusqu'au jour de
la victoire totale et complète. Ce devoir de guerre, tous les hommes qui
sont ici et tous ceux qui nous entendent en France savent qu'il exige
l'unité nationale. Nous autres, qui aurons vécu les plus grandes heures de
notre Histoire, nous n'avons pas à vouloir autre chose que de nous montrer,
jusqu'à la fin, dignes de la France. Vive la France !
Le
26, un défilé triomphal fut organisé sur les Champs-Elysées, les troupes
alliées traversant l’Arc de triomphe de l’Etoile. S’en suivit une cérémonie
religieuse à Notre-Dame-de-Paris, qui fut toutefois perturbée par des
résistants qui traquaient les derniers snipers allemands.
La libération de Paris.
Par ailleurs, le GPRF s’installa officiellement à Paris le 31 août 1944. A
cette date, Georges Bidault, président du CNR, demanda à de Gaulle de bien
vouloir proclamer la république (comme l’avait fait Léon Gambetta en
septembre 1870, suite à la déchéance du second Empire[42].).
Toutefois, le général refusa de s’exécuter, expliquant qu'il considérait
toutes les décisions du régime de Vichy comme une parenthèse illégale dans
le fonctionnement de l'Etat, et que la république n'avait donc jamais cessé
d'exister.
Un
premier conseil des ministres fut réuni le 2 septembre 1944, réunissant
toutes les tendances politiques. Y participèrent Georges Bidault (Mouvement
républicain populaire[43].),
ministre des Affaires étrangères ;
Pierre Mendès-France[44]
(PRRRS.), ministre de l’Economie nationale ; le général Catroux, ministre de
l’Afrique du nord ; etc.
Afin de rétablir l’autorité républicaine, le général de Gaulle envoya
courant septembre dans les régions libérées des commissaires de la
république, bénéficiant de pouvoirs similaires à ceux d’un préfet.
Toutefois, ces derniers se heurtant parfois aux comités départementaux de
la résistance (il s’agissait d’une subdivision territoriale organisée
par le CNR.), les FFI furent intégrés à l’Armée française de la Libération à
compter du 23 septembre.
A
noter enfin que Bidault fut envoyé à Moscou à la fin novembre, signant un
traité d’alliance avec l’URSS le 10 décembre 1944.
9° La libération du sud-ouest (été
1944) – si les alliés avaient débarqué en Normandie et en
Provence, libérant les régions nord-ouest et sud-est de la France, aucune
offensive ne fut prévue contre le sud-ouest, la zone ne répondant à aucun
impératif stratégique.
A
compter du mois de juin, les FFI de la région, sachant que les troupes
avaient débarqué en Normandie, multiplièrent les actions contre la
Wehrmacht.
En
représailles, les Allemands commirent plusieurs exactions dans le sud-ouest
de la France, en juin 1944, comme à Tulle, en Corrèze (une centaine de
civils furent pendus dans des conditions atroces.) et à Oradour-sur-Glane,
en Haute-Vienne (640 civils furent massacrés, et le village incendié par les
SS.).
Toutefois, craignant d’être encerclés par les troupes alliées, les Allemands
décidèrent d’évacuer peu à peu la région au cours du mois d’août 1944. C’est
ainsi que Toulouse et Périgueux furent évacuées le 19 août, Limoges le 21,
Poitiers le 23, et Bordeaux le 28 (à cette occasion, de nombreux navires
furent coulés dans la Garonne afin de gêner les alliés).
A
noter que, comme en Bretagne, certains ports ne furent pas évacués, comme
Saint-Nazaire, en Loire-Inférieure[45].
10° La libération du nord de la
France et du Bénélux (septembre à novembre 1944) – suite à
la libération de Paris, les alliés poursuivirent leur progression vers
l’est, Eisenhower souhaitant mettre à profit le temps gagné lors de la
rapide capture de la capitale.
Côté allemand, l’OKW ayant ordonné un retrait le long du Rhin, les troupes
britanniques et américaines parvinrent à avancer de 150 kilomètres en
territoire ennemi en l’espace de deux semaines. Les alliés, progressant
rapidement dans le nord de la France, pénétrèrent en Belgique et au
Luxembourg, libérant Bruxelles, Liège et Anvers au début du mois de
septembre 1944.
A
noter toutefois que, malgré cette rapide progression, quelques territoires
français restaient toutefois entre les mains de l’ennemi : l’Alsace et la
Lorraine, ainsi que les ports de Boulogne, Calais et Dunkerque.
a)
L’opération Market-Garden (17 au 25 septembre 1944) : à la
mi-septembre 1944, deux stratégies avaient été planifiées en vue de
s’emparer de la Ruhr, importante région industrielle allemande.
De
son côté, le général Patton privilégiait une attaque de front contre la
ligne Siegfried, qu’il considérait comme incapable de subir une attaque
frontale[46] ;
au contraire, le maréchal Montgomery était favorable à une offensive contre
les Pays-Bas, qui permettrait de s’emparer des cités portuaires de la
région, mais aussi de bloquer le commerce maritime allemand[47].
Poussé par Churchill, Eisenhower accepta de valider les projets du maréchal
Montgomery.
L’opération
Market-Garden, lancée à compter du 17 septembre 1944, prévoyait une
série de parachutages sur les ponts situés sur la route
Eindhoven-Nimègue-Arnhem ; une fois la route sécurisée, les blindés devaient
avancer vers Arnhem.
L'opération Market-Garden.
L’opération Market-Garden débuta sous de bons hospices, car 90% des
parachutistes britanniques furent largués au-dessus de leurs objectifs.
Ainsi, le pont de Son, à 10 kilomètres au nord d’Eindhoven, fut rapidement
pris ; plus au nord, seuls les deux ponts à l’ouest de Nimègue furent pris,
celui au nord restant entre les mains des SS ; à Arnheim, faisant face à une
vive résistance ennemie, les alliés furent contraints de se regrouper à
Oosterbeek dans la soirée.
Les blindés britanniques, quant à eux, effectuèrent un intense tir de
barrage sur la ligne de front ennemie le 17 septembre en début d’après-midi.
Lançant l’offensive à compter de 15 heures, ils parvinrent à atteindre
Valkenswaard dans la soirée.
L'opération Market-Garden.
Le
18 septembre au matin, la situation était critique. En effet, les
Britanniques s’étaient certes emparés des ponts du sud ; mais, les ponts du
nord, à Nimègue et Arnhem, restaient entre les mains des Allemands.
Cependant, la capture de ces ponts étaient primordiale, car ils enjambaient
deux bras du Rhin, qu’il était impossible de traverser à gué ou de remplacer
par des ponts du Génie.
Par ailleurs, les parachutistes largués sur Arnheim, considérablement
exposés aux attaques allemandes, ne pouvaient pas communiquer par radio en
raison de défaillances techniques (ils ne purent informer l’Etat-major de
leurs besoins en provisions et matériel.).
Ces derniers, ayant lancé une nouvelle offensive dans la nuit du 17 au 18
septembre, parvinrent finalement à s’emparer de l’extrémité nord du pont
dans la matinée.
Au
sud, les blindés britanniques furent bloqués à Eindhoven, car les Allemands
avaient fait sauter le pont de Son. Dans l’après-midi, les soldats du génie
érigèrent un pont provisoire sur le canal Wilhelmine, à quelques kilomètres
à l’ouest de Son.
Le pont de Nimègue.
Le
lendemain, les parachutistes d’Arnhem, qui avaient reçu des renforts dans la
nuit, firent face à une vive contre-attaque allemande, mais parvinrent à la
repousser.
Plus au sud, les blindés arrivèrent à Nimègue dans la matinée, constatant
toutefois que le pont au nord de la cité était toujours entre les mains de
l’ennemi.
Enfin, une contre-offensive menée par les parachutistes allemands à Son fut
repoussée par les Britanniques, alors que l’ennemi tentait de détruire le
pont provisoire érigé sur le canal Wilhelmine. Toutefois, la Luftwaffe
bombarda Eindhoven dans la nuit du 19 au 20 septembre 1944, causant
d’importantes victimes civiles.
Au
matin du 20 septembre, les Britanniques combattant à Arnhem, manquant de
vivres et de munitions, combattirent encore quelques heures avant de déposer
les armes.
A
Nimègue, les parachutistes traversèrent le Rhin sur de petites embarcations,
l’objectif étant de contrôler la partie nord du pont, et ainsi de permettre
aux blindés d’avancer.
Malgré les importantes pertes humaines, les Britanniques parvinrent à
repousser l’ennemi, permettant aux chars de traverser le pont dans la
soirée.
Les combats se poursuivirent jusqu’au 25, mais le maréchal Montgomery,
plutôt que de prendre Arnhem, décida d’établir une ligne de front à Nimègue.
Ce dernier élabora alors l’opération Berlin, visant à évacuer les
troupes se trouvant encore dans la cité. C’est ainsi que le 25 au soir, les
derniers soldats britanniques se trouvant dans Arnhem traversèrent le Rhin
grâce à des ferries réquisitionnés pour l’occasion.
Si, au final, l’opération Market-Garden avait accompli une bonne partie de
ses objectifs, le bilan humain était désastreux. En effet, l’on comptait
17 000 tués, blessés et prisonniers côté britannique (plus 80 chars.),
contre 8 000 tués, blessés et disparus côté allemand.
b)
La bataille de l’Escaut (2 octobre au 8 novembre 1944) : l’opération
Market-Garden avait lancée quelque peu à la hâte par l’Etat-major
britannique, à une époque ou les rives de l’Escaut n’avaient pas encore été
sécurisées.
Comme nous l’avons vu précédemment, Anvers avait été libérée au début du
mois de septembre 1944. Toutefois, le port de la ville était inutilisable,
les rives nord et sud étant encore sous contrôle de la Wehrmacht.
Les alliés ayant besoin d’un port en état de fonctionner dans la région
(Calais et Boulogne avaient été pris aux Allemands à la fin septembre 1944,
mais leurs ports n’étaient pas en état de fonctionner.).
C’est ainsi que fut lancée la bataille de l’Escaut, le 2 octobre, la
sécurisation de la région d’Anvers étant confiée à l’armée canadienne.
L’offensive était conçue en quatre phases : une première attaque en
direction du nord d’Anvers, afin de sécuriser l’accès à la presqu’île du
Beveland du sud ; la réduction de la poche de Breskens, au sud ; la prise du
Beveland du sud ; enfin, une attaque en direction de l’île fortifiée de
Walcheren.
-
Les alliés lançant l’offensive depuis Anvers, Son et Nimègues, parvinrent à
s’emparer rapidement des positions allemandes au nord de l’Escaut.
Toutefois, l’entrée de la presqu’île de Beveland, bien protégée, fut le
théâtre d’affrontements sanglants.
Ainsi, si les Canadiens parvinrent à s’emparer de la rive nord de l’Escaut
en l’espace d’une semaine, ils ne parvinrent à sécuriser l’accès à la
presqu’île de Beveland qu’à compter de la mi-octobre.
Jusqu’à la fin du mois, les alliés continuèrent à progresser vers le nord,
prenant Bergen-op-Zoom le 24 octobre.
-
L’opération Switchback, visant à réduire la poche de Breskens, débuta
le 6 octobre 1944. Comme la zone était entourée de canaux inondés par
l’ennemi, l’Etat-major canadien décida de lancer une offensive non loin du
village de Saint-Laurent, à 15 kilomètres au sud de Breskens, zone où le
canal Léopold et le canal de la Lys se séparaient.
Entré des troupes britanniques dans
Saint-Laurent.
Organisant un débarquement amphibie en direction de deux têtes de pont, les
alliés empêchèrent les Allemands de riposter en utilisant des lance-flammes
depuis la rive sud du canal Léopold.
L’ennemi, tentant de contre-attaquer, ne parvint toutefois pas à chasser les
Canadiens de leurs positions, les deux têtes de pont faisant jonction le 9
octobre. Les alliés progressèrent ensuite en direction du nord.
A
noter qu’à la même date, l’Etat-major canadien organisa un nouveau
débarquement sur les plages de Hoofdplaat, sur la côte nord, à dix
kilomètres à l’est de Breskens. Une fois encore, les Allemands furent
contraints d’évacuer leurs positions.
Prenant Oostburg, les Canadiens se dirigèrent vers Breskens à la fin du
mois. Les Allemands, après plusieurs jours de combats, décidèrent alors
d’abandonner leurs positions, se repliant sur la presqu’île de Beveland.
Le
3 novembre, les alliés libérèrent Zebrugges et Knokke, mettant fin à
l’opération Switchback.
-
La troisième offensive, baptisée opération Vitality, visant à
s’emparer de la presqu’île du Beveland du sud, débuta le 24 octobre 1944.
Cependant, alors que les Canadiens avançaient vers l’ouest, ils furent
stoppés le long du canal Beveland, faisant face à de fortes positions
défensives allemandes, progressant dans une zone minée.
La bataille de l'Escaut.
Ainsi, afin de diminuer les pertes, un débarquement allié fut opéré sur les
arrières de l’ennemi, entraînant un effondrement rapide de la défense
allemande.
A
la fin novembre, un pont provisoire fut érigé par-dessus le canal Beveland,
afin de permettre aux troupes canadiennes de progresser sur une route
sécurisée.
-
L’île de Walcheren, avait été considérablement fortifiée lors de la
construction du mur de l’Atlantique. La seule voie d’accès à cette zone
était le Sloedam, un étroit barrage datant du XIX° siècle, reliant le
Beveland du sud à Walcheren.
Afin de réduire au maximum les défenses allemandes, l’île fut bombardée par
la RAF à compter du mois d’octobre 1944. Ces bombardements causèrent
d’importantes destructions, entraînant l’inondation de la partie centrale de
Walcheren (les Allemands furent donc contraints de reculer vers le nord.).
Début novembre, l’Etat-major canadien décida de lancer une triple offensive
contre l’île : à l’est, par le barrage de Sloedam ; ainsi que deux
débarquements par le sud (opération Inflatuate I.) et l’ouest (opération
Inflatuate II.).
Après plusieurs jours de violents combats, les Britanniques parvinrent à
installer une tête de pont près du village d’Arnemuiden, à quelques
kilomètres à l’ouest du barrage.
Pont provisoire menant vers l'île de
Walcheren.
Par ailleurs, les deux débarquements furent effectués le 1er
novembre, à Vlissingen, au sud, et à Westkapelle, à l’ouest, après une
intense préparation d’artillerie. D’intenses combats urbains furent livrés
dans ces deux villes pendant toute la première semaine de novembre 1944.
Finalement, les Allemands décidèrent de déposer les armes lorsque les alliés
firent avancer des véhicules amphibies à chenilles en direction de
Middleburg. L’ennemi avait cru qu’il s’agissait de blindés, alors que ces
derniers ne pouvaient se rendre dans cette zone inondée.
A
noter toutefois que quelques combats plus sporadiques, se déroulèrent
jusqu’au 8 novembre 1944.
Au
final, la bataille de l’Escaut fit 12 000 victimes (tués et blessés.) du
côté des alliés, contre 10 000 tués et 40 000 prisonniers côté allemand.
L’offensive étant un succès, les Canadiens commencèrent donc à déminer la
zone, permettant au port d’Anvers de fonctionner à compter de la fin du mois
de novembre.
11° La libération de
l’Alsace-Lorraine (septembre à décembre 1944) – En
novembre 1944, alors que le nord de la France, la Belgique, le Luxembourg et
une partie des Pays-Bas avaient été libérés, l’Alsace et la Lorraine,
territoire symboliques, restaient entre les mains du troisième Reich.
Patton, chargé d’établir la ligne de front le long de la Moselle, parvint
donc à s’emparer de Thionville, Nancy et Epinal, au cours du mois de
septembre 1944.
Toutefois, l’OKW décida de faire de Metz, citadelle fortifiée, une véritable
zone de résistance, afin de permettre au reste de l’armée allemande de se
replier vers la ligne Siegfried.
Outre la résistance acharnée des Allemands, Patton fut contraint de composer
avec une météo exécrable et des problèmes d’approvisionnement. C’est ainsi
qu’il fut contraint d’ordonner une pause momentanée, reprenant l’offensive à
compter de la mi-octobre.
La libération de l'Alsace-Lorraine.
Entourant peu à peu les Allemands enfermés dans Metz, au début du mois de
novembre 1944, les troupes américaines lancèrent une nouvelle offensive le
18, parvenant à pénétrer dans la cité.
A
compter de cette date, de nombreux Allemands décidèrent de se rendre ou de
déserter, mais d’autres préférèrent continuer la lutte. Ainsi, alors que les
alliés occupaient désormais Metz, les nombreux forts avoisinant la cité et
occupés par l’ennemi ne furent réduits au silence qu’à la mi-décembre 1944.
A
compter du 18 novembre, alors que Metz ne représentait plus une menace pour
les alliés, ces derniers se dirigèrent en direction de la frontière
allemande, libérant ainsi de nombreuses villes d’Alsace.
Sarrebourg et Belfort furent libérées le 20 novembre, Strasbourg le 23, et
Mulhouse le 24.
Affiche de propagande française,
présentant un soldat français combattant aux côtés d'un Britannique et d'un
Américain, vers 1945, Mémorial Leclerc, Paris.
A
noter toutefois qu’en fin d’année 1944, l’Etat-major américain ne put
établir une ligne de front continue le long de la frontière allemande. En
effet, quelques villes, dont Wissembourg, Bitche, Colmar et Neuf-Brisach,
restaient encore sous contrôle allemand. Ainsi, plusieurs combats se
déroulèrent dans le massif des Vosges jusqu’en début d’année 1945.
En
cette fin d’année 1944, la ligne de front s’étirait sur plus de 700
kilomètres, reliant Anvers à Mulhouse.
12° L’apparition des missiles V2
(automne 1944) – Les missiles
V2[48],
conçus en 1942 sous la direction de l’ingénieur allemand Wernher von
Braun, furent opérationnels à compter de l’automne 1944.
Cette nouvelle gamme de missiles balistiques était destinée à remplacer les
V1, trop bruyants et insuffisamment rapides (700 kilomètres heures
pour le V1 contre 5 700 kilomètres heures pour le V2.). A noter toutefois
que les deux missiles ne pouvaient emporter qu’une tonne d’explosifs, ce qui
était insuffisant pour bouleverser le cours de la guerre.
Maquette grandeur nature d'un missile V2, musée des Invalides, Paris.
Le
premier tir de V2 fut lancé le 8 septembre 1944 en direction de Paris.
Explosant en banlieue, où le missile fit six morts et une trentaine de
blessés. Le même jour, un second missile frappa la capitale britannique.
Contrairement au V1, le V2 était silencieux (dépassant la vitesse du son, il
ne produisait aucun bruit à l’impact.) et trop rapide pour être intercepté
par l’aviation alliée.
Ainsi, plus de 3 000 V2 furent lancés d’ici mars 1945, frappant
principalement Anvers (1 600 missiles.) et Londres (1 300 missiles.), mais
aussi Paris, Lille, Liège, etc.
En
parallèle, 35 000 V1 sortirent des usines entre juin 1944 et mars 1945.
Toutefois, de nombreux missiles furent détruits au sol, et sur les 9 500 V1
tirés par l’armée allemande, seulement 6 000 atteignirent leur cible.
Missile V1, 1944, musée des Invalides, Paris.
En
raison de la progression des alliés, les Allemands furent contraints de
déplacer leurs rampes de lancement vers l’est. En mars 1945, quelques
semaines avant la capitulation allemande, von Braun et les 500 membres de
son équipe décidèrent de passer à l’ouest, rejoignant les lignes
américaines.
13° Le front est (1944)
– L’année 1943, sur le front est, s’était soldée sur un échec pour le
troisième Reich. En effet, non seulement la Wehrmacht n’était pas parvenue à
prendre Léningrad[49] ;
en outre, les Allemands ne parvenant pas à percer lors de leur offensive
estivale annuelle[50],
ils furent repoussés derrière le Dniepr[51].
a)
Au nord, la fin du siège de Léningrad (janvier 1944) : à compter de
la mi-janvier 1944, l’armée rouge organisa une importante offensive en vue
de reprendre l’ancienne capitale à l’ennemi.
Ainsi, suite à une importante préparation d’artillerie, les Soviétiques
lancèrent l’assaut sur les positions allemandes. Toutefois, en raison du
mauvais temps et du brouillard, ce n’est qu’à compter de la fin janvier que
l’armée rouge parvint à chasser l’ennemi à plus de cent kilomètre de
Léningrad (les Allemands furent repoussés à 250 kilomètres de la cité au
mois de mars.).
L’ancienne capitale de l’URSS était finalement libérée, après un siège long
de 31 mois, qui avait coûté la vie à 650 000 civils (à cause des
bombardements, mais surtout de la famine.). Les pertes de l’armée rouge dans
la région étaient encore plus importantes : un million de tués et
prisonniers, 2 500 000 blessés (sans compter les innombrables pertes
matérielles.).
A
noter cependant qu’en plus des colossales pertes humaines, l’on comptait
aussi d’importants dégâts matériels. Ainsi, outre les milliers de
d’habitations détruites par les bombardements, la Wehrmacht, avant de
reculer, entreprit de piller et d’incendier les palais de l’époque tsariste
se trouvant en périphérie de Léningrad.
b) Au centre, la bataille de Tcherkassy
(janvier à février 1944) : la bataille du Dniepr, comme nous
l’avons vu plus tôt, avait permis aux Soviétiques d’établir plusieurs têtes
de pont à l’ouest du fleuve, prenant Kiev et d’autres cités de la région.
A
noter que l’objectif de la Stavka était d’éviter que l’ennemi ne parvienne à
se réfugier derrière la ligne Panther-Wotan, reliant
Narva-Vitebsk-Kiev-Ekaterinoslav-Melitopol.
Etant parvenus à progresser de plusieurs kilomètres dans la région de
Tcherkassy, à 120 kilomètres au sud-est de Kiev, les Soviétiques étaient
parvenus à créer un saillant dans la ligne de défense ennemie, entourant la
cité de Korsun (à une soixantaine de kilomètres à l’ouest de Tcherkassy.).
Joukov, qui avait été promu maréchal en janvier
1943, décida alors d’encercler le saillant ennemi, promettant à Staline un
nouveau Stalingrad. Côté allemand, si le général von Manstein était
partisan de la défense en profondeur (recul en bon ordre puis contre-attaque
contre les armées moins protégées.), Hitler ordonna, une fois encore, que
les troupes bloquées dans Korsun combattent jusqu’à la mort.
Les Soviétiques, refermant la poche, encerclaient ainsi près de 60 000
Allemands. D’ici le mois de février 1944, l’étau se referma peu à peu,
l’ennemi ne disposant plus à cette date que d’un territoire comptant une
dizaine de kilomètres autour de Korsun.
Toutefois, von Manstein reçut l’aval d’Hitler pour lancer une contre-attaque
en direction des positions ennemies. Toutefois, alors que le général
allemand souhaitait percer une ouverture dans la poche de Korsun, le Führer
exigeait que la contre-offensive parvienne à encercler les armées
soviétiques.
Ne
disposant cependant pas des forces nécessaires pour l’emporter contre
l’armée rouge, von Manstein ordonna à la division SS Leibstandarte Adolf
Hitler d’opérer une percée en direction de Korsun.
A
la mi-février, malgré la météo désastreuse et un terrain boueux, les deux
armées allemandes se rencontrèrent à Lysyanka, à une trentaine de kilomètres
à l’ouest de Korsun. Les soldats valides parvinrent à s’enfuir de la poche,
laissant derrière eux les blessés ainsi que d’importantes quantités de
matériel.
Joukov, comprenant qu’il avait été joué, lança ses troupes en direction de
Lysyanka, faisant poursuivre les fuyards par les chars T-34 et
JS-2[52](il s’agissait de blindés dérivés du
modèle KV, conçus en cours d’année 1943, destinés à riposter contre les
Tigre allemands.).
Puis, le reste de la poche de Korsun fut réduit à néant par les Soviétiques.
Tank JS-2.
Au
final, la bataille de Tcherkassy fit 30 000 tués, blessés et
prisonniers côté allemand ; contre 25 000 tués et 50 000 blessés côté
soviétique.
c) Au sud, les offensives de Crimée et
d’Ukraine (avril à mai 1944) : profitant du recul allemand sur le
Dniepr, la Stavak décida de lancer une grande offensive contre la Crimée et
l’Ukraine au printemps 1944.
Se dirigeant contre la Crimée (région que la
Wehrmacht avait conquise à l’été 1943.), les Soviétiques, en nette
supériorité numérique, contraignirent l’ennemi à se retirer vers Sébastopol
à la mi-avril 1944.
Ayant reçu l’ordre de L’OKW de conserver la
forteresse coûte que coûte (l’objectif était de fixer l’ennemi en Crimée
pour une durée indéterminée.), les Allemands opposèrent une vive résistance
à l’ennemi. Toutefois, comme la Wehrmacht manquait de ravitaillement,
Sébastopol fut prise le 9 mai 1944.
Au même moment, une offensive contre l’Ukraine
permit à l’armée rouge de libérer une immense bande territoriale, reliant
les marais du Pripiat à Odessa : soit près de 200 000 kilomètres carrés.
Si au nord, les Allemands tenaient toujours la
région de Minsk et de Vitebsk, au sud, ils furent contraints de se replier
sur une ligne Brest-Lvov-Chisinau.
14° L’opération Bagration (juin à
août 1944) – Depuis le début de l’année 1944, la Wehrmacht
reculait partout : au nord, Léningrad avait été libérée en janvier ; au
centre, la bataille du Dniepr avait contraint les Allemands à reculer de plusieurs kilomètres, avant d’être chassés hors d’Ukraine au printemps ; au
sud, la Crimée avait été libérée en mai, les Soviétiques parvenant à
progresser jusqu’en Roumanie.
a)
La préparation de l’opération Bagration (printemps 1944) : la
situation du troisième Reich, déjà préoccupante, devint précaire à compter
de l’été 1944. En effet, à cette date, les alliés avaient débarqué en
Normandie et en Provence, progressant peu à peu vers les frontières
allemandes.
Ainsi, contrairement aux années précédentes, l’OKW ne fut pas en mesure
d’organiser une grande offensive estivale à l’été 1944.
Au
contraire, alors que l’armée rouge était de mieux en mieux équipée, la
Stavka décida d’organiser l’opération
Bagration[53]à compter du 22 juin 1944, soit trois
ans jour pour jour après le déclenchement de l’opération Barbarossa.
Cette offensive était dirigée contre la Biélorussie, au nord, région
toujours entre les mains de l’ennemi. L’objectif final de l’opération
Bagration était de chasser définitivement les Allemands hors d’URSS.
Côté allemand, l’OKW était persuadé que l’ennemi attaquerait en direction de
Lvov et Lublin (suite à une opération d’intoxication communiste.), et avait
donc transféré 80% des divisions blindées dans la région.
Ainsi, alors que la Wehrmacht était inférieure à l’armée rouge d’un point de
vue numérique (et quasiment technologique.), la ligne de front biélorusse
était déjà affaiblie avant même le début de l’offensive soviétique.
b)
Première sur la ligne de front, la bataille de Vitebsk (22 au 27 juin
1944) : l’opération Bagration fut déclenchée dans la soirée du 22 juin
1944, l’armée rouge procédant à une intensive préparation d’artillerie
contre les positions allemandes de Vitebsk. Outre les canons, les
bombardiers soviétiques larguèrent plusieurs centaines de tonnes de bombes
sur les positions ennemies.
Les officiers allemands, soucieux de contrecarrer l’attaque ennemie,
pensaient qu’il serait préférable de reculer vers la Bérézina, rivière
située 150 kilomètres à l’ouest. Toutefois, Hitler refusa une fois encore
tout repli, ordonnant à la Wehrmacht de défendre le moindre pouce de
terrain.
Les Allemands qui défendaient Vitebsk, ne pouvant faire face à l’offensive
soviétique, furent rapidement pris en tenaille par l’ennemi. Ainsi, alors
que les troupes allemandes étaient encerclées dans Vitebsk, les Soviétiques
attaquèrent Orcha et Moghilev, à 150 kilomètres au sud. Le 25 juin, l’armée
rouge attaqua aussi Babrouïsk, à 150 kilomètres au
sud-est de Minsk.
Le 27 juin, les Allemands enfermés dans Vitebsk furent
contraints de déposer les armes, n’ayant pas réussi à percer les lignes
ennemies. Le même jour, les Soviétiques prirent Orcha, Moghilev et
Babrouïsk.
Le lendemain, le général Ernst Busch, qui
commandait l’armée allemande, fut limogé et remplacé par le maréchal Walter Model[54],
un proche du Führer.
Le général Walter Model.
c)
La poursuite de l’opération Bagration, la libération de Minsk (27 juin au
3 juillet 1944) : à compter de cette date, l’armée rouge avança en
direction de Minsk, traversant la Bérézina à la fin juin. A noter que la
Wehrmacht, tentant brièvement d’établir une nouvelle ligne de défense sur le
fleuve, fut contrainte d’abandonner ce projet en raison de la rapide
progression des Soviétiques.
L’ennemi ayant reculé de 150 kilomètres en l’espace d’une semaine, la Stavka
décida de lancer deux offensives supplémentaires, au nord et au sud de
Minsk, visant Kaunas et Varsovie.
Début juillet, malgré l’arrivée de troupes fraîches en provenance
d’Allemagne et de France, la Wehrmacht ne parvint pas à stopper la
progression de l’ennemi. Début juillet 1944, alors que les Soviétiques
commençaient à encercler Minsk, ils s’emparèrent de Stolbtsy, à 75
kilomètres à l’ouest de la capitale biélorusse, coupant ainsi le chemin de
fer reliant Minsk à Varsovie.
Le
3 juillet 1944, les Soviétiques pénétrèrent finalement dans Minsk, réduite à
l’état de gravats par les Allemands. Ces derniers avaient chassé les
habitants de la ville, installé un ghetto juif, et détruit la quasi-totalité
des infrastructures de Minsk.
La bataille de Minsk.
d)
Combats dans les Pays-Baltes et en Pologne (4 au 28 juillet 1944) :
plus au nord, les Soviétiques parvinrent à s’emparer de Polotsk le 4
juillet, à une centaine de kilomètres à l’ouest de Vitebsk.
Prenant Dvinsk, Vilnius et Kaunas pendant l’été 1944, l’armée rouge
continua sa progression vers les Pays-Baltes, menaçant Riga.
Au
sud, l’armée rouge s’attaqua à la frontière polonaise, prenant Lublin le 24
juillet et Brest-Litovsk le 28. Par la suite, les Soviétiques poursuivirent
leur progression vers l’ouest, ne se trouvant plus qu’à quelques kilomètres
de Varsovie et de Cracovie à la fin août.
Côté allemand, si la défaite était sévère, elle aurait pu être bien plus
dramatique si le maréchal Model n’avait pas reçu l’autorisation du Führer de
faire reculer ses troupes. En effet, Hitler commit à de nombreuses reprises
l’erreur de privilégier une défense statique et jusqu’au-boutiste,
particulièrement meurtrière pour la Wehrmacht.
e)
Le bilan de l’opération Bagration : l’opération Bagration, qui avait
permis à l’armée rouge de progresser de 600 kilomètres en l’espace de deux
mois, fut un revers majeur pour le troisième Reich.
Outre les pertes territoriales, les Allemands comptaient 300 000 tués, 120
000 blessés et 150 000 prisonniers (sans compter les dégâts matériels.). A
noter toutefois que les pertes soviétiques étaient elles aussi importantes :
180 000 tués et disparus, plus 600 000 blessés.
Par ailleurs, la libération des régions de Biélorussie, sous domination
allemandes depuis 1941, avaient été ravagées par l’occupant. Ainsi, en plus
des nombreux dégâts matériels, et de la destruction de la quasi-totalité de
l’appareil industriel et agricole, l’on comptait plusieurs millions de
slaves et de juifs tombés sous les balles des Einsatzgruppen.
Ainsi, suite à la conquête de la moitié est de la Pologne, les Soviétiques
libérèrent les camps d’exterminations érigés dans la région à compter de
1942 : Sobibor, Belzec, Treblinka, et Lublin.
Le front est (août 1943 à décembre 1944).
15° L’insurrection de Varsovie, la
reddition de la Roumanie, de la Bulgarie, de la Hongrie, de la Yougoslavie
et de l’Albanie (août à novembre 1944) – En raison de la
rapide avancée des troupes soviétiques, les opposants au nazisme décidèrent
de prendre les armes. C’est ainsi que deux insurrections furent organisées
en août 1944, à Varsovie, capitale de la Pologne, et à Bucarest, capitale de
la Roumanie.
a)
L’insurrection de Varsovie (1er août au 2 octobre 1944) :
l’Armia Krajowa[55],
le plus grand mouvement de résistance polonais, avait participé à la prise
de Kowno et de Vilnius, aux côtés des Soviétiques. Toutefois, les résistants
polonais furent bien mal récompensés par la Stavka, qui contraignit ces
derniers à rejoindre l’armée rouge, déportant au
goulag[56]
ou exécutant les plus indisciplinés.
Afin d’apparaître en position de force face à l’URSS, alors que les
Soviétiques n’étaient qu’à quelques kilomètres de Varsovie, l’Armia Krajowa
décida de déclencher une insurrection dans la capitale polonaise, le 1er
août 1944.
L’offensive débuta dans l’après-midi, lorsque les résistants polonais firent
sauter une bombe dans le quartier général de la Gestapo. Toutefois, si à
cette date la Wehrmacht n’était guère en mesure de riposter face aux
Soviétiques, elle n’eut guère de mal à mater la résistance polonaise.
Ainsi, l’Armia Krajowa ne parvint pas à s’emparer de la rive droite de la
ville, solidement défendue par l’ennemi ; les SS, opérant une vive
contre-attaque à compter du 4 août, massacrèrent plus de 50 000 civils dans
le quartier de Wola, au nord-ouest de Varsovie.
Toutefois, alors que les Allemands pensaient que les exécutions massives de
civils contraindraient l’AK à déposer les armes, les résistants polonais
décidèrent au contraire de poursuivre la lutte contre l’occupant[57].
Ne
disposant ni de l’aide de l’armée rouge, ni d’armes lourdes, ni de blindés,
ni de soutien aérien, les Polonais combattirent dans les vieux quartiers,
sur la rive ouest, jusqu’à la fin août, avant de se retirer plus au sud.
Les Allemands, quant à eux, avaient pour consigne d’exécuter les résistants
tombés entre leurs mains, mais aussi d’achever les blessés et le personnel
soignant.
L'insurrection de Varsovie.
Encerclés dans les quartiers du sud-ouest, les résistants polonais,
incapable de poursuivre la lutte, furent finalement contraints de déposer
les armes le 2 octobre 1944.
A
noter que les combattants de l’AK obtinrent un statut de prisonnier de
guerre lors de leur reddition, ce qui leur permit d’être emprisonnés plutôt
que d’être passés par les armes en tant que criminels de droit commun.
L’insurrection
de Varsovie fut relativement coûteuse en vies humaines, l’AK comptant
15 000 tués et disparus, 5 000 blessés, 15 000 prisonniers, et plus 200 000
victimes civiles. Côté allemand, l’on déplorait 15 000 tués et disparus,
ainsi que 9 000 blessés.
Outre les pertes humaines, les pertes matérielles étaient elles aussi
colossales. Alors que la cité avait déjà souffert du siège de 1939 et de la
liquidation du ghetto de 1943, plus de la moitié des quartiers de la ville
furent détruits pendant et après l’insurrection.
Les habitants de Varsovie, quant à eux, furent en grande partie déportés
dans des camps de concentration.
b)
La reddition de la Roumanie (23 août au 12 septembre 1944) : comme
nous l’avons vu plus tôt, la Roumanie, dépecée[58],
avait réclamé la protection allemande en novembre 1940.
A
cette date, le pays était dirigé par le général
Ion Antonescu[59],
qui, au lendemain de sa nomination en tant que premier ministre par le roi
Charles II[60],
avait organisé un coup d’Etat (5 septembre 1940.).
Antonescu, se surnommant le « Pétain roumain », collabora avec l’Allemagne
nazie, envoyant des soldats roumains en URSS, et développant une politique
ouvertement antisémite.
Ion Antonescu (à gauche) et Charles II de
Roumanie (à droite).
Toutefois, en raison des revers allemands sur le front est, la popularité
d’Antonescu, déjà en berne, ne fit que s’effriter d’avantage. Alors qu’au
printemps, l’armée rouge avait occupé la pointe nord de la Roumanie, le roi
Michel I°, fils de Charles II, multiplia les contacts avec les partis
politiques et la résistance. Le 23 août 1944, il ordonna donc l’arrestation
d’Antonescu, déclarant la guerre à l’Allemagne nazie dès le lendemain.
Michel I° de Roumanie.
Toutefois, aucun traité n’ayant été signé avec les alliés, l’armée rouge
poursuivit son avancée en Roumanie, et le pays fut à la fois bombardé par la
Luftwaffe, l’US Air Force, et les bombardiers soviétiques.
Ce
n’est qu’à la mi-septembre 1944 qu’un armistice fut signé par Michel I°, le
traité, dicté par les Soviétiques, faisant de la Roumanie un Etat satellite
de l’URSS.
c)
La reddition de la Bulgarie (septembre 1944) : si à la mi-août 1944,
l’armée rouge s’était arrêtée aux portes de Varsovie, elle lança une
importante offensive en direction des Balkans jusqu’en fin d’année.
La
Roumanie ayant déposé les armes à compter de la fin août, les Soviétiques
traversèrent ce pays en direction de la Bulgarie, pays membre de l’Axe.
A
cette date, le pays était dirigé par le prince Cyril, qui exerçait la
régence au nom de son neveu, le jeune
Siméon II[61].
A
noter toutefois que la Bulgarie de 1944 était bien moins impliquée dans le
conflit que la Bulgarie de 1918. Ainsi, le défunt souverain Boris III,
père de Siméon II, s’était opposé à de nombreuses reprises à Hitler (refus
de participer à l’offensive contre la Grèce, refus de déclarer la guerre à
l’URSS, refus de déporter les juifs bulgares, etc.).
Alors que les Soviétiques pénétraient en
Bulgarie, un coup d’Etat, fomenté par les communistes bulgares et des
politiciens pro-soviétiques, éclata à Sofia le 9 septembre 1944.
Le régent Cyril fut déposé et emprisonné, mais
Siméon II, ne représentant pas une menace, fut autorisé à converser sa
couronne.
d)
La reddition de la Hongrie ? (octobre à décembre 1944) : la Hongrie,
membre du Pacte d’acier, était l’un des principaux alliés de l’Allemagne[62].
Toutefois, les défaites sur le front est et les importantes pertes de
l’armée hongroise entraînèrent une vague de protestations à Budapest.
L’amiral Miklos Horthy de Nagybánya, régent du royaume depuis 1920[63],
avait établi une dictature en Hongrie. Toutefois, bien qu’ayant adopté plusieurs décrets antisémites et participé aux offensives allemandes en
Europe, Horthy avait entamé des négociations de paix avec les alliés dès
1942.
Hitler, se méfiant de cet encombrant allié, fit alors envahir la Hongrie en
mars 1944, le nouveau gouvernement hongrois étant placé sous la tutelle d’un
gouverneur militaire allemand.
L'amiral Miklos Horthy.
L’amiral Horthy, placé en résidence surveillé mais conservant sa charge de
régent, décida toutefois de signer une paix séparée avec les Soviétiques le
15 octobre 1944, ces derniers ayant envahi la Hongrie le mois précédent.
Toutefois, Hitler n’apprécia guère ce renversement des alliances, qui
menaçait la retraite d’un millions de soldats allemands combattant dans les
Balkans.
Le
Führer organisa alors l’opération Panzerfaust, faisant appel au
Sturmbannführer Otto Skorzeny, pour enlever le fils de Horthy. L’amiral,
placé devant le fait accompli, fut alors contraint de dénoncer l’armistice,
dissoudre le gouvernement et démissionner de sa charge de régent.
Otto Skorzeny.
Début novembre, le Parlement confia à Ferenc Szalasi, chef du
parti des Croix fléchées (il s’agissait d’une mouvance fasciste proche
du nazisme.), la double fonction de premier ministre et chef de l’Etat.
Cependant, le gouvernement Szalasi rencontra rapidement d’importantes
difficultés, Budapest, la capitale de la Hongrie, étant assiégée par l’armée
rouge à compter de la fin décembre 1945.
Défilé des Croix fléchées.
e)
La reddition de la Yougoslavie (octobre 1944) : comme nous l’avons vu
précédemment, la Yougoslavie, hostile au troisième Reich, avait été envahie
et dépecée au printemps 1941. Plusieurs entités semi-autonomes avaient alors
fait leur apparition : l’Etat indépendant de Croatie (regroupant la Croatie
ainsi que la Bosnie-Herzégovine.) ; le Gouvernement de salut national, en
Serbie ; et le Royaume du Monténégro.
Le
roi Pierre II ayant été contraint à l’exil, deux factions résistantes
combattaient pour le contrôle de la Yougoslavie : les monarchistes de
Dragoljub Mihailović et les communistes de Tito.
A l’origine, les alliés furent plus enclins à
apporter leur soutien aux monarchistes, alors que Pierre II se trouvait à
Londres (Staline ne s’y opposa pas, n’étant pas en position de force au
début de la guerre.). Toutefois, au fil des mois, les alliés se
rapprochèrent peu à peu des partisans communistes, qui reçurent
d’importantes quantités d’armes à compter de l’été 1943.
En
novembre de la même année, Tito donna naissance à la Fédération
démocratique de Yougoslavie, embryon d’Etat yougoslave installé dans les
régions libérées par la résistance.
En janvier 1944, Pierre II reconnu l’autorité de
Tito, acceptant de former un gouvernement de coalition.
L’armée rouge, occupant la Roumanie et la
Bulgarie depuis l’été 1944, lança une offensive contre la frontière est de
la Yougoslavie à la fin octobre. Le 20, Tito et ses partisans organisèrent
un coup d’Etat à Belgrade, facilitant la progression des troupes
soviétiques.
D’ici la fin de l’année, l’armée rouge s’empara
de la Serbie et de la Macédoine, menaçant désormais l’Etat
indépendant de Croatie et la Hongrie.
f)
La reddition de l’Albanie (novembre 1944) : l’Albanie, devenue
protectorat italien en 1939, avait été occupée par l’Allemagne dès septembre
1943, suite à la déchéance de Mussolini.
Tout comme en Yougoslavie, le souverain albanais, Zog I°, avait été
contraint de s’exiler. Par ailleurs, deux factions résistantes combattaient
pour le contrôle de l’Albanie : les zoguistes d’Abaz
Kupi[64],
monarchistes, anti-italiens et anti-communistes, ainsi que les communistes
d’Enver Hoxha[65].
Abaz Kupi (à gauche) et Enver Hoxha (à
droite).
Ce
dernier, nommé secrétaire général du parti communiste albanais en 1941,
accepta de fonder le mouvement de Libération nationale en septembre
1942, de concert avec les monarchistes d’Abaz Kupi.
Cet organisme de résistance fut toutefois peu à peu noyauté par les
communistes, qui parvinrent à prendre le pouvoir en novembre 1943, excluant
Kupi du MLN.
Puis, en mai 1944, alors que l’armée rouge approchait, le mouvement de
Libération nationale fut transformé en gouvernement provisoire, donc Hoxha
fut nommé premier ministre.
L’Albanie, envahie en novembre 1944 par l’armée rouge, devint elle aussi un
Etat satellite de l’URSS.
g)
La conférence de Moscou (octobre 1944) : alors que l’armée rouge
prenait peu à peu le contrôle des pays d’Europe de l’est, une conférence
internationale fut organisée à Moscou en octobre 1944.
Y
participèrent Churchill, premier ministre britannique, et Staline.
L’objectif de cette réunion était de délimiter les sphères d’influence
occidentales et soviétiques dans les Balkans à l’issue de la seconde guerre
mondiale.
Churchill et Staline conclurent finalement un accord prévoyant une série de
« taux d’influence » dans les pays concernés, coupé de toute réalité
territoriale.
Ainsi, il fut décidé que la Hongrie et la Yougoslavie serait partagées à 50%
entre les deux blocs ; la Roumanie et la Bulgarie deviendraient des Etats
satellites de l’URSS (alors que les communistes y étaient minoritaires.) ;
enfin, la Grèce resterait dans la sphère d’influence occidentale (alors que
les communistes y étaient majoritaires.).
Toutefois, si Churchill considérait que cet accord serait provisoire,
prenant fin à l’issue du second conflit mondial, Staline s’en servit pour
pérenniser son influence en Europe de l’est.
16° La guerre de continuation
(1944) – Depuis décembre 1941, date à laquelle le
gouvernement finlandais avait fait reculer son armée sur les frontières de
1939, la Finlande avait multiplié les pourparlers avec Washington et Moscou.
Toutefois, Staline ayant des vues sur la Finlande, il fit en sorte de faire
traîner les négociations.
a)
La fin de la guerre de continuation (janvier à juin 1944) : faisant
face à une offensive soviétique dirigée contre la Carélie, en juin 1944, les
Finlandais, ne disposant pas d’armes antichars, ne purent guère s’opposer à
l’avancée ennemie.
Von Ribbentrop, ministre des Affaires étrangères du troisième Reich, accepta
alors de fournir des armes antichars à l’armée finlandaise, à condition que
le gouvernement finlandais cesse ses pourparlers avec les alliés.
L’accord fut entériné à la fin juin 1944, alors que l’armée finlandaise
avait reculé d’une centaine de kilomètres.
La guerre de continuation (1944).
b)
L’armistice de Moscou (19 septembre 1944) : toutefois, alors que les
Allemands évacuaient l’Estonie, le maréchal Mannerheim, nommé président de
Finlande, décida d’ouvrir des négociations avec l’URSS.
Suite à un cessez le feu organisé à compter du 4 septembre, Mannerheim signa
le 19 l’armistice de Moscou. Le texte prévoyait un retour aux
frontières de 1940 (l’URSS récupérait le Carélie, la région de Sala et la
péninsule de Kalastajansaarento.) ; la Finlande rétrocédait à Moscou la
région de Petsamo, dernier accès finlandais à la mer de Barents ; le port de
Porkkala était loué aux Soviétiques pour une durée de 50 ans[66] ;
l’armée rouge était autorisé à traverser le territoire finlandais ; l’armée
finlandaise devait être démobilisée et les troupes allemandes présentes en
Finlande chassées du territoire ; enfin, le gouvernement finlandais devait
verser 300 millions de dollars d’indemnités de guerre et légaliser le parti
communiste de Finlande[67].
La Finlande suite à l'armistice de Moscou.
c)
La guerre de Laponie (septembre à décembre 1944) : comme le stipulait
l’armistice de Moscou, les troupes allemandes installées en Finlande
devaient être chassées du territoire.
C’est ainsi que débuta la guerre de Laponie, en septembre 1944.
Les Allemands, remontant vers le nord du pays, soucieux de rejoindre la
Norvège, adoptèrent une politique de terre brûlée lors de leur retraite. Ces
derniers multiplièrent les exactions à l’encontre des populations civiles,
détruisant en chemin de nombreux villages.
Par ailleurs, comme l’armée finlandaise devait être démobilisée, la
poursuite de l’ennemi se fit dans de mauvaises conditions.
17° La campagne d’Italie, la
bataille du mont Cassin (janvier à mai 1944) – Comme nous
l’avons vu précédemment, il avait été décidé lors de la conférence de
Téhéran, en fin d’année 1943, que l’essentiel des forces alliées serait
employé en France et non plus en Italie. De ce fait, si les alliés en Italie
combattirent à effectifs complets jusqu’à l’été 1944, de nombreuses unités
furent envoyées en France à compter de cette date.
Les fortifications italiennes.
a)
De la ligne Volturno à la ligne Gustave (octobre 1943 à janvier 1944)
: en octobre 1943, les alliés se trouvaient devant la ligne Volturno,
reliant Castel Volturno à Termoli. Faisant face à une vive offensive alliée,
le maréchal Albert Kesselring[68]ordonna à ses troupes de se replier au
nord, sur la ligne Barbara, à la mi-octobre 1943, puis sur la ligne
Gustave, au début du mois de novembre.
la maréchal Albert Kesselring.
La
ligne Gustave, reliant Gaète à Ortona, était la ligne défensive la mieux
fortifiée d’Italie. Cette dernière était parsemée de blockhaus, de nids de
mitrailleuses, de barbelés, de mines, etc.
Pour les alliés, l’objectif était de prendre le mont Cassin, à 50 kilomètres
au nord-est de Gaète, seule route menant à Rome. A noter que la zone
abritait un monastère bénédictin, érigé au VI° siècle après Jésus-Christ.
b)
Première phase de la bataille du mont Cassin (17 janvier au 11 février
1944) : Depuis 1943, les alliés étaient commandés par le général
britannique Alexander, à la tête du 15° groupe d’armées. Cette unité était
composée de la VIII° Armée britannique, commandée par le général Oliver
Leese (ce dernier avait remplacé Montgomery, participant à la bataille
de Normandie.) ; et la V° Armée américaine, commandée par le général Mark
Wayne Clark.
Le général Oliver Leese.
Au
début du mois de janvier 1944, l’Etat-major ordonna à la RAF de bombarder la
position ennemie, lançant une grande offensive contre la ligne Gustave à
compter du 17.
Les troupes américaines devaient attaquer les positions ennemies, depuis la
côte jusqu’au mont Cassin, alors que le
corps expéditionnaire français[69]
devait contourner la ligne Gustave par le nord, en traversant le fleuve
Rapido.
A
noter que l’objectif de l’Etat-major n’était pas tant de percer les
positions ennemies mais plutôt d’attirer leur attention, alors que se
préparait le débarquement d’Anzio, à 70 kilomètres au nord.
Au
sud, les troupes américaines parvinrent à franchir le Garigliano, mais
furent rapidement bloquées par l’ennemi (sentant le danger, Kesselring avait
retiré deux divisions de Rome pour renforcer la ligne Gustave.).
Si
au centre, les alliés ne parvinrent pas à avancer, déplorant d’importantes
pertes, les Français parvinrent à s’emparer de plusieurs sommets à dix
kilomètres au nord du mont Cassin. Toutefois, le général Juin n’ayant pas
reçu de renforts, il ne put poursuivre son offensive.
Canon de 105 mm américain équipant les armées françaises en Italie, musée de
l'Infanterie, Montpellier.
S’appuyant sur les positions tenues par le CEF, les Américains descendirent
peu à peu en direction du mont Cassin, se trouvant à 300 mètres de la
position ennemie le 11 février 1944. Les alliés, ne parvenant pas à prendre
d’assaut le monastère, furent alors contraints de se retirer.
c)
L’opération Shingle et la contre-offensive allemande (22 janvier au 29
février 1944) : alors que la bataille du mont Cassin faisait
rage, le général Alexander organisa l’opération Shingle, prévoyant un
débarquement à Anzio, à 70 kilomètres au nord de la ligne Gustave.
L’objectif était d’attaquer l’ennemi sur ses arrières, afin de faciliter la
progression des alliés vers le nord de l’Italie.
Britanniques et Américains, débarquant à Anzio le 22 janvier peu après
minuit, ne rencontrèrent guère de résistances. Ainsi, le port de la ville
fut rapidement capturé, et les alliés s’emparèrent de Nettuno, à quelques
kilomètres à l’est.
Toutefois, le général américain John Porter Lucas, qui commandait
l’opération, craignit que le manque de résistance de l’ennemi ne soit un
piège. Ainsi, plutôt que de poursuivre sa route, il préféra consolider la
tête de pont à Anzio.
Le débarquement d'Anzio.
Le
maréchal Kesselring, apprenant à l’aube du 22 que les alliés avaient
débarqué, ordonna à ses troupes d’encercler la tête de pont ennemie. Une
première contre offensive allemande, programmée pour le 28 janvier, fut
finalement reportée au 1er février 1944.
Alors que les alliés avaient progressé d’une dizaine de kilomètres vers le
nord, s’installant sur une ligne Aprilia-Cisterna, ils subirent une
importante contre attaque allemande.
Toutefois, bien que reculant de quelques kilomètres, les alliés parvinrent à
conserver leurs positions.
L’offensive allemande se poursuivit jusqu’à la fin février, malgré un
épuisement constant des troupes, Hitler ayant ordonné à Kesselring de
détruire la tête de pont.
d)
Deuxième phase de la bataille du mont Cassin (15 au 18 février 1944) :
à la mi-février 1944, l’Etat-major britannique décida de détruire le
monastère du mont-Cassin, considéré comme une forteresse occupée par les
Allemands. Malgré l’opposition du général Clark, 150 B-17 et B-25 larguèrent
un millier de bombes incendiaires sur la zone, réduisant le monastère en
ruines.
Le mont Cassin et le monastère en ruines.
La
destruction de l’abbaye du mont Cassin, vieille de 14 siècles, fut vivement
critiquée par le Vatican, s’autant que la zone n’était pas occupée par les
Allemands. A noter toutefois que les archives du monastère, évacuées par les
moines quelques semaines, échappèrent ainsi à la destruction.
A l’aube du 16 février, les alliés lancèrent une nouvelle offensive sur les
collines au nord du mont Cassin, déplorant d’importantes pertes. Les combats
se déroulèrent jusqu’au 18, mais s’achevèrent sur un échec.
e)
Troisième phase de la bataille du mont Cassin (15 au 23 mars 1944) :
pour cette troisième offensive, le général Alexander décida de lancer une
attaque combinée sur le mont Cassin et la ville de Cassino.
Cette nouvelle attaque, prévue pour la fin février 1944, fut toutefois
reportée au 15 mars, en raison du mauvais temps.
Suite à une intense préparation d’artillerie débutée à 8 heures du matin,
les troupes alliées partirent à l’assaut des positions ennemies. Toutefois,
la pluie commença à tomber, handicapant grandement la progression des
assaillants.
Le
19, alors que les alliés se trouvaient à 250 mètres de l’abbaye, ils furent
repoussés par les Allemands ; à la même date, l’assaut sur Cassino se révéla
infructueux.
Les ruines de Cassino.
L’offensive, s’achevant une fois encore sur un échec, fut stoppée le 23 mars
1944.
f)
Quatrième phase de la bataille du mont Cassin, l’opération Diadem (11 au
17 mai 1944) : alors que les conditions météorologiques se faisaient
plus clémentes, avec l’arrivée du printemps, le général Alexander planifiait
l’opération Diadem.
Le
déroulement de cette quatrième offensive contre le mont Cassin devait
s’effectuer sur deux fronts : au sud, le CEF devait attaquer les positions
ennemies depuis les têtes de pont installées sur le Garigliano, en janvier
dernier ; au même moment, les alliés devaient encercler les derniers
Allemands retranchés sur le mont Cassin.
Afin de mener à bien cette offensive, le général Alexander propagea de
fausses informations sur un débarquement allié à Civitavecchia, à 70
kilomètres à l’ouest de Rome. Kesselring, souhaitant empêcher les alliés de
débarquer, envoya alors plusieurs unités dans la région.
Au
soir du 11 mai 1944, une intense préparation d’artillerie fut organisée, les
troupes alliées partant à l’assaut peu après minuit.
Les Français, parvenant à percer la ligne ennemie, progressèrent rapidement
dans les monts Aurunci, avançant vers l’ouest. Au centre, par contre, les
combats autour du mont Cassin se poursuivirent pendant trois jours, les
Allemands opposant une résistance acharnée aux Britanniques et aux
Américains.
Le
13 mai, le maréchal Kesselring ordonna à ses troupes de se replier vers la
ligne Hitler, traversant les monts Aurunci, à quelques kilomètres à
l’ouest.
A
noter toutefois que les goumiers
marocains[70],
entraînés au combat alpin, menaçaient toutefois cette nouvelle ligne de
défense, ayant rapidement progressé sur un terrain jugé impraticable par les
Allemands.
Goumiers en tenue d'été (à gauche), tenue d'hiver (à droite), musée de
l'Infanterie, Montpellier.
Malgré le recul ordonné par Kesselring, près de 200 Allemands continuèrent
le combat dans les ruines de l’abbaye. Ces derniers, à cours de
ravitaillement, ne se retirèrent qu’à compter du 17 mai au soir. Le
lendemain, l’ancien monastère fut pris sans combats par une unité polonaise.
Reconstitution des combats livrés par les goumiers en Italie, le 11 mai
1944, musée de l'Infanterie, Montpellier.
g)
Bilan de la bataille de mont Cassin : après plus de cinq mois de durs
combats, les alliées avaient finalement réussi à s’emparer du mont Cassin,
perçant la ligne Gustav.
Toutefois, les pertes étaient colossales dans les deux camps. Ainsi, les
alliés comptaient 55 000 tués et blessés, contre 20 000 tués et blessés côté
allemand (sans compter les pertes matérielles.).
A
noter par ailleurs que le général Alexander n’avait pas réussi à encercler
l’ennemi ou à l’éliminer, les troupes de Kesselring ayant reculé en bon
ordre, dans l’attente de livrer un nouveau combat.
Ainsi, en raison des pertes en vies humaines et des nombreuses destructions
ayant été commises pendant l’affrontement (destruction de l’abbaye.), la
bataille du mont Cassin peut être considérée comme une victoire à la Pyrrhus[71].
A
noter par ailleurs que plusieurs incidents vinrent émailler la victoire
alliée, les troupes marocaines étant accusées d’avoir commis de multiples
viols après la victoire (accompagnés parfois de vols, violences et
meurtres.).
Si
l’on ne peut renier que de nombreuses femmes furent violées dans la région
de mont Cassin, il convient toutefois de minorer les chiffres. En effet, non
seulement les autorités italiennes versaient une prime à chaque plainte
déposée ; en outre, il semblerait que de nombreux viols furent effectués non
par des Marocains mais par des Américains.
Soldat du 6° régiment de tirailleurs
marocains, musée de l'Infanterie, Montpellier.
Les chiffres officiels font aujourd’hui état de 2 000 viols et 700 meurtres
(contre 60 000 plaintes au lendemain de la seconde guerre mondiale.).
18° La marche vers Rome (mai à
juin 1944) – Alors que les Allemands s’étaient réfugiés
derrière la ligne Hitler, les alliés installés dans la poche d’Anzio
lancèrent une importante offensive sur les arrières de l’ennemi.
a)
De la ligne Hitler à la ligne César (24 mai 1944) : la ligne Hitler,
comme nous l’avons vu plus tôt, était une portion de la ligne Gustave,
traversant les monts Aurunci (à noter que cette fortification fut
inopinément rebaptisée ligne Senger[72]par le Führer lui-même, qui ne
souhaitait pas attacher son nom à cette ligne de défense sur le point de
tomber.).
Comme une offensive immédiate n’était pas possible, le général Alexander
décida de temporiser, réorganisant la ligne de front d’ici la fin mai.
Une nouvelle offensive, lancée le 24 mai, parvint à percer la ligne ennemie.
Kesselring ordonna alors une nouvelle retraite le lendemain, cette fois-ci
dirigée vers la ligne César, reliant Rome à Pescara.
b)
Seconde phase du débarquement d’Anzio, l’opération Buffalo (23 au 30 mai
1944) : à Anzio, le général Lucas avait été limogé courant février 1944,
lors des derniers jours de la contre-attaque allemande (il fut remplacé par
le général américain Lucian King Truscott.).
Les Allemands n’ayant pas réussi à réduire la tête de pont, les alliés
reçurent d’importants renforts courant mars, 150 000 soldats se trouvant
désormais dans la poche d’Anzio.
De
concert avec le général Alexander, Truscott élabora l’opération
Buffalo[73],
prévoyant une attaque sur Cisterna, prise par l’ennemi en février 1944, puis
une avancée vers Valmontone, coupant ainsi la seule route de repli des
Allemands.
A
l’aube du 23 mai, une intense préparation d’artillerie fut effectuée, les
alliés partant à l’assaut peu de temps après.
Les combats autour de Cisterna furent particulièrement violents, les
Britanniques et les Américains perdant cent blindés et un millier d’hommes
en l’espace d’une journée. Toutefois, le village fut pris le 25, et les
Allemands ayant refusé de se retirer furent peu à peu éliminés.
Toutefois, le 26 au matin, alors que Truscott se trouvait à Valmontone, il
reçut les ordres du général Clark. Ce dernier ordonnait le lancement de l’opération
Turtle[74],
prévoyant une offensive contre Albano, à 20 kilomètres au nord d’Aprilia,
ouvrant la route de Rome.
Truscott, qui n’appréciait guère d’évacuer la seule route permettant à
l’ennemi de se replier, se mit toutefois en marche, laissant une division à
Vamontone.
S’installant devant Albano à compter du 29 mai, cité protégée par la ligne
César.
Le
30, alors que les alliés installés à Valmontone avaient été contraints de
reculer, laissant la voie libre à l’ennemi, les troupes américaines
parvinrent à percer la ligne César.
Kesselring, décidant de reculer jusqu’à Rome, reçut toutefois l’ordre
d’Hitler de ne pas occuper la cité (le Führer craignait un nouveau
Stalingrad.).
c)
La libération de Rome (juin 1944) : suite au repli des Allemands, les
alliés avancèrent rapidement en direction de Rome, libérant la cité le 4
juin 1944.
La libération de Rome.
Toutefois, les pertes étaient importantes une fois encore. Ainsi, outre les
55 000 victimes de la bataille du mont Cassin, le débarquement d’Anzio avait
fait 7 000 tués et 35 000 blessés (contre 5 000 tués, 30 000 blessés et
5 000 capturés côté allemand.).
A
noter qu’à la mi-juin 1944, les alliés s’emparèrent de l’île d’Elbe, au
large de la Toscane.
19° La bataille de la ligne
Gothique (juin à novembre 1944) – Alors que les alliés
s’emparaient de la capitale italienne, Kesselring avait installé ses troupes
sur la ligne Trasimène, s’étendant à quelques kilomètres au sud d’une
ligne Grosseto-Ancône.
a)
De la ligne Trasimène à la ligne Gothique (fin juin 1944) : le
général Alexander, faisant avancer ses troupes en direction du nord, arriva
devant la ligne Trasimène au cours de la dernière semaine de juin 1944.
Malgré de violents combats, les Allemands ne parvinrent pas à repousser
l’ennemi, et la ligne fut percée en plusieurs points au début du mois de
juillet.
Kesselring ordonna une fois encore à ses troupes de se replier. Les
Allemands se replièrent alors sur la ligne Gothique, reliant Lucques
à Pesaro.
La campagne d'Italie (1944).
b)
Les plans d’attaque de la ligne Gothique (juillet à août 1944) : la
ligne Gothique (rebaptisée ligne verte en juin 1944[75].),
traversant le massif des Apennins, était parsemée de blockhaus, de canons,
de nids de mitrailleuses, de barbelés, de mines, etc.
Toutefois, alors que la ligne Gothique était l’édifice le plus fortifié
derrière la ligne Gustave, de nombreuses divisions furent prélevées aux
armées américaines et britanniques, destinées à combattre en France
(rappelons que la campagne d’Italie était devenue un front secondaire,
conformément aux accords de Téhéran.).
A
noter par ailleurs que le corps expéditionnaire français quitta lui aussi
l’Italie, destiné à prendre part au débarquement de Provence.
Les effectifs des alliés furent donc réduits de 250 000 à 150 000 hommes
pendant l’été 1944.
Toutefois, malgré les récents prélèvements de troupes, Churchill refusait de
mettre en pause l’offensive en Italie. En effet, le premier ministre
britannique souhaitait que les alliés, parvenant à percer la ligne ennemie,
poursuivent leur progression vers l’Autriche et la Hongrie. L’objectif de
Churchill était d’occuper un maximum de territoires avant l’arrivée des
Soviétiques, afin de démarrer les prochaines négociations en position de
force.
En
août 1944, le plan d’attaque de la ligne Gothique entraîna d’importantes
discussions entre les généraux américains et britanniques. Toutefois, le
général Alexander donna finalement naissance à l’opération Olive,
prévoyant un mouvement en deux temps. Ainsi, les troupes britanniques
devaient lancer une opération de diversion sur la côte adriatique, en
direction de Pesaro ; au même moment, le général Clark devait attaquer le
centre par surprise, en direction de Bologne.
c)
L’opération Olive, l’offensive sur la côte adriatique (août à septembre
1944) : la VIII° Armée britannique, sous le commandement du général
Leese, avança en direction de Pesaro et Rimini à la fin août 1944.
Kesselring, considérant que l’attaque sur la côte adriatique n’était qu’une
diversion, préféra conserver un maximum de troupes au centre de la ligne
Gothique. Ainsi, ce n’est qu’à compter de la fin août qu’il envoya des
renforts dans l’est.
Ayant progressé d’une dizaine de kilomètres en l’espace de quelques jours,
les Britanniques furent bloqués par l’ennemi le long du Marano, rivière
coulant à 20 kilomètres au sud de Rimini (début septembre 1944.).
A
noter que les Allemands profitaient de la proximité de la crête de Coriano,
à quelques kilomètres à l’ouest, qui permettait à leur artillerie de
bombarder les positions britanniques.
La
VIII° Armée ne parvenant pas à progresser, Leese décida de lancer une
offensive de grande ampleur contre la crête de Coriano.
Le
12 septembre, suite à une intense préparation d’artillerie, les Britanniques
se lancèrent à l’assaut de la position ennemie, qui fut finalement prise le
14.
Les alliés s’emparèrent aussi de Saint-Marin à compter du 19, à une
quinzaine de kilomètres à l’ouest de Coriano (les Allemands avaient occupé
la région afin d’installer leur artillerie sur les hauteurs de ce
micro-Etat.).
Le
20, les troupes canadiennes prirent Rimini, contraignant l’ennemi à reculer.
Les Allemands s’installèrent alors sur les berges de la rivière Marecchia,
puis sur celles de l’Uso, à 50 kilomètres au nord.
Toutefois, avec l’arrivée de l’automne des pluies torrentielles commencèrent
à s’abattre sur le champ de bataille. Les Britanniques, traversant des zones
déjà relativement humides, s’embourbèrent rapidement.
A
la fin du mois de septembre, les Britanniques mirent un terme à l’opération
Olive, ayant perdu 14 000 hommes (tués et blessés.) et 500 chars.
Par ailleurs, Leese, envoyé en Birmanie, fut remplacé par le général
britannique Richard Mac Creery à la tête de la VIII° Armée.
d)
L’opération Olive, l’offensive sur la côte adriatique (août à octobre
1944) : Clark, profitant du départ de plusieurs unités allemandes en
direction de la côte adriatique, lança l’offensive contre le centre de la
ligne Gothique à compter de la mi-septembre 1944.
Le
12, suite à une intense préparation d’artillerie, les Américains avancèrent
vers le col de Giogo, en direction de Firenzuola.
Avançant lentement, les alliés parvinrent toutefois à percer la ligne
Gothique à la fin du mois de septembre. A cette date, le général Clark,
considérant les difficultés éprouvées par Leese, décida de marcher vers
Imola plutôt que vers Bologne (Imola se trouvant à 85 kilomètres à l’ouest
de Rimini.).
Toutefois, la progression vers le nord s’avéra plus difficile que prévue,
les Américains perdant autant de soldats en avançant vers Imola que lors de
la percée de la ligne Gothique (Kesselring avait redéployé les troupes
allemandes stationnées dans Bologne.).
Début octobre, Clark décida alors de se diriger vers Bologne plutôt que vers
Imola, mais fut rapidement bloqué par le mauvais temps et les pluies
torrentielles.
Le
15, les alliés se trouvaient à une vingtaine de kilomètres de Bologne,
lorsque l’opération Olive fut stoppée.
e)
La fin de l’opération Olive (octobre à novembre 1944) : ayant pris
Rimini, les Britanniques poursuivirent leur offensive à compter du mois
d’octobre.
Traversant la rivière Savio le 9, à dix kilomètres à l’ouest de Rimini, les
alliés s’emparèrent de Forli à la fin du mois (la cité se trouvant à 70
kilomètres de Bologne.).
Le
5 novembre, ayant traversé l’Uso, les troupes du général Mac Creery
s’emparèrent aussi de Ravenne.
Côté américain, les troupes du général Clark furent bloquées à dix
kilomètres au sud de Bologne, s’installant sur ces positions à l’hiver 1944.
A
noter que Kesselring lança une contre-attaque en direction de Lucques, à la
fin décembre 1944, attaquant le flanc ouest des alliés. Pris de surprise, le
général Alexander envoya rapidement des renforts dans la région, bloquant
rapidement l’ennemi.
20° La campagne de Birmanie (1944)
– La Birmanie, sous contrôle japonais depuis 1942, avait été la cible de plusieurs affrontements de taille modeste en cours d’année 1943. Toutefois,
malgré la proximité de la frontière indienne, aucun des deux belligérants
n’avait organisé une offensive de grande ampleur dans la région.
a)
L’opération U-Go, l’invasion de l’Inde (mars à juillet 1944) : au
cours de l’année 1943, Britanniques et Chinois avaient érigé la route de
Birmanie, reliant l’Inde à la Chine, empruntant les montagnes birmanes du
nord.
La
route de Birmanie, permettant à la Grande-Bretagne de ravitailler la Chine
en armes et munitions, était perçue comme une menace par Tokyo.
C’est ainsi que l’Etat-major japonais élabora l’opération U-Go en
début d’année 1944, recevant le soutien du Gouvernement provisoire de l'Inde
libre[76].
Le
8 mars, les Japonais attaquèrent le long de la rivière Chindwin, à 25
kilomètres à l’est de la frontière indienne.
Toutefois, si l’armée impériale bénéficiait de l’effet de surprise, elle
progressa lentement, en raison du relief montagneux de la région.
Les Japonais arrivèrent fin mars dans la plaine d’Imphal, où les combats
firent rage pendant plusieurs semaines. Toutefois, alors que les soldats
britanniques recevaient régulièrement des renforts, les Japonais ne
disposaient pas de réserves.
Plus au nord, l’armée impériale tenta de s’emparer de Kohima, afin de
contrôler la seule route permettant d’acheminer du matériel en direction
d’Imphal.
S’emparant de la position à la mi-avril 1944, les Japonais subirent
rapidement une importante contre-offensive britannique, épaulée par la RAF.
L’armée impériale, manquant de provisions et ne disposant pas de réserves,
opposa une résistance acharnée, endommageant la route un maximum. Puis, à la
fin mai, les Japonais furent contraints de se retirer.
Désormais menacé par le nord, l’Etat-major japonais décida d’évacuer Imphal
à compter de début juillet 1944. Se retirant dans des conditions difficiles,
les Japonais abandonnèrent sur place une grande partie de leur artillerie et
de leur matériel.
L’opération U-Go s’achevait sur un échec, l’armée impériale comptant
d’importantes pertes : 53 000 tués et blessés ; contre 17 500 tués et
blessés côté britannique.
b)
Offensive chinoise dans le nord de la Birmanie (été 1944) : à noter
que la route de Birmanie ne servait pas qu’à ravitailler la Chine en armes
et munitions. Ainsi, le gouvernement chinois profita de cette route pour
faire passer plusieurs milliers de soldats en Birmanie.
L’armée chinoise, rebaptisée Force X par l’Etat-major américain, et
équipée de chars modernes M3, lança donc une offensive dans le nord de la
Birmanie au printemps 1944, attaquant les arrières des Japonais.
En
août 1944, la Force X s’empara de Myitkyina, capitale de la province de
Kachin, dans la pointe nord du pays.
La campagne de Birmanie (1944).
21° La campagne des îles Salomon
(1944) – L’année 1943 avait permis aux troupes américaines
de s’emparer de plusieurs îles des Salomon, grâce à l’opération Cartwheel.
Seule Bougainville restait entre les mains des Japonais, ces derniers y
ayant installé leur quartier général.
a)
La bataille de Bougainville (1944) : installant une tête de pont dans
la baie de l’Impératrice Augusta en novembre 1943, les alliés avaient chassé
les Japonais des hauteurs avoisinant la zone, sécurisant leur position en
fin d’année.
Les Japonais, lançant une contre-attaque sur la position américaine à la
mi-mars, furent violemment repoussés par les alliés. Déplorant d’importantes
pertes (au moins 10 000 tués et blessés.), les troupes japonaises décidèrent
alors de reculer vers le nord et le sud de l’île.
Profitant du repli ennemi, les troupes américaines avancèrent dans le centre
de l’île pendant l’été, installant plusieurs aérodromes dans la région.
La bataille de Bougainville.
b)
Offensives sur les îles de l’Amirauté et d’Emirau (février à mai 1944)
: deux offensives inclues dans l’opération Cartwheel ne se déroulèrent ni en
1943, ni dans les Salomon. En effet, il s’agissait de deux attaques prévues
contre les îles de l’Amirauté et d’Emirau, situées dans l’archipel Bismarck,
au nord de la Papouasie.
-
L’offensive contre Emirau fut lancée en mars 1944. L’objectif de
l’Etat-major américain était de posséder une base avancée contre la base
japonaise de Rabaul, à 300 kilomètres au sud-est.
Débarquant sur l’île le 20 mars, les troupes américaines ne rencontrèrent
pas d’hostilités, les Japonais ayant évacué Emirau. Les alliés installèrent
donc un aérodrome dans la région, en vue d’opérations ultérieures.
-
Si à Emirau, l’offensive s’était déroulée rapidement, les Américains
rencontrèrent plus de résistances dans les îles de l’Amirauté.
Les alliés débarquèrent sur l’île de Los Negros à la fin février, où ils
firent face à une vive résistance ennemie. Parvenant à établir une tête de
pont sur la côte, les troupes américaines entreprirent de sécuriser la
moitié nord de Los Negros à compter de la première semaine de mars 1944.
Désormais en possession d’une importante base arrière, les Américains
lancèrent une nouvelle offensive, cette fois-ci dirigée contre Manus, la
plus grande île de l’archipel.
Les alliés, qui étaient près de 35 000, n’eurent guère de difficultés à
progresser vers l’ouest. En effet, non seulement les Japonais étaient en
infériorité numérique (4 000 soldats.), mais en outre ils manquaient de
vivres et de munitions.
L’armée impériale, acculée, décida alors d’abandonner ses positions et de se
replier dans la jungle, au centre de l’île. Les combats dans cette zone se
poursuivirent de façon sporadique jusqu’à la mi-mai 1944.
L’offensive contre les îles de l’Amirauté était un nouveau succès pour les
alliés, qui n’avaient perdu que 1 500 hommes (300 tués et 1 200 blessés.) ;
contre 3 000 tués et 70 capturés côté japonais.
22° La campagne de Nouvelle-Guinée
(1944) – La Nouvelle-Guinée, attaquée par les Japonais à
compter de 1942, restait toutefois hors de leur emprise. Si la moitié ouest,
appartenant autrefois aux Indes orientales néerlandaises, était sous
contrôle, les alliés combattaient toujours dans la moitié est.
a)
L’opération Dexterity, ou campagne de Nouvelle-Bretagne (décembre 1943 à
août 1945) : les Japonais, présents en Nouvelle-Bretagne depuis janvier
1942, avaient installé une importante base militaire à Rabaul, à la pointe
nord-est du pays.
L’Etat-major américain prévoyait une campagne difficile, car la
Nouvelle-Bretagne, abritant l’un des principaux QG japonais du Pacifique,
était défendue par près de 100 000 soldats.
A
l’issue d’une intense préparation d’artillerie organisée par l’US Navy et
les bombardiers américains, les troupes alliées débarquèrent au cap
Gloucester, à la pointe ouest de l’île, à la mi-décembre 1945.
Parvenant à repousser les troupes japonaises défendant la position, les
Américains établirent une première tête de pont dans la région.
A
la même date, un nouveau débarquement fut organisé dans les îles d’Arawe, au
sud de la Nouvelle-Bretagne.
L’Etat-major japonais, ayant appris que les alliés avaient débarqué, ordonna
à ses troupes de se replier vers Rabaul, afin d’y organiser la défense de
ville.
A
noter toutefois que la base japonaise devint rapidement obsolète. En effet,
les Américains parvinrent à s’emparer de nombreuses îles aux alentours de la
Nouvelle-Bretagne à compter de 1944, et entreprirent de bombarder Rabaul à
intervalles réguliers.
Ainsi, même si la zone perdit son importance stratégique, les Japonais
restèrent à Rabaul jusqu’en août 1945, date de la capitulation du Japon.
b)
Fin de la campagne du Finistère (avril 1944) : en fin d’année 1943,
Américains et Australiens s’étaient emparés de Lae, dans l’est de la
Nouvelle-Guinée. Toutefois, les Japonais ayant reculé dans les montagnes du
nord, les alliés décidèrent de les poursuivre.
Toutefois, mettant à profit le relief escarpé des monts Finisterre, les
Japonais opposèrent une vive résistance à l’ennemi.
Au
printemps 1944, les alliés lancèrent donc l’opération
Cutthroat[77],
visant à attaquer l’ennemi sur trois fronts.
L’armée impériale, souffrant de son infériorité numérique, fut finalement
vaincue en avril 1944.
c)
La campagne de Nouvelle-Guinée occidentale (printemps 1944) : Depuis
1942, les alliés combattant dans le Pacifique luttaient principalement pour
le contrôle de la moitié est de la Nouvelle-Guinée[78] :
libération des îles Green, au nord de Bougainville (janvier 1944.) ;
libération de la péninsule de Huon (février 1944.) ; fin de la campagne du
Finistère (avril 1944.).
Toutefois, à compter du printemps 1944, l’Etat-major américain décida de
s’attaquer à la moitié centre et ouest de la Nouvelle-Guinée. C’est ainsi
que fut lancée l’opération Reckless[79],
prévoyant un débarquement à Hollandia[80],
ainsi que l’opération Persecution, débarquement à Aitape.
Bénéficiant d’une grosse supériorité numérique, les alliés avancèrent vers
Wewak, où les Japonais avaient installé leur base navale. Toutefois, en
raison du relief montagneux et de la résistance acharnée de l’ennemi, les
Américains s’installèrent en fin d’année à Maprik, à 100 kilomètres à l’est
de Wewak.
A
noter que d’autres débarquements furent organisés en Papouaise à compter de
l’été 1944, les Japonais n’étant guère en position de riposter : Wakde, île
située à 150 kilomètres à l’ouest de Hollandia (mai 1944.) ; Biak, dans les
îles Schouten (fin mai 1944.) ; Sausapor, ville à la pointe ouest de la
Papouasie (fin juillet 1944.) ; Morotai, dans l’archipel des Moluques
(septembre 1944.) ;
23° La campagne des îles Marshall (1944) – Comme nous l’avons
vu précédemment, l’Etat-major avait procédé à la conquête des îles Gilbert
en fin d’année 1943. En début d’année 1944, il fut donc décidé de lancer une
nouvelle offensive, cette fois-ci dirigée contre l’archipel des Marshall.
-
Une première offensive fut dirigée contre l’atoll de Kwajalein, à compter du
31 janvier 1944. Par ailleurs, afin de réduire les pertes, qui avaient été
importantes lors de la bataille de Tarawa, plus de 40 000 soldats alliés
participèrent à cette opération.
Débarquant dans la moitié sud-ouest de l’atoll suite à une intense
préparation d’artillerie, les troupes américaines parvinrent à neutraliser
les batteries japonaises qui se trouvaient près des plages. Par ailleurs,
l’ennemi étant en nette infériorité numérique (8 000 Japonais.), la
progression des alliés fut relativement rapide.
Le
1er février, un nouveau débarquement fut effectué, cette fois-ci
au nord de Kwajalein, l’objectif étant de s’emparer de l’aérodrome situé
dans la zone.
L’île fut déclarée sécurisée par l’Etat-major américain à compter du 3
février 1944.
La
bataille de Kwajalein fit 300 tués et 1 500 blessés côté américain ;
contre 7 800 tués et 200 prisonniers côté japonais.
Si
l’île abritait plus de soldats qu’à Tarawa, les pertes alliées furent
toutefois bien moins importantes. En effet, Kwajalein était moins bien
fortifiée ; en outre, le débarquement du matériel lourd s’effectua dans de
bien meilleures conditions, permettant aux troupes de progresser plus
rapidement et plus efficacement.
-
La conquête des îles Marshall se poursuivit pendant le mois de février 1944.
Profitant du bombardement de Truk, importante base militaire japonaise des
îles Caroline, à la mi-février[81],
l’Etat-major allié décida de lancer une nouvelle offensive contre l’atoll
d’Eniwetok.
Suite à une intense préparation d’artillerie, organisée dans la soirée du 17
février, le débarquement s’effectua le lendemain matin.
L’île étant jugée moins bien défendue de Tarawa ou Kwajalein, 7 000 hommes
seulement participèrent à l’offensive. Toutefois, l’ennemi opposa une
farouche résistance, et de violents combats se poursuivirent jusqu’au 23
février.
La
bataille d’Eniwetok fit 330 tués et 750 blessés côté américain ;
contre 2 600 tués et une quinzaine de prisonniers côté japonais.
La
conquête des îles Marshall prit fin peu de temps après.
24° La campagne des îles Mariannes
(1944) – En fin d’année 1943, les officiers américains
étaient partagés sur la suite des opérations. Ainsi, le général Mac Arthur,
commandant suprême des forces alliées dans la zone du sud-ouest Pacifique,
souhaitait lancer une offensive directe contre les Philippines, dont les
Japonais s’étaient emparés en 1942[82] ;
mais l’amiral Ernest Joseph King, membre du
comité des chefs d’Etats-majors interarmes[83],
était partisan d’une conquête des îles du Pacifique.
L’amiral King l’ayant emporté, il fut donc décidé de lancer une offensive en
direction des îles Mariannes. L’objectif de l’Etat-major était de faire de
cet archipel une base avancée contre le Japon, les nouveaux bombardiers
B-29 disposant d’une autonomie de 9 000 kilomètres.
C’est ainsi que fut élaborée l’opération Forager, à l’été 1944,
visant les îles Mariannes.
Boeing B-29.
a)
La bataille de Saipan (13 juin au 15 juillet 1944) : à compter du 23
juin 1944, les navires alliés bombardèrent Saipan, lançant plusieurs tonnes
d’obus sur l’île.
A
noter que l’Etat-major japonais, plutôt que de défendre la plage coûte que
coûte, avait décidé de suivre la stratégie de la défense en profondeur, se
repliant sur le mont Tapotchau, au centre de l’île.
La bataille de Saipan.
Le
débarquement, débutant au petit matin du 15, fut particulièrement meurtrier.
Les alliés, exposés au feu de l’ennemi, ne parvinrent qu’à établir une
petite tête de pont sur la plage.
Les jours suivants, les troupes américaines avancèrent vers Tapotchau, où
s’était réfugié l’ennemi.
Le débarquement de Saipan.
Toutefois, si les Japonais disposaient de forces équivalentes à celles de
l’ennemi (30 000 hommes dans chaque camp.), l’armée impériale était isolée,
manquant de vivres et de munitions.
Ainsi, les Américains parvinrent à s’emparer du mon Tapotchau le 5 juillet,
à l’issue de violents combats, alors que les troupes japonaises se
retiraient vers le nord de l’île.
Le
10, après avoir ordonné une attaque suicide, le général Yoshitsugu Saitō,
qui commandait, fit seppuku[84].
La
grande majorité des Japonais étant morts ou prisonniers, l’île fut sécurisée
à compter de la mi-juillet 1944 ; toutefois, des combats sporadiques
continuèrent jusqu’en décembre 1945.
A
noter par ailleurs que de nombreux civils japonais, qui avaient accompagné
l’armée en direction du nord de Saipan, se trouvaient désormais dos aux
falaises. Ainsi, 10 000 d’entre eux décidèrent de se jeter dans le vide
plutôt que de se rendre, les alliés étant présentés comme des monstres par
la propagande japonaise.
Au
final, la bataille de Saipan avait particulièrement coûteuse en vies
humaines : 3 500 tués et 13 000 blessés côté américain ; contre 24 000 tués
et 1 700 prisonniers côté japonais.
b)
La bataille de la mer des Philippines (19 au 20 juin 1944) : comme
nous l’avons vu précédemment, les batailles navales dans les îles Salomon
avaient été relativement coûteuses en matériel. La marine japonaise,
déplorant d’importantes pertes, s’était repliée vers Singapour ; l’US Navy,
qui ne disposait plus que d’un seul porte-avion dans le Pacifique en début
d’année 1943, put quant à elle compter sur l’énorme machine de guerre
américaine, qui produisit plusieurs dizaines de porte-avions en l’espace de
quelques mois.
A
la mi-mai, la flotte japonaise quitta Singapour, en direction des
Philippines. L’amiral Soemu Toyoda[85],
qui avait été nommé commandant en chef de la Marine impériale suite à la
mort d’Isoroku Yamamoto, lança alors l’opération A-Go, prévoyant
d’attirer l’ennemi dans un triangle Mariannes-Palaos-Carolines, puis de le
détruire grâce à l’appui des troupes au sol.
L'amiral Soemu Toyoda.
Les deux flottes se rencontrèrent au matin du 19 juin, à 500 kilomètres à
l’ouest de Guam.
A
noter que les Américains disposaient à cette date d’un net avantage
numérique, disposant de 15 porte-avions (embarquant 950 avions.), 7
cuirassiers, 28 sous-marins, et 80 navires divers. La flotte japonaise,
quant à elle, comptait 9 porte-avions (450 avions plus 250 à terre.), 5
cuirassiers, et 40 bâtiments divers.
A noter qu’outre cet avantage numérique, les
alliés bénéficiaient d’une supériorité technologiques, étant équipés
d’appareils de conceptions plus récente.
Ainsi, un premier raid organisé par l’aviation
japonaise fut annihilé à cent kilomètres de la flotte américaine ; une
nouvelle vague, détectée vers 11 heures, subit elle aussi d’importants
dégâts, endommageant légèrement deux porte-avions.
Un dernier raid japonais fut intercepté en début
d’après-midi, mais fut lui aussi décimé.
Au soir du 19 juin, la flotte impériale avait
déjà perdu près de la moitié de ses avions, sans avoir réussi à endommager
la marine ennemie.
Côté américain, la flotte navigua vers l’ouest
pendant la nuit, ayant comme objectif d’attaquer l’ennemi le lendemain
matin.
Toutefois, le 20 juin, les alliés éprouvèrent des
difficultés à découvrir la flotte ennemie, qui ne fut repérée qu’en fin de
journée.
L’offensive américaine fut donc lancée peu de
temps après, vers 16 heures. Les 200 avions américains visèrent en priorité
les pétroliers, chargés de ravitailler les navires ennemis. Deux pétroliers
furent gravement endommagés, ainsi que trois porte-avions (dont un sombra.)
et un cuirassier.
Le bilan de la bataille de la mer des
Philippines était somme toute mitigé. En effet, la majorité des avions
américains étaient équipés de bombes et pas de torpilles ; en outre, le raid
du 20 juin fut écourté en raison de la nuit qui tombait, l’offensive ayant
été lancée tardivement.
Toutefois, les pertes subies lors de cet
affrontement furent irremplaçables, côté japonais, la marine impériale
manquant dès lors d’avions et de pilotes expérimentés.
A noter enfin que la flotte japonaise ne fut pas
poursuivie, car l’Etat-major américain avait besoin des navires de l’US Navy
pour soutenir l’invasion des îles Mariannes.
c)
La bataille de Tinian (24 juillet au 1er août 1944) :
s’étant emparés de Saipan, les alliés décidèrent de lancer une offensive
contre Tinian, à cinq kilomètres au sud.
L’île fut donc bombardée à compter de juillet
1944, par les bombardiers et par la Marine, mais aussi par les canons
américains installés au sud de Saipan.
La bataille de Tinian.
A noter que les Japonais, une fois encore en
infériorité numérique (9 000 contre 16 000 alliés.), avait perdu leur
soutien aérien suite à la bataille de la mer des Philippines et se
retrouvaient donc isolés. Par ailleurs, contrairement à Saipan, Tinian
n’était pas une île montagneuse, exposant l’armée impériale aux blindés
ennemis.
Le 24, deux débarquements furent effectués, au
nord et au sud de l’île, prenant les Japonais en étau. Décimant l’ennemi sur
ce terrai dégagé, les troupes japonaises, acculées, lancèrent une ultime
attaque suicide à la fin du mois.
La bataille de Tinian.
Tinian fut sécurisée le 1er août 1944,
même si certains Japonais continuèrent la lutte de façon sporadique pendant
encore plusieurs mois[86].
A l’issue de la bataille de Tinian, les
alliés comptaient 300 tués et 1 500 blessés ; contre 6 000 tués et 200
prisonniers.
Suite à l’affrontement, les soldats du Génie
érigèrent un gigantesque aérodrome dans la moitié nord de l’île, destiné à
accueillir les B-29 chargés de bombarder le Japon. A l’issue de quelques
mois de travaux, l’aérodrome de Tinian, pouvant accueillir un millier de
bombardiers, devint la plus grande base aérienne du monde.
Les premiers bombardements depuis les îles
Mariannes s’effectuèrent à compter de la fin novembre 1944.
d)
La bataille de Guam (21 juillet au 15 août 1944) : l’île de Guam,
située à la pointe sud de l’archipel des Mariannes, avait été conquise par
le Japon à la fin décembre 1941[87].
Toutefois, Guam étant deux fois plus grande que Saipan et Tinian réunies,
l’Etat-major craignait une bataille difficile. C’est ainsi que plus de
55 000 soldats participèrent à l’offensive ; en outre, le débarquement,
prévu pour le 18 juin, fut reporté au 21 juillet.
Le débarquement de Guam.
Une intense préparation d’artillerie débuta le 21 juillet, effectuée par la
flotte américaine et complétée par les bombardiers de l’US Air Force. Dans
l’après-midi, les alliés débarquèrent sur la côte ouest, sécurisant Agat
dans la soirée.
Les Japonais, encore une fois en infériorité numérique (18 500 soldats.),
étaient installés sur les collines au centre de l’île. Toutefois, privés de
soutien, et manquant de vivres et de provisions, ils ne purent mettre un
terme à la progression des alliés.
La bataille de Guam.
Début août, les Japonais furent repoussés dans le nord de l’île, composé de
plaines, où ils subirent de plein fouet l’offensive ennemie.
Guam fut sécurisée à compter de la mi-août 1944, même si une poignée de
soldats japonais décidèrent de poursuivre le combat, luttant de façon
sporadique[88].
La bataille de Guam.
Au
final, la bataille de Guam fit 1 500 tués et 6 000 blessés côté
américain ; contre 18 000 tués et 500 prisonniers côté japonais.
25° La campagne des îles Palaos
(septembre à novembre 1944) – l’opération Stalemate,
visant l’archipel des Palaos, fut lancée à la mi-septembre 1944.
L’offensive contre cette île répondait à la stratégie adoptée par
l’Etat-major américain, visant à prendre possession des archipels du
Pacifique.
a)
La bataille de Peleliu (septembre à novembre 1944) : les troupes
japonaises, en infériorité numérique (11 000 contre 32 000 Américains.),
décidèrent de se réfugier sur le mont Umurbrogol, au centre de l’île, dès
l’arrivée de l’ennemi.
La
ligne de défense japonaise, composée d’une série de 500 grottes reliées
entre elles, disposait de mitrailleuses et de canons. Par ailleurs,
l’aérodrome de Peleliu, au sud de l’île, était inutilisable pour les alliés,
car trop exposé aux attaques depuis le mont Umurbrogol.
La bataille de Peleliu.
Approchant de l’île, les navires américains commencèrent à bombarder l’île,
soutenus par l’US Air Force. Toutefois, alors que les officiers pensaient
avoir réduit à néant les défenses de Peleliu, les Japonais firent un
massacre lors du débarquement, le 15 septembre 1944.
Dans la soirée, les alliés parvinrent à établir une tête de pont sur la
plage, large de trois kilomètres ; toutefois, l’on comptait déjà 200 tués et
900 blessés.
Les troupes américaines, parvenant à s’emparer de l’aérodrome, furent dès
lors soutenues par les bombardiers, qui lancèrent plusieurs tonnes de bombes
sur les positions ennemies.
L’attaque du mont Umurbrogol fut cependant relativement meurtrière, les
Japonais profitant de ce terrain escarpé pour tuer un maximum de soldats
ennemis.
Toutefois, alors que les alliés recevaient régulièrement des renforts, les
Japonais étaient isolés, manquant peu à peu de vivres et de munitions.
A
la fin du mois de novembre, le colonel Kunio Nakagawa, qui
commandait, fit seppuku; les
derniers combattants japonais, quant à eux, poursuivirent la lutte de façon
plus sporadique jusqu’en février 1945.
La
bataille de Peleliu fut un des combats les plus meurtriers de la
seconde guerre mondiale, l’armée américaine comptant 2 300 tués et 8 500
blessés ; contre 10 600 tués et 200 capturés côté japonais.
b)
La bataille d’Angaur (15 au 30 septembre 1944) : le débarquement à
Angaur, situé à dix kilomètres au sud de Peleliu, se déroula lui aussi à la
mi-septembre 1944.
Toutefois, cette bataille se déroula bien plus rapidement, les Japonais
étant en nette infériorité numérique (1 400 contre 15 000 Américains.).
L’armée impériale s’étant retranchée sur une colline située au nord-ouest
d’Angaur, les alliés décidèrent de bombarder la position de l’ennemi.
Toutefois, les Japonais ne disposant pas de grottes solides, comme leurs
camarades combattant à Peleliu, ils furent rapidement décimés.
L’île fut donc conquise par les alliés à la fin du mois de septembre.
La
bataille d’Angaur fit 250 tués et 2 300 blessés côté américain ;
contre 1300 tués et 60 prisonniers côté japonais.
26° La campagne des Philippines
(octobre à décembre 1944) – Ayant sécurisé l’archipel des
Mariannes et les îles Palaos, l’Etat-major américain décida de lancer une
grande offensive contre les Philippines.
Le
général Mac Arthur, qui commandait, était soucieux de reprendre à l’ennemi
cette région qu’il avait perdu au printemps 1942.
a)
La bataille de Leyte (20 octobre au 31 décembre 1944) : le
débarquement sur Leyte, à l’est de l’archipel, fut organisé à dix heures du
matin, le 20 octobre 1944.
Afin de mener à bien cette nouvelle offensive, que l’Etat-major considérait
comme difficile, les effectifs furent portés à 200 000 soldats.
Le débarquement de Leyte.
La
résistance japonaise étant disparate, les alliés progressèrent rapidement
vers Tacloban, au nord, bénéficiant en outre du soutien de la résistance
locale.
A
cette date, les Japonais étaient en nette infériorité numérique, ne pouvant
aligner que 20 000 soldats.
A
la fin octobre, la flotte japonaise affronta la marine américaine lors de la
bataille du golfe de Leyte (nous y reviendrons au paragraphe
suivant.). Toutefois, si les Japonais furent vaincus, ils parvinrent à faire
débarquer des renforts à Leyte (portant les effectifs de l’armée impériale à
55 000 hommes.).
L’arrivée de ces nouvelles troupes retarda de plusieurs semaines la
progression alliée dans les Philippines. Les Japonais décidèrent alors de se
replier dans la moitié ouest de l’île, s’appuyant sur une chaîne montagneuse
traversant Leyte du nord au sud.
Les troupes américaines, faisant face à un relief difficile et à la
résistance acharnée de l’ennemi, ne parvinrent à s’emparer d’Ormoc qu’à
compter de la première semaine de décembre.
Progressant ensuite en direction de Palompon, au nord-ouest, les alliés ne
parvinrent à sécuriser l’île qu’à compter du 31 décembre 1944.
La
bataille de Leyte coûta 3 500 tués et 12 000 blessés aux Américains ;
contre 49 00 tués aux Japonais.
b)
La bataille du golfe de Leyte (23 au 27 octobre 1944) : comme nous
venons de le voir, les alliés avaient débarqué sur l’île de Leyte, le 20
octobre 1944. Côté japonais, même si la flotte avait été endommagée lors de
la bataille de la mer des Philippines, l’amiral Soeda décida de lancer l’opération
Sho-1 : l’objectif de cette offensive était d’attirer la flotte ennemie
vers le nord des Philippines, où l’attendraient deux escadres japonaises.
La bataille du golfe de Leyte.
-
Toutefois, la flotte impériale de l’amiral Takeo Kurita fut repérée
par des sous-marins américains dans la nuit du 23 au 24 octobre, alors
qu’elle naviguait non loin de Palawan, île située à l’est des Philippines.
Les sous-mariniers, ouvrant le feu, coulèrent deux croiseurs lourds, et
endommagèrent un troisième (ce dernier fut contraint de se retirer à Bornéo
pour être réparé.).
A
noter qu’un des deux sous-marins, endommagé, fut évacué par son équipage
(qui monta à bord de l’autre submersible.).
Au
petit matin, alors que la flotte japonaise se trouvait dans la mer de
Sibuyan, au centre de l’archipel des Philippines, elle fut attaquée par les
appareils de l’US Air Force, qui parvinrent à couler le cuirassier
Musashi[89]
et le croiseur lourd Myoko, endommageant deux autres navires.
Afin d’échapper aux avions ennemis, Kurita ordonna à la flotte impériale de
faire demi-tour, avant de rebrousser chemin dans la soirée.
Côté américain, les avions japonais décollant depuis les Philippines
parvinrent à endommager la flotte alliée, coulant un porte-avion léger, qui
endommagea un croiseur lors de son explosion.
L’amiral William Frederick Halsey, qui commandait, décida de ne pas
poursuivre l’ennemi, considérant que la flotte impériale s’était retirée.
-
Plus au sud, la flotte japonaise de l’amiral Shoji Nishimura se
dirigeait vers le détroit de Suriago, séparant Leyte, au nord, et l’île de
Mindanao, au sud. Cette escadre, épargnée par les bombardements de la
veille, ignorait toutefois que les alliés étaient au courant de son avancée.
Ainsi, le contre-amiral Jesse Bartlett Oldendorf avait disposé ses
destroyers des deux côtés des côtes, bloquant l’embouchure du détroit par
deux files, l’une composée de croiseurs, l’autre de vieux cuirassiers ayant
été endommagés lors de l’attaque de Pearl Harbor.
Arrivant dans le détroit de Suriago le 24 octobre, vers trois heures du
matin, l’amiral Nishimura s’aperçut de la présence ennemie. Les alliés,
bénéficiant de l’effet de surprise et d’une importante puissance de feu,
parvinrent à endommager gravement la flotte japonaise en l’espace de
quelques heures.
Ainsi, les Japonais perdirent deux cuirassiers, le croiseur lourd Mogami,
ainsi que trois destroyers. Par ailleurs les navires coulés bloquèrent la
voie des navires qui tentaient de reculer. L’affrontement du détroit de
Suriago fut un véritable échec pour la flotte impériale.
-
Considérant avoir anéanti les flottes de Kurita et Nishimura, l’amiral
Halsey décida de naviguer vers le nord, au soir du 24, afin de pourchasser
et détruire la troisième flotte japonaise, commandée par le vice-amiral
Jisaburo Ozawa.
A
cette date, ce dernier considérait que l’opération Sho-1, et avait ordonné à
sa flotte de se retirer. Mais dans la soirée, l’amiral Ozawa reçut l’ordre
d’attaquer la flotte ennemie qui se dirigeait vers lui.
Au
petit matin du 25 octobre, Ozawa organisa un raid aérien contre l’escadre
américaine, mais les avions japonais furent rapidement décimés.
Les Américains, profitant de leur supériorité numérique et technologique,
lancèrent alors une contre-attaque, causant d’importants dégâts à trois
porte-avions et coulant un destroyer.
L’amiral Ozawa décida alors de faire reculer sa flotte, espérant décrocher
l’ennemi ; toutefois, les avions alliés parvinrent à couler deux
porte-avions et endommager deux croiseurs.
La
flotte d’Ozawa échappa de peu à la destruction, l’amiral Halsey recevant
l’ordre d’attaquer l’escadre de l’amiral Kurita, qui avait le détroit de
San-Bernardino, séparant Leyte de l’île de Luçon.
-
Profitant du départ de la flotte de l’amiral Halsey, Kurita s’approcha de
Samar, à l’est de Leyte, y faisant débarquer 35 000 soldats, à l’aube du 25
octobre.
C’est à cette occasion que la marine impériale rencontra la flotte du
vice-amiral Clifton Sprague, composée de porte-avions d’escorte[90]
et de quelques destroyers.
Afin d’échapper à l’hécatombe, Sprague fit mettre le cap à l’est à tous les
porte-avions, alors que les destroyers devaient se sacrifier pour protéger
la retraite de la flotte. En l’espace de quelques minutes, les navires
américains furent endommagés et coulés, mais les Japonais ne parvinrent qu’à
détruire un seul des porte-avions d’escorte.
Désormais menacés, les pilotes américains harcelèrent la flotte ennemie,
endommageant trois croiseurs japonais.
Sprague ayant reçu des renforts, l’amiral Kurita décida de sonner la
retraite, reculant vers le détroit de San-Bernardino. A cette occasion,
trois cuirassiers japonais furent endommagés par l’aviation américaine.
A
noter que c’est à l’occasion de la bataille de Samar qu’apparurent les
premiers pilotes kamikazes[91].
Ces unités, constituées au cours de l’été 1944 par l’Etat-major japonais,
avaient pour objectif de faire sauter leurs appareils, équipés de bombes de
250 kilogrammes, sur les navires ennemis.
Avion kamikaze tentant de se faire exploser sur un navire
ennemi.
-
La bataille du Golfe de Leyte fut extrêmement coûteuse pour la flotte
impériale. Ainsi, non seulement la moitié sud des Philippines restait entre
les mains des alliés, menaçant dangereusement l’approvisionnement en pétrole
de Bornéo ; en outre, les Japonais avaient perdu quatre porte-avions, trois
cuirassiers, une vingtaine de croiseurs et destroyers, ainsi qu’un millier
d’avions.
Côté américain, l’US Marine n’avait pu empêcher les Japonais d’envoyer des
renforts à Leyte, en raison de l’imprudence de l’amiral Halsey ; toutefois,
les pertes étaient bien plus légères que celles de l’ennemi : trois
porte-avions d’escorte, trois destroyers, un sous-marin et 200 avions.
27° Les bombardements de Tokyo
(1944) – Comme nous l’avons vu plus tôt, les alliés
avaient organisé un premier raid aérien sur Tokyo en avril 1942. Toutefois,
en raison de l’éloignement des bases aériennes américaines, la capitale
japonaise fut pendant plusieurs mois à l’abri des bombes.
Mais, à compter de l’été 1944, date de la conquête de l’archipel des
Mariannes, les Américains disposèrent d’un base avancée dans le Pacifique, à
2 500 kilomètres des côtes japonaises.
A
la fin novembre 1944, date à laquelle l’aérodrome de Tinian fut opérationnel[92],
les B-29, disposant d’une autonomie de 9 000 kilomètres, multiplièrent les
raids contre Tokyo.
Affiche de propagande japonaise, rejetant la responsabilité de la guerre sur
le président Roosevelt (la légende indique "Roosevelt l'agresseur"), musée
des Invalides, Paris.
A noter que les
bombardements furent plus virulents à compter de janvier 1945, ne prenant
fin qu’à l’issue du second conflit mondial.
[1]
Pour en savoir plus sur la Milice, voir le b), 3, section VI,
chapitre sixième, la troisième république.
[2]
Né en janvier 1889, Henriot fut professeur dans l’enseignement
privé. Rejoignant la Fédération républicaine (il s’agissait du grand
parti de droite de l’entre-deux-guerres), il fut élu député de 1932
à 1940. Il se rallia au maréchal Pétain à l’été 1940. Ne pas
confondre Philippe Henriot et avec Edouard Herriot, leader du parti
radical pendant l’entre-deux-guerres.
[3]
A noter que Radio-Paris était sous contrôle allemand depuis l’été
1940.
[4]
Déat, né en mars 1894, participa à la première guerre mondiale.
Rejoignant la SFIO, il fut élu député en 1926 (mais fut battu en
1928). Soucieux de faire participer les jeunes à la vie politique du
parti, Léon Blum (leader de la SFIO) décida de nommer Déat
secrétaire du groupe parlementaire. Député en 1932, il rejoignit
toutefois le parti socialiste en 1932, né d’une scission avec la
SFIO. Perdant son poste en 1936, il fut à nouveau élu député en
1939. A l’issue de la bataille de France, il soutint le maréchal
Pétain.
[5]
Rappelons que la Gestapo (Geheime Staatspolizei
en allemand.) était une police politique.
[6]
Forces françaises de l’Intérieur (rappelons qu’il s’agissait d’un
mouvement né de la fusion de l’Armée secrète, les FTP
(Francs-tireurs et partisans, groupe communiste) et l’ORA
(Organisation de résistance de l'armée, groupe giraudiste.
[7]
Les GMR, groupes paramilitaires chargés de maintenir l’ordre en
milieu urbain, avaient été créés en 1941.
[8]
A noter que la Résistance n’étant pas considéré comme une armée par
le troisième Reich, les lois de la guerre ne s’appliquaient pas aux
FFI capturés (c’est ainsi que de nombreux résistants blessés furent
achevés par les Allemands).
[9]
Pour en savoir plus sur la conférence de Téhéran, voir le b), 21,
section VI, chapitre sixième, la troisième république.
[12]
Rappelons que la Norvège avait été envahie par l’Allemagne en avril
1940. Voir à ce sujet le 1, section III, chapitre sixième, la
troisième république.
[13]
Rappelons que Patton avait été écarté par l’Etat-major à l’été 1943,
lors de l’expédition de Sicile, car il s’en était pris à des soldats
souffrant de troubles psychologiques (Patton pensait qu’ils
faisaient semblant d’être malades car ils n’étaient pas blessés).
[15]
Né en décembre 1875, von Rundstedt fit ses études à l’académie
militaire de Prusse, participant à la première guerre mondiale avec
le grade de commandant. Hostile au NSDAP, il fut mis à la retraite
en 1938. Toutefois, rappelé au service l’année suivante, von
Rundstedt participa à la campagne de Pologne, à la campagne de
France (il nommé maréchal à cette occasion), et à l’invasion de
l’URSS. Démis de ses fonctions suite à l’échec de l’opération
Barbarossa (il avait demandé à Hitler l’autorisation de reculer à
l’hiver 1941), il reçut alors la mission de veiller aux travaux
d’érection du mur de l’Atlantique.
[16]
Les rangers sont une unité d’élite de l’US Army.
[17]
Acronyme de Pipe-Lines Under
The Ocean, ou « Opération Pipe-lines
sous l’océan » en français.
[18]
Blessé à la mi-juillet par le mitraillage de sa voiture par un avion
de la RAF, fut hospitalisé en Allemagne. Toutefois, compromis dans
un attentat raté contre Hitler (voir à ce sujet le ..), Rommel fut
contraint de se suicider à l’automne.
[19]
Ce qui signifie « terreur du blindé » en allemand. Cette arme,
apparue en 1943, permettait de lancer une roquette antichar sur 200
mètres de distance.
[23]
Né en février 1893, Bradley fit ses études à l’académie militaire de
West Point. Après avoir été muté à la frontière mexicaine, il partit
en France lors de la première guerre mondiale. Pendant
l’entre-deux-guerres, il enseigna à West Point, avant d’être nommé
général en 1941. Il participa à l’opération Torch en novembre 1942,
à la campagne de Tunisie, puis à l’expédition sur la Sicile.
[31]
C’est ainsi que certains ports français entre les mains des
Allemands ne firent reddition qu’à compter du 8 mai 1945, date de la
capitulation allemande. Nous reviendrons sur la fin des combats en
France en c), 14, section VIII, chapitre sixième, la troisième
république.
[32]
A l’origine, l’opération fut baptisée Anvil « enclume », puis
Dragoon « Dragon. »
[33]
Patch, né en novembre 1889, avait fait ses études à l’académie
militaire de West Point. Participant à la première guerre mondiale,
il fut nommé général au début du second conflit mondial. Patch
participa à la bataille de Guadalcanal (voir à ce sujet le b), 17,
section V, chapitre sixième, la troisième république), puis
fut ensuite envoyé en Europe.
[34]
Né en février 1889, de Lattre fit ses études à Saint Cyr.
Participant à la première guerre mondiale, il fut blessé à plusieurs
reprises. Envoyé en Afrique du nord pendant les années 1920, il fut
ensuite affecté à l’Etat-major pendant les années 1930. Promu
général en 1939, de Lattre participa à la seconde guerre mondiale.
Lors de l’invasion de la zone libre, en novembre 1942, il décida de
prendre les armes contre cette violation du traité d’armistice, et
fut emprisonné par le régime de Vichy. S’échappant en septembre
1943, il rejoignit Londres, où il rencontra le général de Gaulle,
puis Alger.
[35]
L’on comptait toutefois une majorité de soldats de l’armée
d’Afrique.
[36]
Le Parti franciste, créé en 1933, était resté une petite
organisation. L’objectif des francistes était l’établissement d’un
fascisme à la française.
[37]
Brinon était un avocat né en août 1885. S’établissant comme
journaliste au cours des années 1930, il fut partisan d’un
rapprochement franco-allemand, rencontrant Hitler à plusieurs
reprises. Suite à la mise en place du régime de Vichy, Brinon fut
nommé ambassadeur en Allemagne.
[38]
Von Choltitz, né en novembre 1894, participa à la première guerre
mondiale, où il fut blessé à plusieurs reprises. Entre 1939 et 1941,
il participa à l’invasion de la Pologne, des Pays-Bas, de la
Belgique et de l’URSS. Von Choltitz, nommé général en février 1943,
reçut la charge de gouverneur militaire de Paris en août 1944.
[39]
Rol Tanguy (de son vrai nom Henri Tanguy), né en juin 1908,
avait commencé sa carrière en tant qu’ouvrier, rejoignant très jeune
le parti communiste. Participant à la seconde guerre mondiale, il
fut démobilisé à l’été 1910, puis participa à la création des FTP en
février 1942. Rol-Tanguy, intégrant l’Etat-major des FFI en
septembre 1943, fut nommé chef régional de l’Ile de France en juin
1944.
[40]
Né en novembre 1902, Philippe de Hauteclocque fit ses études à Saint
Cyr. Participant à l’occupation de la Sarre, il fut envoyé au Maroc
lors de la guerre du Rif (voir à ce sujet le a), 13, section I,
chapitre cinquième, la troisième république). Pendant les
années 1930, il fut instructeur à Saint-Cyr. Participant à la
seconde guerre mondiale, Hauteclocque fut fait prisonnier, mais
parvint à s’évader. Prenant comme nom de résistant Jacques
Leclerc, il rejoignit Londres à compter de l’été 1940,
participant au mois d’août au ralliement de l’AEF à la France libre.
[41]
En 1945, il obtint de transformer son patronyme en Leclerc de
Hauteclocque.
[42]
Pour en savoir plus à ce sujet, voir le 2, section I, chapitre
premier, la troisième république.
[43]
Le MRP, fondé officiellement en novembre 1944, était l’héritier du
PDP, parti centriste d’avant-guerre.
[44]
Mendès-France était un avocat né en janvier 1907. Rejoignant le
parti radical au début des années 1920, il fut élu député en 1932.
Mobilisé au Proche-Orient lors de la seconde guerre mondiale, il fut
emprisonné par le régime de Vichy pour avoir voulu poursuivre le
conflit au sein de l’Empire colonial français. S’évadant, il parvint
à rejoindre Londres en 1943. Mendès-France fut nommé par le général
de Gaulle commissaire aux Finances au sein du CFLN.
[45]
Rebaptisée Loire-Atlantique à compter de 1957.
[46]
De nombreux éléments de la ligne Siegfried avaient été démontés en
direction du mur de l’Atlantique, à compter de 1941.
[47]
A noter que Montgomery, qui avait laissé le commandement de
l’ensemble des troupes alliées au général Eisenhower, avait été
nommé maréchal par Churchill, en guise de compensation.
[48]Vergeltungswaffe 2 en allemand, ou « arme de représailles
2. »
[49]
Pour en savoir plus sur le siège de Léningrad en 1943, voir le 7,
section VI, chapitre sixième, la troisième république.
[50]
La bataille de Koursk s’était achevée sur un échec. Voir à ce sujet
le 10, section VI, chapitre sixième, la troisième république.
[51]
Pour plus de détails sur la bataille du Dniepr, voir le 12, section
VI, chapitre sixième, la troisième république.
[53]
L’opération avait été baptisée en l’honneur de Piotr Ivanovitch
Bagration, un général russe mort lors de la bataille de la
Moskova, en septembre 1812 (pour en savoir plus sur cette bataille,
voir le 4, section I, chapitre quatrième, l’épopée napoléonienne).
[54]
Model, né en janvier 1891, s’engagea dans l’armée en 1909, puis
participa à la première guerre mondiale. Blessé en 1918, il intégra
la Reichswehr après guerre. Promu général en 1938, il participa à
l’invasion de la Pologne, à la campagne de France, puis à
l’opération Barbarossa. Model fut promu maréchal en mars 1941.
[56]
Abréviation de Glavnoïe oupravlenie
laguereï, « administration principale des camps »,
en français. Les goulags étaient des camps de concentrations
soviétiques, ouverts à compter de 1918 (pour en savoir plus à ce
sujet, voir le d), 2, section I, chapitre cinquième, la troisième
république).
[57]
A noter que les insurgés récupérèrent quelques tonnes de matériel,
larguées au dessus de Varsovie par la RAF. Toutefois, en raison de
pertes importantes (causées par des tirs allemands et soviétiques),
Churchill mit rapidement fin à cette opération.
[58]
A l’issue de la bataille de France, la Roumanie perdit la Dobroudja,
rétrocédée à la Bulgarie ; la Bessarabie, rétrocédée à l’URSS ; et
la Transylvanie, rétrocédée à la Hongrie.
[59]
Antonescu, né en juin 1882, avait participé à la deuxième guerre
balkanique (pour plus de détails sur la seconde guerre balkanique,
voir le b), 4, section III, chapitre troisième, la troisième
république) et au premier conflit mondial. Pendant les années
1920, il fut attaché militaire à Paris et à Londres, puis fut promu
général en 1937.
[60]
Né en octobre 1893, Charles II mena une vie jugée dissolue par son
père, le roi Ferdinand I°. A sa mort, en 1927, ce dernier
décida donc de transmettre la couronne à son petit fils Michel.
Charles II, installé en France depuis le début des années 1920,
rentra en Roumanie à la mort de son père, s’emparant de la régence.
Critiqué à gauche par les communistes et les démocrates, mais aussi
à droite par les fascistes, Charles II refusa d’abandonner
l’alliance traditionnelle avec la France et l’Angleterre. En 1938,
il modifia la constitution afin d’établir un pouvoir autoritaire,
mais malgré tout il ne put faire face à la pression cumulée de
l’Allemagne nazie et de l’URSS. Déposé par Ion Antonescu au profit
de Michel, Charles II fut contraint à l’exil en septembre 1940.
[61]
Siméon II, né en juin 1937, était alors âgé de six ans. Son père,
Boris III, avait trouvé la mort en août 1943, au retour d’un
voyage en Allemagne. Souverain récalcitrant (il avait noué des
contacts avec les alliés), il fut vraisemblablement empoisonné.
Cyril, frère du défunt, fut alors chargé d’organiser la régence.
[62]
Rappelons que la Hongrie avait reçu la moitié sud et est de la
Slovaquie en 1939, grâce au soutien de l’Allemagne nazie, suite au
démantèlement de la Tchécoslovaquie. Pour en savoir plus, voir le
b), 14, section II, chapitre cinquième, la troisième république.
[63]
L’Empereur d’Autriche-Hongrie, Charles I°, avait été déposé
suite à la première guerre mondiale. Toutefois, si aucun membre de
la famille impériale ne monta sur le trône, la Hongrie demeura une
monarchie.
[64]
Kupi, né en 1892, était un officier de gendarmerie. Après l’invasion
de l’Albanie, il fut le chef de file des monarchistes albanais.
[65]
Né en octobre 1908, le jeune Hoxha fit ses études en France, entre
Montpellier et Paris. Rentrant en Albanie en 1936, il enseigna dans
le lycée français de Korçë. Il en fut toutefois exclu en raison de
son activisme communiste. Suite à l’invasion de l’Albanie, il décida
de rejoindre la résistance.
[67]
Si la Finlande ne devint pas un satellite de l’URSS après guerre (le
pays restait capitaliste, neutre, avait des relations diplomatiques
avec le bloc de l’ouest, etc.), le pays fut strictement surveillé
par Moscou : censure, politique étrangère conforme aux intérêts de
l’URSS, noyautage des partis politiques finlandais par des
Soviétiques, etc.
[68]
Kesserling, né en novembre 1885, participa à la première guerre
mondiale au sein de l’artillerie, sortant du conflit avec le grade
de capitaine. Transféré dans la Reichswehr à compter de 1919, il
travailla à la reconstruction de la Luftwaffe. Promu général en
1935, Kesserling participa à l’invasion de la Pologne et à la
campagne de France, où il fut nommé maréchal. Après l’échec de la
bataille d’Angleterre, il soutint l’invasion de l’URSS, puis fut
nommé commandant en chef de la Wehrmacht en Europe du sud.
[69]
Le CEF, composé de quatre divisions (pour la plupart en provenance
de l’armée d’Afrique) avait été formé peu avant le débarquement de
Sicile, à l’automne 1943.
[70]
Les goumiers étaient des soldats marocains, appartenant à des
goums, unités d’infanterie de l’armée d’Afrique. La création des
premiers goums se fit au début du XX° siècle, lors de la conquête du
Maroc.
[71]
On appelle victoire à la Pyrrhus toute bataille ou le
vainqueur a perdu autant d’hommes, voire plus, que le vaincu. Pour
en savoir plus sur le général Pyrrhus et l’origine de cette
expression, voir le 6, section II, chapitre troisième, histoire
de la Rome antique.
[72]
Du nom de Frido von Senger, général allemand ayant défendu le
mont Cassin.
[75]
Pour les mêmes raisons que la ligne Hitler avait été rebaptisée
ligne Senger.
[76]
Le Gouvernement provisoire de l’Inde libre, dont la sphère
d’influence était aux îles Andaman-et-Nicobar (un archipel situé au
sud-est de l’Inde) souhaitait libérer l’Inde de la domination
britannique.
[81]
L’objectif de l’opération était d’empêcher les Japonais de porter
assistance aux îles Marshall.
[82]
A cette époque, Mac Arthur avait assuré la défense de l’île. Pour en
savoir plus, voir le 12, section V, chapitre sixième, la
troisième république.
[83]
Ce comité de taille réduite réunissait les officiers les plus hauts
gradés de l’armée américaine : armée de Terre, armée de l’Air,
Marine (à noter que les garde-côtes et les marines ne faisaient pas
partie de cette organisation à cette époque).
[84]
Le seppuku (plus connu en France sous le nom de hara-kiri),
était un suicide rituel japonais, consistant à s’ouvrir le ventre
via une coupe horizontale effectuée avec un sabre court.
[85]
Toyoda, né en mai 1885, fit ses études à l’académie navale du Japon.
Gravissant les échelons tout au long de sa carrière militaire,
Toyoda fut nommé amiral en septembre 1941. A noter qu’il s’opposa à
un conflit contre les Etats-Unis, jugeant qu’il s’agissait d’une
guerre impossible à gagner.
[86]
Le dernier Japonais présent sur Tinian fut capturé en 1953.
[87]
Voir à ce sujet le 13, section IV, chapitre sixième, la troisième
république.
[88]
Le dernier soldat japonais fut capturé en 1972.
[89]
Le Musashi était, avec son navire-jumeau le Yamato, le plus
grand cuirassier de l’Histoire.
[90]
Les porte-avions d’escorte étaient en général d’anciens navires
reconvertis en porte-avions. Il s’agissait donc de bâtiments moins
lourds, ne pouvant embarquer qu’une quantité limitée d’avions.
[91]
Du japonais kami (« dieu ») et kaze (« vent »), ce qui
signifie « vent divin ». Au Japon, le nom officiel de ces unités
était tokubetsu kōgeki tai(abrégé en tokkōtai), ce qui signifie « unités d'attaques
spéciales ».
[92]
Pour en savoir plus sur la conquête de Tinian, voir le c), 24,
section VII, chapitre sixième, la troisième république.