1°
L’invasion de la zone libre, ou opération Anton (novembre 1942)
– En novembre 1942, suite au débarquement allié en Afrique du nord[1],
Hitler décida d’envahir la zone libre.
A
noter que toutefois que ce dernier avait élaboré la Directive 19 dès
l’été 1940, prévoyant l’invasion de la zone libre, au cas où un mouvement de
révolte éclaterait dans les colonies françaises d’Afrique du nord.
Au
soir du 10 novembre 1942, le Führer lança l’opération Anton, destinée
à étendre la domination du Reich sur l’ensemble du territoire français.
Ainsi, la I° Armée allemande partit de Nantes en direction des
Pyrénées et de la frontière espagnole ; au même moment, la VII° Armée
traversait la ligne de démarcation, avançant vers Vichy et Toulon.
L'opération Anton.
Par ailleurs la zone d’occupation italienne fut considérablement agrandie,
les armées du Duce étant autorisées à s’installer en Côte d’Azur, en Savoie
et en Corse.
En
l’espace de quelques jours, les Allemands se rendirent maîtres de la zone
sud, faisant de l’opération Anton un franc succès (la ligne de démarcation,
devenue obsolète, fut supprimée à la mi-février 1943.). A noter en outre que
l’armée de l’armistice, mise en place à l’été 1940 dans l’ancienne zone
libre, fut dissoute.
La France de novembre 1942 à septembre
1943.
2° Le sabordage de la flotte
française à Toulon (27 novembre 1942) – Hitler ayant
envahi la zone libre, un des ses objectifs était désormais de faire main
basse sur la flotte française.
Toutefois, rappelons que les conditions d’armistice[2]
stipulaient que la France conservait le contrôle de sa Marine de guerre,
alors la quatrième mondiale (derrière les Etats-Unis, l’Angleterre et le
Japon.).
Cependant, alors que l’amiral Darlan s’était engagé auprès du gouvernement
britannique à ne jamais livrer la flotte française à l’ennemi[3],
Churchill avait lancé l’opération Catapult en juillet 1940, destinée à
s’emparer ou à couler les bâtiments de guerre français[4].
Cette offensive, qui coûta la vie à de nombreux marins français, entraîna
l’apparition d’un fort courant anglophobe parmi les officiers de la Marine
française, ce dont Hitler souhaitait profiter.
En
novembre 1942, le gros de la flotte française mouillait à Toulon, sous le
commandement de l’amiral Jean de Laborde[5].
Toutefois, comme nous l’avons vu précédemment, les navires français
manquaient de carburant, et les équipages manquaient d’entraînement.
A
noter que le 13, l’amiral Darlan avait donné l’ordre à Laborde de rejoindre
Oran[6],
ce qu’il avait refusé.
Au
soir du 26 novembre, les Allemands lancèrent l’opération Lila,
destinée à se rendre maîtres de la flotte française à Toulon.
A
l’aube du 27, les premiers Panzers arrivèrent dans le port, puis franchirent
le mur d’enceinte en l’espace d’un quart d’heure.
Depuis Vichy, Laval rentra en contact avec l’amiral Laborde, lui donnant
l’ordre d’éviter tout incident et d’annuler la procédure de sabordage prévue
en cas de coup de force allemand. Toutefois, la communication étant
mauvaise, les instructions de Laval ne furent pas suivies.
Les Allemands se dirigeant vers le cuirassier Strasbourg, ce dernier
s’éloigna de la jetée, et riposta lorsque l’ennemi ouvrit le feu.
L’amiral Laborde, plutôt que de rejoindre l’Afrique du nord, préféra donner
l’ordre de saborder la flotte française. Ainsi, à partir de six heures du
matin, les officiers sabordèrent leurs navires, en noyant les soutes ou en
faisant sauter des explosifs.
Au
total, près de 235 000 tonnes furent envoyées par le fond, dont un
cuirassier, neuf croiseurs, une trentaine de destroyers, douze sous-marins,
ainsi que 60 bâtiments de taille diverses.
Le sabordage de la flotte française à
Toulon, novembre 1942, Mémorial Leclerc, Paris.
L’opération Lila se soldait sur un cuisant échec pour les Allemand, car même
remis à flot, les navires français ne furent plus en état de fonctionner (la
Wehrmacht s’empara toutefois d’une quarantaine de petits bâtiments, mais
pour la plupart désarmés ou endommagés.).
A
noter cependant que cinq sous-marins et un baliseur[7]
parvinrent à s’enfuir de Toulon (cependant, deux sous-marins ne parvinrent
pas à rejoindre l’Afrique du nord, la Vénus se sabordant à l’entrée
du port ; l’Iris, à court de carburant, rejoignit Barcelone, où il
fut interné jusqu’à la fin de la guerre.).
3° Le déclin du régime de Vichy
(1943) – Si depuis 1940, le régime de Vichy vivait dans
une relative indépendance, l’invasion de la zone libre sonna le glas de la
souveraineté française.
a)
La solution finale s’exporte en zone sud : comme nous l’avons vu plus
tôt, le régime de Vichy n’avait pas hésité à collaborer avec le troisième
Reich, au sujet des juifs d’origine étrangère. C’est ainsi que 13 000
d’entre eux avaient été déportés, suite à la rafle du vel d’hiv, en juillet
1942.
Cependant, l’invasion de la zone libre mit fin à la relative protection dont
bénéficiaient les Français de confession juive. Les SS[8],
s’installant dans les Préfectures françaises de la zone sud, développèrent
rapidement leurs activités antisémites.
Alors que la solution finale avait été adoptée en début d’année dernière,
de nombreuses rafles furent organisées en 1943 dans l’ancienne zone libre,
visant juifs étrangers comme Français de confession juive.
C’est ainsi que Marseille fut la cible d’un gigantesque contrôle de police,
en janvier 1943. L’objectif de René Bousquet, chef de la police nationale,
mandaté par Heinrich Himmler, était d’arrêter les criminels marseillais, un
attentat commis en début d’année ayant coûté la vie à plusieurs soldats
allemands.
Epaulé par 12 000 policiers, Bousquet procéda à 40 000 interpellations,
arrêtant 2 000 marseillais (dont 800 juifs.). Par ailleurs, les Allemands
firent sauter 1 500 immeubles du Vieux-Port, après avoir fait évacuer le
quartier (les autorités allemandes considéraient que ces rues étroites et
sinueuses pouvaient être un danger pour les troupes d’occupation.).
Prenant en charge le camp de Drancy, dans la région parisienne, en juillet
1943, les autorités allemandes poursuivirent les rafles tout au long de
l’année. De nouvelles arrestations se déroulèrent donc à Lyon, en février
(80 déportations.) ; à Nîmes et à Avignon, en avril (une centaine de
déportations) ; et à Nice, en septembre (1 900 déportations.).
Afin de se mettre à l’abri des persécutions, près de 30 000 juifs trouvèrent
refuge dans la zone occupée italienne, au sud-est du pays. Toutefois, en
raison de l’armistice signé entre les alliées et l’Italie, en septembre 1943[9],
les autorités allemandes ne tardèrent pas à occuper ce territoire.
A
noter que Bousquet, très impliqué dans la collaboration avec l’Allemagne,
fut dépassé sur sa droite par la Milice française, une organisation
ultra-collaboratrice créée en janvier 1943.
Protestant contre les violences commises par la Milice (exécution de
politiques, traques aux réfractaires du STO, arrestations de juifs, etc.),
Bousquet décida de démissionner en fin d’année 1943, après avoir détruit ses
archives et ordonné la libération de plusieurs prisonniers[10].
b)
La création de la Milice (janvier 1943) : la Milice française fut
instaurée par le maréchal Pétain, afin de lutter contre la Résistance (alors
qualifiée de « terroriste. »). Officiellement, le chef de cette organisation
paramilitaire était Laval, mais en réalité son commandement fut exercé par
Joseph Darnand, fondateur du SOL.
Arborant un gamma stylisé, symbole du bélier[11],
la Milice était à la fois un parti, une police (le Deuxième service.)
et une armée (la Franc-garde.).
A
son apogée, les effectifs de cette organisation s’élevèrent à 30 000 hommes,
pour seulement 10 000 miliciens actifs (la majorité des membres de la Milice
étaient des bénévoles, qui ne se réunissaient que ponctuellement.).
Affiche de propagande pour la Milice (la légende indique "Contre le
communisme, Milice française").
Bien qu’ayant toujours refusé de faire de la France un allié militaire, le
gouvernement allemand décida, en juillet 1943, de permettre aux volontaires
français de s’engager dans la Waffen-SS[12](l’objectif était de combler les
énormes pertes subies sur le front est.).
C’est ainsi que fut créée la brigade Frankreich, à la fin juillet
1943. Darnand, marquant un pas en avant dans l’ultra-collaborationnisme, fut
alors nommé Obersturmführer[13]
de la Waffen-SS, après avoir prêté serment à Adolf Hitler.
C’est à compter de cette date que les cadres de la Waffen-SS s’engagèrent à
fournir des armes à la Milice[14].
Affiche de propagande allemande en faveur de la Waffen-SS (la légende
indique "Avec tes camarades européens, sous le signe SS tu vaincras !").
La
Milice, se substituant de plus en plus à la police française, collabora
pleinement à la Gestapo[15],
multipliant les arrestations et les exactions contre les populations civiles
(meurtres, torture, vols, incendies, etc.).
En
fin d’année 1943, la défaite allemande semblait être inéluctable. Mais les
Miliciens, plutôt que de faire basse-mine, redoublèrent d’un fanatisme
pro-nazi, qui toucha même le régime de Vichy.
Place de la Concorde, ouvriers repeignant des panneaux indicateurs rédigés
en allemand, 1943, Mémorial Leclerc, Paris.
4° L’unification de la Résistance
française (1943) – Comme nous l’avons vu précédemment,
Jean Moulin, émissaire du général de Gaulle en France, était parvenu à nouer
des contacts avec les trois grands groupes de résistance de la zone sud :
Combat, d’Henri Frenay ; Libération, d’Emmanuel d’Astier de La Vigerie ;
Franc-Tireur, de Jean Pierre Lévy.
L’union de ces groupes avait donné naissance aux Mouvements unis de la
résistance, en janvier 1943. Moulin en fut nommé président, d’Astier
commissaire aux affaires politiques, Frenay commissaire aux affaires
militaires, Lévy commissaire aux renseignements et à l’administration.
a)
L’union des groupes de la zone nord (janvier à mars 1943) :
toutefois, si les différents mouvements de la zone sud avaient entamé un
processus d’unification en cours d’année 1942, l’union des groupes de
résistances en zone nord ne se fit qu’à compter de 1943.
Cette tâche, organisée en marge de la mission de Moulin, fut confiée à deux
collaborateurs du général de Gaulle : André
Dewavrin[16](surnommé colonel Passy.), chef
du Bureau central de renseignements et d'action (il s’agissait du
service de renseignement de la France combattante.) et
Pierre Brossolette[17]
(un des membres du BCRA.). A noter que les deux hommes furent accompagnés
par Forest Yeo-Thomas[18],
membre du Special opérations executive (il s’agissait d’un service
secret britannique créé en juillet 1940 par Churchill, destiné à soutenir la
Résistance française.).
De gauche à droite :
André Dewavrin ; Pierre Brossolette, 26 avril 1942, Mémorial Leclerc, Paris
; Forest Yeo-Thomas.
Les trois hommes, dans le cadre de la mission Arquebuse-Brumaire
(baptisée opération Seahorse en anglais.), furent parachutés en zone
nord en début d’année 1943.
Pendant plusieurs semaines,
de nombreux contacts furent noués avec les groupes de résistance en zone
occupée, la mission Arquebuse-Brumaire posant les jalons d’une future union
dans la moitié nord.
C’est ainsi que fut créé le
comité de coordination de la zone nord en mars 1943, réunissant
Organisation civile et militaire, Ceux de la Résistance, et
Ceux de la Libération. Furent aussi mises en place les bases d’une
future Armée secrète en zone nord, sous l’autorité de la France combattante.
Les trois hommes rentrèrent à Londres en avril 1943. Alors que Dewavrin et
Brossolette faisaient état de leur bilan auprès du général de Gaulle,
Yeo-Thomas quant à lui, se prononça en faveur du maintien du soutien accordé
par Churchill à la France combattante.
Dessin humoristique (propagande
allemande) fustigeant les "gaullistes en pantoufles", représentés par
Barbichou et Bichounet, qui attendent la libération en écoutant la radio
britannique (la légende indique : La logique de Bichounet - "Allo !!..
Ici Londres !!.. Patience !!.. On viendra bientôt vous délivrer !!...").
Du
côté des résistants communistes, ces derniers prirent d’eux même contact
avec Londres. C’est ainsi que Gilbert
Renault[19](surnommé colonel Rémy.), agent
de la BCRA, servit d’interlocuteur entre le général de Gaulle et
Fernand Grenier[20],
représentant du parti communiste, du mouvement
Front national[21]
et du groupe paramilitaire
Francs-tireurs et partisans[22].
b)
La création du Conseil nationale de la résistance (mai 1943) : Jean
Moulin, rentré à Londres en février 1943, rentra en France quelques semaines
plus tard. Ce dernier, sous le pseudonyme de Max, fut chargé de
donner naissance au Conseil national de la résistance, organisation
regroupant les comités de coordination des zones sud et nord.
La
première réunion du CNR se déroula à Paris, à la fin du mois de mai
1943. Y participèrent Combat, Libération et Franc-Tireur (les trois grand
groupes de la zone sud.), mais aussi Organisation civile et militaire, Ceux
de la Libération, Ceux de la Résistance, le Front national, et
Libération-Nord.
Outre les principaux groupes de résistance, l’on comptait les principaux
partis politiques d’avant guerre, tels que le parti radical-socialiste, la
SFIO, le parti communiste, le parti démocrate-populaire[23],
l’Alliance démocratique[24]
et la Fédération républicaine[25].
A
noter enfin qu’étaient présents les représentants de deux syndicats
d’avant-guerre[26],
la CGT[27]
et la CFTC[28].
Cette réunion, présidée par Jean Moulin, eut une portée considérable, la
France étant le seul pays occupé ayant parvenu à unifier ses différents
réseaux de résistance. La création du CNR contraignit Washington à accorder
plus d’importance au général de Gaulle et à la France combattante.
c)
L’arrestation de Jean Moulin et du général Delestraint, la création des
FFI (juin à décembre 1943) : toutefois, Moulin fut arrêté un mois après,
suite à la dénonciation ou l’imprudence du résistant René Hardy,
membre du groupe Combat.
En
effet, alors qu’il se rendait à Caluire-sur-Cuire afin d’assister à une
réunion avec plusieurs membres de la Résistance, Moulin et ses compagnons
furent arrêtés par la SS.
L’arrestation de Jean Moulin et du général Delestraint, chef de l’Armée
secrète, porta un coup dur à la Résistance[29].
Ce
fut Georges Bidault[30],
membre du groupe Combat, qui succéda à Moulin. Ce dernier, ne réunissant
plus le CNR en séance plénière, instaura un conseil exécutif restreint
composé de cinq membres seulement.
Georges Bidault, Mémorial Leclerc, Paris.
Le
général Delestraint, quant à lui, fut remplacé en juillet 1943 par
Pierre Dejussieu-Pontcarral[31].
C’est sous sa direction que s’organisa la fusion de l’Armée secrète et des
groupes paramilitaires FTP[32]
et ORA[33],
donnant naissance au Forces françaises de l’Intérieur (décembre
1943.).
En
parallèle de cette fusion, le CNR donna naissance au Comité d’action
militaire en février 1944, destiné à superviser les FFI. En effet, comme
nous l’avons vu précédemment, les chefs des groupes de résistances
n’appréciaient guère que leur branche armée ne soit dirigée par Londres.
Toutefois, les attributions de ce nouvel organisme restèrent toujours
confuses.
Enfin, à noter que Brossolette et Yeo-Thomas rentrèrent en France à
l’automne 1943, dans le cadre de l’opération Marie-Claire, destinée à
recenser les besoins militaires des différents groupes de résistance.
5° L’opération Gomorrhe, ou
bataille aérienne de Hambourg (juillet à août 1943) – En
début d’année 1943, alors que Staline réclamait avec insistance l’ouverture
d’un second front à l’ouest, les Etats-majors britanniques et américains
élaborèrent l’opération Gomorrhe, prévoyant une intense campagne de
bombardements contre Hambourg, la deuxième ville d’Allemagne (et premier
port du pays.).
A
noter que cette ville avait déjà été la cible de bombardements opérés par
les Britanniques, entre 1940 et 1941, ces derniers n’étant toutefois que
d’ampleur modeste.
Hambourg au début du XX° siècle.
Pour mener à bien cette offensive, il fut décidé que le bombardement devrait
s’étaler sur une semaine, l’US Air Force[34]
organisant les raids de jour, la RAF les raids de nuit.
Dans la nuit du 24 au 25 juillet 1943, un premier bombardement fut effectué
par les appareils britanniques, les raids se poursuivant jusqu’au 3 août. En
l’espace d’une semaine, près de 9 000 tonnes de bombes furent larguées au
dessus de la ville.
L’opération Gomorrhe causa de très importants dégâts à Hambourg, faisant
40 000 tués et autant de blessés (plus un million de sans-abris, de
nombreuses habitations ayant été détruites par les bombes.).
Outre les dégâts civils, Hambourg perdit l’essentiel de son potentiel
industriel, ne retrouvant pas sa production d’origine d’ici la fin du
conflit. Ainsi, l’on estime qu’un tiers des grands complexes industriels
furent détruits, contre la moitié des petites usines.
Ruines de Hambourg suite aux
bombardements.
Les bombardements sur Hambourg se poursuivirent jusqu’en 1945, bien qu’étant
d’ampleur bien plus modeste.
6° La bataille aérienne de Berlin
(novembre 1943 à mars 1944) – Alors que Berlin avait été
épargnée par les bombes britanniques depuis l’été 1940, un nouveau raid fut
organisé à compter de novembre 1943 (ce dernier faisait suite aux
bombardements sur Hambourg.).
L’objectif de la RAF était de gravement endommager la capitale allemande,
afin de pousser l’ennemi à capituler.
Les bombardiers britanniques lancèrent un premier raid dans la nuit du 18 au
19 novembre 1943, suivi de bombardements réguliers jusqu’en mars 1944.
Ces offensives aériennes firent d’importants dégâts, détruisant le quartier
des ambassades, plusieurs zones résidentielles des quartiers ouest et
centre, le bâtiment administratif de la Waffen-SS, le réseau ferroviaire,
plusieurs usines de guerre, etc.
Au
sol, les bombardements firent 4 000 tués, 10 000 blessés et près de 450 000
sans-abris.
Toutefois, ces raids sur Berlin furent très coûteux pour la RAF, qui
déplorait d’importantes pertes : 2 600 tués, 1 000 prisonniers, ainsi que
500 appareils détruits.
Par ailleurs, si les bombardements avaient fait beaucoup de dégâts, Hitler
refusa néanmoins de capituler.
7° Le siège de Léningrad (1943)
– Comme nous l’avons vu plus tôt, la Wehrmacht avait lancé
une offensive de grande ampleur aux alentours de Léningrad au printemps
1942, capturant la rive sud du lac Ladoga.
a)
L’opération Iskra (janvier 1943) : la cité assiégée étant désormais
privée de ravitaillement, une première offensive soviétique avait été lancée
contre la rive sud du lac Ladoga à l’été 1942. Toutefois, l’armée rouge
n’était pas parvenue à en chasser les troupes allemandes.
A
la mi-janvier 1943, alors que les combats avaient pris fin depuis l’automne,
la Stavka lança l’opération Iskra[35],
dirigée elle aussi contre la rive sud du lac Ladoga (à noter que
l’offensive, initialement prévue en décembre, fut repoussée d’un mois car le
lac n’était pas suffisamment gelé.).
Première phase de l'opération Iskra.
Dans la nuit du 11 janvier, les bombardiers soviétiques furent chargés
d’attaquer les positions ennemies (artillerie, centres de communication,
etc.), préparant l’offensive des troupes aux sols, qui eut lieu dans la
matinée du 12.
Bénéficiant d’une forte supériorité numérique, les troupes soviétiques
attaquèrent les positions allemandes sur deux flancs, à l’est et à l’ouest.
Attaqué sur deux fronts, l’Etat-major allemand opposa une résistance
acharnée à l’ennemi, faisant appel à ses réserves dès le début du combat.
A
la fin de la journée, l’armée rouge était parvenue à progresser de cinq
kilomètres à l’ouest, et de deux kilomètres à l’est.
Seconde phase de l'opération Iskra.
Dans les jours qui suivirent, les Soviétiques poursuivirent leur
progression, mais au prix de lourdes pertes. Contrainte de composer avec une
météo défavorable, l’armée rouge parvint néanmoins à encercler l’ennemi, les
fronts est et ouest faisant jonction le 18 janvier.
A
cette date, les Allemands se trouvaient dans une situation difficile,
assiégés dans Chlisselbourg par un ennemi supérieur en nombre. Certaines
troupes allemandes parvinrent à échapper à l’encerclement, rejoignant les
positions de la Wehrmacht au sud, mais furent contraintes d’abandonner leur
matériel lourd.
C’est ainsi qu’une nouvelle ligne de front fut établie au nord de Siniavine,
les Soviétiques n’étant pas parvenus à s’emparer de cette position.
Troisième phase de l'opération Iskra.
L’armée rouge commençant à sécuriser la nouvelle ligne de front à compter de
la fin janvier, Staline ordonna la construction d’un chemin de fer en
direction de Léningrad. Ainsi, l’ancienne capitale fut ravitaillée en
provisions et matériel, dès février 1943.
A
noter au final que si l’armée rouge était parvenue à s’emparer de la rive
sud du lac Ladoga, l’opération Iskra n’avait pas atteint tous ses objectifs.
En effet, les Allemands détenaient toujours Siniavine, mettant à portée de
canon les territoires sous contrôle soviétique.
b)
La bataille de Krasny Bor (février 1943) : suite à l’opération Istra,
les Allemands savaient que l’ennemi ne tarderait pas à attaquer à nouveau.
C’est ainsi que la Wehrmacht entreprit de fortifier leur position à Krasny
Bor, à une quarantaine de kilomètres au sud-est de Léningrad.
Les Allemands furent assistés dans cette tâche par les Espagnols de la
division Azul[36].
Disposant encore d’une forte supériorité numérique (44 000 Soviétiques
contre 6 000 hommes côté allemand.), l’armée rouge commença à bombarder
Krasny Bor dans la matinée du 10 février 1943.
L’objectif de la Stavka était de s’emparer de cette zone afin de couper en
deux le front allemand, ce permettrait aux Soviétiques d’attaquer Siniavine
à revers.
Après un bombardement intensif, l’armée rouge, disposant de chars T-34 et
KV, se lança à l’assaut des positions ennemies. Toutefois, les Soviétiques
rencontrèrent de grandes difficultés. En effet, non seulement les chars
s’enlisèrent dans la neige fondue ; en outre, l’ennemi n’avait guère
souffert du bombardement.
Tank KV.
Les Soviétiques parvinrent néanmoins à encercler les troupes espagnoles,
assiégées dans Krasny Bor. Une partie de la division Azul parvint à
rejoindre les faubourgs sud, tentant par la suite de reprendre la ville à
l’ennemi.
A
la mi-février, l’armée rouge parvint à conserver Krasny Bor, mais, ayant
perdu un tiers de ses troupes (soit 10 000 morts.), ne pouvait plus avancer.
Côté allemand, les pertes étaient importantes, la Wehrmacht et la division
Azul déplorant la perte de 4 000 tués et blessés, plus 300 prisonniers.
c)
La Wehrmacht sur la défensive (printemps à hiver 1943) : les
Soviétiques se faisant plus menaçants, l’OKW décida de faire reculer ses
troupes de la poche de Demiansk au printemps 1943, afin de raccourcir le
front de plusieurs centaines de kilomètres.
Ce
faisant, les nombreuses divisions libérées à cette occasion furent chargées
de défendre Siniavine, qui fut à nouveau la cible d’attaques menées par
l’armée rouge au cours du mois de mars.
Pendant l’été 1943, la Stavka préférant se concentrer sur l’offensive sur le
Dniepr[37],
les Soviétiques n’attaquèrent plus dans la région de Léningrad jusqu’en fin
d’année 1943.
Le front est (novembre 1942 à mars 1943).
8° L’opération Saturne,
contre-offensive soviétique au Caucase et en Ukraine (janvier à février
1943) – L’année 1942 avait été un succès pour les troupes
allemandes, qui s’étaient emparées du Caucase et de l’Ukraine, progressant
d’un millier de kilomètres en territoire ennemi.
Toutefois, suite au lancement de l’opération Uranus, les Allemands enfermés
dans Stalingrad furent contraints de déposer les armes en début d’année 1943[38].
En
parallèle fut lancée l’opération Saturne par la Stavka, en janvier
1943, destinée à reconquérir les territoires perdus l’année précédente.
En
raison de la prise de Stalingrad par les Soviétiques, le groupe d’armées A,
qui hivernait à Naltchik et Mozdok, au sud du Caucase, fut contraint
d’abandonner ses positions en fin d’année 1942. Les Allemands du groupe A se
retirèrent alors vers Rostov, leur position initiale, puis vers l’Ukraine.
A
noter qu’une partie du groupe A fut coincée sur la pointe ouest du Kouban,
sur les rives de la mer d’Azov.
L’ennemi ayant abandonné le Caucause, la région fut rapidement reprise par
les Soviétiques. Plus au nord, l’armée rouge, repoussant l’ennemi, parvint à
établir le nouveau front sur une ligne Koursk-Kharkov-Ekaterinoslav[39].
A
noter toutefois que le général von Manstein, évacuant le saillant de Rjev,
libéra suffisamment de troupes pour lancer une importante contre-offensive
sur la ligne Koursk-Kharkov au printemps 1943.
9° La bataille de Kharkov (19
février au 15 mars 1943) – Recevant l’appui des troupes
allemandes en provenance du saillant de Rjev, le général von Manstein se
dirigea vers Kharkov en février 1943. Cette opération fut baptisée
campagne du Donets côté allemand (le Donets étant un affluent du Don.).
Malgré une nette infériorité numérique, les troupes allemandes affrontèrent
l’ennemi lors de la bataille de Kharkov[40],
à compter du 19 février 1943.
A
la tête de 70 000 soldats, von Manstein lança l’attaque sur les lignes
ennemies, établies à l’ouest de Kharkov. Malgré leur nette supériorité
numérique (500 000 hommes.), les Soviétiques ne parvinrent pas à mettre un
terme à la contre-attaque allemande, qui progressa jusqu’à Kharkov au début
du mois de mars.
La bataille de Kharkov.
Alors que la Wehrmacht s’établissait sur le Donets, la division SS
Leibstandarte Adolf Hitler[41],
plutôt que d’encercler Kharkov comme le prévoyait le plan, décida de
pénétrer dans la ville.
Prenant la ville après une semaine de combats urbains, à la mi-mars 1943,
les Allemands s’emparèrent aussi de Belgorod, à 80 kilomètres au nord-ouest.
Affiche de propagande en faveur de la
division SS Leibstandarte Adolf Hitler (la légende indique : "vous aussi,
armez la SS Leibstandarte Adolf Hitler").
Avec l’arrivée du printemps, la pluie commença à tomber. Les terrains,
devenus boueux, étant impraticables, l’offensive allemande fut donc stoppée.
Cette contre-attaque allemande causa d’importantes pertes à l’armée rouge,
qui déplorait 45 000 tués, 40 000 blessés, 14 000 prisonniers, plus 600
chars détruits.
Côté allemand, les pertes étaient toutefois importantes, la Wehrmacht ayant
perdu 10 000 soldats.
10° La bataille de Koursk (4 au 15
juillet 1943) – Depuis 1941, la guerre sur le front est
suivait chaque année un schéma identique. Pendant l’été, l’Allemagne lançait
une grande offensive (Barbarossa en 1941, attaque contre l’Ukraine et le
Caucase en 1942.), avant de subir une contre-attaque soviétique pendant
l’hiver (recul de la région de Moscou en décembre 1941, recul de l’Ukraine
et du Caucase en décembre 1942.).
En
1943, l’OKW était conscient que la victoire sur l’URSS était désormais hors
de portée dans l’état actuel des choses. L’objectif de l’Etat-major allemand
était donc d’établir la Wehrmacht sur une position défensive, la future
ligne Panther-Wotan[42],
reliant Narva-Vitebsk-Kiev-Ekaterinoslav-Melitopol.
En
effet, Hitler était soucieux d’imiter la stratégie utilisée lors de la
première guerre mondiale, alors que les Allemands s’étaient retirés sur la
ligne Hindenburg[43].
L’objectif était dès lors de tenir aussi longtemps que possible, afin de
parvenir à signer une paix séparée avec l’une des puissances alliées.
a)
L’élaboration de l’opération Zitadelle (printemps 1943) : von
Manstein, qui s’était emparé de Kharkov en début d’année 1943, décida au
contraire de lancer une grande offensive contre Koursk, la région se
trouvant désormais dans un saillant (d’autant que la zone se trouvait à la
jonction des groupes d’armées du centre et du sud.).
C’est ainsi que fut préparée l’opération
Zitadelle[44]en collaboration avec l’OKW, au
printemps 1943. Afin de mener à bien cette offensive, le front fut dégarni
afin que de nombreuses divisions allemandes puissent être envoyées dans le
secteur de Kharkov.
L’offensive allemande, prévue pour le 1er mai 1943, fut toutefois
repoussée au mois de juillet, car l’ennemi avait solidement fortifié sa
position (la Stavka avait été informée des mouvements allemands.). Ne
disposant pas de l’effet de surprise, l’OKW profita toutefois de ce retard
pour équiper ses troupes de chars Panzer V Panther et Panzer VI Tigre, mais
aussi de blindés antichars Elefant (il s’agissait d’un tank lourd,
disposant d’un blindage de 200 mm, équipé d’un canon de 88.).
A
la veille de l’offensive, l’armée allemande comptait près de 900 000
soldats, équipés de 2 700 chars, 10 000 canons et 2 000 avions.
Panzer V Panther.
Côté soviétique, alors que Staline ne voulait pas laisser aux Allemands le
bénéfice de l’offensive, la Stavka, apprenant les préparatifs de l’opération
Zitadelle, préféra attendre que l’ennemi ne s’épuise de lui-même sur les
défenses soviétiques (les transmissions codées allemandes avaient été
décryptées par Londres.).
Ainsi, l’armée rouge entreprit de fortifier ses positions au printemps 1943,
plaçant des centaines de milliers de mines, creusant des tranchées et des
lignes antichars, installant des batteries, etc.
Enfin, d’un point de vue numérique, l’armée rouge disposait de forces
quelque peu supérieures à celles de l’ennemi : 1.3 millions de soldats, 5
000 tanks, 20 000 canons et 2 400 avions (à noter toutefois que la
supériorité numérique des Soviétiques ne leur assurait pas pour autant la
victoire, comme cela s’était déjà produit dans le passé.).
b)
Le flanc nord (4 au 15 juillet 1943) : l’offensive allemande débuta
au cours de la première semaine de juillet 1943, date à laquelle les positions ennemies
furent bombardées, au nord du saillant. Par ailleurs, les premières unités
de la Wehrmacht furent chargées d’attaquer les avant-postes ennemis.
Toutefois, dans la nuit du 4 juillet, les Soviétiques déclenchèrent un tir
d’artillerie, qui, épargnant les troupes, mis hors service près de la moitié
de l’artillerie allemande sur le flanc nord. En outre, cette
contre-offensive retarda de plusieurs heures l’attaque allemande.
Le
lendemain, une importante bataille aérienne se déroula dans le ciel de
Koursk, qui consacra la victoire allemande. Toutefois, manquant de
carburant, les appareils de la Luftwaffe ne purent apporter leur soutien à
l’opération Zitadelle.
Au
nord, la Wehrmacht s’enlisa dans ces positions dès le premier jour de
l’offensive, ne parvenant pas à s’emparer de Ponyri, à 80 kilomètres au nord
de Koursk.
La bataille de Koursk.
Ainsi, de nombreux blindés furent endommagés en roulant sur une mine ;
toutefois, même si les dégâts occasionnés pouvaient être réparés rapidement,
ils immobilisaient le char allemand suffisamment longtemps pour essouffler
l’offensive.
A
la mi-juillet, alors que les Allemands n’avaient progressé que d’une
quinzaine de kilomètres, ils avaient déjà perdu 300 Panzers III et IV, une
dizaine de chars Tigre, plus une cinquantaine de blindés antichars Elefant.
Subissant à cette date une contre-attaque soviétique (couplée à l’opération
Koutouzov[45],
visant à réduire le saillant d’Orel.), les troupes allemandes furent
contraintes de se replier, abandonnant leur position sur le flanc nord de
Koursk.
c)
Le flanc sud (4 au 15 juillet 1943) : au sud, les Allemands
bombardèrent la position ennemie le 4 juillet au matin, appuyés par une
centaine de stukas. Puis, la Wehrmacht s’attaqua dans la journée aux
avant-postes ennemis.
Le
lendemain, une nouvelle préparation d’artillerie fut effectuée à l’aube, à
laquelle participèrent les bombardiers de la Luftwaffe. Finalement, après
une demi-heure de bombardements, les troupes allemandes avancèrent en
direction d’Oboïan, village situé à une soixantaine de kilomètres au sud de
Koursk.
A
noter que les Allemands progressèrent plus rapidement sur le flanc sud, car
la Stavka, pensant que l’élite de l’armée allemande attaquerait au nord,
avait dégarni cette zone.
Toutefois, comme sur le flanc nord, les mines firent d’importants dégâts aux
Panzers ; les blindés allemands, ralentis, ne purent progresser que de cinq
kilomètres en territoire ennemi.
Plus à l’est, une offensive dirigée contre les rives du Donets fut couronnée
de succès, l’ennemi ne s’étant pas attendu à une attaque dans cette zone.
C’est ainsi que les divisions SS Leibstandarte Adolf Hitler, Das Reich
et Totenkopf[46]
parvinrent à atteindre la deuxième ligne de défense soviétique, mais au prix
de lourdes pertes.
Toutefois, bien que parvenant à percer la première ligne de défense ennemie,
la progression de la Wehmacht se fit de plus en plus lente au fil des jours.
En effet, contrairement à ce qui s’était passé en 1941, les Soviétiques ne
se faisaient plus tuer sur place, reculant en bon ordre afin de continuer la
lutte.
Ainsi, ayant progressé d’une soixantaine de kilomètres en territoire ennemi,
les Allemands ne parvinrent pas à atteindre Oboïan, ayant perdu plus de 300
chars.
d)
La bataille de Prokhorovka (12 juillet 1943) : à la mi-juillet, les
Allemands se trouvaient non loin de Prokhorovka, à une quarantaine de
kilomètres au sud-est d’Oboïan.
C’est à cette date que la Stavka décida de lancer une importante
contre-attaque dans la zone, afin d’en chasser l’ennemi.
A
noter que ce furent les trois divisions SS Leibstandarte Adolf Hitler, Das
Reich et Totenkopf, déjà passablement usées, qui subirent le gros de cette
nouvelle offensive.
Les Allemands, disposant que 600 tanks (Panzers III, IV, Panther, Tigre et
Elefant.), furent confrontés à 800 blindés allemands (en majorité des T-34,
KV et chars légers T-70.).
Le
12 juillet, Prokhorovka fut le théâtre d’une immense bataille de chars, les
deux belligérants étant soutenus par leurs aviations respectives. A l’issue
de violents combats, les Soviétiques, malgré leur supériorité numérique, ne
parvinrent pas à repousser l’ennemi.
Ainsi, la bataille de Prokhorovka causa d’importantes pertes à
l’armée rouge, soit 5 000 hommes tués et 700 chars détruits. Toutefois, les
Soviétiques conservaient suffisamment de réserves pour empêcher l’ennemi de
poursuivre sa progression.
Côté allemand, la situation n’était guère réjouissante, les SS ayant perdu
800 hommes et une soixantaine de chars.
e)
Bilan de la bataille de Koursk : la bataille de Koursk fut un
véritable échec pour l’armée allemande, qui perdit au cours de
l’affrontement plus de 250 000 hommes (tués et blessés.), ainsi qu’un
millier de chars.
Les pertes côté soviétique étaient encore plus importantes, l’armée rouge
déplorant 900 000 tués, blessés et disparus (plus 1 800 chars détruits ou
endommagés.).
Le front est - les batailles de Koursk et
Kharkov.
A
la mi-juillet, devant l’ampleur des dégâts (le saillant nord avait déjà été
évacué par la Wehrmacht.), Hitler ordonna l’arrêt de l’opération Zitadelle,
en dépit de l’opposition de von Manstein.
A
cette date, le Führer souhaitait préserver ses troupes, les alliés ayant
envahi la Sicile. Si l’île était prise par l’ennemi, ce dernier serait alors
en mesure de menacer l’Italie et les Balkans, et le troisième Reich serait
alors contraint d’ouvrir un nouveau front en Europe.
D’un point de vue tactique, si les pertes allemandes lors de la bataille de
Koursk restaient inférieures à celle de l’ennemi, les Soviétiques
disposaient de réserves supérieures à celles des Allemands.
En
outre, la Wehrmacht était pour la première fois vaincue lors d’une offensive
estivale, alors qu’au cours des années précédentes, cette période de l’année
permettait aux Allemands de progresser en territoire ennemi.
A
compter de l’été 1943, l’armée allemande ne fut plus en mesure de lancer
l’offensive, étant contrainte de subir les contre-attaques de l’armée rouge.
11° Les suites de la bataille de
Koursk, les opérations Koutouzov et Polkovodets-Roumiantsev (mi-juillet
à août 1943) – Comme nous venons de le voir, la bataille de
Koursk avait permis aux Allemands de former deux saillants, au nord et au
sud. Toutefois, le saillant nord fut réduit par les Soviétiques dès la
mi-juillet, ces derniers lançant au même moment l’opération Koutouzov,
dirigée contre Orel.
Au
sud, la progression des allemands ayant été plus importante, et ayant
occasionné des pertes plus élevées à l’armée rouge, la contre-attaque fut
retardée de quelques semaines.
Ainsi, ce n’est qu’au début du mois d’août que fut lancée l’opération
Polkovodets-Rumyantsev[47],
visant à reprendre Belgorod et Kharkov.
Progressant rapidement, en direction du sud, les Soviétiques s’emparèrent de
Belgorod le 5 août (Orel fut évacuée par l’armée allemande à la même date.).
Suite à la capture de Belgorod, l’armée rouge se dirigea vers Kharkov, où
les Allemands opposèrent une vive résistance malgré leurs récentes
déconvenues. A l’issue de dix jours d’intenses combats, le général von
Manstein ordonna à ses troupes de se replier sur le Dniepr. Ce faisant, les
Allemands abandonnaient la ville à l’ennemi, qui s’en empara le 22 août
1943.
12° La bataille du Dniepr (septembre à décembre 1943) –
Suite à l’échec de la bataille de Koursk, les troupes allemandes s’étaient
retirées le long du Dniepr, alors que les travaux de la ligne Panther-Wotan
avaient commencé pendant l’été.
L’objectif de la Wehrmacht était donc désormais de tenir ses positions,
jusqu’à ce que la construction des ouvrages fortifiés allemands ne soient
achevés.
Côté soviétique, Staline souhaitait profiter de l’avantage acquis suite à la
bataille de Koursk, afin d’empêcher les Allemands de s’enfermer derrière la
ligne Panther-Wotan. Par ailleurs, la région occupée par la Wehrmacht était
riche en ressources minières, la capture de cette zone par l’armée rouge
répondant en outre à un impératif d’ordre économique.
Une fois encore, les troupes soviétiques étaient en supériorité numérique,
comptant 2.6 millions d’hommes, 2 400 chars, 50 000 canons et 2 800 avions.
Les Allemands, déjà amoindris en raison de la précédente offensive, ne
comptaient que 1.2 millions de soldats, 2 100 blindés, 12 000 canons et
2 000 avions. A noter par ailleurs que si depuis le début de la guerre,
l’Allemagne conservait une certaine supériorité tactique, cette dernière
était de plus en plus contestée par l’ennemi, qui s’était considérablement
modernisé.
a)
Les Allemands se replient derrière le Dniepr (mi-septembre 1943) :
alors que les Soviétiques progressaient en direction du Dniepr, l’Etat-major
décida d’adopter la tactique de la terre brulée, détruisant les régions
traversées lors du recul.
Par ailleurs, plusieurs unités allemandes furent laissées dans certaines
villes, afin de retarder l’avancée de l’armée rouge.
Puis, le général von Manstein ordonna le repli des troupes derrière le
Dniepr, le fleuve, large de trois kilomètres, étant considéré comme une
barrière naturelle.
A
la fin septembre, la Stavka tenta de contourner le problème en organisant
une opération aéroportée. Toutefois, en raison de l’inexpérience des
pilotes, les soldats furent parachutés derrière sur les lignes soviétiques
ou dans le fleuve. Les troupes larguées en territoire ennemi, quant à elles,
éparpillées et mal équipées, furent pour la plupart éliminées par les
Allemands.
b)
Les Soviétiques franchissent le Dniepr (fin septembre à décembre 1943) :
les Allemands étant solidement retranchés derrière le Dniepr, la Stavka
n’avait que deux solutions pour l’emporter. Ou bien procéder à une grande
manœuvre de contournement, ou bien lancer un assaut massif contre l’ennemi.
Staline, soucieux de s’emparer de l’Ukraine au plus tôt, l’Etat-major
soviétique adopta la deuxième option.
C’est ainsi que les troupes soviétiques, équipées de simples radeaux,
commencèrent à traverser le fleuve à compter du 22 septembre 1943, attaquant
un front s’étendant sur plus de 800 kilomètres.
Ainsi, malgré de très importantes pertes, les premières têtes de pont furent
établies non loin de Kiev, à Krementchouk et Dnipropetrovsk. D’ici la fin du
mois, les Soviétiques une vingtaine de têtes de pont le long du Dniepr. Ces
dernières furent de taille variable en fonction de la résistance allemande
et du soutien accordé par l’artillerie et l’aviation soviétique.
Mémorial de la bataille du Dniepr, Kiev.
A
noter qu’en raison de la volonté de Staline de s’emparer de Kiev, capitale
historique de la région, les opérations se déroulant loin de la cité furent
moins soutenues (Kiev fut prise en décembre 1943.).
C’est ainsi que la moitié méridionale du Dniepr resta entre les mains de
l’ennemi, même si les Soviétiques parvinrent à isoler pendant l’hiver les
Allemands installés en Crimée.
c)
Bilan de la bataille du Dniepr : bien que moins connue que la
bataille de Stalingrad ou de Koursk, les affrontements sur le Dniepr furent
très coûteux en vies humaines, et ce dans chaque camp.
Ainsi, l’on estime que l’armée rouge eut 300 000 tués et 900 000 blessés ;
pour 800 000 tués, blessés et disparus côté allemand.
13° La bataille de Smolensk (août à octobre 1943) – En
parallèle des opérations Koutouzov et Polkovodets-Roumiantsev, l’armée rouge
lança une importante contre-attaque, dirigée contre Smolensk.
a)
Une région bien défendue mais attaquée par un ennemi supérieur en nombre :
toutefois, contrairement à leurs homologues installés aux alentours de
Koursk, les Allemands défendant Smolensk étaient présents dans la région
depuis l’été 1941. Ainsi, la position était bien fortifiée, la Wehrmacht
ayant installé des batteries sur les collines avoisinantes, des tranchées,
des fossés antichars, des mines, etc.
Toutefois, en août 1943, les forces soviétiques étaient une fois encore
supérieures à celles de l’ennemi. Ainsi, l’armée rouge disposait à cette
date de 1.2 millions de soldats, 1 400 chars, 20 000 canons et 1 100 avions.
Côté allemand, les effectifs étaient bien inférieurs, la Wehrmacht ne
comptabilisant que 850 000 hommes, 500 chars, 8 000 canons et 700 avions.
b)
Premières offensives (mi-août 1943) : l’offensive contre Smolensk,
lancée à la fin de la première semaine d’août 1943, fut un échec pour
l’armée rouge. En effet, les Soviétiques, décimés par les Allemands, ne
parvinrent pas à percer la ligne de front ennemie.
Après quelques jours de combats, la Stavka décida de tactique. Ainsi, plutôt
que de se lancer dans un assaut massif contre Smolensk, il fut décidé
d’attaquer les positions ennemies les plus excentrées.
C’est ainsi qu’une première attaque fut dirigée contre Spas-Demensk, à 180
au sud-est de Smolensk. A la mi-août 1943, les Soviétiques, malgré les
attaques des Stuka, parvinrent à s’emparer de la cité.
Suite à la prise de Spas-Demensk, la Stavka décida de lancer une nouvelle
offensive, cette fois-ci en direction de Doukhovchtchina, à une soixantaine
de kilomètres au nord de Smolensk.
Toutefois, opposés à une vive résistance allemande, les Soviétiques ne
parvinrent à avancer que de six kilomètres en territoire ennemi.
c)
La prise d’Ielnia et de Briansk (fin août 1943) : si à la fin du mois
d’août, Smolensk restait entre les mains des Allemands, à cette date la
situation n’était plus la même. La Wehrmacht, suite aux opérations Koutouzov
et Polkovodets-Roumiantsev, avait été contrainte de reculer sur les rives du
Dniepr.
Toutefois, si les Allemands ne comptaient pas abandonner Smolensk, la prise
d’Orel avait modifié la ligne de front dans la région.
Profitant de cet avantage, la Stavka lança une grande offensive en direction
d’Ielnia, à une soixantaine de kilomètres à l’ouest de Spas-Demensk.
Assistées par une intense préparation d’artillerie, les troupes soviétiques
attaquèrent la position ennemie le 28 août 1943, parvenant à progresser
d’une cinquantaine de kilomètres en l’espace de quelques jours. Incapable de
freiner l’avancée ennemie, les Allemands furent contraints d’évacuer Ielnia
au début du mois de septembre.
A
la même date, les membres de l’opération Koutouzov parvinrent à s’emparer de
Briansk.
d)
Troisième offensive, prise de Doukhovchtchina et Smolensk (septembre
1943) : ayant mis fin à l’offensive au début du mois de septembre,
l’armée rouge reçut d’importants renforts jusqu’au 15, date à laquelle fut
lancée une dernière attaque contre les lignes ennemies.
Marchant une fois de plus vers Doukhovchtchina, les Soviétiques parvinrent à
réaliser une percée de 50 kilomètres en territoire ennemi.
Au
même moment, les membres de l’opération Koutouzov parvint à franchit la
rivière Desna, qui traversait Briansk, menaçant désormais les arrières de
l’ennemi.
A
la fin du mois, les Soviétiques traversèrent la moitié septentrionale du
Dniepr, livrant d’importants combats dans Smolensk. Les Allemands, craignant
d’être encerclés, furent alors contraints de quitter la ville à la fin du
mois, ordonnant aussi l’évacuation de Roslav.
e)
Bilan de la bataille de Smolensk : la bataille de Smolensk fut
coûteuse en vie humaines, et ce dans le deux camps. Ainsi, l’armée rouge
déplorait la perte de 450 000 tués, blessés ou prisonniers ; contre 250 000
tués, blessés et prisonniers côté allemand.
Toutefois, non seulement la bataille de Smolensk avait empêché la Wehrmacht
de redéployer ses troupes le long du Dniepr ; en outre, la progression
soviétique dans la région avait contraint l’ennemi de reculer vers les
marais du Pripiat. Cette zone boueuse et impraticable, s’étendant sur 200
kilomètres du nord au sud et 500 kilomètres d’est en ouest, coupait
désormais en deux la ligne de front ennemie.
Enfin, la prise de Smolensk et des régions avoisinantes permirent au
gouvernement soviétique de prendre conscience de l’ampleur des destructions
causées par la Wehrmacht, dans ces zones occupées depuis 1941.
Outre les populations slaves et juives éliminées par les Einsatzgruppen, la
quasi-totalité de l’appareil industriel et agricole avait été détruit.
Massacres commis par les Einsatzgruppen.
14° La guerre de continuation (1943) – En fin d’année
1941, le gouvernement finlandais avait été contraint de se replier sur les
frontières de 1939, ne souhaitant pas rompre les relations diplomatiques
avec Washington.
N’ayant pas mené d’offensive depuis cette date, le gouvernement finlandais
souhaitait désormais trouver une issue favorable au conflit, d’autant que la
Wehrmacht ne cessait de reculer.
Des pourparlers furent ainsi engagés dès le début d’année 1943, avec
Washington d’une part, avec Moscou d’autre part.
Toutefois, Staline ayant des vues sur la Finlande, il fit en sorte de faire
traîner les négociations.
15° La campagne de Tunisie (novembre 1942 à mai 1943) –
Le 8 novembre 1942, les troupes alliées avaient débarqué en Algérie et au
Maroc, dans le cadre de l’opération Torch, parvenant à l’emporter rapidement
sur les autorités vichystes.
a)
Les projets américains (novembre 1942) : à l’annonce de ce coup de
force, Hitler déclencha l’opération Anton, prévoyant l’invasion de la zone
libre. Par ailleurs, les troupes allemandes entrèrent en Tunisie, sans
opposition de la part des autorités locales.
La
Tunisie restait donc la seule région d’Afrique du nord échappant au contrôle
des alliés.
Dans un premier temps, Eisenhower pensa à organiser un parachutage massif
dans la région, les frontières tunisiennes étant jugées trop bien défendues.
En effet, le gouvernement français avait érigé en 1940 la ligne Mareth,
à la frontière libyenne, s’étendant sur près de 200 kilomètres ; au nord, le
relief montagneux était difficile d’accès.
Toutefois, ayant été contacté par les autorités vichystes de Tunisie,
Eisenhower participa à de longs pourparlers jusqu’à la fin novembre 1942.
Toutefois, non seulement les négociations n’aboutirent pas ; en outre,
l’Italie profita de ce délai pour envoyer d’importants renforts à Tunis. A
noter toutefois que les troupes du général
Hans-Jürgen von Arnim[48],
bien qu’en supériorité numérique, étaient toutefois menacées d’encerclement,
le maréchal Rommel, chassé d’Egypte, ayant été contraint de reculer jusqu’à
Tripoli.
b)
Offensives contre Tunis (novembre à décembre 1942) : dans un premier
temps, les troupes alliées avancèrent dans le nord de la Tunisie, s’emparant
de plusieurs villages frontaliers. L’objectif d’Eisenhower était de percer
la ligne de front ennemi, puis de diviser l’armée en deux, l’une marchant
vers Tunis, l’autre en direction de Bizerte.
Les troupes alliées, franchissant la frontière algérienne, parvinrent à
progresser d’une centaine de kilomètres en l’espace de quelques jours,
prenant Medjez el-Bab le 20 novembre. Continuant leur progression, les
hommes d’Eisenhower furent toutefois bloqués par l’ennemi devant Jedeida, à
30 kilomètres à l’ouest de Tunis.
Par ailleurs, les Allemands lancèrent une contre-attaque à compter du 1er
décembre, parvenant à repousser les Américains qui n’étaient pas couverts
par leur aviation (à cette date, les premiers appareils de l’US Air Forcearrivaient à Alger.). C’est ainsi que les alliés furent contraints de
reculer jusqu’à Medjez el-Bab, leur point de départ.
A
noter qu’une nouvelle offensive, lancée à la mi-décembre 1942, fut elle
aussi repoussée par les troupes allemandes à la fin du mois.
c)
Offensives dans le sud, la bataille de Kasserine (janvier à février
1943) : pendant l’hiver, Eisenhower déplaça en Tunisie les unités se
trouvant au Maroc et en Algérie, soucieux de disposer d’un maximum de forces
dans la région.
Côté allemand, alors que le général von Arnim recevait de nouveaux renforts,
Rommel, quant à lui, décida de se replier derrière la ligne Mareth, ayant
été contraint d’abandonner Tripoli aux troupes britanniques (23 janvier
1943.).
Souhaitant couper en deux la défense allemande, afin d’empêcher la jonction
de von Arnim et de Rommel, Eisenhower décida d’avancer dans le sud du pays,
établissant ses troupes sur une ligne Ousseltia-Faid- El Guettar.
Rommel, ne pouvant pas accepter la manœuvre américaine, décida alors de
lancer une importante contre-attaque en direction de Faid, le point central
de la ligne ennemie. Incapable de résister à l’Afrika Korps, les soldats
américains reculèrent début février vers Sbeïtla, à 50 kilomètres à l’ouest
de Faid ; puis, suite à une nouvelle offensive allemande, ils reculèrent
vers Kasserine à la mi-février, à 30 kilomètres à l’ouest de Sbeïtla.
Soldats américains sur la route de
Kasserine, 1943.
Ayant par deux fois repoussé les troupes alliées, Rommel décida d’attaquer
Kasserine, position centrale du dispositif allié. L’objectif du maréchal
était de percer la ligne ennemie, afin de couper le ravitaillement
américain.
Attaquant Kasserine le 19 février, l’Afrika Korps fit des ravages dans les
rangs ennemis. En effet, les Allemands étaient équipés de chars Panzer IV et
Tigre, alors que les Américains, moins expérimentés, ne disposaient que de
blindés légers M3.
Tank M3.
Déplorant d’importantes pertes, les Américains commencèrent à reculer une
fois de plus. Au soir du 21 février, la situation était préoccupante pour
les alliés, l’ennemi n’étant qu’à 40 kilomètres de Tébessa, en Algérie,
importante zone de ravitaillement.
Pendant plusieurs jours, les troupes alliées opposèrent une vive résistance
aux Allemands ; et Rommel, craignant que ses lignes ne soient trop étendues,
ordonna le repli de ses troupes le 23 février.
La
bataille de Kesserine, si elle s’acheva sur un statu quo, fut
très coûteuse en vies humaines pour les troupes alliées. En effet, alors que
l’Afrika Korps n’avait perdu que 500 hommes (300 tués et 200 blessés.), plus
une trentaine de chars, les Américains déploraient la perte de 6 000 tués,
3 700 prisonniers, ainsi que 300 chars.
Suite à la bataille, Eisenhower décida de limoger le général Lloyd
Fredendall, qui commandait le corps expéditionnaire, le remplaçant par
le général George Patton[49].
Par ailleurs, des efforts furent faits afin d’accorder aux troupes au sol
un soutien aérien, ce dernier faisant défaut depuis le début de la campagne.
Le général George Patton.
d)
Offensives sur la ligne Mareth, l’opération Pugilist (mars 1943) :
une des raisons du repli de Rommel de Kasserine fut que les Britanniques
s’approchaient dangereusement de la ligne Mareth.
En
effet, le général Montgomery arriva à la frontière tunisienne à la fin
février 1943. Pendant plusieurs semaines, il élabora l’opération Pugilist
avec son Etat-major, prévoyant de chasser l’ennemi de la ligne Mareth,
puis de progresser jusqu’à Sfax.
Les Britanniques, plutôt que de lancer un assaut frontal contre la ligne de
défense ennemie, préférèrent passer par le sud. C’est ainsi qu’ils
s’emparèrent d’El Hamma le 26 mars 1943, à 70 kilomètres au nord-ouest de
Mareth.
Côté allemand, la situation devenait difficile, car l’Afrika Korps risquait
désormais d’être encerclée par l’ennemi. Ainsi, les troupes allemandes
décidèrent de se retirer vers Gabès à la fin du mois, bloquant la route vers
Sfax.
Rommel, parti en Allemagne le 9 mars, pour raisons de santé, ne parvint pas
à convaincre Hitler d’évacuer l’Afrika Korps en Europe du sud. Le Führer,
refusant comme toujours de ne pas céder le moindre pouce de terrain, décida
de ne pas renvoyer Rommel en Tunisie, suite à sa convalescence[50].
Côté américain, Patton décida de profiter de l’offensive britannique pour
marcher vers Gabès. Toutefois, le général von Arnim fut le premier à
attaquer, se dirigeant vers El-Guettar à l’aube du 23 mars.
Comme à la bataille de Kasserine, les Américains furent repoussés, mais les
chars allemands, tombant sur un champ de mine, subirent d’importants dégâts.
En
l’espace d’une matinée, les pertes allemandes furent de 40 tanks, plus 5 000
tués et blessés. Toutefois, l’affrontement ayant été aussi coûteux pour les
Américains, Patton décida de ne pas poursuivre l’ennemi (les alliés avaient
perdu 40 tanks, plus 4 000 tués et blessés côté américain.).
e)
Dernière offensive contre Tunis (avril à mai 1943) : les Américains,
faisant jonction avec la VIII° Armée britannique, s’emparèrent de Gabès
début avril. Les Allemands, désormais en nette infériorité numérique, furent
contraints de se replier vers le nord du pays, sur une ligne reliant Medjez
el-Bab à Enfidaville[51].
Les troupes alliées, encerclant désormais les positions ennemies, décidèrent
de lancer trois opération conjointes au cours de la première semaine de mai
1943 : l’opération Vulcan, visant la capture de Tunis et Bizerte ; l’opération
Flax, destinée à empêcher un ravitaillement ou une évacuation par voie
aérienne ; et l’opération Retribution, destinée à empêcher un
ravitaillement ou une évacuation par voie maritime.
Les troupes allemandes étant désormais privées de tout soutien, les alliés
lancèrent l’offensive à l’aube du 6 mai, s’emparant de Tunis et Bizerte le
lendemain.
N’ayant pu évacuer le territoire tunisien, près de 275 000 soldats allemands
et italiens déposèrent les armes. Par ailleurs, les alliés s’emparèrent
d’importantes quantités de matériel.
Au
final, la campagne de Tunisie avait été très coûteuse pour les troupes
alliées, ces dernières déplorant la perte de 75 000 tués ou blessés. Du côté
de l’Axe, par contre, l’on ne comptait que 30 000 tués et blessés, plus
275 000 prisonniers.
Les alliés, désormais maîtres de toute l’Afrique du nord, pouvaient
désormais préparer leur offensive contre l’Italie.
16° La lutte de Gaulle-Giraud en Afrique du nord (janvier à juillet 1943)
– Suite à l’opération Torch, Roosevelt décida de confier l’autorité sur
ces colonies françaises à l’amiral Darlan, ancien collaborateur de Pétain,
puis au général Giraud[52].
A noter que ce dernier, à la tête du Commandement civil et militaire
d’Alger, n’abrogea pas les décrets de Vichy, exerçant son autorité au nom du
maréchal.
Cette attitude fut toutefois vivement critiquée par le général de Gaulle et
le gouvernement britannique (Giraud ayant été imposé par Roosevelt, ce
dernier se méfiant du leader de la France combattante.).
a)
La conférence de Casablanca (14 au 24 janvier 1943) : à Washington
comme à Londres, cette division au sein de la Résistance française
(Gaullistes en AEF contre Giraudistes, en AOF.) n’était guère appréciée.
C’est ainsi que les deux leaders français furent invités à participer à la
Conférence de Casablanca, qui débuta le 14 janvier 1943 (cette
dernière est parfois baptisée Conférence d’Anfa, du nom du quartier
où se réunirent les alliés.).
Outre Giraud et de Gaulle (même si ce dernier, refusant d’y participer, en
fut toutefois persuadé par le premier ministre britannique.), participèrent
à la conférence Roosevelt et Churchill (Staline, quant à lui, ne put se
rendre au Maroc.).
La conférence de Casablanca (de gauche à
droite sur l'image : Giraud, Roosevelt, de Gaulle et Churchill).
Jusqu’au 24 janvier, les différents chefs d’Etat discutèrent sur la suite
des opérations militaires. C’est ainsi qu’il fut décidé d’attaquer la
Sicile, puis l’Italie, à l’issue de la campagne de Tunisie (même si à
l’origine, Roosevelt était partisan d’un débarquement dans la Manche.) ; en
outre, le principe d’une capitulation sans condition de la part de
l’Allemagne fut confirmé.
Quant au problème franco-français, Roosevelt demanda que le général de
Gaulle, moins gradé que Giraud, accepte de se placer sous ses ordres[53].
Toutefois, le leader de la France combattante, favorable à une collaboration
d’égal à égal, refusa de se soumettre à l’autorité de son rival. En effet,
de Gaulle réclamait le rétablissement de la république en Afrique du nord,
la libération des résistants, la déchéance des dignitaires vichystes, etc.
b)
La démocratisation du Commandement civil et militaire d’Alger (printemps
1943) : à compter de février 1943, l’arrivée de
Jean Monnet[54]dans l’entourage de Giraud poussa le
Commandement civil et militaire d’Alger dans la voie de la démocratisation.
C’est ainsi que l’effigie du maréchal fut remplacée par celle de Marianne,
allégorie de la France ; les dignitaires vichystes furent écartés ; le SOL
fut dissous ; enfin, plusieurs résistants gaullistes furent libérés.
A
la mi-mars, Giraud prononça un discours rompant officiellement avec le
régime de Vichy : en effet, le général indiqua que la législation
postérieure à l’armistice n’avait pas de valeur légale, s’engageant à
abroger les décrets antisémites.
En
raison de cette démocratisation du Commandement civil et militaire d’Alger,
des relations plus cordiales furent établies à compter du mois de mars,
entre de Gaulle et le général Giraud.
La
situation l’exigeait, à une époque ou de nombreux soldats de l’armée
d’Afrique rejoignaient les FFL. En effet, ces déserteurs n’acceptaient plus
de combattre au nom du maréchal Pétain, contraints d’obéir à des officiers
qui avaient tiré sur les alliés.
c)
La création du Comité français de libération nationale (juin 1943) :
sous l’influence de Monnet, Giraud proposa à de Gaulle de mettre en place
une union entre la France combattante et le Commandement civil et militaire
d’Alger.
Acceptant l’invitation, de Gaulle quitta Londres le 30 mai 1943, entouré
d’une petite délégation du Comité national français.
Son arrivée à Alger ne passa toutefois pas inaperçue, car, allant se
recueillir sur le monument aux morts, il y fut acclamé par une foule venue
voir le leader de la France combattante.
Les négociations commencèrent le lendemain, dans une atmosphère toutefois
tendue. En effet, de Gaulle réclama la séparation du pouvoir civil et
militaire, mais aussi le renvoi des dignitaires vichystes. Giraud, hostile
aux exigences du leader de la France combattante, accusait son rival de
vouloir accomplir un coup d’Etat.
Ce
fut donc dans ces conditions difficiles que fut instauré le Comité
français de la Libération nationale, le 3 juin 1943. Giraud et de
Gaulle, nommés co-présidents, conservaient le pouvoir civil et militaire.
Tract annonçant la constitution du CFLN,
juin 1943, Mémorial Leclerc, Paris.
Toutefois, en l’espace de quelques semaines, le leader de la France
combattante parvint à l’emporter sur son adversaire, ayant obtenu le renvoi
de tous les dignitaires vichystes : c’est ainsi que Charles Noguès fut
limogé au Maroc ; le général Catroux fut nommé gouverneur d’Algérie.
Concrètement, de Gaulle évinça tous les partisans de Giraud pour les
remplacer par ses partisans.
d)
La mainmise gaulliste sur le CFLN (été 1943) : toutefois, le CFLN
souffrit dès son adoption de son système bicéphale, composé à moitié de
gaullistes, à moitié de giraudistes.
De
Gaulle, estimant ne pas être en mesure de gouverner dans de bonnes
conditions, décida de ne plus prendre part aux réunions du CFLN à compter du
9 juin 1943. A noter qu’il s’agissait là d’un bluff du leader de la
France combattante, qui savait très bien que désormais Giraud n’était plus
soutenu que par les Etats-Unis.
Eisenhower intervint alors, annonçant que Giraud devait rester en fonction,
faute de quoi les livraisons d’armes seraient stoppées.
Toutefois, cet ultimatum américain fut rejeté par le CFLN, qui plaça dès
lors le général Giraud dans une position difficile. Ce dernier se rendit
alors aux Etats-Unis, répondant à l’invitation de Roosevelt.
Toutefois, l’absence de Giraud permit au CFLN d’asseoir son autorité sur
l’ensemble des colonies françaises. C’est ainsi que la Martinique et la
Guadeloupe rejoignirent la France combattante, plusieurs insurrections ayant
chassé les autorités vichystes des Antilles.
Giraud, rentrant à Alger début août, fit dès lors face à un CFLN uni autour
du général de Gaulle. Ce dernier concentrant tous les pouvoirs entre ses
mains, parvint à cantonner son rival à un rôle strictement militaire (le 27
octobre, Giraud démissionna de son poste de co-président du CFLN.).
C’est pendant l’été 1943 que fut créée l’Armée française de la Libération,
fruit de la fusion des FFL et de l’armée d’Afrique.
A
la fin août, le CFLN fut reconnu par les alliés, malgré les réticences du
gouvernement américain.
17° La campagne de la Sicile (juillet à août 1943) –
Les alliés s’étant rendus maîtres de la Tunisie en mai 1943, ces derniers
décidèrent de lancer une grande offensive en direction de l’Italie, comme
Roosevelt et Churchill en avaient convenu lors de la Conférence de
Casablanca.
a)
Prélude à la campagne de Sicile, l’opération Mincemeat (avril 1943) :
en avril 1943, l’Etat-major britannique tenta un coup de bluff contre
l’OKW, alors que les plans d’invasion de la Sicile étaient élaborés.
Ainsi, afin de convaincre les dignitaires nazis que le débarquement allié ne
se ferait pas en Sicile mais en Sardaigne, la Royal Navy jeta à l’eau, non
loin des côtes espagnoles, le cadavre d’un officier anglais détenant de faux
documents.
L’opération
Mincemeat[55]avait pour objectif de contraindre l’ennemi à déplacer ses troupes vers
la Sardaigne, à l’aune de ces faux documents annonçant une future invasion
de cette île.
L’OKW et Hitler lui-même, convaincus de la véracité des papiers retrouvés
sur le cadavre, décidèrent donc de consolider les défenses de la Sardaigne,
au grand dam de Mussolini qui était convaincu que les alliés ne tarderaient
pas à débarquer en Sicile.
b)
L’opération Corckscrew (mi-juin 1943) : c’est ainsi qu’une première
attaque fut dirigée contre Lampedusa, une île sous domination italienne
située à 150 kilomètres à l’ouest de la Tunisie.
La
Luftwaffe utilisant les installations radar et l’aérodrome de Lampedusa,
l’île fut donc bombardée par les alliés dans le cadre de l’opération
Corkscrew[56],
à la mi-juin 1943.
Les avions britanniques ayant détruit une grande partie des défenses
côtières, la garnison italienne décida de déposer les armes.
c)
Les plans d’invasion de la Sicile (printemps 1943) : dans un premier
temps, l’opération Husky, planifiée par les généraux Eisenhower et
Alexander[57],
prévoyait un débarquement des troupes alliées sur deux points séparés : la
VII° Armée américaine de Patton à Palerme, et la VIII° Armée
britannique de Montgomery à Catane (ces deux unités formaient le 15°
groupe d’armées.), les troupes au sol étant couvertes par une escadre de
cuirassiers de la Royal Navy.
Toutefois, le général Montgomery fut hostile à ce projet, arguant qu’il
était préférable de procéder à un débarquement dans la même zone, et non pas
à deux points opposés de l’île.
C’est ainsi que les plans originaux furent modifiés, les Américains devant
débarquer à Gela, dans le sud de l’île, avant de se diriger vers Palerme (au
nord-ouest.) ; les Britanniques, quant à eux, débarqueraient à Syracuse (à
40 kilomètres au sud de Catane.), avant de se diriger vers Messine (au
nord-est.).
Du
côté de l’Axe, les troupes étaient en nette supériorité numérique par
rapport aux alliés (360 000 Italiens et 40 000 Allemand contre 160 000
soldats.). Par ailleurs, si les troupes germano-italiennes présentes en
Sicile étaient trop mal équipées pour pouvoir riposter, elles pouvaient
néanmoins profiter de la géographie montagneuse de la Sicile. En effet,
l’intérieur de l’île était propice à la guérilla, les chars ennemis ne
pouvant manœuvrer que difficilement dans la région.
d)
L’opération Husky (juillet à août 1943) : malgré de mauvaises
conditions météorologiques, le débarquement allié, prévu pour le 9 juillet,
ne fut pas repoussé.
L’arrivée des troupes sur les plages de Sicile se fit bien mieux qu’en
Afrique du nord, les alliés étant équipés de nouvelles barges de
débarquement, mais aussi de véhicules amphibie DUKW 353 (surnommés
DUCK[58].).
Le débarquement de Sicile.
Débarqués à Syracuse, les Britanniques progressèrent rapidement en direction
de Catane, alors que le général Montgomery s’était attendu à une offensive
difficile. Toutefois, côté américain, les Allemands lancèrent une
contre-offensive en direction de Gela avant de reculer.
La campagne de Sicile.
Menacées d’encerclement, les troupes de l’Axe installées dans l’ouest de la
Sicile établirent une nouvelle ligne de front, reliant San
Stefano-Enna-Catane, profitant du terrain accidenté afin de retarder
l’ennemi.
A
noter qu’à cette date, l’objectif des troupes germano-italiennes n’était
guère de chasser les alliés de Sicile, mais plutôt de les retarder afin
d’évacuer vers l’Italie le plus de troupes possible.
Patton, constatant que l’Axe avait évacué la moitié ouest de l’île, chargea
une de ses divisions d’occuper cette zone, le gros de la VII° Armée
américaine partant à l’attaque de la ligne ennemie.
C’est ainsi que Palerme fut prise le 22 juillet, les troupes américaines
bénéficiant du soutien de la mafia sicilienne[59]
(en effet, la mafia avait été pratiquement décimée par Mussolini.).
Chassés d’Enna le 20 juillet, d’Agira le 28, puis de San Stefano le 31, les
forces de l’Axe furent contraintes de reculer sur une ligne reliant les
bords de l’Etna à San Fratello, sur la côte nord.
Faisant face à une résistance acharnée de la part des troupes de l’Axe, les
alliés parvinrent toutefois à percer la ligne de front ennemie. Ainsi, les
Britanniques s’emparèrent le 8 août 1943 de Bronte, village situé au centre
du dispositif allemand.
A
compter de cette date, les troupes germano-italiennes furent dans
l’incapacité de résister à l’avancée ennemie, rejoignant l’Italie via
Messine. Les alliés, s’emparant de Catane le 15 août, prirent Messine le
17.
Entré des troupes américaines dans Messine.
e)
Bilan de l’opération Husky : si les alliés étaient parvenus à
s’emparer de la Sicile en l’espace d’un mois, le gros des troupes allemandes
avait toutefois réussi à se réfugier en Italie, où elles continuèrent la
lutte jusqu’en 1945.
Le
bilan humain, quant à lui, était nettement à l’avantage des troupes alliées.
Ainsi, les Américains avaient perdu 2 000 tués et 6 500 blessés, contre
3 000 tués et 12 000 blessés côté britannique.
Toutefois, les pertes étaient importantes pour les forces de l’Axe : 30 000
tués et 140 000 prisonniers (en majorité Italiens.).
A
noter qu’à l’issue de la campagne de Sicile, la VII° Armée américaine fut
retirée du front, et Patton fut limogé (ce dernier s’en était pris à des
soldats souffrant de troubles psychologiques, pensant qu’ils faisaient
semblant d’être malades afin de ne pas combattre, ce qui fit scandale aux
Etats-Unis.). La VII° Armée fut alors remplacée par la V° Armée
américaine, commandée par le général
Mark Wayne Clark[60].
Le général Mark Wayne Clark.
18° La question italienne (juillet à septembre 1943) –
Pendant l’été 1943, Mussolini se trouva quelque peu isolé, les alliés
s’étant emparés des colonies italiennes en Afrique, menaçant désormais la
Sicile et l’Italie.
a)
La déchéance de Mussolini (juillet à août 1943) : à la mi-juillet, un
groupe de dignitaires fascistes, mené par
Dino Grandi[61],
réclama la tenue d’un Grand conseil du fascisme. Cette assemblée,
réunissant entre autres le Duce, les ministres du gouvernement, le président
du Sénat et de la Chambre des députés, était le principal organe du
parti national fasciste[62].
Le Grand conseil, convoqué par Mussolini (ce qu’il n’avait pas fait depuis
1939.), avait pour objectif de se prononcer sur le choix d’un ministre, d’un
député, ou sur les règlements du PNF.
Estimant que la guerre était perdue, Grandi proposa que les pouvoirs soient
rendus au roi et à l’armée, destituant de fait Mussolini[63].
Le 24 juillet, la motion fut adoptée à la majorité des voix par le Grand
conseil.
Le
lendemain, Victor Emmanuel III[64],
roi d’Italie, annonça au Duce son remplacement à la tête du gouvernement par
le maréchal Pietro Badoglio[65].
Par ailleurs, Mussolini fut arrêté et incarcéré sur le Gran Sasso, un massif
de la région des Abruzzes, au sud-est de l’Italie.
Victor Emmanuel III.
b)
La conférence de Québec (août 1943) : fut organisée au Canada, à la
mi-août 1943, une nouvelle réunion internationale, la conférence de
Québec.
Y participèrent Roosevelt, Churchill et Mackenzie King[66],
premier ministre canadien.
La conférence de Québec (de gauche à
droite sur l'image : Mackenzie King, Roosevelt et Churchill).
Les trois dirigeants décidèrent de poursuivre les opérations en Italie,
Churchill étant hostile à l’ouverture d’un nouveau front en France. Par
ailleurs, l’hypothèse d’un débarquement dans les Balkans fut repoussée, la
région devant recevoir des armes pour la guérilla.
c)
L’armistice de Cassibile (septembre 1943) : au début du mois d’août
1943, le maréchal Badoglio décida de se rapprocher des alliés en vue de
négocier un armistice. Pour ce faire, il envoya auprès d’eux le général
Giuseppe Castellano[67].
Côté américain, la reddition italienne n’était guère appréciée, car cela
réduisait d’autant les moyens de pression lors du futur traité de paix.
Toutefois, Badoglio demanda à ce que les troupes alliées débarquent au plus
tôt en Italie, ce dernier craignant une éventuelle contre-attaque allemande
dans le nord du pays.
Le
31 août, Castellano arriva à Cassabile, non loin de Syracuse.
Dans un premier temps, les négociations se concentrèrent sur l’envoi de
troupes alliées au nord de Rome, afin de protéger la capitale de la menace
nazie. Les généraux américains et britanniques, quant à eux, réclamèrent
d’abord que l’armistice soit signé, avant d’ordonner tout mouvement de
troupe.
Finalement, après quelques retards occasionnés par le maréchal Badoglio (ce
dernier refusait d’apposer sa signature sur les documents d’armistice afin
de ne pas être compromis.), l’accord fut signé dans la soirée du 3 septembre
1943, vers 17 heures 30.
La signature de l'armistice de Cassibile, 3 septembre 1943.
A
noter toutefois que la signature de l’armistice de Cassibile resta
secrète pendant encore quelques jours, toujours par peur des représailles
allemandes.
Le
3 septembre, les premières troupes alliées débarquèrent en Calabre, à la
pointe sud se l’Italie (il s’agissait d’un manœuvre de diversion en vue des
prochaines offensives alliées sur la côte ouest du pays.). A cette occasion,
l’Etat-major américain demanda la collaboration de l’armée italienne, mais
Badoglio répondit que cette dernière n’était pas en mesure d’aider les
alliés.
Ainsi, Eisenhower rendit public l’armistice de Cassibile, mettant le
gouvernement italien devant le fait accompli. Toutefois, cette manœuvre
entraîna un véritable chaos au sein de l’armée italienne, qui n’avait pas
été informée des négociations. Ainsi, une partie des militaires rejoignirent
les forces allemandes qui envahirent le nord de l’Italie lors de l’opération
Axe, alors de d’autres rejoignirent les alliés ou désertèrent.
Le
gouvernement italien et la famille royale, pris au dépourvu, quittèrent Rome
à la hâte, afin de se réfugier à Brindisi, à la pointe sud-est de la botte
italienne.
19° La campagne d’Italie (septembre à décembre 1943) –
Comme nous venons de le voir, les premières troupes alliées débarquèrent en
Calabre de 3 septembre 1943, dans le cadre de l’opération Baytown.
Toutefois, cette manœuvre n’était qu’une diversion, qui fut suivie par deux
nouveaux débarquements en Italie.
a)
L’opération Slapstick (9 septembre 1943) : le 9 septembre fut
organisé un débarquement dans la région des Pouilles (côte sud-est de
l’Italie.), visant la base navale de Tarente.
Comme les Allemands avaient évacué le secteur, et que l’armée italienne
avait reçu l’ordre de déposer les armes, les Britanniques débarquèrent
directement dans le port de la ville, sécurisant rapidement leurs objectifs.
Le débarquement américain en Italie,
octobre 1943, Mémorial Leclerc, Paris.
La
Wehrmacht, se retirant vers Castellaneta, à 35 kilomètres au nord-ouest de
Tarente, procéda toutefois à une série d’embuscades afin de retarder
l’avancée britannique.
Les alliés parvinrent toutefois à s’emparer de Bari et de Brindisi à compter
du 11 septembre, sans rencontrer de résistance.
Au
final, l’opération Slapstick s’achevait sur une victoire pour les
Britanniques, mais ces derniers n’avaient pas réussi à éliminer l’ennemi,
qui s’était replié vers le nord. En effet, l’OKW avait décidé d’abandonner
la moitié sud de l’Italie afin d’installer les troupes sur les ouvrages
défensifs du centre du pays.
L’opération Slapstick causa une centaine de tués et 150 blessés aux troupes
britanniques.
b)
L’opération Avalanche (9 septembre au 1er octobre 1943) :
l’opération Avalanche, lancée le même jour que l’opération Slapstick,
visait le port de Salerne, en Campanie (côte sud-ouest de l’Italie.).
L’objectif des troupes alliées était d’établir une tête de pont dans la
cité, puis de marcher en direction de Naples, occupée par l’ennemi.
La
Wehrmacht, informée tardivement de l’offensive alliée sur Salerne, ne put
empêcher le débarquement. Toutefois, les Allemands s’installèrent sur les
hauteurs avoisinant la cité, ce qui perturba considérablement les
opérations.
En
raison de cette résistance allemande, le général Alexander, qui supervisait
l’opération Avalanche, n’excluait pas un rembarquement des troupes alliées.
Ainsi, ce n’est qu’à compter du 19 septembre que les Britanniques, appuyés
par l’artillerie navale de la flotte alliée, ne parvinrent à sécuriser
Salerne. Par la suite, ils se dirigèrent vers Naples, conformément aux
plans.
c)
La révolte de Naples (fin septembre 1943) : à noter que Naples, cible
des bombardements alliés depuis l’été, était exaspérée par l’occupation
allemande. Plusieurs mesures avaient été prises à l’encontre de la
population depuis de début du mois de septembre par les autorités allemandes
(adoption de l’Etat de siège et d’un couvre feu, représailles en cas
d’attentats, rafles, déportation de travailleurs en Allemagne, etc.).
A
la fin du mois, les Napolitains prirent les armes, ouvrant le feu sur les
patrouilles allemandes isolées. La ville fut le théâtre d’importants combats
jusqu’à la fin du mois, les Allemands n’hésitant pas à sillonner les rues
avec leurs chars Tigre.
Mais à compter du 30 septembre, craignant l’arrivée des troupes alliées, la
Wehrmacht décida d’évacuer Naples, détruisant de nombreux édifices avant de
s’enfuir.
Le
1er octobre, les Britanniques pénétrèrent dans la cité,
abandonnée par l’ennemi.
Une des raisons du succès de l’opération Avalanche fut que l’OKW avait
préféré abandonner la moitié sud de l’Italie, afin de se réfugier derrière
les lignes de défenses installées dans le centre du pays. Le débarquement
sur Salerne aurait pu s’achever sur un sanglant échec pour les alliés si les
Allemands avaient décidé de poursuivre l’offensive.
Le
bilan humain faisait état de 2 000 tués, 7 000 blessés et 3 500 disparus
côté allié ; contre 3 500 tués et blessés côté allemand.
A
Naples, les affrontements firent un peu plus de 300 victimes civiles.
d)
L’insurrection populaire corse (9 septembre au 4 octobre 1943) : en
parallèle de la campagne d’Italie, un soulèvement populaire fut organisé en
Corse, à l’instigation du groupe Front national.
A
cette date, l’île était occupée par les troupes italiennes, qui s’y étaient
installées suite à l’invasion de la zone libre, en novembre 1942 (l’on y
trouvait 85 000 Italiens mais aussi 12 000 Allemands.).
Le
soulèvement fut organisé peu de temps après l’armistice de Cassibile, signé
par l’Etat-major italien. Ainsi, le 9 septembre, les résistants français
envoyèrent un ultimatum au commandant en chef de l’armée italienne, lui
demandant de choisir entre les Allemands et les alliés.
Le
11, ce dernier accepta de rejoindre les alliés (à Bastia, les Italiens
ouvrirent le feu sur l’ennemi.) ; au même moment, le préfet vichyste
d’Ajaccio fut contraint de signer le ralliement de la Corse au CFLN.
Giraud, quant à lui, décida de soutenir l’insurrection, envoyant des troupes
de l’armée d’Afrique en Corse, à compter de la mi-septembre 1943.
Les troupes allemandes, harcelées, coupèrent ponts et routes afin de
protéger leur retraite, puis évacuèrent Bastia dans la nuit du 4 octobre.
Débarquement des troupes françaises en
Corse, octobre 1943, Mémorial Leclerc, Paris.
20° Le retour de Mussolini (septembre à décembre 1943) –
Mussolini, comme nous venons de le voir, avait été limogé par Victor
Emmanuel III le 25 juillet 1943, puis arrêté et incarcéré.
a)
Les plans d’évasion de Mussolini, l’opération Eiche (juillet à septembre
1943) : toutefois, Hitler avait besoin de Mussolini, afin de contrôler
la moitié nord italienne sous occupation allemande. C’est ainsi que le
Führer fit appel au Hauptsturmführer[68]Otto Skorzeny[69],
un homme de main spécialisé dans l’espionnage et le sabotage, afin de
libérer Mussolini.
A
noter que depuis son arrestation, Mussolini ne restait jamais longtemps dans
la même prison, le maréchal Badoglio craignant que les Allemands ne tentent
de libérer le Duce.
Une première tentative fut donc organisée en juillet, alors que Mussolini
était détenu à Ponza, mais l’avion sur lequel se trouvait Skorzeny fut
abattu. En août, une seconde opération fut mise en place, alors que le Duce
avait été incarcéré à La Maddalena, une île située au nord de la Sardaigne.
Mais une fois de plus, l’avion de Skorzeny fut abattu.
Mussolini étant installé en septembre 1943 au Gran Sasso par le gouvernement
italien, les Allemands organisèrent alors l’opération
Eiche[70],
afin de le libérer.
La prison de Mussolini au Gran Sasso.
Les parachutistes allemands, largués le 12 septembre au dessus des positions
ennemies, parvinrent à contraindre les soldats italiens de déposer leurs
armes. Skorzeny, pénétrant dans la prison où était retenu Mussolini, annonça
au Duce qu’il était envoyé par le Führer en personne afin de le délivrer.
Les deux hommes montèrent alors dans un Fieseler Fi 156, appareil
pouvant décoller sur des pistes de taille réduite. L’avion allemand atterrit
quelques heures plus tard à Vienne, où les deux hommes reçurent un accueil
triomphal.
La libération de Mussolini (l'on aperçoit
le Duce au centre de l'image, Skorzeny se tenant à sa droite).
Suite au succès de l’opération Eiche, Skorzeny fut promu Sturmbannführer[71]
par Hitler lui-même ; Mussolini, quant à lui, fut invité par le Führer à
former un nouvel Etat au nord de l’Italie.
Une du quotidien Aujourd'hui, annonçant la libération de
Mussolini (sont aussi évoqués les termes de l'armistice de Cassibile, le
débarquement en Italie, et les bombardements alliés dans la banlieue
parisienne), 13 septembre 1943, Mémorial Leclerc, Paris.
b)
La création de la république sociale italienne (septembre 1943) :
Mussolini, rentrant en Italie à la fin du mois de septembre 1943, réorganisa
la mouvance fasciste en donnant naissance au parti fasciste républicain.
Par ailleurs, le Duce instaura la république sociale italienne, sous
tutelle allemande, rompant définitivement ave la monarchie.
Si
la capitale du nouveau gouvernement était officiellement Rome, les
ministères furent installés autour de Milan. Le ministère des Affaires
étrangères fut quant à lui installé à Salo, d’où le surnom informel de ce
nouvel Etat (la république de Salo.).
Revenu au pouvoir, Mussolini décida d’adopter un programme proche du
fascisme originel, mélangeant socialisme et nationalisme : suppression des
spéculations boursières, nationalisation des grandes entreprises,
expropriations des terres, etc.
Par ailleurs, la république de Salo étant contrôlée par les Allemands, la
solution finale y fut adoptée. C’est ainsi que de nombreux juifs, qui
jusqu’ici avaient été épargnés par les persécutions, furent arrêtés et
déportés vers les camps de la mort.
Enfin, Mussolini déclara à la mi-novembre que l’élection d’une
assemblée constituante[72]
ne serait pas organisée avant la fin de la seconde guerre mondiale.
c)
Le procès de Vérone (janvier 1944) : les membres du Grand conseil du
fascisme, qui avait voté en faveur de la déchéance du Duce le 24 juillet
1943, avait été arrêtés par les Allemands suite à l’armistice de Cassibile.
Remis entre les mains des autorités de la république de Salo, les
dignitaires fascistes furent traduits en justice lors du procès de Vérone,
organisé du 8 au 10 janvier 1944.
Accusés de haute trahison, tous les prévenus sauf un furent condamnés à
morts. Les dignitaires qui n’avaient pas été capturés (dont Dino Grandi.),
furent pour leur part condamnés à mort par contumace.
A
noter que le procès de Vérone était d’une illégalité flagrante, les membres
du procès, fascistes convaincus, étant juge et partie.
Les condamnés furent exécutés le 11 janvier 1944.
21° Les conférences du Caire et de Téhéran (novembre à décembre 1943)
– Alors qu’en fin d’année 1943 les troupes alliées se trouvaient devant
la ligne Volturno, reliant Castel Volturno à Termoli, deux
importantes conférences internationales furent organisées.
a)
La conférence du Caire (22 au 26 novembre 1943) : une première
réunion fut organisée au Caire, à compter du 22 novembre 1943. Y
participèrent Roosevelt, Churchill et Tchang Kaï-chek à noter que Staline ne
participa pas à la conférence, en raison du pacte de neutralité qu’il avait
signé avec le Japon en avril 1941[73].).
Cette conférence, consacrée principalement à l’Extrême-Orient, permit aux
puissances alliées d’adopter une position commune vis-à-vis du Japon. De ce
fait, si le gouvernement américain, jusqu’à présent, n’avait demandé au
Japon que l’évacuation de la Chine, la situation était désormais différente.
Ainsi, Tokyo devait être contraint à la capitulation sans conditions,
évacuer le Mandchoukouo et toutes les îles du Pacifique occupées depuis
1914, restituer à la Chine ses anciennes possessions.
La conférence du Caire (de gauche à
droite sur l'image, Tchang Kaï-chek, Roosevelt et Churchill).
b)
La conférence de Téhéran (28 novembre au 1er décembre 1943) :
une nouvelle conférence fut organisée à Téhéran, à compter du 28 novembre
1943, soit peu de temps après celle du Caire.
L’objectif de cette réunion internationale, à laquelle participèrent
Roosevelt, Churchill et Staline (à noter que la rencontre se fit en Iran,
plus proche de l’URSS.), était de fixer les nouvelles frontières en Europe
d’après-guerre (à noter que les représentants des grandes puissances
participaient pour la première fois à une conférence internationale les
réunissant tous les trois.).
La conférence de Téhéran (de gauche à
droite sur l'image : Staline, Roosevelt et Churchill).
Face à un Roosevelt malade et fatigué, Staline, satisfait de ses récentes
victoires contre l’Allemagne, apparut en position de force. A noter par
ailleurs que le président américain, craignant une défection de l’URSS, fut
davantage disposé à valider les exigences du secrétaire général du parti
communiste de l’Union soviétique.
C’est ainsi que Roosevelt et Churchill s’engagèrent à reconnaitre le régime
soviétique ; soutenir les partisans communistes en Yougoslavie ; procéder à
un démembrement de l’Allemagne ; accepter l’annexion de Königsberg (en
Prusse orientale.), de l’île Sakhaline et de l’archipel des Kouriles (au
nord du Japon[74].),
au profit de l’URSS.
Deux propositions soviétiques furent l’objet d’importantes négociations.
Tout d’abord, Staline réclama l’annexion de la moitié est de la Pologne, en
raison de la conquête de ce territoire à l’automne 1939. Ainsi, Roosevelt et
Churchill acceptèrent de déplacer la Pologne vers l’ouest à titre de
compensation, mais les futures frontières polonaises ne furent pas
précisées. Ces derniers acceptèrent aussi l’installation de gouvernement
fantoches en Europe de l’est, dirigés par Moscou[75].
Autre question sujette à controverse, le débarquement allié à l’ouest
(rappelons que plusieurs projets dans ce sens avaient été annulés depuis
1941.). Alors que Churchill souhaitait un débarquement en Méditerranée,
Roosevelt valida un projet de débarquement en France. Par ailleurs, il fut
décidé que cette opération serait privilégiée à celle se déroulant en
Italie.
Enfin, d’un point de vue politique, le président américain parvint à faire
accepter à ses homologues un projet d’organisation internationale, visant à
remplacer une SDN surannée ; par ailleurs, la Turquie fut invitée à
participer au conflit d’ici la fin de l’année.
A
noter que des dispositions, notamment financières, furent prises vis-à-vis
de l’Iran, qui depuis l’été 1941[76]
était principalement utilisé par la Grande-Bretagne pour acheminer du
matériel militaire vers l’URSS.
22° La campagne de Birmanie (1943) – Les Japonais,
s’étant emparés de la Malaisie et de la Thaïlande en 1941, avait aussi
envahi la Birmanie en 1942, repoussant les Britanniques vers l’Inde.
En
février 1943, le lieutenant-colonel Orde Charles Wingate[77]
lança l’opération Longcloth, visant installations japonaises en
Birmanie.
A
la tête de 3 000 hommes, Wingate souhaitait perturber au maximum les
communications de l’ennemi, en détruisant ses infrastructures.
Toutefois, si les résultats de ce raid furent mitigés (800 tués plus les
soldats malades.), l’opération Longcloth fut rapidement récupérée par la
propagande britannique.
A
noter enfin que l’Etat-major américain souhaitait reprendre au plus tôt
l’envoi d’armes en direction de la Chine (rappelons que la route traversant
la Birmanie était désormais entre les mains des Japonais.).
C’est ainsi que fut construite la route de Birmanie, reliant l’Inde à
la Chine, empruntant les montagnes birmanes du nord, plus sécurisées.
Toutefois, en raison du danger, les troupes américaines et chinoises furent
affectées à la surveillance de la route.
Côté américain, le général Joseph
Stilwell[78]
fut chargé de rentrer en contact avec Tchang Kaï-chek. Toutefois, alors que
le général chinois préférait économiser ses forces en vue d’un prochain
conflit contre les communistes de Chine, Stilwell exigea en vain que Tchang
Kaï-chek organise un front uni contre le Japon, auquel participeraient les
communistes.
Les généraux Tchang Kaï-chek (à gauche)
et Joseph Stilwell (à droite).
Les Japonais, quant à eux, afin de s’assurer du soutien de la population
birmane, proclama l’indépendance de l’Etat de Birmanie (en réalité
satellite du Japon.) en août 1943. Le député nationaliste Ba Maw, qui
avait été emprisonné par les Britanniques en 1939 pour avoir désapprouvé
l’entrée en guerre, fut placé à la tête d’un gouvernement provisoire.
Par ailleurs, l’Armée de défense birmane, particulièrement restrictive, fut
transformée en Armée nationale birmane, dont les effectifs
s’élevèrent à 11 000 hommes.
23° La campagne de îles Salomon, l’opération Cartwheel (1943)
– Comme nous l’avons vu précédemment, les Américains étaient parvenus à
s’emparer de Tulagi, en août 1942, et de Guadalcanal, en février 1943. Ce
faisant, les alliés contrôlaient désormais la pointe méridionale des îles
Salomon.
Cependant, les batailles navales dans les îles Salomon avaient été coûteuses
en matériel. Ainsi, l’US Navy ne disposait plus que d’un porte-avion dans le
pacifique en début d’année 1943.
Le
général Mac Arthur, suite à son départ des Philippines[79],
avait été nommé commandant suprême des forces alliées dans la zone du
sud-ouest Pacifique.
Ce
dernier, afin de chasser l’ennemi des îles Salomon et de Nouvelle-Guinée,
élabora alors l’opération Cartweel, en février 1943, prévoyant une
grande offensive en plusieurs points : l’opération Chronicle, visant
Kiriwina et Woodlark ; l’opération Toenail, en direction de la
Nouvelle-Géorgie ; l’opération Postern, contre Lae, à la pointe est
de la Nouvelle-Guinée ; l’opération Goodtime, en direction des îles
du Trésor ; l’opération Blissfull, contre l’île Choiseul ; l’opération
Cherryblossom, visant l’île Bougainville ; l’opération Dexterity,
en direction de la Nouvelle-Bretagne[80]
; et enfin deux dernières offensives contre les îles de l’amirauté et
d’Emirau[81].
a)
L’opération Chronicle (juin 1943) : l’opération Chronicle[82]
fut lancée en juin 1943, lorsque les troupes alliées débarquèrent sur
Kiriwina et Woodlark, deux îles à l’ouest de la Nouvelle-Guinée.
Américains et Australiens, arrivés à destination, ne rencontrèrent pas de
résistances de la part de l’ennemi (à l’exception de courts bombardements
sur Woodlark.).
S’attelant à la construction d’un aérodrome sur Woodlark, le projet fut
achevé à la mi-juillet, et les premiers avions arrivèrent dix jours après.
Sur Kirwina, la construction de l’aérodrome fut retardée en raison des
fortes chutes de pluie (ce dernier ne fut opérationnel qu’en août 1943.).
b)
L’opération Toenail (juin à août 1943) : en juin 1943, les alliés
débarquèrent en Nouvelle-Géorgie, dans le cadre de l’opération Toenail[83].
L’archipel, à 200 kilomètres au nord-ouest de Guadalcanal, n’était pas un
impératif stratégique pour l’Etat-major japonais, qui avait au contraire
fortifié ses positions sur l’île Bougainville.
Les débarquements s’étant fait sur plusieurs points, les troupes alliées ne
rencontrèrent pas toutes l’ennemi. Ainsi, les Américains débarqués à
Bairoko, au nord, rencontrèrent une vive résistance, la zone étant une base
navale japonaise ; toutefois, les soldats arrivés à Seghe, dans le sud de
l’île, les alliés ne rencontrèrent pas de résistances de la part de
l’ennemi.
A
la fin du mois, les travaux de construction de l’aérodrome commencèrent, ce
dernier étant achevé à la mi-juillet.
c)
L’opération Postern (septembre 1943) : dans le cadre de l’opération
Postern[84],
les troupes alliées débarquèrent près de Lae en septembre 1943, soutenues
par l’artillerie de l’US Navy (rappelons que les Japonais avaient débarqué
dans cette zone en janvier 1942[85].).
A
noter toutefois qu’en raison des récentes chutes de pluie, la progression
vers Lae fut difficile, d’autant que l’ennemi était bien retranché derrière
les rives de la rivière Busu (à l’est de Lae.).
Toutefois, les Américains reçurent le soutien de parachutistes, largués au
dessus de Nadzab, à 40 kilomètres au nord-ouest de Lae, équipés de matériel
lourd.
Encerclant désormais l’ennemi (de nombreux Japonais se réfugièrent dans les
montagnes du nord.), les soldats alliés pénétrèrent dans Lae à la
mi-septembre 1943.
La
cité fut rapidement transformée en base militaire.
d)
L’opération Goodtime (octobre à novembre 1943) : en octobre 1943 fut
lancée l’opération Goodtime[86],
en direction des îles du Trésor, à une centaine de kilomètres au nord-ouest
de la Nouvelle-Géorgie.
Pour l’Etat-major américain, les îles du Trésor ne constituaient pas une
menace, toutefois, un débarquement dans cette zone permettrait d’avoir une
base avancée contre l’île Bougainville, quartier général de l’armée
japonaise.
Les Japonais présents sur l’île, en forte infériorité numérique (250 soldats
contre 6 500 alliés.), furent rapidement vaincus. Ainsi, les Américains
s’emparèrent de Falamae, la capitale, le 1er novembre 1943.
Toutefois, en raison de la forte résistance japonaise, l’île ne fut
sécurisée que dix jours après.
e)
L’opération Blissful (octobre à novembre 1943) : l’opération Blissful[87],
lancée à la même date que l’opération Goodtime, visait l’île Choiseul (à une
cinquantaine de kilomètres au nord de la Nouvelle-Géorgie.).
A
noter toutefois que cette offensive, ne réunissant que 750 soldats, était
conçue comme une diversion, alors que des troupes américaines débarquaient à
Bougainville.
Progressant vers le sud de Choiseul, les alliés adoptèrent une stratégie de
guérilla, visant à harceler l’ennemi.
L’île fut évacuée au début du mois de novembre, pour un impact jugé mitigé.
f)
Les débuts de l’opération Cherryblossom (novembre 1943) : L’opération
Cherryblossom[88]
fut lancée au début du mois de novembre 1943, en direction de l’île
Bougainville, à une cinquantaine de kilomètres au nord-ouest de Choiseul.
Toutefois, si depuis juin 1943, les alliés étaient parvenus à prendre
position sur leurs objectifs sans grandes difficultés, la situation fut
différente à Bougainville.
En
effet, l’île était le quartier général de l’armée japonaise des îles
Salomon, rassemblant plus de 40 000 soldats.
Débarquant dans la baie de l’Impératrice Augusta, à l’ouest, les Américains
tentèrent d’y établir une tête de pont, recevant le soutien de l’artillerie
de l’US Navy.
Repoussés à plusieurs reprises, les Japonais décidèrent d’installer leur
artillerie sur les hauteurs avoisinant la tête de pont ennemie.
Les troupes alliées, subissant d’importants bombardements, attaquèrent alors
les montagnes dans lesquelles les Japonais s’étaient retirés, parvenant à
sécuriser leur position à la fin décembre 1943.
g)
Bilan de l’opération Cartwheel : les offensives de l’année 1943 en
direction des îles Salomon avaient porté leurs fruits. Alors qu’en début
d’année, les alliés ne détenaient que Guadalcanal et Tulagi, dans la partie
méridionale de l’archipel, en décembre 1943, ils s’étaient emparés de la
majorité des îles Salomon, à l’exception de Bougainville.
A
noter que l’opération Dexterity, ainsi que les offensives contre Emirau et
les îles de l’Amirauté, ne se déroulèrent qu’à compter de 1944.
En
parallèle de l’opération Cartwheel, une autre offensive, de taille plus
modeste, se déroula dans les îles Salomon en avril 1943 : l’opération
Vengeance, destinée à abattre en vol l’appareil de l’amiral Yamamoto
(concepteur du plan d’attaque contre Pearl Harbor.), alors qu’il rejoignait
Bougainville.
Ayant décollé de la base de Rabaul, en Nouvelle-Bretagne, l’avion de
l’amiral Yamamoto fut pris en chasse par une quinzaine de chasseurs
Lockheed P-38, et fut abattu au dessus de Bougainville.
24° La campagne de Nouvelle-Guinée (1943) – Outre les
opérations Chronicle et Postern, plusieurs offensives se déroulèrent en
Nouvelle-Guinée au cours de l’année 1943.
a)
La campagne du Finistère (septembre 1943 à décembre 1943) :
l’opération Postern, visant Lae, dans l’est de la Nouvelle-Guinée, avait été
un succès pour les troupes alliées. Toutefois, afin d’éviter l’encerclement,
les Japonais s’étaient retirés dans les montagnes du nord.
Toutefois, soucieux d’éliminer toute présence ennemie dans la région, les
Américains et Australiens se dirigèrent vers les monts Finisterre, où
s’était installé l’ennemi.
Les combats furent particulièrement violents, les japonais, comme à leur
habitude, refusant de céder le moindre pouce de terrain.
En
fin d’année 1943, aucun des deux camps n’était parvenu à l’emporter sur
l’autre.
b)
La campagne de la péninsule de Huon (septembre 1943 à mars 1944) : la
campagne de la péninsule de Huon, menée par l’armée australienne, se déroula
à l’issue de la prise de Lae, à la mi-septembre 1943.
Progressant vers en direction de la péninsule de Huon, au nord-est de la
Nouvelle-Guinée, les alliés s’emparèrent de Finschhafen début octobre, à 70
kilomètres à l’est de Lae ; puis de Sattelburg à la fin novembre 1943, à une
dizaine de kilomètres au nord de Finschhafen.
Les Australiens, équipés de chars, causèrent d’importants dégâts aux troupes
japonaises.
En
fin d’année, ils se dirigèrent vers Sio, au nord de la péninsule.
25° La campagne des îles Gilbert (novembre à décembre 1943)
– En fin d’année 1943, l’Etat-major décida de lancer une vaste offensive
en direction des îles Gilbert et des îles Marshall, dont les Japonais
s’étaient emparés en décembre 1941 (à noter que les premiers raids
américains avaient débuté en février 1942, visant Tarawa, principale base
japonaise dans l’archipel des Gilbert.).
En
novembre 1943, l’Etat-major planifia l’opération Galvanic, prévoyant
un débarquement sur l’île de Betio dans l’atoll de Tarawa. Toutefois, en
raison de la résistance attendue des Japonais, 35 000 soldats alliés furent
rassemblés afin de participer à l’offensive.
A
l’aube du 20 novembre, les navires américains procédèrent à une intense
préparation d’artillerie contre Betio, puis les troupes débarquèrent dans la
matinée.
Toutefois, en raison des récifs entourant l’île, les Américains éprouvèrent
des difficultés à faire débarquer le matériel lourd (canons, blindés, etc.),
ce qui perturba la suite des opérations.
Eprouvant d’importantes difficultés à étendre leur tête de pont sur la côte
nord de l’île, les alliés progressèrent lentement en raison de la résistance
acharnée des Japonais. Dans la journée du 22 novembre, les Américains
parvinrent finalement à repousser l’ennemi dans la moitié est de l’île.
Dans la nuit du 22 au 23, l’armée impériale décida de lancer une
contre-offensive, pouvant s’apparenter à une attaque-suicide, destinée à
chasser les alliés de Betio. Attaquant les troupes américaines à la nuit
tombée, causant d’importants dégâts, les Japonais furent toutefois repoussés
à l’aube du 23 novembre.
Le
24, les derniers bunkers japonais furent neutralisés au lance-flamme,
l’Etat-major américain annonçant la fin des combats à cette date.
Betio étant l’île la mieux défendue de l’archipel des Gilbert, les combats
pour s’emparer de la région s’achevèrent à la fin novembre 1943. Toutefois,
les pertes étaient particulièrement importantes. Ainsi, les alliés
comptaient 1 000 tués et 2 000 blessés ; contre 4 700 tués et une quinzaine
de prisonniers côté japonais.
A
noter que ces importantes pertes firent scandale aux Etats-Unis, et
l’utilité stratégique de la conquête de Tarawa fut vivement contestée.
26° La campagne des îles Aléoutiennes (1943) – En juin
1942, les Japonais s’étaient emparés d’Attu et Kiska, deux îles situées à
l’ouest de l’archipel. Le gouvernement américain ne tarda toutefois par à
réagir, ordonnant l’installation d’une base militaire sur Adak, en août
1942, afin de bombarder les îles sous contrôle japonais.
Au
printemps 1943, l’US Navy parvint à bloquer le ravitaillement japonais dans
les îles Aléoutiennes, contraignant l’ennemi de matériel et de provisions
(des ravitaillements de taille réduite furent toutefois effectués par
sous-marins.).
a)
La bataille d’Attu (mai 1943) : ce fut dans un climat glacial que les
Américains lancèrent une première offensive contre Attu, en mai 1943.
Le débarquement d'Attu.
Toutefois, malgré la préparation d’artillerie effectuée par l’US Navy, les
fortification japonaises étaient toujours en bon état lors du débarquement
allié. Les Américains, progressant en direction du centre de l’île,
avancèrent lentement.
A
la fin du mois, les Japonais étant désormais encerclés, ces derniers
lancèrent une ultime attaque-suicide, qui coupa la ligne de défense
américaine.
Les soldats alliés furent alors contraints de se battre au corps à corps,
jusqu’à ce que tous les Japonais soient tués.
Au
final, les Américains déploraient 550 tués et 1 100 blessés, contre 2 900
tués (soit la quasi-totalité de leurs effectifs.) et une vingtaine de
prisonniers côté japonais.
b)
La conquête de Kiska (août 1943) : l’offensive dirigée contre Kiska
fut lancée en août 1943, trois mois après la bataille d’Attu.
Alors que les alliés s’attendaient une fois encore à une vive résistance,
ces derniers se rendirent rapidement compte que Kiska avait été évacuée par
l’ennemi depuis une semaine.
Environ 300 soldats trouvèrent la mort lors de ce débarquement, en majorité
en raison des pièges laissés par l’ennemi, du froid ou des tirs alliés.
[1]
Voir à ce sujet le 9, section V, chapitre sixième, la troisième
république.
[2]
Pour en savoir plus sur l’armistice de juin 1940, voir le f), 2,
section III, chapitre sixième, la troisième république.
[3]
Darlan s’y était engagé lors de la conférence de Briare, quelques
jours avant la signature de l’armistice.
[4]
Pour en savoir plus sur l’opération Catapult, voir le a), 4, section
IV, chapitre sixième, la troisième république.
[5]
Laborde, né en novembre 1878, fit ses études à l’Ecole navale au
début du XX° siècle. Promu amiral en 1938, ce dernier se prononça en
faveur du maréchal Pétain lors de son arrivée au pouvoir. Toutefois,
Laborde détestait Darlan (qui était moins gradé mais avait été nommé
chef de la Marine.). Ce dernier, comme beaucoup d’officiers de la
Marine, condamna vivement l’opération Catapult.
[6]
Rappelons que Darlan avait été nommé Haut-commissaire de France en
Afrique suite au débarquement allié en Afrique.
[7]
Un baliseur est utilisé pour la pose et l’entretien des bouées en
mer.
[8]
Rappelons que la SS (en allemand Schutzstaffel, ce qui
signifie « escadron de protection ») était à l’origine la garde
rapprochée d’Hitler. Toutefois, ce corps prit de l’importance au fil
des années, devenant une organisation policière (création du RSHA,
Reichssicherheitshauptamt en allemand, réunissant toutes les
polices allemandes, en septembre 1939), idéologique (création du
Lebensborn en 1935, association destinée à assurer le
développement de la « race aryenne »), scientifique (création de l’Ahnenerbe
en 1935, organisation consacrée à la recherche archéologique et
anthropologique), et militaire (création de la Waffen-SS en
1939).
[9]
Nous reviendrons sur l’armistice italien en c), 18, section VI,
chapitre sixième, la troisième république.
[10]
Bousquet, arrêté par la Gestapo en juin 1944, fut emprisonné en
Allemagne. Suite à la Libération, il fut incarcéré en France et jugé
en 1949. Son procès s’acheva sur un non-lieu, mais Bousquet fut
toutefois frappé de dégradation nationale. Il fut assassiné en juin
1993 par un déséquilibré, alors qu’un nouveau procès contre lui
était en cours de préparation.
[11]
Ou référence discrète au drapeau nazi, formé de quatre gammas ?
[12]
La Waffen-SS, créée en 1939, était la branche militaire de la SS.
[14]
La Milice ne fut toutefois jamais équipée d’artillerie ou de
blindés.
[15]
Rappelons que la Gestapo (Geheime Staatspolizei
en allemand.) était une police politique.
[16]
Né en juin 1911, Dewavrin fit ses études à l’école Polytechnique,
s’engageant dans le Corps du Génie en 1934. Participant à la seconde
guerre mondiale, il combattit en Norvège (voir le 1, section III,
chapitre sixième, la troisième république) et lors de la
bataille de France. En juillet 1940, il rejoignit le général de
Gaulle à Londres, qui lui confia la direction du Deuxième bureau
(il s’agissait du nom originel du Bureau central de
renseignements et d'action, le service de renseignement de la
France combattante).
[17]
Brossolette, né en juin 1903, adhéra à la SFIO en 1929, puis
participa à la première guerre mondiale. Hostile au régime de Vichy,
il rejoignit rapidement la résistance en zone occupée. Brossolette
se rendit à Londres en 1942, et, promu commandant, il travailla à la
BCRA.
[18]
Yeo-Thomas, né en juin 1901, s’engagea dans l’armée américaine afin
de pouvoir combattre lors de la première guerre mondiale. Après
guerre, il combattit lors de la guerre russo-polonaise aux côtés des
Polonais (g), 2, section I, chapitre cinquième, la troisième
république), puis s’installa à France suite à la
démobilisation. En 1939, il s’engagea au sein de la RAF, combattant
pendant la bataille de France. En 1942, Yeo-Thomas fut engagé par le
Special opérations executive, service secret britannique,
servant d’agent de liaison avec la BCRA.
[19]
Né en août 1904, Renault entra à la Banque de France en 1924. Proche
d’Action française, il refusa toutefois les conditions d’armistice
et la proclamation du régime de Vichy. Rejoignant le général de
Gaulle à Londres, il fut chargé par le BCRA de mettre en place un
réseau de renseignement en zone nord.
[20]
Né en 1901, Grenier adhéra au parti communiste en 1922, suite au
Congrès de Tours (voir le c), 6, section I, chapitre cinquième,
la troisième république). Elu député en 1937, il fut mobilisé en
1939. Restant fidèle au pacte germano-soviétique, Grenier fut déchu
de son mandat de député, puis fut interné jusqu’à l’été 1941 en
raison de ses activités communistes. Il rejoignit la résistance
communiste suite à sa libération.
[21]
Le Front national (à ne pas confondre avec l’actuel Front
national, fondé en 1972) était un mouvement créée par le parti
communiste. Son objectif était d’être la représentation politique du
groupe paramilitaire Francs-tireurs et partisans.
[22]
A ne pas confondre avec le groupe Franc-Tireur de Jean Pierre Lévy
en zone sud.
[23]
Le PDP avait été fondé en 1924, dans la mouvance de la
démocratie-chrétienne.
[24]
Il s’agissait d’un parti de centre-droit, créé en octobre 1901.
[25]
La FR, créée au début du XX° siècle, était le grand parti de la
droite conservatrice.
[26]
Rappelons que les syndicats avaient été interdits par le régime de
Vichy.
[27]
La Confédération Générale du Travail, créée en septembre
1895, était un syndicat anarchiste et révolutionnaire. Il existe
encore aujourd’hui.
[28]
La Confédération française des travailleurs chrétiens, fut
fondée en 1919, regroupant les centaines de syndicats chrétiens qui
existaient alors. Son objectif était alors de faire barrage à la
toute puissance de la CGT.
[29]
Moulin, torturé par la Gestapo, mourut en juillet 1943 lors de son
transfert vers Berlin. Quant à Delestraint, il fut torturé avant
d’être déporté à Dachau, où il mourut en avril 1945, exécuté
quelques jours avant l’arrivée des troupes alliées.
[30]
Bidault, né en octobre 1899, fit des études d’histoire. Obtenant
l’agrégation, il fut professeur à Reims, puis s’engagea dans la
politique. Se présentant aux élections législatives de 1936 en tant
que membre du PDP, il fut toutefois battu au premier tour. Fait
prisonnier en 1940, il fut toutefois libéré à l’été 1941.
[31]Pierre Dejussieu-Pontcarral, né en février 1898, participa à
la première guerre mondiale, puis fut envoyé en Afrique du nord et
en Indochine. Hostile à l’armistice, il rejoignit le groupe Combat
en 1941.
[32]
Francs-tireurs et partisans. Rappelons qu’il s’agissait d’un groupe
paramilitaire communiste.
[33]
L’ORA (ou Organisation de résistance de l'armée) était un
groupe paramilitaire fondée en janvier 1943, soutenant le général
Giraud.
[36]
« Division bleue » en français. Cette dernière avait été envoyée en
URSS dans le cadre de l’opération Barbarossa. Elle fut la seule
unité espagnole à combattre aux côtés des Allemands au cours de
toute la seconde guerre mondiale.
[37]
Nous reviendrons sur la bataille du Dniepr en 12, section VI,
chapitre sixième, la troisième république.
[38]
Comme nous l’avons vu en e), 5, section V, chapitre sixième, la
troisième république.
[40]
A noter que s’étaient déjà déroulé deux batailles à Kharkov. L’une,
en 1941, dans le cadre de l’opération Barbarossa ; l’autre, en 1942,
lors de l’offensive allemande contre l’Ukraine.
[41]
En français « division garde du corps d’Adolf Hitler. » Cette
division était rattachée à la Waffen-SS, branche militaire de la SS.
[42]
Wotan étant le nom germanique du dieu Odin. Pour en savoir plus à ce
sujet,
cliquez ici.
[43]
Voir à ce sujet le 1, section V, chapitre quatrième, la troisième
république.
[45]Mikhaïl Koutouzov était un général russe ayant combattu lors
des guerres napoléoniennes. Voir à ce sujet le a), 4, section II,
chapitre deuxième, l’épopée napoléonienne.
[47]
« Opération Maréchal Rumyantsev » en français. Rumyantsev était un
maréchal russe ayant vécu au XVIII° siècle.
[48]
Né en avril 1889, von Arnim s’engagea dans l’armée en 1907.
Participant à la première guerre mondiale, il combattit sur les
fronts ouest et est. Promu général en 1938, il participa à
l’invasion de la Pologne, la bataille de France et à l’opération
Barbarossa. Blessé en URSS, il fut alors envoyé en Afrique du nord,
sous les ordres de Rommel. Il fut nommé commandant en chef des
forces en Afrique à compter de l’hiver 1942.
[49]
Patton, né en novembre 1885, intégra l’académie militaire de West
Point en 1909. Participant à plusieurs opérations contre le Mexique,
il fut promu colonel lors de la première guerre mondiale. Suite au
déclenchement de la première guerre mondiale, Patton fut nommé
général, et envoyé en Afrique dans le cadre de l’opération Torch.
[50]
Rommel fut nommé inspecteur des fortifications de l’ouest, fut
envoyé en Normandie en novembre 1943. Nous y reviendrons en c), 3,
section VII, chapitre sixième, la troisième république.
[52]
Pour plus de détails sur cette période, voir le 10, section V,
chapitre sixième, la troisième république.
[53]
Rappelons que de Gaulle était général de Brigade (le rang le moins
élevé pour un général), Giraud étant général d’Armée (pénultième
grade dans l’armée française, précédent celui de maréchal).
[54]
Monnet, né en novembre 1888, travailla au sein de l’entreprise
familiale, exportatrice de Cognac. Réformé au début de la première
guerre mondiale, il travailla à la coordination des ressources
alliées à compter de 1916, mandaté par le gouvernement français.
Participant à la création de la SDN, il partit en Chine pendant les
années 1930, en tant que conseiller auprès de Tchang Kaï-chek. Se
réfugiant à Londres suite à la bataille de France, Monnet refusa de
participer à la France libre du général de Gaulle, et fut envoyé aux
Etats-Unis par Churchill, afin d’y négocier l’achat d’armes de
guerre.
[57]
Le général Alexander, commandant en chef des armées du Moyen-Orient,
avait été nommé à la tête du 15° groupe d’armées (formé par la VIII°
Armée britannique et la VII° Armée américaine) en février 1943.
[58]
2 000 unités de ce véhicule amphibie avaient été construites depuis
décembre 1942.
[59]
Le soutien du gouvernement américain à la mafia sicilienne pendant
la seconde guerre mondiale reste néanmoins sujet à controverse.
[60]
Clark, né en mai 1896, avait été blessé lors de la première guerre
mondiale. Pendant l’entre-deux-guerres, il fut instructeur, avant
d’être promu général en 1941.
[61]
Né en juin 1895, il participa à la première guerre mondiale sur le
front italien. S’établissant comme avocat, il rejoignit le parti
fasciste en 1919. Elu député en 1924, Grandi fut nommé ministre à
plusieurs reprises pendant les années 1930.
[62]
Le PNF avait été fondé en novembre 1921. Voir à ce sujet le b), 7,
section I, chapitre cinquième, la troisième république.
[63]
Rappelons que si Mussolini avait organisé un coup d’Etat afin
d’obtenir le pouvoir, il n’avait pas destitué le roi Victor Emmanuel
III.
[64]
Victor Emmanuel III, né en novembre 1869, monta sur le trône en
1900, suite à l’assassinat de son père, Humbert I°. Souverain
effacé, il fit entrer l’Italie dans la guerre aux côtés des alliés,
puis céda le pouvoir aux fascistes en 1922.
[65]
Rappelons que Badoglio avait participé à la première guerre mondiale
sur le front italien, puis à la campagne contre l’Ethiopie. A noter
que ce dernier s’était opposé au pacte d’acier, ainsi qu’à la
déclaration de guerre de l’Italie contre la France.
[66]
Né en décembre 1874, King fut élu en tant que député libéral en
1909. Ce dernier, nommé premier ministre en 1921, conserva son siège
pendant plus de 20 ans (ce dernier perdit son poste entre 1930 et
1935.).
[67]
Castellano, né en septembre 1893, participa à la première guerre
mondiale, puis fut promu général en 1941, lors de la campagne des
Balkans.
[68]
Il s’agissait d’un grade SS équivalent à celui de capitaine.
[69]
Skorzeny, né à Vienne en juin 1908, suivit des études d’ingénieur.
Rejoignant le parti nazi autrichien en 1931, il participa à
l’anschluss en 1938. Lors du déclenchement de la seconde guerre
mondiale, Skorzeny rejoignit la division SS Leibstandarte Adolf
Hitler, participant à l’opération Barbarossa.
[71]
Un grade SS équivalent à celui de commandant.
[72]
On appelle ainsi une assemblée chargée de rédiger une constitution.
[73]
Voir à ce sujet le b), 3, section IV, chapitre sixième, la
troisième république.
[74]
En 1875, le gouvernement japonais échangea l’île Sakhaline contre
l’archipel des Kouriles avec la Russie. Toutefois, le Japon récupéra
la moitié sud de Sakhaline en 1905.
[75]
C’est ainsi que de nombreux pays d’Europe de l’est restèrent sous la
houlette de Moscou jusqu’à la chute de l’URSS, au début des années
1990.
[76]
Pour en savoir plus sur l’invasion de l’Iran, voir le 9, section IV,
chapitre sixième, la troisième république.
[77]
Rappelons que Wingate avait mené une offensive contre l’Ethiopie
italienne en 1941.
[78]
Stilwell, né en mars 1883, fit ses études à l’académie militaire de
West Point. A l’issue de la première guerre mondiale, il fut attaché
militaire à Nankin.
[79]
Pour en savoir plus sur l’invasion des Philippines, voir le 12,
section V, chapitre sixième, la troisième république.
[80]
Nous y reviendrons en a), 22, section VII, chapitre sixième, la
troisième république.
[81]
Nous y reviendrons en b), 21, section VII, chapitre sixième, la
troisième république.