1° Les causes de la seconde guerre
de religion –
Depuis la promulgation de l’édit d’Amboise, en mars 1563, la France
avait connu quelques année de paix. En effet, la première guerre de religion
avait été très destructrice, et les deux camps rêvaient de pouvoir prendre
leur revanche sur l’adversaire.
Un
premier mouvement d’hostilité eut lieu à Pamiers, en juin 1566. Des
centaines de protestants prirent d’assaut les églises ; toutefois,
l’insurrection fut violemment matée à Foix par Monluc, où plusieurs
centaines d’huguenots furent tués.
Les causes du déclenchement de la seconde guerre de religion sont toutefois
plus complexes qu’il n’y semble. D’une part, le prince de Condé n’appréciait
guère le frère de Charles IX, Henri, duc d’Anjou. En effet, ce dernier
occupait une place de plus en plus importante, et le leader des huguenots,
mécontent, décida de quitter la Cour. D’autre part, le roi d’Espagne était
depuis 1566 en guerre contre les Pays Bas espagnols (la révolte des gueux.).
En effet, ces derniers étaient favorables à la réforme et à l’indépendance,
ce dont Philippe II ne voulait pas entendre parler.
Philippe II, par Alonso SANCHEZ COELLO, XVI° siècle, Bode
museum, Berlin.
Les protestants français portant secours à leurs homologues vivant aux Pays
Bas, le roi d’Espagne décida d’envoyer des troupes dans ce pays. Une petite
armée quitta alors le Milanais, longeant la frontière française en direction
du Nord.
Catherine de Médicis, apprenant ce mouvement de troupe, décida alors de
lever quelques bataillons suisses, soucieuse de se prémunir contre une
hypothétique agression espagnole.
Toutefois, ce recrutement provoqua l’inquiétude des protestants français,
effrayés par une éventuelle alliance entre la catholique Espagne et la
France (l’entrevue de Bayonne était restée dans tous les esprits.).
2° La surprise de Meaux et la bataille de Saint Denis
(septembre à novembre 1567) – En septembre 1567, Catherine de Médicis
refusait de croire à l’arrivée d’une nouvelle guerre de religion. Pourtant,
à cette date, Condé tenta de s’emparer du roi, se trouvant alors à Meaux.
L’offensive fut toutefois un échec, et la famille royale parvint à regagner
Paris.
Demi-armure dite de Louis I° de Condé,
vers 1560, musée des Invalides, Paris.
Le
lendemain, les protestants conduisirent des émeutes en province (une
centaine de catholiques furent assassinés par les huguenots au cours du
massacre de la Michelade, à Nîmes.).
Le massacre de la Michelade.
Condé avait échoué, mais les réformés parvinrent à s’emparer des villes dans
lesquelles ils étaient puissants (notamment dans le sud de la France.).
Catherine de Médicis, furieuse, décida de mettre un terme à sa politique de
tolérance, et Michel de l’Hospital fut chargé de négocier. Une première
entrevue eut lieu avec les chefs protestants, mais les prétentions de ces
derniers furent si exorbitantes que les négociations coupèrent court.
A
la tête de l’armée protestante, Condé décida d’assiéger Saint Denis, dans
l’objectif d’affamer Paris.
Toutefois, la reine-mère décida de réagir, confiant à Anne de Montmorency
le commandement de l’armée royale.
Les deux camps s’affrontèrent finalement au cours de la bataille de Saint
Denis, en novembre 1567.
Montmorency fut tué au cours de l’affrontement, mais les protestants furent
repoussés. Au final, si l’armée royale ne remporta pas une brillante
victoire, elle parvint néanmoins à assurer le ravitaillement de la capitale.
Gisants d'Anne de Montmorency et de son épouse Madeleine de Savoie, XVI°
siècle, musée du Louvre, Paris.
Monument du coeur d'Anne de Montmorency, XVI° siècle, musée du Louvre,
Paris.
3° La fin de la seconde guerre de religion (hiver 1567-1568)
– Suite à l’affrontement, Condé se rapprocha de l’électeur palatin
Frédéric III (ce dernier envoya alors son fils Jean Casimir en
France.). ; la couronne demanda des renforts de Suisse et d’Italie.
Le
reste de la campagne se déroula dans le sud-est de la région parisienne,
mais les deux belligérants refusèrent de s’affronter au cours d’une bataille
rangée.
Les huguenots, dirigés par Condé et Coligny, décidèrent alors de rejoindre
la Lorraine afin de faire jonction avec leurs alliés du Saint Empire Romain
germanique. Toutefois, Henri, duc d’Anjou (le frère du roi.) parvint à les
stopper en début d’année 1568.
Catherine de Médicis, souhaitant éviter que les protestants soient aidés par
l’Angleterre et les catholiques par l’Espagne, décida de négocier. Les deux
camps étant à court d’argent, les pourparlers aboutirent à la paix de
Longjumeau, signée en mars 1568. Les deux partis s’entendirent ainsi sur
un statu quo, reprenant les termes énoncés par l’édit d’Amboise, en
mars 1563.
Ainsi, le libre exercice du culte protestant n’était accordé à la noblesse
qu’en ses châteaux, et pour le reste des fidèles dans une ville par baillage
ou sénéchaussée. En outre, La Rochelle fut cédée aux huguenots.
Cet accord ne fut toutefois qu’une simple trêve, et ce traité fut rapidement
surnommé la paix boiteuse…
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