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Mythologie
 
 

 

 

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Les Valois-Angoulême (XVI° siècle)

 

CHAPITRE QUATRIEME : Charles IX

 

II : La première guerre de religion et le Tour de France (1562 à 1566)

           

            1° Le massacre de Wassy (mars 1562) – La situation, déjà très tendue en début d’année 1562, ne tarda guère à dégénérer…

En effet, en mars 1562, le duc François de Guise, revenant de Lorraine, fit un détour par Wassy. En effet, les protestants y célébraient leur culte à l’intérieur de la cité, contrairement aux mesures prises par l’édit de janvier 1562.

François, duc de Guise, gravure issue de l'ouvrage Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.

Le duc de Guise décida alors de faire donner l’assaut contre les réformés, ces derniers ayant refusé de quitter Wassy.

Le massacre de Wassy.

Une centaine de protestants furent ainsi tués ou blessés.

 

Le duc de Guise, rentrant à Paris, fut accueilli en héros par le peuple, qui réclama une croisade contre les réformés.

Au cours du mois de mars 1562, de nombreuses exactions furent commises à l’encontre des protestants, dans le Maine et en Anjou, ainsi que dans certaines villes comme Tours ou Sens.

 

La reine-mère, qui avait désavoué François de Guise suite à la promulgation de l’édit de Saint Germain en Laye, fut donc contrainte de se rapprocher de lui.

 

            2° Les prémices de la première guerre de religion (printemps 1562) –  Louis de Bourbon, prince de Condé, lança alors un appel aux armes peu de temps après le massacre de Wassy.

Louis I° de Bourbon, prince de Condé, école française, XVI° siècle, château de Chantilly, Chantilly.

 

La France s’enlisait dès lors dans la guerre civile, alors que les deux camps multipliaient les massacres contre l’ennemi.

Catherine de Médicis, contemplant le désastre, tenta de manœuvrer afin de mettre fin à la crise. Installée à Fontainebleau, la reine-mère invita Condé à la rejoindre, afin de trouver une issue pacifique à la crise. Toutefois, le prince de sang refusa de venir, sans toutefois se résoudre à engager la lutte contre le royaume de France.

Cependant, François de Guise marcha sur le château de Fontainebleau à la fin du mois de mars 1562, contraignant la famille royale à rejoindre Paris.

 

A partir du mois d’avril, des massacres furent perpétrés dans la France entière. A Sens, des huguenots tuèrent une centaine de catholiques dans la cathédrale ; à Orléans, à Tours et à Angers, ils détruisirent les statues des églises. Les pires massacres se déroulèrent dans le Midi, une région en majorité protestante.

Dans d’autres villes, ce furent les catholiques qui se livrèrent à des exactions contre les réformés.

 

En juin 1562, Catherine de Médicis, convaincue de pouvoir ramener la paix, convoqua Condé et son frère Antoine de Bourbon, ainsi que François de Guise à l’abbaye Saint Simon, près de Talcy.

Après de longues heures de discussion l’entrevue se solda sur un échec, les deux partis refusant de désarmer.

Antoine de Bourbon, par Léonard LIMOSIN, XVI° siècle, château de Chantilly, Chantilly.

 

a) Les trois fronts de guerre : lors de cette première guerre de religion, les combats se formèrent sur trois fronts distincts.

Le plus important se trouvait en Normandie et sur la Loire. Condé, au cours du printemps 1562, s’était emparé sans coup férir d’Orléans, Rouen[1], Lyon et Poitiers. L’objectif des triumvirs, qui commandaient l’armée royale (Guise, Montmorency et d’Albon.), était donc de reprendre Orléans des mains des huguenots.

Anne de Montmorency, gravure issue de l'ouvrage Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.

Une seconde zone de combats se situait dans le Languedoc, où les protestants se trouvaient en majorité.

Enfin, le troisième front se trouvait dans le sud ouest de la France, où Blaise de Lasseran[2], seigneur de Monluc, avait vaincu les insurgés lors de la bataille de Vergt.

 

b) Le traité d’Hampton Court (septembre 1562) : l’armée royale assiégeait Orléans, alors entre les mains des huguenots. Louis I° de Bourbon, prince de Condé, ainsi que Gaspard II de Coligny, décidèrent alors de prendre contact avec l’Angleterre afin de pouvoir résister au roi de France.

Ainsi, en septembre 1562, les protestants et Elizabeth I° signèrent le traité d’Hampton Court.

Elizabeth I°, gravure issue de l'ouvrage Cassell's history of England, Angleterre, 1902.

La reine d’Angleterre s’engageait ainsi à envoyer 6 000 hommes en France, et à prêter mille couronnes à Condé ; en échange, les insurgés devaient lui ouvrir les portes du Havre.

Ce traité, bien que potentiellement dangereux pour le roi de France, causa finalement plus de torts aux protestants qu’aux catholiques. En effet, de nombreux réformés furent scandalisés par ce traité (d’autant plus que la reine d’Angleterre souhaitait récupérer Calais, cité qu’elle avait cédé à Henri II en avril 1559 lors de la signature du traité de Cateau-Cambrésis.), et décidèrent de rejoindre les troupes de Charles IX.

 

A noter qu’en outre, Condé fit appel à des mercenaires allemands afin de grossir les rangs des réformés.

 

            3° Le siège de Rouen et la bataille de Dreux (fin 1562) – L’armée royale, commandée par le triumvirat (Guise, Montmorency et d’Albon.), parvint à renverser la tendance lors de l’été 1562. Blois, Bourges et Poitiers tombèrent, empêchant les protestants du sud de la France de rejoindre leurs camarades du nord.

Par la suite, les triumvirs décidèrent de marcher vers Rouen, où déjà affluaient les troupes anglaises. La cité, suite à plusieurs mois de siège, tomba au cours du mois de décembre 1562 (à noter qu’Antoine de Bourbon, combattant aux côtés des catholiques, trouva la mort lors du siège de la ville.).

 

Suite à la chute de Rouen, l’armée royale se dirigea vers Le Havre, tentant d’empêcher la jonction des troupes de Condé avec celles de la reine d’Angleterre (Condé et Coligny, en novembre 1562, avait tenté en vain de s’emparer de Paris.). Condé ayant perdu du temps à tenter de prendre Etampes, Montmorency put disposer son armée à loisir dans la plaine de Dreux.

 

Le 19 décembre 1562, catholiques et protestants s’affrontèrent finalement au cours de la bataille de Dreux.

Les triumvirs, bien que disposant d’un petit avantage numérique (l’armée royale comptait près de 15 000 hommes.), subirent un premier revers dès le début de l’affrontement. En effet, Montmorency se fit capturer par l’ennemi, entrainant la déroute de ses hommes.

Jacques d’Albon décida alors de donner un nouvel assaut, mais fut tué lors d’une charge.

Pendant plusieurs heures, les deux camps se lancèrent dans des attaques et des contre-attaques. Toutefois, les protestants furent finalement vaincus, et Condé fut capturé.

 

Suite à cet affrontement, François de Guise se retrouva seul face à Gaspard II de Coligny. Des pourparlers eurent lieu en janvier 1563, mais aucun terrain d’entente ne fut trouvé.

Coligny se réfugia alors en Normandie, et Guise décida d’assiéger Orléans, restée entre les mains des réformés. Toutefois, ce dernier fut assassiné d'un coup de pistolet en février 1563 par Jean de Poltrot de Méré, un aristocrate protestant (à noter que Charles de Lorraine, ayant appris la mort de son frère, décida de rejoindre les rangs des intransigeants, après avoir œuvré pour la réforme de l’Eglise.).

L'assassinat du duc de Guise, gravure issue de l'ouvrage Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.

Orléans ouvrit ses portes au roi de France peu après.

 

            4° La Paix d’Amboise (début 1563) – Suite à la dissolution du triumvirat (Guise et d’Albon étaient décédés, Montmorency avait été capturé par l’ennemi.), Catherine de Médicis put finalement se rapprocher des huguenots. Des négociations, menées par Montmorency et Condé furent alors mises en place.

 

Ainsi, en mars 1563, la reine-mère fit promulguer l’édit d’Amboise (appelé aussi Paix d’Amboise.), un texte toutefois moins libéral que l’édit de Saint Germain en Laye (promulgué en janvier 1562.). En effet, le libre exercice du culte protestant n’était accordé à la noblesse qu’en ses châteaux, et pour le reste des fidèles dans une ville par baillage ou sénéchaussée.

 

La situation de la reine-mère restait difficile, n’ayant plus ni argent ni armée. Afin de faire face à la crise, Catherine de Médicis se résigna à dévaluer la monnaie (avril 1563.).

 

Toutefois, il restait encore à régler la question anglaise, Elizabeth I° refusant de rendre Le Havre, ou en échange de Calais. Au mois de mai 1563, Catherine de Médicis déclara invalide le traité d’Hampton Court, et réclama la restitution immédiate du Havre. Elizabeth I° refusa, et une expédition militaire, composée de catholiques et de protestants[3], se dirigea sous les murs de la cité dès le mois de juin.

Toutefois, les Anglais réfugiés dans la ville furent contraints de se rendre rapidement, la garnison étant décimée par les maladies (été 1563.).

La paix avec l’Angleterre ne fut cependant signée qu’en avril 1564, Elizabeth I° acceptant de restituer Le Havre à la France sans contrepartie.

 

Malgré tout, la Paix d’Amboise ne dura qu’un temps. D’une part, le Parlement de Paris tarda à enregistrer le nouvel édit, jugé trop tolérant ; d’autre part, de nombreux catholiques se vengèrent des protestants iconoclastes, ces derniers ayant détruits de nombreux lieux de culte.

 

            4° Le Tour de France (1564 à 1566) – En août 1563, Charles IX fut déclaré majeur (cependant, Catherine de Médicis conserva la régence, son fils étant alors âgé de treize ans.). Toutefois, afin de faire découvrir le royaume à son fils, la reine-mère décida d’organiser un Tour de France (l’objectif était aussi de montrer le roi aux huguenots, afin de s’assurer de la fidélité de ses derniers.).

Montmorency fut chargé de prendre la tête du cortège royal.

Charles IX, roi de France, atelier de Germain PILON, fin du XVI° siècle, musée du Louvre, Paris. 

 

En avril 1564, la famille royale quitta Fontainebleau afin de se diriger vers le nord est de la France, à la frontière lorraine (Nancy, Bar le Duc, Ligny.).

 

Puis, au cours du printemps, le convoi longea le Rhône, passant par Dijon, Mâcon, et Lyon. La peste faisant son apparition à Lyon au cours du mois de juillet 1564, la famille royale décida de quitter précipitamment la ville, en direction du sud de la France.

Pendant l’été, la famille royale se rendit à Salon de Provence, où la reine-mère aurait rendu visite à Michel de Nostredame, plus connu sous le nom de Nostradamus.

Portrait de Nostradamus.

Ce dernier, auscultant Charles IX et son frère Henri (le futur Henri III.), aurait alors déclaré que les deux enfants ne pérenniseraient pas la dynastie des Valois. Par contre, il remarqua la présence du jeune Henri de Bourbon[4], auquel il prédit un brillant avenir (Henri de Bourbon accéda au trône de France quelques années plus tard sous le nom d’Henri IV.).

Henri IV enfant, par François Joseph, baron BOSIO, début du XIX° siècle, musée du Louvre, Paris.

Le voyage en Provence (Aix, Toulon, Marseille.) se déroula dans de bonnes conditions.

 

Après avoir traversé le Rhône, le convoi se dirigea vers le Languedoc, une région particulièrement favorable aux protestants. A Tarascon, à Beaucaire, à Nîmes, la famille royale put mesurer à quel point le pays avait souffert des conflits religieux. En décembre, le convoi arriva à Montpellier, puis repartit vers Béziers, Narbonne et Carcassonne en début d’année 1565.

A Toulouse, l’accueil des habitants fut cordial, la cité étant entre les mains des catholiques. Catherine de Médicis, apprenant que le roi d’Espagne consentait à une entrevue à Bayonne au mois de juin, décida alors de ralentir le voyage.

En mars 1565, la reine-mère reçut Monluc à Agen, et reçut un ambassadeur turc à Bordeaux. A Mont de Marsan, elle réunit un conseil afin d’annoncer son intention de maintenir la paix d’Amboise.

En juin 1565, le convoi arriva à Bayonne, où Catherine de Médicis rencontra Fernando Alvarez de Tolède, duc d’Albe[5], émissaire du roi d’Espagne (ce dernier n’avait pu faire le déplacement.).

L’objectif de la reine était de marier sa fille Marguerite avec Don Carlos , fils de Philippe II. Le duc d’Albe, au contraire, exigeait que Catherine de Médicis mette en place une répression à grande échelle contre les protestants de France.

Au final, les deux partis ne parvinrent pas à mettre en place un accord, même si cette entrevue de Bayonne excita les curiosités.

 

Remontant vers le nord en fin d’année 1565, la famille royale visita l’Angoumois, la Saintonge, l’Aunis. La Rochelle[6], cité protestante, fit bon accueil au roi de France. En octobre, le cortège traversa le Poitou et la Bretagne. La fête de la Toussaint fut célébrée à Angers.

A noter que la reine-mère, apprenant que des troubles agitaient Paris, envoya une lettre au gouverneur de la cité, François de Montmorency (il s’agissait du fils d’Anne de Montmorency.). Elle lui ordonnait ainsi de désarmer les fanatiques, quel que soit leur bord.

Portrait de François de Montmorency.

 

A Blois, Catherine de Médicis rassura les chefs protestants sur l’issue de l’entrevue de Bayonne, leur assurant que l’édit d’Amboise restait en vigueur.

Finalement, le convoi arriva à Moulins en décembre 1565. Toutefois, les tensions étaient palpables entre les Guise et Montmorency, ainsi qu’entre Michel de l’Hospital et le cardinal de Lorraine.

En février 1566 fut promulgué l’édit de Moulins, sous l’influence de Michel de l’Hospital. Ce texte juridique avait pour objectif de réformer la justice royale. Ainsi, afin de réprimer les abus, des émissaires du roi devaient être envoyés en inspection dans les provinces du royaume ; les confréries religieuses furent interdites, tout comme les colloques protestants. Il fut aussi décidé que dorénavant, l’année débuterait le 1er janvier, et non plus le jour de Pâques comme c’était alors la coutume.

En outre, c’est à compter de cette date que fut officialisé le principe de l’inaliénabilité du domaine royal[7] (hormis les apanages, qui pouvaient encore être cédés à des branches cadettes de la famille.).

 

Finalement, après être passé par l’Auvergne et la Champagne au cours du mois d’avril 1566, le cortège royal rentra dans Paris le 1er mai.

Demi-armure du roi Charles IX, vers 1565-1570, musée des Invalides, Paris.

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[1] Au XVI° siècle, Rouen était la seconde ville de France.

[2] Monluc avait participé à la dixième et à la onzième guerre d’Italie.

[3] Montmorency, Condé et Coligny participèrent à l’expédition.

[4] Henri de Bourbon était le fils d’Antoine de Bourbon, décédé lors du siège de Rouen, en fin d’année 1562. Le jeune garçon, âgé d’une dizaine d’année, avait alors été confié à la famille royale.

[5] Le duc d’Albe avait participé aux guerres d’Italies en tant que lieutenant de Charles Quint.

[6] A noter que Charles IX fut le dernier roi à entrer dans La Rochelle jusqu’en 1627.

[7] Le principe de l’inaliénabilité du domaine royal existait depuis déjà fort longtemps, et avait été évoqué à de nombreuses reprises par le passé.

 
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