1° Première phase de la onzième
guerre d’Italie, l’offensive italienne –
Suite à la disparation de Jules III, ce fut Marcel II qui fut élu
pape. Cependant, ce dernier mourut après deux semaines de pontificat, cédant
sa place à Paul IV.
Le pape Paul IV donnant audience.
Le
nouveau souverain pontife, originaire de Naples et farouche adversaire de
l’Empire germanique, se rapprocha alors du roi de France. Henri II répondit
positivement à une proposition d’alliance.
Henri II, roi de France, atelier de
Germain PILON, fin du XVI° siècle, musée du Louvre, Paris.
Toutefois, ce souverain ne parvint pas à recevoir l’aide des princes
protestants, satisfaits de leurs conditions de vie depuis la signature de la
Paix d’Augsbourg (à noter que Ferdinand, le nouvel Empereur germanique,
bien qu'ayant réussi à se faire couronner roi de Bohême et de Hongrie, était
bien plus influençable que ne l’était Charles Quint.).
Le Rattachement de la Hongrie et de la
Bohême à l'archiduché d'Autriche (1526).
En
août 1556, Paul IV s’attaqua aux Colonna (une famille rivale à celle du
pape.), qui conspiraient contre le Saint Siège. Ces derniers firent alors
appel à Fernando Alvarez de Tolède, duc d’Albe, un des généraux de
Charles Quint.
Portrait à l'effigie de Fernando Alvarez
de Tolède, duc d'Albe.
Ce
dernier s’empara alors d’Anagni et d’Ostie, contraignant le pape à se
réfugier au château Saint Ange.
Henri II répondit favorablement à l’appel du souverain pontife, envoyant ses
armées en Italie moins d’un an après la signature de la trêve de Vaucelles.
Siège du château Saint Ange, gravure du
XVI° siècle, musée du château Saint Ange, Rome.
Le château Saint Ange, Rome, été 2013.
Toutefois, bien que recevant l’aide des soldats de Monluc, le pape fut
contraint, en novembre 1556, de signer une trêve avec le duc d’Albe.
En
fin d’année 1556, le duc de Guise fut envoyé à son tour en Italie. L’armée
française fut ainsi dirigée vers Naples.
En
janvier 1557, Paul IV appela au secours le duc de Guise, mais ce denier,
rentrant dans Rome en mars, ne reçut aucune aide de la part du pape.
Le
duc de Guise quitta donc la cité pontificale en avril, et se dirigea vers
Naples (rappelons que la cité était alors entre les mains des Espagnols.).
Mettant le siège devant Civitella au mois de mai, les Français ne parvinrent
pas à prendre la ville. Le duc de Guise décida dès lors d’adopter une
posture défensive, jusqu’à son départ d’Italie en août 1557.
2° Le siège de Saint Quentin et la bataille de la Saint
Laurent (août 1557) – Toutefois, alors que le duc de Guise marchait vers
Naples, les Français progressaient dans le nord du pays. Ces
derniers s’emparèrent ainsi de Douai (janvier 1557.) Philippe II décida
alors de contre attaquer, en ouvrant un
nouveau front dans le nord de la France.
Portrait à l'effigie de Philippe II.
Le
roi d’Espagne parvint par ailleurs à recevoir l’aide de son épouse Marie
Tudor, cette dernière lui fournissant des troupes et un appui financier.
L’armée espagnole (composée de soldats italiens, anglais et flamands.) fut alors
confiée à Emmanuel Philibert, duc de Savoie[1].
Portrait à l'effigie d'Emmanuel Philibert, duc de Savoie.
a)
Le siège de Saint Quentin (début août 1557) : le duc de Savoie décida
alors de tromper Anne de Montmorency, envoyé par Henri II afin de
contrecarrer les plans espagnols. Dans un premier temps, le duc de Savoie
plaça ses hommes devant la place forte de Guise, en Picardie. Toutefois, il
décida de marcher vers la cité de Saint Quentin (bien que disposant d’une
enceinte médiévale, la ville était mal défendue.).
b)
La bataille de la Saint Laurent (10 août 1557) : apprenant la
manœuvre de l’adversaire, Montmorency décida alors de faire marcher ses
troupes vers Saint Quentin. Au même moment, les neveux du connétable
tentèrent de porter secours à la cité assiégée : Gaspard II de Coligny
parvint à rentrer dans Saint Quentin à la tête de quelques centaines
d’hommes, mais les Espagnols empêchèrent son frère François d’Andelot
de pénétrer dans la cité.
Montmorency, progressant vers Saint Quentin, décida alors de diviser ses
troupes : l’avant-garde devait rejoindre la cité au plus vite, alors que
l’arrière garde se regrouperait dans les bois.
Andelot, faisant jonction avec l’avant-garde de l’armée française, fut alors
surpris par des arquebusiers espagnols. Ces derniers parvinrent alors à décimer
les rangs ennemis, et quelques centaines de Français seulement parvinrent à rejoindre
Saint Quentin.
L’avant-garde française n’étant plus, les Espagnols purent alors s’attaquer
au reste de l’armée, postée dans les bois. Montmorency, subissant
l’assaut ennemi, apprit en outre que son arrière garde était harcelée par la
cavalerie espagnole.
La
bataille de la Saint Laurent[2]
fut un échec sanglant pour les Français, Montmorency perdant plusieurs
milliers d’hommes. Constatant la situation désastreuse, de nombreux soldats
décidèrent de fuir, à l’instar des mercenaires allemands qui déposèrent les
armes sans combattre.
La bataille de la Saint Laurent, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.
Le
connétable lui-même fut fait prisonnier par l’ennemi (l’on estime que 3 000
Français trouvèrent la mort au cours du combat, pour environ 4 000
prisonniers.).
c)
La prise de Saint Quentin (fin août 1557) : les Français ayant été
écrasés au cours de la bataille de la Saint Laurent, les défenseurs de Saint
Quentin ne pouvait plus compter que sur eux-mêmes.
Philippe II, se rendant lui-même sur place, ne sut pas profiter de
l’avantage que lui conférait la victoire de la Saint Laurent. En effet, il
préféra assiéger la cité pendant encore plusieurs semaines, plutôt que de
marcher sur Paris, capitale alors sans défense.
Henri II profita donc de l’erreur de son adversaire et appela le duc de
Guise (son expédition contre Naples avait été infructueuse.).
Coligny, défenseur de Saint Quentin, fut finalement contraint de capituler à
la fin du mois d’août.
Toutefois, le duc de Savoie fut contraint de licencier son armée, n’ayant
plus assez d’argent pour payer ses soldats.
A
noter que le pape Paul IV, en août 1557, fut contraint de se soumettre à
l’Espagne, le duc d’Albe ayant envahi les Etats pontificaux.
En
outre, dès le départ des Français d’Italie, les nombreux seigneurs de la
péninsule décidèrent de se tourner vers l’Espagne.
3° La prise de Calais et la poursuite du conflit (1558) –
Le duc de Guise, rentré d’Italie, s’installa à la place laissée vacante par
le connétable de Montmorency. Nommé lieutenant-général du royaume, le duc de
Guise décida alors de marcher sur Calais, en fin d’année 1557[3].
Le siège de Calais, émail peint sur cuivre, attribué à Léonard LIMOSIN, vers
1560, musée du Louvre, Paris.
La cité, sous domination anglaise depuis août 1347[4],
tomba entre les mains des Français en janvier 1558.
Le siège de Calais, par PICOT,
XIX° siècle, château de Versailles, Versailles.
Profitant de ce coup d’éclat, Henri II décida, peu de temps après, de réunir
les Etats Généraux à Paris. L’objectif du roi de France était de réclamer un
subside afin de pouvoir poursuivre le conflit.
Le
lendemain, le duc de Guise s’empara de Guines, dernière possession anglaise
sur le continent.
Le royaume de France en 1558.
Paul de la Barthe, seigneur de Thermes et gouverneur de Paris, fut
chargé de poursuivre les opérations dans le nord de la France, entamées par
le duc de Guise.
Les troupes de Thermes se dirigèrent alors vers Dunkerque, au cours du
printemps 1558. Les habitants de la ville assiégée décidèrent alors de faire
soumission, mais les Français pillèrent la cité.
Thermes décida alors de faire reculer ses troupes, mais ces dernières,
chargées de butin, furent attaquées par les Espagnols.
Lamoral, comte d’Egmont[5],
parvint à causer d’importantes pertes au Français au cours de la bataille
de Gravelines.
Le
duc de Guise, quant à lui, parvint à s’emparer de Thionville au cours du
mois de juillet 1558.
4° Les traités de Cateau-Cambrésis (avril 1559) – En fin
d’année 1558, les deux belligérants n’avaient plus guère les coudées
franches.
En
effet, la France et l’Angleterre ne pouvaient plus supporter économiquement
le déroulement du conflit ; en outre, Philippe II, suite au décès de son
épouse Marie Tudor, se retrouvait privé de son alliance avec l’Angleterre.
En effet, la nouvelle reine, Elizabeth I°, était protestante, et refusa
d’épouser le roi d’Espagne.
A
noter toutefois que le duc de Guise souhaitait poursuivre le conflit, alors
que son rival, Anne de Montmorency, souhaitait faire la paix, même au prix
de lourdes concessions.
Le
premier traité de Cateau-Cambrésis fut signé par Henri II et
Elizabeth I°. La reine d’Angleterre reconnaissant la perte de Calais, mais
le roi de France devait lui verser, en échange, une forte indemnité.
Le
second traité de Cateau-Cambrésis fut signé peu de temps après par
Henri II et Philippe II. Le roi de France devait rendre la Savoie et le
Piémont (à Emmanuel Philibert, duc de Savoie.), restituer la Corse à Gênes,
et abandonner ses présentations sur le duché de Milan.
Toutefois, Henri II conservait en gage quelques cités italiennes (Turin, le
marquisat de Saluces, etc.), ainsi que les Trois-Evêchés (ces cités étaient
sous la juridiction de l’Empereur Ferdinand, mais ce dernier ne se rendit
pas en France afin de signer le traité.).
En
France, ce traité fut très mal accepté car les gains territoriaux n’avaient
été réalisées qu’aux dépends de l’Angleterre (Calais.) et du Saint Empire
romain germanique (les Trois-Evêchés.). Philippe II, au contraire, n’avait
rien concédé, alors qu’il avait autant de problèmes financiers que son
homologue le roi de France.
Ainsi, le traité de Cateau-Cambrésis assurait à l’Espagne la domination de
la péninsule italienne pendant au moins deux siècles (à l’exception de Gênes
et de Venise.). C’est ainsi que les successeurs de Paul IV, alliés de
l’Espagne, favorisèrent le développement de l’Inquisition en Italie[6],
brisant net le développement de la Renaissance.
Philippe II, quant à lui, préférait se tourner vers le nouveau monde et la
répression du protestantisme plutôt que de poursuivre les rêves chimériques
de son père.
Afin de consolider ce traité, Henri II offrit à Philippe II sa fille aînée
Elisabeth ; le duc de Savoie épousa Marguerite, sœur du roi de
France.
Portrait à l'effigie d'Elisabeth, fille
d'Henri II et épouse de Philippe II.
5° La mort d’Henri II (juillet 1559) – A l’occasion du
mariage de Philippe II et d’Elizabeth, des joutes furent organisées à Paris.
L'armure d'Henri II, vers 1559, musée du Louvre, Paris.
A
la fin du mois de juin 1559, Henri II combattit Gabriel de Montgomery,
capitaine de sa Garde écossaise, qui le blessa d’un coup de lance dans
l’œil.
Henri II blessé par Montgomery, gravure issue de l'ouvrage
Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.
Malgré les médecins venus à son chevet, dont le célèbre Ambroise Paré,
le roi de France agonisa pendant plusieurs jours, avant de s’éteindre en
juillet 1559.
Portrait à l'effigie d'Ambroise paré.
L'agonie d'Henri II.
Ce fut donc son
fils aîné, François II, qui lui succéda.
Gisant d'Henri II et Catherine de Médicis, vers 1583, église Saint Denis,
Paris.
Monument du coeur d'Henri II, par Germain PILON et Dominique FLORENTIN,
musée du Louvre, Paris.
[1]
Dépouillé de ses biens par François I°, Emmanuel Philibert décida de
rejoindre les rangs des impériaux. En 1557, il ne possédait que le
comté de Nice.
[2]
La saint Laurent est en effet fêté le 10 août, jour de
l’affrontement.
[3]
Aujourd’hui, nous ne savons pas qui eut l’idée de s’attaquer à cette
cité.
[4]
Pour en savoir plus sur la prise de Calais par l’Angleterre, voir le
b), 6, section I, chapitre premier, Les Valois.
[5]
Ce dernier avait participé à la bataille de la Saint Laurent.
[6]
En Espagne, l’inquisition se poursuivit jusqu’au XIX° siècle.