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Mythologie
 
 

 

 

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Histoire Romaine - traduction M. Nisard (1864)

Livre XXI - Rome, de 219 à 218

2. La guerre de Sagonte - 219 à 218 ([XXI, 7] à [XXI, 15])

 

Préparatifs du siège; Hannibal est blessé

[XXI, 7]

(1) Tandis qu'à Rome on se prépare et l'on délibère, déjà Sagonte était attaquée avec la plus grande vigueur. (2) C'était la plus puissante des cités au-delà de l'Hèbre, environ à un mille de la mer: dans l'origine, colonie de l'île de Zacynthe, elle avait reçu le mélange de quelques Rutules de la ville d'Ardée. (3) Bientôt sa prospérité s'était élevée au plus haut point, soit par les richesses que lui prodiguaient à la fois la mer et la terre, soit par l'accroissement de sa population, soit par l'austérité de principes qui lui fit garder jusqu'au dernier moment la foi jurée à ses alliés. (4) Hannibal, qui a paru sur son territoire, à la tête d'une armée menaçante, qui a porté la désolation dans les campagnes, vient attaquer la ville de trois côtés à la fois. (5) Un angle de la muraille donnait sur une vallée plus unie et plus découverte que tout le terrain des environs. Ce fut par là qu'il se proposa de conduire les galeries qui devaient le mettre en état de battre la muraille à coups de béliers. (6) Tant qu'on fut loin des murs, le sol aidait au transport des mantelets; mais des difficultés presque insurmontables se présentèrent, lorsqu'on vint à effectuer les attaques. (7) D'abord une tour immense dominait tous les ouvrages; et, comme la faiblesse de cet endroit était suspecte, les murailles présentaient là plus de force et d'élévation qu'ailleurs. Enfin l'élite des guerriers, au poste du péril et de l'honneur, opposait une plus grande résistance. (8) D'abord une grêle de traits repousse l'ennemi, sans laisser aux travailleurs la moindre sûreté. Bientôt ils ne se bornent plus à lancer leurs javelines du haut des murs et de la tour; ils s'enhardissent jusqu'à fondre sur les ouvrages, sur les postes ennemis; (9) et, dans ces mêlées, il succombait presque autant de Carthaginois que de Sagontins. (10) Hannibal lui-même, qui s'est avancé au pied du mur avec trop peu de précaution, est grièvement blessé à la cuisse d'un trait qui le renverse. Aussitôt parmi les siens, épouvante, confusion; peu s'en fallut que les ouvrages et les galeries ne fussent abandonnés.

Reprise du siège

[XXI, 8]

(1) Pendant quelques jours, ce fut plutôt un blocus qu'un siège. Les Carthaginois attendaient la guérison d'Hannibal. Alors point de combat; mais la construction des ouvrages et les fortifications continuèrent avec la même activité. (2) Aussi les attaques recommencèrent avec plus de vigueur et sur plusieurs points malgré des obstacles inouïs, on fit avancer les galeries et le bélier. (3) Le Carthaginois avait une armée considérable; elle montait, dit-on, à cent cinquante mille hommes. (4) Les assiégés, pour tout défendre, pour tout surveiller, furent contraints de diviser beaucoup leurs forces: aussi ils allaient succomber; (5) car le bélier battait les murailles, et plusieurs parties étaient ébranlées. Une large brèche laissait d'un côté la ville à découvert; ensuite trois tours et la muraille qui se trouvait dans l'intervalle s'étaient écroulées avec un horrible fracas, (6) et les Carthaginois avaient cru que cet écroulement mettait la ville en leur pouvoir. Les deux partis s'avancent par là au combat, comme si chacun eût été protégé également par un rempart. (7) Ce n'était point ces mêlées irrégulières qui ont lieu dans tous les sièges lors d'une brusque attaque, mais deux armées rangées en bataille comme dans une plaine découverte, entre les décombres du mur et les maisons de la ville placées à peu de distance. (8) D'un côté l'espérance, de l'autre le désespoir, irritent les courages. Les Carthaginois se croient maîtres de la ville s'ils font un dernier effort; les Sagontins couvrent de leurs corps une patrie qui n'a plus de remparts. Aucun d'eux ne lâche pied; car l'ennemi s'emparerait du terrain abandonné. (9) Aussi plus la lutte était serrée, opiniâtre, plus elle devenait sanglante: aucun trait ne portait à faux entre les armes et le corps. (10) Les Sagontins avaient une sorte de trait qu'ils nommaient falarique, dont la hampe, de bois de sapin, était cylindrique dans toute sa longueur, à l'exception du côté d'où sortait le fer. Carré comme dans notre pilum, le fer était garni d'étoupe et enduit de poix: (11) il avait trois pieds de long, pour qu'il pût transpercer l'armure et le corps. Mais, lors même que la falarique se serait arrêtée sur le bouclier sans pénétrer jusqu'au corps, elle répandait encore l'effroi, (12) parce qu'on ne la lançait qu'embrasée par le milieu, et que le mouvement seul donnait à la flamme une telle vivacité que le soldat, contraint de jeter ses armes, était exposé sans défense aux nouveaux coups qui pouvaient l'assaillir.

Arrivée de l'ambassade romaine

[XXI, 9]

(1) Le combat avait été longtemps indécis. Les Sagontins sentaient redoubler leur ardeur, parce qu'ils résistaient contre toute espérance; et les Carthaginois se croyaient vaincus, parce qu'ils n'avaient pu vaincre, (2) lorsque tout à coup les assiégés poussent un cri, et font reculer l'ennemi jusqu'aux ruines du mur. Le désordre, la confusion est dans ses rangs; il s'ébranle; enfin il fuit, il est en déroute et chassé dans ses lignes. (3) Cependant on annonce l'arrivée de la députation romaine. Hannibal envoie à sa rencontre jusqu'à la mer, afin de lui signifier qu'il n'y a point de sûreté pour elle à s'avancer au milieu d'une foule de nations sauvages qui ont les armes à la main; que, pour lui, dans une conjoncture si critique, il ne peut donner audience à des ambassadeurs. (4) Il était clair qu'après ce refus, ils iraient droit à Carthage: aussi, pour les prévenir, une lettre, un courrier, sont expédiés aux chefs de la faction Barcine, qui, d'avance, doivent disposer les esprits à rejeter toutes les concessions que le parti contraire pourrait faire aux Romains.

Audience de l'ambassade romaine à Carthage

[XXI, 10]

(1) Cette fois les députés furent admis et entendus, mais encore sans fruit et sans succès. (2) Hannon seul, malgré l'opposition du sénat, parla en faveur du traité: il se fit un grand silence, tant l'orateur imposait à l'assemblée (3) qui ne partageait point son avis. "Au nom des dieux, arbitres et garants des traités, il les avait avertis, conjurés de ne point envoyer à l'armée le fils d'Amilcar. Les mânes, le rejeton d'un tel homme, s'indignent du repos; et jamais, tant qu'il restera quelqu'un de la race ou du nom de Barca, l'alliance avec Rome ne sera paisible. (4) Un jeune homme brûlait du désir de régner; une seule voie, à ses yeux, pouvait le conduire au trône, c'était de semer guerres sur guerres, de vivre toujours entouré d'armes et de légions. Eh bien! vous avez alimenté ce foyer terrible; Hannibal est à la tête de vos armées. Vous seuls avez donc allumé l'incendie qui vous dévore. (5) Vos soldats ont mis le siège devant Sagonte, d'où les écarte un traité solennel. Bientôt Carthage verra sous ses murs les légions romaines, guidées par les mêmes dieux, qui, dans la guerre précédente, ont vengé les infractions des traités. (6) Méconnaissez-vous donc, et vous et votre ennemi, et la fortune de l'un et de l'autre peuple? Des ambassadeurs venaient dans votre camp pour des alliés et au nom des alliés; votre digne général a refusé de les recevoir; il a foulé au pied le droit des gens. Cependant chassés comme ne l'ont jamais été les envoyés même d'un peuple ennemi, ils se rendent près de vous; ils vous demandent satisfaction d'après le traité. Ils n'accusent point la nation; ils inculpent un seul homme; ils réclament un seul coupable. (7) Plus ils agissent avec douceur, plus ils procèdent lentement, plus il est à craindre qu'ils ne déploient, dans la suite, une rigueur inflexible. Rappelez-vous les îles Aegates, le mont Eryx, et tous les désastres, qui, pendant vingt-quatre ans, vous ont accablés sur terre et sur mer. (8) Alors vous n'aviez point pour chef un enfant comme Hannibal, mais un Amilcar, son père, un autre Mars pour parler le langage de ses partisans. Tarente, ou plutôt l'Italie, fut attaquée par nous contre la foi jurée; Sagonte l'est de même aujourd'hui. (9) Aussi les hommes et les dieux se réunirent contre nous; des querelles de mots élevées sur les premiers infracteurs du traité cédèrent à l'événement de la guerre, qui, juge équitable, fit pencher la victoire du côté de la justice. (10) C'est contre Carthage qu'Hannibal fait avancer aujourd'hui ses tours et ses mantelets; ce sont les murs de Carthage que battent ses béliers. Les ruines de Sagonte (puissent les dieux détourner ce présage!) retomberont sur nos têtes, et la guerre que nous lui déclarons, nous aurons à la soutenir contre Rome. (11) Faut-il donc livrer Hannibal, me dira-t-on? Je sais que l'inimitié que je portais au père peut rendre vaines mes allégations contre le fils. Mais je n'ai pas vu sans plaisir la fin d'Amilcar, parce que, s'il existait encore, nous aurions déjà la guerre avec les Romains; et partant, ce jeune Hannibal, cette espèce de furie qui agite la torche des combats, je le hais et le déteste? (12) Livrons-le, croyez-moi, comme victime expiatoire d'un attentat à la foi jurée; et lors même que personne ne le réclamerait, il nous faudrait encore l'exiler aux dernières extrémités du monde, et le reléguer si loin, que son nom et sa renommée ne pussent arriver jusqu'à nous, et troubler le repos de la patrie. (13) Mon avis est donc qu'on envoie sur-le-champ une ambassade à Rome, pour donner satisfaction au sénat; une autre à Hannibal, pour lui signifier de lever le siège de Sagonte, et pour le livrer lui-même aux Romains, en exécution du traité; une troisième enfin, pour rendre aux Sagontins tout ce qu'on leur a pris. "

Échec des négociations

[XXI, 11]

(1) Après le discours d'Hannon, personne ne chercha à lui répondre en forme, tant la majorité du sénat était pour Hannibal! On reprochait même à Hannon d'avoir parlé avec plus d'aigreur que Flaccus Valérius, le député romain. (2) Voici la réponse que reçut l'ambassade: "La guerre est venue des Sagontins, et non pas d'Hannibal. Le peuple de Rome commettrait une injustice, s'il préférait les Sagontins aux Carthaginois ses plus anciens alliés." (3) Tandis que les Romains perdent le temps à envoyer des députations, Hannibal, dont les troupes étaient fatiguées par les combats et les travaux, accorda quelques jours de repos, après avoir confié à plusieurs détachements la garde des mantelets et des autres ouvrages. Cependant il excite les courages, et par la haine de l'ennemi, et par l'espoir des récompenses. (4) Bientôt il a déclaré dans une assemblée que tout le butin, après la prise de Sagonte, appartiendrait aux soldats; alors telle fut leur ardeur, que, si le signal eût été donné à l'instant même, aucun obstacle n'eût semblé capable de les arrêter. (5) Les Sagontins, durant la suspension d'armes, qui arrêta quelque temps toute attaque de part et d'autre, ne cessèrent de travailler jour et nuit à relever un nouveau mur à l'endroit où la brèche avait laissé leur ville ouverte. (6) Dès lors le siège recommença avec plus d'acharnement; mais où porter les premiers secours? de ce côté? de cet autre? Mille cris confus empêchaient les Sagontins de le savoir. (7) Une tour mobile, dont la hauteur surpassait toutes les fortifications de la ville, s'avançait, et Hannibal était là pour tout animer de sa présence: Arrivée au pied de la muraille, la tour, au moyen des catapultes et des balistes disposées à tous les étages, eut bientôt renversé les combattants et dégarni les remparts; (8) alors Hannibal saisit l'occasion, et envoie environ cinq cents Africains avec des haches pour saper le mur par le bas, travail peu difficile, parce que les pierres n'étaient point unies par de la chaux durcie, mais seulement par de la terre détrempée, suivant l'ancienne méthode de construction. (9) Aussi n'était-ce pas seulement l'endroit sapé qui s'écroulait, et de larges ouvertures vomissaient dans Sagonte les bataillons carthaginois. (10) Ils s'emparent d'une hauteur, y placent des catapultes et des balistes et, pour se faire, dans la place même, une sorte de boulevard qui domine tout le reste, ils élèvent une muraille autour de la hauteur. De leur côté, les Sagontins construisent un mur dans la partie intérieure de la ville, qui n'est pas encore au pouvoir d'Hannibal. (11) De part et d'autre, activité extrême à défendre, à combattre; mais ces remparts intérieurs, dont s'entourent les assiégés, resserrent, de jour en jour, Sagonte dans l'espace le plus étroit. (12) En proie à un dénuement affreux, suite d'un long siège, ils voient s'évanouir l'espoir d'un secours étranger; Rome, leur unique ressource, est si loin d'eux; tout le pays d'alentour appartient à l'ennemi. (13) Cependant un peu de courage ranima les esprits abattus, à la nouvelle du départ précipité d'Hannibal qui marchait contre les Orétans et les Carpétans. Ces deux peuples, effrayés de la rigueur avec laquelle on poussait les levées, avaient arrêté les agents d'Hannibal. Il craignait un soulèvement; sa rapidité le prévint, et les rebelles eurent bientôt déposé les armes.

Tractations du Sagontin Alcon

[XXI, 12]

(1) Les opérations du siège n'étaient point ralenties. Maharbal, fils d'Himilcon, qui commandait pour Hannibal, déploya tant d'activité, que ni le soldat ni l'ennemi ne s'aperçut de l'absence du général. (2) Il remporta quelques avantages, fit tomber, avec trois béliers, un pan de muraille, et, au retour d'Hannibal, put lui montrer des ruines toutes récentes. (3) Celui-ci conduisit sur-le-champ son armée devant la citadelle. Après une lutte sanglante, funeste pour les deux armées, une partie de la citadelle fut emportée d'assaut. (4) Deux hommes, Alcon de Sagonte et l'Espagnol Alorcus, tentèrent ensuite quelques voies d'accommodement. Alcon, à l'insu de ses compatriotes, passa la nuit dans le camp d'Hannibal, se flattant de gagner quelque chose à force de prières: mais insensible à ses larmes, le vainqueur irrité imposait les plus dures conditions; dès lors, le négociateur, devenu transfuge, resta chez l'ennemi, protestant que la mort attendait celui qui porterait aux Sagontins une pareille capitulation. (5) Car on exigeait d'eux entière satisfaction à l'égard des Turdétans; ils livreraient tout leur argent, tout leur or; ils sortiraient de la ville, avec un seul vêtement; ils iraient s'établir dans les lieux qu'auraient prescrits le Carthaginois. (6) "Jamais, disait Alcon, Sagonte n'acceptera de semblables propositions. - Le courage cède, quand tout le reste est vaincu, dit Alorcus, je m'offre pour médiateur." Soldat dans l'armée d'Hannibal, Alorcus avait eu avec les Sagontins des liaisons publiques d'amitié et d'hospitalité. (7) Il remit sans mystère ses armes aux sentinelles ennemies, franchit les retranchements, et se fit conduire devant le gouverneur de Sagonte. (8) Une multitude de citoyens de toutes classes s'était attroupée en un moment; on écarta la foule; le sénat donna audience à Alorcus qui prononça ce discours:

Discours de l'Espagnol Alorcus

[XXI, 13]

(1) "Si Alcon, votre concitoyen, après être venu auprès d'Hannibal pour lui demander la paix, vous avait rapporté sa réponse, il m'eût été inutile de me rendre ici, comme envoyé d'Hannibal, et plus encore comme transfuge. (2) Mais, puisqu'il est resté chez l'ennemi, soit par sa faute, si ses craintes sont imaginaires, soit par la vôtre, si l'on ne peut sans péril vous dire la vérité, je suis venu, au nom de notre ancienne amitié, vous apprendre qu'il est encore pour vous quelques voies d'accommodement et de salut. (3) Votre intérêt seul, et non des considérations étrangères, me dicte ce langage. Vous le croirez, Sagontins; car, tant que vous avez résisté avec vos propres forces, ou que vous avez compté sur le secours de Rome, jamais je ne vous ai parlé de capitulation. (4) Mais aujourd'hui plus d'espoir du côté des Romains; vos armes, vos remparts même ne vous protègent plus; aussi je vous apporte une paix plus nécessaire qu'avantageuse. (5) Cet espoir, vous pouvez le réaliser, si vous acceptez en vaincus les conditions du vainqueur; si vous ne considérez point comme une perte ce que vous n'avez plus, puisque tout est au pouvoir de l'ennemi; si vous ne voyez qu'une faveur dans ce qu'il veut vous laisser. (6) Votre ville, déjà détruite en grande partie, presque tout entière en sa puissance, cessera de vous appartenir; il vous abandonne le territoire, et fixera la place où doit s'élever la nouvelle Sagonte. Tout l'or, tout l'argent de l'État, des particuliers, lui sera remis; (7) vos femmes, vos enfants, vous-mêmes aurez la vie sauve, si vous vous résignez à sortir de la ville, sans armes et avec deux vêtements. (8) Tel est l'arrêt du vainqueur, arrêt funeste et terrible, mais que la fortune vous fait une loi d'accepter; et je ne désespère pas, lorsqu'il sera maître de tout, de le trouver moins rigoureux sur quelque point. (9) Mais mieux vaudrait encore subir ce traitement, que de vous laisser massacrer, que de voir traîner, enlever devant vous vos femmes et vos enfants, victimes du droit de la guerre."

La fin de Sagonte (mars 218)

[XXI, 14]

(1) Pendant qu'Alorcus parlait, la foule avait pénétré insensiblement, et le peuple s'était mêlé avec le sénat. Tout à coup les principaux sénateurs quittent l'assemblée avant qu'on ait rendu réponse, réunissent dans le forum tout l'or, tout l'argent des édifices publics, des maisons particulières, le jettent dans un bûcher allumé à la hâte, et la plupart se précipitent eux-mêmes dans les flammes. (2) Ce spectacle avait répandu la consternation et l'effroi dans toute la ville, lorsqu'un nouveau tumulte se fait entendre du côté de la citadelle. Une tour, battue depuis longtemps, venait de s'écrouler; une cohorte de Carthaginois s'élance à travers les décombres, et avertit Hannibal que la ville n'a plus ni postes, ni sentinelles. (3) Pensant qu'une telle occasion ne permet point de retard, il fait à la hâte avancer toutes ses forces, et, en un instant, la place est emportée. L'ordre est donné de passer au fil de l'épée tous ceux qui sont en état de porter les armes, mesure cruelle, mais que l'événement justifia; (4) car quel est le moyen d'épargner ceux qui, renfermés dans leurs demeures avec leurs enfants et leurs femmes, y mirent le feu pour trouver eux-mêmes la mort, ou ceux qui, les armes à la main, ne cessèrent de combattre qu'en expirant?

Problèmes de chronologie

[XXI, 15]

(1) On fit dans la ville un butin immense: en vain les habitants avaient détruit à dessein presque tous leurs trésors; le glaive du vainqueur irrité avait fait à peine quelque distinction d'âge; les prisonniers étaient devenus la proie du soldat; (2) le produit des ventes donna encore une somme assez considérable; beaucoup d'objets de luxe et d'étoffes précieuses furent envoyés à Carthage. (3) Le siège de Sagonte dura huit mois, selon quelques historiens. Hannibal, ajoutent-ils, alla prendre ensuite ses quartiers d'hiver à Carthagène, et arriva en Italie, cinq mois après son départ de cette ville. (4) Si ce récit est exact, il est impossible que les consuls Publius Cornélius et Tibérius Sempronius aient reçu la députation des Sagontins, au commencement du siège, et que, pendant leur consulat, ils aient livré bataille à Hannibal, l'un auprès du Tessin, et tous deux ensemble sur les bords de la Trébie, peu de temps après. (5) Ou la marche de ces événements fut bien plus rapide, ou la prise, et non le commencement du siège de Sagonte, date des premiers jours de l'année où Publius Cornélius et Tibérius Sempronius entrèrent en magistrature; (6) car l'affaire de la Trébie ne peut être rejetée à l'année de Cneius Servilius et de Caius Flaminius, parce que ce dernier prit possession du consulat à Ariminum, après avoir été nommé à cette dignité par Tibérius Sempronius, qui, après la bataille de la Trébie, vint à Rome pour l'élection des consuls, et retourna ensuite rejoindre l'armée dans ses quartiers d'hiver.

 
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