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Mythologie
 
 

 

 

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L'Angleterre, de la chute de Rome à la dynastie de Normandie (VI° - XII° siècle)

CHAPITRE DEUXIÈME : La dynastie de Normandie

 

I : La conquête de 1066 et le règne de Guillaume de Normandie

 

1° Le duché de Normandie – L’Angleterre ne fut bien sûr pas le seul pays touché par les invasions. La France eut aussi à souffrir de ces Northmen[1]. Ces derniers pillèrent le pays pendant de nombreuses années, profitant de la faiblesse du pouvoir royal de l’époque.

En 911, le roi franc Charles III le simple accepta la requête d’un important chef normand, Hrolf ou Rollon, qui possédait toute la Normandie. Ce dernier souhaitait que le souverain officialise ses possessions. Charles III accepta, à condition que Rollon se convertisse au christianisme et s’engage à défendre le royaume. Ce dernier accepta, et ainsi naquit la Normandie.     

       

Baptême de Rollon, enluminure extraite des Grandes Chroniques de Saint-Denis, Bibliothèque municipale de Toulouse.

 

L’invasion viking prenait fin en France, mais elle continuait dans bien des régions du globe : les Varègues[2], imposant leur loi aux Slaves, fondèrent la Russie ; des Norvégiens s’installèrent en Islande, puis au Groenland. L’un d’eux, Leif, fils d’Erik le Rouge, découvrit une terre qu’il baptisa Vinland : l’Amérique.

 

La Normandie, sous la tutelle de ses nouveaux maîtres, devint un duché, où régnaient l’ordre et la justice. Les Normands reconstruisirent villes, abbayes, ports, etc. La région retrouvait sa prospérité.

Le fils de Rollon, Guillaume Longue Epée, continua la politique de son père. Les années passèrent, et finalement, ce fut au tour de Robert, surnommé le Diable (impétueux, le jeune homme se faisait beaucoup d’ennemis.), d’être à la tête du duché.

Mais Robert le Diable mourut tôt, à l’âge de 25 ans, ne laissant qu’un bâtard âgé de sept ans comme héritier, le jeune Guillaume (le duc avait eut un enfant avec sa femme Arlette, fille de pelletier[3], mais ne s’étaient pas mariés.).  

Les barons normands profitèrent de cette occasion pour se révolter, bien que Robert eut fait jurer fidélité à ces derniers. C’est alors que la Normandie devint la proie de guerres privées : les seigneurs s’attaquèrent les uns les autres, n’ayant plus de duc pour les punir.

La situation devenant dangereuse, le frère d’Arlette décida de cacher son neveu dans un famille de paysans, où il y vécut en secret jusqu’à sa majorité.

 

            A l’âge de 14 ans, Guillaume fut majeur, et décida de reprendre son pays en main. Seulement, les barons ne l’entendirent pas de cette oreille. Sous l’instigation de son cousin, Guy de Bourgogne, plusieurs d’entre eux se réunirent à Bayeux, afin d’attirer le duc dans un guet-apens et l’assassiner.

Prévenu de ce piège, Guillaume parvint à s’échapper, se réfugiant chez un seigneur lui étant resté fidèle, au château de Falaise.

 

            Le jeune duc savait qu’en restant isolé, il ne pouvait vaincre. Il se tourna donc vers son suzerain, le roi de France, Henri I°[4].

Ce dernier aurait préféré que son dangereux vassal se fasse éliminer, mais il devait remplir son devoir de seigneur. En effet, sans cela, ses autres vassaux ne lui auraient plus fait confiance. La monarchie capétienne étant encore faible, le roi préféra aider Guillaume qu’avoir à juguler une rébellion en France.

Grâce à l’aide d'Henri I°, Guillaume parvint à battre ses ennemis en 1047 au cours de la bataille de Val des Dunes, près de Caen. Puis il poursuivit son cousin Guy de Bourgogne jusqu’au château de Brionne, qui tomba après trois ans de siège.

Au final, Guillaume parvint à se faire reconnaître duc de Normandie par tous ses barons, de gré comme de force.

 

            Une fois la révolte terminée, le pays retrouva sa prospérité d’antan. La trêve de Dieu fut proclamée en 1041, interdisant aux seigneurs de se battre du jeudi au samedi (en souvenir de la Passion du Christ.), ainsi que lors des temps forts de l’année liturgique (Avent, Carême, Pâques, etc.). Le duc tenta de faire appliquer la trêve de Dieu sur ses terres, bien que la tâche fut loin d’être aisée.

Guillaume décida de faire venir en Normandie des gens d’Italie et de Bourgogne, les chargeant de reconstituer les abbayes de la région. De nombreux élèves apprirent à lire et à écrire au sein de ces monastères.

Au milieu du XI° siècle, la Normandie était, avec la Flandre, la région la plus puissante de France.

 

            Le duc de Normandie, qui était de la famille d’Edouard III, vint rendre visite à ce dernier peu de temps avant sa mort. A son retour en Normandie, Guillaume annonça que le roi d’Angleterre avait fait de lui son successeur.

En 1066, Edouard III le Confesseur mourut, et son beau frère Harold II Godwin s’empara du trône. Le duc de Normandie ne comptait pas se faire déposséder de la sorte.

 

            2° L’invasion normande (1066) – Harold invoquait sa qualité de beau frère du roi défunt, Guillaume mettait en avant sa qualité de cousin et les dernières volontés d’Edouard III.

Le duc de Normandie proposa de s’en remettre au pape, mais Harold II ne voulut pas. Informé de ce refus, le pape Alexandre II fit de Guillaume son favori, et publia une bulle qui excommunia Harold II et ses partisans[5].

Le duc de Normandie fit rassembler une gigantesque flotte (les chroniques de l’époque avancent le chiffre, sans doute exagéré, de 2 000 navires.) à l’embouchure de la Dive. L’on embarqua armes, chevaux, bagages, attendant impatiemment le départ pour l’Angleterre.

Cependant, comme la saison était mauvaise, la traversée fut retardée d’un mois, et les Normands ne partirent que le 27 septembre de l’année 1066.  

Guillaume le Conquérant naviguant vers l'Angleterre, par Gundisalvus de Hinojosa, enluminure issue de l'ouvrage Chroniques de Burgos, XIV° siècle.

 

            Pendant ce temps, en Angleterre, Harold II Godwin battait à Stamforbridge, le 25 septembre 1066, les Norvégiens de Harald le Sévère.

 

            3° Bataille de Hastings (14 octobre 1066) – Guillaume et ses hommes mirent pied en Angleterre sans encombre, Harold II étant en train de lutter contre les Norvégiens. Ce dernier n’avait pas fait garder la côte.

Les Normands débarquent en Angleterre, gravure issue de l'ouvrage Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.

Apprenant que le duc de Normandie venait de débarquer, Harold II se dépêcha de se rendre dans le sud de l’île. Il rencontra l’armée de son rival près du village de Hastings, sur la lande de Senlac.

Harold II prit position sur le flanc d’une colline et disposa ses hommes en rangs serrés, comme une barrière humaine. A l’avant, il plaça ses axe men[6].

Le combat fut lancé le 14 octobre au matin. L’affrontement fut sanglant, et Guillaume eut trois chevaux tués sous lui. Il chargea à maintes reprises, à la tête de la cavalerie, mais il fut repoussé à chaque fois par les Anglo-saxons.

La bataille de Hastings, par Tom LOVELL.

Les pertes étant considérables dans les deux camps, l’on crut Guillaume mort. Soudain, les Normands furent pris de panique, et le duc dut alors enlever son casque pour leur redonner courage.

Constatant que ses efforts étaient inutiles, Guillaume décida de recourir à la ruse, et commanda une fuite simulée. Se croyant victorieux, les Saxons se mirent à poursuivre leurs ennemis. Soudain, les hommes de Guillaume firent volte face et écrasèrent les hommes d’Harold II.

Pour en finir, le duc de Normandie ordonna à ses archers de tirer en l’air, les flèches retombèrent alors sur leurs ennemis comme une nuée mortelle. L’une d’elle atteignit Harold II à l’œil et le tua.

Guillaume le Conquérant était victorieux[7].

Guillaume le Conquérant, gravure issue de l'ouvrage Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875

 

            Cette victoire impressionna les habitants du pays. La forteresse de Douvres ouvrit ses portes au vainqueur, Canterbury puis Londres se soumirent à leur tour.

Guillaume se fit couronner roi dans l’église de Westminster, le jour de noël 1066. les principaux chefs saxons jurèrent fidélité au nouveau roi.

 

Guillaume le Conquérant et ses deux frères (Odon et Robert), détail de la tapisserie de Bayeux.

 

Mais la pacification de l’Angleterre dura encore dix ans, Guillaume devant faire face à des rebelles anglais, danois, saxons, gallois, et même à son propre fils qui prétendait s’emparer du pouvoir en Normandie.

Les Normands sont les nouveaux maîtres de l'Angleterre, gravure issue de l'ouvrage Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875

Les derniers résistants, réfugiés dans les marais au nord est de Londres, furent finalement vaincus en 1076.

 

Alors qu’à son arrivée, Guillaume avait mis en place une politique modérée (il confirma Londres dans ses privilèges, ne confisqua pas les terres des seigneurs qui n’avaient pas lutté contre lui, etc.), au bout de nombreuses années de luttes il ne fut plus aussi magnanime.

Guillaume, fatigué et vieilli, déposséda tous les Saxons révoltés et donna leurs terres à ses hommes. Le nouvel état des propriétés fut consigné en 1086 dans un cadastre officiel, conservé à Westminster, que les vaincus appelèrent Doomsday Book, le livre du jugement dernier.

A partir de là, une foule de seigneurs saxons et de grands propriétaires furent réduits à la mendicité, alors que de simples Normands (bouviers, tisseurs, tailleurs, etc.) prirent leur place. 

Une foule d’abbés et d’évêques saxons furent aussi touchés par ces spoliations, déposés et remplacés par des Normands.

 

Guillaume établit en Angleterre une royauté forte, alors qu’elle était à cette époque faible partout ailleurs. Certains Saxons n’acceptèrent cependant jamais cette domination normande et se réfugièrent dans les forêts, vivant en hors la loi (ils furent appelés outlaws.).

 

            4° Fin de Guillaume le Conquérant – Duc de Normandie et roi d’Angleterre, Guillaume était bien plus puissant que son suzerain le roi de France. Mais son fils aîné, Robert Courte Heuse, réclamant la Normandie, lui avait déclaré la guerre.

Son fils avait été encouragé par le roi de France Philippe I°, qui s’inquiétait de la puissance de son vassal[8].

Au cours de l’été 1087, Guillaume traversa la Manche et marcha sur Paris, dévastant tout sur son passage : les moissons furent piétinées par les cavaliers, les vignes arrachées, les arbres fruitiers coupés. La première ville qu’il rencontra fut Mantes, et il la fit brûler.

Comme il galopait à travers les décombres, son cheval mit les deux pattes avant dans des cendres brûlantes, s’abattit et blessa Guillaume. La plaie n’était pas mortelle, mais la fatigue et la chaleur l’aggravèrent.

Guillaume fut transporté à Rouen, où il mourut six semaines après, le 10 septembre 1087.

La mort de Guillaume le Conquérant, Le Monde Illustré, N° 1682, 22 juin 1889.

 

La chronique raconte qu’à sa mort, tous l’abandonnèrent, après avoir pillé ses biens. Son cadavre fut emmené à Caen par un simple gentilhomme, et il fut enterré dans l’église Saint Etienne, fondée par lui.

C’est alors que l’on descendait le corps dans la tombe qu’un homme du peuple protesta que ce terrain était à lui, et que le duc l’en avait dépossédé. Les prêtres donnèrent alors 60 sous à l’homme pour avoir son autorisation.    

Puis, l’on s’aperçut que la fosse était trop étroite pour faire rentrer le corps. Il fallut forcer le cadavre, si bien qu’il creva. Les ecclésiastiques eurent beau asperger la tombe d’encens et de parfum, tout le peuple se dispersa avec dégoût. Les prêtres eux mêmes durent abréger la cérémonie.
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[1] Pour plus de détails sur les invasions normandes en France, voir le 9, section III, chapitre troisième, Les Carolingiens.

[2] En Orient, on donna aux vikings le nom de Varègues.

[3] Le métier de pelletier consistait à fabriquer des vêtements à partir de peaux d’animaux sauvages, cuir ou fourrure.

[4] Pour plus de détails sur le règne d'Henri I°, roi de France, voir le 3, section II, chapitre premier, les Capétiens.

[5] Guillaume savait ce qu’était être excommunié, vu qu’il l’avait été en 1049. A l’époque, il souhaitait épouser Mathilde, comtesse de Flandre, mais le pape le lui interdit, sous prétexte qu’ils étaient cousins. Le duc se maria quand même et le pape l’excommunia. La Normandie demeura sous le coup de l’excommunication pendant dix ans, jusqu’en 1059.

[6] Les axe men, les hommes à la hache, étaient des combattants d’élite saxons. Armés d’une simple hache, ils se vantaient de pouvoir trancher la tête d’un cheval d’un seul coup.

[7] Pour retracer son aventure, Guillaume fit broder une longue pièce de tissu, nommée la tapisserie de Bayeux. Mesurant 70 mètres de large, cette dernière nous renseigne sur la vie des hommes à cette époque, retrace la conquête de l’île par les Normands. La tapisserie avait pour vocation première de d’orner la cathédrale de Bayeux.

[8] Pour plus de détails sur la lutte entre Philippe I et Guillaume, voir le 5, section II, chapitre premier, les Capétiens.

 
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