° Origine de
la querelle entre Henri II et Thomas Becket – Possédant de vastes et
riches domaines, le roi crut que rien ne pourrait lui résister. Il tenta
de prendre le contrôle de l’Eglise d’Angleterre, de disposer de son
clergé et de ses biens, souhaitant en faire une Eglise purement
nationale, détachée de Rome.
Pour réussir sans que cela ne
fasse trop de scandale, il lui fallait des complices au sein du clergé.
En 1161, il fit nommer archevêque de Canterbury une de ses créatures,
Thomas Becket.
Fils d’un Saxon, bourgeois de
Londres, Becket fit ses études à Paris, travaillant les lois et les
sciences. Alors qu’il était encore jeune, il fut remarqué par la haute
société normande, et l’archevêque de Canterbury en fit son archidiacre.
Ce dernier n’avait cependant pas beaucoup de vocation ecclésiastique,
mais il séduit cependant Henri II, qui le fit chancelier.
Thomas Becket avait une vie
de courtisan. Il aimait le luxe et les plaisirs, autant que le roi
d’Angleterre, lui même bien frivole et bien léger. Alors que ce dernier
lui proposa la charge épiscopale, ce dernier refusa. D’une part, il ne
se sentait pas digne de cette tâche ; de l’autre, il ne partageait pas
les vues qu’avait Henri II sur l’Eglise.
Ce dernier passa outre, et
nomma tout de même Becket. Ce dernier, une fois nommé, changea
complètement. Il quitta ses riches habits, revêtant une bure de moine,
rompit avec les grands du royaume, mais accueillit les pauvres à sa
table.
Le peuple fut enthousiasmé
par un tel archevêque, mais le roi était loin de l’être, furieux de
constater que celui qu’il croyait être un allié était devenu un
adversaire.
Cependant, déterminé à ne pas
modifier ses projets, le roi proclama les statuts de Clarendon.
2° Les statuts
de Clarendon (1164) – Par ces statuts, le roi prétendait simplement
fixer les anciennes coutumes du royaume. Mais en fait, ces derniers
n’étaient rien d’autre que la mainmise de la royauté sur l’Eglise
anglaise.
Le roi s’attribuait les
revenus des évêchés lorsque ceux ci étaient vacants, dirigeait et
confirmait l’élection des évêques, contrôlait l’usage de
l’excommunication, enlevait les clercs à leurs juges les évêques, etc.
Toutes ces dispositions,
présentées à Clarendon en 1164, furent acceptées par les évêques.
Becket lui même refusa
d’abord, mais ses confrères, qui redoutaient les persécutions du roi,
réussirent à le convaincre. Il promit donc de signer les statuts. Mais,
peu de temps après, il se rendit compte qu’il avait sacrifié à sa peur
les droits de l’Eglise, et se repentit.
Le jour où on le requit afin
d’apposer sa signature au bas des statuts, Becket fut inflexible,
refusant de signer.
Le roi, furieux, l’assigna
devant une nouvelle assemblée, à Northampton, pour rendre compte de son
administration comme chancelier. Becket s’y rendit, revêtu de ses habits
d’archevêque, et fut alors déposé comme parjure et rebelle au roi. Mais
alors qu’un comte allait lire la sentence d’emprisonnement, Becket en
appela au pape, et quitta la salle, entouré par la foule.
Le soir même, il quitta
l’Angleterre et se réfugia en France.