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Mythologie
 
 

 

 

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Les Capétiens


CHAPITRE PREMIER : Les quatre premiers Capétiens (987 à 1108)


II : Robert II le Pieux (996 à 1031)

 

            1° La jeunesse de Robert II (972 à 996) – Fils d’Hugues Capet et d’Adélaïde, Robert II naquit vers 972. Son père, vraisemblablement analphabète, fut cependant soucieux de donner à son héritier une bonne éducation. Ainsi, Robert étudia dans l’école-cathédrale de Reims, auprès de l’écolâtre Gerbert d’Aurillac[1].

 

En fin d’année 987, Hugues Capet insista auprès d’Adalbéron, archevêque de Reims, pour que son fils soit associé au trône. Ce dernier, proche de la Cour de Germanie, refusa, car il était hostile à une perpétuation de la dynastie capétienne.

Toutefois, Adalbéron finit par céder, grâce à l’insistance de Gerbert d’Aurillac.

Ainsi, Robert II fut sacré par l’archevêque de Reims, le 25 décembre 987 à Orléans.

 

Pendant deux siècles, les Capétiens prirent coutume de faire couronner de leur vivant leur fils aîné. Ainsi, grâce à cet usage, la royauté qui était élective à l’avènement des Capétiens, devint héréditaire, comme sous la dynastie mérovingienne et carolingienne.

 

L’année suivante, Hugues Capet n’ayant pas réussi à marier son fils à une princesse byzantine, il lui fit épouser Rozala, fille de Bérenger II, roi d’Italie[2]. Cette dernière, veuve d’Arnoul II, comte de Flandre, apportait en dot Montreuil et le comté de Ponthieu.

Toutefois, Rozala ayant vingt ans de plus que son époux, le couple ne s’entendit pas, et le divorce fut prononcé vers 991 (mais Robert II conserva la dot).

 

            2° Robert II le Pieux et Berthe de Bourgogne (996 à 1003) – Robert, réputé proche des évêques, fut surnommé le Pieux. Toutefois, il décida d’épouser Berthe de Bourgogne, veuve d’Eudes de Blois, en dépit de l’hostilité de l’Eglise.

 

a) Le mariage avec Berthe de Bourgogne (996) : Hugues Capet ayant été hostile au mariage de son vivant (Blois étant un comté ennemi), le mariage fut célébré après sa mort, en novembre 996.

 

Toutefois, le mariage fut qualifié d’incestueux par l’Eglise, à une époque où ce terme était plus élargi qu’aujourd’hui[3] (les deux époux étaient cousins au troisième degré ; en outre, Robert était le parrain de Thibaud II, l’ainé de Berthe).

 

Ainsi, le pape Grégoire V condamna cette union, convoquant deux conciles afin de faire condamner le couple royal. Robert II fut alors menacé d’excommunication, mais le pape n’appliqua pas la sentence car il mourut en 999.

Gerbert d’Aurillac, élu pape sous le nom de Sylvestre II à la mort de Grégoire V, fut plus conciliant avec son ancien élève, mais condamna néanmoins ce mariage.

L'excommunication de Robert II, par Jean-Paul LAURENS, XIXe siècle, musée d'Orsay, Paris (à noter que l'excommunication contre Robert II ne fut en réalité jamais prononcée).

 

N’ayant pas eu d’enfants avec Berthe, Robert II fut contraint de répudier son épouse en 1003.

 

b) Le mariage avec Constance d’Arles (1003) : suite au renvoi de Berthe, Robert II décida d’épouser Constance d’Arles, fille de Guillaume I°, comte de Provence. Ce dernier s’était rendu célèbre pour avoir chassé les musulmans qui s’étaient installés dans le massif des Maures.

En outre, les comtes de Provence étaient apparentés à la famille d’Anjou, ce qui permit à Robert II de rétablir l’alliance avec Foulques III. 

Constance d'Arles, école française du XIII° siècle, château de Versailles, Versailles.

 

Constance, fière et impérieuse, n’appréciait pas la piété de son époux, et emmena avec elle à la Cour les mœurs du Midi (les provençaux ne portaient pas la barbe ou la moustache, et avaient la tête rasée).

Femme à poigne, vivement critiquée par les chroniqueurs en raison de son caractère, Constance donna plusieurs enfants à son époux : Alix (née vers 1003), Hugues (né vers 1007), Henri (vers 1008), Robert (vers 1011) et Eudes (vers 1013).

Robert le Pieux et son épouse, scandalisée par la vie quasi-monacale du roi, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.

 

            3° La guerre de Bourgogne (1002 à 1016) – En octobre 1002, Henri, duc de Bourgogne, mourut sans laisser d’héritiers légitimes. Fils d’Hugues le Grand, le défunt était l’oncle de Robert II, qui avait donc des droits sur le duché.

Toutefois, cet héritage fut réclamé par Otte-Guillaume, comte de Bourgogne[4], dont la mère, Gerberge, avait épousé Henri en secondes noces.   

 

a) Les offensives contre Auxerre (1003 et 1005) : en 1003, bénéficiant du soutien de Richard II, duc de Normandie, Robert II fit marcher ses troupes vers la Bourgogne, en direction d’Auxerre.

Toutefois, l’expédition fut un échec, et le roi de Francie lança une nouvelle offensive en 1005.

Cette fois-ci, les Francs parvinrent à prendre Auxerre et Avallon, ce qui incita le comte de Bourgogne à mettre en place des pourparlers.

 

Ce dernier accepta de céder le duché de Bourgogne à Robert II, à l’exception de Dijon, entre les mains de Brun de Roucy, évêque de Langres résolument hostile aux Capétiens.

 

b) La mort de Bouchard le Vénérable (1007) : en parallèle de la guerre de Bourgogne, Bouchard le Vénérable, comte de Vendôme et ami d’Hugues Capet, mourut en 1007.

 

Robert II profita de cette occasion pour récupérer le comté de Melun et le comté de Dreux.

 

c) La guerre contre le comté de Sens (1012 à 1015) : en 1012, Robert II répondit à l’appel de l’archevêque Léotheric, qui dénonçait la politique défensive de Rainard, comte de Sens. Ainsi, ce dernier avait érigé des fortifications dans sa cité, alors que le comté ouvrait la route vers le duché de Bourgogne.

Robert II décida d’intervenir, non seulement parce que ces constructions étaient menaçantes, mais en outre parce que la prise de Sens permettrait de couper en deux les Etats d’Eudes II, comte de Blois[5].

 

En 1015, Rainard fut excommunié, et Robert II lança une offensive qui lui permit de prendre Sens.

Le vaincu décida alors de négocier avec le roi des Francs, lui proposant de rester à la tête du comté ; à sa mort, le territoire reviendrait à la couronne[6]. Robert II accepta, puis il se rendit à Dijon, ou Brun de Roucy venait de mourir.

 

Rentrant dans la ville en janvier 1016, le Capétien récupéra enfin la totalité du duché de Bourgogne.

Son fils aîné Hugues étant l’héritier de la couronne, il céda le duché à Henri ; puis, à la mort d’Hugues, en 1025, Robert II céda le duché à Robert.

 

            4° L’hérésie d’Orléans (1022) – Pendant les fêtes de Noël de l’an 1022, une dizaine de clercs de la cathédrale Sainte Croix d’Orléans furent accusés d’hérésie.

 

Parmi les accusés, l’on retrouvait Lisoie, chantre[7] de la cathédrale, et Etienne, confesseur de la reine Constance.

Robert II décida de réagir rapidement, car Orléans était sa ville de résidence ; en outre, le scandale avait éclaboussé Thierry, évêque de la cité, nommé à ce poste par le roi des Francs.

 

Ainsi, le Capétien convoqua un concile composé uniquement d’évêques, chargé de juger les accusés. A noter que l’assemblée ne fut pas présidée par Thierry, évêque d’Orléans, mais par son adversaire, Oury, soutenu par Eudes II de Blois (ce dernier avait des vues sur la cité, qui lui permettait de réaliser la continuité territoriale de ses Etats).

 

Les accusés, interrogés par les membres du concile, exposèrent leur doctrine (à noter que cette dernière est aujourd’hui difficile à saisir en raison du manque d’impartialité des sources d’époque).

Ces derniers avaient pour principe que les sacrements ecclésiastiques ne permettraient pas d’obtenir le salut. La grâce ne pouvait donc pas être obtenue par l’intermédiaire des prêtres et des évêques, mais par une hygiène de vie rigoureuse (refus de manger toute nourriture animale, refus du mariage, chasteté, etc.).

L’Eglise n’ayant aucune valeur aux yeux des accusés, ces derniers rejetaient l’autorité épiscopale, la théorie de la transsubstantiation (c'est-à-dire la transformation, du pain et du vin, lors de l’eucharistie, en chair et sang du Christ), les sacrements, l’investiture des prêtres, etc.

 

Le concile rendit rapidement son verdict, condamnant à mort tous les coupables. Le 28 décembre, les clercs furent enfermés dans une cabane de bois qui fut incendiée.

 

Suite à ces évènements, Oury, candidat d’Eudes II de Blois, fut nommé évêque d’Orléans.

Aujourd’hui, de nombreux historiens s’interrogent sur la rapidité du procès. Certains pensent que Robert II aurait agi ainsi afin que la famille royale ne soit pas éclaboussée par le scandale ; d’autres affirment qu’il aurait agi ainsi afin de se rapprocher de son rival, Eudes II de Blois (en 1023, Robert céda a Eudes II le comté de Troyes).

 

            5° Dernières années de règne de Robert II (1027 à 1031) – En 1017, Robert II avait associé au trône Hugues, son aîné. Toutefois, ce dernier mourut en 1025, alors qu’il n’avait pas encore vingt ans.

 

a) Le couronnement d’Henri I° (1027) : ainsi, le roi des Francs décida de faire couronner son second fils, Henri. 

Toutefois, Constance s’opposa au sacre, souhaitant privilégier son troisième fils, Robert. La reine fut soutenue par plusieurs membres de la Cour, qui jugeaient qu’Henri était trop efféminé pour être roi.

 

Mais Robert II, soutenu par Eudes II de Blois, et par Odilon, abbé de Cluny, ne céda pas aux exigences de son épouse. Au printemps 1027, il fit couronner Henri à Reims par l’archevêque Ebles de Roucy.

 

b) La fin de règne de Robert II (1027 à 1031) : suite au couronnement d’Henri, Eudes II s’associa avec le jeune homme pour lutter contre Foulques III (l’affrontement se soldat sur un statu quo en 1028).

 

Puis, vers 1030, Constance et Robert se révoltèrent. Ces derniers furent alors contraints de se réfugier à la Cour de Renaud I°, comte de Nevers, qui avait épousé Alix, fille aîné de Robert II.

 

Robert II, pris d’une forte fièvre, mourut à Melun en juillet 1031. Il fut inhumé dans la basilique Saint Denis, à Paris.

Gisant de Robert II, réalisé à la demande de Saint Louis, vers 1263-1264, basilique Saint Denis, Paris.

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[1] L’écolâtre était le maître de l’école cathédrale ou de l’école monastique (ces établissements étaient apparus sous Charlemagne, à une époque où les écoles antiques n’existaient plus). A noter par ailleurs que Gerbert d’Aurillac fut élu pape sous le nom de Sylvestre II en 999

[2] Bérenger II était le petit fils de Bérenger I°, nommé roi d’Italie suite au partage de 888. Il fut évincé du trône en 951 par Othon I°.

[3] Le terme d’inceste était bien plus élargi qu’à notre époque. Ainsi, l’on qualifiait d’union incestueuse un homme épousant la sœur de sa défunte femme ; un homme épousant sa tante par alliance ; un homme épousant sa marraine ; etc.

[4] A noter que le comté de Bourgogne avait pris son indépendance du royaume de Bourgogne vers le milieu du X° siècle, mais cette titulature comtale ne fit son apparition qu’en 982. Le comté de Bourgogne se situait dans la moitié nord du royaume de Bourgogne, et à l’est du duché de Bourgogne. Le comté de Bourgogne donna plus tard naissance à la Franche-Comté.

[5] Ce dernier avait récupéré le comté de Blois suite à la mort de Thibaud II, son frère aîné.

[6] Le comté de Sens revint à la couronne en 1055.

[7] Le chantre était un chanteur qui officiait dans une église ou cathédrale.

 
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